28-11-2020, 06:16 PM
La Montagne
Préambule
Ce récit, le premier que j'ai écrit est également le premier que j'ai publié sur Docti, après beaucoup d'hésitations car, au fond, je n'aime pas parler de moi. Alors direz-vous avec raison, pourquoi j'écris ces souvenirs où je me mets, partiellement, à nu ? Honnêtement, je n'en sais rien, une envie peut-être de partager pendant qu'il est temps.
Il s'agit ici d'un texte où hormis des détails, tout est réel, tout a été vécu par Antoine, le personnage dans lequel je me suis en quelque sorte incarné. Ce fut ma toute première expérience avec un homme, une expérience toute relative car vécue dans un demi rêve, j'en garde donc un souvenir précis, qui m'a marqué et que je ne pourrais jamais oublier : c'était la première fois, ce fut une vraie et belle révélation.
J'aime la montagne, elle a fait partie de mon adolescence et même au-delà, elle a été ma raison d'être, c'est là que j'allais me réfugier, me ressourcer afin de tenir le coup
Chapitre un : la montée
Montagnard : Depuis plusieurs heures, sous la chaleur et le soleil de ce mois de juin, ce qui pour l'instant n'était qu'une silhouette montait tranquillement, à pas réguliers, sur ce sentier raide, en lacets serrés et caillouteux à souhait. Son objectif était la cabane de C. mais pour y arriver, il fallait encore bien compter deux heures, de plus en plus pénibles d'autant que la fatigue commençait à se faire sentir malgré un solide entraînement et une grande habitude de la montagne. Mais surtout, dans une petite demi-heure, il faudrait franchir la barre rocheuse, plus impressionnante que difficile mais où il convenait malgré tout de prêter attention car une chute pourrait s'avérer dangereuse. Notre montagnard se réjouissait de cet effort car au-delà, cela allait être la révélation des quatre milles, étincelant sous leurs carapaces de glace et de neige, il allait vivre ce moment incomparable où le corps et l'âme ne font plus qu'un, où toutes les vilenies sont sinon oubliées du moins relativisées, ce moment où il allait être pleinement heureux, être seul avec lui-même car, en ce tout début de saison, la cabane n'était pas encore gardiennée mais le gardien lui avait confié la clé, non de la cabane car celle-ci est toujours ouverte, mais de la cambuse ce qui lui évitait de transporter trop de provisions! Oui, il allait enfin pouvoir être lui-même, sous le ciel chargé d'une multitude d'étoiles dès que le soleil aurait disparu. "Que la montagne est belle" comme le chantait si bien Jean Ferrat !
Matthieu : Matthieu était assis sur son rocher, disons un gros caillou, depuis une bonne demi-heure et il était inquiet, il commençait même à avoir un peu peur car à une cinquantaine de mètres plus haut le sentier semblait disparaître dans la muraille haute d'une quarantaine de mètres et il se voyait mal, mais alors très mal, s'engager dans cette verticalité impressionnante. Il savait qu'au-delà, il y avait la cabane où il serait accueilli par un gardien qui lui préparerait un repas réconfortant, et cela le motivait. Après deux approches il devait admettre qu'il n'oserait jamais s'engager dans cette escalade : il était donc de nouveau assis sur son petit rocher mais en sachant également qu'il serait dangereux de redescendre car il n'atteindrait jamais la vallée avant la nuit noire ; il paniquait de plus en plus et il aurait presqu'envie de pleurer.
Montagnard : Il commençait à avoir une petite faim aussi décida-t-il qu'il s'arrêterait, comme il en avait l'habitude dans cette course, sur le rocher au pied de la paroi rocheuse pour se restaurer et prendre des forces pour l'effort final. Instinctivement, il leva les yeux pour estimer le temps nécessaire et à ce moment il s'arrêta brutalement
- C'est pas vrai, il y a quelqu'un sur mon rocher, qu'est-ce qu'il fait là ? A c'est bien ma chance, moi qui me réjouissais de retrouver ma solitude. Et puis c'est qui ce gars-là, je n'arrive pas à voir si c'est un vieux ou un jeune. Tiens, il s'anime, il fait de grands gestes, qu'est-ce qu'il lui prend, il est bien familier ! bon prince, je lui réponds par gestes et je me remets en marche, malgré tout curieux de voir avec qui je vais devoir partager la solitude de ma cabane.
