26-01-2022, 06:24 PM
Voici une nouvelle suite. N'hésitez pas à dire si "J'aime pas, j'aime...". L'important c'est de dire ce qu'on pense !
Matthias était plus que songeur en se demandant quel drame était à l'origine de cet horrible mutilation mais il n'était pas question de demander des explications à Sébastien : si celui-ci avait envie d'en parler, il le ferait quand il jugerait le moment propice mais cela ne pouvait venir que de lui et de lui seul.
Matthias avait un lit de 140 cm de sorte qu'ils ne seraient pas à l'étroit. Lorsqu'ils décidèrent de se coucher, ils n'eurent pas besoin de se déshabiller : ils étaient déjà nus et de toutes façons Sébastien n'avait pas de pyjama n'ayant pas prévu de dormir hors de chez lui. Pour Matthias, la question ne se posait même pas : depuis longtemps il dormait sans vêtement. Alors qu'il était déjà à moitié endormi, Sébastien murmura : "Tu sais Matthias, tu es la première personne à qui j'accepte de me montrer tel que tu m'as vu".
Point de vue de Sébastien
Je suis intellectuellement épuisé par le déroulement de cette soirée qui a pris une tournure tout-à-fait inattendue. Pour la première fois depuis le drame qui m'avait frappé il y a quelques années, je me suis montré nu, totalement, donc y-compris ma mutilation. Pour la première fois depuis quelques semaine, je flashais sur un garçon alors que je sais pertinemment que c'est sans aucune perspective. Et ce garçon je ne le connais que par la fiche d'inscription qu'il a remplie pour avoir accès à la Bibliothèque universitaire. Je connais son prénom, Matthias. Je sais qu'il a une dizaine d'années de moins que moi et que, étonnamment, il a un accès VIP qui l'autorise à consulter absolument tous les ouvrages. Il vient très régulièrement, presque tous les jours et il est apprécié de mes collègues en raison de son caractère facile et enjoué. Étant le plus jeune du personnel à ce poste, je suis stagiaire, nous échangeons volontiers nos impressions sur les livres qu'il retire et il m'arrive même de lui faire des suggestions. Il est très enjoué et parle volontiers mais il reste très secret sur sa vie privée. Malgré sa discrétion je me pose des questions sur sa véritable sexualité car il semble s'intéresser de près à l'homosexualité chez les jeunes Grecs de la Grèce antique. Il faut dire qu'il étudie le latin et le grec, avec brio pour ce que je peux en juger par les questions qu'il lui arrive de me poser. Ceci peut donc expliquer cela, néanmoins j'ai remarqué qu'il lui est arrivé de légèrement rougir en demandant à consulter certains ouvrages particulièrement explicites. J'ai discrètement sondé mes collègues, il semble que ce genre de demandes "spécialisées", il ne les adresse qu'à moi. Le pauvre, s'il savait, il arrêterait tout de suite de me draguer ! Matthias dort à côté de moi, il n'est que onze heures, beaucoup trop tôt pour moi. À moitié assoupi, je laisse mon esprit vagabonder et inévitablement je repense à tout ce qui m'est arrivé avec le secret espoir qu'en y songeant maintenant cela m'évitera de faire des cauchemars, ces cauchemars qui me réveillent chaque nuit en étant terrorisé, en sueur sur tout mon corps.
J'étais sur la rive ouest de l'Indus, ce grand fleuve qui trouve sa source dans l'Himalaya et sur les bords duquel Alexandre le Grand contemplait avec regret sa rive est où il aurait souhaité se rendre si ses soldats, épuisés et nostalgiques de leur patrie, n'avaient pas catégoriquement refusé de s'y rendre. Moi, Sébastien, j'allais traverser ce fleuve mythique sur un bac surchargé et à moitié pourri. Quelle mouche m'avait piqué pour que je m'aventure dans cette région aux mains bien souvent de rebelles et de tribus farouches ? Pourquoi n'avais-je pas pris garde aux regards souvent menaçants qui m'étaient adressés ? Que n'avais-je suivi les conseils que beaucoup de connaisseurs de la région m'avait donnés, traverse plus au sud mais surtout pas dans le nord… Oui, pourquoi ? Le hasard du destin ou le destin du hasard ? Toujours est-il que j'ai traversé et, immédiatement j'ai ressenti une hostilité latente qui ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure de ma progression mais à laquelle je ne prêtais pas vraiment attention. Mais où donc avais-je la tête, où était mon bon sens, ma raison ?
