UNE FEMME ORDINAIRE (Roman terminé)
© 2020, Pascal BERNARD, Bourges
Reproduction de tout ou partie interdite sans l'accord de l'auteur.
PRÉAMBULE
"Diminuée dans ma féminité, meurtrie dans ma chair, je pensais naïvement qu'il n'y avait rien de plus cruel.
Je me suis fourvoyée...
Alice PARIS."
CHAPITRE I
Deux heures du matin. La chaleur de la journée n’arrive pas à s’enfuir par la porte-fenêtre ouverte. Il n’y a pas un souffle d’air, juste l’odeur des pins secs qui arborent l’avenue de la plage. A cette heure de la nuit, la circulation est comme figée, sans un bruit, sans âme qui vive. La lumière de la lune inonde la chambre telle un luminaire de ville, sans agressivité aucune ; une lumière paisible qui s’amuse de l’ombre portée par les différents objets.
La petite statuette inoffensive au demeurant, semble maintenant menaçante. Le bras en l’air, elle manifeste son profond désaccord dans son plus simple appareil. Cette nuit encore elle voulait rester inaperçue et elle se serait bien passée de dévoiler une nouvelle fois son intimité moulée dans un plâtre blanc de bonne facture. Elle est belle, terriblement belle et je ne peux m’empêcher de la regarder, d’apprécier ses courbes, ses seins, ses fesses. J’aime la tendresse de son visage malgré la dureté de la pierre, j’admire son regard que je devine perdu quelque part dans les nymphes de l’infini. J’aime ses seins sans exubérance, ses fesses légèrement généreuses, sans exagération. Un corps offert à tous les regards où le sexe se cache pudiquement dans le croisement de ses jambes si joliment galbées.
Tout comme moi, je ne sais rien d’elle si ce n’est qu’elle sourit toujours dans la journée ; un sourire figé qui porte la joie et la bonne humeur et lorsque je suis chagrin son sourire m’emporte. Elle m’a séduite un jour de printemps alors que je passais en coup de vent dans un grand magasin parisien. Son regard plein d’humilité a croisé le mien et je n’ai pas su résister. Le vendeur l’a habillée d’un papier kraft et nous sommes rentrés ensemble à l’appartement. Depuis, elle ne me quitte plus. Et à chaque déménagement, elle trouve toujours une place de choix où elle sait ne pas passer inaperçue.
A peine sortie du carton, je l’ai amenée dans ma chambre, sur un petit guéridon d’où elle peut dominer toute la pièce. J’aime sa présence. Elle me rassure dans ma condition d’homme. Elle veille sur moi avec beaucoup d’attention et je suis sûr qu’elle est capable de bouder en situation d’infidélité mais je sais aussi que je peux compter sur son sourire bienveillant lorsque je m’endors à ses côtés.
Dehors, une voiture passe rompant ainsi la quiétude nocturne. Le bruit éphémère du moteur se fond dans la chaleur de la nuit avant de disparaître, happé par la lune. A peine la tranquillité a-t’elle le temps de reprendre vie que soudain, dans la nuit, un cri strident fend le silence. Je tends l’oreille. On aurait dit un cri d’enfant. Quelques secondes passent et plus rien.
Je décide de me lever et je franchis la porte fenêtre entre-ouverte pour m’appuyer sur la rambarde du balcon. Je scrute les buissons dans la pénombre de la nuit. Rien... Mon regard balaye mon champ visuel accessible de gauche à droite et soudain, j’aperçois deux petites prunelles qui me dévisagent avec surprise.
- Bonsoir, vous avez entendu murmurais-je ?
- Oui ! Des cris de chats. Il y en a beaucoup ici dit-elle d’une voix mal assurée.
Sur ce, elle rentre précipitamment dans son appartement.
Décontenancé, je reste planté sur le balcon. Deux secondes, deux phrases, deux prunelles. Impossible de dire si elle était mignonne ni même ce qu’elle portait comme vêtements sans même savoir si elle en portait réellement.
Pff !!! Tu deviens lent à la détente pensais-je en souriant. Il fut un temps où en un dixième de seconde tu arrivais à soupeser les seins, caresser les fesses d’un battement de cils, évaluer la forme du pubis avant même de remonter sur le visage pour apprécier l’esthétique féminine dans son ensemble. Et là, … rien.
J’allais rentrer moi aussi quand ma voisine réapparaît sur son balcon. Cette fois ci elle porte un paréo léger qui comble de malchance m’empêche de me livrer à mon exercice favori.
- Désolé, j’étais en petite tenue. Je pensais que l’appartement était encore libre. Vous venez d’emménager ? dit-elle d’une voix beaucoup plus posée.
