08-01-2022, 06:34 PM
Voici l'avant-dernière suite de cette histoire
Sur ces paroles, il est parti d'un pas vif, il s'est retourné une fois et m'a fait un geste amical avec le pouce en l'air, comme pour me dire vas-y ! Sur le moment j'envisage d'aller immédiatement chez Ludovicus mais vu l'heure j'y renonce d'autant que je dois absolument mettre un peu d'ordre dans ma tête, en particulier à la suggestion de Sylvio.
Où en suis-je avec Ludovicus ? Certes, il est sur ma liste de visites mais dans un contexte tout à fait différent après la discussion avec Sylvio. Il est le premier garçon que j'ai connu si j'excepte Gino et nos attouchements. Le premier donc mais là-haut dans le Village c'était différent, ce n'était pas une recherche mais une impulsion, pas véritablement contrôlée, qui répondait à quelque chose que je ne comprenais pas vraiment mais que je devais faire. Cette relation qui était plutôt un incident de parcours, presque un coup d'un soir même si j'ignorais ce terme et sa signification, n'avait duré que quelques heures, même pas une nuit entière.
Et pourtant, ce moment m'a profondément marqué, il est ancré dans mon cerveau, dans ma conscience. En fait je n'ai jamais oublié la douceur des baisers qu'il m'a prodigués dans le cou, ma peau se souvient de la sienne, ma main, mes doigts ont encore la sensation de nos spermes. Et puis, son odeur est encore là, je peux presque la toucher et si je l'avais un peu mise de côté, elle est à nouveau là, maintenant, avec toute sa force, je me remplis d'elle, je la bois. J'arrive chez moi, je bande. Je vois la lumière chez Marco, je frappe, il ouvre la porte, il est nu car il sort du lit. Il a compris, je m'étends à côté de lui et lentement, comme nous en étions convenu, nous nous masturbons, sans un mot. Le silence règne, seul le rythme accéléré de nos respirations s'entend, de temps à autre un soupir puis un gémissement, un deuxième. Nous sommes serrés l'un en face de l'autre, les spasmes arrivent et avec eux la délivrance.
Je sais que je devrai aller chez Ludovicus, je sais également que j'irai le trouver, que c'est inéluctable comme si c'était inscrit dans le grand livre du Monde et, pourtant, j'hésite encore, je remets au lendemain, et encore et de nouveau. Il y a la peur d'un refus qui serait probablement la pire des choses pour moi, la peur que cet acte à la fois fusionnel et sensuel ne soit finalement que sexuel, qu'une union purement physique de corps avides de sensations à la limite bestiales. Il y a la crainte de l'inconnu sur un débouché incertain mais capital pour l'avenir, avec l'espoir combien vivace d'un avenir commun mais en même temps l'angoisse de se lier, de perdre sa liberté. Donc, lâchement, je repousse, je me contente de Marco avec une fréquence plus élevée qu'au début mais toujours sans aucun sentiment sinon celui du soulagement.
Le hasard, mais est-ce vraiment le hasard nous sommes malgré tout à Rome et même au Vatican, la capitale de la chrétienté ? Donc le hasard veut que lors d'une conférence sur un sujet religieux et très ardu de surcroit, je me heurte à Ludovicus au moment de quitter la salle. Nous restons scotchés tous les deux durant quelques secondes avant de nous reprendre et libérer le passage.
- Voilà des semaines que je désire te revoir mais que j'ai peur de t'importuner alors cela me fait vraiment plaisir de te rencontrer ici.
- Ludo / Imagine que j'ai pensé à toi il y a peu de temps, enfin quelques semaines malgré tout. Tu as l'air en pleine forme, mieux que la dernière fois où nous nous sommes vus.
- Moi / Je ne sais pas si je suis en pleine forme mais par contre je traverse une crise véritablement existentielle, je me pose des tas de questions auxquelles je ne trouve pas de réponses qui me satisfassent.
- Ludo / Pourtant tu fais de brillantes études…
- Moi / Ce n'est pas cela qui est en cause mais mon moi profond : trouver le juste équilibre dans la vie entre le réel et l'irréel, le bien et le mal, la raison et l'envie enfin…
À ce stade, Ludovicus m'interrompt, il me prend par le bras et me dit que lui aussi il sent qu'il est à un tournant de sa vie et qu'il est dans le doute. Il m'entraîne je ne sais où lorsque soudain il s'arrête brusquement, il me regarde droit dans les yeux, nous ne disons rien pendant un bon moment, le silence devient gênant.