J'arrivais dans un village où régnait l'ordre et la propreté. Je ne vis personne sinon un adorable adolescent, Halim. Il me fit un immense sourire, me prit par la main et me conduisit dans une hutte en torchis où se trouvait une sorte de paillasse. Sitôt entré, d'un mouvement brusque il enleva son vêtement et se redressa dans une nudité d'une beauté à couper le souffle. Et en fait, j'en eu le souffle coupé, je restais comme paralysé sans me rendre compte que Halim m'avait dépouillé de tous mes vêtements et que j'étais aussi nu qu'il l'était. À part une branlette de temps à autres, il y avait longtemps que je n'avais plus eu de relations sexuelles et donc mes couilles ne demandaient qu'à se décharger de leur contenu. Je n'avais jamais touché un garçon et jamais un garçon ne m'avait touché. La longue abstinence mais surtout la beauté exceptionnelle de ce corps, de son petit sexe tendu à l'extrême me firent flancher : je tendis une main pour me saisir de ce sexe alors que l'autre main commença à lui triturer les fesses que Halim avait rondes et dodues. Mon sexe suintait déjà, lui aussi raide comme je ne l'avais jamais été. Quelques secondes après nous nous vautrions sur la paillasse et il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour que j'aie sa petite queue en bouche. Il me masturbait avec science, ma semence montait plus rapidement que je n'aurais voulu pour faire durer ce moment d'intensité extrême et nouveau pour moi, je sentis un spasme d'une intensité folle, sans savoir que c'était la dernière fois, et mon sperme se répandit sur… je ne sais pas où car au moment de la jouissance maximum je reçus un violent coup de pied dans le bas-ventre, puis un autre et encore, des coups de poings, des mains qui me tordaient les couilles à hurler de douleurs, je vis l'éclair d'une lame. J'aperçus encore tout juste Halim qui se tordait de rire, d'un rire mauvais comme sardonique. Je perdis connaissance.
Matthias est à côté de moi avec un linge qu'il me passe sur le visage pour essuyer ma sueur qui dégouline, une femme, sa mère, a des draps propres et surtout secs. Mon regard, d'halluciné qu'il était, redevient normal. Je balbutie quelques paroles encore incompréhensibles avant que je n'aie bu un verre d'eau. Matthias m'aide à me lever, je titube encore mais il me soutient avec l'aide de sa mère qui pousse un cri horrifié. Sous la douche, Matthias s'occupe de moi comme si j'étais un enfant. L'eau tiède me fait du bien, je me retrouve ici, je ne suis plus là-bas. Matthias m'aide à enfiler un de ses boxers, je le remercie. Il en a également mis un. La mère de Matthias s'affaire, elle prépare une tisane et dispose un reste de gâteau aux pommes que je dévore. Il est excellent, je vais mieux, j'ai retrouvé mon équilibre mental. Je me sens en sécurité lorsque Matthias s'allonge à mes côtés. Sa mère nous souhaite une bonne fin de nuit. Elle ne comprend rien à rien de ce qui vient de se passer. Que faisait ce grand garçon dans le lit de son fils ? que signifie cette crise ? Et surtout, ce qu'elle a juste entrevu… Demain sera un autre jour, demain elle saura, même si elle pressant un drame, des drames : ce garçon, son fils, ce fils qu'elle aime tant.
Nous nous réveillons assez tard ce qui n'a rien d'étonnant vu la nuit mouvementée que nous avons vécue. Je n'ai pratiquement aucun souvenir des heures précédentes, je sais seulement que j'ai fait le même rêve mais sans qu'il aille jusqu'au bout.
