08-08-2020, 11:58 AM
Maman était arrivée à l’infirmerie. Elle avait des cernes aux yeux. On me voyant elle s’était mise à pleurer. Elle n’en revenait pas de voir ce que mon père m’avait fait.
Elle discuta avec le directeur de l’école. Elle lui avait expliqué ce qui s’était passé depuis deux jours. Le directeur lui avait dit qu’il avait été mis au courant par moi et Jacques. Il ajoutait qu’il se tenait prêt à nous venir en aide s’il fallait. Maman l’avait remercié.
Avec maman, nous étions allés à l’hôpital. J’avais été reçu par un jeune médecin qui m’a recousu l’arcade sourcilière avec quatre fils. Pour la lèvre supérieure il avait mis un sparadrap spécial. Ce médecin avait ensuite établi un certificat médical en vue de le joindre au dossier de plainte dressé par la police.
Maman était revenue à la maison avec moi pour que je puisse me laver et me changer. Après nous étions allés faire ma déposition au bureau de police. C’est là que j’ai vu l’homme qui était intervenu dans la cours de l’école. Il s’agissait d’un papa d’élève.
J’avais fait une déclaration où je mentionnais tout ce qui s’était passé.
Maman avait elle aussi fait une déclaration. Elle mentionnait que mon père l’avait harcelée de question la veille au soir en vue de savoir où j’étais, chez qui, etc. Finalement maman a signalé qu’elle avait passé la nuit dans la chambre d’ami pour être tranquille. Maman demandait aussi que mon père soit éloigné de la maison durant quelques jours pour qu’il prenne conscience de ses actes.
J’ai demandé à maman de pouvoir retourner à l’école car je ne voulais pas rester seul et que je voulais voir mes copains de classe. Puis je ne voulais pas manquer trop de cours.
Une fois à l’école, j’étais allé voir le directeur qui m’a dit que s’il y avait le moindre problème, que je pouvais venir le trouver. Il avait ajouté qu’il avait prévenu les professeurs de faire attention à moi et à toute personne inconnue qui pourrait venir dans l’enceinte de l’école.
Je m’étais présenté en classe, en plein milieu du cours de math. Le prof m’avait accueilli en me demandant si ça allait mieux. Il a ajouté qu’il voulait que les élèves prennent attention à moi. Amandine a alors ajouté que je pouvais compter sur mes copains de classe.
Sur le temps de midi un tas d’élèves venaient me saluer et me demander comment j’allais. Tous étaient outrés d’apprendre que c’était mon père qui m’avait ainsi brutalisé. Ils voulaient savoir pourquoi, mais je ne voulais pas leur dire.
L’après-midi s’était déroulée sans soucis.
Le directeur était venu trouver la classe à la fin du dernier cours. Il avait expliqué en deux mots qu’il demandait à tous les élèves de la classe de prendre attention à moi. Il ajoutait que les raisons de l’agression ne regardaient que ma famille et que lui en tant que directeur était aussi au courant.
Le directeur m’avait alors dit en aparté, que mon père devait être présenté demain à un magistrat et que cette nuit il resterait dans les locaux de la police. Que je pouvais donc partir sans avoir peur de la rencontrer.
A la sortie de l’école, maman était là, elle m’attendait. Quant à moi, j’étais en compagnie de Jacques et d’Amandine. J’avais présenté Amandine à maman en lui disant qu’elle était au courant de ma situation et de celle de Jacques et qu’elle était pour moi une amie sur qui je pouvais compter. Maman m’avait alors confirmé que papa resterait au bureau de police durant la nuit, que je n’avais rien à craindre.
J’avais demandé à maman si je pouvais encore loger chez Jacques cette nuit, que j’avais besoin de me mettre au calme et en compagnie de mon ami. Maman a accepté et elle nous avait conduits chez Jacques. Amandine était contente de voir que j’allais un peu mieux et que je pensais à me changer les idées.