- Non, ce n'est pas possible Matthieu, on ne peut pas discuter ici, il faut aller ailleurs
- Moi / Mais de quoi veux tu me parler ? Où veux-tu aller ? Tu peux venir chez moi si tu préfères ?
- Matthieu, s'il te plait, dis-moi oui
- Moi / Mais à quoi veux-tu que je te dise oui ? Il y a si longtemps que nous ne nous parlons plus que je ne peux pas te faire aveuglement confiance !
- [Il me regarde avec une telle intensité, une telle supplication] Matthieu, je ne t'ai jamais fait de mal, dis-moi ces trois lettres, oui, je te le demande de toute ma force
Un long silence suit sa supplique, un silence lourd, pesant, plein d'une attente à la limite du supportable, un regard presque désespéré de sa part.
Je lâche dans un murmure
- Oui…
C'est en voyant le relâchement de tout son corps que je réalise à quel point Ludo était tendu, crispé presque à faire peur. D'un coup il a retrouvé toute la maîtrise de lui-même
- Ludo / Je te dirai tout et j'espère que tu feras de même lorsque nous serons arrivés
- Moi / Je suis dans le brouillard complet Ludo, dis-moi au moins où tu veux m'emmener ce soir !
- Ludo / Il faut que nous allions tous les deux à la piscine du vieux pont de pierre, dans ton Village. Là seulement je pourrai te parler. Fais-moi confiance, tu le peux, tu le dois
- Moi / Jamais je ne me suis livré à quelqu'un comme maintenant. Tu as ma confiance mais j'espère que je n'aurai pas à le regretter
Nous nous sommes rapidement séparés après avoir réglé les points essentiels de ce voyage, seul la date est encore ouverte mais je lui rappelle quand même que dès fin octobre la route côté italien de la vallée sera fréquemment fermée en raison de la neige.
Je ne sais pas comment je suis rentré chez moi tellement je suis perturbé par cet entretien totalement inattendu et surtout par la demande saugrenue de Ludo. Curieusement, pas un instant je ne pense que ses préoccupations peuvent rejoindre mon propre questionnement. En arrivant je prends une bonne douche et je commence à manipuler mon sexe afin de me détendre lorsque la sonnette retentit. C'est Marco, il me fait comprendre en faisant tomber au sol culotte et slip qu'il a, tout comme moi besoin d'assouvir certains besoins. C'est rapide, efficace et nous sommes tout sourire lorsque nous remettons nos sous-vêtements que nous échangeons sans nous en rendre compte, nos slips sont de la même marque et tous les deux blancs.
Cela fait des heures que nous sommes en route, d'ici une bonne heure nous changerons de train pour arriver à la petite ville d'où part le bus pour le Village où Gino nous attend, avec joie m'a-t-il dit au téléphone et Fabrinus qui va être tout excité. Le train a du retard, mais heureusement le car nous attend. Le paysage devient de plus en plus montagnard, de plus en plus rude, les cultures ont cédé la place aux pâturages avec des vaches aux pis gonflés. Les virages sont de plus en plus serrés, la pente s'accentue. Au départ de Rome, Ludovicus était prolixe mais au fur et à mesure que nous approchons de la montagne il parle de moins en moins. Dans le car, il devient carrément muet, je le sens tendu au point que je crains presque il demande au chauffeur de s'arrêter pour faire demi-tour ! Heureusement, de temps à autre, il me regarde avec un sourire qui me fait fondre et montre qu'il me fait confiance. C'est un peu le comble car en fait c'est lui qui a souhaité venir au Village sans me préciser la raison profonde de ce désir. Le klaxon à trois tonalités du car postal me fiche un peu le cafard, je suis vraiment dans mon pays, mieux dans ma vallée et bientôt dans mon village. Un dernier virage, très serré et le clocher du couvent apparait au loin, sans m'en rendre compte je saisis la main de Ludovicus que je serre très fort. Je ne sais pas ce qui m'arrive, ai-je à Rome, sans le savoir le mal du pays ? Non, pas de mon pays mais peut-être de ce petit coin de terre où j'ai vécu toute mon enfance, cet endroit au climat si dur, si extrême mais si vivifiant. J'espère arriver à transmettre ce que je ressens à Ludo. Au fond, je suis tout simplement en train de découvrir que j'ai envie de revenir dans cet endroit isolé où les vicissitudes des grandes villes n'existent pas, où l'on peut être soi-même. Mais avec Ludovicus.
