Récits érotiques - Slygame
Je n'aime pas, j'aime... - Version imprimable

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Je n'aime pas, j'aime... - Nostalgique - 22-01-2022

Voilà, je commence un nouveau récit d'un genre assez différent par rapport aux précédents, sensiblement plus soft (pour l'instant tout au moins !) mais qui pourrait faire réfléchir un peu plus loin que le bout de son sexe, excusez-moi de son nez.


L'appartement sentait bon, jusque dans ma chambre à proximité de la cuisine où ma mère officiait en préparant un pot-au-feu, ce plat tout simple, presque prolétaire mais que j'aimais tant : y-a-t-il quelque chose de meilleur que le bouillon arrosant le riz ? Bien sûr la viande est indispensable car c'est elle qui donne toute sa saveur à ce plat dont la recette vient de ma grand-mère qui, très probablement la tient de sa propre mère.
Moi, Matthias blondinet de tout juste quinze ans, la raie impeccable sur la gauche, des yeux bleus presque transparents, heureux de vivre sans soucis de quelque sorte dans une famille sans problème ce qui, c'est vrai est facile car je suis enfant unique. Mon père est parti à ma naissance avec une très jeune femme mais subvient généreusement à mon entretien et à mon éducation.

Je travaille correctement au collège mais j'ai des problèmes en mathématiques. Aussi ma mère m'avait suggéré de rechercher un camarade qui pourrait me donner un coup de main. En garçon obéissant, j'en ai parlé autour de moi et un garçon nettement plus âgé que moi s'est proposé. Il était doué pour l'enseignement car, après quelques séances, j'ai fait de gros progrès. Il est gentil mais il me laisse très indifférent ce qui n'est pas étonnant vu la différence d'âge et nos discussions se limitent vraiment aux mathématiques jusqu'au jour où il me dit : "Je vais t'apprendre quelque chose, cela pourra toujours te servir" et, à ma stupéfaction qui me laissa sans réaction, il descendit ma culotte courte en même temps que mon slip et s'empara de mon jeune sexe qui n'en revenait pas. Dans le même temps, il avait déboutonné sa braguette et sorti son membre qui me parut monstrueux sur lequel il avait mis d'autorité ma main. Il exerçait des mouvements bizarres sur mon sexe qui restait parfaitement indifférent alors que le sien avait tendance à devenir encore plus monstrueux. Cela me parut durer un temps infini alors que rapidement, devant mon manque de réaction, il s'arrêta tout en me demandant : "Cela te plaît ?" à quoi je répondis par un non catégorique tout en précisant que cela me dégoutait de le toucher là d'où sortait son pipi. Il ricana en me traitant encore de bébé et il partit pour ne plus revenir. Je ne sais même plus quel était son prénom, Pierre, Paul ou Jacques, peu importe. Je l'ai très vite oublié, je ne l'ai jamais revu et cet incident est rapidement sorti de ma mémoire. Curieusement, alors que je racontais tout et n'importe quoi à ma mère, je n'ai jamais fait mention de cet incident, pour moi c'était un non-événement.

Quelques années plus tard, au lycée, j'étais un élève assez brillant. J'avais choisi la section classique, c’est-à-dire avec étude du latin et du grec. À vrai dire, ce choix était plutôt un choix par élimination pour éviter les mathématiques que je continuais à maudire, même si je ne me débrouillais pas si mal. Mais je dois admettre que très rapidement ces langues me passionnèrent d'autant que parallèlement nous étudiions l'histoire romaine et grecque. C'est en particulier la culture grecque qui m'intéressait par la personnalité de ses héros, leur courage intrépide et, je dois l'admettre, par cette relation particulière que les citoyens adultes entretenaient avec les jeunes adolescents pour les former à la vie. Cette sorte d'apprentissage cessait dès que les premiers poils apparaissaient et tout rentrait dans l'ordre. Cette sexualité primaire m'attirait car, ne l'oublions pas, je n'avais jamais eu de père ni d'hommes à la maison de sorte que l'âge aidant je prenais conscience que quelque chose manquait à mon éducation. Peut-être inconsciemment marqué par ma première expérience, je refusais tout contact physique avec mes camarades, filles ou garçons, mais plus particulièrement avec ces derniers, ce qui n'était pas évident car je passais pour un beau mec, mystérieux mais en raison même de ce mystère comme digne de confidences. Je savais quels de mes congénères sortaient avec quelles filles, tous ou presque se vantaient d'avoir sinon fait l'amour tout au moins eu des relations très poussées alors qu'en réalité ils étaient aussi novices voire puceaux que moi. Les filles étaient plus discrètes mais me demandaient souvent conseil sur la méthode pour approcher tel ou tel mâle qui les attiraient ou en tous cas leur plaisaient.

J'étais probablement le seul à avoir des connaissances sur la sexualité des jeunes grecs car nos professeurs se gardaient bien de traiter de ces mœurs scandaleuses dans notre conception d'aujourd'hui. Ce que j'en savais (et j'en savais pas mal !) je l'avais appris en faisant des recherches dans les bibliothèques universitaires où de jeunes stagiaires ne se montraient pas trop regardants sur mon âge en me prêtant des livres que je devais consulter sur place. Bien entendu, je ne consultais pas que les ouvrages "réservés" de sorte que j'étais un des lecteurs assidus de la B.U. Les bibliothécaires, professionnels ou en formation me connaissaient bien et notamment avec ces derniers j'entretenais un contact de plus en plus amical, malgré la relative grande différence d'âge, facilement d'une dizaine d'années ! Avec certains de ces fonctionnaires, je savais qu'il était parfaitement inutile de leur demander certains titres, j'aurais risqué de me faire retirer mon badge que je n'étais pas certain d'avoir le droit de  posséder. À part un, les stagiaires étaient très conciliants, allant jusqu'à me recommander tel ou tel titre que je ne connaissais pas et qui souvent était très croustillant ! J'en arrivais à remettre en question tout ce qu'on nous racontait sur les mœurs antiques qui me paraissaient terriblement dévergondées, tout au moins dans certaines classes de la société. Pour le petit peuple, le peuple travailleur, la rigidité régnait en maîtresse, la licence étant dans tous les cas soigneusement cachée.
Un de mes fournisseurs préféré était Sébastien qui préparait un doctorat. Il avait vingt-six ans, quand même sept ans de plus que moi, il était l'image que j'aurais voulu représenter : beau mais sans excès, d'une exquise gentillesse et plein de petites attentions. Il avait fait de brillantes études et, comme moi, il n'avait pas de père ce qui avait contribué à nous rapprocher.
La lecture des auteurs grecs n'est pas forcément évidente et il m'arrivait d'avoir des problèmes que je ne parvenais pas toujours à résoudre. Alors que la bibliothèque allait fermer j'avais eu un soir une réaction rageuse qui avait attiré son attention. Il me proposa spontanément de m'aider et me suggéra de venir chez moi pour solutionner cet obstacle. Ma mère avait déjà dîné, s'apprêtant à sortir au cinéma avec une amie mais heureusement il restait largement suffisamment d'un délicieux gratin de pommes de terre pour deux. Mon problème linguistique fut assez rapidement résolu et nous poursuivîmes la soirée en discutant littérature. Il attira mon attention en évoquant certaines pratiques sexuelles de l'époque que j'ignorais mais que mes confrères de l'antiquité semblaient bien connaître. Il faut rappeler que j'étais moi-même très innocent et que vu l'exiguïté de notre appartement, il me fallait être très prudent. Ma mère était large d'idées, mais il y a avait des limites à respecter, en particulier tout ce qui avait trait à la sexualité. Jusqu'à il y a peu, cela ne m'avait pas vraiment gêné mais cela commençait à être pesant, j'avais quand même dix-sept ans, presque dix-huit !