En arrivant chez Jacques, Béatrice a été choquée de voir dans quel état j’étais. Maman lui avait alors expliqué ce qui s’était passé. Béatrice n’en revenait pas, elle se posait la question de savoir comment un père peut se conduire comme ça envers son fils. Pour elle j’étais homo et cela ne changeait rien, j’étais toujours un enfant, ou plutôt un ado, et j’avais droit à tous les égards. L’orientation sexuelle ne devait pas rentrer en ligne de compte, c’était l’être humain en tant que tel qui importait. Béatrice était outrée.
Béatrice a tout de suite accepté de m’héberger encore une ou plus fois s’il le fallait. J’étais content de pouvoir ainsi être un peu au calme. Maman était elle aussi rassurée par cette décision.
La fin de la journée s’était passée à discuter de tout et de rien mais en aucun cas de ce qui aurait pu me faire du mal psychologiquement. Béatrice était aux petits soins avec moi. Elle m’avait demandé ce que je voulais pour le dîner, je lui avais répondu qu’elle fasse ce qu’il lui passait par la tête car je n’avais pas d’idée. Béatrice m’avait regardé dans les yeux et elle m’avait dit :
Béa : Alors mon grand, je vais te faire plaisir et je vais faire des crêpes pour le souper.
Moi : Oh merci bien Béatrice, c’est super, il y a déjà longtemps que je n’en ai plus mangé.
Jac : Oh maman, c’est génial.
Béa : Oui, je suis d’accord avec vous et je suis certaine qu’Alexis aimera aussi manger des crêpes.
Moi : Merci Béatrice, merci de m’accueillir, ça me réconforte de savoir que je peux être choyé par vous tous. Vous êtes super avec moi, comment pourrai-je vous remercier.
Béa : Mais Phil, tu seras toujours le bienvenu chez nous, tu fais presque partie de la famille.
Jac : Merci maman, tu ne peux pas savoir comme ça me réchauffe le cœur.
Je m’étais mis à pleurer, je décompressais enfin après cette journée qui je voulais oublier au plus vite. Comment un père peut-il se comporter envers son enfant de cette façon. Il avait détruit toute relation entre lui et moi. Je n’aurai plus jamais confiance en lui. J’étais triste, car j’aimais mon père. J’étais dévasté dans mon fort intérieur. Heureusement que Jacques était là pour me soutenir. Je savais qu’il m’aimait et que je l’aimais, il fallait que je me raccroche à cette idée-là.
Je m’étais levé et j’avais alors été embrasser Béatrice, pour la remercier !
Une fois le repas terminé, j’avais donné un coup de main pour débarrasser la table et mettre dans le lave-vaisselle. Nous avions ensuite regardé un film à la télévision ; c’était un film comique avec Louis De Funes, « les Gendarmes à Saint-Tropez ».
Une fois le film terminé, Jacques m’a proposé d’aller nous coucher. C’est vrai que j’étais assez fatigué de cette mauvaise journée.
A l’issue de la douche prise à deux, nous étions revenus dans la chambre d’ami pour avoir le grand lit pour nous deux, Jacques et moi. Je m’étais assis sur le rebord du lit, je m’étais pris la tête entre les mains et je repensais à tout ce qui s’était passé. Je ne parvenais pas comprendre l’attitude de mon père, lui qui s’occupait de moi, qui faisait du sport avec moi, qui m’aidait pour mes devoirs quand je ne m’en sortais pas. Je ne savais plus que penser. Jacques s’était assis à côté de moi et m’avait pris dans les bras. Il voyait que je n’étais pas bien. Il me donnait des bisous dans le cou, car sur les lèvres c’était impossible vu le pansement sur la lèvre supérieure.
Nous avions enfilé nos pyjamas pour ensuite nous coucher.
Au beau milieu de nuit, j’avais surement du faire un cauchemar. J’avais crié et Jacques avait été réveillé par mes cris. Il m’avait pris dans ses bras pour me calmer. J’avais rêvé que mon père entrait dans la maison de Jacques et qu’il arrivait dans la chambre pour nous donner une correction. Puis Jacques avait ouvert la lampe de chevet. Il avait soulevé la couette et s’était rendu compte que je m’étais pissé dessus. Je m’en étais rendu compte un peu après. Je ne savais plus où me mettre, j’étais honteux, pisser au lit à 17 ans ! Jacques me disait que ce n’était rien. Je m’étais mis à pleurer. Je m’en voulais. Jacques est allé prévenir sa maman, Béatrice. Elle est venue dans la chambre et de suite elle m’a dit :
Béa : Oh Phil, ne pleure pas, ce n’est pas grave. Tu as fait cauchemar et à la suite de tous les événements, tu as été fort bousculé.
