Le don de guérir (Florian 18 ans surdoué)
DÉBUT DU TROISIÈME LIVRE
Prologue 1/2
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CHAPITRE 1 (Où suis-je ?)
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Bip… Bip… Bip…
« Non !! Encore !!! »
Bip… Bip… Bip…
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« Pensée »
- Qu’est-ce qu’il m’arrive ?? Pourquoi suis-je encore en vie ?? N’ai-je donc pas assez souffert comme ça ??
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Ce sont les premières phrases qui me viennent à l’esprit en me retrouvant une fois de plus dans cette chambre d’hôpital baignée par la lumière du jour.
Ma deuxième pensée est marquée par une extrême colère, colère envers cet acharnement à me maintenir en vie alors que mon corps ne répond plus depuis longtemps aux moindres stimuli de mon cerveau et ne sert plus que de réceptacle à mes pensées qui se perdent le plus souvent dans des histoires abracadabrantes comme celle que je viens de vivre avec tellement de force que j’en ai encore en mémoire les moindres détails.
Tout était donc faux ? Mon Thomas que j’aime tant serait lui aussi le résultat de mon imagination débordante et tout ce que j’ai vécu, toutes ces folles et excitantes expériences ne seraient que le fantasme du jeune puceau que je suis toujours ?
Je tourne la tête vers la fenêtre, la lumière crue du soleil me fait lever le bras pour me protéger les yeux et rien que ce fait met mon cerveau en ébullition quand je comprends l’impossibilité de ces gestes qui pourtant se sont produits.
J’amène ma main près de mon visage, une main amaigrie c’est vrai mais loin de celle squelettique qui était la mienne quand je pouvais l’apercevoir.
Bip… Bip… Bip…
Je me redresse avec peine car la fatigue elle est bien présente, mes muscles m’obéissent avec douleur et raideur certes mais ils m’obéissent quand même et rien que cette possibilité m’amène la pensée qu’une fois encore je suis reparti dans mon rêve.
Bip… Bip… Bip…
J’aperçois l’appareil électronique avec ces fils qui partent depuis l’arrière du boîtier jusqu’aux diverses parties de mon corps où ils sont raccordés.
Bip… Bip… Bip…
Je me sens soudainement faible, la soif et la faim me tenaillent l’estomac et je suis surpris de ces sensations qui sont nouvelles pour moi, une glace située sur un mur de la chambre attire mon attention et me montre tel que je suis, c’est-à-dire couvert de pansements de la tête aux pieds avec les attelles qui maintiennent une de mes jambes en l’air, certainement la cause de cette douleur de tout à l’heure quand je me suis redressé.
Suis-je dans un nouveau rêve ou à l’évidence mon « don » de guérir n’est plus d’actualité ? Ou bien encore je me réveille dans la réalité, les progrès de la médecine auraient permis de me sortir d’une façon ou d’une autre de cette maladie qui me dévore depuis toujours ?
Que de questions qui se bousculent dans ma tête et auxquelles je n’ai bien entendu aucune réponse !! La seule certitude est que je suis en vie alors que je ne m’y attendais certainement pas.
Je pencherai malgré tout après réflexion vers la deuxième solution car sans doute la plus probable, même si elle apparaît comme un vrai miracle de la science et ne donne pas la réponse au fait que je sois couvert de pansements, un autre fait pourtant va encore plus me mettre dans l’expectative et l’incompréhension, c’est le calendrier qui est accroché à la porte.
Deux mille deux !! Un calcul rapide m’amène à une constatation troublante, je n’aurai que dix-huit ans ???? Ou peut-être même pas encore suivant le mois ??? Je ne serai donc resté qu’un an dans le coma ?? Il me semblait pourtant que le docteur Viala m’avait parlé de deux ans ??
J’en suis là dans mes découvertes quand la porte s’ouvre, une femme en blouse blanche apparaît avec sur les lèvres une grimace rébarbative dès qu’elle me voit éveiller, qui me choc un peu.
- Tiens !!! Il est réveillé celui-là !!! Il n’y a décidément que de la chance pour la canaille !!
- Pardon ???
- Oh !!! Ne prends pas cet air innocent avec moi !! Nous savons tous de quoi tu es capable, alors tiens-toi à carreau pour une fois si tu veux passer un séjour tranquille ici !! C’est bien compris ??
- Mais enfin madame !! De quoi parlez-vous ??
L’infirmière plisse les yeux, visiblement surprise voire déstabilisée par mes paroles tout comme moi par les siennes et qui semblent être à des années-lumière de ce qu’elle s’attendait à entendre.
- Madame ?? Je ne suis plus la sale pétasse qui te brise les couilles !! Tiens donc ?? C’est nouveau ça !! Ton accident aurait-il remis ton cerveau en ordre ?
Un doute commence à lui venir quand elle s’approche de moi pour vérifier les indications des appareils et ses yeux se rivent dans les miens qui maintiennent son regard avec surprise.
- Te rappelles-tu de comment tu t’appelles.
- Florian De Bierne, madame !!
- C’est bien ça !! Je ne comprends plus rien !! Te moquerais-tu encore une fois de moi par hasard ?
- Mais non enfin !! En plus c’est la première fois que je vous voie !!
Les yeux de l’infirmière cillent, l’étonnement que je peux lire sur son visage m’amène un sourire amical qui la trouble encore plus.
- Je… Je… Vais chercher un docteur… Tu… es… sûr… que… que ça va ??
Prologue 2/2
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CHAPITRE 2 (Révélations !)
« Clairière, le temps du rêve »
- Nous l’avons perdu !!
- Pourtant nous y étions presque !!
- C’est un échec alors ?
