Florian 18 ans surdoué ou Le don de guérir (livre 3) (tome 1) - Version imprimable +- Récits érotiques - Slygame (https://recit.slygame.fr) +-- Forum : Récits érotique (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=3) +--- Forum : Tout thème (https://recit.slygame.fr/forumdisplay.php?fid=7) +--- Sujet : Florian 18 ans surdoué ou Le don de guérir (livre 3) (tome 1) (/showthread.php?tid=62) |
Florian 18 ans surdoué ou Le don de guérir (livre 3) (tome 1) - janou40 - 11-09-2020 Le don de guérir (Florian 18 ans surdoué) DÉBUT DU TROISIÈME LIVRE
Prologue 1/2
***/*** CHAPITRE 1 (Où suis-je ?) ***/*** Bip… Bip… Bip… « Non !! Encore !!! » Bip… Bip… Bip… ***/*** « Pensée » - Qu’est-ce qu’il m’arrive ?? Pourquoi suis-je encore en vie ?? N’ai-je donc pas assez souffert comme ça ?? ***/*** Ce sont les premières phrases qui me viennent à l’esprit en me retrouvant une fois de plus dans cette chambre d’hôpital baignée par la lumière du jour. Ma deuxième pensée est marquée par une extrême colère, colère envers cet acharnement à me maintenir en vie alors que mon corps ne répond plus depuis longtemps aux moindres stimuli de mon cerveau et ne sert plus que de réceptacle à mes pensées qui se perdent le plus souvent dans des histoires abracadabrantes comme celle que je viens de vivre avec tellement de force que j’en ai encore en mémoire les moindres détails. Tout était donc faux ? Mon Thomas que j’aime tant serait lui aussi le résultat de mon imagination débordante et tout ce que j’ai vécu, toutes ces folles et excitantes expériences ne seraient que le fantasme du jeune puceau que je suis toujours ? Je tourne la tête vers la fenêtre, la lumière crue du soleil me fait lever le bras pour me protéger les yeux et rien que ce fait met mon cerveau en ébullition quand je comprends l’impossibilité de ces gestes qui pourtant se sont produits. J’amène ma main près de mon visage, une main amaigrie c’est vrai mais loin de celle squelettique qui était la mienne quand je pouvais l’apercevoir. Bip… Bip… Bip… Je me redresse avec peine car la fatigue elle est bien présente, mes muscles m’obéissent avec douleur et raideur certes mais ils m’obéissent quand même et rien que cette possibilité m’amène la pensée qu’une fois encore je suis reparti dans mon rêve. Bip… Bip… Bip… J’aperçois l’appareil électronique avec ces fils qui partent depuis l’arrière du boîtier jusqu’aux diverses parties de mon corps où ils sont raccordés. Bip… Bip… Bip… Je me sens soudainement faible, la soif et la faim me tenaillent l’estomac et je suis surpris de ces sensations qui sont nouvelles pour moi, une glace située sur un mur de la chambre attire mon attention et me montre tel que je suis, c’est-à-dire couvert de pansements de la tête aux pieds avec les attelles qui maintiennent une de mes jambes en l’air, certainement la cause de cette douleur de tout à l’heure quand je me suis redressé. Suis-je dans un nouveau rêve ou à l’évidence mon « don » de guérir n’est plus d’actualité ? Ou bien encore je me réveille dans la réalité, les progrès de la médecine auraient permis de me sortir d’une façon ou d’une autre de cette maladie qui me dévore depuis toujours ? Que de questions qui se bousculent dans ma tête et auxquelles je n’ai bien entendu aucune réponse !! La seule certitude est que je suis en vie alors que je ne m’y attendais certainement pas. Je pencherai malgré tout après réflexion vers la deuxième solution car sans doute la plus probable, même si elle apparaît comme un vrai miracle de la science et ne donne pas la réponse au fait que je sois couvert de pansements, un autre fait pourtant va encore plus me mettre dans l’expectative et l’incompréhension, c’est le calendrier qui est accroché à la porte. Deux mille deux !! Un calcul rapide m’amène à une constatation troublante, je n’aurai que dix-huit ans ???? Ou peut-être même pas encore suivant le mois ??? Je ne serai donc resté qu’un an dans le coma ?? Il me semblait pourtant que le docteur Viala m’avait parlé de deux ans ?? J’en suis là dans mes découvertes quand la porte s’ouvre, une femme en blouse blanche apparaît avec sur les lèvres une grimace rébarbative dès qu’elle me voit éveiller, qui me choc un peu. - Tiens !!! Il est réveillé celui-là !!! Il n’y a décidément que de la chance pour la canaille !! - Pardon ??? - Oh !!! Ne prends pas cet air innocent avec moi !! Nous savons tous de quoi tu es capable, alors tiens-toi à carreau pour une fois si tu veux passer un séjour tranquille ici !! C’est bien compris ?? - Mais enfin madame !! De quoi parlez-vous ?? L’infirmière plisse les yeux, visiblement surprise voire déstabilisée par mes paroles tout comme moi par les siennes et qui semblent être à des années-lumière de ce qu’elle s’attendait à entendre. - Madame ?? Je ne suis plus la sale pétasse qui te brise les couilles !! Tiens donc ?? C’est nouveau ça !! Ton accident aurait-il remis ton cerveau en ordre ? Un doute commence à lui venir quand elle s’approche de moi pour vérifier les indications des appareils et ses yeux se rivent dans les miens qui maintiennent son regard avec surprise. - Te rappelles-tu de comment tu t’appelles. - Florian De Bierne, madame !! - C’est bien ça !! Je ne comprends plus rien !! Te moquerais-tu encore une fois de moi par hasard ? - Mais non enfin !! En plus c’est la première fois que je vous voie !! Les yeux de l’infirmière cillent, l’étonnement que je peux lire sur son visage m’amène un sourire amical qui la trouble encore plus. - Je… Je… Vais chercher un docteur… Tu… es… sûr… que… que ça va ?? Prologue 2/2 ***/*** CHAPITRE 2 (Révélations !) « Clairière, le temps du rêve » - Nous l’avons perdu !! - Pourtant nous y étions presque !! - C’est un échec alors ? - Je t’avais prévenu que nous n’aurions pas suffisamment de force !! Si seulement il n’avait pas gaspillé la sienne dans l’avion !! - Nous devons continuer et le retrouver !! - Allons mon frère !! Nous ne sommes plus assez nombreux pour ça !! Beaucoup des nôtres ne sont plus après avoir donné toutes leurs énergies pour tenter de le reconstruire. - Nous le tenions pourtant, je ne comprends pas ce qui a bien pu se produire pour qu’il nous échappe ? - Encore tu veux dire ? - Oui !! Je me rappelle maintenant !! J’ai longtemps pensé que nous faisions partie de son rêve !! - Regarde autour de toi !! Plus rien n’existerait si cela avait été le cas. L’entité zoome sur le groupe d’humains au désespoir, qui entoure toujours le corps sans vie de leur ami. – Nous aurions dû puiser en eux !! Peut-être cela aurait-il été suffisant pour le ramener. - Laissons-les perpétuer ce qu’ils avaient commencé dans cette réalité, son œuvre ici doit se poursuivre et ses amis feront tout pour que cela se fasse, en souvenir de lui. - Combien de temps va-t-il encore falloir qu’il erre d’une réalité à l’autre avant qu’il ne se retrouve entier ? - Le temps n’a aucune importance pour lui tu le sais bien !! - Nous n’aurions jamais dû les séparer !! - Il le fallait !! Il avait perdu son humanité, les prières ne faisaient que lui donner plus de pouvoirs et sa puissance lui a fait perdre la raison. - Nous y étions presque !! L’entité observe un moment les deux jeunes humains serrés l’un contre l’autre dans un désespoir sans nom. - Sa mémoire sera honorée ici et déjà je sens les premières prières qui le rendront plus fort. - Je les sens également !! - Combien de réalités a-t-il traversées depuis qu’il s’est fractionné ? - Comment le savoir !! Notre conscience de ce que nous sommes véritablement ne nous est apparue qu’après son départ, il doit en être de même partout où il est déjà passé. - Nous savons qu’il se renforce à chaque fois davantage, mais lui, il l’ignore toujours !! - Sa mémoire reviendra quand ils ne seront plus qu’un, ce jour-là il retrouvera ses fidèles, son amour pour « Thomasss » et sa puissance. - Et nous notre peuple !! - Seulement si notre action lui fait nous pardonner. - Les univers se resserrent, l’expansion doit reprendre et lui seul en a la possibilité, déjà des soleils se meurent sans que d’autres ne voient le jour. - Il fallait qu’il se ressource, la vie pour lui ne comptait plus et il comprendra que ce que nous avons fait, n’a été fait que pour le bien de tous. - Regarde ces humains, ils le pleurent !! N’oublie jamais la haine qui était la leur sur toutes les planètes qu’ils peuplaient au moment de notre choix. - Ils avaient arrêté de prier !! - Ils avaient oublié d’où lui venait sa puissance, nous avons besoin de son retour !! D’autres moins puissants cherchent à prendre sa place, et les guerres tuent les peuples et détruisent les galaxies, lui seul peut stopper la spirale qui déjà commence à anéantir l’univers. - Alors prions avec eux mon frère !! - Repentons-nous de nos exactions, même si elles étaient alors nécessaires !! ***/*** La clairière se vide petit à petit, les amis du défunt l’emportent avec eux dans une lente procession marquée par les larmes et le désespoir, sur une civière qu’ils ont confectionnée avec des branches et des lianes, emmenant celui qui est et sera toujours l’ami le plus cher qu’ils n’ont jamais eu. Le village Massaï est rejoint avant la tombée de la nuit, la vision du dieu des dieux étendu sans vie amène les lamentations du peuple tout entier qui prie pour son âme et pour les bienfaits qu’il leur a apportés. La nouvelle fait le tour de la planète en quelques heures, les églises, mosquées et autres lieux de cultes toutes religions confondues ne désemplissent plus depuis lors, les prières de ce monde redevenu pur rejoignent celles d’autres mondes qui ont aussi connu à plus ou moins grande échelle ce garçon roux qui mais ça, ils n’en ont pas conscience, est depuis des millénaires à la recherche de son humanité, de sa puissance divine et surtout, de son amour pour celui qui lui a été enlevé. ***/*** « Aix en Provence, le temps d’une réalité » Dans la petite chapelle près d’Aix en Provence, les cloches sonnent et ils sont nombreux, parents, amis et voisins à venir assister aux derniers sacrements de Florian dont la terrible maladie a fini par gagner sur sa volonté de vivre. Frédéric Viala accompagné de sa femme et de ses trois enfants assistent eux aussi à la cérémonie, Damien qui pendant toutes ces années s’est occupé de ce jeune malade qui est devenu au fil du temps son meilleur ami a les yeux rougis des larmes qu’il verse à la mémoire de Florian depuis qu’il a appris la terrible nouvelle. Il se rappellera toujours de ces histoires extraordinaires venant d’une imagination féconde, sans jamais savoir que quelque part elles avaient une réalité et racontées par une parcelle d’esprit encore incomplète à la recherche de son âme éparpillée. Frédéric en est encore à chercher à comprendre les résultats de l’autopsie, résultats pour le moins troublants qui démontrent sans possibilités d’erreur que le corps du jeune Florian commençait lentement à se réparer et ne serait-ce le temps qui visiblement a manqué ainsi que l’usure extrême de cet organisme rongé par la maladie, qui n’aurait pas permis d’éviter ce qui jusqu’à ce constat lui paraissait à lui inévitable. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 Début du livre 3 ***/*** CHAPITRE 3 (Avant l’accident) « Aix en Provence, un autre temps » « Dring ! Dring ! » Une main ridée et tremblante attrape le combiné et l’amène à son oreille. - Oui !! Allô !! -… - Ah !! C’est toi ma chérie !! -… - Oh mon Dieu !! Tu es sûre ? -… - Merci de nous avoir prévenus, donne un gros bisou à Pierre !! La vieille femme raccroche, une larme perle sur sa joue ridée par les années. - C’était qui ? - Hellènes !! Florian vient de sortir du coma, les médecins n’y croyaient plus !! Tu vois que nous avons eu raison d’insister pour qu’ils le gardent sous assistance après son accident ? Michel préfère ne pas répondre, sachant très bien que sa femme ne comprendrait pas qu’il ne puisse pas être aussi heureux qu’elle du réveil de son petit-fils. Un petit-fils qui pourtant leur en fait voir de toutes les couleurs depuis son plus jeune âge, ne les respectant pas quand il ne s’acharne pas sur eux avec une méchanceté qui est devenue pour lui une seconde nature. Un petit-fils qui ne fréquente que des voyous de la pire espèce, qui se drogue, vole et multiplie depuis quelques années les accidents, en faisant un patient bien connu pour les médecins et le service soignant de l’hôpital de la Salpêtrière de Paris, subissant son mauvais caractère avec une patience que beaucoup leur envieraient. ***/*** « Paris, quelques mois plus tôt » La sirène de police retentit soudainement en surprenant les trois garçons en pleins hold-up dans la bijouterie. - Putain les flics !! - T’affole pas, c’était prévu !! Le rouquin doit nous attendre avec une caisse dans la ruelle, magnez-vous le cul les gars !! La vision de la vitrine explosée par un « crossover » volé qui a encore les deux roues avant dans le magasin, interpelle les policiers qui sortent de leur véhicule et tentent de passer à travers les bris de vitres, s’efforçant de ne pas s’écorcher avec les pointes tranchantes. Les trois garçons cagoulés ne semblent pas plus effrayés que ça de les voir venir vers eux, l’un d’entre eux leur fait même un bras d’honneur avant de s’éclipser par l’arrière-boutique en courant. Le sous-officier de police : - Faites le tour !! Sinon ils vont s’échapper par-derrière !! Ses deux collègues s’élancent dans la rue pour faire le tour du pâté de maisons, ils sont presque arrivés devant la ruelle quand un grondement de moteur les fait se jeter en arrière pour ne pas se faire écraser. Juste le temps pour eux de voir les longs cheveux roux du chauffeur qui ne cherche même pas à les éviter et fonce pied au plancher pour rejoindre l’avenue la plus proche, un sourire sardonique aux lèvres. Les deux policiers se relèvent. - Le con !! Il aurait pu nous tuer !! - Tu l’as reconnu ? - Tu en connais d’autres toi des rouquins ? En plus il ne se cachait même pas l’enfoiré, c’est encore le fils De Bierne pas de doute !! - Son dernier séjour en tôle ne lui aura pas suffi on dirait !! - Pour le temps qu’il y reste !! Mais cette fois-ci il est cuit, le juge l’avait prévenu !! - Bah !! Il s’en sortira encore comme d’habitude, l’argent de son père paiera les meilleurs avocats qui trouveront bien de quoi le faire sortir !! Un des deux hommes sort sa radio. - Vol avec effraction rue Lepic !! Quatre jeunes en Opel Astra blanche, l’un d’entre eux est sans doute le jeune De Bierne !! Prévenez toutes les voitures en patrouille pour qu’elles les bloquent avant qu’ils planquent leur butin !! - Bien reçu !! ***/*** Les quatre garçons éclatent de rire, Florian accélère encore et l’aiguille titille les cent trente kilomètres heures quand un de ses potes lui en fait la remarque. - Hé !! Ne va pas nous tuer, ralentis un peu tu veux bien ? - Tu crois que les poulets nous ont vus ? - Putain Florian !! Pourquoi t’as viré ta cagoule ? - Je crevais de chaud là-dessous !! - Les deux flics ont dû te repérer alors !! Merde !! Tu fais chier !! - Du calme les gars !! Vous savez bien que je ne dirais rien et mon paternel ne me laissera pas aller en tôle, alors relaxe !! Un crissement de pneus suivit d’une sirène stoppe leur conversation, le jeune rouquin avec un rictus narquois braque à fond pour prendre une rue secondaire et freine brusquement. - Allez !! Barrez-vous vite fait avec les sacs !! On se retrouve comme d’hab !! Les trois portières claquent et le rouquin appuie nerveusement sur l’accélérateur, semblant s’amuser comme un fou. - Allez la poulaille !! Essayez donc de m’attraper !! On va bien rire !!! CHAPITRE 4 (Après l’accident) Les minutes qui suivent ne sont que crissements de pneus et sirènes hurlantes, l’Opel prenant de plus en plus de vitesse et traversant sans ralentir les carrefours, son chauffeur semblant complètement inconscient du danger. Une camionnette passe au vert, son conducteur voit trop tard arriver sur lui l’Opel blanche et le choc terrible qui s’ensuit ameute les passants, l’enchevêtrement de ferraille les faisant pousser des cris de stupeurs et pour les plus sensibles, s’évanouir à la vue des deux corps ensanglantés coincés dans l’amas de tôles que sont devenus les deux véhicules. ***/*** « Hôpital de la Salpêtrière, début de soirée » Pierre De Bierne arrive à l’accueil la mine sombre, il a quitté une importante réunion d’affaires à l’étranger pour venir immédiatement au chevet de son fils. Son avocat l’a déjà contacté pour lui expliquer ce qu’il en est, il est à peine surpris d’apprendre l’accusation de vol avec effraction et préfère encore une fois laisser à ses avocats trouver la brèche juridique qui annulera purement et simplement la procédure en cours. Ce qui compte pour l’instant pour lui, c’est de connaître exactement l’état de santé de son fils unique et c’est d’ailleurs la première chose qu’il demande à l’hôtesse quand il se présente devant elle. - Pierre De Bierne !! Je viens aux nouvelles de mon fils, Florian De Bierne qui a eu un accident dans la matinée !! - Un instant monsieur, je consulte les entrées de ce matin !! Pierre la regarde taper sur son ordinateur. - Oui en effet !! Votre fils est bien ici !! Mais j’ai bien peur que les visites lui soient interdites pour le moment, il sort d’une longue opération vous comprenez ? - Pourrais-je au moins parler avec le chirurgien qui a opéré mon fils ? - Je me renseigne pour savoir s’il n’est pas déjà rentré chez lui et s’il a le temps pour vous recevoir. - Faites donc mademoiselle !! - Si vous voulez bien vous rendre en salle d’attente, je vous tiens au courant dès que j’en sais plus !! - Entendu mademoiselle, vous êtes bien aimable !! Pierre va s’asseoir après avoir pris une revue au passage, il feuillette nerveusement les pages pendant un temps lui paraissant très long. - Monsieur De Bierne ? - Oui !!! Pierre relève la tête et reconnaît immédiatement l’homme qui se présente devant lui. - Cela me rappelle des souvenirs. - En effet monsieur, votre fils semble être abonné à cet hôpital !! Mais je crains que cette fois soit une fois de trop !! - Expliquez-vous ? - Nous avons fait ce que nous avons pu pour son corps, mais son cerveau est atteint d’un grave traumatisme et il est dans le coma depuis l’accident !! - C’est si grave que ça ?? - Suivez-moi !! Vous en jugerez par vous-même !! Les deux hommes se rendent jusqu’à une salle spécialement appareillée pour les cas graves de comas traumatiques profonds, Pierre découvre alors son fils et son cœur se serre devant l’aspect pitoyable dans lequel il se trouve. Le chirurgien lui tend un dossier en gardant en main quelques clichés de scanners qu’il étale sur une table en face du lit. - Regardez ces taches, ce sont des caillots de sang que nous ne pouvons extraire !! - Soyez direct docteur !! - Votre fils et dans un état très proche de la mort cérébrale, son cerveau ne réagit quasiment plus à aucuns stimuli. - Quand en saurez-vous plus docteur ? - Nous allons le transporter dans une chambre où il sera sous assistance cardiaque et respiratoire, je pense que d’ici quelques semaines nous y verrons plus clair. - Quelques semaines ??? - Au mieux, oui !! - Souffre-t-il ? - Je peux assurer que non !! Il faut juste laisser les choses évoluer de par elles-mêmes, mais comme je vous l’ai dit, je reste très pessimiste sur les résultats. Peut-être serait-il bon de vous préparer avec votre famille à ce qu’il ne revienne jamais à lui. - Puis je prendre l’avis d’autres spécialistes ? - Autant que vous voudrez monsieur, je comprends bien votre position et j’en ferais tout autant s’il s’agissait de mon enfant croyez le bien !! - Je vous remercie de votre compréhension docteur et soyez assuré que je ne mets pas vos compétences en doute un seul instant. - Je l’avais bien compris comme ça, je vous tiendrais informé régulièrement de l’état de votre fils !! Seul le temps et un miracle pourraient vous le rendre sans séquelles. Pierre fixe le chirurgien avec étonnement. - Vous voulez dire que si mon fils revient à lui, il ne sera plus le même ? - C’est très probable en effet, son cerveau a subi trop de dégâts pour qu’il en soit autrement je le crains !! - J’ai les moyens de payer vous savez, la vie de mon fils est plus importante que tout à mes yeux. - Hélas l’argent ne peut pas tout acheter !! Croyez bien que j’ai fait tout ce qui est en mon pouvoir pour sauver votre enfant. CHAPITRE 5 (Quatre semaines plus tard) Pierre et sa femme attendent l’arrivée du chirurgien qui les a convoqués, l’inquiétude peut se lire sur leur visage crispé et ils ne se font pas trop d’illusions quant à la raison de cette convocation, les nouvelles régulières de l’état de leur fils n’étant pas de celles à croire encore à une rémission de son coma. La porte du cabinet s’ouvre sans qu’ils s’en rendent compte, le médecin les observe un moment en comprenant ce qu’ils ressentent. Ils devraient plutôt être soulagés d’un grand poids pense-t-il alors, leur fils étant un voyou de la pire espèce tandis que les deux adultes assis en face de lui sont pour leur part d’une gentillesse peu commune. Il connaît leur histoire, cet accident d’avion qui a failli leur coûter la vie alors que leur fils n’avait que quelques mois et il comprend que depuis ce jour-là, le garçon a reçu toute leur attention au point de le pourrir et d’en avoir fait ce qu’il est devenu. - Monsieur et madame De Bierne !! Si vous voulez bien entrer s’il vous plaît !! Pierre et Hellènes sursautent, trop pris dans leurs pensées pour s’être aperçus de sa venue. - (Pierre) Bonjour docteur !! Votre convocation nous a rendus nerveux, excusez-nous. - C’est moi qui m’excuse, j’aurais dû voir que vous ne vous étiez pas aperçus de ma présence !! Il laisse passer le couple devant lui avant de refermer la porte, ensuite il les prie de s’asseoir en cherchant visiblement ses mots pour les amener à ce qu’il veut leur faire entendre. - Je vais être franc avec vous !! Nous ne notons aucune amélioration du traumatisme de votre fils, son corps se remet lentement mais son cerveau n’a aucune réaction aux diverses stimulations que nous lui envoyons. Pierre prend la main de sa femme dans la sienne pour la réconforter, comprenant bien quelle sera la suite que va prendre cette conversation. - Si vous alliez au fait docteur ? - Justement !! J’y viens !! Je pense sincèrement qu’il est inutile de garder espoir et qu’il serait bon d’envisager de débrancher votre fils, connaissiez-vous sa position sur le don d’organe ? - (Hellènes) Il était très difficile d’avoir une conversation avec Florian docteur !! - (Pierre) De toute façon ce n’est pas d’actualité pour le moment, votre demande ne nous étonne pas outre mesure car nous nous sommes posé la même question et mes parents nous ont convaincus qu’il ne fallait pas mettre un terme à la vie de notre fils, il y a eu des exemples de personnes qui sont sorties du coma après de longues années et nous avons les moyens de financer les soins de notre fils, quel qu’en soit le coût. - Les patients auxquels vous faites allusion n’avaient pas la même pathologie, le cerveau de votre garçon a subi de graves dommages qui ont pour résultats qu’une partie de celui-ci n’est plus alimentée correctement par l’oxygène qui lui est nécessaire. - Notre décision est prise docteur !! Nous ne donnerons jamais notre accord pour que vous débranchiez Florian !! Le chirurgien prend le temps de répondre, il comprend parfaitement la position du couple et décide donc de leur faire une proposition alternative. - Dans ce cas je vous propose de revoir votre position dans quelques mois, nous verrons d’ici là comment évoluent les choses et je vous promets que votre fils recevra tous les soins possibles en attendant. Pierre De Bierne a un faible sourire en se levant et en aidant son épouse à faire de même, il se tourne ensuite vers le chirurgien pour prendre congé. - Envoyez-moi vos honoraires, je ne demande rien de plus que vous fassiez votre possible pour le bien de mon fils. - (Hellènes) Pouvons-nous le voir ? - Bien entendu madame !! J’appelle un infirmier qui va vous conduire à sa chambre. - (Pierre) C’est inutile docteur, nous connaissons le chemin !! ***/*** « Dans la chambre » Bip… Bip… Bip… Le couple écoute le son lancinant des appareils qui maintiennent Florian en vie, la femme a le visage ravagé par les larmes comme à chaque visite et l’homme reste grave, réfléchissant à ce qu’est devenu son enfant qui a petit à petit plongé dans la délinquance sans qu’il ne puisse rien y faire. Il souhaite presque qu’il reste comme ça, étendu comme endormi dans ce lit d’hôpital. - Regarde-le, chérie !! Ce n’est encore qu’un enfant, pourquoi a-t-il si mal tourné ? - Nous avons été trop faibles avec lui sans doute !! - Comme j’aimerais pouvoir revenir en arrière !! Avoir un fils normal !! - Je prie chaque jour pour mon petit Florian, peut-être que notre seigneur écoutera enfin mes prières. - Puisse-t-il t’entendre ma chérie !! Puisse-t-il t’entendre !!! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 6 (Retour au moment présent) L’infirmière sort rapidement de la chambre, elle court presque dans les couloirs au grand étonnement de ceux qui croisent son chemin et ce n’est qu’une fois arrivé devant le cabinet du chirurgien s’occupant du jeune De Bierne, qu’elle s’arrête un instant pour reprendre son souffle avant de frapper brièvement à la porte et d’entrer sans attendre l’invitation de le faire, tellement elle est troublée. Le docteur surpris la regarde sans comprendre. - Oui Mademoiselle ? Que se passe-t-il donc ? - Il est réveillé docteur !!! - Qui donc ??? - Le patient de la chambre deux cent douze !! Vous savez ? Le rouquin !! Le chirurgien se lève d’un bond. - Mais !! C’est impossible, vous le savez aussi bien que moi !!! - Je vous assure pourtant qu’il est sorti du coma docteur !! L’homme sort de son cabinet et s’élance à son tour dans les couloirs suivis par la jeune femme qui tente de lui expliquer l’étrange changement de comportement du jeune garçon. - Il ne semble pas se rappeler de moi docteur !! - Les séquelles qu’a subies son cerveau sans doute !! - Il m’a appelé « madame » docteur !! Le médecin ne peut s’empêcher de sourire. - Je ne vois pas ce qu’il y a là-dedans d’exceptionnel ? - J’étais plutôt habituée à d’autres petits noms de sa part vous vous rappelez ? L’homme ne répond pas, trop pris dans ses propres pensées et cherchant à comprendre comment ce réveil a été possible alors que les derniers scanners ne montraient aucune amélioration de son état. Arrivé devant la chambre de son patient, il l’ouvre nerveusement et reste un instant ahuri sous le choc de ses yeux verts pénétrants qui le fixent avec curiosité et encore plus extraordinaire, avec une douceur d’expression qui le charme sitôt qu’il en prend conscience. - Alors jeune homme !! On peut dire que vous revenez de loin !! Il se tourne vers l’infirmière visiblement tout aussi ébahi que lui. - Faites appeler un infirmier mademoiselle, je pense que ce jeune garçon sera content de prendre un bon bain. - Bien docteur !! - Ensuite vous le ferez amener en salle d’examens, je veux lui faire rapidement passer un scanner cérébral pour voir ce qu’il en est exactement !! - Autre chose docteur ? - Ce sera tout, mademoiselle !! - Heu !! S’il vous plaît ?? Le chirurgien sursaute en entendant cette voix hésitante qui s’adresse à eux, son regard se reporte dans celui du garçon et un frisson lui traverse l’échine quand il croit un bref instant voir ses iris former deux fentes verticales, il revient vite à la raison en clignant fortement des yeux avant de rencontrer à nouveau ce regard d’un vert intense si particulier mais parfaitement normal cette fois-ci et lui faisant secouer la tête d’incrédulité devant ce qui ne pouvait être qu’issu de son imagination. - Oui ?? - Pourrais-je avoir quelque chose à manger et à boire s’il vous plaît ?? - Dès que nous aurons fait les examens qui s’imposent mon garçon !! Il va pour sortir accompagné de son infirmière quand la voix le rappelle. - Le docteur Viala n’est donc pas de service aujourd’hui ? Le chirurgien surpris. - Il n’est plus ici depuis presque un an ? Lui et sa famille ont déménagé en province, je ne savais pas que tu connaissais Frédéric ? - C’est lui qui s’occupe de moi depuis des années pourtant !! L’homme plisse les yeux de surprise, il préfère sortir de la chambre sans répondre afin de chercher à comprendre les paroles étranges du garçon. Il est certain cependant que jamais son collègue ne s’est occupé de son patient, lui-même étant celui qui depuis plusieurs années le suit lors de ses fréquents passages aux urgences. Quelque chose ne va pas pense-t-il, le comportement du jeune rouquin ne ressemble en rien à celui auquel il était habitué venant de sa part et il repense alors aux paroles de l’infirmière qui se retrouvait étonnée à ce qu’il l’appelle poliment « madame » . CHAPITRE 7 (Incompréhension) « Le lendemain matin » C’est la lumière du jour qui me réveille, je me sens étrangement bien et reposé, la douleur ressentie la veille venant de tout mon corps semble avoir complètement disparu et le silence de la chambre m’interpelle, habitué depuis tant d’années à entendre sans en avoir conscience le Bip Bip des appareils de survie. Quelque chose ne va pas depuis ma sortie du coma, déjà les personnes qui s’agitent depuis hier autour de moi et que je n’avais jamais vues jusqu’alors et ensuite les questions qu’ils me posent, semblant ne pas comprendre mes réponses. Mon corps également qui ne semble plus affecté par ma myopathie mais demande au contraire à bouger pour échapper à l’état d’ankylose que ma position couchée depuis trop longtemps lui amène. Trop de questions avec aucune réponse satisfaisante, je décide donc d’en dire le moins possible à partir de maintenant afin de comprendre ce qu’il m’arrive et de prendre le temps d’analyser chaque nouveau fait qui sera dorénavant porté à ma connaissance. Un doute me vient néanmoins sur le fait que je sois ou pas de nouveau en plein rêve, les pansements propres et ma jambe toujours suspendue prêteraient à me faire penser que c’est bien la réalité et ce même si le simple fait de leur existence me semble incompréhensible. J’en suis là dans mes réflexions quand la porte s’ouvre, mon cœur fait alors un bond en reconnaissant mes parents et du coup éloigne de moi l’idée d’être replongé dans ce rêve merveilleux qui reste et restera encore et toujours graver dans ma mémoire. - B’jour p’pa !! B’jour m’man !! Je vais pour leur poser une myriade de questions quand je me rappelle soudainement de ma dernière décision à laisser venir les choses afin de mieux comprendre ce qui m’arrive. Ma mère s’effondre en larmes à genoux près de mon lit en me prenant la main alors que mon père me regarde, visiblement troublé par quelque chose que je ne comprends pas et qui le met dans cet état d’expectative face à moi. - Comment tu te sens ? - Bien !! Combien de temps je suis resté dans le coma ? - Presque trois mois. - Pas plus ?? - Tu es sûr que ça va bien ? J’ai envie de savoir pour ma maladie, mais quelque chose me dit de poser autrement la question qui me brûle les lèvres. - Très bien, oui !! Qu’est-ce qu’il m’est arrivé ? - Tu ne te rappelles pas ? - Non !! - Tu as eu un accident, nous avons bien cru te perdre. Houla !! Un accident ? Quel accident ? Je cherche en vain dans mes souvenirs et je pense que c’est ce qui me sauve vis-à-vis de mon père qui du coup reprend la parole. - Tu ne te souviens vraiment de rien ? - Écoute papa !! Quelque chose semble te contrarier, si tu me disais exactement ce qu’il en est ? Pierre