Moi : Merci Béatrice, mais j’ai honte !
Béa : Tu n’as pas à avoir honte, il faut que tu reprennes confiance en toi et que toute cette histoire se passe.
Jac : Eh Phil, je suis là pour toi, je t’aime et je comprends très bien que ce que tu vis est très difficile. Alors ne t’inquiète pas.
Moi : Merci à vous, vous êtes si gentils avec moi.
Béatrice avait changé le lit, j’étais allé prendre une douche avec Jacques et nous avions changé de pyjama.
Le reste de la nuit s’était déroulée sans problème.
Au matin Jacques et moi étions descendus, après avoir pris notre douche et nous être habillés, pour prendre le petit-déjeuner. Béatrice nous attendait. Elle avait préparé du café et du chocolat chaud. Je m’étais une nouvelle fois excusé pour les problèmes de la nuit.
Nous étions allés prendre le bus pour aller au bahut. Nous étions, Jacques et moi assis dans le fond du bus. Nous discutions ensemble lorsque nous avions vu Jean monté trois arrêts après nous. Il s’était directement dirigé vers nous. Il s’était arrêté à moins de deux mètres et en nous toisant il avait dit :
Jean : Bonjour les pédés ! (En nous souriant !)
Je me demandais ce qui se passait, c’était un mauvais rêve, c’était une nouvelle agression, verbale cette fois, ou alors Jean voulait montrer aux autres passagers du bus qu’il était homophobe. J’étais mal, de plus en plus mal. J’étais devenu tout blanc. Mais quand cela allait-il s’arrêter, je n’en pouvais plus d’être agressé, un jour par mon propre père puis le lendemain par Jean, un élève de notre classe. Jacques voyant que je n’étais pas bien, s’était levé et avait dit à Jean :
Jac : Tu es malade ou quoi. Tu veux encore qu’il en prenne plein la gueule ! (En parlant de moi)
Jean : Mais non, c’est pour blaguer.
Jac : Je vais t’apprendre à blaguer. Je vais t’en filer une que tu vas t’en souvenir. !
Jean : Mais arrête, c’est pour blaguer.
Jac : Je ne vois pas ce qu’il y a de marrant à nous traiter de la sorte. As-tu vu dans quel état tu as mis Phil. Tu as envie qu’il pète les plombs. Tu veux quoi, le rendre encore plus mal qu’il n’est. Tu n’as pas de cœur, tu me répugne !
Jean : Bon, ça va, j’ai compris. (Jean fit demi-tour pour aller se placer devant, dans le bus.)
J’étais mal, je n’avais qu’une envie, c’était de ma cacher, de me trouver sous terre. Comment pouvait-on être aussi méchant. J’étais une nouvelle fois anéanti. Jacques tentait de ma réconforter en me disant que c’était un con, qu’il n’avait rien compris etc. Mais moi j’étais touché en plein cœur, je n’étais plus que la lopette de service sur laquelle on pouvait se défouler !
Arrivé à l’école, j’avais été aidé par Jacques pour entrer, je ne voulais pas entrer. J’avais peur de tout. Jacques était allé trouver Amandine et Joseph en leur expliquant le comportement de Jean dans le bus. Amandine était outrée par le comportement de Jean. Elle était allée le trouver en lui disant qu’il était le pire de gars qu’elle connaissait. Durant toute la journée j’étais comme dans une brume, j’étais mal, je ne savais que penser, j’étais vulnérable.
Pour la pause de midi je m’étais mis à ma table habituelle, j’étais seulement accompagné de Jacques et d’Amandine, les autres avaient pris place à d’autres tables. Lorsque Alexis a vu ça, il s’est demandé ce qui se passait. Puis Joseph était arrivé et s’était placé à notre table. Nous n’étions que cinq sur une table de douze ! Or habituellement la table était complète.