Matthieu : Je cherche un mouchoir pour m'essuyer les yeux car maintenant je pleure vu que ma situation devient vraiment sérieuse et je ne vois pas de solution. Soudain, en regardant la vallée où les premières ombres de fin de journée s'installent
- Mais je rêve, il y a quelqu'un qui monte, ouf, je suis sauvé car à son allure cela doit être un habitué d'autant qu'il a un gros sac, merci mon Dieu ! Qu'est-ce que je fais, je vais vers lui ou je l'attends ? Autant attendre et voir ce qu'il va me dire, mais pourvu qu'il s'occupe de moi !
Montagnard : La montée à la cabane de C. n'est pas véritablement difficile mais elle exige malgré tout un minimum de connaissance, surtout à cette saison où, en raison d'un hiver tardif, les champs de neige sont encore nombreux : qui est donc l'audacieux qui ose se lancer dans cette sortie ?
Il arrive maintenant à quelques mètres de son inconnu, pour la première fois, il lève véritablement les yeux et découvre un jeune homme d'une vingtaine d'années dont les yeux encore rougis montrent qu'il a pleuré. Il est assez grand, mince, les cheveux châtain foncé, vêtu d'un T-shirt bleu clair dont les quatre boutons supérieurs sont ouverts, découvrant une poitrine pratiquement imberbe, d'une paire de basket et d'un bermuda bleu également mais qui laisse entrevoir, compte tenu de ma position au bas du rocher, un triangle blanc dans l'entre-jambe, triangle qui me fascine immédiatement.
- Math : Salut ! Tu ne te rends pas compte combien je suis soulagé de te voir car je suis complètement bloqué, je n'ose pas forcer le passage vers la cabine et je n'ose pas plus redescendre car j'ai peur de la nuit ; est-ce que tu peux m'aider pour arriver à la cabane ?
- A / Pas de problèmes, ce n'est vraiment pas difficile
- M / Pour toi peut-être, mais pour moi c'est affolant ! A propos, je suis Matthieu, et toi ?
- A / Mais alors, qu'est-ce que tu fais ici ?
- M / J'avais envie de connaître un peu la montagne et un pote m'a dit que c'était un endroit merveilleux et facile d'accès, donc je suis parti en lui faisant confiance. Est-ce que je peux t'accompagner et peux-tu m'aider si c'est nécessaire ?
Avant de répondre, Antoine savait qu'il ne pouvait pas refuser car, dans les montagnes, on aide toujours quelqu'un en difficulté ; il prit la peine de réfléchir car son programme allait être chamboulé, non seulement sa nuit tranquille mais également sa journée du lendemain.
- A/ Oui bien sûr, on est solidaire en montagne mais ton pote a raison, c'est un lieu magique. J'espère que tu as ce qu'il faut pour le repas de ce soir et pour passer la nuit car le refuge n'est pas chauffé et avec le ciel étoilé il va faire un froid glacial !
- M/ T'inquiète, j'ai prévu de profiter de la cuisine du gardien, on m'a dit que ses repas étaient simples mais excellents. Mais pourquoi le refuge ne serait pas chauffé ?
- A/ Tu as raison Matthieu, le gardien cuisine très bien, mais il n'est pas encore monté et le refuge, officiellement, est fermé. Nous allons donc être les seuls occupants si cela ne gêne pas
Un long silence suit cette déclaration, Matthieu recommence à paniquer et Antoine le regarde avec un regard amusé et rassurant, mais en même temps, il revoit le triangle blanc au fond du bermuda, une vision qui l'émeut même, il ne sait pas vraiment où il en est de son orientation sexuelle. C'est vrai que Matthieu est un beau jeune homme, plaisant à regarder malgré un air très sérieux, un peu se dit-il en riant, à la manière d'un jeune séminariste !
- A/ Allez, en route, bien sûr que je vais te prendre en charge, tu passes devant et je t'indique le chemin ; je préfère que tu sois devant comme cela je peux te surveiller si tu as des difficultés
- M/ Merci, c'est super sympa, je te revaudrais cela.
Notre duo se met donc en route et le fait d'être accompagné rassure Matthieu qui, en suivant les indications de son guide, trouve facilement la trace et les indications du marquage blanc/rouge, même si une fois où deux Antoine a dû lui tenir le pied qui avait tendance à déraper et même, une fois, le pousser par les fesses, qu'il sentait bien ferme, pour avancer. Ce contact physique provoqua, presque à son insu, un petit frisson à Antoine qui, il faut le dire, n'avait encore jamais eu une telle proximité avec le corps d'une personne : avec ses dix-sept ans tout juste, il ne se préoccupait pas plus que cela de la sexualité, si ce n'est que, depuis l'âge de treize ans, il se masturbait régulièrement et il pressentait qu'il était plus attiré par les garçons que par les filles ; en fait, c'était un parfait puceau, qui vivait heureux au milieu de ses camarades de l'Institut alpin où il était depuis son plus jeune âge.
