22-09-2020, 01:06 AM (Modification du message : 12-12-2020, 08:43 PM par jkf.)
CHAPITRE XX (Suite)
15h00. Un nouveau SMS tombe : « Résultats à 16h30. Morte de trouille. Je pense à toi. Je t’aime. ».
Je songe à ma puce toute seule dans la jungle médicale. Je suis la progression des aiguilles en toute impuissance, les yeux collés sur la trotteuse de la pendule. Entre deux regards, il n’y a que quelques secondes qui s’écoulent.
Mon amoureuse m’a fait promettre de ne pas l’appeler, de ne pas répondre à ses SMS. Si elle a besoin de me contacter, elle me le fera savoir.
J’en ai assez. Je quitte le bureau. De toute façon, je ne ferai rien de bon en cette fin après-midi. Je suis trop nerveux.
A la station, je passe devant une bijouterie. Et il me vient une idée. Je sais que je vais risquer l’esclandre. Mon amoureuse ne badine pas avec les futilités commerciales mais je décide de prendre le risque quand même. Ses doigts sont vierges, tout comme ses oreilles dont les lobes ont dû être percés à un moment donnés dans sa jeunesse et rebouchés naturellement depuis, faute de bijou. Je ne lui connais ni collier, ni piercing, ni tatouage. Rien de tout cela.
Je passe à l’appartement en coup de vent récupérer une bague que j’ai vu traîner dans le tiroir de sa table de nuit. Elle est tout ce qu’il y a de plus ordinaire mais, ce qui m’intéresse avant tout, c’est la référence du gabarit. Muni du précieux sésame, je file à la bijouterie. J’explique à la vendeuse ce que je veux. Elle cerne mon besoin en deux ou trois questions, argent ou or, zirconium, diamant ou autre pierre précieuse ? Pour ma chérie je veux ce qui se fait de mieux mais, force est de constater que mon banquier va tousser. J’opte raisonnablement pour une bague en or sertie de petits diamants positionnés uniquement sur le dessus du doigt. Sur toute la circonférence, c’est de la pure folie financière.
Je règle en trois fois, histoire de rendre la douloureuse plus facile à digérer et direction le centre équestre.
« Voie-Lactée » est paisible. Elle m’a entendu arriver et curieuse, elle passe la tête hors de son box. Je la caresse et surtout je la remercie d’avoir pris soin d’Alice, accessoirement d’avoir exceller hier.
- Salut Pascal. J’étais sûre que c’était toi. J’ai reconnu ta voiture.
- Bonjour Julie. Tu vas bien ?
- Un peu fatiguée hier en rentrant. On a fini ici au club house et ce matin au lever, c’était compliqué.
- Julie, Alice m’a démasquée. J’ai été obligé de lui avouer que je prenais des cours d’équitation avec toi.
- Franchement Pascal, tu n’es pas doué. Si je comprends bien, l’effet de surprise est tombé à l’eau et donc maintenant... ?
- Et donc, demain on prévoit d’aller faire un tour sur la plage. Tu pourras me préparer « Pépère ». Je te dirai pour qu’elle heure ?
- C’est bien parce que c’est toi.
- Un grand merci Julie. Tu es formidable. Là, je dois filer. J’ai un rendez-vous dans quelques minutes. Bisou, bonne soirée et à demain ?
- Ok Pascal. Bonne soirée à vous deux et à demain.
16h29. Ma chérie doit patienter dans la salle d’attente, la boule au ventre.
16h30 : Mademoiselle PARIS ? c’est à vous.
16h31 : J’imagine qu’elle s’est levée de sa chaise d’un pas téméraire et décidé. Elle est forte mon amoureuse. Elle s’est assise sur une chaise devant un bureau presque vide ou je suppose que deux médecins l’attendent : l’oncologue accompagné peut-être d'un psychiatre ou du chirurgien. Après les formules de politesse, de ses grands yeux innocents, crispée mais stoïque elle interroge du regard sans un mot, probablement avec un nœud énorme dans la gorge.
17h00 : Rien.