Un sentiment d’homophobie planait dans le réfectoire. J’en étais malade. Tout ça à cause de mon père. J’avais les boules, j’étais de plus en plus nerveux. Il ne fallait pas qu’on vienne me trouver, j’allais péter un câble.
Plus personne ne nous parlait, nous étions, notre table, mis au banc de la cantine !
N’ayant plus de courage de rester, je m’étais levé et j’avais quitté la cantine, sans même avoir mangé. Je m’étais écroulé en pleur dans un coin du préau. Mais qu’avais-je fait pour mériter ça. Pourquoi tant de haine, pourquoi moi. Je m’étais refermé comme une huitre. Personne ne pouvait plus m’atteindre, j’étais dans ma coquille !
Jacques et Amandine m’avaient cherché pendant un quart d’heure avant de me trouver. Ils étaient super mal. Ils avaient eu peur pour moi. Alexis avait lui été trouver le directeur pour lui expliquer ce qui se passait. Alexis était hors de lui, il aurait mangé n’importe qui, il était furax qu’on puisse s’en prendre comme à quelqu’un en état de faiblesse.
J’étais incapable de faire quoi que ce soit. J’avais été conduit à l’infirmerie pour le reste de la journée. Par la suite j’avais appris que le directeur était intervenu dans la cantine. Il avait houspillé tous les élèves en leur reprochant leur réaction. Il avait expliqué que l’homophobie n’avait pas cour dans son école et que le premier qui voulait encore agir de la sorte serait exclu durant une semaine.
Jacques et Amandine, accompagnés de Joseph et d’Alexis étaient venus me reprendre à l’infirmerie. Nous avions fait ensemble le trajet jusqu’au bus. Pas un mot de la part des autres élèves, j’avais l’impression d’être une bête de cirque !
Une fois à la maison de Jacques, j’étais allé me coucher sur le lit. Il fallait que je me repose, que je me reprenne. J’étais à bout. Jacques était monté et s’était couché à mes côtés sans rien dire. Il m’avait pris la main et me regardait tendrement. J’avais enfin un visage ami à mes côtés.
Béatrice venait de rentrer. Directement Alexis lui avait expliqué ce qui s’était passé à l’école. Béatrice était outragée de la façon dont les élèves s’étaient comportés à la cantine. Elle était montée me voir dans la chambre d’ami. Elle m’avait vu avec Jacques à mes côtés. Je dormais et Jacques aussi. Elle avait refermé la porte doucement derrière elle.
Dans la cuisine, Alexis était remonté. Il fulminait. Il voulait casser la gueule à tout le monde. Il ne comprenait pas pourquoi les autres élèves s’en prenaient à moi.
Alex : Mais maman, ce n’est pas possible, Phil est super gentil, il donnerait son manteau et ils s’en prennent comme ça à lui. Mais c’est injuste.
Béa : Oui je sais Alexis, les gens sont très méchants quand ils sont en face de quelqu’un de différend.
Alex : Mais maman, Phil et Jacques ne sont pas différends, ils sont comme ils sont. Ils n’ont rien fait de mal. Merde alors !
Béa : Calme-toi Alexis. Tu sais qu’il y a et qu’il y aura toujours des gens que ne comprendront rien à rien. Ne te fais pas de bile, tôt ou tard ça va s’arranger à l’école.
Alex : Il vaudrait mieux tôt que tard, car je ne sais pas comment Phil va être, c’est déjà une loque, alors plus tard, j’ai peur qu’il ne fasse quelque chose de mal, j’ai peur qu’il ne se … se suicide !
Alexis pleurait à chaudes larmes. Il aimait son frère Jacques et aussi son nouveau frère Phil. Il était à fleur de peau. Béatrice l’a pris dans ses bras pour le consoler.
Alex : Maman, pourquoi les gens sont-ils si méchants ?
Béa : Tu vois Alexis, ils ne comprennent pas que certains soient différends dans leur façon de vivre. Or tu le sais, ceux qui sont différents sont parfois plus humains que les autres ! Ils ont une autre sensibilité qui fait qu’ils sont des êtres doués à part entière mais différents dans la perception de la vie et de l’humanité telle que nous la connaissons.