Chapitre deux : En cabane
En sortant de la barre rocheuse où une nouvelle fois Antoine dû aider fermement son compagnon d'aventures à franchir le petit ressaut final en le saisissant à bras le corps, ils découvrirent cet extraordinaire paysage alpestre où les derniers rayons du soleil tintaient de rose ces sommets magiques : une fois de plus, la magie opéra et Antoine fut, comme chaque fois qu'il venait ici, ému de tant de beauté Encore un peu plus d'une heure et la cabane se dévoilera ; elle n'est pas très grande, en pierre de taille avec ses volets verts, en bois et Antoine ressentit une bouffée de joie en la retrouvant, tel qu'il l'avait laissée il y a quelques mois, lorsqu'il avait aidé le gardien pour la fermeture hivernale. Antoine ouvrit la porte et l'air froid et humide de l'intérieur saisit le jeune garçon qui, immédiatement ouvrit les trois fenêtres pour aérer.
- M/ Tu es fou d'ouvrir toutes les fenêtres, on va se geler
- A/ Oui, peut-être, mais cela sentira moins l'humidité et si on a froid on se serrera et on prendra des couvertures
- M/ Oui, c'est vrai, la chaleur humaine nous réchauffera dit-il avec un sourire un peu niais
Antoine commença à s'agiter, sorti de la cambuse des pâtes, une boîte de purée de tomates, du fromage râpé qu'il avait dans son sac, et envoya Matthieu à la source située à une centaine de mètres, chercher de l'eau pour la cuisson et pour boire. Le feu dans le fourneau avait mis du temps à s'allumer mais grâce au bois d'allumage qu'Antoine avait eu la précaution de prendre avec lui, une douce chaleur commençait déjà à se répandre, incitant les deux jeunes gens à enlever leur pullover. Comme toujours, l'eau mis un temps fou à bouillir, on était quand même à près de trois milles mètres d'altitude, et les pâtes qu'ils dévorèrent avec appétit leur parut un festin de roi, d'autant que Matthieu en furetant dans la cambuse trouva une demi-bouteille d'un rouge local.
La lampe à gaz répandait une lumière suffisante et diffusait en même temps un peu de chaleur ; l'ambiance dans la toute petite cuisine était sympathique, le vin n'y était pas pour rien, surtout pour Antoine qui n'avait pas l'habitude de l'alcool et il se sentait finalement heureux d'avoir un compagnon agréable, cultivé et… plaisant à regarder. Les deux garçons commencèrent à discuter et apprirent un peu à se connaître car ils ignoraient absolument tout l'un de l'autre. Mais la fatigue se faisait sentir, la journée avait été rude, surtout pour Matthieu qui avait une condition physique très limitée, aussi décidèrent-ils d'aller dormir.
Ils n'allaient bien sûr pas dormir dans le grand dortoir au premier étage, mais ils utiliseraient la petite chambre du gardien qui était accolée derrière le mur de la cuisine où se trouvait le potager à bois et qui de ce fait était légèrement tempérée. Le sommier avec son matelas faisait un peu plus d'un mètre de sorte qu'il n'était pas évident de préparer deux "lits" de couvertures et, tout naturellement, Antoine proposa de n'en faire qu'un pour deux afin de gagner de la place et pour se tenir chaud : pour Antoine cela ne posait aucun problème, il avait l'habitude mais Matthieu, lui, semblait un peu embarrassé :
- A/ Tu as l'air d'avoir un problème, Matthieu, si je peux t'aider dit le moi, je t'ai déjà hissé dans la montagne et j'ai l'habitude des nuits en cabane !
- M/ Non, non, c'est rien mais cela va être un peu étroit et on va se gêner
- Si tu veux dormir en haut, tu peux y aller mais tu vas te les geler, ou alors sur un banc dans la salle mais bonjour ton dos demain matin. De toutes façons, moi après 30 secondes je dors, je ne bouge pratiquement pas et donc je ne devrais pas te gêner
- OK, on fait comme tu dis puisque tu prends le risque de m'avoir à tes côtés
En quelques gestes, Antoine se retrouva en slip car il savait que ce n'est pas le nombre de couches qui protège du froid et il regarda son compagnon d'un air ironique en lui disant
- A/ Si tu veux mon pull, tu peux le rajouter par-dessus toutes tes épaisseurs mais tu vas mourir de chaud et la nuit tu auras froid car tu auras transpiré tu as meilleur temps de te mettre en slip, comme moi
- M/ Oui, peut-être as-tu raison mais tu n'as pas peur que je…
- A/ … t'inquiète, je dors déjà presque !