sent une boule le prendre à l’estomac, c’est la deuxième fois que son fils l’appelle naturellement « p’pa » alors qu’il ne l’avait plus habitué depuis bien longtemps à une parole aussi affectueuse. - Si c’est un jeu que tu joues pour t’éviter la prison, ça peut à la rigueur marcher avec le juge, mais ça ne sert à rien avec moi !! Le ton de sa voix me choque tellement elle est sèche et rébarbative, quelque chose me dit que je vais aller de surprise en surprise et qu’il va me falloir beaucoup de maîtrise pour ne pas passer pour un fou aux yeux de tous, car il va de soi que rien de ce que j’entends actuellement n’a de sens pour moi. Rêve ou réalité ? Pour le premier je comprendrais alors que dans le second cas j’ai très certainement raté un, voire très certainement plusieurs épisodes. - Tu crois que je te mens ? Et toi m’man ? Tu ne dis rien ? Ma mère relève la tête vers moi et ses yeux embués de larmes m’amènent à venir me blottir contre elle dans un geste d’affection que je ne peux retenir. - Je vais bien maintenant, ne pleure plus s’il te plaît !! Pierre n’en revient pas, les larmes de sa femme redoublent d’intensité devant la réaction qu’a leur fils envers elle et qui apparemment lui est venu naturellement, il se souvient pourtant de la dernière fois où Florian a quitté la maison en claquant la porte et surtout la façon qu’il a eue de repousser brutalement sa mère alors qu’elle refusait de lui donner l’argent qu’il réclamait une fois de plus, la traitant de tous les noms. Il s’était dirigé ensuite vers lui avec un rictus moqueur au coin des lèvres, pour avoir ce qu’il demandait en sachant très bien qu’il aurait gain de cause comme à chaque fois. CHAPITRE 8 (Guérison ?) « Cabinet du chirurgien, une heure plus tard » Le chirurgien regarde pour la énième fois de la matinée les clichés agrafés au mur, ils montrent l’extraordinaire rémission qui a permis l’éveil du jeune De Bierne. Le plus extraordinaire n’est pas la disparition des caillots dus au traumatisme de l’accident, mais à l’expansion galopante des zones actives de la conscience qui occupent habituellement à peine vingt pour cent d’un cerveau humain normalement constitué et qui aux derniers examens du jeune Florian révèlent un pourcentage d’activation beaucoup plus importante, de l’ordre du double d’un quidam lambda. C’est comme s’il y avait deux consciences dans un même crâne pense alors le chirurgien en soupirant de frustration devant les photos pourtant bien réelles étant donné qu’il les a prises lui-même. Le médecin tourne la tête vers d’autres clichés tout aussi troublant, des radios cette fois qui ont été prises dans la foulée du scanner cérébral et qui elles aussi montrent des anomalies incompréhensibles, pas au niveau du squelette qui a eu tout le temps de se reconstituer pendant la longue période de coma du jeune patient mais dans la musculature qui manque des effets habituels d’atrophie due à une longue période d’inactivité. - Il pourrait remarcher sans éprouver la moindre gêne !! C’est quand même quelque chose !! Le fait de parler seul ne semble pas le perturber outre mesure et laisserait à penser que c’est pour lui une habitude qui l’aide à réfléchir, il finit par détacher ses yeux des murs où sont affichées les dernières conclusions d’examens pour revenir sur d’autres résultats d’analyses, sanguines cette fois. Tout semble homogène de ce côté, conforme à ce qu’il pouvait attendre d’un jeune homme de bientôt dix-huit ans et le fait de revenir dans des valeurs dites « normales », le rassure en pensant que parfois l’organisme a des réactions inattendues devant ce que la médecine donnait pourtant comme des lésions irréversibles. « Toc ! Toc ! » - Oui !! Entrer !! Sa secrétaire montre le bout de son nez et sourit quand elle le voit tranquillement installé à son bureau. - Les parents du jeune De Bierne sont là docteur !! - Ah !! Très bien !! Je vous prie de les faire entrer. - Bien docteur !! Elle disparaît de sa vue, il l’entend parler dans le couloir. - Le docteur vous attend !! Le couple s’avance alors dans le bureau, la secrétaire refermant la porte derrière eux et le chirurgien leur montre des sièges d’un geste de la main les invitant à s’y installer, ce qu’ils font sans se faire prier. - (Pierre) Vous nous avez fait appeler docteur ? - En effet !! Je tenais à vous donner personnellement des nouvelles de l’état de santé de votre fils. - (Hellènes) Il semble aller très bien !! - Et c’est le cas madame, quoique je ne m’explique toujours pas la rapidité avec laquelle il se remet de ce terrible accident. - (Pierre) Son corps a eu le temps de se reconstruire après ces douze semaines de coma, voilà tout ! - Cela n’explique pas tout !! Mais soyons heureux que tout aille pour le mieux, votre fils a très certainement des prédispositions génétiques et je ne serai pas étonné d’apprendre qu’il y a une forte longévité héréditaire dans vos gênes à tous les deux ? - (Pierre) Mes grands-parents sont morts centenaires et mes parents sont toujours de ce monde en effet !! - Et vous madame ? - (Hellènes) Hélas !! Mes parents sont décédés accidentellement alors que je n’étais qu’un bébé et mon frère n’en sait pas plus car il ne s’entendait pas avec eux et a fait sa vie très jeune en émigrant loin d’ici, ce n’est d’ailleurs qu’après leurs décès qu’il a appris mon existence. - Nous resterons donc sur ces suppositions, néanmoins il semblerait que son esprit ne se souvient plus de certaines périodes récentes et je tiens à vous rassurer, cette amnésie est tout à fait normale après le choc qu’il a subi. - (Pierre) N’y a-t-il pas la possibilité qu’il fasse semblant docteur ? - Je ne vois pas quelles motivations le pousseraient à faire une chose pareille ? - (Pierre) J’en vois bien une !! Celle d’éviter d’avoir à répondre à ses dernières malversations par exemple !! - (Hellènes) Allons chéri !! Il ne pourrait pas nous tromper à ce point ? - (Pierre) Notre fils a un esprit assez retors pour inventer un truc pareil, il nous a déjà démontré à maintes reprises combien il se joue de la morale tout comme des convenances. - Je ne pense pas qu’il cherche à nous tromper, d’ici quelques jours peut-être mais pas aussi près d’être sorti de son coma, son cerveau n’aurait pas eu le temps d’inventer une histoire pareille et puis j’ai eu le sentiment d’un changement profond dans le comportement de votre fils, je pense que vous l’aurez remarqué également. - (Hellènes) Il est devenu… gentil !! - « Adorable » si je me réfère à ce qui se dit auprès du personnel soignant. - (Pierre) Vous savez docteur, il y a eu beaucoup de mots employés pour définir notre fils Florian et je peux vous certifier que celui que vous venez de prononcer n’en fait pas parti ! CHAPITRE 9 (Retour à la maison) « Quelques jours plus tard, chambre de Florian » Une buée sort de la salle de bains quand je la quitte en me séchant la tête avec la serviette-éponge, heureux de sortir enfin de cet hôpital d’ici quelques heures et je m’habille tranquillement en attendant que mes parents viennent me chercher, sans m’apercevoir que la porte s’ouvre derrière mon dos. - Hum ! Hum ! Je me retourne vivement et je souris en reconnaissant ma visiteuse. - Fini les soins « Nini », je rentre chez moi !! L’infirmière sourit à son tour avec une pointe de regret qui lui fait une moue amusante. - Pour quelqu’un qui ne pouvait pas me sentir, on dirait que tu regrettes que je parte maintenant Hi ! Hi ! - Je te l’ai déjà dit Florian !! Tu dois être un sosie de l’autre, ce n’est pas possible autrement !! - Désolez ma grande mais jusqu’à preuve du contraire je n’ai pas de frère caché !! L’infirmière s’avance et me prend dans ses bras pour me déposer un bisou sur le front. - Alors reste comme tu es et ne redeviens jamais l’autre !! - Promis « Nini », je n’ai aucun souvenir de celui que j’étais avant et du peu que j’en ai appris, je ne souhaite vraiment pas redevenir comme lui. - C’est très bien dans ce cas, tu verras que tout s’arrangera pour toi si tu restes dans cet état d’esprit et j’espère que tu viendras nous rendre visite, mais pas comme patient cette fois !! - Comme médecin alors ?? - Si tu veux, oui Hi ! Hi ! Déjà ça voudra dire que tu as repris des études sérieuses, c’est tout ce que je te souhaite mon petit. - Rhhaaa !! Je ne suis pas si petit que ça !! L’infirmière me sourit, un dernier baiser sur mon front puis elle s’écarte de moi en écrasant du doigt la larme qui commençait à couler sur sa joue. - Fais attention à toi mon « grand » !! ***/*** Stéphanie sort rapidement pour ne pas montrer l’émotion qui maintenant lui noue l’estomac, cette semaine passée à prodiguer les soins à ce jeune garçon si attachant restera pour elle un souvenir impérissable et c’est justement pour connaître des moments comme ceux-là qu’elle a choisi cette profession, ou il faudrait plutôt dire cette vocation. Elle a du mal à se rappeler l’ignoble individu qu’il était avant, pourtant elle avait eu plusieurs fois l’occasion de subir ses paroles acerbes ainsi que ses manières de petit caïd imbu de sa personne et de son argent, ne prenant du plaisir qu’en rabaissant les autres en leur faisant bien sentir qu’ils ne représentaient rien moins d’autres pour lui que de vulgaires kleenex qu’il se sert quand il en a besoin avant de les jeter une fois devenus inutiles. ***/*** « Une heure plus tard » Je claque la portière de la voiture en me demandant encore une fois ce que pouvait bien être le Florian duquel j’ai sans conteste pris la place. Le regard surpris de ma mère quand je lui ai ouvert la portière pour la laisser monter à côté de mon père, démontre une fois de plus qu’il va falloir que je fasse très attention dans mes actes du quotidien avant d’en savoir suffisamment sur ce qu’il m’arrive. J’en suis toujours à me demander si tout est réel ou encore le fruit de mon imagination, j’ai encore en mémoire aussi bien la vie que j’avais alors que la maladie me clouait au lit ou dans mon fauteuil roulant et également celle magnifique que j’ai vécu avec tous mes amis, une vie riche en émotion où l’amour et l’amitié n’avaient de cesse d’enrichir mon affectif. Cette pensée m’en remonte une autre qui accélère mon cœur et me fait pousser un cri angoissé. - Thomas !!!! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 10 (Retour à la maison) Ma mère se retourne, visiblement troublée par mon cri. - Tu te sens bien mon chéri ? Qui est donc ce Thomas ? - C’est rien m’man !! Juste un ami auquel je viens de penser. - Il lui est arrivé quelque chose ? Ton cri semblait plein d’angoisse en prononçant son nom. - Ça m’est venu comme ça m’man ! Ne t’inquiète pas, c’est juste que j’ai eu une pensée pour lui et qu’il m’a semblé qu’il comptait beaucoup pour moi. Je capte le coup d’œil de mon père depuis le rétroviseur et je préfère baisser la tête en me renfonçant dans la banquette arrière, fermant les yeux pour réfléchir une fois encore à la situation pour le moins bizarre dans laquelle je me trouve. C’est ma mère une fois encore qui va me chambouler fortement, une simple phrase dite à mon père et qui me mettra dans un ahurissement total suivit d’un moment d’euphorie affective qui me laissera tremblant jusqu’à l’arriver devant la porte de la maison. - Tu as eu confirmation pour le vol de tes parents ? - Je ne te l’ai pas dit ? Ils sont partis tôt ce matin et normalement ils devraient nous attendre à la maison. - Ils vont être surpris !! Pierre reporte une nouvelle fois son regard vers son fils, l’état émotionnel qu’il peut y lire sur son visage lui amène pour la première fois l’idée que peut-être il ne joue pas la comédie et c’est donc d’une voix enrouée qu’il répond à sa femme. - Plus que tu le penses ma chérie !! ***/*** « Appartement des De Bierne, Paris » Michel et Maryse entrent dans l’appartement de leurs enfants, Michel porte les valises jusqu’à la chambre qui est la leur lors de leurs rares visites et revient ensuite non sans avoir été jeté un bref coup d’œil dans celle de son petit-fils, la curiosité étant comme à chaque fois la plus forte. Ce qu’il y voit le fait soupirer d’exaspération, cette chambre n’étant pas et de loin un exemple de rangement comme de décoration, son petit-fils semblant se complaire dans la saleté et le mauvais goût. Maryse le surprend à refermer la porte et lui en fait la remarque. - Ça ne sert à rien de vérifier à chaque fois tu sais ? Si ce n’est pour te mettre encore une fois dans tous tes états !! - Comment peut-on vivre dans un tel bordel !! Pas étonnant qu’il ait tourné aussi mal !! Hellènes aurait dû mettre le holà depuis longtemps au lieu de le laisser n’en faire qu’à sa tête. - Allons chéri !! Tu sais bien ce qui est arrivé la dernière fois qu’elle a voulu le faire !! - Mon fils est un faible !! Il aurait dû lui en mettre une bonne pour lui faire regretter son geste, au lieu de ça il lui a donné de l’argent en lui demandant de l’excuser !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce bandit frappe sa mère et c’est encore elle la coupable !! - Depuis l’accident, Pierre s’en veut d’avoir mis la vie de Florian en danger !! Ça l’a complètement changé, il est devenu faible dès qu’il s’agit de cet enfant et il lui cède toujours tout. - Moi je lui aurais mis les bonnes corrections qu’il méritait et crois-moi, je lui aurais passé l’envie de faire l’imbécile !! - (Maryse) Rappelle-toi la seule fois où tu as essayé chéri, j’ai bien cru qu’il allait te tuer ce jour-là et depuis il n’a eu de cesse de nous insulter, déjà qu’avant ce n’était pas le grand amour avec nous !! - (Michel) C’est pourtant grâce à toi s’il rentre à la maison aujourd’hui. - (Maryse) C’est mon petit-fils quoi qu’il en soit et j’espère toujours qu’il changera un jour, sa mort n’aurait rien arrangé tu le sais aussi bien que moi !! Une clé tournant dans la serrure fait cesser net la conversation, les deux vieillards ont le visage qui se fige d’appréhension de se retrouver une fois encore en face de leur petit-fils, s’attendant une fois de plus à recevoir en pleine poire son sourire sardonique et ses réflexions méprisantes, qui sont devenus sa façon de les accueillir. ***/*** L’appartement ressemble étrangement au souvenir que j’en ai quand j’entre à mon tour derrière mes parents, mon cœur bat soudainement plus vite et plus fort quand j’aperçois ceux qui pour moi sont les êtres que j’aime par-dessus tout et je ne m’aperçois pas du moment de panique dans leurs yeux quand je m’élance en pleurant dans leurs bras. - Papiiii !! Mamieee !! Comme je suis content de vous voir !!!! CHAPITRE 11 (Trop d’émotions !!) Pierre reste figer par un ahurissement total devant la scène toute en émotion qui se déroule actuellement sous ses yeux, tant elle paraît irréelle et son état de stupeur il s’en rend bien compte, n’est pas dû qu’à lui car autant ses parents que son épouse en sont affectés tout autant eux aussi. Maryse éclate en sanglots en serrant en tremblant dans ses bras frêles celui qu’elle a toujours aimé bien qu’il soit loin du petit-fils idéal et ce retournement de situation la met dans une joie indicible qui ne trouve que ce moyen pour s’exprimer. Michel caresse la longue chevelure rousse en envoyant à son fils un regard où il peut y lire toute l’incompréhension qu’éprouve le vieil homme et Pierre ne trouve pour toute réponse qu’un haussement d’épaules prouvant que pour lui aussi le moment reste sans explications rationnelles. Seule Hellènes reste suffisamment vigilante pour s’inquiéter à juste titre du trop-plein émotionnel de celle qu’elle a toujours considérée comme sa propre mère, mère qu’elle n’a hélas jamais eue la chance de connaître. Maryse lentement se laisse aller vers le sol, l’émotion ayant eu raison de son cœur. - (Hellènes paniquée) Mon Dieu !!! Maryse !!! Je serre fermement ma grand-mère dans mes bras pour la retenir afin qu’elle ne tombe pas brusquement sur le carrelage de l’entrée, mon père s’élance à son tour pour m’aider et tous deux nous la portons vers la chambre la plus proche pour l’étendre sur le lit, l’affolement commençant à gagner tout le monde. Mon hésitation ne dure qu’un instant très bref avant de me pencher sur elle pour prendre son pouls et mettre mon oreille devant sa bouche à la recherche d’un souffle prouvant qu’elle n’est qu’évanouie. - Appelle les secours p’pa !! Son cœur ne bat plus !! Je n’attends aucune réponse que déjà j’applique mes deux mains liées sur sa poitrine pour commencer les exercices respiratoires nécessaires en attendant le SAMU, je compte mentalement et stoppe pour placer sa tête en arrière en lui pinçant le nez et lui appliquer ma bouche sur la sienne en lui insufflant plusieurs fois de l’oxygène. Dix minutes qui me semblent des heures, passent avant que j’entende la sirène de l’ambulance et qu’un homme vienne prendre ma place en me repoussant doucement après un bref sourire, appliquant un masque sur le visage de ma grand-mère en reprenant les massages cardiaques tandis que ses collègues amènent une civière et qu’un quatrième homme prépare une seringue dont il enfonce l’aiguille directement dans le cœur. Mes parents tout comme mon grand-père, assistent visiblement complètement paniqués à toute cette activité autour de Maryse qui ne réagit toujours pas et qui finalement sera emmenée sans perte de temps jusqu’à l’hôpital le plus proche, sans que personne ne puisse donner un diagnostic quel qu’il soit. Si ce n’est juste l’homme ayant pris ma place, qui m’attrape gentiment par une épaule. - Si ta grand-mère s’en sort, ce sera grâce à toi mon garçon !! Tu as fait exactement ce qu’il fallait pour qu’elle garde toutes ses chances de s’en tirer sans trop de dommages. Il se tourne alors vers les trois adultes. - Vous avez de quoi être fiers de votre fils !! Nous vous préviendrons dès qu’on en saura plus sur son état !! L’homme va pour rejoindre ses collègues quand il se sent happer par la manche, il se retourne pour voir celui qui le retient et ressent un fort moment d’émotion quand ses yeux rencontrent le regard suppliant du jeune rouquin quand il s’adresse à lui. - Je peux venir avec vous ?? S’il vous plaît monsieur !! Comment refuser quelque chose devant un tel regard pense l’homme, qui esquisse alors un sourire de compréhension avant de répondre. - Entendu si tes parents sont d’accord !! Je regarde mon père qui semble réagir enfin et qui d’un signe de tête donne l’autorisation demandée. - (L’homme) En voiture gamin !! Nous n’avons pas de temps à perdre !!! CHAPITRE 12 (Cochin) ***/*** « Dans l’ambulance » L’infirmier en est à sa troisième tentative de défibrillation, quand il s’exclame enfin d’une voix marquant le soulagement. - Son cœur repart !!! - Vérifie ses constantes !! - Ça a l’air d’aller !! - Et bien !! J’en connais un qui va être content !! Les deux hommes se tournent vers l’avant de l’ambulance où le petit rouquin semble écrasé entre leurs deux collègues à la carrure autrement plus impressionnante que la sienne. - C’est un drôle de petit gars quand même !! Il a eu le bon réflexe alors que le reste de sa famille avait perdu tous ses moyens !! - Ce n’est pas évident non plus quand c’est à un de tes proches que ça arrive. L’homme continue à observer le gamin pris en sandwich entre les deux armoires à glace, il sourit devant l’apparente fragilité du jeune garçon qui ne semble pas plus mal à l’aise que ça d’être en leur compagnie. Il capte le regard du conducteur dans le rétroviseur et lui fait le signe que tout va bien, celui-ci apparemment en fait part au garçon qui se retourne immédiatement en venant coller son visage à la vitre les yeux écarquillés, cherchant à en voir plus à l’arrière du véhicule. La tête qu’il fait éclate les deux infirmiers qui partent dans un énorme éclat de rire, tellement la bille de clown qu’ils ont sous les yeux vaut le coup d’œil. - Tu as vu sa trombine de grenouille Hi ! Hi ! - T’as raison Hi ! Hi ! Il est trop marrant ce gamin Hi ! Hi ! ***/*** « Cochon » C’est avec un grand sourire suivit d’un énorme ouf de soulagement que je m’extirpe de l’ambulance, les professionnels s’activant déjà pour descendre ma grand-mère et l’emmener faire les examens nécessaires après son arrêt cardiaque. Il m’est demandé d’attendre dans une salle où plusieurs personnes sont déjà assises, visiblement pour les mêmes raisons que moi et je vais m’installer sur une chaise libre pour réfléchir à toutes les informations de ces derniers jours. Je ne comprends toujours pas ce qu’il m’est arrivé, rêve ou réalité ? Je tente quelque chose qui devrait fonctionner si c’est bien un rêve qui une fois encore m’amène dans des situations abracadabrantes. Je pense que la porte va s’ouvrir sur un super beau mec qui va tomber immédiatement sous mon charme, aussitôt l’image de mon Thomas souriant prend toute la place dans mes pensées et j’ai du mal à retenir les larmes qui commencent à me piquer les yeux. Je continue néanmoins dans mon idée de faire entrer un nouveau personnage dans mon rêve, si rêve il y a et je fixe la porte en attendant l’entrée de mon super beau gosse, quand une ombre apparaît au bas de la porte et que celle-ci s’ouvre lentement. Mon cœur une nouvelle fois se serre, l’idée même d’être encore plongé dans le coma m’est subitement insupportable et j’imagine mon corps squelettique allongé dans un lit d’hôpital, avec toutes ces perfusions qui le maintiennent en vie. La porte est maintenant grande ouverte, je retiens avec peine l’énorme éclat de rire qui me vient en apercevant le sublime personnage de mes rêves qui en fait n’est rien d’autre qu’une petite grand-mère souriante venant elle aussi attendre dans la pièce des nouvelles d’un de ses proches. Un « ouf » de soulagement vite remplacé par encore plus de questions existentielles, en effet si c’est bien la réalité pourquoi n’est-elle pas en rapport avec celle que j’ai toujours connue ??? Chapitre XIII (Cochin) (fin) Pierre, sa femme et son père arrivent à leur tour, ils ont eu le temps de se remettre et n’ont de cesse depuis d’essayer de comprendre ce qui pour eux tient du miracle, du moins pour ce qui concerne Florian car la crise cardiaque de Maryse les inquiète au plus haut point même s’ils ont été rassurés par le secrétariat de l’hôpital sur l’amélioration exceptionnellement rapide de son état de santé au vu de son âge. - (Michel) Son cœur n’a pas résisté quand Florian nous a serrés dans ses bras comme s’il était content de nous voir, j’avoue que j’ai moi-même ressenti comme un pincement au cœur quand il est venu vers nous tout souriant. - (Pierre) Il semble s’être transformé depuis sa sortie du coma, c’est comme si ce n’était pas notre fils !! - (Hellènes) Comment peut-on changer à ce point ? - (Pierre) Le choc peut être ? Qu’est-ce que j’en sais !! Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est plus le même depuis !! Nous devrions nous en réjouir, même si c’est peut-être encore un coup tordu qu’il a monté de toutes pièces !! - (Michel) Pour échapper à la justice ? Tu crois qu’il serait assez retors pour mettre en place un plan pareil ? - (Pierre) Va savoir !! Avec lui rien ne peut plus m’étonner !! Il nous en a déjà tellement fait voir depuis toutes ces années !! - (Hellènes troublée) Mais arrêtez ça vous deux !! Enfin, quoi !! Je suis prête à lui faire confiance, il y a des choses qui ne trompent pas !! J’aimerais croire qu’il est vraiment ce qu’il semble être devenu, laissez-le au moins faire ses preuves et nous démontrer qu’il a réellement changé avant d’imaginer le pire. - (Michel) Après tout ce qu’il t’a fait subir ? Tu crois encore trouvé un bon fond dans ton fils ? Hellène laisse couler ses larmes, les étreintes qu’elle a reçues de son garçon depuis sa sortie du coma n’ont pas laissé insensibles son cœur de mère et c’est justement ce même cœur qui lui dit que son fils n’est plus l’être infâme qui l’a rendue si malheureuse durant toutes ses années. - Laissez-moi croire que j’ai enfin trouvé mon fils !! Vous ne comprenez donc pas que j’en ai besoin ? Que cette vie que j’ai eue depuis tout ce temps m’était devenue trop difficile à supporter ? Les larmes et la voix grimpant dans les aigus de son épouse mettent son mari dans un état émotionnel tellement fort qu’il en tremble et doit s’y prendre à plusieurs fois pour se garer sur la place de parking. Il coupe le moteur, se retourne vers sa femme et la prend dans ses bras pour l’embrasser tendrement, lui montrant par son geste combien l’amour qu’il éprouve pour elle n’a pas faibli avec le temps. Michel a lui aussi les yeux humides, autant par la vision qu’il a en ce moment de ses enfants enlacés que par l’immense espoir que peut-être leur vie va prendre un tournant beaucoup plus joyeux. - Tu as raison Hellènes, laissons-le nous convaincre et prions pour que notre vie puisse enfin être comme celle de toutes les familles normales, pleine de joies et d’amours. Je pense qu’il va nous falloir avoir une conversation sérieuse avec Florian dès que votre mère sortira de l’hôpital, je me demande jusqu’à quel point son traumatisme crânien l’a changé !! Pierre embrasse une dernière fois sa femme sur la tempe, il se tourne ensuite vers son père. - C’était bien mon intention d’avoir cette conversation avec lui !! J’aimerais savoir jusqu’où va ce changement de comportement et ce qu’il se souvient de ses dernières frasques, de toute façon il faudra bien qu’il réponde aux questions que ne manquera pas de lui poser la justice. Nous sommes convoqués par le juge la semaine prochaine, mes avocats ont réussi à ce qu’il ne soit pas mis en détention mais ce n’est pas pour ça que tout est terminé !! L’autre conducteur est toujours dans un état grave !! De toute façon il y aura un jugement et seul le fait qu’il soit encore mineur, pourra lui permettre d’éviter le pire. - (Michel) Et ton argent !! Comme d’habitude !! - (Pierre nerveux) C’est mon fils !! J’ai failli le perdre déjà une fois et ce par ma faute, si je t’avais écouté il serait resté avec vous cette fois-là !! - (Michel) Arrête de culpabiliser avec ça tu veux bien !! Ce n’était pas de ta faute s’il y a eu cette pluie de météorites et tu as fait ce qu’il fallait en prenant la place du pilote et en posant l’appareil, vous auriez pu tout aussi bien y laisser la vie vous aussi !! - (Pierre) Oui mais mon fils n’aurait pas risqué la sienne, depuis je me sens fautif !! Tu le comprends au moins ? Michel sent la colère montée en lui. - Je suis surtout conscient du résultat !! Un fils pourri gâté qui nous chie dans le bec depuis des années en guise de remerciement. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 14 (Introspection) Pierre préfère ne pas répondre à Michel, le moment n’étant pas le mieux choisi pour une énième dispute avec son père au sujet de Florian. Ils entrent dans le bâtiment et se dirigent droit vers l’accueil pour aller aux renseignements, l’hôtesse les prit d’aller en salle d’attente ou un médecin viendra rapidement leur donner les nouvelles de leur parente. Ils rejoignent donc la même salle que Florian avant eux et s’assoient sur des chaises libres, gardant leur mal en patience en trompant l’ennui par la lecture de quelques revues traînant sur une table basse. ***/*** « Florian, quelques minutes plus tôt » ***/*** Le temps commence à me sembler long, je décide donc d’aller faire un tour histoire de me dégourdir les jambes qui en ont bien besoin après tous ces mois cloués au lit. Je sors de la salle d’attente et je longe un couloir menant vers le petit parc extérieur situé à l’arrière de l’hôpital, le temps est magnifique ce qui me laisse à penser que nous sommes au printemps. J’ai une impression bizarre, celle de connaître tout ce que je vois tout en n’étant pas tout à fait dans la réalité et rien que cette pensée me fait sourire car la réalité pour moi jusqu’à présent, n’a été qu’une chambre et quelques sorties avec « Dami » un de mes rares amis, quand il m’emmenait en promenade dans les squares autour de chez moi. Je pense malgré tout que je serai plus à l’aise à Aix quand j’y retournerai voir mes grands-parents, car c’est là-bas que j’ai le plus vécu en fin de compte alors que je pouvais encore marcher seul et avoir le contrôle de mon corps, avant que la maladie m’interdise petit à petit toute motricité autrement qu’appareillé. Ça ne m’explique toujours pas pourquoi je suis ici, apparemment en bonne santé et surtout cet a priori qu’ont les gens ainsi que ma famille à mon égard, comme si j’étais devenu l’ennemi public numéro un. Il va falloir que j’en sache plus sur tout ça et très vite car je sens bien que ça ne pourra pas durer encore bien longtemps, avant que ceux qui me connaissent le mieux ne se posent des questions si ce n’est pas déjà fait. L’option amnésie ? Oui pourquoi pas !! Mais il faudra que je mente à ceux que j’aime et cela n’a jamais été mon fort, de plus comment pourrais-je retrouver mon Thomas si je m’enferme dans une réalité qui n’est pas la mienne. J’ai la tête qui tourne à force de me creuser l’esprit à me poser toutes ces questions, je décide donc de m’asseoir et de faire le point sur ce qui pourrait ou non être aussi réel ici que dans mes autres souvenirs. De toutes les personnes que j’ai fréquentées dans ce rêve merveilleux, seuls quelques-unes avaient une existence tirée de ma vraie vie d’alors. Le tri est vite fait et je comptabilise mentalement ces personnes en me remémorant ce que j’en sais réellement. Il y a bien sûr mon cousin Antoine qui est venu régulièrement en France avec ses parents nous rendre visite, alors pourquoi ne serait-il pas là également dans cette vie ? En plus nous nous entendions plutôt bien, même si je le sentais gêner face à ma maladie. Il y a également Yuan Tsu le fils de Ming, le meilleur ami de mon père que j’ai également eu plusieurs fois la chance de rencontrer et ce même s’il fallait attendre les rares moments de rémission de ses crises d’eczéma, pour qu’il quitte sa maison et suive son père. Chloé Éric Mathis Léa et bien sûr Thomas existent bien eux aussi, ils étaient mes amis dans ma petite enfance du temps où j’avais encore une certaine autonomie et même si je ne les ai jamais revus depuis au moins douze ou treize ans, je sais qu’ils existent et c’est déjà ça. Franck et Philippe eux aussi ont croisé ma vie réelle, Franck comme associé de mon père et Philippe par les quelques séances de psychanalyse qu’il m’a fallu à une époque pour m’aider à accepter ma condition. Et bien sûr mon « Dami » qui tout comme dans mon rêve fabuleux était déjà mon meilleur ami, pour Guillaume et Aurélien, je sais qu’ils existent puisque Damien me parlait souvent d’eux et aimait tout particulièrement plaisanter sur la nonchalance pousser à son paroxysme par son frère aîné, ce qui nous amenait souvent des fous rires quand il se mettait à l’imiter. Je cherche dans ma tête si d’autres encore auraient pu être placés dans mon rêve autrement que par mon imagination et le sourire me vient quand je m’aperçois en avoir oublier au moins deux autres, Chan le cousin de Yuan qui vit à Paris et que je n’ai jamais vu quoique souvent entendu parler, mais surtout Antonin que j’ai croisé un jour alors qu’il faisait la manche dans le parc où Damien m’avait emmené et avec qui nous avons passé une bonne partie de l’après-midi tellement nous nous plaisions en sa compagnie. En repensant à tous ces garçons une autre question me vient à l’esprit, suis-je gay ?? Dans mon rêve c’était bien le cas, mais en sera-t-il de même dans la réalité ?? N’ayant jamais encore eu l’occasion d’avoir ce genre de rapport avec qui que ce soit et d’ailleurs comment pourrait-il en être autrement, vu l’état où je me trouvais. Cette