Dans les quelques secondes qui ont précédé ma perte de connaissance, je me souviens de m'être fait la réflexion que j'allais mourir. Dans les quelques secondes qui ont suivi mon réveil je me suis fais la remarque "tiens je suis en vie". En fait, j'étais bien en vie, attaché sur un lit de camp, entièrement nu à l'exception d'un énorme pansement sur le bas ventre. Dans la pièce, une jeune femme vaque à ses occupations ménagères tandis qu'un garçon tente d'allumer une lampe à gaz. Ce dernier remarque que je suis en train de me réveiller, il crie quelque chose à sa sœur qui sort en courant. Quelques instant après elle revient avec un homme d'âge mûr qui porte un brassard avec un croissant rouge. Il s'approche vivement, me regarde les yeux, prend mon poignet, m'ausculte le cœur avec un stéthoscope. Il a l'air satisfait de son examen, le frère et la sœur ont l'air content au vu de leur sourire. Je voudrais parler mais aucun son ne sort de ma bouche complètement desséchée. On me soulève la tête pour que je puisse absorber trois cuillères d'eau. Je demande où je suis et pourquoi je suis là. Une violente douleur me saisit le ventre, plus exactement là où se trouve mon sexe, si je n'étais pas attaché je me tortillerais tellement j'ai mal. Je voudrais tout arracher mais les liens me bloquent les bras. On me fait une piqure, rapidement la souffrance diminue, je me rendors. La morphine me laisse dans un état comateux mais je réalise que le porteur au croissant rouge touche mon sexe, gratte mon ventre, me frotte avec un liquide froid. "Je crois qu'il va s'en sortir, mais je ne sais pas si on lui rend vraiment service. Tu t'imagines quelle va être sa vie, dans son état".
Dans la cuisine, Matthias et sa mère sont encore en grande discussion et je l'entends dire :
- Oui maman, je suis désolé, tu ne mérites pas ça, je n'y peux rien, je n'ai pas choisi d'aimer les garçons même si au fond je n'en sais rien car je ne suis jamais sorti avec un garçon ; mais je sens clairement que c'est eux qui m'attirent, c'est à eux que je pense lorsque je me masturbe. Oh ! excuse-moi, oui je me masturbe…
- Mam / Ne t'inquiète pas mon chéri, je m'en doutais depuis un certain temps mais c'est vrai que hier soir cela m'a fait un choc quand j'ai compris que tu étais avec un garçon. Mais cette nuit la vision de ton ami m'a bouleversée. C'est affreux, pauvre garçon
Sébastien, gêné de sa tenue, entre dans la pièce où un petit-déjeuner l'attends. Lorsqu'il a terminé, il commence le récit de ce qui lui est arrivé et il évoque, malgré tout, ceux à qui il doit la vie, même si à priori c'est une vie sans grande perspective.
Tu es dans un poste sanitaire avancé pour soigner nos camarades blessés au cours des attentats et des crimes commis par la soi-disant armée régulière qui nous combat de la pire des manières. Nous non plus ne sommes pas des saints, oui nous sommes ce que le monde nomme des terroristes, nous avons du sang sur les mains mais ni plus ni moins que ceux que nous combattons. Mais nous sommes parfois capables d'amour comme le jour où nous avons découvert ce que quatre compagnons t'ont fait subir. Il n'y avait aucune raison à ce qui constitue un crime gratuit d'autant qu'ils ont abusé de toi de la plus vile des manières. Ils ont été exécutés, c'est tout ce qu'ils méritaient. Et nous t'avons soigné. Le résultat n'est pas brillant mais tu étais intransportable, je t'ai opéré, j'ai fait de mon mieux, peut-être que vos médecins pourront réparer ma maladresse. J'ai demandé ce qu'était devenu Halim. Il aurait dû être également condamné à mort mais notre chef a eu pitié de son jeune âge d'autant qu'il a, semble-t-il, été contraint de te tendre ce piège dans lequel tu es tombé. Dans quelques jours, dès que tu pourras supporter un transfert long et pénible, nous ferons le nécessaire pour que les tiens te retrouvent et te ramènent chez toi.
Ils ont tenu parole, au risque de leur vie. Il a fallu près de six mois jusqu'à ce que je me retrouve chez moi. À l'hôpital il a été froidement déclaré que c'était trop tard pour tenter quoi que ce soit, qu'il fallait que je m'habitue à mon infirmité. C'est ce que j'ai fait car j'aime la vie et je ne pouvais pas décevoir, même s'ils ne le sauraient jamais, toutes ces personnes qui ont risqué leur vie pour me sauver. Aujourd'hui Matthias je te connais, tu vas continuer tes études, je vais reprendre ma place de stagiaire à la B.U. et tout rentrera dans l'ordre. Peut-être pourrons-nous être amis, toi et moi.