Dans son demi-sommeil, Antoine senti le corps tiède de Matthieu qui s'allongeait contre lui, il eut l'impression qu'il lui passait son bras par-dessus le corps, probablement pour gagner un peu de place et il n'eut pas conscience qu'il venait de recevoir son premier baiser, chaste, dans le cou.
Dans la nuit, le vent grondait et on entendait la pluie tomber sur le toit, comme souvent en montagne, le temps avait brusquement changé, mais cette fois Antoine ne l'avait pas vraiment prévu et le matin ils pourraient dormir sans scrupule.
Il ne savait vraiment pas où il était, dans la réalité ou dans un rêve, ma fois pas désagréable : il sentait un corps de femme, ou était-ce un de ses copains, qui le serrait fortement et qui d'une main, oh combien agréable, lui caressait voluptueusement la poitrine, descendait avec beaucoup de douceur vers l'élastique de son slip, non, c'est pas vrais, elle venait de franchir cette barrière symbolique, très lentement, comme timide, elle va quand même pas continuer, oui mais ne t'arrête pas c'est pas si désagréable que ça, voilà elle se remet en marche et, avec une grande délicatesse, une grande tendresse, une grande douceur, elle se saisit de son sexe qui, curieusement, est tout dur… La main semblait s'agitait sur son sexe et, soudain, ce fut comme une explosion. Des rêves comme celui-là, il en avait très régulièrement mais celui-ci était particulièrement plaisant, l'humidité dans son slip pu en témoigner
M/ C'est beau d'être jeune, mon petit sauveur dort déjà lorsque je me glisse dans ce sac de couverture dans lequel il est déjà allongé ; je sens ses fesses contre mon bas ventre et comme la couche est vraiment étroite, je passe mon bras par-dessus son corps et ma main perçoit les battements de son cœur, le soulèvement de sa poitrine et le souffle de sa respiration : oui, il dort déjà alors que moi, je suis troublé par cette proximité d'un corps que je pressens innocent mais que je devine ouvert à la vie. Epuisé par cette journée pleine d'imprévus et de nouveautés, je m'endors. Dans la nuit, un coup de tonnerre me réveille à moitié, je suis en sueur, ce petit diable avait raison, être à moitié nu tient chaud, non c'est son corps qui tient chaud, ce corps que je sens agité, palpité, qui remue en s'appuyant contre mon ventre ; non, c'est pas possible, ce n'est pas ça et pourtant oui, j'ai une érection, mon sexe est dur, très dur même et il aurait tendance à s'agiter, à esquisser des mouvements, non, il ne faut pas, je n'ai pas le droit, je ne dois pas et pourtant j'en ai envie. Dans un demi-sommeil où ma raison est dans l'autre demi, je ne me contrôle pas, je caresse tendrement ses tétons, légèrement érigés, que sa peau est douce. Il me semble qu'Antoine gémit très doucement, comme un appel à poursuivre cette descente périlleuse, non, ce n'est pas possible, je divague et voilà pourtant l'obstacle de l'élastique est franchi, je dors, je rêve mais j'arrive à son sexe que je contourne d'abord et je me trouve alors avec deux petits testicules dans la main que je malaxe avec le maximum de douceur dont je suis capable. L'attrait est tel que j'ai finalement en main son sexe, le sexe d'un garçon, un sexe légèrement humide et qui me semble infiniment plus doux que celui d'une femme, mais, surtout, un sexe qui est presque aussi raide que le mien, que je sens vivant et chaud, comme un bourgeon prêt à s'ouvrir, prêt à éclater.
Est-ce que je dors ou rêve ? Est-ce qu'il dort ou rêve ? Peu importe, mais je sens qu'il se contracte, que je me contracte, que nos deux spermes sortent en même temps, dans mon slip, dans ma main pour le sien, dans une danse magique, divine, unique. J'ai le temps de penser que c'est probablement la première fois pour lui et que c'est la première fois pour moi depuis que mon ami Blaise m'a quitté il y a deux ans. Est-ce que je rêve ou est-ce la réalité ?
