Le Monde de Sterrn (Fantastique avec des personnages gays et bi, terminé)

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...Mais juste à cet instant précis, une énorme météorite s'écrase dans un bruit d'enfer, creusant un cratère d'environ 37 859 mètres de profondeur. Et, comme prévu, c'est la disparition subite du genre "dinosaurus" . Tous ses représentants déboulent au fond du cratère, allant y retrouver tous leurs petits et grands copains sauf de très petits qui deviendront plus tard des oiseaux comme Coco. Mais ils ne diront pas "DINOSAURRRES" puisqu'il n'y en aura plus!
Les explorateurs, miraculeusement épargnés (le corps des grosses bêtes les ont protégés), poussent un gros OUF.

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Pas mal cette idée de dénouement.

Effectivement, soit ça marque la fin de l'histoire qui serait alors très courte et d'un intérêt très limité, soit il va se passer quelque-chose d'inattendu.

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Forêt de Syl

Chapitre 9 (fin) et 10 (début)

Pendant que cette pensée traverse l'esprit de Justin, quelque chose vient se planter dans le cou de « son » dinosaure, qui meurt instantanément.

Les autres raptors se font tuer de la même façon autour de lui, les explorateurs ne comprennent pas comment, jusqu'à ce que...

« Une flèche ! »

Justin et les autres se relèvent d'un bond pour saluer et remercier leurs sauveurs, mais les équipiers tombent rapidement au sol sans raisons apparentes. De plus Justin ne voit toujours pas d'où sont venues les flèches.

« Mais qu'est-ce qui se passe ? »

Justin sent une piqûre derrière sa nuque, instinctivement, il se retourne, mais l'effort le fait vaciller, sa vue se brouille et il sombre à son tour dans l'inconscience.

Comme ses compagnons, il s'endort profondément, alors que des silhouettes approchent...

Elles sont habillées de vêtements de cuir gris ou marron, et portent des arcs ou de petites sarbacanes. Le plus massif de ces hommes, (car il s'agit d'humains) s'avance vers Bertrand, le contemple en silence, avant de déclarer :

- Qu'est-ce que c'est que ça ? Je n'ai jamais vu des yeux pareils...
- Par Thorn, tuons les ! Tu as vu les armes qu'ils ont ? Ce n'est pas naturel ! S'offusque un autre, visiblement pas rassuré.
- Réfléchis un peu avant du jurer bêtement... Si tu les tues, et qu'il y en a d'autres dans le coin, il se passera quoi, d'après toi ?
- On les emmène à Esso, alors ? Il décidera...

Pendant que les deux hommes discutent de la conduite à tenir, un autre archer, bien plus jeune, enjambe un terrien, puis ramasse une arme avant de l'observer avec curiosité.

- Evran ! Touche pas, ça à l'air dangereux !
- Oui, oui...

Alors que le jeune repose l'Uzi, il presse accidentellement la détente, et un vacarme assourdissant fait sursauter les archers, qui partent se cacher dans l'ombre des arbres.

- Avec tes conneries tu vas attirer des trucs !
- Désolé papa...

...
- C'est bon ! Il y a plus de danger ! Rassure le plus costaud de la bande.
- C'est certain ? Avec ces choses bruyantes, je ne suis pas rassuré...
- J'en sais rien, en fait. Eh ! Venez voir ça ! reprend le « chef » .

Les chasseurs se mettent en cercle autour du cadavre de dinosaure qui a été touché par la rafale d'Evran. Sa peau écaillée ressemble à une passoire et un flot de sang s'échappe de sa blessure.

- Gwornal, je crois que c'est moi qui ai fait ça avec l'espèce d'arme...
- Mais oui ! Jubile le « chef » en pointant l'Uzi du doigt. Avec des armes pareilles c'est sans doute des envoyés des dieux... Ça fait un bruit de tonnerre et des étincelles, c'est évident !
- Ta foi envers Thorn t'aveugle, les dieux ne sont jamais intervenus avant, il y a sûrement une autre explication. Raisonne le doyen du groupe.
- Portez-les jusqu'à Syl ! S'ils se réveillent en route, rendormez-les ! Ordonne tout de même Gwornal.
- Rhouuuu ! Pas un geste ! Crie Coco, en voletant au dessus de Bertrand, comme pour le protéger
- C'est quoi ça ? Demande Evran, qui n'a rien vu de tel.
- Aucune idée, mais cette bestiole n'a pas l'air commode...
- PAR THORN ! Répète l'animal, dans la langue locale.

Les chasseurs reculent, terrifiés.

- Une bête qui parle ! Est-elle en train de nous maudire ?
- M'en fiche, emmenez-les. Dit Gwornal, sur un ton bourru.
- Quand même, évitons de toucher à cette bête...

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Tiens donc, du curare? (Je n'ai pas écrit "cul rare", ferai-je remarquer!) Voilà bien de quoi anéantir les grosses bébêtes. Il va donc y avoir du transport "en commun" gratuit pour les hardis explorateurs de ce monde parallèle qui vont se retrouver dans un village, Syl paraît-il. Là, ils seront présentés à Esso. Ce personnage, le chef apparemment, sera-t-il "standard"? («Esso Standard» est bien connu. Son "essence"foncière serait donc humaine d'origine. Cela pourrait arranger les choses. Au fait, les yeux de Bertrand sont-ils si extraordinaires que cela pour qu'ils passent pour si inhabituels? Cela veut dire que les "endormis" ont donc les yeux ouverts. J'ai l'impression que Coco va en intriguer plus d'un ou d'une dans les heures qui vont suivre.

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Pour les yeux, on en saura plus dans la fin du chapitre 10 et le chapitre 11. Mais ça pourrait bien être un truc du même genre que dans l'histoire d'Azur et Arnar.

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Chapitre 10 (suite et fin)

Quelques heures plus tard Justin émerge de son sommeil, il constate qu'il se trouve sur une sorte de matelas à base de fibres végétales.

« Nom de dieu, où je suis ? »

Il ouvre les yeux et essaye de bouger, mais se rend compte qu'il est nu et attaché au lit.

