14-02-2022, 01:26 PM
Bonjour Matthias,
Excuse-moi de ne pas t'avoir informé directement de mon départ en congé pour quelques semaines au moins. Les derniers événements dans ma vie où tu es entré malgré moi et, très probablement malgré toi m'amènent à prendre un peu de recul. Je suis conscient que tu vas être choqué mais en voulant m'aider tu as bouleversé l'équilibre que finalement, difficilement, j'avais réussi à trouver avec mon infirmité. En m'amenant à te raconter ce qui m'était arrivé, en dévoilant ma nudité et ma mutilation, tu m'as en quelque sorte violé malgré tes bonnes intentions. Je ne t'en veux pas, comme dit le proverbe "l'enfer est pavé de bonnes intentions" mais actuellement je me retrouve en enfer. Il faut que je m'en sorte, je m'en sortirai parce que je le veux, je le dois. J'ai besoin de me retrouver seul avec moi-même pour décider si j'accepte ton offre de consulter ton père. Je sais aujourd'hui ce que je suis, j'ignore ce que je pourrais être demain. Ne t'inquiète pas pour moi, je te reverrai un jour pour te dire merci et te communiquer ma décision, qui sera vraiment MA décision.
Sébastien
PS S'il te plaît, tu ne dois avoir aucun remord pour avoir réveillé mes doutes, quelque part, même si ce n'est pas facile, je suis content que, indirectement, tu me contraignes à voir clair en moi. S.
Cette lettre m'a non pas bouleversé mais profondément fait réfléchir : peut-on, a-t-on le droit de vouloir faire le bonheur de son prochain sans réfléchir aux conséquences qui peuvent en découler ? On se croit altruiste alors qu'on est peut-être simplement égoïste et se donne bonne conscience. Il fallait absolument que j'en parle avec quelqu'un, ce ne pouvait qu'être mon père car avec ma mère nos relations étaient plutôt fraîches. Il m'a dit de venir à la fin de sa consultation mais que nous ne pourrions pas dîner ensemble.
Cette fois je n'ai pas eu besoin d'attendre, il avait permuté deux patients. Sans un mot d'explications de ma part. je lui ai donné à lire la lettre de Sébastien. Il a dû la lire au moins deux fois, comme pour s'imprégner de son contenu. Il me regarda avec une grande douceur avant de me dire
- Je ne sais pas si tu avais remarqué mon manque d'enthousiasme à l'idée de m'occuper de ton ami : tout simplement, je réfléchissais et mes pensées allaient exactement dans la direction de ce que Sébastien a remarquablement su exprimer dans sa lettre. Ce garçon a trouvé une stabilité dans sa vie, une acceptation de ce qu'il est et qu'intuitivement il sait que la chirurgie et la médecine ne pourront jamais lui redonner la faculté de vivre une sexualité pleine et entière. Il sait, comme moi, que cela ne pourra qu'être une retouche esthétique, certes importante mais qui ne changera rien de fondamental. Il est remarquablement intelligent dans sa réflexion, dans le rôle que tu as involontairement joué. Alors accepte sa décision, cette retraite qu'il s'impose avec lui-même, c'est ce que tu peux faire de mieux pour lui.
- Oui, je sais que tu as raison et de toutes façons je n'ai aucun moyen de le contacter. Et cela vaut mieux car, réellement, je ne sais pas où j'en suis avec lui. Au début j'ai cru qu'un sentiment d'amitié se développait entre nous, aujourd'hui je redoute que ce soit simplement de la pitié.
Excuse-moi de ne pas t'avoir informé directement de mon départ en congé pour quelques semaines au moins. Les derniers événements dans ma vie où tu es entré malgré moi et, très probablement malgré toi m'amènent à prendre un peu de recul. Je suis conscient que tu vas être choqué mais en voulant m'aider tu as bouleversé l'équilibre que finalement, difficilement, j'avais réussi à trouver avec mon infirmité. En m'amenant à te raconter ce qui m'était arrivé, en dévoilant ma nudité et ma mutilation, tu m'as en quelque sorte violé malgré tes bonnes intentions. Je ne t'en veux pas, comme dit le proverbe "l'enfer est pavé de bonnes intentions" mais actuellement je me retrouve en enfer. Il faut que je m'en sorte, je m'en sortirai parce que je le veux, je le dois. J'ai besoin de me retrouver seul avec moi-même pour décider si j'accepte ton offre de consulter ton père. Je sais aujourd'hui ce que je suis, j'ignore ce que je pourrais être demain. Ne t'inquiète pas pour moi, je te reverrai un jour pour te dire merci et te communiquer ma décision, qui sera vraiment MA décision.
Sébastien
PS S'il te plaît, tu ne dois avoir aucun remord pour avoir réveillé mes doutes, quelque part, même si ce n'est pas facile, je suis content que, indirectement, tu me contraignes à voir clair en moi. S.
Cette lettre m'a non pas bouleversé mais profondément fait réfléchir : peut-on, a-t-on le droit de vouloir faire le bonheur de son prochain sans réfléchir aux conséquences qui peuvent en découler ? On se croit altruiste alors qu'on est peut-être simplement égoïste et se donne bonne conscience. Il fallait absolument que j'en parle avec quelqu'un, ce ne pouvait qu'être mon père car avec ma mère nos relations étaient plutôt fraîches. Il m'a dit de venir à la fin de sa consultation mais que nous ne pourrions pas dîner ensemble.
Cette fois je n'ai pas eu besoin d'attendre, il avait permuté deux patients. Sans un mot d'explications de ma part. je lui ai donné à lire la lettre de Sébastien. Il a dû la lire au moins deux fois, comme pour s'imprégner de son contenu. Il me regarda avec une grande douceur avant de me dire
- Je ne sais pas si tu avais remarqué mon manque d'enthousiasme à l'idée de m'occuper de ton ami : tout simplement, je réfléchissais et mes pensées allaient exactement dans la direction de ce que Sébastien a remarquablement su exprimer dans sa lettre. Ce garçon a trouvé une stabilité dans sa vie, une acceptation de ce qu'il est et qu'intuitivement il sait que la chirurgie et la médecine ne pourront jamais lui redonner la faculté de vivre une sexualité pleine et entière. Il sait, comme moi, que cela ne pourra qu'être une retouche esthétique, certes importante mais qui ne changera rien de fondamental. Il est remarquablement intelligent dans sa réflexion, dans le rôle que tu as involontairement joué. Alors accepte sa décision, cette retraite qu'il s'impose avec lui-même, c'est ce que tu peux faire de mieux pour lui.
- Oui, je sais que tu as raison et de toutes façons je n'ai aucun moyen de le contacter. Et cela vaut mieux car, réellement, je ne sais pas où j'en suis avec lui. Au début j'ai cru qu'un sentiment d'amitié se développait entre nous, aujourd'hui je redoute que ce soit simplement de la pitié.