Se souviendra-t-il demain matin ? Que dira-t-il en voyant le sperme séché ? Va-t-il me soupçonner et que lui dirais-je ? J'ai peur de lui et de moi, je rêve, je ne rêve plus, je suis un peu perdu
Préambule
Ce récit, le premier que j'ai écrit est également le premier que j'ai publié sur Docti, après beaucoup d'hésitations car, au fond, je n'aime pas parler de moi. Alors direz-vous avec raison, pourquoi j'écris ces souvenirs où je me mets, partiellement, à nu ? Honnêtement, je n'en sais rien, une envie peut-être de partager pendant qu'il est temps.
Il s'agit ici d'un texte où hormis des détails, tout est réel, tout a été vécu par Antoine, le personnage dans lequel je me suis en quelque sorte incarné. Ce fut ma toute première expérience avec un homme, une expérience toute relative car vécue dans un demi rêve, j'en garde donc un souvenir précis, qui m'a marqué et que je ne pourrais jamais oublier : c'était la première fois, ce fut une vraie et belle révélation.
J'aime la montagne, elle a fait partie de mon adolescence et même au-delà, elle a été ma raison d'être, c'est là que j'allais me réfugier, me ressourcer afin de tenir le coup
Chapitre un : la montée
Montagnard : Depuis plusieurs heures, sous la chaleur et le soleil de ce mois de juin, ce qui pour l'instant n'était qu'une silhouette montait tranquillement, à pas réguliers, sur ce sentier raide, en lacets serrés et caillouteux à souhait. Son objectif était la cabane de C. mais pour y arriver, il fallait encore bien compter deux heures, de plus en plus pénibles d'autant que la fatigue commençait à se faire sentir malgré un solide entraînement et une grande habitude de la montagne. Mais surtout, dans une petite demi-heure, il faudrait franchir la barre rocheuse, plus impressionnante que difficile mais où il convenait malgré tout de prêter attention car une chute pourrait s'avérer dangereuse. Notre montagnard se réjouissait de cet effort car au-delà, cela allait être la révélation des quatre milles, étincelant sous leurs carapaces de glace et de neige, il allait vivre ce moment incomparable où le corps et l'âme ne font plus qu'un, où toutes les vilenies sont sinon oubliées du moins relativisées, ce moment où il allait être pleinement heureux, être seul avec lui-même car, en ce tout début de saison, la cabane n'était pas encore gardiennée mais le gardien lui avait confié la clé, non de la cabane car celle-ci est toujours ouverte, mais de la cambuse ce qui lui évitait de transporter trop de provisions! Oui, il allait enfin pouvoir être lui-même, sous le ciel chargé d'une multitude d'étoiles dès que le soleil aurait disparu. "Que la montagne est belle" comme le chantait si bien Jean Ferrat !
Matthieu : Matthieu était assis sur son rocher, disons un gros caillou, depuis une bonne demi-heure et il était inquiet, il commençait même à avoir un peu peur car à une cinquantaine de mètres plus haut le sentier semblait disparaître dans la muraille haute d'une quarantaine de mètres et il se voyait mal, mais alors très mal, s'engager dans cette verticalité impressionnante. Il savait qu'au-delà, il y avait la cabane où il serait accueilli par un gardien qui lui préparerait un repas réconfortant, et cela le motivait. Après deux approches il devait admettre qu'il n'oserait jamais s'engager dans cette escalade : il était donc de nouveau assis sur son petit rocher mais en sachant également qu'il serait dangereux de redescendre car il n'atteindrait jamais la vallée avant la nuit noire ; il paniquait de plus en plus et il aurait presqu'envie de pleurer.
Montagnard : Il commençait à avoir une petite faim aussi décida-t-il qu'il s'arrêterait, comme il en avait l'habitude dans cette course, sur le rocher au pied de la paroi rocheuse pour se restaurer et prendre des forces pour l'effort final. Instinctivement, il leva les yeux pour estimer le temps nécessaire et à ce moment il s'arrêta brutalement
- C'est pas vrai, il y a quelqu'un sur mon rocher, qu'est-ce qu'il fait là ? A c'est bien ma chance, moi qui me réjouissais de retrouver ma solitude. Et puis c'est qui ce gars-là, je n'arrive pas à voir si c'est un vieux ou un jeune. Tiens, il s'anime, il fait de grands gestes, qu'est-ce qu'il lui prend, il est bien familier ! bon prince, je lui réponds par gestes et je me remets en marche, malgré tout curieux de voir avec qui je vais devoir partager la solitude de ma cabane.
