11-12-2020, 10:17 AM
Vers dix heures je pars avec maman pour rencontrer le Père Marcel. Nous avions rendez-vous chez lui à dix heures quinze. Nous sommes assis autour de la table qui sert à la fois pour les repas, mais aussi de grande table de réunion et de bureau au Père Marcel. Maman lui explique ce qu’il se passe. Elle n’oublie aucun détail même de parler de l’orientation sexuelle des filles et de la mienne. J’ai seulement senti un peu mes joues devenir un peu chaude quand maman a abordé ce sujet. Le père Marcel n’a pas fait de remarque particulière. Il a seulement ajouté qu’il s’en doutait. Maman souhaite que Stéphanie puisse venir, mais elle ne sait pas dire quand au Père.
Il faut attendre des nouvelles des pompes funèbres ainsi que la décision de l’administration pour la date des obsèques. En effet il faut établir un itinéraire pour le passage du corbillard qui doit être approuvé par les autorités. Une fois cette date arrêtée, le Père s’occupera de tout ce qu’il faut faire. Sachant que la maman de Stéphanie est dans un état désespéré, il fait silence et se met à prier. Maman lui dit aussi qu’elle viendra avec Delphine pour préparer les lectures et les musiques pour l’office religieux. Au moment de notre départ le Père nous souhaite bon courage pour la suite et signale qu’il est toujours disponible pour nous.
Nous allons, Maman et moi, à l’administration communale. Nous expliquons ce qu’il se passe. L’employée, voyant l’embarras dans lequel la famille se trouve fait appel au Premier Échevin qui se trouve dans les locaux. Une fois au courant, il se met en contact avec l’Administration de la Ville de Charleroi. Il s’arrange avec son homologue pour avoir une réponse définitive pour lundi matin à dix heures.
Une fois sortie de la maison communale, maman semble soulagée. Moi-même je sens que nous avançons. Il n’est pas facile de savoir ce que nous pouvons faire pour le lieu de réception à l’issue de l’enterrement. Stéphanie va devoir aviser les personnes qui doivent l’être, car nous ne les connaissons pas.
Nous rentrons à la maison, non sans être passés au préalable au supermarché faire des achats pour les prochains repas. J’aide maman à prendre ce qu’il faut dans les rayons. Je pousse aussi le chariot dans tout le magasin.
Papa téléphone pour nous dire ce qu’il se passe. Il signale que les pompes funèbres ont été contactées par un employé de l’hôtel de ville et que tout semble s’arranger. Normalement lundi, le corps de Pierre pourra être ramené à Bruxelles. Puis papa signale qu’il est à l’hôpital. Julien est toujours dans le coma et que son état est stable. Puis il dit que Béatrice ne va pas bien du tout, les médecins sont très, très, pessimistes et les filles ont pu se rendre à titre exceptionnel à son chevet. Papa ne sais pas quand il reprendra la route pour rentrer, tout dépend de ce que Stéphanie veut faire. Papa pense qu’elle veut être auprès de sa maman lorsqu’elle s’en ira.
Maman a préparé des sandwichs pour manger, mais je n’ai pas très faim. Je me force à en manger un, je ne peux rien avaler de plus. Maman, elle aussi n’est pas dans son assiette. Nous sommes deux, maman et moi, nous en profitons pour discuter. Je lui demande ce qui va se passer, quand Pierre et Béatrice seront enterrés, pour Julien et Stéphanie. Julien sera à l’hôpital et Stéphanie sera seule. Maman pense qu’elle viendra vivre avec nous à la maison et qu’il faudra trouver une solution pour la maison de ses parents. Je sais que maman a raison, mais faut-il encore que Stéphanie soit d’accord. Nous allons vivre des moments très difficiles.
Je suis monté dans ma chambre pour me reposer, mais je n’arrête pas de penser à Julien. Comment va-t-il ? Pourra-t-il revenir sur Bruxelles pour sa rééducation ? Qu’adviendra-t-il de notre relation ? Aura-t-il encore envie de faire un bout de chemin avec moi ? C’est ce genre de questions que je me pose. J’ai mes yeux qui sont humides, mais je ne pleure pas. Si je veux voir Julien il va falloir que je me reprenne. Il faut que je sois fort, il faut que je sois fort pour deux. Cette idée me fait penser que Julien pourrait venir à la maison après son hospitalisation, il ne pourra pas rester seul dans la maison de ses parents, ceux-ci n’étant plus de ce monde. Il suffira d’aménager la chambre, je suis certain que mes parents seront d’accord. Il faudra que je leur en parle, mais attendons d’abord de voir comment va évoluer la situation. Finalement je m’endors.