pensée m’amène une nouvelle fois le sourire, me rappelant la seule fois où quelqu’un m’a donné du plaisir et cette fois-là était venue d’une discussion avec Damien qui s’est terminé par le plus merveilleux souvenir réel de ma vie d’alors. Chapitre 15 (Souvenirs) C’était quelques mois avant la terrible nouvelle qui m’a fait plonger dans le coma, Damien est arrivé comme d’habitude après ses cours et il était particulièrement excité en entrant dans ma chambre, bien sûr je lui en ai immédiatement fait la remarque voulant savoir ce qui l’avait mis dans un état pareil. « Je ferme les yeux et ma mémoire me retranscrit fidèlement la scène, comme si j’y assistais une nouvelle fois tellement l’image dans ma tête est saisissante. » ***/*** - Qu’est-ce que tu as ce soir ? T’as des vers au cul Hi ! Hi ! - (Damien) Pffff !!! Trop drôle « Flo » !! Si je te le dis tu ne vas pas comprendre Hi ! Hi ! - Si !! Dis-moi !! S’te plaît « Dami » !! - (Damien) Tu me jures de garder le secret ? - A qui veux-tu que j’aille le répéter ? - (Damien) Qu’est-ce que j’en sais moi !! À ta mère par exemple ? - Je n’ai jamais raconté nos conversations à personne, tu le sais bien !! - (Damien) Oui mais ce que j’ai à te dire, on ne peut le révéler qu’à un véritable ami !! - C’est ce que je suis, non ? Damien me regarde dans les yeux et finit par me sourire tendrement. - Bien sûr que c’est ce que tu es !! Le meilleur que je n’ai jamais eu « Flo ». Alors dis-moi ? - (Damien) En fait… Voilà… Je suis amoureux !! Du moins je crois !! Là !! C’est dit et tu peux te moquer de moi maintenant. - Pourquoi je ferais ça ? C’est qui ? Je la connais ? - (Damien) Et comment voudrais-tu ? Il est dans le même lycée que moi et je ne t’en ai jamais parlé et pour cause !! Il vient juste d’arriver, c’est un nouveau. - Il ? C’est un garçon ? - (Damien) Tu connais mon secret maintenant !! Nous sommes toujours amis pas vrai ? - Bien sûr, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement. - (Damien) Je t’adore toi !! Tu es vraiment un mec en or !! Je vois bien que quelque chose ne va pas, Damien a soudainement les yeux qui brillent en me regardant comme s’il allait pleurer. - Ça ne va pas « Dami » ? Damien essuie ses yeux et renifle un grand coup, son sourire revient alors et amène le mien en retour, trop heureux que sa tristesse subite soit si vite passée. Il vient s’agenouiller le long du lit et pose sa tête sur mon ventre en me tournant le dos, sa voix prend alors un accent enroué et une forte émotion quand il reprend la parole. - Si seulement tu n’étais pas malade « Flo », ça aurait changé beaucoup de choses tu sais ? - Comme quoi ? Aux tremblements de son corps, je sens bien qu’il s’est remis à pleurer. - Ça aurait pu être toi !!! ***/*** L’impuissance que j’ai eue ce jour-là de pouvoir faire le moindre mouvement a été je pense le plus cruel de ma vie, j’aurais aimé lui caresser les cheveux pour le réconforter et au lieu de ça, je suis resté là les yeux fermés à pleurer avec lui. ***/*** - Moi aussi je t’aime beaucoup tu sais ? Hélas je suis comme je suis et nous ne pouvons rien y faire, dis-moi plutôt comment est ce garçon qui t’a fait autant d’effet ? CHAPITRE 16 (Souvenirs) (suite) - (Damien) Comme je te l’ai dit, c’est un nouveau !! Il est arrivé de ce matin et il est supercraquant !! - Et ben dis donc !! C’est du rapide !! Lui aussi a craqué pour toi alors ? - (Damien) Il ne m’a même pas remarqué !! Enfin pas encore, parce que je vais tout faire pour !! - Il n’est peut-être pas branché par les garçons ? - (Damien) Ne dis pas ça malheureux, je ne m’en remettrai pas !! - Je peux te poser une question indiscrète ? Damien change de position en gardant sa tête posée sur mon estomac, mais en me faisant face cette fois. - Je t’écoute ? - Tu as déjà connu d’autres garçons ? - (Damien) Non, pourquoi ? - Comme ça !! Comment peux-tu savoir que tu… enfin tu vois quoi !! - (Damien) Que je suis homo ? - Oui !! - (Damien sourit) Eh bien ce n’est pas compliqué !! Quand je me branle, c’est toujours en faisant l’amour avec un garçon et jamais en pensant à une fille !! - C’est quoi ? - (Damien curieux) C’est quoi, quoi ? - Tu dis quand tu te branles, alors je te demande ce que c’est ? - (Damien ahuri) Parce que tu ne l’as jamais fait ? Il termine à peine sa phrase, qu’il devient tout rouge en se rendant compte de l’énormité de ses paroles. - Excuse-moi « Flo » !! J’avais oublié que tu ne pouvais pas le faire. - Ça ne me dit toujours pas ce que c’est ? Damien hésite, je sens qu’il est gêné par ma question. - C’est ce que font les garçons pour se donner du plaisir quand ils n’ont personne pour faire l’amour avec eux !! - Tu me montres ? - (Damien amusé) Tu es fou !! C’est un truc vachement intime !! - Explique-moi au moins comment on fait alors ? - (Damien) Tu sais comment on fait les bébés quand même ? - Bien sûr !! Je ne suis pas Gogols à ce point-là !! - (Damien) Eh bien c’est un peu la même chose sauf qu’on se sert de sa main pour ça !! - Comment ça ? - (Damien) Pffttt !!! Comme ça banane !! Il met sa main droite devant la braguette de son pantalon et fait mine de se secouer le sexe. - Tu piges ou il te faut un dessin ? - Tu te secoues la bite ? Et c’est tout ? - (Damien) Ta queue devient toute raide et tu jouis comme une bête quand ta jute sort. - Ah !!! Damien voit bien mon air déçu. - C’est tout l’effet que ça te fait ? - Je ne connaîtrai jamais ce plaisir, alors il ne vaut mieux pas en savoir plus et en plus j’ai du mal à imaginer ce que c’est vraiment, alors !! Damien reste un instant à me fixer intensément, un sourire bizarre lui vient alors aux lèvres et il sort de sa poche une petite clé USB, puis toujours sans rien dire il sort son ordinateur de son sac. Il installe ensuite la tablette qui sert pour les repas en travers du lit, pose son portable devant mes yeux et clique plusieurs fois jusqu’à ouvrir un des fichiers contenu dans sa clé. - Regarde ça mon gars !! Après tu en sauras autant que moi Hi ! Hi ! - Qu’est-ce que c’est ? - (Damien) Un film de boule Hi ! Hi ! Tais-toi et regarde !! ***/*** Je revois le film dans ma tête, la stupeur qui a été la mienne cet après-midi-là à découvrir pour la première fois de visu à quoi pouvait bien servir d’autre que pour pisser le sexe d’un homme et j’éclate de rire dans le parc de l’hôpital, assis seul sur le banc. ***/*** Une étrange chaleur me parcourt le corps alors que mes yeux sont rivés sur le film, plusieurs garçons sont allongés sur un lit et après s’être mis nus, ils se caressent, s’embrassent, se sucent et se sodomisent avec une belle ardeur, montrant à quel point ils y prennent du plaisir. CHAPITRE 17 (Souvenirs) (suite) Dans un coin de l’écran, je vois un jeune homme assis nu sur une chaise qui regarde ceux allongés sur le lit et qui tient sa queue en main, une queue toute raide comme celle que j’ai quelques fois quand je me réveille ou quand je regarde toutes les photos de mannequins posées sur la commode de ma chambre. Il frotte lentement son sexe avec sa main refermée sur lui, ça semble lui faire du bien car il ferme souvent les yeux en tendant son corps et de le voir faire me donne à mon tour une raideur au niveau du bas-ventre, qui est sans doute un des rares points de mon corps à avoir encore une vie propre. - (Damien) Regarde le mec assis « Flo » !! C’est ça se branler !! Putain !! Ça donne envie pas vrai ? Damien est visiblement excité tout autant que moi par la vue de ces garçons qui se donnent du plaisir, je capte du coin de l’œil la main qu’il pose sur sa braguette en faisant le geste de tendre quelque chose. - Tu fais quoi là ? - (Damien) Ça me fait bander grave !! - Moi aussi !! Son regard d’abord surpris, devient curieux et sa main vient alors soulever la couette pour vérifier mes dires. - Waouh !! Ce n’est pas de la blague !! T’es monté comme un âne ma parole !! Je ne pensais pas que cette partie de ton corps était encore en service, qu’est-ce que ça te fait au juste ? - C’est énervant !! Comme si quelque chose me démangeait !! - (Damien) C’est sans doute parce que t’as envie de cracher ton jus !! Ça t’arrive souvent ? - De temps en temps oui !! - (Damien) Tu en as déjà parlé à quelqu’un ? - Bien sûr que non !! C’est trop gênant !! Damien n’arrive pas à détacher ses yeux de mon slip sous lequel la forme bandée de mon sexe lui semble énorme, il finit par détourner son regard en venant à la rencontre du mien et un sourire amical lui vient alors, il hésite quelques secondes et ce sont les gémissements répétés venant du film qui semble le décider à me demander. - Tu voudrais savoir ce que ça fait ? Je comprends bien de quoi il parle, un frisson me vient alors qu’il perçoit également. - (Damien) Je suis ton ami « Flo » !! Si je peux te faire découvrir le plaisir, ça ne me dérange pas de te donner un coup de main et là c’est peu dire Hi ! Hi ! L’envie me noue les tripes mais je n’ose pas répondre, préférant reporter mon regard sur le film et la scène se déroulant sous mes yeux est tellement chaude que je sens mon sexe se durcir encore plus. J’en suis là dans mes sensations quand une main chaude et douce se pose sur ma queue à travers mon slip, c’est si bon que je ne peux retenir le petit grognement de plaisir qui s’échappe de ma gorge. La main devient plus pesante, elle me masse la hampe de haut en bas pendant quelques secondes et s’arrête brusquement, le visage interrogateur de mon copain venant se mettre entre moi et l’écran de l’ordinateur. - Ça te plaît ? Tu veux que je continue ? - C’est trop bon !! Damien sourit encore plus en me faisant un petit clin d’œil avant de disparaître une nouvelle fois de ma vue et je peux suivre de nouveau les acteurs en pleines actions, ravalant difficilement ma salive en sentant cette fois les deux mains de mon copain baisser mon slip jusqu’à mes genoux. Le contact de ses doigts autour de mon membre me ramène une nouvelle fois le grognement de plaisir, cette fois cela ne l’arrête pas et sa main me resserre la hampe plus fermement pour prendre les mêmes mouvements lents que je vois faire par le jeune homme nu toujours assis. Une onde de plaisir remonte soudainement dans mon cerveau qui me tétanise, je sens mon sexe pulser et le plaisir arrive alors à un paroxysme que je n’ai jamais connu, quand il laisse s’échapper de puissant jet d’un liquide chaud et épais qui vient en partie s’étaler sur mon ventre. - Arrhhh !!! - Hi ! Hi ! Tu aurais pu prévenir ! CHAPITRE 18 (Souvenirs) (fin) J’ai du mal a posé la question tellement la sensation est encore forte dans ma tête. - De quoi ? Damien revient se placer en face de moi, le visage balafré d’un liquide blanc laiteux. - J’ai tout reçu dans la poire Hi ! Hi ! Un bruit dans le couloir lui met la panique, il me remet vite fait la couette sur le corps tout en reprenant son ordi et en s’essuyant le visage juste à temps avant que ma mère entre dans la chambre. Elle remarque immédiatement les joues rouges de Damien tout comme les miennes d’ailleurs, quoique pas pour les mêmes raisons. - Ça va les garçons ? - (Damien) Oui madame !! - Vous faisiez quoi ? C’était drôlement silencieux ? - Damien est tombé amoureux à son lycée m’man !! - (Damien) Florian !! Tu m’avais promis de garder le secret !! - (Hellènes amusée) C’est pour ça que tu es aussi gêné ? Il n’y a pas de quoi rougir comme ça, au contraire !! C’est normal à ton âge !! Chéri ton infirmière va bientôt arriver pour ta toilette et toi « Dami » tu devrais rentrer chez toi avant qu’il ne soit trop tard !! Tu n’as pas vu l’heure donc ? - (Damien) Le temps passe si vite quand je suis avec « Flo » madame !! - (Hellènes) Je vous laisse vous dire au revoir, donne le bonjour à tes parents et rappelle-toi que tu as promis à Florian de l’emmener au square demain. - (Damien) Vous savez bien que je ne demande que ça !! - (Hellènes) Tu es un ami comme beaucoup aimeraient avoir mon garçon, ne tarde pas trop avant que tes parents ne commencent à s’inquiéter. Ma mère sort en refermant derrière elle, nous nous regardons avec un énorme ouf de soulagement. - (Damien) C’était moins une qu’on se fasse gauler !! Bon, j’y vais !! On reparlera de tout ça demain !! - Attends !!! - (Damien) Qu’est-ce qu’il y a ? - Tu peux me remettre mon slip sinon l’infirmière va se poser des questions Hi ! Hi ! - (Damien) Bien sûr !! Où avais-je la tête !! La couette est rejetée en arrière, Damien va jusqu’à la salle de bains et revient avec un gant de toilette, il m’essuie le ventre et le sexe avec une moue amusée, puis remet mon slip en place avec une dernière caresse flatteuse. - Voilà !! La bête est rentrée au bercail Hi ! Hi ! - Merci !! - (Damien étonné) Je n’allais pas te laisser tout poisseux quand même !! Imagine sa tête si elle avait vu les dégâts ? - Je ne parlais pas de ça. - (Damien) Ah… Tu voulais dire… c’est rien tu sais !! C’était la première fois que tu jouissais ? - La première fois, oui et c’est trop bon !! ***/*** - Il est là !!! Florian !! Qu’est-ce que tu fais assis tout seul ? Je sursaute, encore trop pris dans mes souvenirs pour les avoir entendus venir et je vais pour me lever pour les rejoindre quand je m’aperçois que de revivre ce moment si particulier pour moi m’a mis dans un état de raideur difficile à dissimuler. Je reste donc assis sur le banc en me penchant encore plus vers l’avant pour camoufler au mieux mon excitation le temps qu’elle passe. - Je réfléchissais à tout ce qu’il m’arrive depuis mon… « accident » !! Comment va mamie ? ***/*** Pierre vient s’asseoir près de Florian, l’enserrant d’un bras autour de ses épaules alors que son père et sa femme viennent s’installer de l’autre côté. - Les médecins disent qu’il n’y a plus de danger, ils la gardent en observation jusqu’à demain matin pour ne prendre aucun risque. Il voit bien les yeux de son fils se couvrir de larmes, troublé d’un tel changement de sa part. - Et toi ? Tu te sens bien mon grand ? - Pas vraiment, non !! - (Pierre) Tu veux nous en parler ? - Vous ne me croiriez pas !! Pierre resserre son bras autour des épaules de son fils, il est alors étonné au plus haut point par sa réaction pour le moins inattendu venant du Florian qu’il a toujours connu quand celui-ci vient se blottir dans ses bras en pleurant. - Où suis-je ?? Ce n’est pas mon monde !!! Je n’ai jamais rien fait de mal papa, il faut que tu me croies !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 19 (Philippe) « Aix en Provence, deux jours plus tard » L’assistante du psychiatre fait entrer les cinq personnes dans la salle d’attente et part ensuite prévenir son patron de leur arrivée. Maryse et Michel encadrant tel un trésor leur petit-fils qui depuis ces deux derniers jours a été pour eux d’une affection à toute épreuve et laisse les deux vieillards dans une joie débordante que leurs prières soient enfin exaucées. Hellènes les regarde tous les trois avec la même joie au cœur, les larmes qu’elle ne peut retenir étant cette fois celles d’un nouveau bonheur qui semble leur avoir été accordé après ces longues années de désespoirs et de tristesses maintenant loin derrière eux, du moins c’est ce qu’elle espère de tout cœur. Pierre quant à lui, repense en boucle à toutes les conversations qu’il a eues avec son fils depuis qu’il lui est tombé en pleurs dans les bras en se disant perdu dans un monde qui n’est pas le sien. Cette vie qu’aurait vécue Florian semble tellement irrationnelle, qu’il lui a fallu au début du moins qu’il fasse de gros efforts pour le laisser poursuivre sans le traiter de menteur. Ils ont parlé pendant des heures, enfin surtout son fils et Pierre doit bien convenir que jamais il ne s’est coupé alors qu’il lui posait des questions dans ce sens pour le mettre en défaut et c’est ce pourquoi ils sont dans cette salle d’attente aujourd’hui, pour qu’un spécialiste fasse la part de vérité dans toute cette histoire rocambolesque. Il doit pourtant bien s’avouer que le Florian de ces deux derniers jours est à l’opposé de celui qu’ils ont toujours connu, passionné là où il était blasé, gentil là où il n’y avait que méchanceté et surtout aimant alors que durant toutes ces années il ne leur avait montré que de l’indifférence pour ne pas dire de la haine. Pierre observe ses parents avec le sourire, ils semblent avoir rajeuni de plusieurs années et leur gaieté lui donne un plaisir indescriptible, celui de cette lueur joyeuse qu’il ne croyait plus jamais revoir dans leurs yeux. Les larmes de sa femme lui font du bien également, car il comprend qu’elles marquent une transition totale avec la dépression affective qui était la sienne depuis quelques années. La porte du cabinet de consultation du docteur Espinach s’ouvre et le psychiatre les observe un instant avant de mettre les pieds dans la salle d’attente pour les saluer. Il connaît la famille De Bierne pour avoir un temps tenté de comprendre le psychisme de cet enfant difficile qui a été un de ses plus grands échecs d’une carrière pourtant longue. Philippe soupire en se disant qu’il va devoir une fois encore supporter l’arrogance de ce jeune démon, qu’il ait sept ou huit ans de plus que la dernière fois qu’il l’a reçu en consultation lui donne par avance des crispations à l’estomac et sa surprise n’a d’égal que cette crainte quand il s’entend interpeller amicalement par le jeune rouquin qui depuis son entrée a les yeux braqués sur lui. - Bonjour Philippe !! Je suis content de te revoir !! Le tutoiement tout comme le ton amical met Philippe dans un ahurissement tel, qu’il en perd un bref instant son masque professionnel et reste hébété sans trouver les mots pour répondre. ***/*** Je me lève d’entre mes grands-parents pour le rejoindre, mes yeux ne quittent pas les siens qui marquent toute la surprise de mes paroles et je suis conscient qu’il va me falloir trouver les bonnes explications pour qu’il accepte ma vérité. - Tu m’as beaucoup aidé lorsque je voulais en finir, tu as su trouver les mots pour que j’aie envie de m’accrocher à la vie et si j’ai accepté ma condition d’alors, c’est grâce à toi. - Mais de quoi parlez-vous donc jeune homme ? Je n’ai pas souvenir que nos entretiens aient servi à grand-chose !! Auriez-vous perdu l’esprit ?? - (Pierre) C’est justement ce que nous sommes venus découvrir docteur, je pense qu’il va falloir déjà vous expliquer les événements de ces dernières semaines. CHAPITRE 20 (Philippe) (suite) « Dans le cabinet du docteur Espinach, une heure plus tard » - (Philippe) Cette histoire est complètement invraisemblable !! Je suis désolé de te le dire aussi brusquement Florian !! Mais, ou le coup sur la tête t’a donné des hallucinations !! Ou encore ton coma t’a fait rêver tout cela et en se reconstruisant, il a pris ce rêve pour la réalité en effaçant le reste. Que tu ne te souviennes de rien de ta vraie vie ne m’étonne par contre qu’à moitié !! Philippe place sa main sur le dossier médical qu’ils lui ont apporté pour justifier leur visite. - Le scanner montre très bien les lésions et il ne fait aucun doute que des séquelles sérieuses soient à l’origine de l’amnésie que tu ressens en ce moment, que ton cerveau ait… « bouché » les… « trous » en inventant cette histoire cousue de fils blancs ne m’étonne pas outre mesure. Ce fait s’est déjà produit, quoique rarement pourtant et pas à ce point dans le détail comme pour toi mon garçon. - Tu penses vraiment que c’est le fruit de mon imagination ? - J’en suis persuadé en effet !! - Et pour mes souvenirs perdus ? Reviendront-ils un jour et si c’est le cas, redeviendrai-je comme avant ? - (Philippe) Pour ça rassure-toi, ton changement de comportement est trop radical !! Il serait franchement étonnant que tu redeviennes celui d’avant l’accident et si je peux me permettre cette réflexion, c’est tant mieux pour tout le monde !! - J’étais donc si mauvais ?? - (Philippe) Le mot est bien faible !! En fait cet accident a été salutaire pour beaucoup de monde !! - Pas pour le chauffeur de la camionnette en tout cas !! - J’ai dit beaucoup, pas « tout » le monde et rien que le fait que tu montres autant d’empathie envers cet homme tenterait à prouver mes dires, Mister Hyde s’est transformé en docteur Jeckyl et c’est tant mieux. - Comment je vais faire maintenant ? Philippe observe la moue boudeuse avec un sourire qu’il ne peut pas retenir, tellement il se sent en phase avec ce nouveau Florian qui est à l’opposé de celui dont le souvenir l’a longtemps marqué. Il comprend néanmoins le sens de ses paroles, le fait qu’il s’en inquiète montre l’intelligence de ce jeune homme perdu dans des souvenirs factices et pour qui la réalité des choses est une grande inconnue. - Il va te falloir être patient !! Tu devras beaucoup parler avec tes parents pour retrouver les bases fondamentales de ce que tu as vécu jusqu’à aujourd’hui. - C’est surtout de savoir qui sont mes amis, où j’en suis dans mes études et qu’est-ce qu’il va advenir de moi avec le casier chargé que je dois avoir si ce que j’ai déjà entendu sur moi est exact. - (Philippe) Tes amis ? Oublie-les, crois-moi c’est le mieux à faire ! Tes études ? Il va te falloir du courage pour accepter la réalité et si tu as envie d’en faire, je suis certain que tes parents feront ce qu’il faut pour que tu le puisses. D’ailleurs !! As-tu une idée de ce que tu veux faire ? - (Pierre) Sa voie est toute tracée !! Il reprendra les rênes de l’entreprise familiale !! - J’avais déjà occulté cette option dans mes autres vies !! Même si celles-ci n’étaient qu’issues de mon imagination comme vous semblez tous le croire !! Pourquoi pas médecin ? J’adore soigner les gens !! - (Pierre) Je crains que ton niveau d’étude ne te permette pas cette option, n’oublie pas que tu as quitté le lycée depuis plusieurs mois et que ce n’était pas folichon niveau notation !! - Je me sens capable de passer mon BAC si ce n’est pas trop tard !! Je tiens réellement à être médecin vous savez ? Je me tourne vers Philippe avec une idée soudaine qui m’apparaît comme lumineuse et devrait permettre de vérifier certains trucs qui s’ils se révélaient exacts, remettraient je pense beaucoup de choses en questions et pas que pour eux. - D’ailleurs je t’ai soigné, toi !! - (Philippe surpris) Comment ça ? - Je me rappelle que tu m’avais parlé de tes crises d’asthme qui se sont déclarées à tes huit ans et que depuis que tu me connaissais, elles avaient disparues comme par miracle !! Je semble être tombé dans le mille à voir la tête qu’il fait, je ne suis d’ailleurs pas mieux loti que lui niveau ahurissement de ce qu’impliquent mes dernières paroles et surtout en me rendant compte qu’elles ne viennent pas de mon vécu qui pour moi est censé être réel, mais tirer directement de mon rêve. C’est donc d’une voix marquée par le trouble que je lui pose la question, attendant avidement sa réponse. - Tu es bien asthmatique ? CHAPITRE 21 (Philippe) (suite) Philippe prend le temps d’analyser ma question, son regard redevient professionnel quand il me répond. - C’est exact ! Mais je ne l’ai jamais caché et il est possible que lors d’une de nos séances, j’ai sans doute pris ma Ventoline devant toi comme ça m’arrive parfois quand j’ai une crise pendant mon travail. Là, il marque un point et c’est avec dépit que je dois bien reconnaître qu’il peut avoir raison, mais je ne m’avoue pas facilement vaincu et il m’en a raconté suffisamment sur lui pendant toutes ces années où nous étions amis, pour que je trouve une faille qui le fera réfléchir à ce que peut-être tout n’est pas aussi simple qu’il semble le croire. Un meuble ancien à la droite de son bureau m’amène alors des souvenirs remontant loin dans cette enfance merveilleuse où j’étais heureux de vivre. - Te rappelles-tu avoir jamais ouvert ce meuble devant un de tes patients ? - (Philippe) Je l’aurais voulu que ça m’ait été impossible, j’en ai égaré les clés il y a bien longtemps et ce qu’il contient ne sont que des souvenirs de ma propre enfance. - Je me souviens pourtant t’avoir vu l’ouvrir une fois !! - (Philippe) C’est impossible !! - J’avais quatre ans alors et mes grands-parents m’avaient amené en consultation à cause d’un problème de mal-être que j’avais à suivre ma maternelle, - (Philippe) Et pourquoi donc l’aurais-je ouvert ? - Pour me prêter un livre afin de me faire patienter le temps d’avoir une conversation sur les raisons qu’ont eues mes grands-parents à m’amener chez toi. - (Philippe) Quel genre de livre était-ce donc ? - Oh !! Un très beau livre illustré que d’ailleurs tu m’as offert pour que je puisse terminer de le lire, c’était l’histoire de Moby Dick et je revois encore la couverture en carton gaufré aux enjolivures rouges au milieu de laquelle une énorme baleine blanche sortait de l’eau. ***/*** Pierre écoute depuis le début cette conversation qui au départ était toute professionnelle et qui au fur et à mesure s’est mise à dériver, perdant son aspect pédagogique pour devenir irrationnelle. Quelque chose se passe entre son fils et le psychiatre, à commencer par le vouvoiement qui très vite s’est transformé en une conversation moins solennelle et surtout visiblement plus amicale, pour ensuite partir dans une direction inattendue. Les paroles de son fils qui pour lui n’ont aucun sens si ce n’est de prouver combien le coup qu’il a reçu sur le crâne l’a fortement affecté, ont ensuite pris un tour surprenant du fait des réactions du spécialiste qui maintenant éprouve un intérêt croissant qui lui semble bien loin de ce pour quoi ils sont venus consulter. - (Pierre) Allons Florian !! Comment veux-tu que ce que toi-même reconnais n’avoir été qu’un rêve, puisse avoir une quelconque réalité dans la vraie vie ? - J’attends que Philippe me réponde papa !! - (Pierre) Et bien docteur !! Ne laissez donc pas mon fils penser plus longtemps que cette histoire pourrait avoir un fond de vérité, cela ne l’aidera en rien à résoudre les problèmes qu’il va devoir rencontrer en sortant de votre cabinet. - (Philippe troublé) Si vous voulez m’excuser un instant !! Je ne serai pas long !! Il sort de son bureau en s’excusant une nouvelle fois et nous laisse seul, Pierre en profite pour avoir une conversation avec son fils. - Crois-tu que tes paroles vont changer quoi que ce soit ? Comment peux-tu même un instant imaginer qu’un rêve pourrait avoir un impact sur la réalité, tu ferais mieux de réfléchir sérieusement à ses paroles pleines de bon sens. - Pourquoi alors ne m’a-t-il pas renvoyé dans mes quinze mètres ? Je pense au contraire que quelque chose l’a troublé dans mes paroles. Michel qui jusque-là ainsi que le reste de la famille s’était contenté d’écouter sans rien dire, prend la parole à son tour. - Attendons de savoir ce qu’est parti faire le psy avant d’être aussi catégorique !! - (Pierre) Tu ne vas pas te mettre à croire à toutes ces élucubrations issues d’un cerveau alors malade toi aussi ? - (Michel) Quelque chose perturbe le docteur, Pierre !! Tu aurais dû faire plus attention à son visage, quelque chose me dit que nous allons aller de surprises en surprises. - (Pierre) Tu as entendu comme moi pourtant !! - (Michel) Justement !! C’est ce que j’ai entendu qui m’a fait réfléchir et si tu n’as pas fait attention à l’effarement évident pourtant du psy, regarde au moins ta mère!! CHAPITRE 22 (Philippe) (fin) Pierre fixe son père incrédule, il reporte ensuite son attention vers sa mère en se demandant bien où il veut en venir. - Eh bien oui !! Quoi !! Maman est aussi curieuse que moi de savoir à quoi tu fais allusion il me semble, pas vrai m’man ? - (Maryse) Je ne vois pas où veut en venir ton père. - (Pierre amusé) Et bien tu n’es pas toute seule !! Hellènes depuis le départ de Philippe observe son fils attentivement tout en écoutant la conversation et quand celui-ci fixe sa grand-mère avec de grands yeux émerveillés, elle reporte son regard vers Maryse en cherchant ce qui a bien pu lui amener une telle expression. Ce qu’elle voit est une vieille femme alerte et attentive, les yeux brillants du plaisir encore récent d’avoir autour d’elle une famille enfin débarrassée de ces démons et se tenant avec une certaine élégance sur son siège, montrant ainsi la fierté qu’elle ressent de pouvoir enfin profiter de ceux qu’elle aime. Hellènes comprend d’un coup les dernières paroles de Michel, ses yeux marquent l’effarement quand ils repartent aussitôt dans la direction de son fils et se retrouvent noyés dans son regard si pénétrant qui brille comme un soleil. Des paroles lui reviennent alors en mémoire, celles de son fils racontant cette vie qui pour lui est la seule gravée dans ses souvenirs mais surtout ce rêve qu’il aurait fait où sa salive avait la particularité de guérir. Elle revoit alors Maryse étendue sans vie sur le lit de la chambre d’amis avec Florian lui prodiguant les premiers secours et surtout en lui insufflant par la bouche l’oxygène nécessaire à maintenir son cerveau en état en attendant une prise en main médicalisée. Une réflexion du médecin urgentiste s’étonnant de la rapidité avec laquelle Maryse s’est remise de son arrêt cardiaque et surtout l’étonnante santé qu’ont révélé les examens fait ensuite sur elle, s’étonnant qu’avec de tels résultats son cœur ait eu cette défaillance. D’autres images lui reviennent, comme par exemple sa sortie de l’hôpital où elle a refusé le bras de son fils en prétextant qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien depuis très longtemps. Hellènes va pour en faire la remarque à haute voix quand elle s’aperçoit du changement dans le regard de Florian qui a sans doute suivi ses pensées et du mouvement de sa tête allant plusieurs fois subrepticement de droite à gauche, lui signifiant qu’il préférerait qu’elle n’en fasse rien. Elle referme donc la bouche sans prononcer une parole, replongeant dans ses pensées pour tenter de comprendre les implications de ce qu’elle croit avoir découvert et quand le psychiatre entre à nouveau dans son bureau, elle sait déjà qu’elles sont ses intentions et n’attend plus qu’à avoir la preuve qu’elle ne s’est pas trompée. ***/*** Philippe tient en main un énorme trousseau de clés, il regarde la famille curieuse de le lui voir dans la main et sourit en donnant ses explications. - Ça fait un moment que je voulais ouvrir cette armoire !! Il y en aura bien une qui ira dans tout ce lot de vieilles clés et quel moment serait le plus judicieux, je vous le demande !! - (Pierre) Vous n’allez quand même pas entrer dans son jeu ? Le choc est encore récent et Florian confond encore le réel de l’imaginaire. Philippe s’agenouille devant la porte de l’armoire et commence à essayer les clés une à une. - Justement !! C’est le meilleur moyen pour lui en faire prendre conscience !! Non, ce n’est pas celle-là !! Peut-être !! Non plus !! Ah !! Ça a l’air de rentrer !! Un clic retentit dans le bureau, suivi du sourire de satisfaction de Philippe qui ouvre alors la porte et plonge son regard à l’intérieur, ses mains en font de même pendant quelques longues secondes avant qu’elles ne se figent et que son visage devienne soudainement tout pâle. Ses mains sortent alors de l’armoire en tenant ce qui ressemble à un livre très ancien, ses yeux restent un long moment fixés sur la couverture avant qu’il ne se relève pour le déposer sur son bureau en fixant le petit rouquin qui a alors un sourire de victoire. Tous peuvent voir alors l’enluminure rouge légèrement passée par l’âge au centre de laquelle une énorme baleine blanche semble jaillir de l’eau. - Mon Dieu !!! Comment est-ce possible !! Je maintiens son regard, aussi ahuri que lui mais surtout cherchant au plus profond de mon cerveau ce qui pourrait expliquer l’inexplicable. - Maintenant mon cher Philippe, il va nous falloir nous mettre au boulot !! J’espère qu’il reste de la place dans tes horaires de consultation ces prochaines semaines !! Nous avons tous les deux quatorze ans à rattraper !