Malgré la distance des balcons mitoyens, mes yeux plongent dans ses grands yeux que je devine de couleur sombre. Si elle n’est pas très jolie, elle est vraiment loin d’être moche. Il y a un je ne sais quoi qui gomme toute considération esthétique pour ne garder que ce qu’on a réellement envie de voir. Et ce que je vois en l’instant c’est deux prunelles adorables dans lesquelles les rayons de la lune viennent se noyer avec délice.
- Oui, j’ai emménagé hier dans l’après-midi et en effet, je n’ai croisé personne.
En suivant la direction de son regard, je réalise que moi aussi je suis en sous-vêtement, en boxer plus précisément. Mais qu’importe. D’une part, je ne suis pas trop pudique et d’autre part, c’est plutôt normalement à mon avantage mais en la circonstance, j’ai subitement un gros doute.
Pas le temps de s’appesantir que plus bas, deux matous sortent bruyamment des buissons en se coursant l’un l’autre.
- Voilà les deux compères qui vous ont réveillés dit-elle amusée. Tout va rentrer dans l’ordre maintenant. Passez une bonne nuit.
- Bonne nuit à vous aussi balbutiais-je du coin des lèvres, pris de court par la rapidité de l’échange.
Et elle s’éclipse tranquillement.
Je regagne mon appartement. Dans la cuisine, je me sers un grand verre d’eau bien fraîche. J’aime la fraîcheur qui coule sur mes lèvres pour envahir la bouche, la langue et descendre lentement au fond de la gorge. Je bois par petites quantités pour profiter au maximum de cette fraîcheur mais mon esprit vagabonde, obnubilé par les deux petites prunelles que j’imagine indociles, ravageuses, désireuses, langoureuses.
La nuit va être longue...
Je m’en retourne dans ma chambre et je m’arrête devant Camille.
- Camille, je crois que je viens de rencontrer ta sœur jumelle. Oui, je sais, ton cœur de pierre peine déjà et si tu pouvais verser une larme, tu le ferais. Je le vois à ton sourire crispé. Ne dit rien ! Regarde-moi. Tu es belle toi aussi. Je t’aime et jamais je ne t’abandonnerai. Tu le sais bien.
Allez ! passe une bonne nuit et à demain petite fée.
© 2020, Pascal BERNARD, Bourges
Reproduction de tout ou partie interdite sans l'accord de l'auteur.
PRÉAMBULE
"Diminuée dans ma féminité, meurtrie dans ma chair, je pensais naïvement qu'il n'y avait rien de plus cruel.
Je me suis fourvoyée...
Alice PARIS."
- °° -
CHAPITRE I
Deux heures du matin. La chaleur de la journée n’arrive pas à s’enfuir par la porte-fenêtre ouverte. Il n’y a pas un souffle d’air, juste l’odeur des pins secs qui arborent l’avenue de la plage. A cette heure de la nuit, la circulation est comme figée, sans un bruit, sans âme qui vive. La lumière de la lune inonde la chambre telle un luminaire de ville, sans agressivité aucune ; une lumière paisible qui s’amuse de l’ombre portée par les différents objets.
La petite statuette inoffensive au demeurant, semble maintenant menaçante. Le bras en l’air, elle manifeste son profond désaccord dans son plus simple appareil. Cette nuit encore elle voulait rester inaperçue et elle se serait bien passée de dévoiler une nouvelle fois son intimité moulée dans un plâtre blanc de bonne facture. Elle est belle, terriblement belle et je ne peux m’empêcher de la regarder, d’apprécier ses courbes, ses seins, ses fesses. J’aime la tendresse de son visage malgré la dureté de la pierre, j’admire son regard que je devine perdu quelque part dans les nymphes de l’infini. J’aime ses seins sans exubérance, ses fesses légèrement généreuses, sans exagération. Un corps offert à tous les regards où le sexe se cache pudiquement dans le croisement de ses jambes si joliment galbées.
Tout comme moi, je ne sais rien d’elle si ce n’est qu’elle sourit toujours dans la journée ; un sourire figé qui porte la joie et la bonne humeur et lorsque je suis chagrin son sourire m’emporte. Elle m’a séduite un jour de printemps alors que je passais en coup de vent dans un grand magasin parisien. Son regard plein d’humilité a croisé le mien et je n’ai pas su résister. Le vendeur l’a habillée d’un papier kraft et nous sommes rentrés ensemble à l’appartement. Depuis, elle ne me quitte plus. Et à chaque déménagement, elle trouve toujours une place de choix où elle sait ne pas passer inaperçue.