Nous avions chacun bu deux bouteilles de bière, j'avais déniché des cacahouètes et dans le réfrigérateur une saucisse à l'ail. Nous passions un moment convivial auquel je n'étais pas vraiment habitué car j'avais très peu d'amis et surtout je ne les aurais pas invités à la maison. Soudain, Sébastien me demanda

- Dis-moi Matthias, on se connait depuis un certain temps mais c'est la première fois qu'on se voit en dehors de la B.U. Ça te dérange ?
- Mat / Non, pourquoi voudrais-tu que cela me dérange ? Au contraire cela me fait plaisir, tu es un fonctionnaire tout à fait fréquentable !
- Seb / Non ! mais tu te fiches de moi, quel culot ! Mais es-tu certain que je suis fréquentable ?
- Mat / Ben, c'est vrai que je ne te connais pas vraiment mais oui, je crois que tu es fréquentable. Si je me trompe je le verrai vite
- Seb / J'aimerais Matthias te poser une question très personnelle ; si tu ne veux pas répondre, tu te tais, je ne t'en voudrais pas
- Mat / Allez, vas-y !
- Seb / [après un moment de silence] Est-ce que tu te masturbes ?
- Mat / [un peu interloqué et hésitant] Ben, eh
- Seb / Excuse-moi, oublie ma question, tu vois, je ne suis pas fréquentable !
- Mat / Non !
- Seb / Non quoi ?
- Mat / Non, tu n'es pas "non fréquentable" et encore non, je ne me masturbe pas mais j'en ai de plus en plus envie
- Seb / [après un nouveau moment de silence] Dis Matthias, tu serais d'accord qu'on se masturbe tous les deux, là maintenant ? Moi aussi j'en ai vraiment envie et je crois qu'il serait plus que grand temps que je m'y mette. Tu comprendras pourquoi je …
- Mat / Tais-toi, cela ne me regarde pas mais par contre, regarde-moi !

Et ce faisant, Matthias se lève, enlève sa ceinture, ouvre son pantalon qui descend sur ses chevilles. Il s'arrête, regarde Sébastien dans les yeux, met sa main dans son slip et fait sortir son sexe au-dessus de la ceinture élastique, un slip tout mou.
Sébastien est stupéfait et reste quelques instants sans réaction sinon que son visage vire au rouge. Quelques secondes plus tard, Sébastien est debout, pantalon et slip sont au sol, encore deux-trois secondes et son T-shirt a rejoint les autres pièces. Il est parfaitement immobile, une larme au coin de l'œil. Matthias ne sait plus où se mettre, il ferme les yeux, bafouille. Il se reprend, se penche vers Sébastien, se penche encore plus et dépose délicatement un baiser sur le sexe de celui qui est devenu son ami. Sébastien a un organe labouré de cicatrices, difforme, avec de multiples greffes de peau également sur ses testicules et son bas ventre. Le vision est horrible d'autant qu'inattendue. Matthias réalise l'immense détresse de Sébastien, sa honte en même temps que l'effort surhumain qu'il a dû faire pour se montrer tel qu'il est. Matthias l'embrasse encore une fois puis il saisit prudemment, sans serrer avec la peur de lui faire mal ce trognon de sexe et, encore plus prudemment, exerce un léger mouvement de va et vient. Sébastien grimace de douleur et, peut-être de chagrin devant sa destruction. Matthias arrête son mouvement, regarde une nouvelle fois son ami en lui disant :  "Ne t'en fait pas on va recommencer tout doucement, on va prendre tout le temps qu'il faudra mais je veux que tu retrouves du plaisir, je te le promets". Sébastien pleure à chaudes larmes, il est dans les bras de Matthias qui cherche à le calmer comme un petit enfant. Il lui enlève les mains que Sébastien a placées devant sa mutilation et le regarde calmement :  "on va arranger tout cela".
La mère de Matthias vient de rentrer, elle a entendu du bruit et frappe à la porte de son fils et s'apprête à entrer lorsqu'elle entend la voix de son fils, impérative au plus haut degré :  "Non, maman, tu n'entres pas, sous aucun prétexte, je t'expliquerai demain". Et se tournant vers Sébastien :  "Toi, tu dors ici avec moi".



Re : Je n'aime pas, j'aime... - Philou0033 - 24-01-2022

Bonjour [member=146]Nostalgique[/member] !
Un nouveau récit, génial.

Oui c'est particulier et nouveau. L'approche se fait progressivement. On découvre l'importance qu'un père peut avoir dans l'éducation d'un enfant, et bien plus si c'est un garçon. Le père est la personne qui sert de référence au garçon, c'est grâce à lui qu'il découvre la masculinité. Il peut aussi poser des questions auxquelles seul les hommes peuvent répondre!
La découverte des civilisations romaine et grecque est source d'intérêt pour Matthias. La fréquentation de la bibliothèque lui permet de découvrir des ouvrages particuliers. Il fait aussi la connaissance de ceux qui gèrent la B U.
Sébastien vient donner des explications à Matthias, en allant dans l'appartement de ce dernier!
Quelle découverte, Sébastien à le sexe mutilé. Il est mal devant Matthias, il pleur. Que s'est-il passé?
La maman de Mat rentre et elle ne peut rentrer dans la chambre de son fils. Séb reste loger.

J'ai hâte de lire la suite, je suis content d'avoir lu cette première suite!

Je t'embrasse!
Philou


Re : Je n'aime pas, j'aime... - Lange128 - 24-01-2022

Bonjour [member=146]Nostalgique[/member] et merci pour ton nouveau récit.

Ce récit évoque pour moi trois initiations assez différentes :

La première avec un camarade, mais elle tourne court.

Le deuxième par les livres, cela me rappelle ma jeunesse sans internet. On découvrait beaucoup de choses dans les bibliothèques, endroits que j’aimais fréquenter. Le passage de la section « jeunesse » a la section « adultes » était déjà la promesse d’entrer dans un nouveau cercle de la connaissance.

La troisième telle qu’elle se pratiquait dans l’antiquité grecque. C’est aussi un thème qui m’a inspiré et que j’ai essayé de transposer à notre époque dans un pays imaginaire et avec des personnages plus âgés. Cela n’a pas fonctionné, la relation entre l’initiateur et l’initié était trop ambigüe et les scènes de sexe pas très jouissives.

Encore une surprise à la fin avec le sexe difforme. Tu n’as pas choisi la facilité et je me réjouis de lire comment tu vas poursuivre le récit.

Je t’embrasse.
Daniel



Re : Je n'aime pas, j'aime... - lelivredejeremie - 25-01-2022

Votre pseudo semble décidément bien choisi, il y a dans le récit un parfum de nostalgie qui fait imaginer que la vie était plus simple avant, mais chaque génération doit probablement penser ça épisodiquement...  Smile  Même si ça a rarement été le cas pour les garçons qui aiment les garçons  :-\

Après, je n'arrive pas trop à visualiser le problème de Sébastien, juste qu'il le retient de vivre une sexualité 'classique' ou de simplement trop approcher les filles, et qu'il... s'épanouit (pour dire un truc) dans une échappatoire à sa libido plus 'intellectuelle', ou du moins cérébrale (sinon culturelle). Une gaytitude 2.0 désincarnée, quoi  ???

De là à ce qu'il se sente plus à l'aise avec un autre garçon, plus jeune et présumé moins susceptible d'avoir des préjugés, et dans le cas particulier de Matthias, privé d'image paternelle, potentiellement plus réceptif que d'autres à une éventuelle relation éraste/éromène (du moins au début)...  ???


Re : Je n'aime pas, j'aime... - Nostalgique - 26-01-2022

Voici une nouvelle suite. N'hésitez pas à dire si "J'aime pas, j'aime...". L'important c'est de dire ce qu'on pense !

Matthias était plus que songeur en se demandant quel drame était à l'origine de cet horrible mutilation mais il n'était pas question de demander des explications à Sébastien : si celui-ci avait envie d'en parler, il le ferait quand il jugerait le moment propice mais cela ne pouvait venir que de lui et de lui seul.
Matthias avait un lit de 140 cm de sorte qu'ils ne seraient pas à l'étroit. Lorsqu'ils décidèrent de se coucher, ils n'eurent pas besoin de se déshabiller : ils étaient déjà nus et de toutes façons Sébastien n'avait pas de pyjama n'ayant pas prévu de dormir hors de chez lui. Pour Matthias, la question ne se posait même pas : depuis longtemps il dormait sans vêtement. Alors qu'il était déjà à moitié endormi, Sébastien murmura : "Tu sais Matthias, tu es la première personne à qui j'accepte de me montrer tel que tu m'as vu".