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 23 (Retour à Paris) « Quelques heures plus tard » La décision est vite prise de venir m’installer pendant les vacances scolaires chez mes grands-parents, Philippe ayant promis de se libérer pour s’occuper de mon cas de façon exclusive pendant ces deux mois et faisant fi lui-même de ses congés, tellement sa curiosité est forte devant les implications extraordinaires du peu qu’il vient d’apprendre. C’est donc dans un silence quasi-total bien compréhensible, que nous rentrons mes parents et moi jusqu’à Paris, ma convocation devant le juge ne pouvant être reporté tout comme mon inscription pour les examens du BAC qui sera effectué en candidat libre vu mes notes désastreuses et mon dernier trimestre d’absence. Ce n’est qu’une fois rendu chez nous que mon père après avoir vérifié qu’il n’avait aucun message urgent à traiter sur sa boîte mail, revient dans le salon pour me parler. - Il va nous falloir être très prudent tant que nous ne saurons pas exactement à quoi rime toute cette histoire, tu en es conscient j’espère ? - Bien sûr qu’est-ce que tu crois !! - Tu dois bien avoir une petite idée quand même sur tout ce qu’il t’arrive ? - Pas vraiment, non !! Ou alors c’est tellement tiré par les cheveux, que je n’ose même pas y penser !! - Dis toujours !! De toute façon nous ne sommes plus à ça prêt !! - Et bien !! Comment te dire ? J’ai comme l’impression d’être une âme qui habite toujours le même corps dès que celui-ci meurt !! - Un truc temporel comme dans certains films de science-fiction ? - Ce n’est pas exactement ma pensée, plutôt une vie parallèle car les choses ne sont jamais tout à fait pareilles !! Tu n’as jamais eu cette impression d’une situation que tu vis et que tu as la sensation d’avoir déjà vécue ? - Si bien sûr !! - Eh bien c’est un peu ça, tu vois !! En beaucoup plus fort parce que pour moi c’est de toute une vie que je me rappelle !! Et en plus avec celle-là, c’est déjà la troisième !! - Tu parlais pourtant d’un rêve ? Du moins pour l’une d’entre elles ? - C’était mon impression en effet !! Sauf que ça a commencé à la mort d’un bébé, pendant que je n’étais plus réellement vivant dans ce que je croyais être ma vraie existence et que j’en suis revenu quand mon corps est sorti du coma !! - Tu serais donc mort trois fois ? Mais si c’est le cas, d’où te vient ta conscience alors ? Et pourquoi toujours revenir avec cette même identité ? - Comment veux-tu que je le sache ?? Peut-être même que j’ai eu d’autres vies avant celles-ci ?? - Pourquoi ne te souvenir que des trois dernières dans ce cas ?? - Des deux p’pa !! Je n’ai aucun souvenir de celle-ci rappelle-toi, juste depuis quelques jours pas plus et encore !! Ce ne sont que ceux venant de mon précédent vécu et de ce que je prenais pour un rêve !! - Je ne le vivrais pas en même temps que toi, je penserais à une vaste fumisterie de ta part et c’est d’ailleurs ce à quoi je croyais au début, avant cette histoire avec Philippe. Hellènes qui jusque-là s’était contentée d’écouter. - Il y a aussi Maryse et son étonnante bonne santé depuis sa sortie de l’hôpital !! - (Pierre) C’est vrai ça !! Comment l’expliques-tu ? - Ça voudrait dire que mon « don » fonctionne également ici !! Pourtant je sens bien qu’il me manque quelque chose, quelque chose d’important qui m’échappe !! - Peut-être est-ce lié à ce Thomas dont tu as crié le nom en sortant de l’hôpital ? Je préfère pour l’instant botter en touche, ne connaissant pas leurs sentiments sur une relation amoureuse de leur fils avec un autre garçon. - C’était juste un ami dans mon ancienne vie, rien d’important !! En fait je pensais plutôt à d’autres « dons » comme celui de créer des situations réelles, parce que si ce n’était pas un rêve, ça y ressemblait quand même beaucoup !! - D’où mes paroles de tout à l’heure sur la prudence !! Il va falloir que tu essaies de vivre normalement, si je dis ça, c’est pour ta sécurité !! Imagine un peu si ça venait aux oreilles des médias ? - C’est déjà arrivé p’pa !! - De quoi !!!! Ah, oui !! Dans ton « rêve » ?? Sauf que là, il n’y aura personne qui te surveille depuis tout petit pour te protéger !! - Je ne suis pas sûr que tes paroles soient justes p’pa !! J’ai la conviction au contraire qu’il doit y avoir une surveillance sur ma personne, oh !! Pas pour les mêmes raisons bien sûr, mais je ne serais pas étonné que ce soit là ou les mêmes personnes ou quoi que ce soit d’autre qui en aient la charge !! - Si c’est le cas, ce n’est certainement pas pour te protéger toi, mais plutôt pour t’empêcher de nuire avec toutes les malversations que tu as commises depuis ses dernières années. - Justement en parlant de ça !! Il serait peut-être temps de me faire un petit bilan du Florian que j’étais avant cet accident ? - Installe-toi bien dans le fauteuil alors, parce qu’il y en a à dire crois-moi !! CHAPITRE 24 (L’ancienne vie) J’écoute pendant presque une heure sans émettre une seule parole l’histoire de ma vie, ou du moins de celui qui était moi avant que je prenne sa place. Harcèlements, chantages, vols, drogues, proxénétisme, attaque de diverses boutiques de luxe et j’en passe et des meilleurs, j’écoute mon père et toutes ces infamies que j’aurais commises me laissent sans voix. Ce n’est que quand enfin mon père se tait, qu’il s’aperçoit de mon air horrifié. - Hé oui mon fils !! Tel était le Florian d’avant l’accident !! - Mais enfin, pourquoi ?? - Va savoir ce qu’il se passait dans ta… enfin… sa tête ? - Je dois avoir un casier long comme un bras !!! - Pas tant que ça en fait !! J’ai des avocats qui sont particulièrement efficaces et beaucoup de ces accusations sont restées lettres mortes à cause de vices de procédures ou de quelques argents tombés au moment opportun dans de bonnes mains. - Mais toi !! Enfin je veux dire, vous deux !! Pourquoi vous n’avez rien fait pour l’empêcher ? Un séjour en maison de correction ne m’aurait certainement pas fait de mal !! - Oh !! Mais tu y es allé !! Pas longtemps je dois bien l’admettre, mais c’était encore pire à ta sortie !! Tu t’étais fait de nouveaux amis encore plus terribles que les précédents !! - J’ai cru comprendre que tu avais toujours la main au porte-monnaie dès que je voulais te taxer ? Pourquoi ? - Sans doute parce que tu es mon fils et que malgré toutes tes frasques, j’espérais que tu retrouves la voix de la raison. - Allons p’pa !! Il doit bien y avoir quelque chose d’autre qui t’y a poussé ? - (Hellènes) Je crois que tu peux lui dire chéri, je suis certaine qu’il comprendra ! Je regarde mon père dans les yeux, je ressens son hésitation à avouer ce que lui-même n’a jamais voulu faire du moins consciemment. - Tu n’avais que quelques mois quand je vous ai emmenés ta mère et toi avec moi à un voyage d’affaires, j’étais tellement heureux d’avoir un fils que je ne concevais pas de ne pas le voir grandir chaque jour tu comprends ? Je lui fais un signe de tête montrant que c’est bien le cas. - Tes grands-parents disaient que tu étais trop jeune pour un tel voyage et voulaient te garder près d’eux, j’ai refusé et nous sommes partis en Afrique pour faire des relevés topographiques afin de pouvoir négocier par la suite des contrats sur des coupes d’arbres rares. - Et c’est là que s’est produit l’accident !! - Comment peux-tu être au courant de ça ? Nous n’en avons jamais parlé à quiconque !! - Parce que c’est déjà arrivé, comme je te le disais l’histoire se répète même si au final elle n’est jamais pareille. Dans mes souvenirs, vous aviez péri tous les deux et j’ai été recueilli par un tout jeune guerrier Massaï du nom d’Okoumé, mais ça, c’était dans mon rêve. Dans la réalité de mon autre vie, l’accident a été évité grâce à la dextérité du pilote qui a su détourner l’appareil à temps et du coup il n’y a rien eu de grave si ce n’est de t’entendre répéter en boucle des milliers de fois cette histoire à chaque fois que l’occasion se présentait. - (Pierre) Là ça a été encore différent, plusieurs météorites ont traversé le cockpit pour blesser gravement le pilote et ôter la vie au copilote, j’ai eu le réflexe de prendre le manche pour remonter l’assiette de l’appareil avant qu’il ne s’écrase en pleine jungle et avec l’aide du pilote toujours conscient nous avons réussi à nous poser tant bien que mal dans un coin de brousse. Ce jour-là ta mère tout comme moi, avons eu la peur de notre vie et quand nous avons retrouvé suffisamment notre calme pour réfléchir, nous nous sommes précipités vers le couffin pour voir si tu allais bien et tu n’y étais plus, imagine ce qu’a pu être notre frayeur ce jour-là ? - Mais vous m’avez retrouvé puisque je suis là ? - Oui bien sûr !! Mais dans quel état !! Nous t’avons retrouvé inconscient à l’autre bout de l’appareil, ta tête avait heurté durement la carlingue et du sang sortait de ta bouche, ce jour-là je me suis senti fautif de t’avoir entraîné dans cette aventure et c’est sans doute la raison qui m’a fait être aussi faible envers toi quand tu as commencé à nous manquer de respect et ensuite de fil en aiguille, tu es devenu complètement ingérable jusqu’à cet accident. - Et bien !! Vous m’en direz tant !! Ce sont des coups de pied au cul qu’il fallait me mettre !! - (Hellènes) Oh !!! Mais il y en a eu !! Seulement, c’est nous qui les recevions !! Je reste comme deux ronds de flan à interpréter ce qu’implique sa phrase et c’est d’une voix émue que je leur demande confirmation de ce que j’ai cru comprendre. - Vous voulez dire que… c’est moi qui… vous frappais ?? CHAPITRE 25 (L’ancienne vie) (fin) Ma question semble les abasourdir autant que moi pour la poser. - Tu n’as vraiment plus aucun souvenir de cette période de ta vie alors ?? - Je pensais bien que vous en étiez convaincus pourtant !! - C’est tellement nouveau pour nous, comprends le aussi !! Pour répondre à ta question, ton comportement était plus brutal qu’autre chose. Tu ne nous as jamais frappés en réalité mais tu nous bousculais souvent en faisant en sorte que cela fasse mal !! Enfin bref !! C’est le passé et j’aimerais bien pouvoir l’oublier !! - Une précision encore si tu le veux bien ? J’étais aussi pourri avec papi et mamie ? Nul besoin de réponse devant la tête que font mes parents. - C’était un sale con en somme !! - Qui donc ?? - Eh bien l’autre !! Celui que j’étais avant !! - Sans aucun doute !! Maintenant que les choses ont changé, je m’en rends enfin compte !! - Très bien, je suis d’accord pour qu’on n’en parle plus !! Ça n’avancerait à rien de ressasser le passé !! Racontez-moi plutôt les bons côtés, il devait bien y en avoir quand même, non ? Un blanc de silence emplit soudainement la pièce, tellement lourd que c’est moi qui y mets fin. - Et bien d’accord !! Pas même quand j’étais jeune ? Je devais bien avoir des amis normaux à cette époque ? Toujours le même blanc qui me fait subitement avoir des frissons. - À ce point-là ??? C’est ma mère qui reprend la parole, visiblement troublée par mon insistance. - Les seuls amis que tu as eus, enfin si on peut appeler ça des amis !! C’est ici à Paris que tu les as connus, quand nous vivions encore à Aix tu n’étais déjà pas facile à comprendre et les jeunes de ton âge qui se sont essayés à t’approcher en ont pris pour leurs grades et certains mêmes en portent encore des séquelles, au point que certaines familles ont préféré déménager plutôt que d’avoir à toujours venir se plaindre auprès de nous. Un mot dans ces explications me tourne depuis en boucle dans la tête. - Tu as parlé de séquelles m’man ?? Tu voulais dire quoi par-là ?? Je la vois chercher le regard de mon père pour avoir son assentiment à poursuivre, ou plutôt pour qu’il continue lui-même les explications qui ne semblent pas faciles à sortir des lèvres de ma mère et qui du coup me font une fois encore tendre le dos sur ce qu’était ce Florian avant que j’aie pris sa place. - (Pierre) Ta mère faisait allusion à tes agissements envers eux, ton acharnement à toujours vouloir les rabaisser en les harcelant tant moralement que physiquement et c’est d’ailleurs pour ça que nous sommes venus vivre à Paris, plus personne ne pouvant te supporter davantage. Nous avons dû te changer plusieurs fois d’école tu sais ? Deux ans !! C’est celle où tu es resté le plus longtemps avant qu’on nous fasse comprendre qu’il valait mieux pour nous de t’en retirer avant qu’il n’y ait des plaintes contre toi quant à tes agissements. - Mais enfin !! Quel âge j’avais ?? C’est fou ça !!! En plus (j’arrive à sourire) gaulé comme je suis, je ne devais quand même pas leur faire peur à ce point quand même !! - Détrompe-toi mon garçon !! Déjà à l’époque tu étais une vraie teigne, ils ne te craignaient pas à cause de ta force mais parce que tu étais déjà capable de faire n’importe quelle folie. - Du genre ?? - Comme planter une fourchette dans la main de celui qui ne voulait pas te donner sa part de dessert par exemple !! - J’ai fait ça !!!! - (Hellènes) Je ne pense pas qu’il soit bon de poursuivre, je vois bien que ça te fait mal tout comme à nous d’y repenser. - (Pierre) Ta mère a entièrement raison, à quoi bon !! - Mais vous vous ne rendez pas compte !! Si je croise un jour quelqu’un qui m’a connu à cette époque ?? Je fais quoi, moi ?? - (Hellènes) Déjà ce serait étonnant que ça arrive puisque tu n’es plus retourné chez tes grands-parents depuis tes onze ans et ensuite il te faudra être toi-même si par malheur cela venait à se produire, tout en toi montre que tu n’es plus le même Florian et je pense qu’il n’y a pas que nous qui s’en rendrons compte le moment venu. - Et ici à Paris ? - (Pierre) Là c’est plus compliqué !! - Sauf si je vais poursuivre mes études ailleurs ? - Pour ça il faudrait déjà que tu aies ton bac !! Tu as du pain sur la planche à rattraper ton retard avant les premières cessions. - Ce n’est pas ça le problème p’pa !! - Tu m’as l’air bien sûr de toi, tu veux que je te ressorte tes notations de ces dernières années ? - Rappelle-toi p’pa que c’était celles de l’autre Florian !! Je me sens tout à fait capable de mener les études que je souhaite et d’ailleurs je les ai eues haut la main là d’où je viens !! Je vois bien aux regards qu’ils se jettent, qu’ils n’ont pas encore vraiment assimilé mon histoire et que pour eux elle reste dans le domaine de la pure fiction, même s’ils en ont eu quelques débuts de preuves irréfutables CHAPITRE 26 (Changements et découvertes) « Après dîner » Ce n’est qu’après le repas du soir que je me retrouve enfin seul avec mon nouveau moi, j’entre dans la salle de bains pour y prendre ma douche quand je m’aperçois que je n’ai pas pris de rechange et que j’en ressors, le temps d’aller dans ma chambre prendre le nécessaire. Ce n’est pourtant pas la première fois que j’y mets les pieds mais je n’arrive pas vraiment à m’y sentir bien, ce n’est pas faute d’avoir fait le ménage et d’avoir tenté d’arranger la pièce différemment pour ne plus ressentir cette atmosphère glauque qui semblait particulièrement plaire à l’ancien habitant. Habitant que je n’arrive pas à considérer comme étant moi-même tellement, ce que j’ai appris de lui m’en éloigne à des années-lumière. Mes parents ont été chics sur ce coup-là quand il y a fallu refaire presque entièrement ma garde-robe et je pense qu’ils en sont heureux depuis qu’ils ont vu le changement. Reste plus qu’à mettre ma touche sur la déco de la chambre, mais pour l’instant ce n’est pas la priorité et j’attendrais de gagner un peu d’argent pour le faire. J’ouvre un tiroir pour en sortir des sous-vêtements propres, rien que ce simple geste me remet en souvenir ce que j’ai pu découvrir la première fois que j’ai fouillé cette chambre et qui m’en ont révélé plus sur l’ancien locataire que toutes les histoires qui m’ont été racontées sur lui. Des vêtements sales mélangés aux propres, les taches sur les murs, les brûlures de cigarettes sur le sol qui devait lui servir de cendrier tout comme le dessous du sommier qui était le réceptacle de ses raclures nasales et qui m’a amené un haut-le-cœur quand j’ai compris ce qu’étaient ses croûtes sèches collées tout le long du montant en bois. Non !! Décidément mon alter ego n’était vraiment pas et de loin d’une hygiène à toute épreuve, ni non plus respectueux des choses lui appartenant et c’est avec une moue de dégoût à ses souvenirs que je ressors pour aller cette fois prendre ma douche, oubliant complètement pourquoi j’étais revenu dans ma chambre. Je fais couler l’eau puis me déshabille en me mettant devant la glace pour me regarder, pas que je sois devenu narcissique mais curieux quand même de n’y voir rien d’autre que ce que je voyais dans ce qui encore pour moi il n’y a pas si longtemps n’était qu’un rêve. J’ai un petit rire en revoyant la tête de mes parents quand je suis revenu du coiffeur le lendemain de ma sortie de l’hôpital, mes cheveux alors me tombaient sur les épaules après ces trois mois de coma mais aussi à la coupe qu’affectionnait le Florian d’alors. Leur premier regard m’a explosé de rire, ma coupe à la « chicopeltone » ou en hérisson c’est comme on veut les a scotché de stupeur jusqu’au moment où eux aussi sont partis dans un fou rire revigorant après le stress qu’ils venaient de vivre. Tout ça pour dire que je me retrouve moi-même, enfin le moi-même des trois qui me convient le mieux et c’est avec le sourire toujours aux lèvres que mon regard descend jusqu’à mon sexe qui n’a rien perdu heureusement de son ampleur. C’est en me plaçant sous le jet d’eau bien chaude que la question me vient naturellement, suis-je encore puceau dans cette vie ? Je serais tenté de dire que non étant donné la vie dissolue qu’a dû connaître le Florian d’avant l’accident. Maintenant la deuxième question que je me pose et de savoir s’il était plus porté sur les filles ou comme moi vers les garçons ? Ce serait amusant, voir gênant qu’une fille me saute au cou dans la rue en m’appelant mon chéri. Par contre connaissant mieux maintenant le loustic, je me doute bien que les sentiments ne devaient pas être la première chose qu’il recherchait et je ne serais pas étonné qu’il soit adepte des rencontres d’un soir voire même plutôt à tendances glauques. Rien que de penser au sexe m’amène une raideur qui en dit long sur les besoins de mon corps, besoin que je m’empresse de soulager en attrapant la bestiole à pleine main pour la secouer comme il se doit. Le besoin devait être impérieux car il ne me faut pas me manœuvrer bien longtemps le goupillon avant que la sauce ne commence à bouillonner et qu’il me faille me retenir d’une main à la faïence de la douche pendant que plusieurs giclées drues en décalquent les carreaux d’une crème épaisse. Je reste un instant tremblant sous le plaisir que je viens de me donner, c’était trop bon quoique un peu rapide et ma pensée part alors vers d’autres branlettes en compagnie de mes amis, me demandant si un jour je vais pouvoir les retrouver et redevenir aussi proche avec eux. J’essuie les traces de ma « petite » activité manuelle, j’attrape ensuite une serviette et je sors de la douche en m’essuyant le corps avec vigueur, mes pensées soudainement bien loin du moment présent. Si loin que j’en oublie où je suis et que je sors nu en me frottant la tête avec la serviette pour sécher mes cheveux, me retrouvant nez à nez avec mon père qui reste figé d’ahurissement à me voir la queue à l’air sans paraître plus gêner que ça de me montrer nu devant lui. - « Lu » p’pa !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 27 (Changements et découvertes) (fin) - Heu !!! Oui !!! Bonne nuit fiston !! Je m’en retourne donc jusqu’à ma chambre les fesses à l’air, je sens son regard qui me suit et je souris en me disant qu’ils vont devoir s’habituer à certaines choses, la pudeur n’étant pas ma marque de fabrique. ***/*** Pierre ne reprend conscience de son immobilité que quand la porte se referme derrière le petit cul pommelé blanc laiteux de son fils, il pousse un gros soupir et secoue la tête, le sourire en coin qui illumine son visage est bien la preuve que la transformation de Florian est de celle qui va le rendre heureux. Il rentre à son tour dans sa chambre où sa femme est déjà couchée à l’attendre, elle remarque immédiatement le changement dans l’humeur de son mari et n’en est pas plus que ça étonnée, quoique curieuse de savoir ce qui le met aussi joyeux. - Ça fait plaisir de te voir sourire chéri !! - J’ai croisé « Flo » dans le couloir Hi ! Hi ! - Et ?? - Il se baladait tout nu en s’essuyant la tête Hi ! Hi ! Pierre se déshabille pour rejoindre Hellènes dans le lit, celle-ci se demande bien ce qu’il peut y avoir de si drôle à ça. - Au moins nous avons encore une preuve s’il en fallait une, qu’il a radicalement changée !! Rappelle-toi comment était ton fils à la maison ? C’est tout juste s’il se mettait torse nu devant nous !! - (Pierre) Tu sais chérie ? Je me suis longtemps demandé quel point commun je pouvais avoir avec mon fils, il a tes yeux et beaucoup de mes parents, mais jusque-là je n’avais rien vu qui me ressemble Hi ! Hi ! - (Hellène curieuse) Et c’est quoi ? Pierre baisse rapidement son slip, son sexe aux proportions plus qu’avantageuses se redressant sous l’œil ahuri de sa femme. - Ça !!! Ton fils est monté comme un âne Hi ! Hi ! Je te jure c’est impressionnant !! En plus, gringalet comme il est Hi ! Hi ! - Pfft !!! Je reconnais bien là ta fierté masculine !! Tu ne lui as pas posé la question je présume ? - J’avoue que ce n’était pas le moment non plus !! De toute façon ce serait étonnant qu’il n’a pas aussi changé radicalement à ce sujet. C’est à ce moment que le téléphone sonne, interrompant la conversation qu’il sera bien assez tôt de reprendre le moment venu. Pierre décroche. - Allô !! -… - Ah !! C’est toi Adrien !! Quoi de neuf aux states ? -… - J’en connais une qui va être heureuse de l’apprendre !! -… - Il dort dans sa chambre. -… - Je ne crois pas, non !! Il a changé tu sais !! -… - Ce serait trop long au téléphone, vous verrez ça par vous-même !! -… - C’était ce qui m’était venu aussi à l’esprit, mais je t’assure qu’il n’est plus le même depuis l’accident. -… - Je sais que ça paraît incroyable, pourtant c’est bien le cas !! -… - Je te passe ta sœur, fais la bise à Florence et à Antoine !! -… Pierre tend le combiné à sa femme qui attendait nerveusement en tendant la main depuis déjà un moment. - Allô, Adrien ?? - ...…… - Eh bien c’est exactement comme te l’a dit Pierre, il va on ne peut mieux !! Nous avons bien cru le perdre pourtant !! -… ***/*** Pierre n’écoute la suite de la conversation que d’une oreille, ses pensées vont vers les réflexions d’Adrien qui semblait plus que sceptique à ses paroles et il comprend bien un tel scepticisme, lui-même n’en étant encore pas véritablement remis. CHAPITRE 28 (Antoine) Ce n’est qu’en entendant le clic de fin de la communication, qu’il reporte son regard vers sa femme. - (Pierre) J’en connais qui vont avoir un coup, j’espère juste qu’Antoine pourra pardonner à son cousin !! - Il ne voulait pas venir, il y a fallu que j’insiste pour qu’Adrien lui parle et il m’a promis de faire son possible pour qu’il change d’avis. - Fais-moi penser à affréter le jet de la boîte demain pour aller les chercher. - Non seulement je t’y ferais penser, mais j’irais là-bas pour leur parler !! - (Pierre) Je me demande si c’est une bonne idée, moins il y aura de monde au courant et plus Florian sera tranquille. - Je n’avais pas l’intention d’aborder ces choses-là et si quelqu’un doit le faire, c’est à notre fils et à personne d’autre de prendre cette décision !! Je voulais juste les préparer à lui laisser une chance de montrer qu’il n’est plus le même, c’est tout !! Antoine et Florian se sont toujours détestés et c’est rien de le dire, j’aurais le temps dans l’avion pour lui parler. Ses deux-là sont la seule famille qu’ils ont et de les voir se réconcilier serait un vrai bonheur pour moi, tu le sais bien en plus. – Tu pourras aussi bien le faire par téléphone !! Ta journée sera suffisamment chargée comme ça !! - Bah !! Tu as peut-être raison, je vais y réfléchir. ***/*** « États unis » Florence attend que son mari ait raccroché pour lui poser la question qui lui brûle les lèvres. - Florian s’en est encore bien sorti à ce que j’ai cru comprendre ? C’est quoi cette histoire qu’il ne serait plus le même ? Le coup sur la tête sans doute ? Adrien reste songeur un moment avant de faire attention aux paroles de sa femme. - Hum !!! Oui !!! C’est bizarre cette histoire, pourtant Pierre et Hellènes semblent convaincus que c’est bien le cas, je ne les avais plus entendus parler de leur fils avec une telle chaleur dans la voix depuis bien longtemps. - Encore une combine de sa part pour obtenir ce qu’il veut !! - Peut-être bien, pourtant autant ma sœur que Pierrot semblaient y croire et tu sais qu’ils ne sont pas nés d’hier quand il s’agit des entourloupes que peut inventer leur salopard de fils !! - Et pour Antoine ? - J’ai promis de lui parler pour qu’il vienne avec nous !! - Tu connais comme moi sa réponse ? Il hait son cousin et je le comprends d’ailleurs !! Le peu de fois où ils se sont vus, ça s’est toujours mal passé pour Antoine. Rappelle-toi la dernière fois comment ça s’est terminé ? Je me suis toujours demandé ce qui a bien pu y avoir entre eux encore ce jour-là. La mâchoire d’Adrien se serre de colère, il n’est pas prêt lui non plus à oublier ce moment. ***/*** « Retour en arrière, une année plus tôt » Antoine se retrouve bloqué devant la porte de sa chambre par son cousin, il avait pourtant fait tout son possible pour l’éviter depuis leur arrivée chez son oncle et sa tante. - Qu’est-ce que tu me veux encore !! - Je voudrais qu’on fasse la paix cousin !! - (Antoine) Encore un de tes coups fourrés ? - (Florian) Tout de suite les grands mots !!! - (Antoine) La dernière fois que j’ai voulu faire la paix avec toi, je me suis retrouvé aux urgences !! - (Florian) Je t’avais juste dit d’en prendre une ligne, pas tout le sachet Hi ! Hi ! - (Antoine) Tu ne m’as rien dit du tout !! Juste de sniffer un grand coup !! - (Florian) Ça pour sniffer un grand coup, tu y es allé de bon cœur !! - (Antoine) Je vois que ça t’amuse toujours, j’ai failli mourir je te rappelle !! - (Florian) Bah !! Tu es toujours là cousin alors relax, ça t’aura fait une expérience. Antoine fixe son cousin, il hésite un temps de l’envoyer paître comme c’était son intention et il se fait prendre encore une fois à sa bouille si craquante quand comme en ce moment il lui sourit amicalement. Antoine aime les garçons et son cousin est tout à fait le type de gars qui le fait craquer, ne serait sa brutalité et sa méchanceté légendaire dans la famille, il serait certainement depuis longtemps tombé amoureux de lui. - Tu vas me faire quoi cette fois-ci ? CHAPITRE 29 (Antoine) (suite) Florian encore une fois s’amuse comme un fou, il connaît l’effet de ses sourires enjôleurs sur sa tafiole de cousin et cette fois-ci encore, il lui prépare un souvenir de sa visite qu’il ne devrait pas oublier de sitôt. Bien sûr Antoine ne crie pas sa différence sur tous les toits, mais Florian connaît bien ce regard porté sur lui pour avoir assez cassé de Pd avec ses copains en se laissant draguer par ceux qui se laissaient avoir par son physique de beau mec. - Je t’assure que je n’ai aucune mauvaise intention Antoine !! Florian le pousse doucement dans la chambre en refermant la porte derrière lui, son regard ne quitte pas celui d’Antoine et il jubile intérieurement de voir qu’une fois de plus son charme fait l’effet escompté, voyant bien les joues soudainement devenues rouges de son cousin. - Tu as bien changé depuis l’année dernière !! - Co… co… comment ça ? - Allons « Tonio » !! Ne me dis pas que tu ne t’en es pas aperçu ? - Mais enfin… de quoi tu parles ? - Avant de te le dire, il y a une chose qu’il faut que tu saches sur moi !! Je suis gay et j’ai un copain !! - (Antoine) Pou… pourquoi tu me dis ça ? - Parce que je vois bien comment tu me regardes, tu me plais beaucoup et à mon copain aussi, c’est son anniversaire et je voudrais lui faire plaisir en réalisant un de ses fantasmes. - (Antoine) Mais !!! Florian lui met sa bouche sur ses lèvres pour le faire taire, il se retient d’éclater de rire en le sentant trembler de tout son corps. - Chut !! Laisse-moi finir de t’expliquer !! Son fantasme est de faire l’amour avec moi et un autre gars, seulement je n’avais jusque-là pas trouvé celui qui me plairait à moi aussi et quand nous t’avons vu hier, j’ai tout de suite flashé sur toi et mon copain aussi crois-moi !! Florian le laisse méditer quelques secondes avant de faire celui qui est déçu et lui tourner le dos après lui avoir donné un second baiser sur les lèvres, faisant ensuite mine de quitter la chambre. - Dommage que ça ne te branche pas cousin !! Nous aurions pu être enfin amis, voire plus !! Florian profite qu’il tourne le dos à Antoine pour laisser à son visage exprimer tout le dégoût qu’il lui inspire, il fait mine d’hésiter à sortir pour lui laisser le temps de cogiter et ses envies prendre le dessus sur sa raison, car il ne doute pas un instant de l’avoir pris dans ses filets. - Attends !! Où tu vas là ? Un sourire cruel illumine le visage du jeune rouquin, son charme encore une fois a servi ses desseins et il reprend rapidement son air malicieux et amical, pensant à la petite pute black aux super nichons qui le suce régulièrement et gratos en plus, depuis quelques mois. Son sexe se raidit presque immédiatement, satisfait de lui, Florian se retourne pour porter l’estocade à la tarlouze en face de lui et il lui prend rapidement la main pour la plaquer là où il n’y aura plus de doute pour Antoine sur la véracité de ses paroles. - Tu sens l’effet que tu me fais ? Antoine s’en mord les lèvres d’excitation, le morceau qu’il palpe est de ceux qu’il n’aurait jamais crus un jour pouvoir tenir en main et sa méfiance disparaît. Son cerveau n’ayant plus qu’une envie, celle de faire l’amour avec celui qui il doit bien se l’avouer malgré tout, hante ses nuits régulièrement. Florian lui lâche la main qui continue seule à lui peloter la queue, il sent qu’il va très vite débander et prend un air mutin en s’éloignant d’Antoine. - Tu viens alors ? - Maintenant ? - Tu m’as trop excité pour que j’aie la patience d’attendre et mon copain est seul chez lui, alors autant se faire plaisir dès ce soir. En plus comme ça, nous pourrons remettre ça avant que tu ne retournes chez toi, qu’est-ce que tu en penses ? Antoine bande à mort, malgré tout il trouve que tout va un peu vite. - Je ne sais pas !! C’est un peu trop rapide pour moi !! - Pourquoi t’es toujours puceau ? Florian le voit rougir encore plus en baissant les yeux, il comprend alors qu’il a vu juste et n’en est que plus pressé de ce qu’il va lui faire subir et qui va le faire réfléchir longtemps avant de vouloir à nouveau se taper un mec. - C’est encore mieux tu sais !! C’est un vrai cadeau que tu nous fais et tu vas t’éclater avec nous deux, mon pote est aussi bien monté que moi alors ce ne sera que du bonheur. - Vous irez doucement ? - Bien sûr quelle question ? Alors on y va ? Antoine redresse la tête, son cousin lui sourit et il sait qu’il en a trop envie pour lui refuser quoi que ce soit, même s’il aurait préféré n’être que seul avec lui pour sa première fois. CHAPITRE 30 (Antoine) (fin) « Une heure plus tard » Florian et Antoine sortent du métro, ils