- Je t’avais prévenu que nous n’aurions pas suffisamment de force !! Si seulement il n’avait pas gaspillé la sienne dans l’avion !!
- Nous devons continuer et le retrouver !!
- Allons mon frère !! Nous ne sommes plus assez nombreux pour ça !! Beaucoup des nôtres ne sont plus après avoir donné toutes leurs énergies pour tenter de le reconstruire.
- Nous le tenions pourtant, je ne comprends pas ce qui a bien pu se produire pour qu’il nous échappe ?
- Encore tu veux dire ?
- Oui !! Je me rappelle maintenant !! J’ai longtemps pensé que nous faisions partie de son rêve !!
- Regarde autour de toi !! Plus rien n’existerait si cela avait été le cas.
L’entité zoome sur le groupe d’humains au désespoir, qui entoure toujours le corps sans vie de leur ami.
– Nous aurions dû puiser en eux !! Peut-être cela aurait-il été suffisant pour le ramener.
- Laissons-les perpétuer ce qu’ils avaient commencé dans cette réalité, son œuvre ici doit se poursuivre et ses amis feront tout pour que cela se fasse, en souvenir de lui.
- Combien de temps va-t-il encore falloir qu’il erre d’une réalité à l’autre avant qu’il ne se retrouve entier ?
- Le temps n’a aucune importance pour lui tu le sais bien !!
- Nous n’aurions jamais dû les séparer !!
- Il le fallait !! Il avait perdu son humanité, les prières ne faisaient que lui donner plus de pouvoirs et sa puissance lui a fait perdre la raison.
- Nous y étions presque !!
L’entité observe un moment les deux jeunes humains serrés l’un contre l’autre dans un désespoir sans nom.
- Sa mémoire sera honorée ici et déjà je sens les premières prières qui le rendront plus fort.
- Je les sens également !!
- Combien de réalités a-t-il traversées depuis qu’il s’est fractionné ?
- Comment le savoir !! Notre conscience de ce que nous sommes véritablement ne nous est apparue qu’après son départ, il doit en être de même partout où il est déjà passé.
- Nous savons qu’il se renforce à chaque fois davantage, mais lui, il l’ignore toujours !!
- Sa mémoire reviendra quand ils ne seront plus qu’un, ce jour-là il retrouvera ses fidèles, son amour pour « Thomasss » et sa puissance.
- Et nous notre peuple !!
- Seulement si notre action lui fait nous pardonner.
- Les univers se resserrent, l’expansion doit reprendre et lui seul en a la possibilité, déjà des soleils se meurent sans que d’autres ne voient le jour.
- Il fallait qu’il se ressource, la vie pour lui ne comptait plus et il comprendra que ce que nous avons fait, n’a été fait que pour le bien de tous.
- Regarde ces humains, ils le pleurent !! N’oublie jamais la haine qui était la leur sur toutes les planètes qu’ils peuplaient au moment de notre choix.
- Ils avaient arrêté de prier !!
- Ils avaient oublié d’où lui venait sa puissance, nous avons besoin de son retour !! D’autres moins puissants cherchent à prendre sa place, et les guerres tuent les peuples et détruisent les galaxies, lui seul peut stopper la spirale qui déjà commence à anéantir l’univers.
- Alors prions avec eux mon frère !!
- Repentons-nous de nos exactions, même si elles étaient alors nécessaires !!
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La clairière se vide petit à petit, les amis du défunt l’emportent avec eux dans une lente procession marquée par les larmes et le désespoir, sur une civière qu’ils ont confectionnée avec des branches et des lianes, emmenant celui qui est et sera toujours l’ami le plus cher qu’ils n’ont jamais eu.
Le village Massaï est rejoint avant la tombée de la nuit, la vision du dieu des dieux étendu sans vie amène les lamentations du peuple tout entier qui prie pour son âme et pour les bienfaits qu’il leur a apportés.
La nouvelle fait le tour de la planète en quelques heures, les églises, mosquées et autres lieux de cultes toutes religions confondues ne désemplissent plus depuis lors, les prières de ce monde redevenu pur rejoignent celles d’autres mondes qui ont aussi connu à plus ou moins grande échelle ce garçon roux qui mais ça, ils n’en ont pas conscience, est depuis des millénaires à la recherche de son humanité, de sa puissance divine et surtout, de son amour pour celui qui lui a été enlevé.
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« Aix en Provence, le temps d’une réalité »
Dans la petite chapelle près d’Aix en Provence, les cloches sonnent et ils sont nombreux, parents, amis et voisins à venir assister aux derniers sacrements de Florian dont la terrible maladie a fini par gagner sur sa volonté de vivre.
Frédéric Viala accompagné de sa femme et de ses trois enfants assistent eux aussi à la cérémonie, Damien qui pendant toutes ces années s’est occupé de ce jeune malade qui est devenu au fil du temps son meilleur ami a les yeux rougis des larmes qu’il verse à la mémoire de Florian depuis qu’il a appris la terrible nouvelle.
Il se rappellera toujours de ces histoires extraordinaires venant d’une imagination féconde, sans jamais savoir que quelque part elles avaient une réalité et racontées par une parcelle d’esprit encore incomplète à la recherche de son âme éparpillée.
Frédéric en est encore à chercher à comprendre les résultats de l’autopsie, résultats pour le moins troublants qui démontrent sans possibilités d’erreur que le corps du jeune Florian commençait lentement à se réparer et ne serait-ce le temps qui visiblement a manqué ainsi que l’usure extrême de cet organisme rongé par la maladie, qui n’aurait pas permis d’éviter ce qui jusqu’à ce constat lui paraissait à lui inévitable.