Point de vue de Sébastien

Je suis intellectuellement épuisé par le déroulement de cette soirée qui a pris une tournure tout-à-fait inattendue. Pour la première fois depuis le drame qui m'avait frappé il y a quelques années, je me suis montré nu, totalement, donc y-compris ma mutilation. Pour la première fois depuis quelques semaine, je flashais sur un garçon alors que je sais pertinemment que c'est sans aucune perspective. Et ce garçon je ne le connais que par la fiche d'inscription qu'il a remplie pour avoir accès à la Bibliothèque universitaire. Je connais son prénom, Matthias. Je sais qu'il a une dizaine d'années de moins que moi et que, étonnamment, il a un accès VIP qui l'autorise à consulter absolument tous les ouvrages. Il vient très régulièrement, presque tous les jours et il est apprécié de mes collègues en raison de son caractère facile et enjoué. Étant le plus jeune du personnel à ce poste, je suis stagiaire, nous échangeons volontiers nos impressions sur les livres qu'il retire et il m'arrive même de lui faire des suggestions. Il est très enjoué et parle volontiers mais il reste très secret sur sa vie privée. Malgré sa discrétion je me pose des questions sur sa véritable sexualité car il semble s'intéresser de près à l'homosexualité chez les jeunes Grecs de la Grèce antique. Il faut dire qu'il étudie le latin et le grec, avec brio pour ce que je peux en juger par les questions qu'il lui arrive de me poser. Ceci peut donc expliquer cela, néanmoins j'ai remarqué qu'il lui est arrivé de légèrement rougir en demandant à consulter certains ouvrages particulièrement explicites. J'ai discrètement sondé mes collègues, il semble que ce genre de demandes "spécialisées", il ne les adresse qu'à moi. Le pauvre, s'il savait, il arrêterait tout de suite de me draguer ! Matthias dort à côté de moi, il n'est que onze heures, beaucoup trop tôt pour moi. À moitié assoupi, je laisse mon esprit vagabonder et inévitablement je repense à tout ce qui m'est arrivé avec le secret espoir qu'en y songeant maintenant cela m'évitera de faire des cauchemars, ces cauchemars qui me réveillent chaque nuit en étant terrorisé, en sueur sur tout mon corps.

J'étais sur la rive ouest de l'Indus, ce grand fleuve qui trouve sa source dans l'Himalaya et sur les bords duquel Alexandre le Grand contemplait avec regret sa rive est où il aurait souhaité se rendre si ses soldats, épuisés et nostalgiques de leur patrie, n'avaient pas catégoriquement refusé de s'y rendre. Moi, Sébastien, j'allais traverser ce fleuve mythique sur un bac surchargé et à moitié pourri. Quelle mouche m'avait piqué pour que je m'aventure dans cette région aux mains bien souvent de rebelles et de tribus farouches ? Pourquoi n'avais-je pas pris garde aux regards souvent menaçants qui m'étaient adressés ? Que n'avais-je suivi les conseils que beaucoup de connaisseurs de la région m'avait donnés, traverse plus au sud mais surtout pas dans le nord… Oui, pourquoi ? Le hasard du destin ou le destin du hasard ? Toujours est-il que j'ai traversé et, immédiatement j'ai ressenti une hostilité latente qui ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure de ma progression mais à laquelle je ne prêtais pas vraiment attention. Mais où donc avais-je la tête, où était mon bon sens, ma raison ?
J'arrivais dans un village où régnait l'ordre et la propreté. Je ne vis personne sinon un adorable adolescent, Halim. Il me fit un immense sourire, me prit par la main et me conduisit dans une hutte en torchis où se trouvait une sorte de paillasse. Sitôt entré, d'un mouvement brusque il enleva son vêtement et se redressa dans une nudité d'une beauté à couper le souffle. Et en fait, j'en eu le souffle coupé, je restais comme paralysé sans me rendre compte que Halim m'avait dépouillé de tous mes vêtements et que j'étais aussi nu qu'il l'était. À part une branlette de temps à autres, il y avait longtemps que je n'avais plus eu de relations sexuelles et donc mes couilles ne demandaient qu'à se décharger de leur contenu. Je n'avais jamais touché un garçon et jamais un garçon ne m'avait touché. La longue abstinence mais surtout la beauté exceptionnelle de ce corps, de son petit sexe tendu à l'extrême me firent flancher : je tendis une main pour me saisir de ce sexe alors que l'autre main commença à lui triturer les fesses que Halim avait rondes et dodues. Mon sexe suintait déjà, lui aussi raide comme je ne l'avais jamais été. Quelques secondes après nous nous vautrions sur la paillasse et il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour que j'aie sa petite queue en bouche. Il me masturbait avec science, ma semence montait plus rapidement que je n'aurais voulu pour faire durer ce moment d'intensité extrême et nouveau pour moi, je sentis un spasme d'une intensité folle, sans savoir que c'était la dernière fois, et mon sperme se répandit sur… je ne sais pas où car au moment de la jouissance maximum je reçus un violent coup de pied dans le bas-ventre, puis un autre et encore, des coups de poings, des mains qui me tordaient les couilles à hurler de douleurs, je vis l'éclair d'une lame. J'aperçus encore tout juste Halim qui se tordait de rire, d'un rire mauvais comme sardonique. Je perdis connaissance.

Matthias est à côté de moi avec un linge qu'il me passe sur le visage pour essuyer ma sueur qui dégouline, une femme, sa mère, a des draps propres et surtout secs. Mon regard, d'halluciné qu'il était, redevient normal. Je balbutie quelques paroles encore incompréhensibles avant que je n'aie bu un verre d'eau. Matthias m'aide à me lever, je titube encore mais il me soutient avec l'aide de sa mère qui pousse un cri horrifié. Sous la douche, Matthias s'occupe de moi comme si j'étais un enfant. L'eau tiède me fait du bien, je me retrouve ici, je ne suis plus là-bas. Matthias m'aide à enfiler un de ses boxers, je le remercie. Il en a également mis un. La mère de Matthias s'affaire, elle prépare une tisane et dispose un reste de gâteau aux pommes que je dévore. Il est excellent, je vais mieux, j'ai retrouvé mon équilibre mental. Je me sens en sécurité lorsque Matthias s'allonge à mes côtés. Sa mère nous souhaite une bonne fin de nuit. Elle ne comprend rien à rien de ce qui vient de se passer. Que faisait ce grand garçon dans le lit de son fils ? que signifie cette crise ? Et surtout, ce qu'elle a juste entrevu… Demain sera un autre jour, demain elle saura, même si elle pressant un drame, des drames : ce garçon, son fils, ce fils qu'elle aime tant.
Nous nous réveillons assez tard ce qui n'a rien d'étonnant vu la nuit mouvementée que nous avons vécue. Je n'ai pratiquement aucun souvenir des heures précédentes, je sais seulement que j'ai fait le même rêve mais sans qu'il aille jusqu'au bout.

Dans les quelques secondes qui ont précédé ma perte de connaissance, je me souviens de m'être fait la réflexion que j'allais mourir. Dans les quelques secondes qui ont suivi mon réveil je me suis fais la remarque "tiens je suis en vie". En fait, j'étais bien en vie, attaché sur un lit de camp, entièrement nu à l'exception d'un énorme pansement sur le bas ventre. Dans la pièce, une jeune femme vaque à ses occupations ménagères tandis qu'un garçon tente d'allumer une lampe à gaz. Ce dernier remarque que je suis en train de me réveiller, il crie quelque chose à sa sœur qui sort en courant. Quelques instant après elle revient avec un homme d'âge mûr qui porte un brassard avec un croissant rouge. Il s'approche vivement, me regarde les yeux, prend mon poignet, m'ausculte le cœur avec un stéthoscope. Il a l'air satisfait de son examen, le frère et la sœur ont l'air content au vu de leur sourire. Je voudrais parler mais aucun son ne sort de ma bouche complètement desséchée. On me soulève la tête pour que je puisse absorber trois cuillères d'eau. Je demande où je suis et pourquoi je suis là. Une violente douleur me saisit le ventre, plus exactement là où se trouve mon sexe, si je n'étais pas attaché je me tortillerais tellement j'ai mal. Je voudrais tout arracher mais les liens me bloquent les bras. On me fait une piqure, rapidement la souffrance diminue, je me rendors. La morphine me laisse dans un état comateux mais je réalise que le porteur au croissant rouge touche mon sexe, gratte mon ventre, me frotte avec un liquide froid. "Je crois qu'il va s'en sortir, mais je ne sais pas si on lui rend vraiment service. Tu t'imagines quelle va être sa vie, dans son état".