Maman me réveille. Elle dit que papa va revenir et que les filles restent au chevet de Béatrice. Il semble que sa fin soit très proche. Cette nouvelle m’attriste. Puis je pense à Julien qui n’aura plus de parents. Pour Stéphanie c’est aussi un drame, mais elle peut le vivre et savoir ce qui s’est passé. Pour Julien, il n’aura que des explications verbales, pas de souvenirs de ces moments pénibles, il lui manquera quelque chose. Je sais, c’est bête comme réflexion, mais il n’aura pas vécu ces moments-là. Quel drame !
Papa arrive enfin à la maison. La première chose qu’il fait, c’est de me prendre dans ses bras pour me faire un câlin. Puis il me dit que Julien semble aller mieux et que normalement demain les médecins vont diminuer les médocs anesthésiants pour voir comment il va réagir. Cette nouvelle m’enchante, mais je sais que le chemin va être long, très long pour Julien et pour moi aussi car je serai à ses côtés jusqu’à sa complète guérison.
Nous nous mettons à table pour souper. Personne n’a très faim, mais il faut quand même avaler quelque chose pour être d’attaque afin de venir en aide à Stéphanie et Julien. Maman a préparé un plat froid, ce qui est plus facile pour tout le monde. S’il reste quelque chose et si nous avons une petite faim, nous pourrons toujours venir prendre un encas. Puis il y a toujours du pain dans la huche, donc c’est très aisé de se faire un petit sandwich.
Papa aborde alors le point le plus sensible actuellement : l’état de Béatrice. Ni maman, ni moi, nous n’osions aborder ce sujet. Béatrice vit ses dernières heures, raison par laquelle les deux filles sont restées à son chevet. Je ne voudrais pas être à la place de Stéphanie. C’est atroce ce qu’elle est amenée à vivre pour le moment. Son papa est décédé, sa maman va mourir et son frère est gravement blessé et plongé dans un coma artificiel. Delphine est auprès de sa chérie pour la soutenir, je trouve que c’est un très beau geste. Je pense que j’aurais pu le faire si cela avait été l’inverse, j’aurais soutenu mon amour, mon Juju.
Nous regardons la télévision et lors du journal télévisé il est fait mention de l’accident de Pierre. Il n’y a pas de photo, c’est mieux comme ça, je ne pense pas que j’aurais eu le courage de les regarder. Le fait d’évoquer ça, comme fait divers à la télévision me fait monter les larmes aux yeux. Je n’écoute et je ne regarde même plus le téléviseur, je suis tellement triste, plus rien ne m’intéresse.
Le téléphone sonne, c’est maman qui va répondre. Elle parle, mais je ne comprends rien, il faut dire que le téléphone est placé dans le hall d’entrée. Puis maman m’appelle, elle me dit que c’est Amandine. Je prends le cornet et elle me parle de ce qu’elle vient d’apprendre. Je lui explique ce qui s’est passé, l’accident, le décès de Pierre, l’état de Béatrice et ensuite le coma de Julien. Je ne sais plus rien dire, je pleure. Elle comprend que j’ai peur pour mon amour. Elle tente de me consoler, mais rien n’y fait. Elle me dit qu’elle arrive puis elle raccroche.
De fait dix minutes après on sonne à la porte d’entrée. Je vais ouvrir. Ce sont Amandine et Joseph. La première chose que fait mon amie, c’est de me prendre dans ses bras. Une nouvelle fois je suis en larmes. Amandine ne dit rien, elle me laisse déverser mon flot lacrymal sachant que c’est la seule chose à faire pour que je puisse par la suite me ressaisir. Joseph reste près de nous et me tient le bras gauche. Il ne dit rien et ses yeux sont très humides. Oui c’est un ami de longue date et il compatit à ma douleur. Enfin je me reprends. Nous allons au living. Mes parents sont contents de voir mon amie Amandine et son compagnon Joseph. Amandine me parle et trouve des mots apaisants pour me consoler.