A peine sortie du carton, je l’ai amenée dans ma chambre, sur un petit guéridon d’où elle peut dominer toute la pièce. J’aime sa présence. Elle me rassure dans ma condition d’homme. Elle veille sur moi avec beaucoup d’attention et je suis sûr qu’elle est capable de bouder en situation d’infidélité mais je sais aussi que je peux compter sur son sourire bienveillant lorsque je m’endors à ses côtés.
Dehors, une voiture passe rompant ainsi la quiétude nocturne. Le bruit éphémère du moteur se fond dans la chaleur de la nuit avant de disparaître, happé par la lune. A peine la tranquillité a-t’elle le temps de reprendre vie que soudain, dans la nuit, un cri strident fend le silence. Je tends l’oreille. On aurait dit un cri d’enfant. Quelques secondes passent et plus rien.
Je décide de me lever et je franchis la porte fenêtre entre-ouverte pour m’appuyer sur la rambarde du balcon. Je scrute les buissons dans la pénombre de la nuit. Rien... Mon regard balaye mon champ visuel accessible de gauche à droite et soudain, j’aperçois deux petites prunelles qui me dévisagent avec surprise.
- Bonsoir, vous avez entendu murmurais-je ?
- Oui ! Des cris de chats. Il y en a beaucoup ici dit-elle d’une voix mal assurée.
Sur ce, elle rentre précipitamment dans son appartement.
Décontenancé, je reste planté sur le balcon. Deux secondes, deux phrases, deux prunelles. Impossible de dire si elle était mignonne ni même ce qu’elle portait comme vêtements sans même savoir si elle en portait réellement.
Pff !!! Tu deviens lent à la détente pensais-je en souriant. Il fut un temps où en un dixième de seconde tu arrivais à soupeser les seins, caresser les fesses d’un battement de cils, évaluer la forme du pubis avant même de remonter sur le visage pour apprécier l’esthétique féminine dans son ensemble. Et là, … rien.
J’allais rentrer moi aussi quand ma voisine réapparaît sur son balcon. Cette fois ci elle porte un paréo léger qui comble de malchance m’empêche de me livrer à mon exercice favori.
- Désolé, j’étais en petite tenue. Je pensais que l’appartement était encore libre. Vous venez d’emménager ? dit-elle d’une voix beaucoup plus posée.
Malgré la distance des balcons mitoyens, mes yeux plongent dans ses grands yeux que je devine de couleur sombre. Si elle n’est pas très jolie, elle est vraiment loin d’être moche. Il y a un je ne sais quoi qui gomme toute considération esthétique pour ne garder que ce qu’on a réellement envie de voir. Et ce que je vois en l’instant c’est deux prunelles adorables dans lesquelles les rayons de la lune viennent se noyer avec délice.
- Oui, j’ai emménagé hier dans l’après-midi et en effet, je n’ai croisé personne.
En suivant la direction de son regard, je réalise que moi aussi je suis en sous-vêtement, en boxer plus précisément. Mais qu’importe. D’une part, je ne suis pas trop pudique et d’autre part, c’est plutôt normalement à mon avantage mais en la circonstance, j’ai subitement un gros doute.
Pas le temps de s’appesantir que plus bas, deux matous sortent bruyamment des buissons en se coursant l’un l’autre.
- Voilà les deux compères qui vous ont réveillés dit-elle amusée. Tout va rentrer dans l’ordre maintenant. Passez une bonne nuit.
- Bonne nuit à vous aussi balbutiais-je du coin des lèvres, pris de court par la rapidité de l’échange.
Et elle s’éclipse tranquillement.
Je regagne mon appartement. Dans la cuisine, je me sers un grand verre d’eau bien fraîche. J’aime la fraîcheur qui coule sur mes lèvres pour envahir la bouche, la langue et descendre lentement au fond de la gorge. Je bois par petites quantités pour profiter au maximum de cette fraîcheur mais mon esprit vagabonde, obnubilé par les deux petites prunelles que j’imagine indociles, ravageuses, désireuses, langoureuses.
La nuit va être longue...
Je m’en retourne dans ma chambre et je m’arrête devant Camille.
- Camille, je crois que je viens de rencontrer ta sœur jumelle. Oui, je sais, ton cœur de pierre peine déjà et si tu pouvais verser une larme, tu le ferais. Je le vois à ton sourire crispé. Ne dit rien ! Regarde-moi. Tu es belle toi aussi. Je t’aime et jamais je ne t’abandonnerai. Tu le sais bien.
Allez ! passe une bonne nuit et à demain petite fée.
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