Chapitre 11
Après le règlement de deux ou trois petits soucis particuliers, la séance commence par un tour de table où chacun doit se présenter ainsi que la famille chez laquelle il habite et ce qu'il a fait depuis deux jours.
Auf Deutsch bitte ! rappelle Jutta à Clarissa, la première à s'y coller. On commence à en avoir l'habitude. Robin se taille un franc succès en reprenant la présentation qu'il a faite en classe hier. Mine de rien cela nous prend une heure !
L'objectif de cet exercice est de permettre à Patrick et Jutta de nous classer en plusieurs groupes de niveau, quatre, pour pouvoir ensuite travailler de façon adaptée. On se retrouve chacun dans un groupe : Marjorie dans le 4, Alexis dans le 3, Robin dans le 2 et moi dans le 1 ! C'est marrant mais bon, on aurait préféré rester ensemble. On se sépare pour le reste de la matinée.
Je me retrouve dans un petit groupe de six avec que des filles, c'est bien ma veine !
C'est Jutta qui anime la séance. On fait beaucoup d'oral et on note le vocabulaire au fur et à mesure. Les deux heures passent en un clin d'œil. C'est cool.
Il est midi passé et Jutta nous annonce qu'on en reste là pour ce matin. Nous avons quartier libre pour le déjeuner et on se retrouve devant la porte à 14h précises ! Klar Thomas ! rajoute-t-elle en me regardant amicalement.
Alexis et son groupe sont déjà sortis. On se salue chaleureusement et on commence à discuter quand soudain il s'interrompt et me regarde l'air embarrassé.
— Thomas, je peux te demander un service ?
— Oui bien sûr
— C'est-à-dire que euh c'est un peu délicat et personnel alors t'es pas obligé...
— Allez accouche !
— Tu pourrais venir avec moi à la pharmacie d'en face acheter des capotes... Tu sais en France j'y serai allé tout seul mais là je ne sais pas comment ça se dit et j'aurai trop la honte s'il faut que j'explique... rajoute-t-il très vite.
Je suis un peu interloqué et comme je ne réagis pas tout de suite. Il reprend.
— Tu peux, dis ?
— Oui, oui bien sûr. Je crois que ça se dit Gummis mais je ne suis vraiment pas sûr !
Nous traversons la rue et rentrons dans l'officine où, providentiellement, il n'y pas de clients. Sentant Alexis trop gêné, je m'arme de mon plus grand courage, déglutis et me lance.
— Guten Tag, ich möchte Gummis kaufen, bitte. (Bonjour, je voudrai acheter des Gummis svp)
— Wie bitte ? (Comment ?)
— Ich will euh gummis (Je voudrai des Gummis)
— Das haben wir nicht hier! (Nous n'avons pas ça ici !) Vielleicht haben Sie besser verstanden? (Vous avez peut-être mieux compris ?) demande-t-elle à la cliente qui vient de rentrer.
La pharmacienne, une jeune femme d'une vingtaine d'année, nous sentant perdus, me demande si je peux essayer de lui expliquer ce que je désire...
Je panique un peu et explique à Alexis qu'ils n'en vendent pas mais qu'elle pense ne pas avoir compris alors si on peut lui expliquer...
Il se lance, tends son index et avec deux doigts de l'autre main en cercle il essaie de mimer un préservatif que l'on déroule sur un sexe...
La pharmacienne ne comprend toujours pas. Elle lui demande de refaire le mouvement pour que les clients, ils sont quatre ou cinq maintenant, puissent l'aider. Il exécute plusieurs fois de suite le mouvement dans la boutique où nous sommes devenus le centre d'attraction !
Alexis me regarde et me dit de toute façon maintenant mort pour mort autant y aller à fond ! et fait bouger son bassin d'arrière en avant plusieurs fois rapidement pendant que je reprends l'autre mouvement avec l'index. Je suis rouge de honte et Alexis est pire encore quand un client réagit enfin.
— Du willst Präservativen oder? (Tu veux des préservatifs, c'est ça ?) dit-il en se tournant vers moi.
— Ja ! Ja ! Präservativen !
Tout le monde se regarde et éclate de rire, on ne sait plus où nous mettre.
La pharmacienne revient avec plusieurs boites et me demande en riant lesquels je désire. Je prends la première, Alexis sort son porte-monnaie et paie rapidement. Les clients rejouent la scène et sont toujours morts de rire. Nous sortons enfin, nous aussi maintenant, complètement écroulés.
Marjorie et Robin sont en face à nous attendre. Alexis planque sa précieuse boite et nous les rejoignons en essayant de reprendre notre sérieux.
— Ben alors qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que vous faisiez ? demande Marjorie
— Rien, rien j'suis allé acheter des cachets parce que j'ai mal au ventre et il y eu un espèce de quiproquo lui réponds-je en me calmant et faisant un gros clin d'œil à Alexis. Allons manger sinon on sera encore en retard tout à l'heure !