Matthieu : Je cherche un mouchoir pour m'essuyer les yeux car maintenant je pleure vu que ma situation devient vraiment sérieuse et je ne vois pas de solution. Soudain, en regardant la vallée où les premières ombres de fin de journée s'installent
- Mais je rêve, il y a quelqu'un qui monte, ouf, je suis sauvé car à son allure cela doit être un habitué d'autant qu'il a un gros sac, merci mon Dieu ! Qu'est-ce que je fais, je vais vers lui ou je l'attends ? Autant attendre et voir ce qu'il va me dire, mais pourvu qu'il s'occupe de moi !
Montagnard : La montée à la cabane de C. n'est pas véritablement difficile mais elle exige malgré tout un minimum de connaissance, surtout à cette saison où, en raison d'un hiver tardif, les champs de neige sont encore nombreux : qui est donc l'audacieux qui ose se lancer dans cette sortie ?
Il arrive maintenant à quelques mètres de son inconnu, pour la première fois, il lève véritablement les yeux et découvre un jeune homme d'une vingtaine d'années dont les yeux encore rougis montrent qu'il a pleuré. Il est assez grand, mince, les cheveux châtain foncé, vêtu d'un T-shirt bleu clair dont les quatre boutons supérieurs sont ouverts, découvrant une poitrine pratiquement imberbe, d'une paire de basket et d'un bermuda bleu également mais qui laisse entrevoir, compte tenu de ma position au bas du rocher, un triangle blanc dans l'entre-jambe, triangle qui me fascine immédiatement.
- Math : Salut ! Tu ne te rends pas compte combien je suis soulagé de te voir car je suis complètement bloqué, je n'ose pas forcer le passage vers la cabine et je n'ose pas plus redescendre car j'ai peur de la nuit ; est-ce que tu peux m'aider pour arriver à la cabane ?
- A / Pas de problèmes, ce n'est vraiment pas difficile
- M / Pour toi peut-être, mais pour moi c'est affolant ! A propos, je suis Matthieu, et toi ?
- A / Mais alors, qu'est-ce que tu fais ici ?
- M / J'avais envie de connaître un peu la montagne et un pote m'a dit que c'était un endroit merveilleux et facile d'accès, donc je suis parti en lui faisant confiance. Est-ce que je peux t'accompagner et peux-tu m'aider si c'est nécessaire ?
Avant de répondre, Antoine savait qu'il ne pouvait pas refuser car, dans les montagnes, on aide toujours quelqu'un en difficulté ; il prit la peine de réfléchir car son programme allait être chamboulé, non seulement sa nuit tranquille mais également sa journée du lendemain.
- A/ Oui bien sûr, on est solidaire en montagne mais ton pote a raison, c'est un lieu magique. J'espère que tu as ce qu'il faut pour le repas de ce soir et pour passer la nuit car le refuge n'est pas chauffé et avec le ciel étoilé il va faire un froid glacial !
- M/ T'inquiète, j'ai prévu de profiter de la cuisine du gardien, on m'a dit que ses repas étaient simples mais excellents. Mais pourquoi le refuge ne serait pas chauffé ?
- A/ Tu as raison Matthieu, le gardien cuisine très bien, mais il n'est pas encore monté et le refuge, officiellement, est fermé. Nous allons donc être les seuls occupants si cela ne gêne pas
Un long silence suit cette déclaration, Matthieu recommence à paniquer et Antoine le regarde avec un regard amusé et rassurant, mais en même temps, il revoit le triangle blanc au fond du bermuda, une vision qui l'émeut même, il ne sait pas vraiment où il en est de son orientation sexuelle. C'est vrai que Matthieu est un beau jeune homme, plaisant à regarder malgré un air très sérieux, un peu se dit-il en riant, à la manière d'un jeune séminariste !
- A/ Allez, en route, bien sûr que je vais te prendre en charge, tu passes devant et je t'indique le chemin ; je préfère que tu sois devant comme cela je peux te surveiller si tu as des difficultés
- M/ Merci, c'est super sympa, je te revaudrais cela.
Notre duo se met donc en route et le fait d'être accompagné rassure Matthieu qui, en suivant les indications de son guide, trouve facilement la trace et les indications du marquage blanc/rouge, même si une fois où deux Antoine a dû lui tenir le pied qui avait tendance à déraper et même, une fois, le pousser par les fesses, qu'il sentait bien ferme, pour avancer. Ce contact physique provoqua, presque à son insu, un petit frisson à Antoine qui, il faut le dire, n'avait encore jamais eu une telle proximité avec le corps d'une personne : avec ses dix-sept ans tout juste, il ne se préoccupait pas plus que cela de la sexualité, si ce n'est que, depuis l'âge de treize ans, il se masturbait régulièrement et il pressentait qu'il était plus attiré par les garçons que par les filles ; en fait, c'était un parfait puceau, qui vivait heureux au milieu de ses camarades de l'Institut alpin où il était depuis son plus jeune âge.