Elle discuta avec le directeur de l’école. Elle lui avait expliqué ce qui s’était passé depuis deux jours. Le directeur lui avait dit qu’il avait été mis au courant par moi et Jacques. Il ajoutait qu’il se tenait prêt à nous venir en aide s’il fallait. Maman l’avait remercié.
Avec maman, nous étions allés à l’hôpital. J’avais été reçu par un jeune médecin qui m’a recousu l’arcade sourcilière avec quatre fils. Pour la lèvre supérieure il avait mis un sparadrap spécial. Ce médecin avait ensuite établi un certificat médical en vue de le joindre au dossier de plainte dressé par la police.
Maman était revenue à la maison avec moi pour que je puisse me laver et me changer. Après nous étions allés faire ma déposition au bureau de police. C’est là que j’ai vu l’homme qui était intervenu dans la cours de l’école. Il s’agissait d’un papa d’élève.
J’avais fait une déclaration où je mentionnais tout ce qui s’était passé.
Maman avait elle aussi fait une déclaration. Elle mentionnait que mon père l’avait harcelée de question la veille au soir en vue de savoir où j’étais, chez qui, etc. Finalement maman a signalé qu’elle avait passé la nuit dans la chambre d’ami pour être tranquille. Maman demandait aussi que mon père soit éloigné de la maison durant quelques jours pour qu’il prenne conscience de ses actes.
J’ai demandé à maman de pouvoir retourner à l’école car je ne voulais pas rester seul et que je voulais voir mes copains de classe. Puis je ne voulais pas manquer trop de cours.
Une fois à l’école, j’étais allé voir le directeur qui m’a dit que s’il y avait le moindre problème, que je pouvais venir le trouver. Il avait ajouté qu’il avait prévenu les professeurs de faire attention à moi et à toute personne inconnue qui pourrait venir dans l’enceinte de l’école.
Je m’étais présenté en classe, en plein milieu du cours de math. Le prof m’avait accueilli en me demandant si ça allait mieux. Il a ajouté qu’il voulait que les élèves prennent attention à moi. Amandine a alors ajouté que je pouvais compter sur mes copains de classe.
Sur le temps de midi un tas d’élèves venaient me saluer et me demander comment j’allais. Tous étaient outrés d’apprendre que c’était mon père qui m’avait ainsi brutalisé. Ils voulaient savoir pourquoi, mais je ne voulais pas leur dire.
L’après-midi s’était déroulée sans soucis.
Le directeur était venu trouver la classe à la fin du dernier cours. Il avait expliqué en deux mots qu’il demandait à tous les élèves de la classe de prendre attention à moi. Il ajoutait que les raisons de l’agression ne regardaient que ma famille et que lui en tant que directeur était aussi au courant.
Le directeur m’avait alors dit en aparté, que mon père devait être présenté demain à un magistrat et que cette nuit il resterait dans les locaux de la police. Que je pouvais donc partir sans avoir peur de la rencontrer.
A la sortie de l’école, maman était là, elle m’attendait. Quant à moi, j’étais en compagnie de Jacques et d’Amandine. J’avais présenté Amandine à maman en lui disant qu’elle était au courant de ma situation et de celle de Jacques et qu’elle était pour moi une amie sur qui je pouvais compter. Maman m’avait alors confirmé que papa resterait au bureau de police durant la nuit, que je n’avais rien à craindre.
J’avais demandé à maman si je pouvais encore loger chez Jacques cette nuit, que j’avais besoin de me mettre au calme et en compagnie de mon ami. Maman a accepté et elle nous avait conduits chez Jacques. Amandine était contente de voir que j’allais un peu mieux et que je pensais à me changer les idées.
En arrivant chez Jacques, Béatrice a été choquée de voir dans quel état j’étais. Maman lui avait alors expliqué ce qui s’était passé. Béatrice n’en revenait pas, elle se posait la question de savoir comment un père peut se conduire comme ça envers son fils. Pour elle j’étais homo et cela ne changeait rien, j’étais toujours un enfant, ou plutôt un ado, et j’avais droit à tous les égards. L’orientation sexuelle ne devait pas rentrer en ligne de compte, c’était l’être humain en tant que tel qui importait. Béatrice était outrée.
