Feu de Forêt
Chapitre 34
Les autochtones se ruent sur les monstres, lames en avant et bientôt, grâce aux efforts combinés des deux groupes d'humains, la menace du Mal est neutralisée.
- Vous ! s'exclame Adrien, en reconnaissant Jérémy et Justin, ses anciens coéquipiers.
- Écoute, on devrait mettre de côté nos différents philosophiques pour le moment, tu ne crois pas ?
- Oui, j'accepte votre aide. On était venu pour détruire les nids d'araignées mais ces choses ont rejoint la partie... C'est quoi ces horreurs ?
- Le temps presse, alors on va faire court, intervient Anthony qui s'approche du Fondateur. Ces trucs viennent d'un troisième monde. Elles se reproduisent en quelques heures et se nourrissent de toute forme de vie. C'est autrement plus sérieux que des araignées géantes.
Adrien paraît abasourdi mais se reprend en entendant une vague de cliquetis annonçant l'approche d'une nouvelle horde de monstres.
- Massacrez-les ! hurle-il.
- Chargez ! ordonne Vena, dans la langue locale.
Une nouvelle fois, c'est l'hécatombe parmi les insectes, bien que quelques-uns parviennent à mordre plusieurs épéistes Sterrniens.
- Cette saloperie m'a mordu la main ! râle l'un d'eux.
Il ne peut se plaindre plus longtemps, car quatre gigantesques tentacules émergent de derrière un amas de ronces pour frapper violemment les combattants.
Justin comprend que ce qu'il prenait pour un tronc pourri est en fait une grande masse de chair constituée de nombreux cadavres, dont l'un était vraisemblablement un tyrannosaure. Des lambeaux de tissus dépassent de ce nouveau monstre et le jeune homme reconnaît des restes de vêtements du capitaine John. L'hybride devient de plus en plus puissant et travaille à la production d'une véritable armée.
Les Fondateurs le prennent pour cible, alors que les épéistes assurent leur protection, en coupant les tentacules lorsqu'ils approchent.
- Votre mort est programmée ! Tôt ou tard, nous régnerons sur tous les mondes pour l'éternité...
Cette voix d'outre-tombe émanant du monstre est si puissante que la terre vibre mais les combattants ne se laissent pas distraire longtemps et l'attaquent de nouveau.
La créature finit par se tordre dans tous les sens. Un trou de taille respectable se forme dans sa chair et une dizaine de créatures maléfiques s'en extrait.
- Colonel Melvis ! Envoyez-nous des renforts ! Vite ! beugle Adrien, dans sa radio.
- Il est à bout ! Tuez les petits, je m'occupe de lui ! lance Vena, en fixant l'énorme monstre.
Elle lâche son arme principale et sort deux petits tubes de verre de sa tunique, avant de foncer sur l'hybride.
Celui-ci tente de la faucher à l'aide de ses moignons de tentacules mais c'est sous-estimer les réflexes de l'alchimiste. Elle se rapproche suffisamment, puis expédie de toutes ses forces les tubes dans le trou béant par lequel sont sortis les monstres insectoïdes.
Elle s'arrête et regarde l'être s'enflammer comme une torche, en poussant un horrible cri, similaire à un grognement.
- C'est terminé ! se réjouit Adrien.
Il ne tarde pas à déchanter, car les hommes qui se sont fait mordre ou piquer précédemment se retournent contre le groupe. Les soldats se refusent un instant à ouvrir le feu mais cessent d'hésiter lorsque des excroissances jaillissent du corps de leurs anciens amis et que leur visage humain s'effrite.
Cette partie du combat se termine rapidement, les nouveaux hybrides n'étant pas encore en possession de tous leurs moyens.
Vena souffle de satisfaction, avant de comprendre que cette victoire est vaine. Les dizaines de cadavres présents, y compris ceux des hybrides fraîchement abattus, commencent à se disloquer. Dans quelques minutes vont naître plusieurs centaines de créatures. Des nuages de pure noirceur en émanent, chargeant davantage l'atmosphère, alors que la terreur se répand de nouveau sur le groupe.
- SAUVEZ-VOUS ! hurle Justin, qui comprend que la bataille est perdue.
Ils s'enfuient en courant comme jamais ils ne l'ont fait, alors qu'une armée de créatures maléfiques est en train de voir le jour.
Vena sème derrière elle ses tubes incendiaires afin de gagner un peu plus de temps avant que les monstres ne se mettent à leurs trousses.
Justin se risque à jeter un coup d'œil en arrière pour apprécier davantage la situation mais lorsqu'il élève le regard vers le ciel, il reste un instant désarçonné, avant de reprendre sa course.
- Un dragon est là ! crie-il.
- Hein ?
- Quoi ?
- Le Dragon est derrière nous ! répète Evran.
Ils se retournent sans interrompre leur course et des cris de joie éclatent de la part des autochtones présents.
- Nous sommes sauvés !
Les Terriens sont plus mitigés, bien que rassurés par l'enthousiasme de leurs compagnons d'infortune.
Dans le ciel, la créature légendaire se rapproche du sol et renifle l'atmosphère infestée de la noirceur caractéristique du Mal. Sans crier gare, le Dragon ouvre sa gueule béante et crache son venin, qui s'enflamme au contact de l'air. Une pluie de feu s'abat sur la forêt en quelques secondes.
La zone survolée s'embrase aussi rapidement que si c'était de la paille mais le lézard géant n'interrompt pas son jet de flammes purificatrices. Il compte également brûler tout un périmètre autour du foyer de l'infection, par précaution.
Au sol, les monstres meurent très rapidement, carbonisés. Leurs cris raisonnent aux oreilles soulagées des humains. Le monde est pour l'instant sauvé de cette engeance.
Les autochtones, toujours agenouillés devant ce spectacle grandiose, contemplent leur dieu réduire à néant la menace. Mais le Dragon se rapproche et les flammes sont loin de se tarir.
- On devrait peut être déguerpir vite fait, non ? lance Adrien.
- Je crois... répond Evran. COUREZ !
Ils repartent mais Justin, à la traîne, pose son pied sur une grosse racine et perd l'équilibre.
Sa tête heurte un rocher et il tombe dans les méandres de l'inconscience, alors que la chaleur devient infernale. Quelque chose s'approche de lui, sans qu'il ne puisse réagir.