Chapitre deux : En cabane
En sortant de la barre rocheuse où une nouvelle fois Antoine dû aider fermement son compagnon d'aventures à franchir le petit ressaut final en le saisissant à bras le corps, ils découvrirent cet extraordinaire paysage alpestre où les derniers rayons du soleil tintaient de rose ces sommets magiques : une fois de plus, la magie opéra et Antoine fut, comme chaque fois qu'il venait ici, ému de tant de beauté Encore un peu plus d'une heure et la cabane se dévoilera ; elle n'est pas très grande, en pierre de taille avec ses volets verts, en bois et Antoine ressentit une bouffée de joie en la retrouvant, tel qu'il l'avait laissée il y a quelques mois, lorsqu'il avait aidé le gardien pour la fermeture hivernale. Antoine ouvrit la porte et l'air froid et humide de l'intérieur saisit le jeune garçon qui, immédiatement ouvrit les trois fenêtres pour aérer.
- M/ Tu es fou d'ouvrir toutes les fenêtres, on va se geler
- A/ Oui, peut-être, mais cela sentira moins l'humidité et si on a froid on se serrera et on prendra des couvertures
- M/ Oui, c'est vrai, la chaleur humaine nous réchauffera dit-il avec un sourire un peu niais
Antoine commença à s'agiter, sorti de la cambuse des pâtes, une boîte de purée de tomates, du fromage râpé qu'il avait dans son sac, et envoya Matthieu à la source située à une centaine de mètres, chercher de l'eau pour la cuisson et pour boire. Le feu dans le fourneau avait mis du temps à s'allumer mais grâce au bois d'allumage qu'Antoine avait eu la précaution de prendre avec lui, une douce chaleur commençait déjà à se répandre, incitant les deux jeunes gens à enlever leur pullover. Comme toujours, l'eau mis un temps fou à bouillir, on était quand même à près de trois milles mètres d'altitude, et les pâtes qu'ils dévorèrent avec appétit leur parut un festin de roi, d'autant que Matthieu en furetant dans la cambuse trouva une demi-bouteille d'un rouge local.
La lampe à gaz répandait une lumière suffisante et diffusait en même temps un peu de chaleur ; l'ambiance dans la toute petite cuisine était sympathique, le vin n'y était pas pour rien, surtout pour Antoine qui n'avait pas l'habitude de l'alcool et il se sentait finalement heureux d'avoir un compagnon agréable, cultivé et… plaisant à regarder. Les deux garçons commencèrent à discuter et apprirent un peu à se connaître car ils ignoraient absolument tout l'un de l'autre. Mais la fatigue se faisait sentir, la journée avait été rude, surtout pour Matthieu qui avait une condition physique très limitée, aussi décidèrent-ils d'aller dormir.
Ils n'allaient bien sûr pas dormir dans le grand dortoir au premier étage, mais ils utiliseraient la petite chambre du gardien qui était accolée derrière le mur de la cuisine où se trouvait le potager à bois et qui de ce fait était légèrement tempérée. Le sommier avec son matelas faisait un peu plus d'un mètre de sorte qu'il n'était pas évident de préparer deux "lits" de couvertures et, tout naturellement, Antoine proposa de n'en faire qu'un pour deux afin de gagner de la place et pour se tenir chaud : pour Antoine cela ne posait aucun problème, il avait l'habitude mais Matthieu, lui, semblait un peu embarrassé :
- A/ Tu as l'air d'avoir un problème, Matthieu, si je peux t'aider dit le moi, je t'ai déjà hissé dans la montagne et j'ai l'habitude des nuits en cabane !
- M/ Non, non, c'est rien mais cela va être un peu étroit et on va se gêner
- Si tu veux dormir en haut, tu peux y aller mais tu vas te les geler, ou alors sur un banc dans la salle mais bonjour ton dos demain matin. De toutes façons, moi après 30 secondes je dors, je ne bouge pratiquement pas et donc je ne devrais pas te gêner
- OK, on fait comme tu dis puisque tu prends le risque de m'avoir à tes côtés
En quelques gestes, Antoine se retrouva en slip car il savait que ce n'est pas le nombre de couches qui protège du froid et il regarda son compagnon d'un air ironique en lui disant
- A/ Si tu veux mon pull, tu peux le rajouter par-dessus toutes tes épaisseurs mais tu vas mourir de chaud et la nuit tu auras froid car tu auras transpiré tu as meilleur temps de te mettre en slip, comme moi
- M/ Oui, peut-être as-tu raison mais tu n'as pas peur que je…
- A/ … t'inquiète, je dors déjà presque !