« Je fais comment, là ? »

Le jeune homme regarde la pièce, qui ressemble à la chambre d'une maison rustique de la Terre, le plafond et les murs sont en bois, le mobilier se compose du lit (Qui est au ras du sol.), d'une chaise de bois et d'une grande lampe à pétrole. S'il fait certainement jour maintenant, les volets sont fermés, sûrement pour éviter les regards des curieux.

Merde, faut que j'appelle quelqu'un ?

Justin hésite un long moment, ne sachant pas qui sont ses geôlier, ni même s'ils sont humain, et ce qu'ils veulent.

- Ohé ? Y a quelqu'un ? Termine-t-il par se décider.

Des bruits de pas précipités retentissent, puis s'arrêtent devant la porte. Le cœur de Justin bat à tout rompre, il va voir à quoi ressemblent ces mystérieux autochtones... Mais curieusement, personne n'entre.

- Alors ? Y a quelqu'un ? S'il vous plaît, je suis attaché...

« Comme s'ils ne le savaient pas... »

Justin voit la porte s'ouvrir lentement, alors que son appréhension monte en flèche.

Un jeune homme se dessine dans l'encadrement de la porte, et Justin le contemple les yeux écarquillés, alors qu'il s'avance d'une démarche maladroite, l'air pas très rassuré non plus. Justin comprend que son hôte ne s'attendait pas à être seul dans cette maison, quand « l'invité » se réveillerait.

« Ils sont humains ! »

Ce constat rassure Justin, bien que l'autre soit équipé d'une arme étrange, composée d'une lame d'environ cinquante centimètres de long fixée à un manche en bois finement sculpté.

Physiquement, l'autochtone est plus musclé que Justin, ce que ses vêtements locaux laissent entrevoir. Son visage laisse supposer qu'il est très légèrement plus jeune que son captif. Sa hauteur, approximative d'un mètre soixante-dix, la peau mate, mais pas trop, ainsi que ses cheveux d'un châtain clair, légèrement bouclés ont tout pour faire craquer Justin. Celui-ci s'en fait justement la réflexion, avant de la chasser rapidement.

Quand il s'approche suffisamment de la lumière, Justin constate que les yeux de l'autochtone sont... Oranges vifs !

« Waouh... »

- Salut.
- Grinvz.

Le terrien grimace. Sa tentative de dialogue est compromise.

« Merde, parle pas français... C'était logique... »

- On va avoir des petits soucis pour se comprendre...
- ... ?
- Okay, heu... Justin. Dit-il, tout en articulant.

Il se pointe lui-même du doigt, avant qu'un éclair de compréhension passe dans les yeux de l'autochtone.

- Evran. Répond-t-il.
- Evran... Répète Justin.

« C'est mignon... Mais va falloir me détacher ! »

- Heu, tu pourrais me détacher ? Ça ! Détacher. Demande Justin en désignant ses liens d'un signe de tête.

Evran le toise d'un air méfiant, et s'approche doucement, toujours l'arme dans les mains, puis coupe les cordes sans quitter Justin des yeux.

Une fois libéré, Justin s'assoit, mais n'ose pas retirer la couverture pour prendre ses vêtements, posés sur la chaise.

- S'il te plaît, tu pourrais au moins me donner ça ? Demande-t-il en pointant ses affaires du doigt.

Evran recule prudemment, puis lance les habits sur le lit, toujours en surveillant attentivement.

« Oh misère... Je suis pas pudique, mais quand même... » Pense Justin, en se résignant de mauvaise grâce à s'habiller devant lui.

Lorsqu'il ôte la couverture de tissu, son sexe réagit et le jeune homme panique, ce qui heureusement fait redescendre la pression, bloquant sa virilité dans un état de semi-érection.

« Merde ! La tuile ! »

Il enfile son boxer puis son jean à la hâte, et lance brusquement un regard vers Evran, qui détourne vivement les yeux.

« Euh j'ai pas rêvé ?! Il était bien en train de mater ? »

Une fois le t-shirt enfilé, le jeune autochtone fait signe de sortir de la pièce, tout en lui emboîtant le pas.

A peine Justin pousse la porte, que quatre hommes, dont deux armés, viennent l'encadrer. Justin observe les visages, et constate que les couleurs des yeux des gens d'ici n'ont rien à voir avec ce que l'on trouve sur Terre.

Le terrien s'étant arrêté, Evran lui tapote l'épaule, avant de l'inviter à avancer. C'est ainsi que le jeune explorateur découvre pour la première fois le village de Syl.

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Première prise de contact avec leurs sauveurs : quoi qu'on en dise, ces "gens" leur ont évité d'être croqués vifs par les 5 ou 6 charmantes bestioles qui pourchassaient les "explorateurs" de ce Monde parallèle. On dirait qu'Évran n'a jamais vu de zizi quelque peu "en de bonnes dispositions" selon Pierre DAC (Le Fakir).

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Chapitre 11

C'est un village magnifique, perdu au beau milieu de la forêt. Les maisons rustiques de pierre et de bois paraissent toutes droit sorties d'une époque oubliée.

« On dirait un village antique ! » Pense Justin, plein d'entrain.

Il aurait aimé avoir une demi-douzaine d'yeux supplémentaires pour tout voir : certaines maisons sont rattachées à des jardinets ou des enclos, qui à la grande surprise de Justin contiennent de petits dinosaures assez rondelets.

« L' équivalent des poules de chez nous ! »

Un autre détail frappe le jeune homme : les villageois (qui cessent toute activité pour le regarder passer) sont tous habillés de ces étranges vêtements gris ou marron. Justin se demande en quelle matière ces vêtements sont fabriqués. Étrangement, la texture lui rappelle quelque chose.

« De la peau de dinosaure ! Ils doivent être vraiment très forts pour les chasser ! »

Plus loin, il aperçoit un attroupement de nombreuses personnes autour de... Coco !

- Dinosaurrr ! Griffer Berbert ! Pas bô ! Pas bôoo... Crie l'animal, devant un auditoire qui exulte.

Puis le perroquet aperçoit Justin.

- Rhouuuuu ! Grogne-t-il, d'un air content, en voyant Justin.