17h30 : Toujours pas de nouvelle. Je tourne en rond dans l’appartement. Plus le temps passe plus le scénario catastrophe se présente comme une évidence. Je n’ai de cesse de regarder mon smartphone, de vérifier qu’il fonctionne bien, que tout semble correct. Le son est monté à fond pour ne pas louper les messages. J’ai une envie de me soulager. Je vais aux toilettes. Je tremble. Je suis tellement stressé que j’en mets partout. Je râle. Je peste. J’ai les larmes aux yeux. J’imagine qu’elle n’ose pas m’envoyer le résultat. Maintenant elle sait. Alors pourquoi elle ne dit rien ? J’essuie machinalement la cuvette et les éclaboussures sur le sol.
17h45 : Un nouveau message. Je me précipite et dans ma maladresse, le téléphone m’échappe. Deux ou trois loopings et ouf, bien rattrapé. Manquerait plus que ça. J’ai maintenant tant de larmes dans les yeux que je n’arrive pas à lire. Tout est trouble. D’un revers de bras, je m’essuie le visage.
Son message commence par un smiley, un smiley qui sourit : « Ouf. C’est fini. Je viens de sortir. Appelle-moi. »
(22-09-2020, 10:36 AM)curieux link a écrit :Bonjour,
Nous aussi...Ouf, car je pense que ce ne peut-être qu'une bonne nouvelle ou au moins, l'annonce d'un résultat acceptable. Pascal va revivre.
Hello Curieux,
Oui à priori, si Pascal a bien vu, c'est plutôt positif.
A+
JKF
22-09-2020, 02:50 PM (Modification du message : 22-09-2020, 02:55 PM par jkf.)
(22-09-2020, 01:00 PM)grostimido link a écrit :Bonjour,
Je suis comme Pascal quand j’attends, je tourne sur place impatient de savoir
Pascal maintenant va savoir.......
vite la suite
A+
Hello Grostimido,
Moi aussi, c'est une horreur. Un lion en cage rigolerait.
Dans quelques instants, Pascal va savoir. Mais il a déjà bon espoir.
A+
JKF
(22-09-2020, 01:26 PM)Arnoc1972 link a écrit :Nous laisser là, comme ça, c'est pour qu'on puisse se mettre a la place de Pascal, c'est sadique de la part de l'auteur ??
Hello Arnoc1972,
L'auteur aurai pu être encore plus vache s'il n'avait pas intégré un peu de positivisme sur le dernier paragraphe.
Est-ce gagné pour autant ? La il frise le sadisme, je suis d'accord avec toi. 8)
A+
JKF
22-09-2020, 03:05 PM (Modification du message : 13-12-2020, 12:17 PM par jkf.)
CHAPITRE XX (Suite)
Je suis fébrile. L’icône est souriante. Le scénario le plus dramatique vient de prendre une claque, j’en suis convaincu. Elle va vivre. Ma petite chérie va vivre. Le soulagement est tel que je pleure maintenant à grosses larmes tant la tension interne est immense. Je me sens libéré d’un fardeau bien trop encombrant et contrairement à ce que j’aurai pu penser, je sens mes muscles se relâcher, presque m’abandonner. J’ai besoin de m’asseoir. Il me faut évacuer le stress très vite car je suis pressé d’entendre sa voix au téléphone. Je souris. Je ris nerveusement. En même temps, je pleure toutes les larmes de mon corps. J’ai conscience que tout n’est pas gagné, qu’il reste encore à connaître les conditions qui lui permettront de vivre le plus normalement possible. Elle attend mon appel. J’hésite encore quelques secondes avant de composer son numéro.
Je réalise que le mode de communication qu’elle m’a imposé me protège. Avec le SMS, je gère le délai qui me permet de réguler mes émotions. Elle le savait. Elle ne m’a rien dit. Elle a juste cherché à me préserver. Elle est super douée en psychologie mon amoureuse et elle est super attentionnée.
Avec sa sonorité caractéristique, l’appel est lancé. Alice décroche immédiatement.
- Ma puce ?
- Oui mon chéri.
Le timbre de sa voix me fait chaud au cœur. Cela fait presque une éternité que je ne l’ai pas entendu. Et mon dieu que c’est bon. Des larmes naissantes s’épanchent épisodiquement sur mes joues, impossible de les refouler. J’ai subitement peur d’avoir mal interprété son smiley. Et si … J’essaye de prendre un ton détaché, mais je n’y arrive pas. J’ai du mal à articuler. Je vais à l’essentiel, tout simplement.
- Alors ?