Point de vue de Matthias
Tout est rentré dans l'ordre : oui, si l'on peut dire et pourtant ce que j'ai vécu ces derniers jours m'a profondément bouleversé. Comment des personnes humaines peuvent-elles commettre des actes aussi gratuits que dégradants ? Jamais je n'avais pu imaginer de telles horreurs et néanmoins j'avais passé tout une nuit au côté d'une de ces victimes, pendant des semaines j'avais fréquenté et ris avec ce jeune stagiaire atteint, détruit dans ce qui faisait l'essentiel de sa masculinité. Je l'avais amené chez moi certes pour m'aider à comprendre un texte en vieux grec mais avec l'arrière-pensée de faire connaissance avec son corps et de lui ouvrir le mien. J'aurais presque pu prendre l'initiative de le toucher, de le caresser avec le risque de le faire souffrir physiquement car cette partie de son être est restée très sensible. J'étais jeune mais son drame m'a muri, je n'étais plus vraiment le même qu'avant.
Je n'en restais pas moins un jeune de mon âge, je riais et m'amusais avec mes amis, je poursuivais même une liaison sensuelle avec mon copain Michel que j'admirais dans les vestiaires de la salle de sport et que je retrouvais de temps à autre dans le lit de sa chambre. Il m'est également arrivé de caresser les seins d'une jeune fille de la classe voisine, j'appréciais alors la douceur de sa peau, la sensibilité de ses tétons qui la faisait tressaillir lorsque ma main s'égarait un peu trop. Oui, je vivais pleinement ma jeunesse et pourtant, j'étais souvent obnubilé par l'image de Sébastien au point qu'il m'arrivait parfois de quitter brusquement mes amis. Lorsque cela me prenait, je n'arrivais pas à m'expliquer ce brusque revirement. Était-ce le fait que je pensais l'aimer mais que je savais qu'une relation physique entre nous était illusoire ? Était-ce de la pitié ? Même si celle-ci aurait pu être concevable, je sais que Sébastien n'en a rien à faire. Parfois, je crois, j'avais tout simplement peur qu'il ne fasse une bêtise en mettant, d'une manière ou une autre, fin à ses jours. Je n'étais en rien responsable mais je pense que j'aurais eu de la peine à ne pas me demander si j'en avais fait assez pour l'aider. Mais que peut-on faire pour quelqu'un qui n'a plus aucune perspective sociale ou sentimentale ? Je le voyais régulièrement à la B.U. et je l'invitais fréquemment chez moi pour passer un bon moment ensemble d'autant qu'il était intéressant de discuter avec lui. Il était rare que je lui propose de dormir à la maison : c'était un garçon, je dirais même un beau garçon et j'avais chaque fois eu des réactions épidermiques au niveau de mon entre-jambe avec une envie de le toucher ce qui n'était pas envisageable, tant pour moi que pour lui. Notre relation était donc assez paradoxale en ce sens que je l'appréciais mais sans véritablement l'aimer ou, pour être plus précis, sans pouvoir l'aimer. Et si je suis très honnête mais ça je ne le lui dirai jamais, la vision de son corps n'était pas véritablement sexy.
Mais la vie continuait avec son lot de plaisirs et d'agacements, j'étais très satisfait de la manière dont je conduisais mon existence. Je travaillais bien, j'allais brillamment réussir mon bac où je visais une bonne mention et ma voie universitaire était toute tracée avec l'étude des civilisations anciennes. Je continuerai à fréquenter la B.U. non seulement pour y retrouver Sébastien mais également parce que j'appréciais l'ambiance calfeutrée qui régnait dans ces salles. Finalement les visiteurs les plus assidus formaient un petit clan où nous avons fini par nous retrouver en dehors de l'université.
Je n'avais qu'un problème ou plutôt qu'une question qui me taraudait. J'avais l'impression très nette que ma mère devenait plus coquette, elle avait renouvelé sa garde-robe et elle avait perdu cet aspect un peu rébarbatif qu'elle avait auparavant.
Comme souvent maintenant, je suis en slip, vautré sur le canapé tout en me réjouissant du repas que préparait ma mère. Un journal traînait sur la table basse et je commence à lire sans vraiment faire attention lorsque soudain je sursaute en voyant une annonce en caractère gras :
Le professeur Edouard Vidal,
spécialiste en chirurgie réparatrice,
vous informe que sa clinique est dans de nouveaux locaux
Vidal, Vidal mais c'est mon nom officiel mais que maman n'avait jamais voulu que je porte, pour tout le monde je suis Matthias Lejeune. D'un bond je suis debout et je surgis comme un boulet dans la cuisine
- Maman ! le prénom de papa, c'est comment ?
- Mam / Tu sais bien que tu n'as pas de père, ta question est stupide !
- Moi / Je sais bien, mais le petit père-spermatozoïde, tu sais celui qui était le plus véloce, son prénom c'était comment ?