Toutes les têtes se tournent vers le jeune homme, qui se crispe.

« Merde, ça devait être à Bertrand de faire ça ! Qu'est-ce que je fais ?! Et d'ailleurs il est où ? » Pense-t-il, paniqué.

Timide, il esquisse un sourire, et fait un geste de la main, qu'il regrette immédiatement en voyant le manque de réaction des autochtones et le silence pesant qui s'installe.

« Le vent souffle... Merde... »

Un cercle de curieux se forme autour de lui, ce qui malmène sa déjà trop mauvaise gestion de ses appréhensions... Le jeune homme est sur le point de céder à la panique.

- Écartez-vous ! Crie un homme dans une langue étrange. Il a des cheveux étrangement gris, malgré l'absence de rides sur son visage, Justin ne lui donne pas plus de cinquante ans.

Le cercle se brise, et quatre personnes approchent, l'air cérémonieuses. Bien que tous différents, ces personnages sont mieux habillés et ont plus de charisme que les autres villageois rencontrés jusqu'alors.

Le premier est un homme massif, les cheveux noir, les yeux orange vifs, et d'une taille plus que respectable. Son regard est déterminé et il s'avance en premier vers l'étranger, avec une légère pointe d'arrogance.

L'homme le toise, avant d'entamer un monologue de civilités :

- Noble visiteur envoyé par les dieux, Je suis Gwornal, prophète du Thorn, dieu maîtrisant la foudre et détenteur de la force animant le monde. En mon nom, ainsi qu'au nom des fidèles, je te souhaite la bienvenue.

« Et en français dans le texte ? » Pense Justin, frustré, qui ne réagit pas tout de suite, de peur de causer un incident diplomatique.

Dans le doute, Justin fini par s'incliner légèrement devant son hôte, qui paraît satisfait, et laisse sa place à un homme très âgé qui se déplace à l'aide d'une canne en os. Contrairement à Gwornal, celui-ci est très petit et reste humble. Ses yeux sont cette fois colorés d'un vert très foncé, qui n'existe pas non plus sur Terre.

Il s'arrête à un mètre de Justin, et tente de s'incliner également, bien que son âge ne lui permette pas. Il fait finalement un vague signe de tête avant de prendre la parole, de sa voix rongée par le poids des années :

- Visiteur d'un autre pays, sûrement d'au-delà de la Grande Mer, je suis Thamos, doyen de Syl et prophète du Dragon, dieu gardien du savoir et de la vie. Si tes intentions sont pures, je te souhaite la bienvenue, ainsi qu'à tes amis dans notre village.

« Bon, je crois que je suis parti pour tous les écouter sans comprendre... » Pense Justin, toujours frustré, en s'inclinant encore une fois.

Et en effet, pendant que le vieillard se retire, une jeune et jolie jeune femme aux yeux violet turquoise se présente ! En plus de ce détail qui intrigue Justin, la femme paraît avoir la trentaine, et arbore une chevelure brune bien entretenue. Sa tenue vestimentaire est contrairement aux autres plus élaborée. Elle porte un haut en tissu de fibres végétales, et un pantalon court de cuir vert très foncé assez serré. Cette tenue lui donne un aspect sexy sans être vulgaire. Elle salue Justin, avant d'entamer, comme les autres, son discours.

- Visiteur aux yeux étrange, je suis Yleria, prophète de Shyna, jeune déesse de l'amour et du désir.

« Je suis peut être gay, mais elle n'est pas désagréable à regarder. » Pense Justin, un peu amusé, avant de s'incliner poliment.

Le quatrième et dernier chef s'avance. C'est justement l'homme étrange aux cheveux gris, il a l'air bien plus décontracté que les autres. Justin comprends que si les autres sont d'ordre religieux, ce n'est certainement pas le cas de celui-ci.

- Salutations au nom de tous les habitants de Syl, étranger. Je m'appelle Esso, je suis quant à moi, l'archonte du conseil du village. Nous n'avons jamais vu personne de ton peuple avant votre groupe, si vous venez en paix, nous serons ravis de vous accueillir, et de partager nos connaissances avec vous, si bien sûr c'est réciproque. D'ici là, le conseil et moi-même aimerions nous entretenir avec votre chef, si vous le permettez.

Voyant que la foule le scrute en attendant sa réponse, Justin panique, ne sachant plus quoi faire.

- Heu... Je suis désolé, vraiment, mais je ne vous comprend pas... Je ne parle pas la langue... Dit-il, gêné, en pointant sa bouche du doigt.

Des murmures parcourent la foule, jusqu'à ce que Evran s'avance vers Esso pour lui lui souffler quelques mots à l'oreille. L'expression enjouée qu'avait Esso change pour laisser place à une petite déception.

« Voilà pépère, maintenant tu connais le problème. »

Esso lève une main pour réclamer le calme, avant d'expliquer la situation à ses concitoyens.

- ... Il nous faut reporter les questions à plus tard, en attendant, je voudrais que des volontaires les suivent partout, laissez leur la liberté de mouvement, mais surveillez les ! Nous ignorons leurs intentions, et cela vaudra mieux tant que ça sera le cas... Par contre, s'il vous plaît, évitez d'être obsessionnellement curieux avec lui, c'est très incorrect !

Justin ne comprend évidemment rien de ce qu'Esso a dit aux villageois, mais ces derniers se remettent à leurs activités respectives sans discuter. Le jeune homme ne sait pas trop quelle attitude adopter, mais il lui en est reconnaissant.

Il s'apprête à partir à la recherche de ses amis quand il aperçoit Evran, qui le regarde.

- Evran, tu peux m'emmener voir mes amis ?

Le jeune autochtone fronce les sourcils.

- Mes amis... Attends...

Justin s'agenouille, dessine grossièrement quatre bonshommes, puis les désigne du doigt avant de se désigner lui-même.

Evran semble comprendre et attrape le bras nu du jeune homme, qui sent sa peau frémir sous ce contact inattendu, la caresse de ces doigts est agréable, à la fois douce et chaude.