Maman est au téléphone, elle appelle Olivier et Julie pour les avertir. C’est vrai que nous avons omis de prévenir mon frère et sa compagne. Voilà qui est fait. Sur sa lancée maman téléphone à sa sœur Françoise, elle voulait que mon cousin David soit lui aussi au courant. Ma tante se doute que je suis gay, mais elle n’avait jamais eu de confirmation. Je ne sais pas si David le lui a dit. Bon ce n’est pas le plus important. Maman annonce les mauvaises nouvelles. David est bouleversé par ce qu’il vient d’apprendre. Il demande comment je vais. Maman lui explique que ce n’est pas facile à gérer. Puis David lui demande s’il s’agit de l’accident dont le journal télévisé faisait écho. Par la réponse positive de maman, David se rend compte des trajets à effectuer pour la famille. David pensa alors qu’il serait plus facile pour moi de venir loger chez ma tante Françoise près de Charleroi, c’est à moins d’un quart d’heure de l’hôpital. Il est vraiment attentif mon cousin. Maman lui dit qu’elle va y réfléchir et qu’elle téléphonera plus tard.
Maman nous rejoint au salon. Elle explique les deux appels qu’elle passés. Olivier et Julie sont de cœur avec nous. Puis elle signale que David a pensé qu’il serait plus facile pour pouvoir rendre visite à Julien que je puisse loger chez ma tante. C’est comme si un gros nuage noir venait de laisser un rayon de soleil passer pour nous réchauffer le cœur. Maman me pose la question de savoir si je suis d’accord. Je réponds un très grand OUI. Maman me demande de téléphoner à ma tante et de lui expliquer, elle sera déjà au courant de ce qui s’est passé par David.
Je me rends dans le hall et je compose le numéro de téléphone de ma tante Françoise. Je suis un peu stressé, sait-elle que je suis homo ? David lui a-t-il dit ? J’entends les premières sonneries puis :
Dav : « Allo.
Moi : Bonjour David, c’est Phil.
Dav : Je suis tellement désolé pour ton ami Julien et ses parents.
Moi : Merci David. Tu as eu une très bonne idée de proposer que je passe un moment chez vous pour que je puisse avoir facile pour rendre visite à Julien quand il sera en chambre à l’hôpital.
Dav : Mais c’est normal. Tu veux que je te passe ta tante ?
Moi : Oui, je veux bien, merci David. Merci.
T.Fra : Bonjour Phil. David m’a expliqué pour les parents de Stéphanie. Puis son frère qui est dans le coma.
Moi : Oui, c’est Julien.
T.Fra : Je sais David m’en a parlé, il l’avait rencontré lors de la fête de vos deux anniversaires.
Moi : Oui. Je ne sais pas si tu es au courant, mais Julien compte beaucoup pour moi.
T.Fra : Je sais Phil, je m’en doute et David m’en a touché un mot. Tu es gay, c’est ta vie Phil, pour moi tu es toujours mon neveu et tu seras toujours le bienvenu à la maison. Alors je sais que tu vas me demander si tu peux rester loger à la maison pour pouvoir rendre visite à ton amoureux, hé bien c’est oui.
Moi : Merci ma chère tante, merci pour tout, merci.
T.Fra : Mais c’est normal Phil. Tu peux me passer ta maman, s’il te plait ?
Moi : Oui de suite, encore merci, je t’embrasse.
Je passe le combiné à maman et je rejoins les autres au salon. Je leur explique ce que ce coup de téléphone m’apporte comme promesse de pouvoir voir Julien le plus souvent possible. Amandine vient près de moi, elle me donne un bisou sur le front et elle me glisse à l’oreille : « Tu vois Phil, tu auras toujours quelqu’un pour te venir en aide. Crois en l’avenir malgré tout ce qui se passe. Puis je suis là, tu peux m’appeler n’importe quand ! » Pas besoin de lui répondre, elle fixe mon regard et mes yeux lui répondent « Merci d’être là pour moi ». Même avec ma confidente le langage des yeux fonctionne, tout comme avec Julien !
Maman revient et elle affiche un petit sourire, elle ne veut pas trop montrer sa joie, car c’est quand même un drame. Elle est contente car je vais pouvoir visiter mon Julien assez souvent. Maman dit que c’est OK, que je vais pouvoir rester aussi longtemps qu’il faudra. Il en sera de même pour Delphine et Stéphanie, ma tante Françoise accepte de les avoir toutes les deux aussi, de temps à autre pour voir Julien.
Amandine et Joseph quittent la maison, il est bientôt vingt-deux heures trente. Je les remercie encore de leur visite, de leur amitié. Nous allons nous revoir bientôt, du moins quand Julien pourra parler et avoir de la visite. En effet mes deux amis ont promis de venir saluer Julien à l’hôpital.