Robin me regarde un peu alarmé et je profite que les deux autres soient devant, pour lui chuchoter à l'oreille :
— T'inquiètes, je t'expliquerai
en riant encore à moitié.
L'après midi est consacré à la visite d'une usine d'embouteillage de Coca et à la découverte d'un musée d'art contemporain. Autant la première m'intéresse, autant je reste hermétique au musée.
Profitant que Marjorie reste régulièrement plantée devant des trucs ou des machins, je choppe Robin et Alexis et on s'écarte dans une petite salle secondaire. Là on raconte à Robin notre acadabrantesque histoire de ce matin. On essaie de ne pas trop faire de bruits mais le fou rire nous gagne une nouvelle fois.
— Sans être trop indiscret, tu peux nous dire si tu as des projets précis Alexis ? demande Robin un peu moqueur lorsque nous nous sommes un peu calmés.
Alexis vire une nouvelle fois au rouge et finit par bafouiller :
— Je vous le dit, je te dois bien ça Thomas, mais vous me grillez pas les gars !
Voilà j'ai l'impression que j'ai une chance avec Marjo et j'me suis dit... enfin vous voyez quoi... si jamais...
— Vaut mieux être prévoyant, t'as raison !
— Tu sais t'en servir au moins ? demande Robin toujours en rigolant
— Ah ben vous êtes là ! s'exclame Marjorie du bout de la salle. Qu'est ce que vous complotez encore ?
Nous sursautons et Alexis est particulièrement inquiet et mal à l'aise.
— On a un peu craqué devant tous ces chefs d'œuvres ! ironisé-je.
— Oui, c'est vrai à 15-16 ans les garçons sont encore terriblement gamins...
— J'essayais de les raisonner, mon cœur reprend Alexis en prenant la main de Marjo et en se tournant vers nous. Allez venez les petits Vati und Mutti (papa et maman) vont vous acheter des glaces ! »...
...
A ce rythme là, le reste de la journée défile à une vitesse folle et le soir venu, sitôt l'émission de télé, regardée en famille, terminée, nous nous couchons. Exténués, mais heureux d'avoir pris autant de plaisir à être ensemble.
...
— Bonne nuit Tommy !
— Bonne nuit Roby ! Au fait, demain matin c'est moi qui te réveille!
— C'est ça, on y croit ! Aller fais de beaux rêves !
Après le règlement de deux ou trois petits soucis particuliers, la séance commence par un tour de table où chacun doit se présenter ainsi que la famille chez laquelle il habite et ce qu'il a fait depuis deux jours.
Auf Deutsch bitte ! rappelle Jutta à Clarissa, la première à s'y coller. On commence à en avoir l'habitude. Robin se taille un franc succès en reprenant la présentation qu'il a faite en classe hier. Mine de rien cela nous prend une heure !
L'objectif de cet exercice est de permettre à Patrick et Jutta de nous classer en plusieurs groupes de niveau, quatre, pour pouvoir ensuite travailler de façon adaptée. On se retrouve chacun dans un groupe : Marjorie dans le 4, Alexis dans le 3, Robin dans le 2 et moi dans le 1 ! C'est marrant mais bon, on aurait préféré rester ensemble. On se sépare pour le reste de la matinée.
Je me retrouve dans un petit groupe de six avec que des filles, c'est bien ma veine !
C'est Jutta qui anime la séance. On fait beaucoup d'oral et on note le vocabulaire au fur et à mesure. Les deux heures passent en un clin d'œil. C'est cool.
Il est midi passé et Jutta nous annonce qu'on en reste là pour ce matin. Nous avons quartier libre pour le déjeuner et on se retrouve devant la porte à 14h précises ! Klar Thomas ! rajoute-t-elle en me regardant amicalement.
Alexis et son groupe sont déjà sortis. On se salue chaleureusement et on commence à discuter quand soudain il s'interrompt et me regarde l'air embarrassé.
— Thomas, je peux te demander un service ?
— Oui bien sûr
— C'est-à-dire que euh c'est un peu délicat et personnel alors t'es pas obligé...
— Allez accouche !
— Tu pourrais venir avec moi à la pharmacie d'en face acheter des capotes... Tu sais en France j'y serai allé tout seul mais là je ne sais pas comment ça se dit et j'aurai trop la honte s'il faut que j'explique... rajoute-t-il très vite.
Je suis un peu interloqué et comme je ne réagis pas tout de suite. Il reprend.
— Tu peux, dis ?
— Oui, oui bien sûr. Je crois que ça se dit Gummis mais je ne suis vraiment pas sûr !
Nous traversons la rue et rentrons dans l'officine où, providentiellement, il n'y pas de clients. Sentant Alexis trop gêné, je m'arme de mon plus grand courage, déglutis et me lance.