« Si la situation n'était pas aussi bizarre, il pourrait me plaire... »

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«Ah oui, quand on ne parle pas la langue» comme disait Coluche... Espérons qu'une sorte de langage des signes puisse s'établir entre le jeune Evran et Justin. Et puis, petit à petit, peut-être de plus doux contacts, qui sait? Attendons la suite pour savoir si Bertrand a toujours son regard assez spécial.

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Chapitre 12

Sur le plateau de Base Noyau, une semaine plus tard.

La base de la Fondation s'est bien agrandie depuis l'arrivée des premiers colons. Le plateau anciennement couvert d'herbes sauvages est maintenant une vaste fourmilière bétonnée, enfermée par une gigantesque clôture électrique de presque cinq mètres de haut. Il est logique que les architectes aient paniqué en apprenant la présence de dinosaures dans ce monde. La question a été réglée avec la construction de ce barrage électrifié, érigé avec plus de zèle encore que tout le reste.

Son efficacité n'est plus à démontrer : par deux fois un tyrannosaure a tenté de forcer le passage, sans succès. Le courant est fourni par d'immenses batteries, qui arrivent tous les trois jours du hangar de la Terre. Mais quatre éoliennes installées aux points cardinaux de la base seront opérationnelles dans quelques jours.

Au début de l'exploration, les Fondateurs ont subi de lourdes pertes. Quatre équipes entières ont mystérieusement disparu. L'une d'entre elles s'est évaporée au-delà de la forêt qui borde le plateau, laissant derrière elle la carcasse de leur jeep en très mauvais état.

Les secours ont déduit que les hommes ont été massacrés dans à une attaque d'un grand dinosaure. Une autre escouade qui explorait la forêt en question, s'est volatilisée. Quelques restes de cadavres et la présence de traces de pattes montrent que celle-ci aurait été attaquée par une meute de gros lézards.

Quant aux deux équipes restantes, elles parcouraient les montagnes situées au nord du plateau. Il ne reste aucune trace d'eux. Personne n'y comprend rien, et le mystère reste entier.

Christophe Lambert, chef de la base, est anxieux en ce début de soirée. Le porte-parole du Seigneur Frégast, Richard Archer compte prendre le commandement le soir même. Pas que Christophe soit jaloux, il n'est pas si mesquin, mais le caractère sectaire que présente de plus en plus la Fondation commence à le perturber. Richard insiste beaucoup pour que les ouvriers procèdent à la construction d'un palais pour le Seigneur Fondateur. Cette demeure doit être dotée de commandes de contrôle pour l'ensemble de la base. De plus, les plans qu'ils présentent comportent des détails aussi superflus que coûteux en ressources.

Un autre point inquiétant avec lequel les scientifiques doivent composer, c'est le comportement de la plupart du personnel assurant la sécurité des lieux. Les responsables et colonels font souvent des gestes d'adoration quasi-religieux en parlant du seigneur Frégast, endoctrinant ainsi leurs recrues. Celles-ci étant issues dans la majorité des cas de la petite délinquance, du milieu carcéral, voire d'institutions psychiatriques, elles se montrent très réceptives. Les exceptions sont pour la plupart mutées dans l'équipe d'entretien, qui n'a pas beaucoup l'occasion de s'exprimer, ou même de recevoir davantage d'informations à part des consignes.

Seuls les scientifiques et assimilés, en raison de leurs fonctions voient clair dans ce jeu malsain qui s'instaure, mais ils n'osent intervenir, très nettement dissuadés par les colonels. Ces derniers présentent bien en public, mais hors des regards, ils semblent complètement fous, voire menaçants.

La seule chose positive dans l'arrivée imminente de Richard est qu'il pourra lui demander des comptes, et travailler avec lui pour y remédier. Il ne connaît pas beaucoup Richard, mais il semble être un homme sensé malgré cette ridicule histoire de palais.

Christophe contemple la forêt, toujours soucieux, avant d'entendre des cris.

- Ouvrez cette foutue porte ! J'en ai marre !

Intrigué, le scientifique s'avance pour découvrir un jeune homme aux cheveux très courts, couvert de cicatrices multiples. Ses vêtements sont d'une extrême saleté, et empestent la sueur.

- Merci... Merci... Merci... Dit le jeune homme, confus, pendant que Christophe compose le code permettant l'ouverture de la porte.
- Mais qui êtes-vous ?
- Adrien Hube... J'étais dans l'équipe de Vasseur...
- Bertrand ? Vous êtes le seul survivant ?
- Je pense. Pendant l'attaque des raptors, ils ont paniqué, et nous avons été séparés...
- D'accord, mais le bois n'est pas si grand, comment avez-vous fait pour mettre huit jours ?
- Je me suis rendu compte juste à temps que les arbres aux feuilles bleues détraquent les boussoles, j'ai tourné en rond pendant trois jours... S'il vous plaît, je vous donnerai les détails plus tard, il faut que je mange. Pouvez-vous m'aider à marcher ? Je n'en peux plus...

Compatissant, le scientifique soutient le jeune homme jusqu'au réfectoire, tout en se promettant d'examiner ces arbres curieux. Le survivant se jette sur la nourriture sans même s'embarrasser de couverts.

- Est-ce que vous vous sentez en état de me faire part de toutes vos découvertes ?
- Oui, des dinosaures, des arbres qui détraquent les boussoles, des chauves-souris géantes qui ont essayées de me bouffer, et quelque chose qui devrait vous intéresser encore plus !
- Qu'est-ce que c'est ? S'enquiert le scientifique.
- Regardez dans ma chacoche ! Répond l'affamé, la bouche pleine de viande, ravi à l'avance de la récompense qu'il va recevoir pour cela.

Le scientifique s'exécute, et ses yeux s'agrandissent de surprise à la vue du contenu. Il en sort lentement des morceaux de flèches.

- Des flèches ? Mais ça veut dire...
- Que nous ne sommes pas seuls. Termine le jeune homme, en continuant de boulotter salement son steak haché.
- Écoutez, je vais voir avec monsieur Archer s'il serait possible d'y retourner pour prendre contact avec le peuple qui a fait ces flèches...
- Je vous préviens, c'est très dangereux, les Uzi ne servent pas à grand-chose contre ce qu'il y a dans cette jungle, si vous y allez, ce sera sans moi.
- Nous en reparlerons quand...