Il est vingt-trois heures vingt-trois et le téléphone sonne. C’est papa qui va décrocher. Il discute deux minutes et ensuite il nous rejoint. Il a les traits tirés. Maman et moi avons tout de suite compris que Béatrice venait de partir pour un autre monde plus paisible. Papa nous fait signe de le rejoindre et nous nous sommes fait un gros câlin à trois.
Il faut attendre des nouvelles des pompes funèbres ainsi que la décision de l’administration pour la date des obsèques. En effet il faut établir un itinéraire pour le passage du corbillard qui doit être approuvé par les autorités. Une fois cette date arrêtée, le Père s’occupera de tout ce qu’il faut faire. Sachant que la maman de Stéphanie est dans un état désespéré, il fait silence et se met à prier. Maman lui dit aussi qu’elle viendra avec Delphine pour préparer les lectures et les musiques pour l’office religieux. Au moment de notre départ le Père nous souhaite bon courage pour la suite et signale qu’il est toujours disponible pour nous.
Nous allons, Maman et moi, à l’administration communale. Nous expliquons ce qu’il se passe. L’employée, voyant l’embarras dans lequel la famille se trouve fait appel au Premier Échevin qui se trouve dans les locaux. Une fois au courant, il se met en contact avec l’Administration de la Ville de Charleroi. Il s’arrange avec son homologue pour avoir une réponse définitive pour lundi matin à dix heures.
Une fois sortie de la maison communale, maman semble soulagée. Moi-même je sens que nous avançons. Il n’est pas facile de savoir ce que nous pouvons faire pour le lieu de réception à l’issue de l’enterrement. Stéphanie va devoir aviser les personnes qui doivent l’être, car nous ne les connaissons pas.
Nous rentrons à la maison, non sans être passés au préalable au supermarché faire des achats pour les prochains repas. J’aide maman à prendre ce qu’il faut dans les rayons. Je pousse aussi le chariot dans tout le magasin.
Papa téléphone pour nous dire ce qu’il se passe. Il signale que les pompes funèbres ont été contactées par un employé de l’hôtel de ville et que tout semble s’arranger. Normalement lundi, le corps de Pierre pourra être ramené à Bruxelles. Puis papa signale qu’il est à l’hôpital. Julien est toujours dans le coma et que son état est stable. Puis il dit que Béatrice ne va pas bien du tout, les médecins sont très, très, pessimistes et les filles ont pu se rendre à titre exceptionnel à son chevet. Papa ne sais pas quand il reprendra la route pour rentrer, tout dépend de ce que Stéphanie veut faire. Papa pense qu’elle veut être auprès de sa maman lorsqu’elle s’en ira.
Maman a préparé des sandwichs pour manger, mais je n’ai pas très faim. Je me force à en manger un, je ne peux rien avaler de plus. Maman, elle aussi n’est pas dans son assiette. Nous sommes deux, maman et moi, nous en profitons pour discuter. Je lui demande ce qui va se passer, quand Pierre et Béatrice seront enterrés, pour Julien et Stéphanie. Julien sera à l’hôpital et Stéphanie sera seule. Maman pense qu’elle viendra vivre avec nous à la maison et qu’il faudra trouver une solution pour la maison de ses parents. Je sais que maman a raison, mais faut-il encore que Stéphanie soit d’accord. Nous allons vivre des moments très difficiles.
Je suis monté dans ma chambre pour me reposer, mais je n’arrête pas de penser à Julien. Comment va-t-il ? Pourra-t-il revenir sur Bruxelles pour sa rééducation ? Qu’adviendra-t-il de notre relation ? Aura-t-il encore envie de faire un bout de chemin avec moi ? C’est ce genre de questions que je me pose. J’ai mes yeux qui sont humides, mais je ne pleure pas. Si je veux voir Julien il va falloir que je me reprenne. Il faut que je sois fort, il faut que je sois fort pour deux. Cette idée me fait penser que Julien pourrait venir à la maison après son hospitalisation, il ne pourra pas rester seul dans la maison de ses parents, ceux-ci n’étant plus de ce monde. Il suffira d’aménager la chambre, je suis certain que mes parents seront d’accord. Il faudra que je leur en parle, mais attendons d’abord de voir comment va évoluer la situation. Finalement je m’endors.