Matthias était plus que songeur en se demandant quel drame était à l'origine de cet horrible mutilation mais il n'était pas question de demander des explications à Sébastien : si celui-ci avait envie d'en parler, il le ferait quand il jugerait le moment propice mais cela ne pouvait venir que de lui et de lui seul.
Matthias avait un lit de 140 cm de sorte qu'ils ne seraient pas à l'étroit. Lorsqu'ils décidèrent de se coucher, ils n'eurent pas besoin de se déshabiller : ils étaient déjà nus et de toutes façons Sébastien n'avait pas de pyjama n'ayant pas prévu de dormir hors de chez lui. Pour Matthias, la question ne se posait même pas : depuis longtemps il dormait sans vêtement. Alors qu'il était déjà à moitié endormi, Sébastien murmura : "Tu sais Matthias, tu es la première personne à qui j'accepte de me montrer tel que tu m'as vu".
Point de vue de Sébastien
Je suis intellectuellement épuisé par le déroulement de cette soirée qui a pris une tournure tout-à-fait inattendue. Pour la première fois depuis le drame qui m'avait frappé il y a quelques années, je me suis montré nu, totalement, donc y-compris ma mutilation. Pour la première fois depuis quelques semaine, je flashais sur un garçon alors que je sais pertinemment que c'est sans aucune perspective. Et ce garçon je ne le connais que par la fiche d'inscription qu'il a remplie pour avoir accès à la Bibliothèque universitaire. Je connais son prénom, Matthias. Je sais qu'il a une dizaine d'années de moins que moi et que, étonnamment, il a un accès VIP qui l'autorise à consulter absolument tous les ouvrages. Il vient très régulièrement, presque tous les jours et il est apprécié de mes collègues en raison de son caractère facile et enjoué. Étant le plus jeune du personnel à ce poste, je suis stagiaire, nous échangeons volontiers nos impressions sur les livres qu'il retire et il m'arrive même de lui faire des suggestions. Il est très enjoué et parle volontiers mais il reste très secret sur sa vie privée. Malgré sa discrétion je me pose des questions sur sa véritable sexualité car il semble s'intéresser de près à l'homosexualité chez les jeunes Grecs de la Grèce antique. Il faut dire qu'il étudie le latin et le grec, avec brio pour ce que je peux en juger par les questions qu'il lui arrive de me poser. Ceci peut donc expliquer cela, néanmoins j'ai remarqué qu'il lui est arrivé de légèrement rougir en demandant à consulter certains ouvrages particulièrement explicites. J'ai discrètement sondé mes collègues, il semble que ce genre de demandes "spécialisées", il ne les adresse qu'à moi. Le pauvre, s'il savait, il arrêterait tout de suite de me draguer ! Matthias dort à côté de moi, il n'est que onze heures, beaucoup trop tôt pour moi. À moitié assoupi, je laisse mon esprit vagabonder et inévitablement je repense à tout ce qui m'est arrivé avec le secret espoir qu'en y songeant maintenant cela m'évitera de faire des cauchemars, ces cauchemars qui me réveillent chaque nuit en étant terrorisé, en sueur sur tout mon corps.
J'étais sur la rive ouest de l'Indus, ce grand fleuve qui trouve sa source dans l'Himalaya et sur les bords duquel Alexandre le Grand contemplait avec regret sa rive est où il aurait souhaité se rendre si ses soldats, épuisés et nostalgiques de leur patrie, n'avaient pas catégoriquement refusé de s'y rendre. Moi, Sébastien, j'allais traverser ce fleuve mythique sur un bac surchargé et à moitié pourri. Quelle mouche m'avait piqué pour que je m'aventure dans cette région aux mains bien souvent de rebelles et de tribus farouches ? Pourquoi n'avais-je pas pris garde aux regards souvent menaçants qui m'étaient adressés ? Que n'avais-je suivi les conseils que beaucoup de connaisseurs de la région m'avait donnés, traverse plus au sud mais surtout pas dans le nord… Oui, pourquoi ? Le hasard du destin ou le destin du hasard ? Toujours est-il que j'ai traversé et, immédiatement j'ai ressenti une hostilité latente qui ne faisait qu'augmenter au fur et à mesure de ma progression mais à laquelle je ne prêtais pas vraiment attention. Mais où donc avais-je la tête, où était mon bon sens, ma raison ?