Il est interrompu par un puissant bruit de lacération qui retentit dans la Base Noyau.

- Monsieur Archer arrive ! Crie un homme.
- Je reviens plus tard. Dit Christophe.

Ce dernier le retient par le bras, et le fixe.

- Parlez-lui de ma découverte, et citez mon nom ! Vous me devez bien ça... Demande-t-il.
- J'y penserai.

Il s'en va, et se dirige vers la sortie du réfectoire, où il voit Richard Archer traverser le passage entre les mondes. Il ne porte plus son superbe costume-cravate, mais un de ces vêtements beiges et uniforme fournis par la Fondation, arborant son nom au niveau de la poitrine. Il est accompagné de quatre hommes baraqués, en guise de gardes du corps. Ceux-là fixent le scientifique, avec un air condescendant ou moqueur. Christophe les déteste déjà, mais refuse de se laisser impressionner aussi facilement par quatre gorilles antipathiques.

- Bonjour Monsieur Archer, vous avez fait bon voyage ?
- Il fait plus chaud ici. Ça change de la neige sur Terre, enfin passons. Il nous faut préparer l'arrivée du Seigneur Frégast. Avez-vous commencé la construction du palais ?
- À vrai dire non, je préférais vous attendre, car les architectes ont examinés les plans, et je dois dire qu'il y a beaucoup de choses superflues, et rien n'est économique, si on regarde les ressources dont nous disposons...
- Ces plans viennent du Seigneur Frégast en personne, ils doivent être appliqués à la lettre, et pas autrement ! Réplique sèchement Richard.

Christophe jurerait avoir vu passer un frisson dans le regard de son interlocuteur, avant qu'il ne lance cette phrase.

- D'accord, je ferai le nécessaire, mais ne peut-on pas attendre quelques jours ? Les ouvriers sont occupés à planter des tours radio hors de la base, et comme il faut les protéger de la faune, c'est très coûteux en personnel...
- Pas plus de deux jours ! Le Seigneur Frégast attend depuis très longtemps.

Au nom du maître de la secte, les quatre « gorilles » se raidissent, et se mettent au garde à vous, comme le font les colonel. Richard n'en semble pas gêné le moins du monde.

Le scientifique en chef grimace un instant, avant de se reprendre. Il se ravise finalement sur son idée première, ce ne serait peut-être pas judicieux de parler du caractère sectaire de la Fondation à Richard. Surtout en présence de ces tarés.

- Monsieur, je dois vous parler d'une chose qu'un de nos hommes vient de découvrir... Reprend Christophe, désirant changer de sujet pour masquer son trouble.
- Oui ?
- Nous ne sommes pas seuls sur ce monde, des êtres intelligents, bien qu'on ignore dans quelle mesure, vivent dans la forêt... C'est un jeune homme disparu qui est revenu il y a une heure environ, il a trouvé des flèches sur son chemin...

Pendant quelques secondes, le visage de Richard est contrarié, avant de reprendre sa neutralité énervante.

- D'accord, et qu'est-ce que vous suggérez ?
- Et bien, nous avions un ambassadeur au cas où, mais il n'est malheureusement plus de ce monde, alors je voudrais prendre la tête d'une équipe lourdement armée pour explorer ce secteur, avec l'aide de cet homme.
- Je vais voir ça avec notre Seigneur tout de suite, vous pouvez me laisser seul ?

Un peu vexé d'être congédié aussi rapidement, Christophe s'en va tout de même, peu désireux d'être évincé avant sa probable prochaine mission. Pendant que le scientifique en chef s'éloigne Richard, songeur, donne son premier ordre en tant que chef de la Base-Noyau.

- Messieurs, ouvrez un passage, je dois parler avec notre Seigneur !
- Oui, monsieur.

[KLO7514]

Ah bin, l'Adrien revenu, les choses risquent de partir du mauvais côté : il est capable "d'empocher" les bénéfices et de se faire mousser auprès des Grands Chefs.
J'avoue que la transition entre les deux chapitres 11 & 12 surprend le lecteur : j'ai eu quelques instants d'incompréhension.

[bech]

Ce n'est pas comme dans l'odyssée cosmique où en 98 chapitres, il s'est écoulé moins de deux mois et demie depuis le début, avec juste un saut de 2 semaines en juillet.

Cette avancée dans le temps permettra aux nouveaux arrivants de se familiariser avec la langue locale.

[bech]

Chapitre 13

Pendant que les gardes du corps (qui ont appris à maîtriser l'appareil) s'activent autour du laser, Richard sort un vieux modèle de téléphone portable.

La sphère de lumière grandit, puis explose dans une éblouissante lueur blanche, presque irréelle. Le passage est ouvert.

- Éloignez-vous, demande Richard à ses gardes en leur adressant un signe de la main.

Les « gorilles » s'éloignent en traînant des pieds pendant que Richard fait défiler son répertoire, près du portail. Une fois arrivé sur la ligne « J.F Hasting », celui-ci lance l'appel.

Il n'y a aucune tonalité d'attente, mais le bras droit n'est pas plus interloqué que cela.