continuent à pied jusqu’à un carrefour où Florian lui fait signe d’attendre et passe un appel en s’éloignant de quelques mètres pour ne pas être entendu d’Antoine. -… - C’est moi !! Tout est prêt ? -… - Tu les fais payer d’avance !! Cinq cents euros chacun !! -… - Je sais mais tu leur diras que c’est un puceau de tout juste dix-huit ans, ça vaut bien ça et en plus il est plutôt bien foutu !! -… - Tu as tout ce qu’il faut sinon ? -… - Pense à bien mélanger qu’il ne se doute de rien !! -… - Bon !! Tu empoches le fric et surtout pas de bruits tant qu’il n’est pas prêt !! Nous serons là d’ici cinq minutes !! -… Florian raccroche en souriant, ses clients vont encore une fois être satisfaits de sa recrue et cette fois ce ne sera pas un jeune hétéro ramassé dans la rue qu’ils vont avoir à se mettre sous les dents, mais un vrai Pd en herbe qui va connaître une première fois inoubliable. Il fait signe à son cousin de le rejoindre et une fois celui-ci près de lui. - Il nous attend !! Il est un peu nerveux mais c’est normal, ça va toi ? - (Antoine) Tu es sûr que tu ne veux pas qu’on ne soit que tous les deux ? Florian sent bien qu’il est prêt à faire marche arrière, le deal est déjà trop engagé pour qu’il n’aille pas jusqu’au bout et il prend son cousin par la taille. - Si tu veux on pourra commencer que tous les deux ? Mon petit copain nous rejoindra après !! Ça te va comme ça ? Antoine sourit. - Merci Florian !! - Bah !! Je te comprends !! Et puis si tu veux tout savoir, j’en ai envie moi aussi !! - Vrai ?? - Si je te le dis, je regrette d’avoir été aussi salaud avec toi Antoine !! Je réalise maintenant ce que nous aurions pu vivre ensemble, nous rattraperons le temps perdu je te le promets. - Je l’espère bien !! - Allez, viens !! J’ai trop envie de toi ne perdons pas plus de temps, je sens bien que la soirée va être super-chaude Hi ! Hi ! Quelques centaines de mètres plus loin, les deux cousins s’arrêtent devant le porche d’une maison et Florian actionne la sonnette en ouvrant la porte, faisant passer Antoine en premier. Un garçon d’une vingtaine d’années apparaît dans l’entrée le sourire accueillant aux lèvres, Antoine apprécie aussitôt le physique agréable du copain de Florian et il respire enfin plus librement, le garçon entrant parfaitement dans ses trips sexuels. Les présentations sont vite faites, leur hôte leur montrant le chemin jusqu’à un salon où il les prie de s’asseoir et Antoine ne voit rien venir, pas même le fait que Florian et son amant ne se soient pas embrassés en se voyant ne lui met la puce à l’oreille que peut être tout n’est pas aussi sincère qu’il y paraît. La boisson fraîche offerte qu’il avale d’un trait lui laisse quand même un petit arrière-goût, mais il n’y prête pas vraiment attention tellement l’envie de ce moment intime qu’il va partager avec son cousin l’excite. Tout devient flou d’un coup, il commence à planer et ne voit que comme une ombre les silhouettes qui s’approchent vers lui, elles le soulèvent pour l’amener dans une pièce spécialement aménager où il est mis rapidement nu et où il se retrouve attaché dans une position qui ne prête à aucune confusion quand à ce pour quoi il est là. Florian et son copain assistent quelques minutes en regardant d’un œil blasé les quatre hommes d’un certain âge pour ne pas dire d’un âge certain qui s’excitent devant la plasticité du jeune puceau en lui donnant des caresses de plus en plus ciblées. - Tu as le pognon ? - Oui !! Tiens !! Voilà ta part !! - Merci !! - Où tu l’as trouvé celui-là ? - Chez moi Hi ! Hi ! C’est mon cousin !! - T’es con ou quoi ?? On avait dit que des mecs qui ne nous connaissent pas !! - C’est qu’un sale Pd !! Il n’aura que ce qu’il voulait !! Florian regarde l’homme grisonnant s’approcher d’Antoine le sexe bandé, un sourire mauvais aux lèvres quand la hampe du gars entre d’un coup dans le cul d’Antoine qui s’arque sous la douleur malgré la drogue. - Chochotte en plus !! Tu voulais de la queue cousin, te voilà servi !! Il s’apprête à sortir, ne tenant pas plus que ça à assister au spectacle et s’arrête devant la porte pour une dernière recommandation à ses clients. - Faites le durer celui-là, au prix qu’il vous coûte et ne l’abîmez pas trop Hi ! Hi ! ***/*** « Retour au présent » Florence voit bien les poings serrés de son mari, le souvenir de son fils rentrant en pleurs chez son oncle dans un état qu’elle non plus ne pourra jamais oublier. Antoine n’a jamais voulu raconter ce qui lui était arrivé, mais ils ont tous compris qu’il venait de vivre l’expérience la plus pénible de sa vie et surtout qu’une fois encore son cousin en était l’instigateur, n’ayant rien d’autre à leur dire quand il est enfin rentré tard le lendemain. - La tafiole a pris son pied on dirait !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 31 (Le don) « Paris chez les De Bierne, le matin tôt » Mes parents sont déjà installés dans la cuisine devant leurs petits-déjeuners quand j’arrive à mon tour, moitié au radar pour ne pas changer et bien que j’aie encore la tête dans le cul, je vois bien leurs sourires amusés posés sur moi. - Un café ou je tombe raide Hi ! Hi ! - (Pierre) Bonjour fiston !! - Oups !! Je viens m’asseoir sur ses genoux en calant ma tête dans son cou. - B’jour p’pa !! Hellènes sourit devant la scène pour le moins inhabituelle, le câlin que son fils donne à son mari mettant celui-ci dans un état d’émotion qui ne lui échappe pas et une larme de bonheur s’écoule lentement de son œil sur sa joue, ne croyant plus connaître un jour un instant semblable. - Tu n’oublies pas quelqu’un mon chéri ? Elle voit son fils lui faire un gros clin d’œil, embrasser son père sur la joue et venir vers elle pour la prendre dans ses bras en l’embrassant à son tour. - B’jour m’man !! Je la pousse doucement jusqu’à son siège, sentant bien combien ce moment de tendresse la trouble et c’est seulement à cet instant que je me souviens qu’ils ne devaient pas en avoir l’habitude avec l’ancien Florian. Je la fais s’asseoir pour prendre une petite place sur ses genoux, la tasse fumante sous mon nez est trop tentante pour que j’y résiste et j’avale goulûment une gorgée brûlante qui me surprend, me faisant recracher une partie du breuvage. - C’est chaud !! - Fais donc attention !! Je sens une main douce caresser mes cheveux, tentant vainement de les discipliner et je relève la tête pour lui embrasser la joue à son tour, trouvant le goût de ses larmes salées. - Quelque chose ne va pas ? - (Hellènes) Non mon chéri, bien au contraire !! Tu veux des tartines ? - Avec de la confiture de figues comme chez mamie ? Ma mère éclate en sanglot, le trop-plein d’émotion ayant eu encore cette fois raison d’elle. - Oui mon chéri, comme chez ta grand-mère. Je capte les yeux brillants de mon père braqués sur moi. - Hé !! Tu ne vas pas t’y mettre aussi p’pa ?? - (Pierre) Laisse nous profiter du bonheur que tu nous donnes fiston, nous n’y étions pas habitués tu sais !! Je tapote ma tête en souriant. - Il est parti celui-là !! Du peu que j’en ai appris, personne ne va le regretter !! Je leur laisse le temps de se remettre de leurs émotions avant de reprendre la parole. - C’est ce matin que nous avons rendez-vous avec le juge ? - (Pierre) Nous devons être au tribunal pour dix heures. - Tu crois qu’ils vont me mettre en prison pour ce que j’ai fait ? - (Pierre) D’après mes conseillers juridiques, le risque reste là même s’il est minime. N’oublions pas que tu es encore mineur et qu’au regard de la loi, c’est moi qui suis responsable de tes actes. - Ce que j’ai fait est si grave que ça ? - (Pierre) C’est surtout que ce n’est pas et de loin la première fois !! Et le dernier coup vous avez fait fort !! N’oublie pas le chauffeur de la camionnette !! Il lui restera des séquelles très importantes d’après mes sources. - Pourquoi ? S’il n’avait rien eu ce ne serait pas pareil ? - (Pierre) Bien sûr que non !! Cet homme a failli se tuer par ta faute et il restera handicapé toute sa vie, le juge ne te pardonnera jamais ça. - Et s’il allait mieux ? - (Pierre) Nous pourrions envisager alors une autre défense, mais hélas ce n’est pas le cas !! Une idée me vient soudainement, la seule raison pour que je ne l’exprime pas à haute voix et que je n’ai toujours pas l’assurance que le « don » de mon « rêve » soit une réalité ici. Je prends le couteau sur la table avant que personne n’ait le temps de réagir et je m’entaille la paume de la main en grimaçant de douleur. - Pas de panique surtout, je vérifie juste un truc !! - (Pierre) Mais enfin !! Tu deviens fou ou quoi ? - Ce n’est qu’une petite entaille p’pa !! Tiens regarde ? Elle se referme déjà !! Trois paires d’yeux fixent ma paume, la coupure disparaît petit à petit pour ne plus laisser que les traces de sang que j’essuie avec la serviette et un peu de salive, ne laissant plus apparaître que l’intérieur de ma main intacte. - Bon !! L’expérience est concluante !! Qu’est-ce qu’on attend maintenant ? - (Pierre abasourdi) Mais enfin de quoi tu parles ? - D’aller faire un saut vite fait à l’hôpital pardi !! Je suis certain que cet homme ira beaucoup mieux après ça Hi ! Hi ! CHAPITRE 32 (Le don) (fin) - (Pierre) Ce que tu viens de faire là !!! Comment tu l’expliques ?? Ça n’avait rien à voir avec ta salive il me semble ?? Et que veux-tu faire à cet homme ?? - Mon corps se répare tout seul, je sais que ça peut paraître extraordinaire mais c’est comme ça et je ne sais pas l’expliquer plus que vous !! - Pourtant il a fallu trois mois pour guérir tes fractures ? - Ce n’était pas encore moi, quand je me suis réveillé il y avait encore des attelles sur ma jambe et elle me faisait toujours souffrir, je me suis ensuite trouvé beaucoup mieux et très vite en plus, certainement que mon « don » avait agi entre-temps. - (Pierre) Je préfère ne plus penser que tu puisses faire des choses pareilles, ce serait bien si tu évitais d’utiliser cette… particularité… devant ta mère et moi. - Je vous comprends !! Je suis dans le même état d’esprit que vous, comment un rêve peut-il devenir réalité ? Quand j’aurai répondu à cette question, je pense que j’aurai toutes les réponses aux autres. En attendant il faudrait peut-être qu’on se dépêche pour aller à la Salpêtrière avant le rendez-vous avec le juge. - (Pierre) Pourquoi veux-tu donc rendre à tout prix visite à cet homme ? - Tu l’as dit toi-même p’pa !! S’il va mieux, le juge sera moins intransigeant !! Et comme je peux faire en sorte qu’il s’en sorte, autant mettre toutes les chances de notre côté et puis je ne veux pas que quelqu’un souffre par ma faute, même si ce n’était pas vraiment moi. ***/*** « Hôpital Salpêtrière, une heure plus tard » Bip…..Bip…..Bip…..Bip… Bip… Bip… Bip… Bip… Bip… Bip… Bip… Bip… L’infirmière de permanence court nerveusement vers la chambre où le patient semble avoir un gros problème, l’alarme de la machine s’est déclenchée automatiquement quand les constantes du blessé sont passées sous le seuil d’alerte. Elle ne fait pas attention aux deux hommes la croisant dans le couloir et qui se dirigent vers la sortie, si ça avait été le cas elle aurait sûrement eu un choc en reconnaissant le jeune rouquin qui est sorti depuis peu accompagné de son père. Elle entre dans la chambre où le patient s’agite nerveusement et va directement vers les appareils pour constater avec soulagement que tout semble être rentré dans l’ordre, sans doute est-ce son état de nervosité qui a occasionné ce pic du rythme cardiaque qui avait déclenché l’alarme. - Mademoiselle !! Où suis-je ? L’infirmière se retourne brusquement, surprise de l’entendre lui parler alors qu’il était censé être en endormissement médicalisé pour l’aider à passer sans douleur les quelques mois à subir ces nombreuses opérations réparatrices. - Vous êtes dans un hôpital monsieur, vous avez été victime d’un très grave accident !! Vous vous souvenez de quelque chose ? - Une voiture blanche qui m’a percuté, c’est tout !! - C’est déjà une bonne chose, ça prouve que votre mémoire est intacte !! Comment vous sentez-vous ? - Très bien, pourquoi ? L’infirmière s’approche de lui pour l’ausculter brièvement, étonnée par sa réponse. - Voyons voir ça !!! Je vais vous changer vos pansements et en profiter pour vous faire une toilette, je pense que ce ne sera pas du luxe. L’homme sourit en acquiesçant de la tête, il la regarde sortir de la chambre en appréciant sa silhouette fine. - Je ferais bien autre chose avec vous ma petite dame Hi ! Hi ! Un redressement caractéristique au niveau de son bas-ventre, le met en panique d’être vu dans cet état et il s’évertue en attendant son retour à retrouver un minimum de décence, il pousse un gros ouf de soulagement en constatant au moment où elle revient de nouveau dans la chambre que tout est rentré dans l’ordre. - Le chirurgien qui s’est occupé de vous ne va pas tarder à venir vous visiter !! Je l’ai prévenu de votre réveil, voyons voir ces cicatrices !! Si je vous fais mal dites-le, je vais faire le plus doucement possible. L’infirmière repousse le drap recouvrant son corps, elle commence ensuite à découper avec précaution les premiers bandages autour de sa cuisse droite et nettoie les croûtes collées à la peau, découvrant avec surprise un épiderme en parfaite santé là où elle s’attendait à voir la cicatrice de l’opération. - Mon Dieu !! Comment est-ce possible ? CHAPITRE 33 (En route vers le tribunal) « Dans la voiture » - (Pierre) Tu ne crois pas qu’ils vont se poser des questions ? - Tu avais une meilleure solution avec des délais aussi brefs ? - (Pierre) Non bien sûr !! - Encore un miracle inexpliqué Hi ! Hi ! Si le gars est croyant ça va le faire !! - (Pierre) Tu te rends compte de toutes ces choses qui nous arrivent depuis ta sortie du coma ? Je serais sain d’esprit, j’irais tout de suite consulter un psy !! - Mais tu es sain d’esprit p’pa !! Juste que comme moi tu ne sais pas trouver une explication rationnelle à ce qu’il m’arrive. - (Pierre) Peut être qu’après ces deux mois que tu vas passer avec le docteur Espinach ? - Hum !! Ce serait étonnant !! La seule conclusion qu’il n’a jamais eue sur mon cas, c’est que j’étais un extraterrestre !! Tu imagines ?? Je tends mon doigt vers le pare-brise, en le dirigeant vers le ciel. - E.T. !! Maison !! Hi ! Hi ! C’est ce que disait Damien en parlant de moi !! - (Pierre) Damien ?? C’est qui celui-là ?? - Mon meilleur ami. Je vois bien le froncement des sourcils de mon père, aussi je m’empresse de préciser. - Pas ici bien sûr !! - (Pierre) Ah !!! - J’espère qu’ici aussi il le sera un jour aussi tu sais et d’ailleurs pourquoi pas, puisqu’il l’a été là d’où je viens !! - (Pierre) C’est tout ce que je te souhaite fiston !! Même si une fois encore, je trouve cette situation complètement folle. - C’est comme si mon âme était éparpillée et que ma conscience sautait d’une à l’autre à l’occasion d’un choc émotionnel, à moins qu’elle ne remplace ou s’amalgame à un autre moi quand il meurt ? Une sorte de regroupement ou un truc dans le genre !! - (Pierre) Il faudra que tu en parles avec le psychiatre !! À moins que tu l’aies déjà fait ? - Je ne me rappelle pas, non !! Je viens juste d’avoir ce flash, c’est la première fois que je pense à cette possibilité Hi ! Hi ! Reconnais qu’elle en vaut une autre au stade où j’en suis à me poser des questions pour expliquer l’inexplicable. - (Pierre) En attendant reste prudent fiston !! Des personnes mal intentionnées qui découvriraient ton secret pourraient te créer de graves problèmes. - Je vais essayer p’pa !! Mais ce n’est pas facile tu sais ? C’est comme se priver d’un sens !! Mais toi au fait ?? - (Pierre) Oui, quoi ? - Tu me considères bien comme ton fils pas vrai ? - (Pierre surpris) Bien sûr !! Quelle question !! C’est bien ce que tu es ? - Pour moi il n’y a pas de doute, mais je comprendrais que tu te poses la question !! Après tout même si le corps est bien celui de ton fils, ce qu’il y a dans ma tête vient d’ailleurs !! D’un ailleurs où j’étais également ton fils certes, mais ce doit être aussi troublant pour toi que pour moi ? - (Pierre) C’est certain que ça l’est !! Mais aussi bizarrement que cela puisse paraître, je n’ai aucun doute sur le fait que c’est bien à mon Florian que je parle en ce moment et je n’ai jamais été aussi proche de toi depuis ta naissance. - C’est gentil !! - (Pierre) Sincère surtout !! Je n’ai jamais été aussi heureux que depuis ces quelques jours, je t’aime Florian !! Je t’aime comme jamais je ne t’ai aimé !! - Moi je ne peux pas en dire autant tu sais ? Pierre tourne un instant la tête vers son fils, son visage marquant le trouble de à ces dernières paroles. - Comment ça ?? - Oh !! Ne le prends pas mal p’pa !! C’est juste que je t’ai toujours aimé aussi fort, même dans mon rêve où je ne t’ai connu que par les récits de mes grands-parents ainsi que ceux de tes amis les plus proches. Pierre sourit, visiblement rassuré. - Franck ? - Tonton « Francky » oui, mais aussi Ming ton pote de faculté et ne me dis pas qu’il n’existe pas ici parce qu’il fait partie de ceux que j’ai déjà pu apprécier deux fois. Pierre éclate de rire à en avoir les larmes aux yeux. - Hi ! Hi ! Hi ! - Eh bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit de si drôle ? - Rien Hi ! Hi ! Juste que j’imagine la tête de Franck quand il va t’entendre l’appeler « tonton Francky » Hi ! Hi ! Fais-moi une promesse « Flo » ? Attends que je sois présent pour le faire Hi ! Hi ! Non sérieux !! Je ne veux pas rater ça !! CHAPITRE 34 (En route vers le tribunal) (fin) - C’est si comique que ça ? Pierre retrouve son sérieux, sa voix redevient plus grave quand il répond à son fils. - Ça le changera des noms d’oiseaux que tu utilisais les rares fois où il acceptait nos invitations quand il te savait à la maison !! - Oh !! Je comprends !! Désolé !! - (Pierre) Désolé de quoi ? Ce n’était pas toi ?? - Plus j’en apprends sur moi… enfin plutôt sur lui, plus je me rends compte combien ça devait être difficile de partager m… « sa » vie !! - (Pierre) Tu ne vas peut-être pas me croire, mais je commence à l’oublier. - Tu crois que tonton « Francky » me pardonnera ? - (Pierre sourit) Nous l’avons bien fait pas vrai ? - Il faudra lui dire la vérité alors ? - (Pierre) Ce sera à toi de juger si tu lui fais assez confiance. - Il a toujours été là pour moi tu sais ? - (Pierre) Pour moi aussi, c’est le meilleur ami que j’ai et si l’entreprise est aussi florissante, c’est aussi grâce à son travail. - Et Ming alors ? - (Pierre) Tu as raison « Flo », Ming est aussi le meilleur ami que j’ai !! Disons qu’ils le sont tous les deux !! - Tu savais qu’il t’aimait ? Pierre hésite avant de répondre. - Même de ça tu es au courant !! Comment ? - C’est lui qui me l’a dit !! - (Pierre) Ah !!! - Et toi ? - (Pierre) Je te l’ai dit Florian, c’est mon meilleur ami !! Rien de plus !! Nous étions toujours ensemble à une époque où il était loin de son pays, il se cherchait tu comprends ? Mais comment se fait-il qu’il t’ait parlé de ça à toi ? - C’est compliqué !! Si je te le dis, je serais aussi obligé de te révéler des choses sur moi qu’il ne te plaira peut-être pas d’entendre. - (Pierre) Ce serait étonnant venant de toi que ce soit si grave, pas pire que ce que j’ai connu avant en tout cas !! J’hésite à lui révéler ma différence même si je me doute bien que si Ming est resté son ami en sachant qu’il était amoureux de lui, c’est que mon père n’est pas homophobe. - Heu !! En fait, c’est à cause de « Yu »… et de… moi !! Quand Ming a su que nous étions… amant !! Le coup de frein brutal qui suit mes paroles m’enfonce la ceinture de sécurité dans la poitrine. - Aïeeee !! ***/*** Pierre se gare le long du trottoir, il coupe le contact et son regard se fige dans celui de son fils, montrant l’effarement de ce qu’il vient d’apprendre. ***/*** Je sens ma gorge s’assécher. - Tu m’en veux de t’avoir dit que j’étais gay ? - Tu… Toi et Yuan ?? Un nouvel éclat de rire lui noue l’estomac, encore plus fort que celui qu’il avait eu juste avant. - Là pas de doute Hi ! Hi ! Je suis certain cette fois, si j’avais eu encore un doute que tu ne nous mènes pas en bateau Hi ! Hi ! - Je ne vois pas ce qu’il y a de si drôle !! - Toi mon fils !!! Gay !!! Et en plus amant avec « Yuan » !!! Celui que tu traites de lépreux à la moindre occasion !! - Je te rappelle que celui dont tu parles, ce n’est pas moi !! Enfin disons plutôt que ce ne l’est plus !! - (Pierre) Mais tu es à l’opposé en tout de ce que tu étais avant !! - Et c’est d’apprendre que tu as maintenant un fils homo qui te fait rire à ce point ? - (Pierre) Mais je m’en fous que tu sois hétéro ou homo !! Ce qui me fait rire n’a rien à voir avec ça !! - C’est quoi alors ? - (Pierre) Mais tu ne comprends donc pas ?? Depuis tout à l’heure tu me parles de personnes que tu aimes alors que c’étaient ceux-là mêmes que tu détestais le plus !! - Et ça te fait rire ?? - (Pierre) Mais bien sûr que ça me fait rire !! De surprise au début et ensuite de joie, surtout de joie !! J’avais un fils complètement dépourvu de sentiments qui haïssait tout le monde et me voilà avec un fils qui fait des câlins à ses parents, qui donne des petits surnoms à ses amis et qui… aime !! Tiens d’ailleurs j’y pense, tu sais que tu as un cousin ? - « Toinou » ? - (Pierre les yeux brillants) Qu’est-ce que je disais Hi ! Hi ! Excuse-moi mais je suis trop content Hi ! Hi ! « Toinou » Hi ! Hi ! Faut qu’Adrien et Florence entendent ça !! Sur le cul qu’ils vont être Hi ! Hi ! Ah, mon fils !! Je t’aime !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 35 (Tribunal) Mon cœur bat plus fort, je n’avais jamais vu mon père aussi joyeux et pour cause puisque dans mes souvenirs il était toujours triste de me voir clouer par la maladie et les faibles sourires que je recevais de lui n’avaient rien de commun avec celui éclatant que je lui vois en ce moment. Je l’enlace avec nervosité, les yeux embués d’une joie qui m’ôte toute possibilité de prononcer la moindre parole et nous restons un long moment enlacés, nos corps pris dans les soubresauts d’une émotion bien trop grande à contenir. Quelques longues minutes passent encore avant que nous nous détachions l’un de l’autre et que nous nous essuyons les yeux, souriant malgré tout de ce moment très fort. ***/*** Pierre remet le contact pour reprendre la route, il regarde l’horloge sur le tableau de bord en soupirant. - Comme le temps passe !! Il n’y a plus un moment à perdre si nous voulons être à l’heure pour la convocation du tribunal. - Tu crois qu’ils auront déjà reçu des nouvelles de l’autre conducteur ? - (Pierre) Ce serait étonnant, il faudra juste que je demande à mes avocats d’en parler et ils trouveront bien l’excuse pour le faire pendant l’interrogatoire. - Je devrais dire quoi si le juge m’interroge ? - (Pierre) La vérité !! Que tu ne te souviens de rien !! Nous allons nous servir de ton amnésie pour tenter d’obtenir un non-lieu. - Tu crois que ça va marcher ? - (Pierre) D’après ceux qui ont étudié ton dossier, il y aurait eu jurisprudence sur des cas similaires et le dossier médical actuellement dans les mains du juge conforte le fait que tu ne te souviens plus de rien, d’ailleurs le médecin qui t’a suivi sera convoqué à la barre comme ceux des personnels soignants qui ont pu le constater. - J’ai déjà eu affaire à ce juge ? - (Pierre) Houla oui !!! À peu près deux fois par an si je ne m’abuse !! - Hum !! - (Pierre) Je me doute à quoi tu penses !! Mais je t’assure qu’il est honnête, tout autant que rigoureux de la loi et si notre défense démontre le bien-fondé du non-lieu, il le prononcera comme il l’a déjà fait à maintes reprises et ce sans ressasser le passé. - Eh bien, nous avons de la chance alors !! ***/*** « Salle du tribunal » - Affaire De Bierne !! Vol avec effraction !! Tentative de fuite !! Conduite hors des limites des vitesses autorisées, occasionnant un accident de la route et mettant le conducteur du véhicule heurté dans un état tel qu’à l’heure actuelle les médecins ne peuvent encore se prononcer sur l’importance des séquelles qu’il gardera sa vie durant. Que plaide la défense ? L’avocat se lève pour se rendre à la barre, quand une voix encore juvénile mais ferme le devance. - Coupable !! L’intervention du jeune rouquin se tenant debout en fixant le juge dans les yeux, interpelle l’ensemble des personnes présentes dans la salle du tribunal. Le juge surpris fait un signe de la main pour qu’il approche et reste un instant médusé devant l’assurance du jeune homme, dépourvu toutefois de l’arrogance habituelle qu’il ne lui connaissait jusqu’alors que trop bien. - Pouvez-vous répéter jeune homme ? L’avocat s’interpose entre son client et le juge. - Je représente l’accusé qui est mineur monsieur le juge, ses paroles ne peuvent être prises en compte. Le juge agacé. - Je l’entends bien, maître !! Mais j’aimerais quand même l’entendre. - Je plaide coupable !! Personne ne peut nier que j’étais bien le conducteur du véhicule incriminé, que je n’en ai plus le moindre souvenir ne changera rien à ce fait indéniable en soi et même si je suis horrifié par ce que j’ai appris depuis lors sur ma conduite de ces dernières années, je mérite certainement la sentence qui sera prononcé quelle qu’elle soit. L’avocat n’a pas le temps de formuler sa nouvelle requête, que le jeune rouquin capte son regard en souriant et lui ôte toute velléité à répliquer. Le juge lui aussi semble troublé, il ne reconnaît pas là le Florian De Bierne insolent, irrespectueux et effronté qu’il avait déjà eu maintes fois l’occasion de juger. CHAPITRE 36 (Tribunal) (fin) « Un coup de maillet sur le bureau » - J’ai besoin de m’entretenir avec ce jeune homme !! Je prononce donc une interruption de séance d’une demi-heure !! « Second coup de maillet sur le bureau » Le juge parle à l’oreille de l’avocat qui va rejoindre le banc des accusés pour s’adresser à Pierre De Bierne et à ses homologues restés près de lui. - Le juge semble perturbé par l’intervention de votre fils, il demande que vous le rejoigniez avec Florian dans son bureau pour avoir une discussion en tête à tête !! - (Pierre) Ce n’est pas très protocolaire ?? Que me conseillez-vous ? - (L’avocat) C’est à vous de prendre cette décision monsieur, tout ce qu’il se dira ne pourra entrer en ligne de compte lors de la reprise des débats !! Juste que cela jouera très certainement sur la décision finale, je ne saurai que vous conseiller de rester dans la ligne de défense que nous avons mise au point. - (Pierre) De toute façon c’est l’exacte vérité, non ? Profitez de cette interruption de séance pour prendre des nouvelles du conducteur de la camionnette !! « Une demi-heure plus tard, reprise de la séance » Le silence se fait au retour du juge qui ne quitte pas des yeux la silhouette frêle du jeune garçon, quand celui-ci se rassoit à son tour sur sa chaise près de son père. Les débats reprennent donc, accusation et défense amenant chacun ces argumentaires, pour faire fléchir la décision finale. Le juge semble absent, ses yeux toujours rivés dans ceux de Florian qui maintient son regard avec une gentillesse et une douceur perturbante pour cet homme qui à l’énoncé de son nom lors de la préparation de séance, avait pris la décision de ne pas s’en laisser conter cette fois encore et de prononcer une sentence qui mettra pour de longues années ce jeune délinquant notoire dans l’impossibilité de nuire davantage à son prochain. Une fois les divers témoins entendus, le silence revient dans la salle et le juge se force à détacher enfin ses yeux de ceux du petit rouquin, non sans au préalable lui envoyer un sourire rassurant qui amène immédiatement les larmes sur le visage du jeune homme. L’envie de se lever pour le prendre dans ses bras est si fort que le juge se retrouve soudainement debout, il se reprend juste à temps et fait visiblement un gros effort de volonté pour revenir à sa fonction première. Le temps étant pour lui de prendre sa décision, il ne s’est pas encore rendu compte qu’elle puisse être déjà prise bien avant son retour sur l’estrade. - Assoyez-vous, je vous prie !! Il attend quelques instants que chacun soit à sa place et que le silence se fasse, frappant une nouvelle fois de son maillet pour officialiser la sentence. - Après avoir pris connaissance des accusations portées contre l’accusé, celui-ci est reconnu coupable des charges portées contre lui !! Un brouhaha de voix l’empêche de poursuivre, il observe ceux qui semblent satisfaits et ceux proches de Florian qui restent hébétés par la décision qui vient de tomber. Un nouveau coup de maillet pour exiger le silence. - Silence s’il vous plaît !!! Je disais donc que l’accusé est reconnu coupable des trois chefs d’accusations portés contre lui !! Il y a toutefois les circonstances atténuantes qu’attestent les rapports médicaux, comme l’amnésie du prévenu qui semblerait n’avoir plus aucun souvenir de ses mauvaises actions passées. J’ai pu moi-même constaté pour hélas bien l’avoir connu, qu’un changement radical s’est produit dans la façon d’être du jeune De Bierne et les dépositions reçus pendant les divers interrogatoires de témoins, corroborent mon impression. De plus !! Les dernières informations sur l’état de la victime étant des plus encourageantes sur une guérison « miraculeuse » aux dires d’experts !! J’ai décidé de mettre jusqu’à ses dix-huit ans passés d’un semestre le jeune Florian De Bierne sous tutelle d’un juge pour mineur qui devra le suivre chaque trimestre avec l’aide d’un expert psychiatre pour définir si le changement apparent de comportement du susdit nommé peut être acté dans la durée, faute de quoi ou en cas de récidive, il purgera une peine de trois ans de prison ferme sans possibilité de recours !! CHAPITRE 37 (Mes amis sont mes ennemis et mes ennemis mes amis ?) ***/*** « Sortie du tribunal » Pierre sert la main à ses avocats avant de rejoindre sa voiture avec son fils, le verdict en demi-teinte est quand même satisfaisant rien que déjà par le fait que Florian en soit sorti libre. Ce n’est qu’une fois en route pour retourner à la maison, que Pierre reprend la parole devant le silence de son fils. - Quelque chose ne va pas Florian ? - Non, rien !! - (Pierre) Tu peux tout me dire tu sais ? Je vois bien que quelque chose te préoccupe !! - Ça va être comme ça à chaque fois tu crois ? - (Pierre) Explique-toi ? - Dans mes souvenirs, je n’avais quasiment que des amis et ici j’ai l’impression de n’avoir en face de moi que des gens qui me détestent !! - (Pierre) J’ai bien peur qu’il te faille les reconquérir un par un, l’amitié n’était pas vraiment le souci principal du Florian d’avant l’accident. - De ce que j’en sais maintenant, c’était plutôt l’art de se faire des ennemis qui prédominait chez lui !! Comment peut-on vivre de la sorte en cherchant toujours à faire le mal ? - (Pierre) Tu as eu un grave traumatisme étant bébé suite à l’accident et tous les spécialistes chez qui nous t’avons emmené quand tu as commencé à devenir « difficile », pensaient également que ça venait de là. - Faudra éviter que je prenne un nouveau coup sur le crâne alors Hi ! Hi ! Clac !! Méchant !! Clac !! Gentil !! - (Pierre) Vu comme c’est parti, évite comme la peste ceux que se diront amis avec toi !! Je doute qu’au final tu t’entendes réellement avec eux. - J’avais bien compris t’inquiète !! - (Pierre) Hi ! Hi ! Je tourne la tête vers mon père, surpris de l’entendre rire tout seul. - Je ne vois pas le comique dans tout ça ? Pierre tourne la tête à son tour un bref instant pour croiser le regard de son fils. - Je repensais à Yuan Hi ! Hi ! Tu étais vraiment avec lui ? - Dans la vie que je me rappelle c’était un de mes seuls amis avec Antoine et Damien, mais ça a aussi été un de mes chéris, oui !! Du moins dans ce que je prenais jusque-là pour un rêve. Un nouveau coup de frein brutal, me colle une nouvelle fois la poitrine contre la ceinture de sécurité. - Aïeeee !! C’est une manie ou quoi ? Comme à l’aller quand il m’emmenait au tribunal, mon père se gare pour me fixer ensuite avec le visage marquant une telle surprise que je ne peux m’empêcher de sourire à mon tour. - Eh bien quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit encore !! Il va falloir éviter de se parler en voiture, sinon on va finir par se faire rentrer dedans Hi ! Hi ! - (Pierre) Un de tes chéris ?? Il y en avait d’autres ?? En même temps ?? - C’est compliqué à expliquer tu sais p’pa !! Je pensais que c’était un rêve et tu le sais aussi bien que moi que dans un rêve tous les fantasmes sont permis !! Seulement voilà !! Maintenant que je réalise que c’était sans doute une autre réalité, ça change tout et j’en suis tout autant étonné que toi, même si j’en ai un merveilleux souvenir et que je ne regrette rien !! - (Pierre) Moi qui pensais en avoir suffisamment entendu pour ne plus être étonné !! - C’est sans doute parce que j’étais cloué sur mon lit, une sorte de compensation tu comprends ? - (Pierre) Tu étais conscient de vivre tes deux expériences en même temps alors ? - Bah non, justement !! - (Pierre) Je connais peut-être tes autres amoureux ? La question de mon père me met dans un état de nervosité qu’il ne manque pas de remarquer, pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? C’est donc d’une voix pleine d’espoir que je lui réponds. - Il y avait deux garçons qui habitaient près de chez mamy, Thomas et Éric !! - (Pierre) Il faudra que tu demandes à tes grands-parents alors !! Parce qu’à moi ça ne me dit rien du tout. - Raphaël et Antonin ? Ça te parle ? - (Pierre) Je crains bien que non !! Wouf !! Cinq ? Rien que ça ? Mon fils est un tombeur alors ? Mais dis-moi « Flo » ? Ce ne serait pas le même Thomas que celui qui t’a fait crier son nom quand on est sorti de l’hôpital ? Mes yeux commencent à laisser couler mes larmes. - (Pierre) Hum !! Quelque chose me dis que ce Thomas comptait beaucoup plus que les autres, je me trompe ? J’ai du mal à répondre tant le fait de penser à mon grand blond au visage d’ange me fait mal, le reverrais-je un jour ? Son visage souriant remplit brusquement ma tête et mes larmes redoublent alors d’intensité. - Je l’ai abandonné p’pa !! Il est resté là-bas alors que j’ai été rappelé !! Il faut que je le retrouve tu comprends ? Il le faut sinon je vais devenir fou !! Pierre enlace les épaules de son fils pour le réconforter, la détresse qu’il peut lire dans ses yeux le marque lui aussi et il comprend qu’un lien très fort devait unir ce garçon à Florian. - Nous le retrouverons fiston, s’il existe quelque part sur cette terre nous le retrouverons et vous serez à nouveau ensemble, je te le promets ! CHAPITRE 38 (Antoine) « Aéroport Charles de Gaule » Le chauffeur du taxi aide le couple à mettre les bagages dans le coffre quand un jeune homme arrive à son tour, visiblement pas très heureux d’avoir eu à quitter son pays et lance son sac à dos à l’arrière du véhicule, avant de s’y asseoir boudeur. ***/*** « La veille chez les Massery » - Non !!! Je n’irai pas avec vous !! En plus j’ai mes examens à réviser !! - (Adrien) C’est ton oncle et ta tante qui demandent que tu viennes !! - Oui !! Mais il y a l’autre taré et je ne veux plus le voir, j’avais pourtant eu l’impression d’être clair !! - (Florence) Pierre dit que Florian n’est plus du tout le même depuis sa sortie du coma !! - (Antoine) J’aurais bien aimé qu’il n’en sorte jamais !! - (Florence) Ne dis pas des choses pareilles !! C’est quand même ton cousin !! - (Antoine) C’est à lui qu’il faut dire ça m’man, à mon avis cette option lui a toujours échappé ou alors il doit confondre avec le moustique du même nom, puisque à chaque fois que je le vois il cherche à m’écraser !! - (Pierre) Tu lui en veux toujours de l’année dernière ? - (Antoine) C’est bien simple !! Pour moi il n’existe plus !! - (Florence) Mais enfin Antoine !! Qu’est-ce qu’il t’a fait ? Ce ne peut pas être aussi grave pour tenir des propos pareils ?? - (Antoine furieux) A vraiment ?? Et bien si figure toi !! C’est même plus grave que tu ne pourras jamais t’imaginer !! Et arrête de me casser les pieds avec ce pourri, tu veux bien !! Je serais venu volontiers, oui !! Mais à son enterrement, et ça juste pour cracher sur sa tombe !! - (Adrien) Ne parle pas comme ça à ta mère, tu veux bien !! Tu sais très bien que nous non plus n’aimons pas Florian, si nous partons c’est juste pour voir ma sœur et son mari !! Ils viennent de vivre une dure épreuve et je ne parle pas que de l’accident de leur putain de fils, bon Dieu !!! Ta grand-tante a eu un arrêt cardiaque, d’après Pierre c’est grâce à son fils si elle a réussi à s’en sortir. - (Antoine) Tatie Maryse a failli mourir ? - (Adrien) D’après ton oncle, c’est un miracle qu’elle s’en soit sorti et j’ai bien senti dans sa voix combien sa famille lui manque, alors que tu le veuilles ou pas !! Tu vas venir avec nous et je te conseille d’en profiter pour faire le point une bonne fois pour toutes avec ton cousin, je ne sais pas moi !! Casse lui la gueule, ça te soulagera !! C’est tout ce qu’il mérite et ce n’est pas moi qui te donnerai tort, tu peux en être sûr !! ***/*** « Dans le taxi » Le silence oppressant à bord du taxi ne donne qu’une hâte au chauffeur, celle d’arriver le plus rapidement possible à destination pour être débarrassé de ces clients taciturnes. Adrien commence à regretter d’avoir répondu à l’appel des De Bierne, la colère de son fils n’annonce rien de bon et il craint plus que tout que la prochaine rencontre entre les deux cousins ne soit de celle qui brise l’amitié des familles. Florence reste dans l’expectative, le matin même elle a eu une longue conversation téléphonique avec sa belle-sœur et ne sait plus depuis qu’en penser, celle-ci ayant retrouvé une telle joie de vivre dans sa voix qu’elle ne peut pas imaginer qu’il n’y ait un semblant de vérité quand elle lui a affirmé à plusieurs reprises que son Florian n’avait plus rien à voir avec celui qu’il était avant l’accident. Antoine sent ses nerfs se nouer de colère au fur et à mesure que l’heure du face-à-face se rapproche, il ne fait aucun doute pour lui que sitôt devant lui, il va le massacrer et tant pis pour son oncle et sa tante si cela ne leur fait pas plaisir, ça fait un an maintenant qu’il rumine en silence de ce que lui a fait subir ce connard à la gueule d’ange. Il a été tellement marqué par ce viol, qu’Antoine depuis a mis complètement sa sexualité de côté et n’éprouve plus rien que les affreux cauchemars qui hantent ses nuits, le réveillant en sursaut couvert d’une sueur malsaine. ***/*** « Chez les De Bierne, Paris » Hellènes entend la porte de l’entrée s’ouvrir, elle se précipite dans le couloir trop impatiente de connaître le verdict à l’encontre de son fils. Elle est si nerveuse depuis qu’ils sont partis, qu’elle n’a même pas pensé à passer un coup de fil à son mari et est restée prostrée une bonne partie de la matinée, à attendre leur retour. Elle les voit donc entrer tout souriant, comprenant que tout doit être enfin terminé et un immense soulagement la libère enfin de tout le stress des dernières heures, n’ayant soudainement plus la force de faire un pas de plus et ce sont ses deux hommes qui viennent l’enlacer, l’embrassant tendrement en la soutenant le temps qu’elle se reprenne. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 39 (Antoine) (suite) Une fois confortablement installé dans le canapé du salon, Pierre raconte à sa femme les déroulements de la journée et termine par le verdict qui impose à leur fils un suivi régulier par un psychiatre avec en plus un entretien obligatoire avec un juge lors des trois prochains trimestres. - (Pierre) Florian s’en sort plutôt bien tu sais chéri !! Avec tous les cadavres qu’il traîne derrière lui, je trouve même que le juge a été plutôt indulgent. - En plus nous avons déjà le psy !! De toute façon c’était déjà prévu que j’ai des séances avec lui, pas vrai ? - (Pierre) Nous verrons avec le docteur Espinach s’il accepte de suivre Florian quand il sera de retour d’Aix en Provence. - T’inquiète pas pour ça p’pa !! Philippe ne demandera pas mieux, tu verras !! - (Hellènes) Et pour le chauffeur de la camionnette ? - (Pierre) Jamais ils ne feront le rapprochement avec nous, comment veux-tu même qu’ils y pensent ? - (Hellènes sourit) Je suis contente que tout s’arrange au mieux pour cet homme. - (Pierre) Ne reste plus qu’à régler cette histoire d’inscription au bac, j’irai chercher les documents nécessaires dès demain matin en espérant qu’il ne soit pas trop tard ! Hellènes se tourne vers son fils. - Tu es certain d’y arriver ? Ça fait un moment que tu as laissé tomber tes études. Je vais pour lui répondre encore une fois de ne pas s’inquiéter pour ça, quand plusieurs claquements de portières se font entendre et que mon père file tout droit à la fenêtre pour vérifier que ce sont bien les Massery qui arrivent. - Voilà ton frère et sa petite famille !! - Aïe !! - (Pierre) Tu ferais mieux d’aller dans ta chambre le temps que nous leur parlions ta mère et moi !! - Comme tu veux p’pa !! Je les embrasse une dernière fois avant de me lever pour disparaître de leurs vues, j’entends la sonnette retentir et des voix qui semblent malgré tout heureuses de leurs retrouvailles, je m’allonge sur mon lit en tendant l’oreille pour écouter la conversation qui ne va pas manquer de m’apporter des renseignements précieux sur ce que j’étais avant de prendre conscience dans cette réalité. Au début ce ne sont que des questions sur la santé et les dernières nouvelles marquantes depuis leur précédente visite, j’apprends alors mais ça ne m’étonne pas vraiment que mon oncle souffre du foie et qu’il va lui falloir très certainement envisager une opération, les médicaments ne lui faisant quasiment plus rien pour le soulager. C’est Antoine qui attaque le premier en demandant où je suis. - Il est où l’autre ? - (Pierre) Tu veux sans doute parler de ton cousin ? Il est dans sa chambre, je lui ai demandé d’y attendre que je l’appelle !! Nous devons avoir une conversation sérieuse à son sujet, je sais bien tout ce qu’il t’a fait endurer Antoine !! Je voudrais juste que tu… enfin que vous acceptiez juste de l’entendre, ce n’est plus le Florian que vous connaissiez je vous assure !! - (Antoine) Comment pouvez-vous être aussi crédule ?? Il se joue de vous comme il le fait avec tout le monde !! - (Adrien) Je dois bien reconnaître que ce que dit Antoine est aussi ce que je pense !! Il ne devait pas passer en jugement aujourd’hui ? - (Pierre) Exact !! D’ailleurs ça fait à peine une heure que nous sommes rentrés !! - (Adrien) Et ?? - (Pierre) Le fait qu’il ne se rappelle de rien a été en sa faveur, le juge l’a laissé en liberté conditionnelle. - (Florence) Un séjour en prison ne lui aurait pas fait de mal pourtant !! - (Hellènes) Mais non enfin !! Puisqu’on vous dit qu’il a tout oublié de ce qu’il était avant l’accident !! - (Adrien) Il vous a bien reconnus pourtant ? C’est plutôt étrange cette amnésie ciblée vous ne trouvez pas ? - (Pierre) C’est un peu plus compliqué que ça !! En fait pour tout vous dire, Florian à sa sortie du coma avait… comment dire sans passer pour un menteur… - (Hellènes) Ce que veut dire Pierre, c’est que Florian est revenu à lui avec d’autres souvenirs !! - (Antoine abasourdi) Et vous avez gobé ces conneries ?? - (Pierre) Nous avons pensé la même chose que toi au début !! Qu’il nous montait un énorme bateau pour échapper à la justice après ses dernières exactions. - (Adrien) C’est évident pourtant !! Comment veux-tu avoir d’autres souvenirs que ceux que tu as déjà vécus ?? CHAPITRE 40 (Antoine) (suite) Pierre hésite à aller plus loin dans ses explications, il sait très bien que s’il commence il faudra alors dire toute la vérité. - Heu !! C’est assez compliqué !! - (Florence) Il vous a dit ce que vous rêviez d’entendre et vous vous y êtes laissé prendre voilà tout. - (Pierre volubile) Mais non enfin !! - (Adrien) Alors explique nous en quoi il a tellement changé et aussi que sont ces nouveaux souvenirs ? Je t’avoue que je suis plutôt curieux de t’entendre et ne crois surtout pas que nous tomberons aussi facilement que vous dans le panneau !! Allons Pierre !! Un peu de sérieux si tu veux bien !! Ton fils a été, est et sera toujours une crapule de la pire espèce !! Je suis certain que maintenant qu’il est tiré d’affaire, son amnésie va fondre comme neige au soleil et qu’il va vite retrouver sa vraie nature. D’autres souvenirs ?? Foutaises !! Ou alors nous entrons en pleine science-fiction !! Ça ne s’est jamais vu et n’existera jamais, vous devriez plutôt le faire surveiller pour qu’il ne reprenne pas ses activités malsaines. - (Florence) Adrien te parle avec bon sens Pierre !! Rappelle-toi notre dernière visite et ce qu’il a fait subir à Antoine !! - (Pierre) Parce qu’il vous l’a dit ? - (Adrien) Justement, non !! Alors pose-toi la question de ce que ce devait être pour qu’Antoine n’ose même pas en parler à sa famille. Hellène remarque tout de suite les crispations et la blancheur soudaine du visage de son neveu, ainsi que ses poings se serrant si fort qu’ils lui en blanchissent les articulations. - C’était donc si difficile que ça à nous dire ? Antoine pète alors un plomb, sa voix devient hystérique quand il répond à sa tante. - Me droguer pour ensuite me vendre à quatre sexagénaires qui m’ont violé chacun leur tour à plusieurs reprises !! Oui c’est difficile !! Autant à vivre pendant qu’après et encore plus à avouer, même à ses parents !! Vous vouliez savoir ce qu’il m’a fait ?? Et bien maintenant vous le savez !! Antoine s’effondre en larme sur le canapé, prend une position fœtale en tremblant de tous ses membres et revivant encore une fois ces instants atroces qui l’ont brisé, soulagé malgré tout d’avoir enfin réussi à en parler. ***/*** Mon cœur fait un bond dans ma poitrine en entendant ces paroles, comment ai-je pu faire une chose pareille !! Qui était donc ce Florian pour être aussi mauvais ?? Je me lève d’un bond, sort comme une furie de ma chambre et me précipite vers Antoine avec l’intention de le prendre dans mes bras, son regard dès qu’il m’aperçoit devient dur et froid, ses mains me repoussent alors avec une telle violence que je me sens partir en arrière, puis… plus rien. ***/*** Un fracas de verre brisé suivi de plusieurs cris de surprise et d’affolement quand tous voient Florian étalé inanimé sur le sol, au milieu des débris de vitre de la table basse. Pierre se précipite vers son fils alors qu’Antoine fixe son cousin avec effroi, se rendant compte de ce qu’il vient bien involontairement de faire en croyant que celui-ci venait se jeter sur lui pour lui faire regretter ses dernières paroles dévoilant ce qu’il lui avait fait subir l’année passée. La flaque de sang s’élargit autour de la tête du petit rouquin, un énorme éclat de verre bien visible enfoncé profondément dans son cou non loin de l’artère. Hellènes affolée. - Mon Dieu !! Il faut appeler les secours !! Faites quelque chose !! Vous ne voyez pas qu’il se vide de son sang !! Pierre ôte l’éclat de verre, sa main vient ensuite faire un point de compression sur le cou de son fils pendant que ses yeux hagards cherchent désespérément de l’aide autour de lui. - Mon fils !! Non !! Non !! Ce n’est pas possible !! Pas maintenant !! Aidez-moi !! Adrien d’une voix blanche. - J’appelle les secours !! Garde bien ta main sur la plaie surtout !! Florence regarde son fils comme si c’était la première fois, son visage crayeux rencontre alors le sien. - Mais qu’est-ce que tu as fait ?? ***/*** - Mais qu’est-ce que tu as fait ?? Ce sont les premières paroles que j’entends quand je reprends conscience, je sens le corps de mon père me tenant serré contre lui et sa main me comprimant fortement le cou, au point où j’en éprouve des difficultés à respirer. Ma main libre vient alors lui tapoter le bras, son regard se reporte immédiatement dans le mien et mon sourire le désarçonne, lui revient alors en mémoire le petit test du matin. Un clin d’œil de ma part le décide enfin à relâcher la pression sur mon cou et je respire d’un seul coup beaucoup mieux, il enlève alors doucement sa main et ce qu’il voit lui ramène non seulement le sourire, mais aussi un énorme trouble en constatant que déjà la cicatrice n’est presque plus visible. - Je pense qu’il n’est plus utile d’appeler les secours, Adrien. - (Adrien atterré) Ne me dis pas qu’il est… - (Florence) Mon Dieu !! Non!! CHAPITRE 41 (Antoine) (fin) Pierre comprend l’affolement qui les prend et s’empresse de les rassurer. - Tout va bien !! Quelqu’un pourrait-il apporter une serviette et de l’eau chaude ? Comment tu te sens fiston ? - Mieux, maintenant que je peux respirer normalement p’pa !! Tu voulais m’étrangler ou quoi ? - (Pierre amusé) J’avais juste oublié ta petite démonstration de ce matin fiston, j’ai été comme qui dirait pris de panique, tu comprends ? Je regarde le carnage autour de moi, surpris de la rapidité où tout s’est passé et je tourne la tête vers mon cousin visiblement ahuri de ce qu’il se passe en ce moment sous ses yeux. - Ça va « Toinou » ? Heureux moi aussi de te revoir Hi ! Hi ! La consternation est un bien faible mot pour définir la tête qu’ils font tous, comprenant que je suis bien vivant sans comprendre comment ça a pu être possible. Ma mère arrive en tenant une petite bassine et plusieurs serviettes, elle s’agenouille près de moi le visage encore baigné de larmes. - Ça va mon chéri ? - Oui m’man, t’inquiète ce n’est rien !! La prochaine fois que je voudrais embrasser mon cousin, fais-moi penser à vider la pièce avant et à couvrir le sol de tatamis Hi ! Hi ! Elle me nettoie du mieux qu’elle peut, la bassine devient vite rouge de mon sang et je finis par me relever en m’excusant auprès de nos invités. - Je vais aller prendre une douche et changer de vêtements, cette chemise est bonne à jeter et ça tombe bien Hi ! Hi ! Elle n’était pas vraiment à mon goût !! Tu peux venir me frotter le dos si tu veux « Toinou » ? Nous avons pas mal à discuter tous les deux, tu ne crois pas ? Je vois bien à son regard qu’il ne s’est pas encore remis de ses émotions et que ma façon de lui parler comme mon nouveau look le trouble à un point que je n’aurais pas cru possible venant de mon cousin, mais ce n’était pas celui de ce monde et il faudra encore un certain temps avant qu’il redevienne ou plutôt devienne avec moi assez intime pour venir partager une douche ensemble, quoiqu’en y réfléchissant deux secondes je ne me rappelle pas l’avoir jamais fait avec lui… ***/*** La sortie de la pièce de Florian semble sortir tout le monde de sa léthargie, Adrien remet machinalement le combiné sur son socle et revient dans le salon en évitant l’énorme tache de sang qui reste la seule preuve tangible avec la table basse en miette de ce qui vient de se passer sous ses yeux. - J’ai dû rater un épisode ou alors je vais me réveiller dans mon lit ? - (Pierre amusé) J’opte pour l’épisode Hi ! Hi ! C’était ce que je voulais vous faire comprendre avant que tout ceci n’arrive !! - (Antoine) C’est un extraterrestre qui a pris l’apparence de mon cousin ? - (Adrien) C’est une blague ? Pierre prend une serviette et aide sa femme à éponger le sol, il envoie la serviette rouge de sang vers son beau-frère qui l’attrape au vol en faisant la grimace. - Ça ressemble à du jus de tomate peut être ? - (Adrien) Comment tu expliques tout ça alors ? - (Pierre) Je ne l’explique pas plus que toi, juste que c’est comme ça et qu’il va vous falloir garder le secret de ce qu’il vient de se passer ici !! - (Adrien) C’était Florian ou pas ?? Pierre observe un instant son neveu. - Qu’est-ce que tu en penses, toi ? - (Antoine) Comment veux-tu que je le sache ? Il en a toutes les apparences… - Mais ? Antoine se tapote la tête avec un doigt. - Pas là-dedans en tous les cas !! - Je vous avais prévenus qu’il n’avait plus les mêmes souvenirs, dans les siens vous étiez très liés et il l’a très mal pris quand je lui ai expliqué que vous vous détestiez !! - (Antoine) Bon !! Admettons !! Je dis bien, admettons qu’il ne se rappelle réellement pas de qui il était, comment expliques-tu que sa blessure se soit guérie aussi vite ? CHAPITRE 42 (Guérison) « Sous la douche » Les questions qu’ils se posent sont semblables en tout point aux miennes et je serais bien curieux d’apprendre qu’il y en a un qui ait la réponse, malgré tout je me dis que tout ne s’est pas si mal passé et que ça aurait pu être pire, maintenant il est un peu tôt pour crier victoire. Les dernières taches de sang disparaissent dans la bonde d’évacuation, ne laissant plus aucune trace de ce qui pour quelqu’un de normal aurait pu être une blessure sinon mortelle, du moins douloureuse et longue à guérir. Je décide donc de ne plus m’abrutir à découvrir les raisons de tout ça, préférant me donner des objectifs sur le court terme et me promettant de revenir aux questions existentielles quand le moment s’en fera sentir et ce afin de ne pas devenir fou à chercher vainement à connaître le fin mot de cette troublante histoire. Objectif principal : retrouver mon Thomas et j’ai bien l’intention de profiter des deux mois chez mes grands-parents pour vérifier si la famille Louvain existe bien ailleurs que dans ce rêve réalité que j’ai vécu. Objectif secondaire : faire oublier l’ancien Florian à ceux qui sont proches de ma famille et par la même occasion, tenter de reconstituer une partie de mon groupe d’amis en commençant par ceux déjà présents dans mes « deux précédentes vies » ne trouvant pas d’autres mots pour définir mes souvenirs. Une idée me vient alors et m’amène le sourire aux lèvres, si mon « don » de guérir fonctionne ici ! Pourquoi pas les autres !! Je tente donc de me concentrer sur l’image de mon Thomas en lui envoyant une sonde mentale pour me faire reconnaître de lui, chose apparemment plus facile à dire qu’à faire et force m’est de constater que je n’arrive même pas à sortir de mon cerveau comme je pouvais le faire sans difficultés en d’autres lieux. Une nouvelle tentative, cette fois pour émettre le son de gorge qui me fait communiquer avec les autres espèces animales et si ce n’est l’horrible borborygme qui s’échappe de mes lèvres en me faisant grimacer, rien là non plus de concret ne semble se produire à ma plus grande désillusion. Me voilà bien avancé maintenant !! Manquerait plus que mes capacités intellectuelles soient elles aussi revenues à la normale et j’ai de quoi m’inquiéter quant à mes paroles précédentes sur l’assurance de passer mes études haut la main. Une explication somme toute bien mince me vient alors à l’esprit, peut-être dois-je tout réapprendre à chaque nouvelle vie et qu’il n’y ait que mon « don » de guérir qui fonctionne parce qu’il est marqué dans mes gênes et non issu de mes connaissances acquises. D’ailleurs je n’en avais aucun dans mon ancienne vie de myopathe et ceux de mon « rêve » ne sont arrivés qu’avec le temps, un soupir de frustration s’échappe de mes lèvres et me fait revenir au présent, ma peau commençant à se ramollir sous l’effet prolongé de l’eau. Je sors donc de sous la douche, m’essuie et me rhabille, jetant un dernier coup d’œil sur mon visage en me pinçant fortement la joue pour vérifier que je ne rêve pas encore une fois. Le verre à dent sur la tablette au-dessus de l’évier me donne une idée qui me rassérène un peu après mes dernières frustrations. Je le nettoie avant d’y envoyer un maximum de salive et d’y additionner une bonne rasade d’eau fraîche, le tout ne donnant pas vraiment l’envie de la boire mais devrais être suffisant pour ce pour quoi je le destine. Je sors donc en tenant mon verre en main, je traverse le couloir pour me retrouver une nouvelle fois dans le salon où d’un coup d’un seul le silence se fait, alors que cinq paires d’yeux me fixent. J’approche de mon oncle en lui tendant le verre. - Tiens !! Bois ça s’il te plaît !! Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 43 (Guérison) (fin) Adrien me dévisage avec surprise, il prend le verre en le regardant bizarrement. - Qu’est-ce que c’est ?? - Rien que de l’eau mélangée à ma salive !! - C’est une plaisanterie ? - Je t’assure que non !! - (Pierre) Vas-y Adrien, fais-lui confiance !! - (Adrien) Et c’est censé me faire quoi ? - Te guérir de ton foie malade mon oncle. - (Adrien) Rien que ça ?? Je me contente de hocher la tête en le regardant gravement, mon oncle hésite puis pousse un soupir avant de porter le verre à ses lèvres et d’en boire cul sec le contenu, il me tend le verre vide avec une grimace qui me fait sourire d’amusement. - Beurk !! - Excuse-moi mais je n’ai pas eu le temps d’améliorer la mixture Hi ! Hi ! La prochaine fois je mettrai un peu de sirop, de toute façon ce ne doit pas être pire que les médicaments que tu avalais jusque-là ? Mon père voyant que plus personne ne bouge ni ne parle. - On est censé faire quoi maintenant ? - Je ne sais pas pour toi p’pa !! Mais moi je commence à avoir faim !! Une voix derrière moi me fait me retourner et faire face au regard d’Antoine. - Florian !! - Oui ?? - Excuse-moi pour tout à l’heure, j’ai cru que tu voulais te venger de mes paroles et je n’ai fait que me défendre, en plus ce n’était qu’un pur réflexe !! - C’est bien comme ça que je l’ai compris, t’inquiète cousin !! Je sais qu’il va te falloir du temps pour que tu puisses enfin avoir confiance en moi après ce que j’ai appris sur ce que je t’avais fait subir. - Tu ne te souviens vraiment de rien ? – Oh !! Détrompe-toi !! Je me souviens de beaucoup de choses au contraire !! Mais nous étions alors très proches et je ne souhaite qu’une chose crois le bien !! C’est que tout redevienne comme dans mes souvenirs et que tu arrives à oublier les tiens. - (Hellènes) Je pense que vous y arriverez les garçons, regardez-vous déjà !! Vous n’arrêtez pas de vous sourire depuis tout à l’heure. - (Florence) Je l’avais aussi remarqué et je suis heureuse de voir comment tournent les choses, je vous avouerai que cette visite ne m’enchantait guère. J’étais même prête à y renoncer si Adrien n’avait pas tant insisté et fini par me persuader que vous aviez besoin de notre présence auprès de vous. J’écoute d’une oreille la conversation des adultes, mes yeux rivés dans ceux d’Antoine et je peux y lire tous les changements d’expression qu’il a à mon encontre, d’abord prudent voire méfiant, puis de plus en plus détendu pour enfin me sourire sans plus se forcer en réponse au mien amical que je porte sur lui et qui ne m’a pas quitté. Un petit signe de tête pour qu’il me suive dans la cuisine pendant que nos parents sont pris dans leur conversation et nous voilà bientôt attablé à nous confectionner des sandwiches que nous dévorons à pleines dents tellement l’heure tardive et la journée bien remplie nous ont mis en appétit. - Il en reste pour moi ? Je crève la dalle moi aussi Hi ! Hi ! Antoine se tourne surpris vers son père. - Tes boîtes sont encore dans la valise p’pa !! Je vais aller t’en chercher une !! - Il y en a marre de cette mixture !! J’ai envie d’une bonne tranche de jambon avec des cornichons et du beurre dans du bon pain frais comme il n’y a qu’en France qu’on en trouve !! - Tu sais bien que tu ne peux plus manger ces choses-là p’pa !! - Bien sûr que si qu’il peut !! Je coupe la moitié de mon sandwich, je lui tends la partie où je n’ai pas mordu dedans. - Tiens tonton !! Régale-toi !! Je te promets que tu ne risques plus rien !! - (Adrien) Merci Florian !! Je ne pensais pas te dire ça un jour tu sais ? - C’est le passé tonton !! Je le regarde mettre la nourriture à sa bouche et mordre dedans avec envie, j’en ai les larmes aux yeux de le voir aussi heureux d’apprécier un simple sandwich comme si c’était le repas le plus raffiné du monde. Il ne lui faut que quelques minutes pour en venir à bout, juste le temps pour moi de lui en préparer un autre et de le lui tendre. - Eh bien dis donc !! C’est un vrai plaisir de te voir te régaler autant !! Adrien entre deux bouchées. - Rends-toi compte que ça fait presque trois ans que je n’avale plus que ces mixtures en boîtes !! Hum !! Ahhh !!! Comme c’est bon !!! Je croque dans le mien avec appétit. - Ché vrai que ché cro bon !! Un fou rire nous prend tous les trois qui font arriver sur nous ma tante et mes parents curieux de connaître la raison d’un tel amusement. - (Florence) Chéri !! Qu’est-ce que tu fais ?? - (Adrien) Eh bien quoi !! Tu le vois bien, non ?? Hi ! Hi ! Je mange un sandwich avec les garçons Hi ! Hi ! CHAPITRE 44 (Amitié retrouvée) « Vingt-trois heures, chez les De Bierne » L’ambiance de cette fin de journée est de celle qu’ils n’avaient encore jamais connue depuis toutes ces années, amplement aidé par une facette qu’ils ne connaissaient pas de Florian, celle d’être passé maître es pitreries et surtout d’adorer se montrer en spectacle, les larmes n’étant cette fois que des larmes de bonheur qui se mélangent aux rires de cette famille qui comprend enfin que les mauvais jours sont enfin derrière eux. Antoine n’est pas le dernier à se tortiller sur son siège devant les frasques de son cousin, oubliant le pourquoi de sa venue et ne ressentant plus pour lui qu’une amitié qui il le sent bien se renforce d’heure en heure. Arrive le moment où les bâillements commencent à se faire ressentir d’une journée longue et bien remplie aussi bien par les heures d’éveil que par les émotions qu’ils viennent de vivre. - (Hellènes) J’ai préparé la chambre d’amis pour vous deux, Antoine dormira dans le canapé !! - Je lui laisse ma chambre m’man !! Le canapé m’ira très bien !! - (Antoine) Il n’y a pas de raisons !! - Si justement, il y en a pleins et tu vas venir me donner un coup de main pour changer les draps, pas de discussions c’est bien compris ?? - (Antoine sourit) Oui chef !! ***/*** Alors que les deux garçons ont quitté le salon, les adultes se regardent avec étonnement. - (Florence) Si on m’avait dit ça ce matin !! - (Hellènes) Je vous avais prévenus pourtant !! - (Adrien) Oui mais là je reste quand même sur le cul, ce n’est pas possible que ce soit le même Florian que celui qu’on connaît !! Un énorme éclat de rire s’échappe de la chambre. - Quand je pense qu’Antoine n’était venu que pour lui faire une grosse tête !! - (Pierre sarcastique) C’est un peu ce qu’il lui a fait aussi, rappelle-toi ? - (Adrien) Oui c’est sûr !! Mais écoute-les ? Qui pourrait penser une seule seconde que ces deux garçons se haïssaient il n’y a encore que quelques heures ? - (Florence) Je pense que cet accident nous a été salutaire à tous, vous ne croyez pas ? - (Hellènes) J’ai quand même failli perdre mon fils je vous rappelle !! Adrien hésite à dire tout haut la pensée qui lui vient soudainement, c’est le regard interrogateur de son beau-frère porté sur lui qui le décide. - Je me demande si… - (Pierre) Si quoi ? Termine ta pensée Adrien, je pense la connaître et j’ai eu la même moi aussi. - C’est complètement dingue ce que je vais dire, mais si en fin de compte l’ancien Florian était vraiment mort ? Nouvel éclat de rire venant de la chambre. - (Pierre amusé) Pour un mort il semble en pleine forme pas vrai ? - (Adrien) Dans la Bible il est dit que l’âme ne meurt pas et qu’il y a une vie après la mort !! - (Pierre) Depuis quand tu crois en ces