Dans la cuisine, Matthias et sa mère sont encore en grande discussion et je l'entends dire : 

- Oui maman, je suis désolé, tu ne mérites pas ça, je n'y peux rien, je n'ai pas choisi d'aimer les garçons même si au fond je n'en sais rien car je ne suis jamais sorti avec un garçon ; mais je sens clairement que c'est eux qui m'attirent, c'est à eux que je pense lorsque je me masturbe. Oh ! excuse-moi, oui je me masturbe…
- Mam / Ne t'inquiète pas mon chéri, je m'en doutais depuis un certain temps mais c'est vrai que hier soir cela m'a fait un choc quand j'ai compris que tu étais avec un garçon. Mais cette nuit la vision de ton ami m'a bouleversée. C'est affreux, pauvre garçon

Sébastien, gêné de sa tenue, entre dans la pièce où un petit-déjeuner l'attends. Lorsqu'il a terminé, il commence le récit de ce qui lui est arrivé et il évoque, malgré tout, ceux à qui il doit la vie, même si à priori c'est une vie sans grande perspective.

Tu es dans un poste sanitaire avancé pour soigner nos camarades blessés au cours des attentats et des crimes commis par la soi-disant armée régulière qui nous combat de la pire des manières. Nous non plus ne sommes pas des saints, oui nous sommes ce que le monde nomme des terroristes, nous avons du sang sur les mains mais ni plus ni moins que ceux que nous combattons. Mais nous sommes parfois capables d'amour comme le jour où nous avons découvert ce que quatre compagnons t'ont fait subir. Il n'y avait aucune raison à ce qui constitue un crime gratuit d'autant qu'ils ont abusé de toi de la plus vile des manières. Ils ont été exécutés, c'est tout ce qu'ils méritaient. Et nous t'avons soigné. Le résultat n'est pas brillant mais tu étais intransportable, je t'ai opéré, j'ai fait de mon mieux, peut-être que vos médecins pourront réparer ma maladresse. J'ai demandé ce qu'était devenu Halim. Il aurait dû être également condamné à mort mais notre chef a eu pitié de son jeune âge d'autant qu'il a, semble-t-il, été contraint de te tendre ce piège dans lequel tu es tombé. Dans quelques jours, dès que tu pourras supporter un transfert long et pénible, nous ferons le nécessaire pour que les tiens te retrouvent et te ramènent chez toi.

Ils ont tenu parole, au risque de leur vie. Il a fallu près de six mois jusqu'à ce que je me retrouve chez moi. À l'hôpital il a été froidement déclaré que c'était trop tard pour tenter quoi que ce soit, qu'il fallait que je m'habitue à mon infirmité. C'est ce que j'ai fait car j'aime la vie et je ne pouvais pas décevoir, même s'ils ne le sauraient jamais, toutes ces personnes qui ont risqué leur vie pour me sauver. Aujourd'hui Matthias je te connais, tu vas continuer tes études, je vais reprendre ma place de stagiaire à la B.U. et tout rentrera dans l'ordre. Peut-être pourrons-nous être amis, toi et moi.

Point de vue de Matthias

Tout est rentré dans l'ordre : oui, si l'on peut dire et pourtant ce que j'ai vécu ces derniers jours m'a profondément bouleversé. Comment des personnes humaines peuvent-elles commettre des actes aussi gratuits que dégradants ? Jamais je n'avais pu imaginer de telles horreurs et néanmoins j'avais passé tout une nuit au côté d'une de ces victimes, pendant des semaines j'avais fréquenté et ris avec ce jeune stagiaire atteint, détruit dans ce qui faisait l'essentiel de sa masculinité. Je l'avais amené chez moi certes pour m'aider à comprendre un texte en vieux grec mais avec l'arrière-pensée de faire connaissance avec son corps et de lui ouvrir le mien. J'aurais presque pu prendre l'initiative de le toucher, de le caresser avec le risque de le faire souffrir physiquement car cette partie de son être est restée très sensible. J'étais jeune mais son drame m'a muri, je n'étais plus vraiment le même qu'avant.
Je n'en restais pas moins un jeune de mon âge, je riais et m'amusais avec mes amis, je poursuivais même une liaison sensuelle avec mon copain Michel que j'admirais dans les vestiaires de la salle de sport et que je retrouvais de temps à autre dans le lit de sa chambre. Il m'est également arrivé de caresser les seins d'une jeune fille de la classe voisine, j'appréciais alors la douceur de sa peau, la sensibilité de ses tétons qui la faisait tressaillir lorsque ma main s'égarait un peu trop. Oui, je vivais pleinement ma jeunesse et pourtant, j'étais souvent obnubilé par l'image de Sébastien au point qu'il m'arrivait parfois de quitter brusquement mes amis. Lorsque cela me prenait, je n'arrivais pas à m'expliquer ce brusque revirement. Était-ce le fait que je pensais l'aimer mais que je savais qu'une relation physique entre nous était illusoire ? Était-ce de la pitié ? Même si celle-ci aurait pu être concevable, je sais que Sébastien n'en a rien à faire. Parfois, je crois, j'avais tout simplement peur qu'il ne fasse une bêtise en mettant, d'une manière ou une autre, fin à ses jours. Je n'étais en rien responsable mais je pense que j'aurais eu de la peine à ne pas me demander si j'en avais fait assez pour l'aider. Mais que peut-on faire pour quelqu'un qui n'a plus aucune perspective sociale ou sentimentale ? Je le voyais régulièrement à la B.U. et je l'invitais fréquemment chez moi pour passer un bon moment ensemble d'autant qu'il était intéressant de discuter avec lui. Il était rare que je lui propose de dormir à la maison : c'était un garçon, je dirais même un beau garçon et j'avais chaque fois eu des réactions épidermiques au niveau de mon entre-jambe avec une envie de le toucher ce qui n'était pas envisageable, tant pour moi que pour lui. Notre relation était donc assez paradoxale en ce sens que je l'appréciais mais sans véritablement l'aimer ou, pour être plus précis, sans pouvoir l'aimer. Et si je suis très honnête mais ça je ne le lui dirai jamais, la vision de son corps n'était pas véritablement sexy.

Mais la vie continuait avec son lot de plaisirs et d'agacements, j'étais très satisfait de la manière dont je conduisais mon existence. Je travaillais bien, j'allais brillamment réussir mon bac où je visais une bonne mention et ma voie universitaire était toute tracée avec l'étude des civilisations anciennes. Je continuerai à fréquenter la B.U. non seulement pour y retrouver Sébastien mais également parce que j'appréciais l'ambiance calfeutrée qui régnait dans ces salles. Finalement les visiteurs les plus assidus formaient un petit clan où nous avons fini par nous retrouver en dehors de l'université.
Je n'avais qu'un problème ou plutôt qu'une question qui me taraudait. J'avais l'impression très nette que ma mère devenait plus coquette, elle avait renouvelé sa garde-robe et elle avait perdu cet aspect un peu rébarbatif qu'elle avait auparavant.
Comme souvent maintenant, je suis en slip, vautré sur le canapé tout en me réjouissant du repas que préparait ma mère. Un journal traînait sur la table basse et je commence à lire sans vraiment faire attention lorsque soudain je sursaute en voyant une annonce en caractère gras :

Le professeur Edouard Vidal,
spécialiste en chirurgie réparatrice,
vous informe que sa clinique est dans de nouveaux locaux

Vidal, Vidal mais c'est mon nom officiel mais que maman n'avait jamais voulu que je porte, pour tout le monde je suis Matthias Lejeune. D'un bond je suis debout et je surgis comme un boulet dans la cuisine

- Maman ! le prénom de papa, c'est comment ?
- Mam / Tu sais bien que tu n'as pas de père, ta question est stupide !
- Moi / Je sais bien, mais le petit père-spermatozoïde, tu sais celui qui était le plus véloce, son prénom c'était comment ?



Re : Je n'aime pas, j'aime... - emmanolife - 27-01-2022

Ah ! On a l'impression que Nostalgique est tombé dans un traquenard qu'il s'est posé à lui-même. Comment va-t-il s'en sortir ? Comment Sébastien pourrait-il retrouver ses facultés ?


Re : Je n'aime pas, j'aime... - Philou0033 - 27-01-2022

Bonjour [member=146]Nostalgique[/member] !

Quelle suite!

On découvre le pourquoi du comment! Oui Sébastien est tombé dans un piège. Il a été mutilé et ensuite soigné.
La relation entre Sébastien et Matthias est donc "en dehors des clous"!
Très belles descriptions de l'état d'esprit de l'un et de l'autre!