- Seigneur Frégast ! Le salue Richard.
- Que veux-tu cette fois, Richard ? Répond une voix métallique et impatiente sortant du téléphone.
- Monseigneur, je viens d'apprendre quelque chose de contrariant pour le projet.
- De quoi il s'agit ?!
- Ce monde est habité par un peuple intelligent, que dois-je faire ?
- En effet, ça n'était pas prévu. Quel est leur niveau technologique ?
- Nous ne le savons pas encore, Monseigneur, nous avons juste trouvé des flèches.
- Intéressant... Trouvez ces indigènes. Arrangez-vous pour gagner leur confiance, il faut qu'ils nous informent de la position de leurs villes et villages, ainsi que leurs cartes de ce monde. Cela sera un gain de temps pour nos éclaireurs.
- Puis-je vous poser une question, Monseigneur ?
- Fais donc, de toute façon, tu ne peux pas me trahir.
- Que comptez-vous faire de ces autochtones après ?
- Ils nous seront utiles, dès que tu auras plus d'informations, contacte-moi. Cette civilisation sera le théâtre d'une répétition de ce qui devrait se passer sur Terre dans quelques années, quand nous seront prêts de ce côté.
- Bien, monseigneur.
- Une dernière chose, les techniciens avancent beaucoup plus vite que prévu, je rejoindrai ce monde dans tout au plus quelques semaines.
- Quelques semaines ? S'affole Richard, qui perd toute retenue. Mais le scaphandre ne sera pas prêt avant au moins une ann...
- Suffit ! Les techniciens travaillent mieux que prévu, et ils ont résolu le problème de l'alimentation. Je suis presque prêt !
- Mais, Monseigneur, cette machine n'a jamais été testée ! Si ça ne fonctionnait pas comme prévu ? Et si les chirurgiens étaient indignes de votre confiance, finalement ?
- Silence ! Le scaphandre fonctionnera ! N'oublie pas que j'ai travaillé dessus pendant presque une décennie ! Douterais-tu de mon intelligence ? Cette machine me rendra invulnérable ! Cependant, il y a un point sur lequel tu as malheureusement raison... Les chirurgiens... Je n'ai confiance qu'en toi... Et pour cause, n'est-ce pas ? Rappelle la voix métallique du Seigneur Frégast, railleuse.
- Ou... Oui, Monseigneur, déglutit Richard, frissonnant à cause du sous-entendu.
- C'est donc toi qui effectueras la phase finale du transfert.
- Mais ! Monseigneur, je n'ai aucune connaissance en médecine, et encore moins en physique !
- Nous en reparlerons le moment venu. Tu avais autre chose à me dire ?
- Non, Monseigneur, je vous salue.
- Parfait, en attendant, je ne sais pas avec certitude quand j'aurais besoin de toi sur Terre, contacte-moi tous les deux jours au minimum.

La voix du maître laisse place à une tonalité régulière, signe qu'il a raccroché. Richard souffle. Une conversation avec son maître est toujours quelque chose de singulier et un peu effrayant.

L'adjoint a du travail devant lui. Il faut préparer l'arrivée du Seigneur Frégast, ériger son palais dans les plus brefs délais, nouer des relations amicales avec les autochtones, tout en continuant l'implantation de tours radio hors de la base.

Première chose à faire : constituer l'équipe de Christophe Lambert, chargée de rencontrer le peuple de la forêt.

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Dans le village de Syl, deux jours plus tard.

Depuis une bonne dizaine de jours, Justin et ses amis vont de découvertes en découvertes, et s'étonnent chaque jour de cette culture si éloignée de la leur : Bertrand et Élodie ont été littéralement choqués de voir un jeune homme se tripoter devant une statue de femme, certainement une déesse, et ce au vu de tous.

Justin, Jérémy et Anthony ont trouvé ça amusant, mais la petite bande à découvert quelques jours après (ils parlent de mieux en mieux la langue locale, qui est au final assez intuitive) que ce jeune homme rendait tout simplement hommage à la déesse du désir. Justin et Jérémy ont constaté avec soulagement que ces autochtones ne sont pas homophobes le moins du monde, car l'homosexualité n'existe pas ici à proprement parler.

En effet, il n'existe même aucun mot pour nommer les orientations sexuelles, car chacun peut aimer librement qui il veut, sans considération du genre, de l'écart d'âge ou de l'origine.

Ces points arrangent bien Justin, car il pense de plus en plus à Evran, même s'il ne sait pas si c'est bien raisonnable. De toute façon il ne s'avancera pas à faire le premier pas, bien qu'Evran s'évertue à trouver tous les prétextes possibles pour rester avec lui.

Ce matin cependant, ils sont séparés : Evran est parti initier Anthony à la chasse, pendant que Justin et Bertrand sont avec Thamos. Bertrand lui a exprimé le désir d'en apprendre plus sur l'histoire de ce peuple, et c'est avec plaisir que le vieux prophète du Dragon et instituteur du village leur a donné ce rendez-vous chez lui.

La maison du prophète est en bois, mais mieux isolée que la plupart des habitations, avec une mince couche d'air entre deux cloisons. Une grande cheminée de pierre trône au milieu de l'unique pièce. Attablés, les deux terriens écoutent attentivement Thamos.

- Bien, vous vouliez en apprendre plus sur nous, je vais tâcher de résumer le plus possible notre histoire, car si je devais tout conter, l'hiver reviendrait deux fois, voire trois, avant que je n'aie terminé...

Bertrand hoche la tête, attendant la suite.

- ... Le premier souvenir que nous avons de l'histoire de ce monde, c'est le grand cataclysme. Au départ, il n'existait que les végétaux, les reptiles, et les dragons. Les dragons étaient imposants, puissants, immortels, intelligents et très sages. Malheureusement pour eux, ils n'étaient que très peu féconds, et c'est sûrement ce qui a causé leur perte... Lors du grand cataclysme qui a failli détruire toute vie sur Sterrn...
- Sterrn ? l'interrompt Justin.
- Le nom de notre monde. Je disais, à l'approche du grand cataclysme, les dragons étaient suffisamment puissants pour limiter les dégâts, mais ils risquaient la mort, et ça, ils n'y étaient vraiment pas habitués. C'est pourquoi certains ont paniqué, et se sont enfuis. Les plus braves n'étaient plus assez nombreux pour sauver à la fois notre monde, et leurs vies, ils se sont sacrifiés pour atténuer au maximum ce cataclysme, dont nous ignorons la nature exacte...

« Ce grand cataclysme serait celui qui a causé la fin des dinosaures sur Terre ? » Spécule Justin, avant de déchanter.

L'existence des dragons est plus que douteuse, de plus, comment Thamos saurait tout ça ? Ce n'était probablement qu'un mythe.