- Je suis contente. A priori ça se présente plutôt bien, voire même très bien. Sans rentrer dans le détail, la tumeur au sein droit n’a pas évolué depuis le dernier bilan. Sur le sein gauche, c’est différent puisque la tumeur est plus conséquente. Elle s’est étendue aux tissus voisins mais il semblerait qu’elle soit restée cantonnée à l’intérieur du sein sans déborder par ailleurs. Il n’y a pas d’autre solution que l’ablation totale. Pour l'instant, ils n’ont pas détecté de métastases dans mon corps. Si cela se confirme lors de l’opération, je devrais m’en sortir. Voilà, tu sais l’essentiel. Je te donnerai plus de détail en rentrant. Mais déjà, je suis rassurée. J’ai pleuré pour évacuer tout le stress accumulé, peut-être aussi de joie enfin, c’est relatif évidemment. En sortant, j’avais envie que tu sois là. Je voulais tes bras pour me protéger comme tu sais si bien faire, ta voix pour me réconforter, tes mains pour me consoler. Je regrette de t’avoir demandé de ne pas m’accompagner. Je ne m’en suis pas rendu compte mais c’était une erreur. J'ai l'impression d'avoir laissé la moitié de moi dans le Nord. Tu me manques tellement. Là je vais reprendre la route. Avec les bouchons et la circulation, j’en ai environ pour trois heures avant de venir me serrer contre toi. Je suis fatiguée mais heureuse. Je t’embrasse mon amour. Mets une bouteille de champagne au frais. Je t’aime.
- Je suis content moi aussi ma puce. On va enfin pouvoir se tourner vers notre avenir et j’ai plein d’idées sur le sujet. Je t’aime très fort moi aussi. Fais attention à toi sur la route, Météo France annonce des orages violents pour les Hauts de France. La bouteille de champ est déjà au frais. A tout à l’heure ma chérie. Je suis vraiment heureux moi aussi. Tout plein de bisous d’amour.
Ouffffff comme dit Pascal c’est pas gagné mais c’est encourageant ?
Maintenant attend ta petite chérie pour que vous passer une bonne soirée et en plus tu vas lui faire une jolie cadeaux? elle va être aux anges
Bonsoir,
Quelle belle écriture qui rend tellement bien les sentiments qui animent Alice et Pascal. L'on a peur avec eux et puis soulagé comme eux.
Merci et j'espère que le traitement d'Alice portera ses fruits!
Excellente soirée!
(22-09-2020, 04:41 PM)grostimido link a écrit :Ouffffff comme dit Pascal c’est pas gagné mais c’est encourageant ?
Maintenant attend ta petite chérie pour que vous passer une bonne soirée et en plus tu vas lui faire une jolie cadeaux? elle va être aux anges
Merci jkf pour ce chapitre plein d’espoir
A+
Bise
Hello Grostimido,
C'est un tournant important dans ce roman et effectivement c'est encourageant.
A+
JKF
(22-09-2020, 06:11 PM)navigateurs link a écrit :Bonsoir,
Quelle belle écriture qui rend tellement bien les sentiments qui animent Alice et Pascal. L'on a peur avec eux et puis soulagé comme eux.
Merci et j'espère que le traitement d'Alice portera ses fruits!
Excellente soirée!
Hello Navigateurs,
Merci pour ton post.
Le plus rigolo c'est que j'arrive moi aussi à me faire peur et pourtant je connais la suite.
A+ et merci encore
JKF
(22-09-2020, 08:37 PM)emmanolife link a écrit :Ouf, soulagé ! Ablation d'un seul sein ou les deux ? Et coupera-t-elle à la chimio ?
Pas très sexe, mais il fallait bien en passer par là.
Merci jfk.
Hello Emmanolife,
La petite devrait s'en sortir. Si elle décide de conserver l'un de ses seins, elle devra passer par des traitements complémentaires beaucoup plus lourds, chimio et radiothérapie. A priori, il n'y a pas d'intérêt hormis celui de garder la sensibilité au niveau du mamelon. Avec le sein déjà déformé, elle se retrouvera avec des masses mammaires différentes, l'idéal reste la mastectomie totale des deux seins, ce qui permet d'équilibrer les masses et de retrouver toute la féminité. Enfin presque.
Ce n'est pas très très sexy mais c'est un tournant incontournable dans ce roman.
Je me mets sur la suite. Je n'ai pas avancé cette nuit.
A+
JKF