J'ai hâte de lire la suite!
Merci pour ce bon moment de lecture!
Je t'embrasse!
philou


Re : Je n'aime pas, j'aime... - lelivredejeremie - 27-01-2022

Je peux capter que Sébastien soit loin dans le bois côté sociabilité affective, mais au point de conclure que Matthias le drague simplement pcq il préfère s’adresser à lui à la bib’, objectivement en raison de leur proximité d’âge…  0.0  En mm tps, autant de candeur, c’est assez adorable.
Après, il multiplie les rêves/cauchemars/souvenirs, tirant leur substance d’un passé traumatisant  :/
Hahaha "le petit père-spermatozoïde le plus véloce" est assez amusant  Big Grin  Je sens bien Matthias renouer avec son géniteur et lui faire payer les années d’éloignement par une chirurgie réparatrice sur Sébastien, qu’il pourrait alors voir d’un œil très différent  Big Grin



Re : Je n'aime pas, j'aime... - Lange128 - 31-01-2022

Bonjour [member=146]Nostalgique[/member] et merci pour cette suite.

Le genre de récit que je ne pourrais jamais écrire, je n’aime pas la violence physique, mais tu es libre de raconter ce que tu désires, et ne pas croire, comme moi, que nous vivons dans un monde parfait et idéal où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.

Techniquement, ce doit être possible de reconstituer un pénis, comme pour les hommes trans, l’Amour fera le reste s'il n'est pas fonctionnel à 100%. J’ai eu la même idée que Jérémie.

Je t’embrasse.
Daniel



Re : Je n'aime pas, j'aime... - lelivredejeremie - 08-02-2022

Suite, svp, j'aimerais savoir.


Re : Je n'aime pas, j'aime... - Nostalgique - 09-02-2022

Nouvelle petite suite

Ma mère avait blêmit, jamais je ne lui avais posé une telle question, jamais elle n'avait évoqué son nom devant moi. 

- Cela ne te regarde pas, cela ne concerne que moi. Toi, ton nom c'est Lejeune, Matthias Lejeune, un point c'est tout
- Moi / [agacé] Je ne te lâcherais pas avant que tu me répondes
- Mam / On en reparlera plus tard, j'ai un rendez-vous en début d'après-midi chez…
- Moi / Oui, je sais chez ton amoureux [et soudain sur un ton beaucoup plus doux] Tu sais maman, j'ai deviné depuis longtemps, j'en suis très heureux pour toi, vraiment. Mais tu dois absolument répondre maintenant à ma question. Regarde ce que j'ai lu dans le journal

Edouard Vidal

est-ce mon père oui ou non ? Tu te rends compte ce que cela peut signifier un spécialiste en chirurgie réparatrice, tu penses à Sébastien ?
- Mam / Oui, c'est lui, c'est même un grand spécialiste !
- Moi / Merci maman chérie, je t'aime. Va vite retrouver ton ami, tu me le présenteras à l'occasion, quand tu seras sûre de toi… et de lui.

Maman est partie, elle était un peu pâle, mon questionnement l'avait perturbée car naïvement elle n'avait jamais envisagé que je puisse entamer une recherche en paternité.
Sébastien m'a téléphoné pour savoir s'il pouvait passer me voir, il désirait me parler d'un livre qu'il venait de terminer et dont il me fit un résumé plus que sommaire : "si j'avais ce qu'il faut, je banderais !". C'était tentant mais je lui fis comprendre que j'avais besoin d'être seul, que je le tiendrai au courant et que je me réjouissais de bander pour deux.

J'avais un vrai père, en chair et en os et pas seulement un père-spermatozoïde. Je cogitais, ma mère et mon père s'étaient certainement aimés puisqu'ils s'étaient mariés. Ils avaient forcément fait l'amour, il l'avait caressée, serrée dans ses bras, murmuré des mots doux. Il l'avait rassurée que tout se passerait bien, que ce serait un moment de partage merveilleux. Elle avait forcément senti la rigidité de son membre se promener vers sa vulve, elle l'avait senti à l'entrée de son vagin et avait dit non, l'avait peut-être repoussé. Son envie à lui ne faisait que croître, son précum avait lubrifié tout son sexe et même plus. Il insiste, finalement elle en a peut-être aussi envie, il sent, il sait qu'elle va céder. La moitié de son gland a disparu, elle gémit de bien-être ou de peur. Elle cède, il la pénètre avec force, c'est sa première fois, elle sent quelque chose en elle qui lâche. Il appuie encore, elle l'attire, les deux sont en sueur, son sexe est entièrement en elle, ses testicules frappent contre ses cuisses. Il s'agite, fait des mouvements d'aller et retour, il sent l'agitation qui s'organise dans le bas de son ventre, elle ne sait pas vraiment ce que signifient ses spasmes qu'elle observe dans son intimité ruisselante. Il se crispe, la soulève, il est dur comme jamais, sa jouissante est prête à exploser et elle à la recevoir. C'est l'éblouissement, le nirvana, il a mis tout ce qu'il avait à mettre dans ce dernier élan. Il ne le savent pas encore, mais lui, Matthias il est là, tapi dans l'ombre.
Oui, je suis bien là sur mon lit, j'ai dû vaguement m'assoupir. Je bande, j'ai même froidement éjaculé dans mon slip. Il va falloir que je me change.
Cette fois, bien éveillé, je me demande ce qu'il s'est passé après ma création. Ont-ils remis la chose ou lui, comme souvent les hommes après l'acte s'est-il endormi ? Et ma mère a-t-elle pensé : "pourvu que…" ? Toutes ces pensées et beaucoup d'autres tournent en rond dans ma tête. En fait, je suis un peu déboussolé par ce que je viens d'apprendre, d'une certaine manière je perds ma particularité, celui qui n'avait pas de père et me voilà maintenant noyé dans la masse. Et ma mère que j'avais placée très haut, voilà qu'elle aussi se fond parmi toutes celles qui ont un amant. Mais au fond a-t-elle seulement divorcé ?

J'ai rappelé Sébastien, peut-être que son livre me fera bander une nouvelle fois, j'aimerais qu'il me touche, il ne l'a encore jamais fait. Je n'ai pas vraiment le moral, j'aurais presque envie de pleurer, de faire un gros câlin contre ma mère, comme lorsque j'étais gosse mais elle n'est pas là, peut-être qu'elle fait l'amour avec lui comme elle l'a fait avec mon père. Sébastien voit que je vais mal, il me dit en riant : "mais tu sens le bouc", je me mets à pleurer silencieusement en pensant à mon père qui, il y a dix-huit ans était en train de s'essuyer le sexe. Sébastien est dans mon dos, je sens une grosseur, je sais qu'il ne bande pas mais cela me fait du bien. Je me serre un peu plus contre lui, sa main me caresse la poitrine. C'est la première fois qu'il ose. Sa main poursuit sa caresse, elle est douce, elle descend lentement, aura-t-il envie d'aller plus bas lui qui n'a plus d'envie ? Il a dû percevoir l'humidité de ma précédente éjaculation, il doit se demander ce qui m'arrive mais ne pose aucune question. Il a dû comprendre que ce n'est pas le moment, que j'ai uniquement besoin de tendresse et que de la tendresse il peut m'en donner. Il m'en donne avec une main qui continue à se balader sur ma poitrine et l'autre qui s'est saisie de mon sexe et lui imprime un mouvement tellement léger qu'on doit à peine le remarquer mais que mon corps et mon esprit enregistrent parfaitement. Sébastien a dû percevoir mes premiers tressaillements par l'image de mon corps que lui a transmis son cerveau. Ce n'est plus un plaisir physique, corporel mais purement intellectuel et il réalise que cela est agréable. Je le perçois non au travers de son sexe, il en est bien incapable le pauvre, mais à son rythme cardiaque qui s'est accéléré et à sa respiration qui est devenue saccadée. Je m'enhardis à lui poser la question : "tu aimes ?" Il me dira plus tard qu'il ne sait pas, c'est un sentiment totalement nouveau, il appellera ce moment un orgasme intellectuel. En fait d'orgasme, j'en ai un, violent, je lui ai mis du sperme un peu partout mais surtout j'ai honte de m'être laissé aller et je le lui dis. Sa réponse est merveilleuse :

- Ne t'inquiète pas mon petit Matthias, j'ai compris que j'étais encore capable d'émouvoir un corps, un sexe, des testicules. Au moment de ton extase, ma main a ressenti tous ce que tu exprimais. Je crois que je viens de découvrir la jouissance tactile, il faudra que je développe mes sens et ma tactique.

Et, pour la première fois, il m'a embrassé sur la bouche, un vrai baiser baveux de ma part mais sans véritable répondant : "je dois dresser mon cerveau". Il a dormi chez moi, dans mon lit. Il ne s'est rien passé de plus mais je le sentais comme rasséréné. Ma mère n'est pas rentrée, j'ai vu que son lit n'était pas défait, elle a découché, sans rien me dire. Et mon père, qu'a-t-il fait hier soir, cette nuit ?