Béatrice a tout de suite accepté de m’héberger encore une ou plus fois s’il le fallait. J’étais content de pouvoir ainsi être un peu au calme. Maman était elle aussi rassurée par cette décision.
La fin de la journée s’était passée à discuter de tout et de rien mais en aucun cas de ce qui aurait pu me faire du mal psychologiquement. Béatrice était aux petits soins avec moi. Elle m’avait demandé ce que je voulais pour le dîner, je lui avais répondu qu’elle fasse ce qu’il lui passait par la tête car je n’avais pas d’idée. Béatrice m’avait regardé dans les yeux et elle m’avait dit :
Béa : Alors mon grand, je vais te faire plaisir et je vais faire des crêpes pour le souper.
Moi : Oh merci bien Béatrice, c’est super, il y a déjà longtemps que je n’en ai plus mangé.
Jac : Oh maman, c’est génial.
Béa : Oui, je suis d’accord avec vous et je suis certaine qu’Alexis aimera aussi manger des crêpes.
Moi : Merci Béatrice, merci de m’accueillir, ça me réconforte de savoir que je peux être choyé par vous tous. Vous êtes super avec moi, comment pourrai-je vous remercier.
Béa : Mais Phil, tu seras toujours le bienvenu chez nous, tu fais presque partie de la famille.
Jac : Merci maman, tu ne peux pas savoir comme ça me réchauffe le cœur.
Je m’étais mis à pleurer, je décompressais enfin après cette journée qui je voulais oublier au plus vite. Comment un père peut-il se comporter envers son enfant de cette façon. Il avait détruit toute relation entre lui et moi. Je n’aurai plus jamais confiance en lui. J’étais triste, car j’aimais mon père. J’étais dévasté dans mon fort intérieur. Heureusement que Jacques était là pour me soutenir. Je savais qu’il m’aimait et que je l’aimais, il fallait que je me raccroche à cette idée-là.
Je m’étais levé et j’avais alors été embrasser Béatrice, pour la remercier !
Une fois le repas terminé, j’avais donné un coup de main pour débarrasser la table et mettre dans le lave-vaisselle. Nous avions ensuite regardé un film à la télévision ; c’était un film comique avec Louis De Funes, « les Gendarmes à Saint-Tropez ».
Une fois le film terminé, Jacques m’a proposé d’aller nous coucher. C’est vrai que j’étais assez fatigué de cette mauvaise journée.
A l’issue de la douche prise à deux, nous étions revenus dans la chambre d’ami pour avoir le grand lit pour nous deux, Jacques et moi. Je m’étais assis sur le rebord du lit, je m’étais pris la tête entre les mains et je repensais à tout ce qui s’était passé. Je ne parvenais pas comprendre l’attitude de mon père, lui qui s’occupait de moi, qui faisait du sport avec moi, qui m’aidait pour mes devoirs quand je ne m’en sortais pas. Je ne savais plus que penser. Jacques s’était assis à côté de moi et m’avait pris dans les bras. Il voyait que je n’étais pas bien. Il me donnait des bisous dans le cou, car sur les lèvres c’était impossible vu le pansement sur la lèvre supérieure.
Nous avions enfilé nos pyjamas pour ensuite nous coucher.
Au beau milieu de nuit, j’avais surement du faire un cauchemar. J’avais crié et Jacques avait été réveillé par mes cris. Il m’avait pris dans ses bras pour me calmer. J’avais rêvé que mon père entrait dans la maison de Jacques et qu’il arrivait dans la chambre pour nous donner une correction. Puis Jacques avait ouvert la lampe de chevet. Il avait soulevé la couette et s’était rendu compte que je m’étais pissé dessus. Je m’en étais rendu compte un peu après. Je ne savais plus où me mettre, j’étais honteux, pisser au lit à 17 ans ! Jacques me disait que ce n’était rien. Je m’étais mis à pleurer. Je m’en voulais. Jacques est allé prévenir sa maman, Béatrice. Elle est venue dans la chambre et de suite elle m’a dit :
Béa : Oh Phil, ne pleure pas, ce n’est pas grave. Tu as fait cauchemar et à la suite de tous les événements, tu as été fort bousculé.