Un dernier coup de klaxon, nous sommes arrivés, je ne peux même pas mettre les deux pieds sur le sol que Carlo me prend dans ses bras
- Tu ne peux savoir combien je suis heureux de te serrer dans mes bras, de te savoir ici car je sais que tu as besoin de te retrouver toi-même, je te sentais si malheureux là-bas et je ne pouvais rien faire. Bienvenue à toi également Ludovicus, je ne sais pas exactement ce que tu représentes pour Matthieu mais ta présence avec lui est pour moi quelque chose de très positif.
Je réalise que Fabrinus se tient un peu à l'écart et je sens que quelque chose ne tourne pas rond pour lui. Je le prends dans mes bras mais soudain je le vois partir en courant vers l'hôtel où il travaille désormais. Je ne comprends pas mais Carlo me fait signe qu'il m'expliquera plus tard. Nous saluons la femme et les deux enfants de Carlo, nous prenons possessions de notre chambre après que nous avons eu le choix entre une chambre avec un grand lit ou deux chambres. Un bref regard entre Ludo et moi, c'est le grand lit que nous retenons alors même que nous n'en avons pas discuté avant.
Ce n'est pas la saison : à part un jeune couple, nous sommes les seuls hôtes. Une jolie table est dressée mais une place reste libre, celle prévue pour Fabrinus. Carlo va le chercher en cuisine mais après un bon moment il revient seul.
- Fabrinus n'avait pas réalisé que tu venais accompagné. Il voit Ludovicus comme un rival dans la relation qu'il a imaginée avec toi. Il faudra que tu lui parles demain car je crois qu'il est vraiment malheureux
- Moi / Excusez-moi, mais je dois aller le trouver immédiatement, je ne peux pas le laisser dans cet état, il n'y a pas pire que le mal d'amour
Je suis absent un long moment car je dois lui expliquer et lui faire accepter qu'il ne sera jamais qu'un jeune ami que j'aime beaucoup mais avec qui, ni lui ni moi ne pouvons ni ne devons compter être plus que des amis. Je lui parle de Ludo, de notre première rencontre, de nos retrouvailles à Rome, d'abord laborieuses puis de plus en plus confiantes. Tu verras, Ludo est quelqu'un de formidable et je suis sûr que tu vas très vite l'apprécier. J'ai sorti mon mouchoir pour lui sécher ses larmes, je lui prends la main et l'entraîne directement vers Ludo qui, mit au courant par Carlo, a très bien compris la situation. Fabrinus prend place puis se lève brusquement pour aller vers Ludo, il l'embrasse sur les deux joues tout en souriant tristement et lui dit "Tu sais, Matthieu est un gars formidable, ne lui fais jamais de mal". Ludo se lève, très ému, les deux se font une chaleureuse et amicale accolade. Fabrinus a retrouvé son sourire. La soirée se déroule on ne peut plus agréablement, nous buvons une bonne bouteille de vin du Haut-Adige, un vin fort et corsé qui nous assomme un peu d'autant que nous avons eu une longue et rude journée. Nous nous retirons pour aller nous coucher. Nous nous retrouvons tous les deux dans la même chambre pour la première fois car nous entendons faire abstraction de cette folle nuit peu après mon arrivée à Rome : nous n'étions pas vraiment nous-même. Nous nous déshabillons sans nous cacher mais sans provocation non plus. Je ne sais pas pourquoi mais je garde mon slip alors que Ludo est nu. Il s'approche lentement de moi et descend délicatement mon vêtement en me disant
Sur ces paroles, il est parti d'un pas vif, il s'est retourné une fois et m'a fait un geste amical avec le pouce en l'air, comme pour me dire vas-y ! Sur le moment j'envisage d'aller immédiatement chez Ludovicus mais vu l'heure j'y renonce d'autant que je dois absolument mettre un peu d'ordre dans ma tête, en particulier à la suggestion de Sylvio.