Avec ma mère nous n'avons plus reparlé de mon père, il n'y avait de mon point de vue aucune raison de le faire, j'avais obtenu ce que je voulais savoir et je ne voulais pas l'ennuyer avec ça. Mais malgré une apparence normale, notre relation n'était plus vraiment ce qu'elle était auparavant, je sentais une certaine gêne chez elle que j'attribuais à tort ou à raison avec la liaison qu'elle avait établie avec cet homme qu'apparemment elle appréciait et qui devait avoir beaucoup d'attraits car elle passait presque plus de temps chez lui que chez nous. Cela aurait pu m'arranger pour inviter des amis, filles ou garçons, je n'avais pas encore véritablement tranché. Comme elle ne m'avertissait jamais à l'avance, cela ne me servait pas à grand-chose !

J'avais involontairement surpris un appel téléphonique où ma mère confirmait un rendez-vous pour le soir même dans un restaurant assez connu, je décidais de forcer le destin puisque ma mère se refusait à me présenter celui qu'elle devait beaucoup aimer : Le hasard me ferait venir avec une fille au bras dans ce même restaurant, on se verrait et il ne lui serait plus possible de refuser de me le présenter. J'avais déjà décidé que, quel qu'il fut, je serais charmant afin de faire plaisir à ma mère. Laure, la fille qui m'accompagnait, fut surprise de ma tenue inhabituelle, j'avais mis une veste et une cravate, aussi je l'orientais sur le but premier de ce repas dans un restaurant que normalement je ne fréquentais pas en raison des prix affichés. Elle était toujours bien mise aussi nous faisions un joli petit couple, bien conventionnel. Maman allait être fière de son fils ! J'avais réservé en demandant une bonne table et nous sommes arrivés de manière à ne pas être les premiers. Deux tables plus loin, deux personnes sont en train d'étudier le menu, je les vois de profil, l'une, j'en suis certain, est ma mère. L'autre a sa main sur celle de maman ce qui est assez normal sauf que cette main appartient à une femme, deux femmes qui se regardent amoureusement, il n'y a pas de doute possible. J'hésite une fraction de seconde, m'asseoir ou sortir du restaurant. Je choisis cette solution car connaissant sa sensibilité je ne sais quelle serait sa réaction et je ne veux pas de scandale, elle serait trop malheureuse.
Dans le quartier, les restaurants ne manquent pas, nous en choisissons un au hasard mais qui a l'air sympathique. La table à notre droite est occupée par deux jeunes hommes qui viennent d'arriver en se tenant la main, celle de gauche par un trentenaire, le serveur enlève juste le deuxième couvert. Le client nous regarde d'un air triste, il a un geste fataliste voulant bien dire "eh oui ! elle vient de me balancer". On se regarde Laure et moi et spontanément on lui propose de se joindre à nous. Il accepte immédiatement et prend place à côté de moi. Il se révèle un compagnon de table des plus agréable. À droite, les deux jeunes ont l'air rassuré, je les regarde avec plaisir, ils sont mignons tous les deux et je leur souris volontiers. Nos trois tables sont un peu séparées du reste de la salle, d'ailleurs pas très grande, ce qui favorise une certaine intimité. Le solitaire, il s'appelle Blaise, Laure et moi commandons une bouteille de vin blanc. Nos voisins de droite ne prennent pas d'apéritif, je leur sers d'office un verre à chacun, ils rougissent un peu et sont d'autant plus mignons. Nous ne formons maintenant plus qu'une seule grande table. Blaise m'a placé entre les deux jeunes, Laure et lui sont en face. Il a l'air d'être habitué à décider mais comme il a déjà annoncé que ce repas serait pour lui, nous ne pouvons que nous plier à ses désirs. Nous sommes une seule table mais vite les affinités se dessinent : il s'intéresse beaucoup à Laure, il la couve des yeux et ma compagne semble avoir oublié que nous étions partis pour une soirée à deux. À un moment donné, nous avions déjà bien bu, j'ai failli leur proposer de s'installer à une table séparée afin qu'ils soient plus tranquilles. Je me suis abstenu et de toutes façons notre présence n'a pas l'air de les déranger. Mes deux compagnons, Maurice et Gérard, se connaissent depuis trois ans au moins, ils ont l'air très tactile entre eux et même de plus en plus avec moi. La soirée s'éternise un peu trop, nous échangeons des regards un peu trop langoureux. Il est temps de partir. Stupéfaits nous devons constater que Laure et Blaise se sont discrètement éclipsés, l'addition a été intégralement réglée. Devant le restaurant où nous étions les derniers convives, nous nous apprêtons à nous séparer lorsque Gérard déclare : "Eh, les gars, on va pas se séparer comme ça, mon petit appartement est à dix minutes à pied…" et avant qu'il n'ait terminé sa phrase nous sommes déjà en route.
Des bouteilles de bière sont sur la table basse, je me retrouve une nouvelle fois entre les garçons dont je sens l'agréable chaleur qui se transmet dans mes jambes. Nous n'avons encore rien dit, mais nous savons tous les trois que la fin de la soirée sera cordiale, très cordiale même. Une musique douce répands ses notes dans la pièce. Nous sommes en chemise, les pans sont largement ouverts dégageant des poitrines presque imberbes sauf Maurice où un mince filet de poils roux disparait sous l'élastique de son slip pour rejoindre son pubis. Il est attirant, tellement que je m'autorise à demander si sa toison est également rousse. Gérard répond immédiatement que oui, "je la lui ai même finement taillée hier soir" et me demande si je veux la voir… Maurice n'a pas attendu ma réponse, il la connaît. En quelques secondes, il s'expose sans pudeur sachant que je ne pourrais que l'admirer. Sa toison est assez étendue mais parfaitement cadrée, elle est surtout flamboyante, je n'en jamais imaginé une aussi rousse que celle sur laquelle je me penche pour en humer le parfum si typique des roux. C'est bon c'est enivrant. Je me régale. Mon sexe gonfle presque aussi rapidement que le sien que j'ai là sous les yeux, long et affuté. Je suis tellement fasciné que je n'ai pas pris garde d'être pratiquement nu, mon boxer ne cache plus rien. Gérard est en train de se déloquer, il ne lui reste qu'un slip bleu ciel décoré de petits poissons qui ont l'air de jouer avec les vagues tellement l'étoffe est agitée par la tempête qui règne. Au milieu de la pièce un gros tas de vêtements divers que nous utiliserons pour nous essuyer. Sur le canapé, trois corps diversement empêtrés les uns dans les autres, des bouches qui pompent, des lèvres qui récoltent, des sexes dégoulinants d'abord de diverses sécrétions puis de sperme, quel merveilleux lubrifiants. Il y a des prépuces qui font des allers et retours sur des glands allant du rose au rouge vif, presque violet, On admire les contractions des rondelles au gré des spasmes. On ne verra aucune pénétration, c'est tacitement convenu, on a quand même des principes. On ne sait pas ou plus qui fait quoi mais tout le monde sait qu'il fait tout et n'importe quoi. Peu avant midi nous nous réveillons avec trois membres rigoureusement à la verticale. Nous sommes trois à pisser de concert. Nous échangeons nos numéros de portables, nous comptons bien nous revoir.
Blaise de son côté a raccompagné Laure au pied de son immeuble, il aurait voulu l'accompagner jusqu'à la porte de son appartement. C'est une fille bien Laure, elle a refusé.
Vers dix-sept heures, je suis rentré à la maison, maman était là, l'air furieuse :

- Bravo, tu découches maintenant sans rien me dire, je me suis inquiétée toute la nuit, j'ai failli appeler la police, les hôpitaux. J'ai téléphoné à Michel qui s'est foutu de moi en disant en riant que tu étais sûrement avec un fille ou un garçon, peut-être l'un après l'autre. Tu es dévergondé, tu me fais honte. Alors, qu'as-tu fait, je veux savoir. Est-ce que tu t'es protégé au moins ?
- Moi / Si j'étais avec une fille, oui j'ai mis un préservatif ; si c'était un garçon, non il ne pouvait pas tomber "enceint". Du reste, je n'étais pas avec un garçon mais avec deux adorables jeunes gens, oui, de sexe masculin. Du reste tu dois le sentir, je pue le sperme.
Et toi maman, qu'est-ce que tu sens ? Non ce n'est pas le sperme, peut-être qu'il n'en a pas, qu'il est impuissant ? Tiens, cela a une odeur de cyprine, non cela n'est pas possible ! Dis maman ce n'est pas possible ? Dis, réponds !




