— Guten Tag, ich möchte Gummis kaufen, bitte. (Bonjour, je voudrai acheter des Gummis svp)
— Wie bitte ? (Comment ?)
— Ich will euh gummis (Je voudrai des Gummis)
— Das haben wir nicht hier! (Nous n'avons pas ça ici !) Vielleicht haben Sie besser verstanden? (Vous avez peut-être mieux compris ?) demande-t-elle à la cliente qui vient de rentrer.
La pharmacienne, une jeune femme d'une vingtaine d'année, nous sentant perdus, me demande si je peux essayer de lui expliquer ce que je désire...
Je panique un peu et explique à Alexis qu'ils n'en vendent pas mais qu'elle pense ne pas avoir compris alors si on peut lui expliquer...
Il se lance, tends son index et avec deux doigts de l'autre main en cercle il essaie de mimer un préservatif que l'on déroule sur un sexe...
La pharmacienne ne comprend toujours pas. Elle lui demande de refaire le mouvement pour que les clients, ils sont quatre ou cinq maintenant, puissent l'aider. Il exécute plusieurs fois de suite le mouvement dans la boutique où nous sommes devenus le centre d'attraction !
Alexis me regarde et me dit de toute façon maintenant mort pour mort autant y aller à fond ! et fait bouger son bassin d'arrière en avant plusieurs fois rapidement pendant que je reprends l'autre mouvement avec l'index. Je suis rouge de honte et Alexis est pire encore quand un client réagit enfin.
— Du willst Präservativen oder? (Tu veux des préservatifs, c'est ça ?) dit-il en se tournant vers moi.
— Ja ! Ja ! Präservativen !
Tout le monde se regarde et éclate de rire, on ne sait plus où nous mettre.
La pharmacienne revient avec plusieurs boites et me demande en riant lesquels je désire. Je prends la première, Alexis sort son porte-monnaie et paie rapidement. Les clients rejouent la scène et sont toujours morts de rire. Nous sortons enfin, nous aussi maintenant, complètement écroulés.
Marjorie et Robin sont en face à nous attendre. Alexis planque sa précieuse boite et nous les rejoignons en essayant de reprendre notre sérieux.
— Ben alors qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce que vous faisiez ? demande Marjorie
— Rien, rien j'suis allé acheter des cachets parce que j'ai mal au ventre et il y eu un espèce de quiproquo lui réponds-je en me calmant et faisant un gros clin d'œil à Alexis. Allons manger sinon on sera encore en retard tout à l'heure !
Robin me regarde un peu alarmé et je profite que les deux autres soient devant, pour lui chuchoter à l'oreille :
— T'inquiètes, je t'expliquerai
en riant encore à moitié.
L'après midi est consacré à la visite d'une usine d'embouteillage de Coca et à la découverte d'un musée d'art contemporain. Autant la première m'intéresse, autant je reste hermétique au musée.
Profitant que Marjorie reste régulièrement plantée devant des trucs ou des machins, je choppe Robin et Alexis et on s'écarte dans une petite salle secondaire. Là on raconte à Robin notre acadabrantesque histoire de ce matin. On essaie de ne pas trop faire de bruits mais le fou rire nous gagne une nouvelle fois.
— Sans être trop indiscret, tu peux nous dire si tu as des projets précis Alexis ? demande Robin un peu moqueur lorsque nous nous sommes un peu calmés.
Alexis vire une nouvelle fois au rouge et finit par bafouiller :
— Je vous le dit, je te dois bien ça Thomas, mais vous me grillez pas les gars !
Voilà j'ai l'impression que j'ai une chance avec Marjo et j'me suis dit... enfin vous voyez quoi... si jamais...
— Vaut mieux être prévoyant, t'as raison !
— Tu sais t'en servir au moins ? demande Robin toujours en rigolant
— Ah ben vous êtes là ! s'exclame Marjorie du bout de la salle. Qu'est ce que vous complotez encore ?
Nous sursautons et Alexis est particulièrement inquiet et mal à l'aise.
— On a un peu craqué devant tous ces chefs d'œuvres ! ironisé-je.
— Oui, c'est vrai à 15-16 ans les garçons sont encore terriblement gamins...
— J'essayais de les raisonner, mon cœur reprend Alexis en prenant la main de Marjo et en se tournant vers nous. Allez venez les petits Vati und Mutti (papa et maman) vont vous acheter des glaces ! »...
...
A ce rythme là, le reste de la journée défile à une vitesse folle et le soir venu, sitôt l'émission de télé, regardée en famille, terminée, nous nous couchons. Exténués, mais heureux d'avoir pris autant de plaisir à être ensemble.
...
— Bonne nuit Tommy !
— Bonne nuit Roby ! Au fait, demain matin c'est moi qui te réveille!
— C'est ça, on y croit ! Aller fais de beaux rêves !