Où en suis-je avec Ludovicus ? Certes, il est sur ma liste de visites mais dans un contexte tout à fait différent après la discussion avec Sylvio. Il est le premier garçon que j'ai connu si j'excepte Gino et nos attouchements. Le premier donc mais là-haut dans le Village c'était différent, ce n'était pas une recherche mais une impulsion, pas véritablement contrôlée, qui répondait à quelque chose que je ne comprenais pas vraiment mais que je devais faire. Cette relation qui était plutôt un incident de parcours, presque un coup d'un soir même si j'ignorais ce terme et sa signification, n'avait duré que quelques heures, même pas une nuit entière.
Et pourtant, ce moment m'a profondément marqué, il est ancré dans mon cerveau, dans ma conscience. En fait je n'ai jamais oublié la douceur des baisers qu'il m'a prodigués dans le cou, ma peau se souvient de la sienne, ma main, mes doigts ont encore la sensation de nos spermes. Et puis, son odeur est encore là, je peux presque la toucher et si je l'avais un peu mise de côté, elle est à nouveau là, maintenant, avec toute sa force, je me remplis d'elle, je la bois. J'arrive chez moi, je bande. Je vois la lumière chez Marco, je frappe, il ouvre la porte, il est nu car il sort du lit. Il a compris, je m'étends à côté de lui et lentement, comme nous en étions convenu, nous nous masturbons, sans un mot. Le silence règne, seul le rythme accéléré de nos respirations s'entend, de temps à autre un soupir puis un gémissement, un deuxième. Nous sommes serrés l'un en face de l'autre, les spasmes arrivent et avec eux la délivrance.
Je sais que je devrai aller chez Ludovicus, je sais également que j'irai le trouver, que c'est inéluctable comme si c'était inscrit dans le grand livre du Monde et, pourtant, j'hésite encore, je remets au lendemain, et encore et de nouveau. Il y a la peur d'un refus qui serait probablement la pire des choses pour moi, la peur que cet acte à la fois fusionnel et sensuel ne soit finalement que sexuel, qu'une union purement physique de corps avides de sensations à la limite bestiales. Il y a la crainte de l'inconnu sur un débouché incertain mais capital pour l'avenir, avec l'espoir combien vivace d'un avenir commun mais en même temps l'angoisse de se lier, de perdre sa liberté. Donc, lâchement, je repousse, je me contente de Marco avec une fréquence plus élevée qu'au début mais toujours sans aucun sentiment sinon celui du soulagement.
Le hasard, mais est-ce vraiment le hasard nous sommes malgré tout à Rome et même au Vatican, la capitale de la chrétienté ? Donc le hasard veut que lors d'une conférence sur un sujet religieux et très ardu de surcroit, je me heurte à Ludovicus au moment de quitter la salle. Nous restons scotchés tous les deux durant quelques secondes avant de nous reprendre et libérer le passage.
- Voilà des semaines que je désire te revoir mais que j'ai peur de t'importuner alors cela me fait vraiment plaisir de te rencontrer ici.
- Ludo / Imagine que j'ai pensé à toi il y a peu de temps, enfin quelques semaines malgré tout. Tu as l'air en pleine forme, mieux que la dernière fois où nous nous sommes vus.
- Moi / Je ne sais pas si je suis en pleine forme mais par contre je traverse une crise véritablement existentielle, je me pose des tas de questions auxquelles je ne trouve pas de réponses qui me satisfassent.
- Ludo / Pourtant tu fais de brillantes études…
- Moi / Ce n'est pas cela qui est en cause mais mon moi profond : trouver le juste équilibre dans la vie entre le réel et l'irréel, le bien et le mal, la raison et l'envie enfin…
À ce stade, Ludovicus m'interrompt, il me prend par le bras et me dit que lui aussi il sent qu'il est à un tournant de sa vie et qu'il est dans le doute. Il m'entraîne je ne sais où lorsque soudain il s'arrête brusquement, il me regarde droit dans les yeux, nous ne disons rien pendant un bon moment, le silence devient gênant.