J'arrivais dans un village où régnait l'ordre et la propreté. Je ne vis personne sinon un adorable adolescent, Halim. Il me fit un immense sourire, me prit par la main et me conduisit dans une hutte en torchis où se trouvait une sorte de paillasse. Sitôt entré, d'un mouvement brusque il enleva son vêtement et se redressa dans une nudité d'une beauté à couper le souffle. Et en fait, j'en eu le souffle coupé, je restais comme paralysé sans me rendre compte que Halim m'avait dépouillé de tous mes vêtements et que j'étais aussi nu qu'il l'était. À part une branlette de temps à autres, il y avait longtemps que je n'avais plus eu de relations sexuelles et donc mes couilles ne demandaient qu'à se décharger de leur contenu. Je n'avais jamais touché un garçon et jamais un garçon ne m'avait touché. La longue abstinence mais surtout la beauté exceptionnelle de ce corps, de son petit sexe tendu à l'extrême me firent flancher : je tendis une main pour me saisir de ce sexe alors que l'autre main commença à lui triturer les fesses que Halim avait rondes et dodues. Mon sexe suintait déjà, lui aussi raide comme je ne l'avais jamais été. Quelques secondes après nous nous vautrions sur la paillasse et il ne fallut pas beaucoup plus de temps pour que j'aie sa petite queue en bouche. Il me masturbait avec science, ma semence montait plus rapidement que je n'aurais voulu pour faire durer ce moment d'intensité extrême et nouveau pour moi, je sentis un spasme d'une intensité folle, sans savoir que c'était la dernière fois, et mon sperme se répandit sur… je ne sais pas où car au moment de la jouissance maximum je reçus un violent coup de pied dans le bas-ventre, puis un autre et encore, des coups de poings, des mains qui me tordaient les couilles à hurler de douleurs, je vis l'éclair d'une lame. J'aperçus encore tout juste Halim qui se tordait de rire, d'un rire mauvais comme sardonique. Je perdis connaissance.
Matthias est à côté de moi avec un linge qu'il me passe sur le visage pour essuyer ma sueur qui dégouline, une femme, sa mère, a des draps propres et surtout secs. Mon regard, d'halluciné qu'il était, redevient normal. Je balbutie quelques paroles encore incompréhensibles avant que je n'aie bu un verre d'eau. Matthias m'aide à me lever, je titube encore mais il me soutient avec l'aide de sa mère qui pousse un cri horrifié. Sous la douche, Matthias s'occupe de moi comme si j'étais un enfant. L'eau tiède me fait du bien, je me retrouve ici, je ne suis plus là-bas. Matthias m'aide à enfiler un de ses boxers, je le remercie. Il en a également mis un. La mère de Matthias s'affaire, elle prépare une tisane et dispose un reste de gâteau aux pommes que je dévore. Il est excellent, je vais mieux, j'ai retrouvé mon équilibre mental. Je me sens en sécurité lorsque Matthias s'allonge à mes côtés. Sa mère nous souhaite une bonne fin de nuit. Elle ne comprend rien à rien de ce qui vient de se passer. Que faisait ce grand garçon dans le lit de son fils ? que signifie cette crise ? Et surtout, ce qu'elle a juste entrevu… Demain sera un autre jour, demain elle saura, même si elle pressant un drame, des drames : ce garçon, son fils, ce fils qu'elle aime tant.
Nous nous réveillons assez tard ce qui n'a rien d'étonnant vu la nuit mouvementée que nous avons vécue. Je n'ai pratiquement aucun souvenir des heures précédentes, je sais seulement que j'ai fait le même rêve mais sans qu'il aille jusqu'au bout.