conneries toi ? - (Adrien) Depuis ce soir !! Comment expliques-tu sinon ce qu’est devenu ton fils ? La demi-heure qui suit n’est que conjecture sur ce qu’est ou ce qu’a été Florian, chacun y allant de ses idées les plus farfelues jusqu’à se rendre compte que plus aucun son ne vient de la chambre et qu’ils se lèvent tous, curieux d’en connaître la raison. C’est Pierre qui ouvre doucement la porte, la pièce baignant dans la clarté lunaire et ce qu’ils voient alors les laissent sans voix, tellement la vision qu’ils ont des deux cousins endormis dans les bras l’un de l’autre et tout habillé sur le lit, est à l’opposé de ce qu’ils ont toujours imaginé qu’il pourrait arriver un jour entre eux. CHAPITRE 45 (Trois semaines plus tard) « Sortie du lycée » Pierre attend nerveusement devant l’entrée de l’établissement, c’était la dernière session d’examen que son fils passe en candidat libre aussi c’est en le cherchant du regard qu’il voit sortir tous ces jeunes garçons et filles le visage pour certains souriant alors que pour d’autres visiblement crispés d’avoir ou non répondu correctement aux sujets pour lesquels pourtant ils s’étaient pour la plupart préparés. Une tignasse rousse apparaît enfin au fond de la cour, seul comme il fallait s’y attendre et qui sourit malgré tout avec sa démarche féline en tenant nonchalamment son sac à dos en bandoulière. Pierre ne peut pas ne pas voir certains regards haineux posés sur son fils et même s’il en comprend bien la raison, son cœur ne peut éviter d’avoir le pincement de tristesse que lui occasionne cette vision. Florian passe la porte toujours avec ce sourire désarmant qui ne le quitte jamais et qui est sans doute la seule raison pour que ça en reste aux simples regards, beaucoup de ces jeunes devant être surpris voir incrédules devant un tel changement. - Alors ? Enfin terminé ? - Oui p’pa !! - Pas trop difficile ? - Ni plus ni moins que comme je m’y attendais, le plus dur c’est d’attendre que le temps alloué soit passé en faisant semblant de toujours cogiter sur sa copie avant de la rendre. - J’en connais qui s’ils t’entendaient te prendraient pour un prétentieux Hi ! Hi ! - Je sais p’pa !! Nous partons toujours à la fin de la semaine pour Aix ? - Bien sûr fiston !! Seulement comme je te l’ai dit, nous ne resterons pas longtemps ta mère et moi, le travail nous appelle et l’entreprise doit aussi avoir toute notre attention. - Tu crois que nous verrons tonton « Francky » à l’agence d’Aix ? Pierre sourit, visiblement amusé. - Je ne lui ai encore rien dit tu sais Hi ! Hi ! Normalement il y sera pour qu’on fasse le point avant qu’il prenne ses vacances. - Cool !! - Au fait !! Antoine est arrivé là-bas ce matin, il nous a appelés pour nous prévenir !! Comme ça, tu ne seras pas seul et ça te fera du bien d’être avec quelqu’un de ton âge. - Je le savais p’pa !! Il m’a envoyé un texto ce matin quand il est sorti de l’avion, il m’a aussi dit qu’il allait relooker la chambre Hi ! Hi ! J’imagine déjà la tête de papi et mamie. - (Pierre sourit) Je suis content que tout se passe bien entre vous deux maintenant, en plus là-bas vous pourrez sortir un peu !! Tu ne risqueras pas de rencontrer des gens qui te connaissaient avant. - Bah !! Au pire j’aurais fait l’amnésique, en plus pas besoin de me forcer puisque quelque part c’est un peu la vérité. Si je ne suis pas sorti ces dernières semaines, c’était juste pour lire un maximum de bouquins et je crois que j’ai pris la bonne initiative, j’avais presque oublié tout ce que je savais d’avant !! - C’est possible ça ? - Je m’en doutais un peu figure toi !! Il va falloir que je reparte quasiment de zéro, mais rassure-toi !! J’ai gardé ma mémoire photographique, il faut juste que je remplisse de nouveau le disque dur Hi ! Hi ! - Comment tu expliques tout ce que tu sembles avoir perdu ? - Oh !! Mais je n’ai rien perdu !! Du moins c’est ce qu’il me semble, juste que c’est quelque part en moi et que ça ne me revient pas !! Comme si c’était enfermé dans un coffre et que j’en ai perdu la combinaison, je sais que c’est là mais je n’arrive plus à y entrer. - Tu retrouveras bien la clé un jour, je te fais confiance là-dessus. La dernière phrase de mon père amène comme un souvenir diffus en moi, comme si cette clé était quelque part et qu’il me fallait la chercher, mais j’ai beau forcé ma mémoire rien n’y fait et c’est avec un soupir d’exaspération que je monte dans la voiture, tournant et retournant sa phrase en sachant bien que je n’ai pas fini de me poser la question tant que je n’en aurais pas trouvé la réponse. Voyant que rien ne sortira aujourd’hui, je préfère passer à autre chose et je reviens vers mon père avec cette fois une question qui m’amène le sourire. - Tu as bien envoyé le colis à Ming pour son fils ? - Bien sûr !! Je l’ai même appelé pour lui donner les instructions. - Tu lui as dit quoi ? - Que c’était un cadeau d’un ami commun pour Yuan et qu’il devait suivre à la lettre les instructions que j’ai mises avec le produit, je lui ai demandé de me faire confiance et il m’a promis qu’il insisterait auprès de son fils pour qu’il fasse un essai. - Faut s’attendre à les voir débouler d’ici peu alors Hi ! Hi ! J’ai hâte de revoir « Yu » !! - En espérant que ça se passera aussi bien qu’avec Antoine ? - Il n’y a pas de raisons !! Pierre conduit quelques kilomètres avant de poser la question qui lui brûle les lèvres. - Tu crois que ce sera pareil qu’avant pour vous deux ? Je parlais de votre liaison bien sûr !! - Alors là !! Tu me poses une colle !! Faudrait déjà qu’il ait les mêmes prédispositions avec les garçons ici et rien n’est moins sûr, rappelle-toi comment j’étais !! CHAPITRE 46 (Chez les Tsu, Shanghai) « Deux jours plus tard » - Excusez-moi maître Ming ! Ming se retourne sur son majordome. - Oui ?? - Un colis de France pour vous vient d’arriver !! - Ah !! Très bien, je l’attendais !! Posez-le dans mon bureau !! - Bien maître !! Ming termine son déjeuner en réfléchissant une fois encore à la dernière conversation pour le moins bizarre qu’il a eu avec son ami de toujours, Pierre semblait sérieux dans sa demande et pourtant ce n’est pas faute pour lui de connaître tous les traitements inefficaces qu’il a tentés pour soigner l’eczéma de son fils. Tous les spécialistes qu’il lui a fait consulter ont été unanimes, la maladie de Yuan étant inscrit dans ses gènes et de ce fait n’est pas guérissable tant qu’une avancée significative sur le génome ne permettra pas un traitement en profondeur de son mal, tout juste peuvent-ils le soulager des démangeaisons atroces qui prennent le jeune garçon quand ses crises se déclenchent. Alors penser qu’une simple pommade pourrait en venir à bout une bonne fois pour toutes comme semblait vouloir lui faire croire « Pierrot », reste pour Ming du domaine de la gageure pure. Ming repousse son assiette en soupirant car il a horreur de manger seul et le fait qu’il le soit ce jour-là comme à chaque fois que son fils s’enferme des semaines complètes dans sa chambre, l’attriste même s’il comprend que Yuan préfère ne pas se montrer pour éviter les regards fuyant du personnel domestique de la maison. Le brave homme se lève pour rejoindre son bureau, curieux malgré tout d’aller déballer le paquet qui l’y attend même s’il ne se fait guère d’illusion et encore moins d’espoir sur le résultat de ce nouveau traitement. Maintenant le ton de son ami quand il l’a appelé, semblait si convaincu et convaincant, que Ming ne pouvait pas ne pas lui faire la promesse de le tester sur son fils. Il déballe donc le petit colis avec une nervosité qui le fait sourire bien malgré lui, le petit pot sans étiquette qu’il sort du carton ne pèse pas bien lourd et ne devrait permettre qu’une seule application, ce qui lui semble bien peu pour venir à bout de toutes ses plaques purulentes recouvrant le corps de son fils. Il va pour jeter le carton quand il remarque une petite fiole sous la friture de polystyrène protégeant le pot des chocs du transport, celle-ci également dépourvue de toute annotation et contenant un liquide laiteux très peu ragoûtant au demeurant, suffisamment pour lui faire esquisser une grimace de dégoût. Ming dépose les deux objets sur la table et attrape l’enveloppe jointe qu’il ouvre dans la foulée pour en sortir la lettre que lui a écrite Pierre, il sourit en reconnaissant l’écriture patte de mouche de son ami qu’il a appris à déchiffrer avec le temps. ***/*** « Lettre » Mon petit Ming. Je connais tes pensées comme si c’étaient les miennes et non je ne suis pas fou de croire que ce que je t’envoie soit efficace pour ce dont souffre Yuan. Je connais également suffisamment bien ton fils pour savoir qu’il va t’envoyer bouler et donc je te propose d’appliquer la pommade à son insu, tu trouveras bien le moyen pour qu’il ne se doute de rien. Une goutte sur une de ses plaques devrait suffire pour qu’il en ressente rapidement les effets, ensuite il devra répartir le reste du pot sur tout son corps et tu devras lui faire avaler dans la foulée le contenu de la petite fiole sans qu’il se pose de questions, niveau goût ce n’est pas le top mais quand il connaîtra sa composition il comprendra Hi ! Hi ! Je sais très bien que tu vas vouloir en savoir plus et je m’attends à votre visite dans les prochains jours, sache que tu nous trouveras chez mes parents à partir du week-end prochain où j’emmène Florian pour l’été chez mes parents. Ferme la bouche mon ami Hi ! Hi ! Tu as bien lu !! Si je ne t’en dis pas plus c’est pour te garder la surprise et crois-moi elle va être de taille. Ton « Pierrot » Ps : Applique une goutte du produit sur la marque que t’ont laissé nos jeux débiles, je m’en veux toujours tu sais de t’avoir laissé te blesser ce jour-là. ***/*** Ming relit deux fois encore la lettre avant de la poser sur son bureau, ses yeux sont embués de larmes comme à chaque fois qu’il pense à son ami et cette fois-ci encore il n’y échappe pas, pourtant rien ne devrait le mettre dans un tel état puisqu’il n’y a jamais eu que du bonheur entre eux et chacune de ses visites en France pour le voir, est une joie sans cesse renouvelée. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 47 (Chez les Tsu, Shanghai) (suite) Il écarte deux des doigts de sa main gauche, là où le couteau lui a laissé la petite cicatrice et il revoit alors ce moment où avec Pierre, ils ont joué à ce jeu stupide qui consiste à planter la lame d’un couteau de plus en plus vite entre les doigts jusqu’à ce que l’un des deux s’arrête et perde la partie. Il a voulu gagner à tout prix ce jour-là et ce qui devait arriver arriva, le couteau entra profondément dans sa chair au point qu’il lui fallut aller se faire faire quelques points de suture et garder cette marque depuis toutes ces années en souvenir d’une adolescence studieuse mais parfois turbulente. La petite marque blanchâtre le fait sourire en se rappelant le moment de panique qui les a pris quand le sang s’est répandu sur la table, Pierre étant devenu blanc comme un linge en constatant les dégâts. Ming ouvre le pot d’onguent, son doigt nettoie les traces laissées sur le couvercle et dépose la pommade sur la minuscule cicatrice, massant doucement pour bien la faire pénétrer. Son sourire amusé se transforme très rapidement en ahurissement total quand après quelques secondes, la cicatrice disparaît comme par miracle. - Mais qu’est-ce… Ming referme le pot nerveusement, attrape la fiole et fonce directement vers la chambre de son fils, l’espoir immense qu’il éprouve alors lui fait battre le cœur à une vitesse folle l’obligeant à s’arrêter un instant pour tenter de le calmer. ***/*** « Chambre de Yuan » Quelqu’un qui se tiendrait devant la porte, ne verrait qu’un jeune homme aux cheveux mi-longs d’un noir de jais au physique magnifiquement dessiné et il lui faudrait s’approcher d’un peu plus près pour remarquer ce qui fait qu’un garçon de cet âge reste cloîtrer dans sa chambre. Yuan est en pleine crise de cet eczéma qui le ronge depuis toujours, la tristesse de son regard n’est que le reflet de celle de son cœur à se savoir affligé d’une telle maladie incurable et il ne profite vraiment de la vie que les rares semaines de rémissions, où il sort alors de sa coquille pour visiter le monde avec son père. Bien sûr il est facile de comprendre pourquoi ce garçon n’a aucun ami et encore moins d’amie, les seules personnes qu’il côtoie n’étant pour l’essentiel que de sa famille et les quelques garçons qu’il connaît vraiment, ne sont que des cousins qui pour la plupart ne cherchent pas, tant s’en faut, sa compagnie. Le seul avec qui il s’entend vraiment c’est Chan, seulement il vit en France depuis plusieurs années maintenant et les deux garçons ne se voient pas autant qu’ils le voudraient, seulement deux ou trois fois par an lors des brèves visites de son père à son ami de fac et seulement quand son état lui permet de le suivre. De penser à Pierre l’ami de son père lui amène une grimace de colère, pas contre lui bien sûr car Pierre tout comme Hellènes sa femme sont parmi les rares personnes qu’il aime vraiment et ne serait-ce leur fils Florian, Yuan serait le plus heureux des garçons à leurs rendre visite. Mais il y a cet être immonde qui le traite comme un pestiféré à chacune de leurs rencontres, s’amusant à le rabaisser plus bas que terre dès que l’occasion se présente et les yeux de Yuan deviennent noirs de haine envers ce démon qui pourrit la vie de tous ceux qu’il croise. La dernière fois qu’ils se sont vus revient en mémoire de Yuan, qui en serre les poings de fureur sourde. ***/*** « L’année précédente chez les De Bierne » Yuan était tranquillement assis dans un des fauteuils du salon à lire une revue en attendant que son cousin Chan ne vienne le chercher pour passer la soirée ensemble, quand la porte de l’appartement s’ouvre et qu’un rire désagréable le fasse sursauter. - Tiens !! Le chinetoque est de retour Hé ! Hé ! T’as pas mis ton maquillage de face de rat ? Va falloir qu’on désinfecte derrière toi pour ne pas attraper ta maladie le lépreux !! Tu devrais plutôt te cacher que de montrer ta gueule de monstre Hé ! Hé ! - Fous-moi la paix connard !! - Qui ça ? Moi ? Connard ? Tu ne t’es pas regardé du con !! J’aurais ta tronche de purulent j’irais me foutre à l’eau direct !! Allez-le bridé !! Ripe ta viande avariée de chez moi !! Tu empestes la mort !! - Pourquoi tu me cherches tout le temps ? - Qui ça ? Moi !! Je te cherche !! Tu rêves l’infecté !! T’es pourri jusqu’à la moelle !! Rien que de penser que je pourrais te toucher, ça me donne envie de gerber !! ***/*** Yuan sent ses larmes lui couler sur les joues, des larmes de fureur et de honte de n’avoir jamais osé lui casser sa petite gueule et pourtant ce n’est pas l’envie qui lui a manqué de le faire durant toutes ces années, seulement il n’a jamais pu s’y résoudre ne voulant pas se mettre à son niveau. CHAPITRE 48 (Chez les Tsu, Shanghai) (fin) « Toc ! Toc ! » Yuan reconnaît les deux coups brefs de son père, il s’essuie le visage avec une lingette qu’il jette ensuite sans la regarder dans la poubelle près de son lit. - Entre p’pa !! Ming ouvre la porte, il remarque aussitôt les yeux rougis et soupire de tristesse en comprenant que son fils ne va pas bien. - Tu as mal ? - Non, pourquoi ? - Je vois bien à tes yeux que ça ne va pas !! - Ce n’est rien p’pa !! Juste un coup de cafard. Ming garde ses mains derrière son dos, dans l’une d’elles il tient le pot ouvert et de l’autre y trempe deux doigts en s’approchant de son fils, il les lui passe doucement sous ses yeux cernés en faisant mine de vouloir le consoler. - Allons !! Ça va passer, tu ne veux pas descendre manger quelque chose ? - J’ai pas faim p’pa !! Yuan prend une nouvelle lingette pour s’essuyer là où son père à poser ses doigts. - Tu aurais pu te laver les mains, elles sont toutes grasses !! Ming n’en revient pas, le passage de la lingette découvre une peau saine qui tranche sur le reste de son visage couvert d’eczéma. - Non !! Ne la jette pas !! Regarde plutôt à l’intérieur !! Yuan observe son père sans comprendre. - Je sais bien ce qu’il y a dedans et ce n’est pas ragoûtant, tu le sais aussi bien que moi !! - Regarde je te dis !! Écoute ton père pour une fois !! Yuan plisse les yeux de surprise, c’est bien la première fois qu’il lui fait une telle demande alors qu’il sait très bien que la vue du pus mêlé au sang de ses chairs à vif lui donne envie de vomir. Quelque chose pourtant lui dit qu’il devrait l’écouter, ses yeux se baissent alors jusqu’à la lingette qu’il tient toujours en main et ce qu’il voit le laisse un bref instant dans l’incompréhension, au lieu des taches rougeâtres et verdâtres, il n’y a que des plaques de croûtes sèches comme il n’en a qu’en fin de crise. Mais là c’est beaucoup trop tôt et Yuan relève les yeux vers son père, ceux-ci marquant l’incrédulité la plus totale. - Mais… Je ne comprends pas !! Je suis juste en début de crise !! Ming sourit à son fils en lui tendant la main, de l’autre il lui montre le pot de pommade. - Viens avec moi dans la salle de bains, je t’expliquerai pendant que nous allons badigeonner ton corps avec ce produit miracle !! - Qu’est-ce que c’est ? - Je n’en sais absolument rien, mais ça m’a l’air sacrément efficace !! C’est Pierre qui vient de me l’envoyer pour toi !! - Pfffttt !! - Passe ta main sous tes yeux si tu ne me crois pas !! Yuan va pour prendre une nouvelle lingette quand son père l’arrête. - Non !! Juste tes doigts !! - Mais… - Fais ce que je te demande fiston. Yuan approche alors ses mains de son visage en tremblant, Ming les lui prend avant qu’il ne les pose au mauvais endroit et guide ensuite ses doigts sur la zone où lui-même a posé les siens enduits du produit quelques minutes plus tôt. Au début Yuan ne comprend pas vraiment où il veut en venir, le contact pourtant lui fait tout bizarre et il se fige de stupeur en saisissant enfin le pourquoi de toute cette mise en scène. Il se lève d’un bond et court tout seul dans la salle de bains pour faire face au miroir, découvrant avec stupeur la disparition totale de son mal là où il n’y a pas cinq minutes ça le démangeait encore. - Comment est-ce possible !! - Ce n’est pas le temps des explications mon grand !! Déshabille-toi que je t’en mette partout, Pierre a bien spécifié qu’il fallait que tu t’en recouvres tout le corps. ***/*** « Une bonne heure plus tard » Ming regarde son fils sortir de la douche, ses yeux rougis par l’émotion de voir le corps de Yuan enfin débarrasser de cette plaie qui le rongeait depuis sa naissance. La beauté de son garçon lui saute alors aux yeux, il retrouve en lui la grâce de sa mère qui était une des plus belles femmes qu’il n’avait jamais vues. Yuan s’aperçoit du trouble de son père et vient le prendre dans ses bras, l’instant est particulier tant par l’amour qu’il dégage que par le bonheur qu’amène cette guérison miraculeuse. Ming sort de sa poche la petite fiole et la tend à son fils. - Il faut que tu boives son contenu, c’est la dernière recommandation de Pierre pour que tout soit enfin terminé !! Yuan n’hésite pas une seconde, il porte la fiole à sa bouche et avale d’un trait le liquide visqueux à l’intérieur avec une moue dégoûtée. - Beurk !! Ça a un goût de salive !! CHAPITRE 49 (Chez les De Bierne, Paris) « Début de soirée, deux jours plus tard » Hellènes entend la clé dans la serrure et sourit à son mari qui apparaît dans le couloir, lui laissant le temps d’ôter ses chaussures et son manteau avant de venir lui sauter au cou. - Ta journée s’est bien passé mon chéri ? - Plutôt bien, oui !! Et pour vous ? - Florian m’inquiète, tu sais ? Il n’est pas sorti de sa chambre de la journée !! - Il t’en a pourtant expliqué les raisons ?? - Oui !! Peut-être !! Mais c’est à croire qu’il veut tout apprendre avant de partir !! En plus il dévore un livre de plusieurs centaines de pages en un rien de temps. - Il a une mémoire photographique rappelle-toi !! - Tu peux dire ce que tu veux, ça m’inquiète quand même !! Pierre embrasse sa femme. - Sinon à part ça ? - Pas grand-chose en fait, juste que je suis passé au secrétariat du lycée pour prendre des dossiers d’inscriptions pour Florian. - Ils ne t’ont pas fait trop de réflexions sur lui ? - Bah non !! Pourquoi ils auraient dû m’en faire ? - Allons ma chérie !! Combien de fois avons-nous été convoqués rien que cette année sur le travail désastreux de ton fils ? Hellènes sourit, c’est vrai que depuis quelque temps elle oublie facilement ce qui concernait l’ancien Florian et ma foi, elle ne s’en porte pas plus mal pour autant. - Et bien, non tu vois !! Aussi étrange que ça puisse paraître, je n’ai pas eu de commentaires de leurs parts ! - Tant mieux !! De mon côté j’ai un peu avancé et j’ai pris contact avec quelques relations assez bien placées, suffisamment en tout cas pour que la fac de Reims reçoive d’un bon œil la demande de Florian quand elle arrivera. - Ils sont d’accord pour l’intégrer parmi leurs étudiants à la rentrée ? - Disons qu’ils ne sont pas contre lui faire passer quelques tests de connaissances à la condition bien sûr qu’il obtienne son bac, ensuite seulement ils prendront leurs décisions. Je n’en espérais déjà pas tant, crois-moi !! Hellène hoche la tête en accord avec les dernières paroles de son mari, elle retourne ensuite à sa cuisine pour terminer de préparer le repas du soir quand la sonnerie de l’entrée se fait entendre. « Ding ! Dong ! » - Tu vas ouvrir chéri ? Je me demande bien qui peut venir à cette heure !! - J’y vais !! Pierre repose le dossier qu’il comptait étudier avant le dîner sur la table basse du salon, se lève pour aller ouvrir et reste un instant figé de surprises puis d’une joie sincère quand il reconnaît son visiteur. Ming sourit à son tour devant la mine ébahie de son meilleur ami. - Tu devais pourtant bien t’attendre à me voir arriver dans les plus brefs délais après tout ce qu’il vient de se passer ? - Ming ??? Hein !! Quoi !! Ah, oui bien sûr !! J’imaginais plutôt que tu nous rejoindrais à Aix comme je te l’avais écrit dans ma lettre. - Et attendre encore deux jours pour avoir les explications sur la guérison de mon fils !! Tu n’y pensais quand même pas sérieusement !! Pierre regarde son ami avec les yeux brillants du plaisir sans cesse renouvelé, comme à chacune de leurs rencontres. - J’aurais dû m’y attendre c’est vrai !! Mais entre donc !! Hellènes ??? Devine qui est là ???? Hellènes sort de sa cuisine en s’essuyant les mains avec son torchon. - Comment veux-tu que je le… !! Ming !! Quelle surprise !! Elle regarde vers la porte. - Tu es venu seul ? - Bien sûr que non, seulement Yuan voulait passer à l’appartement avant de me rejoindre chez vous. Il… comment dire !! Craint… un peu de se retrouver face à votre fils. CHAPITRE 50 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) - (Pierre) Je comprends !! Florian est dans sa chambre si tu veux lui parler, juste qu’il faut que tu saches avant que c’est lui qui a conçu la pommade tout comme le contenu de la fiole que je t’ai fait parvenir, ce n’est plus le Florian que tu as connu. Essaie de te rappeler mes paroles quand tu seras face à lui, je sais très bien que tu ne l’as jamais porté dans ton cœur et qu’il a toujours été odieux avec toi et encore plus particulièrement avec ton fils. - (Ming) Odieux est un mot bien faible pour toutes les paroles qui pouvaient sortir de sa bouche, ce n’est que par amitié pour vous deux que je n’ai jamais voulu réagir et ce n’est pas vous qui ramassiez mon fils à la petite cuillère après chacune de nos visites. - (Pierre surpris) Comment ça à la petite cuillère ?? Pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ? - (Ming) Ouvre les yeux mon grand !! Tu ne voulais rien voir à l’époque et si je t’en parle maintenant c’est juste parce que j’ai le sentiment qu’il s’est réellement passé quelque chose, tes paroles après la guérison miraculeuse de mon fils ont un accent de vérité qui ne me trompe pas. - (Hellènes) Et tu as raison de le croire, je voudrais juste que tu ne te braques pas contre Florian quand tu vas le voir. Il risque de te perturber fortement dans sa nouvelle façon d’être. - (Pierre) Il faut juste que tu saches une dernière chose, pour lui tu es un de ses meilleurs amis et pour Yuan c’est… heu… disons… encore plus fort, c’est d’ailleurs pour ça qu’il a tenu absolument à ce qu’il prenne au plus vite les potions qu’il a préparées spécialement pour lui. - (Ming) Tes propos au lieu de répondre à mes questions me font m’en poser encore davantage, j’espère que tu t’en rends compte ? - (Pierre) Et ce n’est rien à côté de toutes celles que nous nous posons et que tu te poseras encore, crois-moi sur parole !! Ces derniers mois ont été pour nous la découverte de choses que nous n’aurions jamais pensé être possibles ni imaginables sans nous poser de sérieuses questions sur notre santé mentale. - (Ming sourit) Ça a l’air d’aller pourtant ? - (Pierre) Aussi étrange que ça puisse paraître, ça va très bien en effet et ne me demande pas pourquoi, ma seule réponse serait que c’est sans doute à cause du bonheur que nous vivons quotidiennement depuis que tout a commencé. ***/*** « Yuan » Beaucoup dans la rue se retournent sur ce magnifique garçon brun et souriant d’origine asiatique au corps ciselé par le sport, déambulant en chemisette les bras chargés des courses qu’il vient de faire pour réapprovisionner le frigo. Yuan bien sûr ne peut manquer de remarquer ces regards sur sa personne et son plaisir n’en est que décuplé de pouvoir enfin ne plus se cacher derrière des vêtements le couvrant de la tête aux pieds et ce en n’importe quelle saison, sa guérison semblant définitive quoiqu’il n’en comprenne encore pas comment ça a pu être possible en si peu de temps. Il compte bien en savoir plus très rapidement, c’est le but d’ailleurs de ce déplacement non programmé et sa curiosité tout comme celle de son père les ont rendus fébriles pendant toute la durée du voyage, à peine entaché par l’idée d’avoir une nouvelle fois à être mis en présence du rouquin. D’après son père et de ce qu’il en a retenu de sa conversation téléphonique avec Pierre, ce remède serait en rapport plus ou moins direct avec Florian et sa sortie récente du coma, sans qu’ils puissent s’en expliquer ni la raison ni même ne serait-ce qu’un début d’explication sur la provenance de cette médication miracle. En attendant le résultat est là, jamais de toutes ces longues années son corps n’a été débarrassé entièrement comme c’est le cas aujourd’hui des plaques qui lui pourrissaient la vie ; comme celles qu’il avait en permanence entre les jambes et qui le faisaient souffrir le martyre lors de ces moindres efforts un peu trop poussés. Le fait de ne plus rien ressentir le rend euphorique, les escaliers de marbre menant à l’appartement sont gravis quatre par quatre et sitôt les sacs déposés dans la cuisine, il se rend dans la salle de bains pour se mettre nu comme à chaque occasion depuis sa guérison pour se regarder sous toutes les coutures. Yuan passe sa main lentement entre ses jambes pour en ressentir la douceur de sa peau, rien que ce geste lui fait dresser fièrement son sexe long et fin jusqu’alors reposant tranquillement au-dessous de son pubis à la chevelure noir corbeau. Un petit sourire malicieux suit de peu une manipulation qui n’a pour toute raison d’être, que de se donner un plaisir qui d’ailleurs ne tarde pas à venir et ce sont plusieurs longs jets d’un liquide opaque, qui viennent terminer leurs courses dans le lavabo. Encore cette fois-ci il ne lui aura pas fallu beaucoup de temps pour arriver au résultat final, Yuan malgré tout en a éprouvé comme à chaque fois un orgasme puissant et comme encore à chaque fois, il se maudit ensuite de l’image qui hante sa libido dans ses moments les plus intimes et qui lui a permis comme bien souvent pour ne pas dire à tous les coups, de jouir aussi fort au point de le rendre haletant et tremblant de tous ses membres. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 51 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) « Florian » Mon cerveau classe les données au fur et à mesure que je les lui transmets, ça fait plusieurs semaines que je passe tout mon temps libre à lire ou visionner tout ce qui peut me servir pour mes futurs projets en évitant le plus possible de ne pas me perdre dans des connaissances qui ne me seraient pas utiles dans l’immédiat. Mes souvenirs me remontent toutes ces longues années que mes deux anciens moi ont passé le nez enfoui dans les bouquins, pour des raisons bien entendu complètement différentes mais que je ne pourrai rattraper j’en suis bien conscient en quelques mois. Il me faut donc faire le tri entre ce qu’il me sera utile et ce qui peut attendre à plus tard, même si mes envies tentent souvent de me détourner de mes objectifs. Maintenant j’en suis encore loin dans les connaissances acquises pour pouvoir mettre en œuvre quelques formules que ce soit et développer de par ce fait un quelconque médicament innovant, seul le souvenir que j’ai pu le faire me revenant en mémoire sans pour autant en retrouver la formulation. Il va donc me falloir du temps et beaucoup d’énergie pour retrouver toutes mes facultés, déjà mes progrès en mathématiques et en biologie m’amènent un grand sourire de satisfaction, ne reste plus qu’à potasser les manuels de médecine pour ensuite commencer les travaux de recherches pratiques. Je pense sincèrement que j’en aurais assimilé assez pour la rentrée de septembre, suffisamment en tout cas pour suivre les cours sans problème et pouvoir ainsi prendre de l’avance dans les domaines de prédilections qui m’ont toujours passionné. Je suis tellement pris entre le livre que je feuillette, l’écran de l’ordinateur où défile un cours accéléré d’anatomie appliquée et la télé qui diffuse un film américain en version originale, pour ne pas entendre entrer ceux qui restent un long moment à me regarder complètement abasourdis par ce qui pour eux ne peut être qu’une cacophonie d’images et de sons. ***/*** « Ming, quelques minutes plus tôt » - Et bien !! Allons voir à quoi ressemble ce nouveau bonheur mon ami !! Pierre sourit en frappant un coup bref et en ouvrant la porte, le priant d’un geste de la main de passer devant et stupéfié tout comme lui du spectacle qu’il a à présent sous les yeux, les laissant muets de surprises jusqu’au moment où enfin Florian s’aperçoit qu’ils sont là et pousse un cri de joie en se levant brusquement, se jetant dans les bras d’un Ming complètement abasourdi cette fois et qui n’a que le réflexe d’écarter ses bras pour le recevoir contre sa poitrine. - Miinnngggg !!!! Waouhhhh !!!! Quelle joie de te voir !!! - (Pierre amusé) Doucement Florian !! Laisse-lui le temps de comprendre ce qu’il lui arrive Hi ! Hi ! Ça doit lui faire un sacré choc !! Pas vrai Ming ?? Ming repousse assez fermement le jeune rouquin, qui du coup en reste figé de déception à se sentir refoulé aussi prestement et les paroles du petit homme qui de colère en retrouve sa langue natale, ne cache pas la rancœur qu’il éprouve pour celui qui depuis toujours n’a eu de cesse d’avilir son fils. - 但最后是你玩什么 ! (Mais enfin à quoi tu joues !!) - 我向你保证我还不起 !我们会给你的想法前弗洛里安不再存在,新做的它记住你为亲爱的朋友 !