Dans son demi-sommeil, Antoine senti le corps tiède de Matthieu qui s'allongeait contre lui, il eut l'impression qu'il lui passait son bras par-dessus le corps, probablement pour gagner un peu de place et il n'eut pas conscience qu'il venait de recevoir son premier baiser, chaste, dans le cou.
Dans la nuit, le vent grondait et on entendait la pluie tomber sur le toit, comme souvent en montagne, le temps avait brusquement changé, mais cette fois Antoine ne l'avait pas vraiment prévu et le matin ils pourraient dormir sans scrupule.
Il ne savait vraiment pas où il était, dans la réalité ou dans un rêve, ma fois pas désagréable : il sentait un corps de femme, ou était-ce un de ses copains, qui le serrait fortement et qui d'une main, oh combien agréable, lui caressait voluptueusement la poitrine, descendait avec beaucoup de douceur vers l'élastique de son slip, non, c'est pas vrais, elle venait de franchir cette barrière symbolique, très lentement, comme timide, elle va quand même pas continuer, oui mais ne t'arrête pas c'est pas si désagréable que ça, voilà elle se remet en marche et, avec une grande délicatesse, une grande tendresse, une grande douceur, elle se saisit de son sexe qui, curieusement, est tout dur… La main semblait s'agitait sur son sexe et, soudain, ce fut comme une explosion. Des rêves comme celui-là, il en avait très régulièrement mais celui-ci était particulièrement plaisant, l'humidité dans son slip pu en témoigner
M/ C'est beau d'être jeune, mon petit sauveur dort déjà lorsque je me glisse dans ce sac de couverture dans lequel il est déjà allongé ; je sens ses fesses contre mon bas ventre et comme la couche est vraiment étroite, je passe mon bras par-dessus son corps et ma main perçoit les battements de son cœur, le soulèvement de sa poitrine et le souffle de sa respiration : oui, il dort déjà alors que moi, je suis troublé par cette proximité d'un corps que je pressens innocent mais que je devine ouvert à la vie. Epuisé par cette journée pleine d'imprévus et de nouveautés, je m'endors. Dans la nuit, un coup de tonnerre me réveille à moitié, je suis en sueur, ce petit diable avait raison, être à moitié nu tient chaud, non c'est son corps qui tient chaud, ce corps que je sens agité, palpité, qui remue en s'appuyant contre mon ventre ; non, c'est pas possible, ce n'est pas ça et pourtant oui, j'ai une érection, mon sexe est dur, très dur même et il aurait tendance à s'agiter, à esquisser des mouvements, non, il ne faut pas, je n'ai pas le droit, je ne dois pas et pourtant j'en ai envie. Dans un demi-sommeil où ma raison est dans l'autre demi, je ne me contrôle pas, je caresse tendrement ses tétons, légèrement érigés, que sa peau est douce. Il me semble qu'Antoine gémit très doucement, comme un appel à poursuivre cette descente périlleuse, non, ce n'est pas possible, je divague et voilà pourtant l'obstacle de l'élastique est franchi, je dors, je rêve mais j'arrive à son sexe que je contourne d'abord et je me trouve alors avec deux petits testicules dans la main que je malaxe avec le maximum de douceur dont je suis capable. L'attrait est tel que j'ai finalement en main son sexe, le sexe d'un garçon, un sexe légèrement humide et qui me semble infiniment plus doux que celui d'une femme, mais, surtout, un sexe qui est presque aussi raide que le mien, que je sens vivant et chaud, comme un bourgeon prêt à s'ouvrir, prêt à éclater.
Est-ce que je dors ou rêve ? Est-ce qu'il dort ou rêve ? Peu importe, mais je sens qu'il se contracte, que je me contracte, que nos deux spermes sortent en même temps, dans mon slip, dans ma main pour le sien, dans une danse magique, divine, unique. J'ai le temps de penser que c'est probablement la première fois pour lui et que c'est la première fois pour moi depuis que mon ami Blaise m'a quitté il y a deux ans. Est-ce que je rêve ou est-ce la réalité ?
Se souviendra-t-il demain matin ? Que dira-t-il en voyant le sperme séché ? Va-t-il me soupçonner et que lui dirais-je ? J'ai peur de lui et de moi, je rêve, je ne rêve plus, je suis un peu perdu