Re : Je n'aime pas, j'aime... - lelivredejeremie - 10-02-2022

J'ai quelques questions, déjà comment Mathias peut-il avoir le nom de sa mère si ses parents étaient mariés ? Puis aussi, Sébastien doit être sérieusement mutilé pour ne plus avoir d'érection ! La chirurgie réparatrice a ses limites  ???

Après, le bibliothécaire a un peu raison, le sayxe ne se résume pas à la sodo, il a aussi une dimension 'psychologique', où le plaisir de l'autre est un peu le nötre, mais je ne pense pas que ça dure, en tout cas pas dans un cadre exclusif...

Ce que Mathias n'envisage pas vraiment, à se partager entre le couple du resto, sans se souvenir trop clairement de qui a fait quoi à qui...  :-\  Et mm si je peux concevoir qu'il soit déçu des perspectives avec Sébastien, c'est un peu moyen  :'(


Re : Je n'aime pas, j'aime... - Lange128 - 10-02-2022

Bonjour [member=146]Nostalgique[/member] et merci pour cette « petite » suite.

Je retiens tout d’abord la focalisation du narrateur sur l’acte entre un homme et une femme qui a permis sa conception. Même si l’on est homosexuel on a des parents, j’allais dire pour le meilleur et pour le pire. Espérons que pour la majorité des êtres humains c’est pour le meilleur.

Sébastien ne peut pas bander (il n’est pas le seul, d’autres hommes possédant tout le matériel nécessaire et suffisant ne le peuvent pas non plus, il faut également le logiciel). Le Dr Vidal aura du travail, il existe des implants péniens et le sexe n’est pas la seule zone érotique du corps.

Matthias se disperse ensuite, la frustration de ne pas pouvoir avoir des relations sexuelles complètes avec Sébastien ? La jalousie envers sa mère qui, elle, aurait un amant ? Nous revenons dans la problématique des parents.

Tu sais bien faire durer le suspense, attendons la suite.

Je t’embrasse.
Daniel


Re : Je n'aime pas, j'aime... - Philou0033 - 10-02-2022

Bonjour [member=146]Nostalgique[/member] !

Oui on a tous pensé à ce que nos parents ont fait pour nous concevoir. Ils se sont aimés, ils ont fait l'amour, une fois ou même plus. Résultat nous sommes bel et bien là, vivant. Nous nous sommes identifiés à ce qui fait de nous des hommes, libres et ouverts vers un genre ou l'autre et pourquoi pas les deux!

Mathias sait qui est son père, il n'est plus le "père-spermatozoïde" mais bien un homme qui a aimé sa maman!

Sébastien est vraiment mutilé et ne sait plus bandé. Il devient de plus en plus tactile avec Mathias.

Mathias découvre que sa maman rencontre une femme au resto, elle n'a pas d'amant mais une amante!

Belle rencontre dans le restaurant. Mathias se lâche avec les deux beaux jeunes hommes rencontrés. Ils passent du bon temps à se cajoler. Il comble en quelque sorte la frustration de ne pas pouvoir avoir de relations sexuelles complètes avec Sébastien.

Il me tarde de lire la suite.
Merci pour ce bon moment de lecture!

Je t'embrasse!
Philou


Re : Je n'aime pas, j'aime... - Nostalgique - 14-02-2022

Un grand silence, un très grand silence s'installe. J'enfonce le clou : "Il s'appelle comment ? Edouard peut-être ?"

- Mam [d'une voix sourde] / Ce n'est pas un homme, c'est une femme, Jeanne. Je l'aime, nous nous aimons, elle m'a appris des tas de choses que je ne connaissais pas et
- Moi / Cela ne m'étonne pas, ton ex, enfin mon père, papa quoi n'était pas une femme que je sache
- Mam / Je te défends de me parler de cette manière…
- Moi / Maman, arrête s'il te plaît, nous sommes sur un plan d'égalité : tu aimes une femme, tu es lesbienne.
Moi j'aime les garçons, je suis gay. Alors ne soyons pas hypocrites, respectons-nous, aime qui tu en as envie, cela ne me regarde pas c'est ta vie privée. Mais laisse-moi également vivre la vie qui me plaît, avec des garçons ou même des filles.

Maman se le tient pour dit, ce qui est facilité par le fait que quelques jours plus tard, elle emménage chez son amie Jeanne. J'ai dès lors la disposition de l'appartement pour moi tout seul avec un salon et deux chambres. En partant, maman m'a juste dit que ce logement appartenait à Edouard Vidal et qu'elle ne dirait rien pour que je puisse en profiter. Cette déclaration ne me plaît pas, j'ai toujours été honnête et je n'ai pas envie de tromper celui qui est mon père, biologique en tout cas. Et ce père, quel qu'il soit, j'ai envie de le connaître et que lui me connaisse. Je ne peux pas faire semblant de ne pas avoir de père puisque maintenant j'en ai un, vivant. Ce serait me tromper moi-même, ce serait le renier alors que je viens de le trouver. Et il y a Sébastien.
Spécialiste en chirurgie réparatrice, cela me fait rêver d'aider mon ami à éventuellement récupérer au moins une partie de ce qu'il n'a plus. J'en ai parlé avec lui, il n'avait pas l'air très chaud, affirmant que la médecine ne peut rien pour lui et que, surtout, il s'est accepté comme il est. J'ai de la peine à comprendre qu'il ne veuille pas saisir cette chance unique de consulter un grand spécialiste (je me suis discrètement renseigné) qui, sans faire de miracles, pourrait tout au moins tenter d'améliorer sa situation et qui sait, peut-être plus. Je n'ai pas l'habitude de renoncer au premier obstacle à une idée qui me tient à cœur :  aussi je dégage des prodiges d'éloquence pour obtenir de Sébastien qu'au moins il m'autorise d'évoquer son cas avec mon père en restant dans l'anonymat le plus absolu.
Car, ce père, je suis bien décidé à le rencontrer malgré la forte réticence de ma mère. Je veux le rencontrer et je le ferai dans un esprit positif, sans lui faire de reproches pour m'avoir, nous avoir abandonnés ma mère et moi. Abandonnés physiquement certes, mais ma mère ne peut pas nier que, financièrement parlant, il a été très généreux avec nous.

J'ai pris rendez-vous en appelant son cabinet mais j'ai préféré ne pas donner mes noms de famille, Vidal ou Lejeune, afin d'éviter un refus de me rencontrer. Je viens sous le nom de Matthias Martin qui, à la suite d'un grave accident de vélo, a subi de très sérieuses blessures au niveau de ses organes génitaux au point que je fais de la dépression, je pense au suicide. La secrétaire me pose de nombreuses questions auxquelles je réponds en m'inspirant de la situation de Sébastien. Elle commence par me dire que le premier rendez-vous possible est dans trois mois mais lui ayant lancé de manière presque agressive "mais j'ai tout juste dix-huit ans, je ne peux pas rester comme ça, c'est intolérable" elle me propose de voir le docteur jeudi de la semaine prochaine à dix-sept heures tout en me prévenant qu'il a souvent du retard.
Je rentre chez nous, enfin chez moi maintenant, soulagé mais en même temps je sais très bien que ma nervosité va augmenter à l'approche de cette date décisive. Je n'ai pas averti ma mère :  au contraire je lui ai dit, fâché, qu'une consultation n'était actuellement pas concevable et qu'on reprendrait contact avec moi. J'ai remarqué le petit sourire narquois de ma mère, visiblement elle était soulagée.
Par contre, j'ai tenu Sébastien au courant, c'est la moindre des choses et j'ai même obtenu, non sans peine, que je puisse le photographier sous toutes les coutures, de près comme de loin. Si ces photos ne montraient pas l'horreur de sa mutilation, je pourrais en obtenir sans peine un très bon prix, elles auraient un grand succès, c'est certain. Mais tel n'est pas le cas, Sébastien n'a même pas jugé nécessaire de me recommander la discrétion. J'ai préparé tout un dossier récapitulatif, très bien présenté.