觉得你可以 y 发生了吗? (Je t’assure que je ne joue pas !! Il va te falloir te faire à l’idée que l’ancien Florian n’existe plus et que le nouveau ne se souvient de toi que comme d’un ami très cher !! Penses-tu pouvoir y arriver ?) Ming sur le coup ne percute pas que le petit rouquin suppliant en face de lui vient de lui répondre dans sa langue, tellement ses paroles mais surtout le son de sa voix le perturbent. C’est Pierre qui le fait revenir à la réalité, quand il s’exclame surpris. - Depuis quand tu parles chinois, toi ??? CHAPITRE 52 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) Ming regarde son ami Pierre visiblement surpris de sa question. - Enfin Pierrot !! Je suis chinois je te rappelle !! - (Pierre amusé) Ce n’est pas à toi que je posais la question !! Leurs regards se dirigent droit vers moi qui reste songeur, encore pris dans les paroles de Ming à mon égard. - Hein !! Ah oui !! Depuis longtemps je crois, ça m’est revenu sans réfléchir !! - (Ming incrédule) Tu parles vraiment ma langue ? - 谈好我的嗨 !你好! (Tu parles bien la mienne Hi ! Hi !) En fait je pense connaître toutes les langues et surtout ne me demandez pas comment c’est possible, je n’en sais pas plus que vous !! Ming commence à comprendre que sa réaction de tout à l’heure n’était due qu’à ses préjugés sur ce qu’il connaissait du fils de son ami, maintenant que l’effet de surprise est passé il se rend compte des différences fondamentales entre les deux mentalités et ce même si le physique reste le même, à part peut-être la coupe de cheveux qui il doit bien le reconnaître est beaucoup plus plaisante voir amusante qu’avant. - Je me suis laissé emporter sans tenir compte des avertissements de ton père, je m’en excuse. - Ce n’est pas grave, j’ai eu droit au débriefing de ce qu’était l’ancien Florian et je suis même étonné que tu ne te sois contenté que de me repousser, moi à ta place j’aurais très certainement été beaucoup plus violent. - (Pierre) Nous serions certainement mieux dans le salon et Hellènes doit se demander ce qu’il se passe dans cette chambre. - (Ming) Tu as raison !! Allons la rejoindre !! Au moment où il s’apprête à sortir de ma chambre, je le retiens par un bras. - « Yu » n’est pas venu avec toi ? Ming se retourne visiblement étonné. - « Yu » ?? C’est comme ça que tu appelles mon fils dans tes souvenirs ? - Eh bien oui, pourquoi ? - (Ming sourit) Ça va le changer alors !! Et pour sa maladie de peau ? - Oh !! Dès que nous nous sommes vus la première fois, le courant est tout de suite passé entre nous et je l’ai guéri de la même façon qu’ici, tu lui as bien donné la pommade que mon père t’a envoyée ? - (Ming amusé) Pourquoi crois-tu que nous avons fait ce long voyage ?? Par contre niveau courant, attends-toi plutôt à un sacré court-circuit Hi ! Hi ! - Je m’en doute bien tu sais !! Déjà avec « Toinou » j’ai failli y laisser ma peau, heureusement pour tout le monde que certaines disons… « spécificités » que j’avais d’avant, sont restées efficaces aussi ici. - (Pierre) Vous comptez rester campés longtemps dans le couloir vous deux ? - (Ming) On arrive !! Il reporte son regard curieux vers moi, visiblement une question lui brûle encore les lèvres. - C’est bien de ton cousin Antoine que tu parles ? - Bien sûr !! Qui d’autre veux-tu ? - Ça s’est terminé comment au final avec lui ? - Très bien !! Nous sommes redevenus amis comme dans mon passé. - Ah !!! Souhaitons alors qu’il en soit de même avec mon fils. - Tu me crois maintenant alors ? - Il le faut bien !! Tu es visiblement à l’opposer du Florian que je connaissais, j’espère juste que Yuan s’en apercevra lui aussi !! Vous étiez également amis si je ne me trompe ? - Plus qu’amis !! Ming plisse les yeux de surprises. - Qu’entends-tu par « plus qu’amis » ? - Disons pour faire simple que nous éprouvions l’un vis-à-vis de l’autre, les mêmes sentiments que tu as depuis toujours envers mon père. CHAPITRE 53 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) Ming reste un instant sans voix. - Tu as déjà parlé de ça avec Pierre ? - Bien sûr et il m’a avoué qu’il l’avait toujours su !! Je ne parle pas de moi et « Yu » bien sûr, parce que quand je le lui ai avoué il est tombé des nues comme tu dois bien t’en douter. Maintenant j’ai bien compris que c’est votre secret et si je t’en ai parlé, c’est juste parce que nous avons déjà eu cette conversation et que l’aveu était venu de toi, j’espère que ta confiance d’alors redeviendra aussi forte quand tu auras la certitude que je ne suis plus du tout celui que tu as connu jusque-là. - Il va me falloir du temps pour que je me fasse à tout ça !! C’est tellement… extraordinaire !! - Il est peut-être temps de rejoindre mes parents dans le salon ? Nous aurons l’occasion d’en reparler maintenant que les choses sont dites et que ton regard sur moi a changé, parce qu’il a changé n’est-ce pas ? Ming réfléchit quelques secondes avant de répondre, son visage devenu soudainement amical. - Il va te falloir convaincre beaucoup de monde avant que tu puisses retrouver une vie normale, je suis certain que tu y arriveras. - Qu’est ce qui te fait dire ça ? - Mon intuition !! Mais aussi parce qu’il ne peut en être autrement, ta façon d’être dénote à elle seule que tu n’as plus rien de commun avec le Florian que nous avons connu. Aussi bizarre que ça puisse paraître, j’aime bien le nouveau Florian que tu es devenu et je pense que si tu continues dans cette ligne de conduite, l’autre sera vite oublié. Maintenant ça ne répond pas à toutes les questions qui se posent, questions auxquelles il faudra bien trouver les réponses un jour ou l’autre. - Peut-être qu’elles sont quelque part dans ma tête ? Et qu’un jour j’en connaîtrai suffisamment sur moi pour comprendre ce que je suis et surtout le pourquoi de toute cette histoire, pour l’instant j’en suis au même point que vous tous !! Bien obligé de l’accepter comme elle est, malgré tout ce qu’elle peut avoir d’irréelle et d’incompréhensible. - Ne t’en fais pas mon garçon !! Je suis certain que tu y arriveras, il faut juste que tu fasses la part de l’imaginaire et du réel dans tous tes souvenirs. - Le hic tu vois !! C’est que pour moi c’est ou tout l’un, ou tout l’autre !! Nous en finissons là et entrons dans le salon encore plus troublés qu’avant cette conversation. - (Pierre) Ah !! Quand même !! Mais dites donc vous deux ?? Tout a l’air d’aller beaucoup mieux entre vous, je me trompe ?? Ming se place près de son ami, visiblement embarrassé. - Alors comme ça, tu savais ? Pierre rougit en comprenant à quoi Ming fait allusion. - Je ne voulais pas t’embarrasser tu comprends ? Pour moi tu es avec Franck celui que je considère comme un frère et j’ai toujours éprouvé une grande fierté quant à tes sentiments envers moi, même si je ne savais y répondre sur certains points. Les sourires qu’ils se donnent parlent mieux que n’importe quelles paroles, je n’attends donc pas que la gêne vienne s’instaurer entre eux et je pose la question qui trop longtemps est restée sans réponse. - Au fait vous deux !! Vous allez pouvoir éclairer ma lanterne, Papi et Mamie n’ont jamais voulu me répondre !! Sur le dessin que Papi garde précieusement, c’est lequel de vous deux qui a la plus grande Hi ! Hi ! Hellènes sourit car elle comprend tout de suite à quoi son fils fait mention, c’est donc d’une manière détournée qu’elle me donne la réponse. - Ton père me disait dernièrement qu’il avait enfin trouvé en toi quelque chose qui vient de lui, c’était la fois où tu es sorti nu de la salle de bains !! Mon dieu qu’il a été fier ce soir-là Hi ! Hi ! Quand il a enfin trouvé le lien de filiation, et quel lien apparemment !! Ming en a les yeux qui se plissent d’amusement, il revoit cette soirée où lui et Pierre ayant abusé de l’alcool, ont eu cette super idée de tracer sur une feuille de papier les contours de leur sexe en érection et ce juste pour pouvoir les comparer ensuite et faire cesser ces allusions graveleuses sur celui qui avait la plus grande. - Je pensais bien que nous l’avions détruite !! Va falloir que j’en cause deux mots à Michel Hi ! Hi ! - Et donc ?? - (Pierre) Ta mère t’a donné la réponse il me semble Hi ! Hi ! - (Ming) Certaines réputations n’ont pu hélas que se révéler exactes une fois de plus. - (Pierre fier) Et j’ai gagné Hi ! Hi ! - (Ming) C’est exact, mais d’une courte tête reconnais le !! Pierre fait un clin d’œil à son ami. - (Pierre) Si tu le dis !! Mais ôte-moi d’un doute ?? Ce n’est pas suite à cette soirée que t’est venu ton surnom ?? - (Ming) Tu crois ?? - (Pierre) J’en suis sûr !! - Moi je sais Hi ! Hi ! Ils me regardent tous les deux, attendant la suite. - Maintenant que vous en parlez !! Je croyais jusqu’à maintenant que c’était à cause de ta taille que Papi t’appelait « le petit Ming » !! Je comprends aujourd’hui qu’il faisait allusion à autre chose !! - (Ming curieux) Depuis tout à l’heure tu parles de Michel ? J’aurais plutôt pensé que ça venait de ton père !! Je lui explique alors les différences dans mes souvenirs, différences qui ne sont pas juste liées à ce que j’étais mais aussi à beaucoup d’autres facteurs qui n’étaient pas toujours heureux eux non plus. C’est quand j’ai presque terminé mon histoire, que la sonnerie de l’entrée retentit et qu’ils voient bien tous la pâleur qui me prend soudainement en comprenant qui doit être le nouveau visiteur. Ming à côté de moi vient me prendre la main, je vois bien qu’il le fait pour me rassurer et c’est avec un petit sourire timide que je réponds à son geste pendant que ma mère va ouvrir et que Yuan apparaît dans la pièce, sidéré de ce que ses yeux voient sur l’instant. CHAPITRE 54 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) Ming se met entre Florian et son fils, son air protecteur envers le petit rouquin choque Yuan. - (Yuan) P’pa !!! Qu’est-ce que tu fais ?? - (Ming) J’essaie d’éviter que se reproduise la même chose qu’avec moi quand je suis arrivé fiston !! Je passe la tête au-dessus ce celle de Ming, en me mettant sur la pointe des pieds. - Salut « Yu » !! Tu vas bien ? Yuan sursaute et fixe le petit rouquin avec un regard noir de colère. - Qu’est-ce que ça peut bien te faire !! - (Ming) Ne dis plus rien et écoute-moi !! Tu risques sinon de regretter tes prochaines paroles !! C’est grâce à Florian si ta maladie n’est plus qu’un mauvais souvenir, avant de continuer sur ce ton avec lui je te demande juste d’y réfléchir à deux fois !! Il n’a plus aucun souvenir de ce qu’il était avant son accident, alors c’est inutile de lui en faire des griefs même si c’est exactement ce que j‘ai commencé à faire en le voyant. - (Yuan) 你什么都说爸爸!你还不理解它越来越高你一艘船! (Tu dis n’importe quoi p’pa !! Tu n’as pas encore compris qu’il est encore en train de te monter un bateau !!) Ming me serre plus fort la main en se tournant vers moi. - 你想要见到他吗? (Tu veux lui répondre ?) Le regard que jette Yuan sur son père vaut le coup d’œil et quand il m’entend répondre dans sa langue, je crois que là son ahurissement a atteint des sommets. - 在我的记忆中我们是朋友和我希望一件事,它是你完成的相信我,因为我是真诚的 (Dans mes souvenirs nous étions amis et je ne souhaite qu’une chose, c’est que tu finisses par me croire car je suis sincère) Pendant qu’il reprend ses esprits après mes paroles, je ne peux m’empêcher de l’admirer et mon cœur s’accélère devant ce garçon qui a été mon ami mais surtout pour une part de mes souvenirs du moins, mon amant et je comprends qu’une fois encore je me laisse prendre à toutes les qualités qui m’ont toujours attiré vers lui. Mon visage doit certainement refléter une bonne partie de mes pensées car le sien change également et de colérique voire haineux, il devient petit à petit curieux voire surpris de mon attitude envers lui. ***/*** « Pensées de Yuan » Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire !! Pourtant mon père a l’air d’avoir pris le parti de lui faire confiance !! Bizarre quand même ce changement aussi soudain de la part du rouquemoutte !! Et puis sa coupe de douille ?? J’avoue qu’il est trop trognon comme ça avec sa petite bouille toute grêlée !! Oh !! Yuan !! Du calme !! Tu ne vas quand même pas te laisser avoir encore une fois, ce n’est pas parce que tu fantasmes sur lui qu’il faut croire qu’il ait pu changer à ce point !! Maintenant c’est quand même bluffant, je n’ai pas l’impression que ce soit l’autre tâche qui est en face de moi !! Et puis c’est quoi cette histoire avec ma guérison ?? Pourquoi papa dit-il que c’est grâce à lui ?? Pourquoi il me regarde comme ça maintenant ?? Il est tombé amoureux ou quoi ?? Hum !! Si seulement c’était vrai !! Mais ne rêve pas Yuan !! Fais comme ton père te demande et reste poli en attendant de mieux comprendre à quoi rime toute cette histoire !! Pourquoi au lieu de vouloir lui en mettre une, j’ai envie de le serrer dans mes bras ?? Putain ses yeux !! Je n’en ai jamais vu d’aussi beaux !! Bon !! Ce n’est pas le tout mon « Yu » !! Va falloir que tu te bouges, sinon ils vont finir par se demander quoi !! ***/*** - Ouaih !! Bon !! J’attends qu’on m’explique ce qu’il se passe ici, c’est quoi ces souvenirs de choses que je ne me rappelle pas et pour cause, ton coup sur la tête semble t’avoir plus déranger l’esprit qu’autre chose !! Ma foi je ne devrais pas m’en plaindre puisque tu ne m’as pas encore traité de tous les noms, rien que ça amène déjà de quoi se poser des questions. Florian 18 ans Ou Le don de guérir (livre 3) - janou40 - 11-09-2020 CHAPITRE 55 (Chez les Viala, Reims) (Les trois frères) « Appartement des Viala, quartier saint Rémi » Guillaume rentre du lycée, il dépose son sac dans sa chambre et il va pour se diriger vers la cuisine pour y prendre une boisson avant d’aller un peu sur les réseaux sociaux voir ce qu’il s’y passe, quand un petit bruit venant de la chambre de son plus jeune frère le fait sourire et tendre l’oreille en la plaquant contre la porte. Il reste comme ça une petite minute, comprenant bien ce à quoi s’adonne encore une fois Damien et ne voulant pas plus que ça jouer les voyeurs, il continue son chemin en soupirant d’amusement. C’est vrai que « Dami » depuis quelques années déjà, n’est pas des plus discrets quand il s’adonne comme en ce moment au plaisir dit « solitaire » et c’est encore pire quand il se croit seul. Guillaume reconnaît volontiers qu’il n’est pas le dernier non plus à ce genre de jeu, se contentant toutefois d’attendre le soir quand il est bien installé dans son lit et le mouchoir qui lui sert à recueillir le fruit de son plaisir est parfois dans un tel état de raideur, qu’il finit par le jeter dans une poubelle de peur que sa mère ne se rende compte de ce à quoi il sert. - Ahhhh !!!! Guillaume retient l’éclat de rire qui menace de le prendre, il sort un second verre en sachant bien la première chose que va faire son cadet en sortant de sa chambre. Damien n’y manque encore pas cette fois-ci et son visage marque l’étonnement, puis la gêne en comprenant au sourire de son frère qu’il a dû se faire capter. - (Guillaume amusé) Tu devrais mettre une sourdine quand tu te secoues la bite !! - (Damien) Pffttt !!! N’importe quoi !! Guillaume lui tend le verre en haussant les épaules. - Tu n’as pas à en avoir honte c’est normal à ton âge, je te demandais juste d’être plus silencieux !! Imagine que ce soit les parents qui t’aient entendu ? Ou alors fais comme moi !! Mets de la musique pour couvrir le bruit. - (Damien surprit) Ah !! Parce que toi aussi, tu… - (Guillaume) Bien sûr qu’est-ce que tu crois ? Seulement je sais faire attention, moi !! Damien sourit à son frère, content qu’il lui ait avoué que lui aussi s’adonne à la branlette. - Pourquoi tu ne m’en avais jamais parlé avant ? - (Guillaume) Et pourquoi je l’aurais fait ? Tu peux me le dire ? Ce n’est pas une activité qu’on aime à crier sous sur les toits non plus, même si tout le monde le fait !! - (Damien) Même « Aurel » tu crois ? - (Guillaume) Il n’est pas autrement fait que les autres garçons tu sais !! Damien a alors un rictus qui amuse aussi son frère qui comprend le fil de ses pensées. - (Guillaume) Vas-y !! Dis ta connerie du jour Hi ! Hi ! - (Damien) J’ai du mal à imaginer le grand qui se secoue la queue Hi ! Hi ! - (Guillaume) Et pourquoi donc ? - (Damien hilare) C’est surtout le fait de secouer tu comprends ? Pour ça il faut une certaine énergie Hi ! Hi ! - (Guillaume) Ça doit sortir tout seul par effet de trop-plein alors Hi ! Hi ! Damien qui était en train de boire s’en étouffe en recrachant sa gorgée d’eau. - Hi ! Hi ! T’es con !! J’ai avalé de travers Hi ! Hi ! La porte d’entrée s’ouvre à nouveau et met un temps certain avant de se refermer, ce qui amène un nouveau fou rire des deux frères qui se doutent bien de quel membre de la famille il s’agit. - (Guillaume) On est dans la cuisine « Aurel » !! T’as soif ? Temps mort, puis une voix emplie de « zenitude » répond. - Ouaih !! Cool mec !!! CHAPITRE 56 (Chez les Viala, Reims) (Annie) « Tribunal de Reims » Annie est plongée dans ses dossiers, elle réserve toujours ses fins de journée pour traiter les cas les moins difficiles et celui qu’elle lit actuellement est de ceux qu’elle estime qui ne devrait pas arriver jusqu’à son bureau. Des parents de la haute noblesse qui laissent leur enfant unique poursuivre ses études au demeurant brillantes, en ne lui octroyant que le minimum d’argent pour qu’il ne crève pas de faim. Quand elle a reçu le jeune Marc, celui-ci lui est apparu si maigre qu’elle en a eu un sursaut de stupeur et le fait est que ce garçon longiligne n’a que la peau sur les os, tout ça sans vraie raison médicale apparemment si ce n’est sans doute les privations qu’il s’oblige pour pouvoir boucler ses fins de mois. C’est un de ses amis qui a porté l’affaire en justice, un jeune homme à la carrure impressionnante et qui de suite lui a amené sa sympathie, suffisamment en tout cas pour qu’elle accepte de se saisir du dossier et convoque les parents du jeune Marc pour avoir leur version des faits afin de pouvoir ensuite rendre son jugement. « Dring !! Dring !! » Annie décroche le téléphone. - Allô !! - ……. - Elle-même !! À qui ai-je l’honneur ?? - ……. - (Annie sourit) C’est toi Paul ?? En voilà une surprise !! Depuis le temps !! - …… - Tu n’as pas à t’excuser !! Je suis aussi fautive que toi, mais tu sais entre l’installation, les enfants et le travail, le temps passe si vite !! - ……. - Oui je t’écoute ?? - ……. - Pas de soucis voyons !! Mais qu’a donc ce garçon pour que tu t’y intéresses à ce point ?? - ……. - Je comprends !! Drôle d’histoire !! Tu crois vraiment qu’il est sincère ?? - …….. - Hum !!! J’ai toujours reconnu tes qualités intuitives, mais là au vu de ce que tu viens de me dire le doute est quand même de mise et permets-moi de te dire que je reste sceptique sur cette amnésie qui tombe à pic, ça sent l’entourloupe à plein nez !! - ……. - Entendu !! Tu me l’envoies et je traiterais son cas avec impartialité, mais es-tu certain qu’il viendra vraiment poursuivre ses études à Reims ? - ……. - Ah !! D’accord !! Et bien au cas où, je prendrais ce dossier en charge !! Merci de ta confiance Paul et si tu passes dans la région, n’hésites pas à venir nous voir !! - ……. Annie raccroche, son front se plisse de réflexion et cherche désespérément dans sa mémoire où elle a déjà entendu ce nom de Florian De Bierne, qui ne lui est pas inconnu mais sans pouvoir toutefois arriver à mettre le doigt dessus. Paul lui a promis de lui envoyer au plus vite une copie du dossier le concernant, peut-être qu’alors ça lui reviendra en mémoire et elle soupire en replongeant dans le dossier du jeune Marc Antoine De Lamarlière, qui pour l’instant a plus besoin d’elle que ce garçon soi-disant amnésique. Malgré tout, elle ne peut s’empêcher d’y penser et le fait que ce nom lui parle sans pouvoir s’en rappeler les circonstances l’exaspère particulièrement, aussi c’est en soupirant d’énervement qu’elle referme le dossier et qu’elle quitte son bureau pour rentrer chez elle, se connaissant suffisamment pour savoir qu’elle n’aura plus l’esprit à son travail pour aujourd’hui. Ce n’est seulement qu’en conduisant, que tout lui revient d’un seul coup et son visage se ferme alors comme une huître, elle revoit le minois angelot mais au combien trompeur du petit rouquin alors qu’elle était encore au tribunal pour enfants à Paris. C’était quelques mois avant sa demande de mutation et elle avait eu en main cette affaire de viols de jeunes hommes après avoir été drogués et ensuite mis dans les pattes de vieux vicieux contre de l’argent. Le jeune De Bierne était impliqué comme accusé d’être l’un des principaux protagonistes de ce trafic et si elle a prononcé un non-lieu cette fois-là, c’était la mort dans l’âme car elle était intimement convaincue de sa culpabilité. Seulement les victimes ne se rappelant de pas grand-chose ont fini par tous retirer leurs plaintes, les avocats de la famille De Bierne leur rappelant insidieusement à la moindre occasion que le manque de preuve flagrante pourrait se retourner contre eux et qu’ils risquaient à leur tour de passer en jugement pour accusations mensongères. Annie se rappelle très bien maintenant le regard ironique du jeune rouquin fixé dans le sien pendant toute la durée des débats, jamais il n’a baissé les yeux semblant prendre plaisir à se moquer d’elle. Les autres accusés quant à eux notables notoirement connus, avaient tous de bonnes raisons d’être ailleurs aux moments des événements et elle savait bien dès le départ comment tout cela finirait en fin de compte, le non-lieu qu’elle a dû prononcer ce jour-là lui restant comme un goût amer lui démontrant une fois de plus que pouvoir et argent ne sont pas de vains mots. CHAPITRE 57 (Chez les Viala, Reims) (Frédéric) « Université de médecine, Reims » Frédéric range avec soin son bureau, sa première année comme professeur de chirurgie réparatrice étant terminée et c’est avec le sourire qu’il fait le bilan somme toute positif de ce tournant dans sa carrière, enseigner étant ce qu’il rêvait de faire depuis la sortie de ses études. Il va pouvoir consacrer ses prochains mois à plein temps au CHU où il y a également un emploi, ses quinze heures de cours n’étant pas et de loin suffisant pour lui qui est un homme ne pouvant pas imaginer un instant rester sans rien faire. L’année qu’il vient de passer depuis que lui et sa famille ont quitté Paris a été des plus constructives, ses enfants d’abord rébarbatifs à l’idée de quitter leurs amis ont en fin de compte trouvé un épanouissement certain dans leurs nouvelles écoles et dans le quartier où ils se sont fait très vite d’autres connaissances. Annie qui tout comme lui ne supportait plus la vie parisienne a retrouvé le sourire, son travail semblant moins rébarbatif que le précédent où elle rentrait bien trop souvent sur les nerfs et commençait même à les passer sur eux sans en prendre réellement conscience, jusqu’au jour où la dispute a éclaté manquant de mettre leur couple en péril. Depuis tout est rentré dans l’ordre au plus grand bonheur de tous, lui-même ayant retrouvé le goût pour son métier depuis que la sérénité est revenue parmi son entourage le plus proche. Étant lui-même natif de la région, il a pu redécouvrir des amis qu’il avait commencés à perdre de vue et ses week-ends de repos passent bien trop vite à son gré, le bilan de l’année écoulée étant finalement qu’il ne l’a pas vu passer. ***/*** « Une heure plus tard, CHU de Reims » Frédéric a à peine passé la porte de l’hôpital qu’il remarque aussitôt l’agitation autour de lui, la secrétaire de l’accueil lui fait alors signe de venir dans sa direction. - Oui ? - C’est le docteur Maheu qui m’a demandé de vous prévenir dès votre arrivée docteur !! - Que me veut-il ? - Il y a eu un grave accident sur la voie rapide, il demande l’aide de tous ceux qui sont disponibles !! Ça m’a l’air sérieux, les ambulances n’arrêtent pas de nous amener de nouveaux blessés. - Très bien !! Juste le temps de me changer et je le rejoins aux urgences, faites le prévenir s’il vous plaît !! - Entendu docteur !! Frédéric repart d’un bon pas cette fois jusqu’au vestiaire, il croise plusieurs de ses collègues visiblement affolés et pour la énième fois depuis un an, se dit qu’il faudrait décidément un vrai patron dans cet hôpital. Un patron qui sache fédérer le personnel pour ne pas qu’à chaque accident important, un vent de panique s’instaure comme c’est encore le cas aujourd’hui. ***/*** « Vingt heures, chez les Viala » La famille est à table pour le dîner, bien trop silencieuse au goût de la fratrie qui voit bien que leurs parents sont préoccupés. - (Guillaume) Vous en faites une tête tous les deux ? Quelque chose qui n’a pas été au boulot ?? - (Frédéric) Le bordel habituel dès qu’il y a un semblant de stress !! Il manque un vrai chef d’orchestre dans cet hôpital, quelqu’un de suffisamment calme et pondéré pour y insuffler un semblant d’ordre. - (Damien) Pourquoi ça ? Votre patron ne fait pas son travail ? - (Frédéric) Pfiou !! Celui-là à part pour dire qu’il n’y a pas assez de rentrées d’argent !! Je me demande à quoi il sert !! Mais, bon !! Oublions ça, après tout je suis à la maison et je m’étais promis de ne pas y laisser entrer le boulot !! - (Annie) Pas facile pourtant, surtout quand on vous remet une vieille histoire dans les bras !! Je pensais bien pourtant ne plus entendre parler de ce gamin infâme !! Paul dit qu’il a changé, comment peut-il croire une chose pareille ?? - (Frédéric curieux) De quelle affaire tu parles ? - (Annie) L’affaire De Bierne !! Tu sais je t’en avais parlé ? Ce gamin qui était accusé de livrer à des vieux pervers des jeunes hommes trouvés dans la rue après les avoir drogués, pour se remplir les poches avec le fric qu’il leur réclamait. - (Frédéric horrifié) Ne me dis pas qu’il a recommencé ? - (Annie énervée) Non !! C’est une histoire de cambriolage de bijouterie cette fois, qui s’est terminé par un accident où une fois de plus il est impliqué !! Le pire c’est qu’il a réussi à faire croire à Paul qu’il ne se souvient de rien et le pire du pire, c’est que Paul l’a cru. Il m’a demandé de le suivre régulièrement jusqu’à sa majorité pour vérifier qu’il est bien revenu dans le droit chemin !! Non mais !! Tu te rends compte un peu !! Ce gamin passe au tribunal plusieurs fois par an depuis des années et il arrive toujours à s’en sortir comme si de rien était !! Le pire c’est que sur le coup je ne me rappelais plus qui était ce Florian De Bierne dont Paul me parlait !! Aurélien relève un œil en direction de sa mère. - Tu as bien dit « Florian » De Bierne m’man ? - (Annie) Oui !! Pourquoi ? Tu le connais mon grand ? - (Aurélien) Ce mec est le gamin le plus ignoble que nous avions au collège, pourtant tu lui aurais donné le bon Dieu sans confession à voir sa tête mais heureusement il s’est fait virer au bout d’à peine un an, il rackettait les sixièmes et je crois même qu’il en a fait envoyer un à l’hosto !! Une histoire de tesson de bouteille qu’il lui aurait enfoncé dans la cuisse parce que le môme ne voulait pas lui donner son argent de poche si je me rappelle bien. - (Guillaume) Et bien dis donc !! Il t’a marqué ce mec !! - (Damien) C’est sûr !! Pour te faire aligner autant de mots en même temps Hi ! Hi ! Je rigole mais c’est un pourri s’il a fait ce genre de trucs, comment ça, ce fait qu’il n’ait pas été envoyé en prison ? - (Annie) Déjà parce qu’il est mineur, ensuite parce que sa famille est riche comme crésus et peut se payer les meilleurs avocats qui soient !! - (Damien) Mais c’est dégueulasse !! - (Annie) Je ne te le fais pas dire, mais c’est comme ça et croyez-moi, il vaut mieux pour vous de ne connaître jamais un garçon pareil et celui-là en particulier! CHAPITRE 58 (Chez les De Bierne, Paris) (suite) « Fin de soirée » L’ambiance depuis l’arrivée de Yuan est remontée de plusieurs crans, le repas du soir aidant à la décontraction mais surtout il permet à leurs invités de réaliser combien Florian est à l’opposé de ce qu’ils s’en rappelaient les rares fois où ils étaient obligés de subir sa présence. Ming observe attentivement les petits gestes et les mimiques de Florian quand il converse avec une des personnes attablées, ses yeux rieurs n’ont plus rien à voir avec ceux froids et calculateurs qu’il lui connaissait jusqu’alors. Yuan en est quasiment au même point que son père, à part peut-être quelques questions qu’il se pose encore sur les véritables raisons de ces clins d’œil que lui lance Florian dès que son regard croise le sien. Pierre tout comme Hellènes ressentent bien eux aussi que l’atmosphère tendue des débuts commence à devenir plus intime, les sourires tout comme les conversations arrivant plus naturellement sur des visages qui jusqu’alors étaient restés quelque peu crispés, démontrant par le fait qu’aussi bien Ming que Yuan commencent à se faire à l’idée d’un possible nouveau Florian. - (Ming) Au fait Florian ? Quand tu disais qu’avec mon fils vous étiez plus qu’amis, tu voulais dire quoi exactement ? Simplement en pensées ou plus… disons… physique ? Pierre qui est bien sûr au courant de la liaison qu’ils avaient ensemble, commence à connaître suffisamment son fils pour tendre le dos à sa réponse tout en sachant très bien comment il fonctionne maintenant, tout comme l’honnêteté qu’il a à dire les choses qu’il pense et ce même si ça peut parfois surprendre, voire choquer. - (Pierre) Ils avaient certainement des liens beaucoup plus fort qu’une simple amitié, c’est sans doute ce qu’a voulu te dire mon fils ! Pas vrai fiston ? - D’une certaine façon c’est exact en effet, nous étions plus que de simples amis et en fait si vous voulez tout savoir, nous nous aimions, et ce depuis la première minute où nous nous sommes vus, tellement même que dans une des vies que je me souviens avoir vécue nous étions amants. Yuan sidéré, accuse le coup par un hoquet de surprise. - De quoi !!! - Tu as bien entendu le bridé Hi ! Hi ! Dans un autre de mes souvenirs c’était différent, ma maladie t’empêchait d’être vraiment toi-même avec moi et je sentais bien que tu m’aimais sans que ça aille plus loin, mais ça de toute façon tu le savais aussi bien que moi que c’était impossible. - (Ming) C’est pour le moins surprenant !! Yuan dans nos souvenirs à nous tout du moins t’a toujours détesté et le mot est faible crois-moi !! D’apprendre que dans les tiens vous puissiez être aussi proches me semble ahurissant, pas pour toi ? - Pas vraiment non !! Quel est le sentiment le plus proche de l’amour sinon la haine et qu’est-ce que la haine sinon bien souvent le contrecoup d’un amour déçu ou inaccessible ? Je suis certain pour ma part que si celui que j’étais avant n’avait pas été aussi minable et cruel, « Yu » aurait été complètement différent quant à ses sentiments vis-à-vis de moi, pas vrai le bridé ?? Étrangement ça fait deux fois déjà que tous entendent Florian appeler Yuan « le bridé » et personne n’y voit plus rien d’humiliant ni de méchant, souriant simplement devant la tête que fait Yuan à entendre toutes ces explications sur les liens qu’ils avaient ensemble dans les souvenirs de Florian. - Va savoir le grêlé Hi ! Hi ! - Lajaunie !! - Rouquemoutte !! - Jaune d’œuf !! - Têtard !! Hellène d’abord surprise, éclate finalement de rire quand elle comprend qu’il n’y a plus rien de méchant bien au contraire dans tous les petits noms qu’ils se jettent au visage. - Mais ce n’est pas bientôt fini vous deux Hi ! Hi ! Quel âge vous avez donc ?? - (Yuan) C’est lui qui a commencé !! - Oh lui !! Le cafteur !! Ming sidéré regarde son ami Pierre qui tout comme lui assiste à ce qu’il n’aurait jamais pensé être possible entre leurs deux garçons, il voit bien dans leurs yeux pétillants d’amusement que la barrière qui les séparait est enfin rompue. Yuan le garçon réservé qu’il a toujours connu l’étonne de la plus belle des façons, il s’est non seulement transformé depuis sa guérison en un magnifique jeune homme que beaucoup envieraient de lui ressembler mais s’exprime maintenant avec une jovialité qui réchauffe le cœur. |