Moi : Merci Béatrice, mais j’ai honte !
Béa : Tu n’as pas à avoir honte, il faut que tu reprennes confiance en toi et que toute cette histoire se passe.
Jac : Eh Phil, je suis là pour toi, je t’aime et je comprends très bien que ce que tu vis est très difficile. Alors ne t’inquiète pas.
Moi : Merci à vous, vous êtes si gentils avec moi.
Béatrice avait changé le lit, j’étais allé prendre une douche avec Jacques et nous avions changé de pyjama.
Le reste de la nuit s’était déroulée sans problème.
Au matin Jacques et moi étions descendus, après avoir pris notre douche et nous être habillés, pour prendre le petit-déjeuner. Béatrice nous attendait. Elle avait préparé du café et du chocolat chaud. Je m’étais une nouvelle fois excusé pour les problèmes de la nuit.
Nous étions allés prendre le bus pour aller au bahut. Nous étions, Jacques et moi assis dans le fond du bus. Nous discutions ensemble lorsque nous avions vu Jean monté trois arrêts après nous. Il s’était directement dirigé vers nous. Il s’était arrêté à moins de deux mètres et en nous toisant il avait dit :
Jean : Bonjour les pédés ! (En nous souriant !)
Je me demandais ce qui se passait, c’était un mauvais rêve, c’était une nouvelle agression, verbale cette fois, ou alors Jean voulait montrer aux autres passagers du bus qu’il était homophobe. J’étais mal, de plus en plus mal. J’étais devenu tout blanc. Mais quand cela allait-il s’arrêter, je n’en pouvais plus d’être agressé, un jour par mon propre père puis le lendemain par Jean, un élève de notre classe. Jacques voyant que je n’étais pas bien, s’était levé et avait dit à Jean :
Jac : Tu es malade ou quoi. Tu veux encore qu’il en prenne plein la gueule ! (En parlant de moi)
Jean : Mais non, c’est pour blaguer.
Jac : Je vais t’apprendre à blaguer. Je vais t’en filer une que tu vas t’en souvenir. !
Jean : Mais arrête, c’est pour blaguer.
Jac : Je ne vois pas ce qu’il y a de marrant à nous traiter de la sorte. As-tu vu dans quel état tu as mis Phil. Tu as envie qu’il pète les plombs. Tu veux quoi, le rendre encore plus mal qu’il n’est. Tu n’as pas de cœur, tu me répugne !
Jean : Bon, ça va, j’ai compris. (Jean fit demi-tour pour aller se placer devant, dans le bus.)
J’étais mal, je n’avais qu’une envie, c’était de ma cacher, de me trouver sous terre. Comment pouvait-on être aussi méchant. J’étais une nouvelle fois anéanti. Jacques tentait de ma réconforter en me disant que c’était un con, qu’il n’avait rien compris etc. Mais moi j’étais touché en plein cœur, je n’étais plus que la lopette de service sur laquelle on pouvait se défouler !
Arrivé à l’école, j’avais été aidé par Jacques pour entrer, je ne voulais pas entrer. J’avais peur de tout. Jacques était allé trouver Amandine et Joseph en leur expliquant le comportement de Jean dans le bus. Amandine était outrée par le comportement de Jean. Elle était allée le trouver en lui disant qu’il était le pire de gars qu’elle connaissait. Durant toute la journée j’étais comme dans une brume, j’étais mal, je ne savais que penser, j’étais vulnérable.
Pour la pause de midi je m’étais mis à ma table habituelle, j’étais seulement accompagné de Jacques et d’Amandine, les autres avaient pris place à d’autres tables. Lorsque Alexis a vu ça, il s’est demandé ce qui se passait. Puis Joseph était arrivé et s’était placé à notre table. Nous n’étions que cinq sur une table de douze ! Or habituellement la table était complète.