Maman me réveille. Elle dit que papa va revenir et que les filles restent au chevet de Béatrice. Il semble que sa fin soit très proche. Cette nouvelle m’attriste. Puis je pense à Julien qui n’aura plus de parents. Pour Stéphanie c’est aussi un drame, mais elle peut le vivre et savoir ce qui s’est passé. Pour Julien, il n’aura que des explications verbales, pas de souvenirs de ces moments pénibles, il lui manquera quelque chose. Je sais, c’est bête comme réflexion, mais il n’aura pas vécu ces moments-là. Quel drame !
Papa arrive enfin à la maison. La première chose qu’il fait, c’est de me prendre dans ses bras pour me faire un câlin. Puis il me dit que Julien semble aller mieux et que normalement demain les médecins vont diminuer les médocs anesthésiants pour voir comment il va réagir. Cette nouvelle m’enchante, mais je sais que le chemin va être long, très long pour Julien et pour moi aussi car je serai à ses côtés jusqu’à sa complète guérison.
Nous nous mettons à table pour souper. Personne n’a très faim, mais il faut quand même avaler quelque chose pour être d’attaque afin de venir en aide à Stéphanie et Julien. Maman a préparé un plat froid, ce qui est plus facile pour tout le monde. S’il reste quelque chose et si nous avons une petite faim, nous pourrons toujours venir prendre un encas. Puis il y a toujours du pain dans la huche, donc c’est très aisé de se faire un petit sandwich.
Papa aborde alors le point le plus sensible actuellement : l’état de Béatrice. Ni maman, ni moi, nous n’osions aborder ce sujet. Béatrice vit ses dernières heures, raison par laquelle les deux filles sont restées à son chevet. Je ne voudrais pas être à la place de Stéphanie. C’est atroce ce qu’elle est amenée à vivre pour le moment. Son papa est décédé, sa maman va mourir et son frère est gravement blessé et plongé dans un coma artificiel. Delphine est auprès de sa chérie pour la soutenir, je trouve que c’est un très beau geste. Je pense que j’aurais pu le faire si cela avait été l’inverse, j’aurais soutenu mon amour, mon Juju.
Nous regardons la télévision et lors du journal télévisé il est fait mention de l’accident de Pierre. Il n’y a pas de photo, c’est mieux comme ça, je ne pense pas que j’aurais eu le courage de les regarder. Le fait d’évoquer ça, comme fait divers à la télévision me fait monter les larmes aux yeux. Je n’écoute et je ne regarde même plus le téléviseur, je suis tellement triste, plus rien ne m’intéresse.
Le téléphone sonne, c’est maman qui va répondre. Elle parle, mais je ne comprends rien, il faut dire que le téléphone est placé dans le hall d’entrée. Puis maman m’appelle, elle me dit que c’est Amandine. Je prends le cornet et elle me parle de ce qu’elle vient d’apprendre. Je lui explique ce qui s’est passé, l’accident, le décès de Pierre, l’état de Béatrice et ensuite le coma de Julien. Je ne sais plus rien dire, je pleure. Elle comprend que j’ai peur pour mon amour. Elle tente de me consoler, mais rien n’y fait. Elle me dit qu’elle arrive puis elle raccroche.
De fait dix minutes après on sonne à la porte d’entrée. Je vais ouvrir. Ce sont Amandine et Joseph. La première chose que fait mon amie, c’est de me prendre dans ses bras. Une nouvelle fois je suis en larmes. Amandine ne dit rien, elle me laisse déverser mon flot lacrymal sachant que c’est la seule chose à faire pour que je puisse par la suite me ressaisir. Joseph reste près de nous et me tient le bras gauche. Il ne dit rien et ses yeux sont très humides. Oui c’est un ami de longue date et il compatit à ma douleur. Enfin je me reprends. Nous allons au living. Mes parents sont contents de voir mon amie Amandine et son compagnon Joseph. Amandine me parle et trouve des mots apaisants pour me consoler.
Maman est au téléphone, elle appelle Olivier et Julie pour les avertir. C’est vrai que nous avons omis de prévenir mon frère et sa compagne. Voilà qui est fait. Sur sa lancée maman téléphone à sa sœur Françoise, elle voulait que mon cousin David soit lui aussi au courant. Ma tante se doute que je suis gay, mais elle n’avait jamais eu de confirmation. Je ne sais pas si David le lui a dit. Bon ce n’est pas le plus important. Maman annonce les mauvaises nouvelles. David est bouleversé par ce qu’il vient d’apprendre. Il demande comment je vais. Maman lui explique que ce n’est pas facile à gérer. Puis David lui demande s’il s’agit de l’accident dont le journal télévisé faisait écho. Par la réponse positive de maman, David se rend compte des trajets à effectuer pour la famille. David pensa alors qu’il serait plus facile pour moi de venir loger chez ma tante Françoise près de Charleroi, c’est à moins d’un quart d’heure de l’hôpital. Il est vraiment attentif mon cousin. Maman lui dit qu’elle va y réfléchir et qu’elle téléphonera plus tard.