- Le grand cataclysme a tout de même fait des dégâts : Pendant des mois, des créatures ont causé un tel brouillard noir que le soleil en était masqué, beaucoup de plantes ont péri suite à ça, entraînant avec elles les animaux herbivores, puis carnivores... C'est ainsi que les dragons survivants sont morts... Heureusement, cette période n'a pas duré trop longtemps, et la plupart des espèces n'étaient pas totalement éteintes, bien que beaucoup aient péri. La vie a repris son cours... Mais les dragons n'ont laissé derrière eux qu'un œuf, qui a éclos longtemps après le cataclysme. Ce Dragon est le dernier de sa race, et c'est devenu un de nos dieux. C'est grâce à lui que nous connaissons un peu cette période antérieure à l'arrivée de nos ancêtres ici. Une ancienne légende raconte d'ailleurs qu'ils sont venus d'une magnifique cité par une Porte de Lumière... Si vous voulez je la raconterais tout à l'heure.
- Vraiment très intéressant, continuez ! L'encourage Bertrand, dans la langue locale.

« Leur mythologie est pas mal du tout, faudra penser lui poser des questions sur les détails et les autres dieux... »

[KLO7514]

Que prépare donc ce "seigneur Frégast" ? Je n'ai aucune confiance en ce personnage plutôt troublant mais dans un mauvais sens.
Et le p'tit Justin tout timide dans ses élans vers le joli Evran...Bin mon gars, ce n'est pas ainsi que tu parviendras à de douces sensations  corporelles en sa compagnie... Allons, lance-toi : il ne demande que ça, ce bel ange!

[bech]

Chapitre 14

Thamos reprend sa respiration avant de poursuivre son récit.

- Plusieurs millions d'années après ça, trois races intelligentes se sont développées...
- Attendez, il y a d'autres races ? demande Bertrand aussi surpris que Justin l'est.
- Mais évidemment ! Nous, les Neldars, et les Valvors.
- C'est quoi ça ? Ils ressemblent à quoi ? demande le jeune homme.
- Les Neldars sont nos amis, ils vivent dans les montagnes mais ils ne supportent que très mal la chaleur et ne descendent nous voir qu'à l'hiver quand le vent du nord apporte un peu de fraîcheur. Ils en profitent pour chasser pour le reste de l'année pendant laquelle ils restent dans leurs montagnes. Ils connaissent des méthodes pour conserver la viande indéfiniment... Sinon, ils creusent des cavernes magnifiques. C'est un grand peuple. Ils sont aussi les meilleurs guerriers de Sterrn et vivent assez vieux.
- Et les Valvors ?
- L'incarnation du mal. Ils ressemblent à de gros insectes, malgré leurs deux jambes et leurs deux bras. Ils ont des plaques de coquilles successives sur tout le corps, sont insensibles au vieillissement, plus ils sont vieux, plus ils sont forts et plus leur coquille gagne en épaisseur. Si vous en voyez un, prenez vos jambes à votre cou et ne vous mesurez à eux que lorsque vous êtes trois fois plus nombreux.
- Qu'est-ce qui les rend si mauvais ? demande Justin.
- Mais ! Ils mangent les hommes et les Neldars ! Alors qu'ils pourraient chasser comme tout le monde ! Vocifère Thamos, surpris et outré de la question.
- Il a dû y avoir des guerres avec eux... déduit Bertrand.
- J'y viens, reprend le prophète en se grattant le front. Il y a deux mille ans, les humains étaient prospères, les villes se multipliaient, d'importantes découvertes ont été faites, notamment pour tenir les Vars, et surtout les Tarars à distance...
- C'est quoi les Tarars ? demande Justin, qui ne connaît pas ce mot, mais devine qu'il s'agit d'un dinosaure, étant donné que « Var » signifie « reptile géant ».
- Les grands animaux, les reptiles carnivores, les gigantesques.
- Tyrannosaure !
- Si ça s'appelle comme ça chez vous... En tout cas tout allait pour le mieux, les Neldars avaient de bonnes relations commerciales avec nous. Ils payaient leur nourriture avec les minerais extraits des montagnes, ce qui arrangeait tout le monde, les quelques conflits avec eux se réglaient à l'amiable... Mais nous considérions les Valvors comme des animaux chassant en meutes, un peu comme les Vélars...

Justin sait que le mot « Vélar » signifie « raptor ».

- Nous n'avons jamais chassé les Valvors, car leur odeur est répugnante et nous m'en mangerions pour rien au monde... Ce que nous ignorions, c'était que parmi les Valvors, une planche à laver...
- Attendez ! Une planche à laver ?
- Non ! Rit Thamos, amusé. Fais plus attention à la prononciation, mais j'ai parlé vite, je te l'accorde ! Je disais : parmi les Valvors, il y avait un chef de meute particulièrement cruel du nom de Morgal... Il avait à ce moment-là probablement plus de quatre siècles d'existence derrière lui... Et si de nos jours, ce n'est plus un exploit pour un Valvor, à l'époque ça l'était, car la vie était bien plus compliquée que maintenant... Bref, imaginez sa force...
- Oui, dit Bertrand, un peu sceptique malgré sa curiosité.
- En tous cas, ce monstre avait toutes les qualités pour devenir un grand chef Valvor : Il était fort, cruel, mais aussi intelligent et pragmatique, contrairement à la plupart, qui ne sont pas très fins. Il s'est même donné la peine d'apprendre notre langue en capturant des humains... Ensuite, il a passé environ un siècle à fédérer toutes les meutes en défiant les chefs qu'il terrassait les uns après les autres... Au final, il a rassemblé une armée de plusieurs milliers de Valvors, puis il est parti à l'assaut des villes humaines et des montagnes. Grâce à leur force et leur résistance naturelle, ils ont réduit les humains en esclavage et tué beaucoup de Neldars, car ceux-là combattent jusqu'à la mort. Nos villes étaient devenues d'immenses prisons, des réserves de nourriture pour Valvors, gardée par de mauvais hommes corrompus.

« La nature humaine... », pense Justin, en se rappelant de ses cours d'histoire, le nombre incroyable de gens prêt à vendre leur famille pour obtenir un avantage minime, en temps de guerre.

- ... C'était aussi un fin stratège. Il se servait de nos propres armes contre nous : les drogues et les poisons qui étaient en vogue à l'époque, surtout. Il s'était même doté d'une armure noire très épaisse en plus de sa carapace naturelle, ainsi que d'une lourde massue métallique...