Un sentiment d’homophobie planait dans le réfectoire. J’en étais malade. Tout ça à cause de mon père. J’avais les boules, j’étais de plus en plus nerveux. Il ne fallait pas qu’on vienne me trouver, j’allais péter un câble.
Plus personne ne nous parlait, nous étions, notre table, mis au banc de la cantine !
N’ayant plus de courage de rester, je m’étais levé et j’avais quitté la cantine, sans même avoir mangé. Je m’étais écroulé en pleur dans un coin du préau. Mais qu’avais-je fait pour mériter ça. Pourquoi tant de haine, pourquoi moi. Je m’étais refermé comme une huitre. Personne ne pouvait plus m’atteindre, j’étais dans ma coquille !
Jacques et Amandine m’avaient cherché pendant un quart d’heure avant de me trouver. Ils étaient super mal. Ils avaient eu peur pour moi. Alexis avait lui été trouver le directeur pour lui expliquer ce qui se passait. Alexis était hors de lui, il aurait mangé n’importe qui, il était furax qu’on puisse s’en prendre comme à quelqu’un en état de faiblesse.
J’étais incapable de faire quoi que ce soit. J’avais été conduit à l’infirmerie pour le reste de la journée. Par la suite j’avais appris que le directeur était intervenu dans la cantine. Il avait houspillé tous les élèves en leur reprochant leur réaction. Il avait expliqué que l’homophobie n’avait pas cour dans son école et que le premier qui voulait encore agir de la sorte serait exclu durant une semaine.
Jacques et Amandine, accompagnés de Joseph et d’Alexis étaient venus me reprendre à l’infirmerie. Nous avions fait ensemble le trajet jusqu’au bus. Pas un mot de la part des autres élèves, j’avais l’impression d’être une bête de cirque !
Une fois à la maison de Jacques, j’étais allé me coucher sur le lit. Il fallait que je me repose, que je me reprenne. J’étais à bout. Jacques était monté et s’était couché à mes côtés sans rien dire. Il m’avait pris la main et me regardait tendrement. J’avais enfin un visage ami à mes côtés.
Béatrice venait de rentrer. Directement Alexis lui avait expliqué ce qui s’était passé à l’école. Béatrice était outragée de la façon dont les élèves s’étaient comportés à la cantine. Elle était montée me voir dans la chambre d’ami. Elle m’avait vu avec Jacques à mes côtés. Je dormais et Jacques aussi. Elle avait refermé la porte doucement derrière elle.
Dans la cuisine, Alexis était remonté. Il fulminait. Il voulait casser la gueule à tout le monde. Il ne comprenait pas pourquoi les autres élèves s’en prenaient à moi.
Alex : Mais maman, ce n’est pas possible, Phil est super gentil, il donnerait son manteau et ils s’en prennent comme ça à lui. Mais c’est injuste.
Béa : Oui je sais Alexis, les gens sont très méchants quand ils sont en face de quelqu’un de différend.
Alex : Mais maman, Phil et Jacques ne sont pas différends, ils sont comme ils sont. Ils n’ont rien fait de mal. Merde alors !
Béa : Calme-toi Alexis. Tu sais qu’il y a et qu’il y aura toujours des gens que ne comprendront rien à rien. Ne te fais pas de bile, tôt ou tard ça va s’arranger à l’école.
Alex : Il vaudrait mieux tôt que tard, car je ne sais pas comment Phil va être, c’est déjà une loque, alors plus tard, j’ai peur qu’il ne fasse quelque chose de mal, j’ai peur qu’il ne se … se suicide !
Alexis pleurait à chaudes larmes. Il aimait son frère Jacques et aussi son nouveau frère Phil. Il était à fleur de peau. Béatrice l’a pris dans ses bras pour le consoler.
Alex : Maman, pourquoi les gens sont-ils si méchants ?
Béa : Tu vois Alexis, ils ne comprennent pas que certains soient différends dans leur façon de vivre. Or tu le sais, ceux qui sont différents sont parfois plus humains que les autres ! Ils ont une autre sensibilité qui fait qu’ils sont des êtres doués à part entière mais différents dans la perception de la vie et de l’humanité telle que nous la connaissons.