Dans les quelques secondes qui ont précédé ma perte de connaissance, je me souviens de m'être fait la réflexion que j'allais mourir. Dans les quelques secondes qui ont suivi mon réveil je me suis fais la remarque "tiens je suis en vie". En fait, j'étais bien en vie, attaché sur un lit de camp, entièrement nu à l'exception d'un énorme pansement sur le bas ventre. Dans la pièce, une jeune femme vaque à ses occupations ménagères tandis qu'un garçon tente d'allumer une lampe à gaz. Ce dernier remarque que je suis en train de me réveiller, il crie quelque chose à sa sœur qui sort en courant. Quelques instant après elle revient avec un homme d'âge mûr qui porte un brassard avec un croissant rouge. Il s'approche vivement, me regarde les yeux, prend mon poignet, m'ausculte le cœur avec un stéthoscope. Il a l'air satisfait de son examen, le frère et la sœur ont l'air content au vu de leur sourire. Je voudrais parler mais aucun son ne sort de ma bouche complètement desséchée. On me soulève la tête pour que je puisse absorber trois cuillères d'eau. Je demande où je suis et pourquoi je suis là. Une violente douleur me saisit le ventre, plus exactement là où se trouve mon sexe, si je n'étais pas attaché je me tortillerais tellement j'ai mal. Je voudrais tout arracher mais les liens me bloquent les bras. On me fait une piqure, rapidement la souffrance diminue, je me rendors. La morphine me laisse dans un état comateux mais je réalise que le porteur au croissant rouge touche mon sexe, gratte mon ventre, me frotte avec un liquide froid. "Je crois qu'il va s'en sortir, mais je ne sais pas si on lui rend vraiment service. Tu t'imagines quelle va être sa vie, dans son état".
Dans la cuisine, Matthias et sa mère sont encore en grande discussion et je l'entends dire :
- Oui maman, je suis désolé, tu ne mérites pas ça, je n'y peux rien, je n'ai pas choisi d'aimer les garçons même si au fond je n'en sais rien car je ne suis jamais sorti avec un garçon ; mais je sens clairement que c'est eux qui m'attirent, c'est à eux que je pense lorsque je me masturbe. Oh ! excuse-moi, oui je me masturbe…
- Mam / Ne t'inquiète pas mon chéri, je m'en doutais depuis un certain temps mais c'est vrai que hier soir cela m'a fait un choc quand j'ai compris que tu étais avec un garçon. Mais cette nuit la vision de ton ami m'a bouleversée. C'est affreux, pauvre garçon
Sébastien, gêné de sa tenue, entre dans la pièce où un petit-déjeuner l'attends. Lorsqu'il a terminé, il commence le récit de ce qui lui est arrivé et il évoque, malgré tout, ceux à qui il doit la vie, même si à priori c'est une vie sans grande perspective.
Tu es dans un poste sanitaire avancé pour soigner nos camarades blessés au cours des attentats et des crimes commis par la soi-disant armée régulière qui nous combat de la pire des manières. Nous non plus ne sommes pas des saints, oui nous sommes ce que le monde nomme des terroristes, nous avons du sang sur les mains mais ni plus ni moins que ceux que nous combattons. Mais nous sommes parfois capables d'amour comme le jour où nous avons découvert ce que quatre compagnons t'ont fait subir. Il n'y avait aucune raison à ce qui constitue un crime gratuit d'autant qu'ils ont abusé de toi de la plus vile des manières. Ils ont été exécutés, c'est tout ce qu'ils méritaient. Et nous t'avons soigné. Le résultat n'est pas brillant mais tu étais intransportable, je t'ai opéré, j'ai fait de mon mieux, peut-être que vos médecins pourront réparer ma maladresse. J'ai demandé ce qu'était devenu Halim. Il aurait dû être également condamné à mort mais notre chef a eu pitié de son jeune âge d'autant qu'il a, semble-t-il, été contraint de te tendre ce piège dans lequel tu es tombé. Dans quelques jours, dès que tu pourras supporter un transfert long et pénible, nous ferons le nécessaire pour que les tiens te retrouvent et te ramènent chez toi.
Ils ont tenu parole, au risque de leur vie. Il a fallu près de six mois jusqu'à ce que je me retrouve chez moi. À l'hôpital il a été froidement déclaré que c'était trop tard pour tenter quoi que ce soit, qu'il fallait que je m'habitue à mon infirmité. C'est ce que j'ai fait car j'aime la vie et je ne pouvais pas décevoir, même s'ils ne le sauraient jamais, toutes ces personnes qui ont risqué leur vie pour me sauver. Aujourd'hui Matthias je te connais, tu vas continuer tes études, je vais reprendre ma place de stagiaire à la B.U. et tout rentrera dans l'ordre. Peut-être pourrons-nous être amis, toi et moi.