Jeudi est enfin arrivé, j'ai rarement été aussi nerveux car c'est non seulement une éventuelle amélioration pour Sébastien mais c'est aussi mon propre avenir qui va se jouer, probablement dans les secondes ou les minutes qui vont suivre mon entrée dans le cabinet médical du Docteur Vidal : maman m'avait seulement dit lorsqu'elle avait lâché son nom que j'étais son portrait craché. J'ai trouvé aux puces un vieux pantalon beaucoup trop large pour moi car avec ma soi-disant infirmité il ne pouvait pas être question que je porte un jean serré. J'arrive également avec de grosses lunettes de soleil pour atténuer ma ressemblance si celle-ci est trop criante. La secrétaire m'a regardé avec un drôle d'air, je dois vaguement lui rappeler quelqu'un, mon cœur bat la chamade. Elle me demande ma carte d'identité et ma carte maladie : confus, je lui avoue que je les avais préparées mais que, très nerveux, je les avais finalement oubliées. "Ce n'est pas grave, apportez-les la prochaine fois". Par prudence, je lui donne une adresse fictive mais mon vrai numéro de portable. Le docteur a une bonne demi-heure de retard. Ma nervosité est visible car la secrétaire me dit gentiment, "ne soyez pas si nerveux ! Vous verrez le Dr. Vidal est très agréable, il sait parfaitement que ce n'est pas toujours facile de se montrer". Un homme a passé rapidement, j'ai juste eu le temps d'éprouver un choc, tellement je lui ressemble. Je n'ai aucun doute, il va immédiatement me reconnaître, peut-être me jeter hors de son cabinet.

J'entends une voix, plutôt sympathique dire "Mireille, faites entrer Monsieur Martin".
Je dois être d'une pâleur à faire peur, tout mon corps tremble. Mireille me propose un verre d'eau, "Vous verrez tout se passera très bien, n'ayez pas peur". Si elle savait !

Le docteur a la tête penchée sur un papier qu'il emplit, ne me voit pas :  "Monsieur Martin, je suis tout de suite à vous, prenez place". Il relève la tête, me regarde, son bras tendu pour prendre mon dossier reste comme suspendu en l'air avant de redescendre lentement. Il me regarde avec intensité pendant un temps qui me paraît sans fin. Je remarque une esquisse de sourire qui disparaît rapidement. Il se lève, contourne son grand bureau, s'approche de moi et me tend la main

- Bonjour Matthias. Je savais qu'inévitablement nous nous rencontrerions un jour ou l'autre. Je ne pensais pas que ce serait un acte volontaire de ta part mais puisque tu es là on va discuter ensemble.
- Un instant s'il te plaît. Mireille, pouvez-vous venir un instant
- Mireille / Oui, docteur.
Et quelques secondes plus tard
- Dr / Mireille, je vous présente mon fils Matthias Vidal qui s'est présenté sous une double fausse identité, Martin ou Lejeune ou maintenant Vidal, quoi, un parfait faussaire ! S'il vous plaît, annulez ma participation de ce soir et avertissez ma femme, vous pouvez lui dire que je vais faire connaissance de mon premier fils. Qu'elle ne s'inquiète surtout pas.
- Mireille / Bien docteur. Tu m'as bien fait marcher me dit-elle avec un sourire
- Moi / Non, je ne vous ai menti que sur mon identité, tout le reste est vrai, pas pour moi mais pour un ami

Je me suis immédiatement senti à l'aise, Edouard Vidal est quelqu'un de très agréable, il n'a pas l'air fâché de mon intrusion, j'ai même l'impression qu'il est content de faire ma connaissance.
Il m'a spontanément proposé de voir d'abord le dossier de Sébastien et que nous irions manger ensemble pour commencer à se connaître et à envisager l'avenir. Quand il a vu les photos, il a clairement eu l'air outré : "Mais qui a pu faire une chose pareille, un boucher aurait fait mieux sans difficultés". Je lui explique les circonstances particulières qui avaient concouru à cette situation. Il m'a simplement dit qu'il va rapidement se pencher sur le "cas Sébastien" mais que, dans tous les cas il faut faire quelque chose, qu'il est exclu de le laisser dans une telle situation qui pourrait sans autre le conduire à des pensées suicidaires, qu'il faut donc que je lui en parle très rapidement. Il me dit encore que ce garçon doit être très fort pour avoir accepté de se laisser photographier. Là encore, j'ai été très franc en relatant notre relation d'abord professionnelle qui a lentement évolué vers quelque chose de plus intime alors même que cette intimité n'est vraiment pas concevable vu son état, que nous étions tous les deux parfaitement conscients du côté équivoque et de fait impossible sauf si un traitement peut être entrepris. C'est à ce moment qu'il m'a dit que je ne dois pas m'illusionner, que la médecine et la chirurgie pourraient peut-être améliorer l'aspect visuel mais que pour les fonctions physiologiques il n'y a probablement aucun espoir. Je m'en doutais.
La discussion que nous avons eue tout au long du dîner, dans un très bon restaurant où il avait l'air d'être connu, a été très agréable et très franche, des deux côtés. J'avais vraiment l'impression de le connaître depuis longtemps, il m'a bien sûr longuement questionné sur ce que je faisais comme études, ce que je faisais de ma vie et je lui ai tout de suite dit que je ne savais pas vraiment si j'étais attiré par les garçons ou les filles. Il a souri en disant que pour vivre avec Sébastien et son handicap ce n'est pas forcément évident, ce que je n'imagine que trop. Nous allons bien sûr nous revoir rapidement, il me présentera sa femme et son fils un peu plus jeune que moi et qui sera certainement heureux d'apprendre qu'il a un grand frère. Peu avant minuit, il me dépose devant chez moi tout en me disant qu'il allait immédiatement faire le nécessaire pour que l'appartement soit transféré à mon nom. J'étais déjà sur le trottoir, la vitre de la voiture était baissée et, sans réfléchir à ce que je demandais, "Pourquoi tu as quitté maman ?" Il m'a longuement regardé et il a dit d'une voix basse qu'elle l'avait trompé avec une femme.

- Elle s'appelait Jeanne ?
- Oui, comment le sais-tu ?
- J'ai surpris son secret, dans un restaurant où elle dînait avec celui que je croyais être son amant, j'en étais heureux pour elle, je me réjouissais de faire sa connaissance. Or ce n'était pas un homme mais une femme qui s'appelle Jeanne. Elles étaient très amoureuses, leur regard ne trompait pas.
- Ah ! je comprends, ce que j'avais pris pour une aventure était en réalité un véritable amour. Est-ce que tu la connais ?
- Non papa, que maman soit lesbienne ne me dérange pas en soi, chacun a le droit de vivre sa sexualité comme il l'entend. Ce qui me dérange c'est que pendant toutes ces années elle m'ait laissé dans l'ignorance de cette liaison, même si à des petits signes je me doutais bien de quelque chose, sauf qu'elle me leurrait sur la personne. Et ça, cela me fait mal, très mal même !
- Soit patient, ne casse rien. Ah encore une chose ! Merci de m'avoir appelé "papa" il y a quelques instants.

J'ai la chance d'avoir un excellent sommeil mais cette nuit il fut spécialement bon, je suis heureux d'avoir retrouvé un père qui semble content de m'avoir récupéré, qui paraît même disposé à m'intégrer dans sa nouvelle famille.
C'est le cœur léger que je me suis rendu à la bibliothèque où je saluais quelques étudiants comme moi avec plus de chaleur qu'habituellement au point que l'un d'entre eux me demanda en riant si j'étais amoureux. Sébastien n'était pas là ce qui m'arrangeait plutôt car j'étais un peu perdu vis-à-vis de lui. L'un des bibliothécaires, celui que j'avais surnommé "tête de mort" en raison de son air avenant, était de service me tendit une enveloppe que je mis directement dans ma poche en pensant qu'il s'agissait de la facture mensuelle pour mes photocopies. À midi, ma bonne humeur était toujours visible et je suis fait gentiment charrier. J'avais envie de partager ma joie aussi je dis à celui qui m'avait demandé si j'étais amoureux

- Ce n'est pas ce que tu crois !
- C'est pas possible, c'est un homme ?
- [avec un grand sourire] Oui !
- [Grand silence à notre table, clairement mêlé de stupéfaction]
- Après vingt-trois ans, j'ai retrouvé mon père, c'est un type formidable !

La réaction de mes collègues est formidable de spontanéité, je les sens heureux pour moi et en même temps soulagés. L'un d'eux me regarde dans les yeux et me dit "Tu sais, même si cela avait été un mec, cela n'aurait rien changé pour moi".
Le soir, en me déshabillant, je retrouve la lettre et je constate mon nom écrit à la main d'une écriture que je ne reconnais pas aussi je vais directement à la signature : "Sébastien"