En l'écoutant, Justin ne peut s'empêcher d'imaginer le Valvor comme Melkor ou Sauron, dans l'œuvre de Tolkien.

- Il a conquis presque tout le continent lorsque qu'il s'est autoproclamé seigneur du Chaos, qui était à l'origine un titre donné par les humains corrompus... Nous pensions que tout espoir avait disparu. Mais Morgal a commis une erreur monumentale : dans ses rêves de grandeur, il s'est cru capable de vaincre un véritable dieu et s'est attaqué au Dragon !

« Aie. »

- Le Dragon est très vieux et sa puissance n'a d'égale que sa connaissance sans limite... Mais il vivait reclus sur une île, et ne se mêlait que très rarement des affaires des mortels. Il fut outré d'être attaqué et blessé par une armée de Valvors et, dans une colère noire, il a massacré ses agresseurs. C'est cette attaque sournoise qui l'a convaincu de rejoindre notre lutte. Son apparition a marqué un tournant décisif dans la guerre du Chaos. La plupart des esclaves humains se sont rebellés contre leurs geôliers et, sous l'impulsion de notre dieu, les bêtes elles-mêmes ont combattu Morgal qui ne faisait alors plus le poids. Mais il restait puissant et s'est pressé de rassembler son armée sur les plaines bordant Valtunin, la plus ancienne et plus grande cité humaine, afin de la rayer de la carte. Vous devez comprendre que cette cité est le cœur de notre civilisation. La détruire, c'est plonger notre espèce dans le chaos pour des siècles, voire des millénaires.

- Cette ville existe encore ? s'enquiert Bertrand.
- Bien sûr, c'est là-bas que je suis né... Je reprends. Dans cette cité vivait une femme très particulière, une femme qui, pour une raison que nous ignorons (certains pensent que c'est la volonté de Thorn, le dieu Foudre) ne subissait pas les outrages du temps. Cette femme s'appelle Shyna et elle n'avait à l'époque pas moins de cent ans mais n'en paraissait que vingt-cinq, grand maximum. Son amant, un guerrier, a péri de la main du Chaos lui-même. La tristesse de Shyna s'est muée en une haine inimaginable contre celui qui était responsable de tout ce gâchis : Morgal !
- La même Shyna qui est déesse de l'amour ?
- Oui, après la guerre du Chaos, le Dragon l'a élevée en tant que déesse et l'ensemble des humains l'ont reconnue comme telle. Seuls les Neldars ne la vénèrent pas au même titre que les deux autres dieux.
- D'accord, merci.
- Donc, Shyna était furieuse et elle a pris le commandement de quelques bataillons de survivants issus de l'armée de son amant. Elle est très vite devenue le cauchemar des prophètes du Chaos qu'elle a tous tués à l'exception du plus fidèle : Grohen, dit « le puissant ». Lors de l'ultime bataille, Shyna chevauchait le Dragon et ensemble, ils ont semé la mort dans les rangs ennemis. La Foudre elle-même s'est ralliée à notre cause. Un orage tonitruant faisait rage pendant la bataille ! Après des heures d'efforts acharnés, il était évident que les humains l'emporteraient. Alors le dieu du Chaos en personne s'est joint à la bataille, réinsufflant courage à ses troupes. Il a balayé le conseil de cité de Valtunin d'un seul coup. Au moment où l'espoir s'était envolé pour la seconde fois, le Dragon s'est posé face à Morgal et lui a craché le feu de ses entrailles. Le dieu du Chaos n'en est pas mort, les Valvors sont très résistants à la chaleur mais son armure a fondu et l'a emprisonné vivant dans un épais cocon de fer.

- Il en est mort ? demande Justin.
- Certains pensent que oui mais les Valvors peuvent hiberner pendant des millénaires si la nourriture vient à manquer. Il est donc possible qu'il soit encore en vie aujourd'hui...
- Le dragon ne l'a pas tué, histoire d'être sûr ?
- Non, il n'a pas eu le temps. Des catapultes commandées par Grohen, le dernier prophète du Chaos, l'ont très gravement blessé, et il s'est retiré en volant plus vite que le vent, pour aller guérir en paix.
- Et les autres Valvors ?
- La défaite de Morgal le Chaos les a désorganisés, ils s'entretuaient pour prendre sa succession, et Grohen n'a pu maintenir une cohésion suffisante pour poursuivre la bataille. Les humains ont remporté la victoire mais le prophète maléfique s'est enfui.
- Qu'est-il advenu de Morgal ?
- Il était très risqué d'ouvrir son armure pour le tuer. Sa carapace naturelle est tellement épaisse que les lames ne lui font rien, et hors de question de prendre le risque de le voir s'échapper, car il en aurait été capable. De plus, cette créature possède un don psychique important, et chaque personne qui tentait quelque chose contre lui mourait dans d'atroces souffrances, sans aucune raison apparente. C'est Shyna qui a finalement résolu le problème en acceptant de le surveiller pour l'éternité, en hommage à son amour perdu. Elle a fait construire un grand château, dans lequel Morgal est gardé par elle et sa garde rapprochée. Elle ne quitte le château qu'une fois par an, lors de la fête de l'amour.
- Et le prophète Grohen ? Il n'a pas posé de problèmes ?
- Oh que si. Répond le vieillard, gravement. Il a pris la tête d'une petite armée d'une centaine de Valvors, et il a harcelé nos villes avec des raids incessants pendant presque deux mille ans. C'est encore Shyna qui l'a arrêté il y a une cinquantaine d'années. Ce fou a attaqué le château pour tenter de libérer son maître. Il a été emmené de force à Valtunin, où il a été jugé pour ses crimes, et condamné à la pire des peines...
- La mort ?
- Non, bien pire. Il sera captif pour l'éternité, il est enfermé sous bonne garde dans la Tour Noire de Valtunin. Les hommes l'empêchent d'hiberner, afin qu'il ne puisse pas échapper à son sort. D'ailleurs, les gardes sont changés régulièrement car il tente de les pousser au suicide... Depuis, nous vivons en paix, et je me demande quel sera votre rôle dans l'Histoire...