Point de vue de Matthias
Tout est rentré dans l'ordre : oui, si l'on peut dire et pourtant ce que j'ai vécu ces derniers jours m'a profondément bouleversé. Comment des personnes humaines peuvent-elles commettre des actes aussi gratuits que dégradants ? Jamais je n'avais pu imaginer de telles horreurs et néanmoins j'avais passé tout une nuit au côté d'une de ces victimes, pendant des semaines j'avais fréquenté et ris avec ce jeune stagiaire atteint, détruit dans ce qui faisait l'essentiel de sa masculinité. Je l'avais amené chez moi certes pour m'aider à comprendre un texte en vieux grec mais avec l'arrière-pensée de faire connaissance avec son corps et de lui ouvrir le mien. J'aurais presque pu prendre l'initiative de le toucher, de le caresser avec le risque de le faire souffrir physiquement car cette partie de son être est restée très sensible. J'étais jeune mais son drame m'a muri, je n'étais plus vraiment le même qu'avant.
Je n'en restais pas moins un jeune de mon âge, je riais et m'amusais avec mes amis, je poursuivais même une liaison sensuelle avec mon copain Michel que j'admirais dans les vestiaires de la salle de sport et que je retrouvais de temps à autre dans le lit de sa chambre. Il m'est également arrivé de caresser les seins d'une jeune fille de la classe voisine, j'appréciais alors la douceur de sa peau, la sensibilité de ses tétons qui la faisait tressaillir lorsque ma main s'égarait un peu trop. Oui, je vivais pleinement ma jeunesse et pourtant, j'étais souvent obnubilé par l'image de Sébastien au point qu'il m'arrivait parfois de quitter brusquement mes amis. Lorsque cela me prenait, je n'arrivais pas à m'expliquer ce brusque revirement. Était-ce le fait que je pensais l'aimer mais que je savais qu'une relation physique entre nous était illusoire ? Était-ce de la pitié ? Même si celle-ci aurait pu être concevable, je sais que Sébastien n'en a rien à faire. Parfois, je crois, j'avais tout simplement peur qu'il ne fasse une bêtise en mettant, d'une manière ou une autre, fin à ses jours. Je n'étais en rien responsable mais je pense que j'aurais eu de la peine à ne pas me demander si j'en avais fait assez pour l'aider. Mais que peut-on faire pour quelqu'un qui n'a plus aucune perspective sociale ou sentimentale ? Je le voyais régulièrement à la B.U. et je l'invitais fréquemment chez moi pour passer un bon moment ensemble d'autant qu'il était intéressant de discuter avec lui. Il était rare que je lui propose de dormir à la maison : c'était un garçon, je dirais même un beau garçon et j'avais chaque fois eu des réactions épidermiques au niveau de mon entre-jambe avec une envie de le toucher ce qui n'était pas envisageable, tant pour moi que pour lui. Notre relation était donc assez paradoxale en ce sens que je l'appréciais mais sans véritablement l'aimer ou, pour être plus précis, sans pouvoir l'aimer. Et si je suis très honnête mais ça je ne le lui dirai jamais, la vision de son corps n'était pas véritablement sexy.
Mais la vie continuait avec son lot de plaisirs et d'agacements, j'étais très satisfait de la manière dont je conduisais mon existence. Je travaillais bien, j'allais brillamment réussir mon bac où je visais une bonne mention et ma voie universitaire était toute tracée avec l'étude des civilisations anciennes. Je continuerai à fréquenter la B.U. non seulement pour y retrouver Sébastien mais également parce que j'appréciais l'ambiance calfeutrée qui régnait dans ces salles. Finalement les visiteurs les plus assidus formaient un petit clan où nous avons fini par nous retrouver en dehors de l'université.
Je n'avais qu'un problème ou plutôt qu'une question qui me taraudait. J'avais l'impression très nette que ma mère devenait plus coquette, elle avait renouvelé sa garde-robe et elle avait perdu cet aspect un peu rébarbatif qu'elle avait auparavant.
Comme souvent maintenant, je suis en slip, vautré sur le canapé tout en me réjouissant du repas que préparait ma mère. Un journal traînait sur la table basse et je commence à lire sans vraiment faire attention lorsque soudain je sursaute en voyant une annonce en caractère gras :
Le professeur Edouard Vidal,
spécialiste en chirurgie réparatrice,
vous informe que sa clinique est dans de nouveaux locaux
Vidal, Vidal mais c'est mon nom officiel mais que maman n'avait jamais voulu que je porte, pour tout le monde je suis Matthias Lejeune. D'un bond je suis debout et je surgis comme un boulet dans la cuisine
- Maman ! le prénom de papa, c'est comment ?
- Mam / Tu sais bien que tu n'as pas de père, ta question est stupide !
- Moi / Je sais bien, mais le petit père-spermatozoïde, tu sais celui qui était le plus véloce, son prénom c'était comment ?