Maman nous rejoint au salon. Elle explique les deux appels qu’elle passés. Olivier et Julie sont de cœur avec nous. Puis elle signale que David a pensé qu’il serait plus facile pour pouvoir rendre visite à Julien que je puisse loger chez ma tante. C’est comme si un gros nuage noir venait de laisser un rayon de soleil passer pour nous réchauffer le cœur. Maman me pose la question de savoir si je suis d’accord. Je réponds un très grand OUI. Maman me demande de téléphoner à ma tante et de lui expliquer, elle sera déjà au courant de ce qui s’est passé par David.
Je me rends dans le hall et je compose le numéro de téléphone de ma tante Françoise. Je suis un peu stressé, sait-elle que je suis homo ? David lui a-t-il dit ? J’entends les premières sonneries puis :
Dav : « Allo.
Moi : Bonjour David, c’est Phil.
Dav : Je suis tellement désolé pour ton ami Julien et ses parents.
Moi : Merci David. Tu as eu une très bonne idée de proposer que je passe un moment chez vous pour que je puisse avoir facile pour rendre visite à Julien quand il sera en chambre à l’hôpital.
Dav : Mais c’est normal. Tu veux que je te passe ta tante ?
Moi : Oui, je veux bien, merci David. Merci.
T.Fra : Bonjour Phil. David m’a expliqué pour les parents de Stéphanie. Puis son frère qui est dans le coma.
Moi : Oui, c’est Julien.
T.Fra : Je sais David m’en a parlé, il l’avait rencontré lors de la fête de vos deux anniversaires.
Moi : Oui. Je ne sais pas si tu es au courant, mais Julien compte beaucoup pour moi.
T.Fra : Je sais Phil, je m’en doute et David m’en a touché un mot. Tu es gay, c’est ta vie Phil, pour moi tu es toujours mon neveu et tu seras toujours le bienvenu à la maison. Alors je sais que tu vas me demander si tu peux rester loger à la maison pour pouvoir rendre visite à ton amoureux, hé bien c’est oui.
Moi : Merci ma chère tante, merci pour tout, merci.
T.Fra : Mais c’est normal Phil. Tu peux me passer ta maman, s’il te plait ?
Moi : Oui de suite, encore merci, je t’embrasse.
Je passe le combiné à maman et je rejoins les autres au salon. Je leur explique ce que ce coup de téléphone m’apporte comme promesse de pouvoir voir Julien le plus souvent possible. Amandine vient près de moi, elle me donne un bisou sur le front et elle me glisse à l’oreille : « Tu vois Phil, tu auras toujours quelqu’un pour te venir en aide. Crois en l’avenir malgré tout ce qui se passe. Puis je suis là, tu peux m’appeler n’importe quand ! » Pas besoin de lui répondre, elle fixe mon regard et mes yeux lui répondent « Merci d’être là pour moi ». Même avec ma confidente le langage des yeux fonctionne, tout comme avec Julien !
Maman revient et elle affiche un petit sourire, elle ne veut pas trop montrer sa joie, car c’est quand même un drame. Elle est contente car je vais pouvoir visiter mon Julien assez souvent. Maman dit que c’est OK, que je vais pouvoir rester aussi longtemps qu’il faudra. Il en sera de même pour Delphine et Stéphanie, ma tante Françoise accepte de les avoir toutes les deux aussi, de temps à autre pour voir Julien.
Amandine et Joseph quittent la maison, il est bientôt vingt-deux heures trente. Je les remercie encore de leur visite, de leur amitié. Nous allons nous revoir bientôt, du moins quand Julien pourra parler et avoir de la visite. En effet mes deux amis ont promis de venir saluer Julien à l’hôpital.
Il est vingt-trois heures vingt-trois et le téléphone sonne. C’est papa qui va décrocher. Il discute deux minutes et ensuite il nous rejoint. Il a les traits tirés. Maman et moi avons tout de suite compris que Béatrice venait de partir pour un autre monde plus paisible. Papa nous fait signe de le rejoindre et nous nous sommes fait un gros câlin à trois.