- Non, ce n'est pas possible Matthieu, on ne peut pas discuter ici, il faut aller ailleurs
- Moi / Mais de quoi veux tu me parler ? Où veux-tu aller ? Tu peux venir chez moi si tu préfères ?
- Matthieu, s'il te plait, dis-moi oui
- Moi / Mais à quoi veux-tu que je te dise oui ? Il y a si longtemps que nous ne nous parlons plus que je ne peux pas te faire aveuglement confiance !
- [Il me regarde avec une telle intensité, une telle supplication] Matthieu, je ne t'ai jamais fait de mal, dis-moi ces trois lettres, oui, je te le demande de toute ma force
Un long silence suit sa supplique, un silence lourd, pesant, plein d'une attente à la limite du supportable, un regard presque désespéré de sa part.
Je lâche dans un murmure
- Oui…
C'est en voyant le relâchement de tout son corps que je réalise à quel point Ludo était tendu, crispé presque à faire peur. D'un coup il a retrouvé toute la maîtrise de lui-même
- Ludo / Je te dirai tout et j'espère que tu feras de même lorsque nous serons arrivés
- Moi / Je suis dans le brouillard complet Ludo, dis-moi au moins où tu veux m'emmener ce soir !
- Ludo / Il faut que nous allions tous les deux à la piscine du vieux pont de pierre, dans ton Village. Là seulement je pourrai te parler. Fais-moi confiance, tu le peux, tu le dois
- Moi / Jamais je ne me suis livré à quelqu'un comme maintenant. Tu as ma confiance mais j'espère que je n'aurai pas à le regretter
Nous nous sommes rapidement séparés après avoir réglé les points essentiels de ce voyage, seul la date est encore ouverte mais je lui rappelle quand même que dès fin octobre la route côté italien de la vallée sera fréquemment fermée en raison de la neige.
Je ne sais pas comment je suis rentré chez moi tellement je suis perturbé par cet entretien totalement inattendu et surtout par la demande saugrenue de Ludo. Curieusement, pas un instant je ne pense que ses préoccupations peuvent rejoindre mon propre questionnement. En arrivant je prends une bonne douche et je commence à manipuler mon sexe afin de me détendre lorsque la sonnette retentit. C'est Marco, il me fait comprendre en faisant tomber au sol culotte et slip qu'il a, tout comme moi besoin d'assouvir certains besoins. C'est rapide, efficace et nous sommes tout sourire lorsque nous remettons nos sous-vêtements que nous échangeons sans nous en rendre compte, nos slips sont de la même marque et tous les deux blancs.
Cela fait des heures que nous sommes en route, d'ici une bonne heure nous changerons de train pour arriver à la petite ville d'où part le bus pour le Village où Gino nous attend, avec joie m'a-t-il dit au téléphone et Fabrinus qui va être tout excité. Le train a du retard, mais heureusement le car nous attend. Le paysage devient de plus en plus montagnard, de plus en plus rude, les cultures ont cédé la place aux pâturages avec des vaches aux pis gonflés. Les virages sont de plus en plus serrés, la pente s'accentue. Au départ de Rome, Ludovicus était prolixe mais au fur et à mesure que nous approchons de la montagne il parle de moins en moins. Dans le car, il devient carrément muet, je le sens tendu au point que je crains presque il demande au chauffeur de s'arrêter pour faire demi-tour ! Heureusement, de temps à autre, il me regarde avec un sourire qui me fait fondre et montre qu'il me fait confiance. C'est un peu le comble car en fait c'est lui qui a souhaité venir au Village sans me préciser la raison profonde de ce désir. Le klaxon à trois tonalités du car postal me fiche un peu le cafard, je suis vraiment dans mon pays, mieux dans ma vallée et bientôt dans mon village. Un dernier virage, très serré et le clocher du couvent apparait au loin, sans m'en rendre compte je saisis la main de Ludovicus que je serre très fort. Je ne sais pas ce qui m'arrive, ai-je à Rome, sans le savoir le mal du pays ? Non, pas de mon pays mais peut-être de ce petit coin de terre où j'ai vécu toute mon enfance, cet endroit au climat si dur, si extrême mais si vivifiant. J'espère arriver à transmettre ce que je ressens à Ludo. Au fond, je suis tout simplement en train de découvrir que j'ai envie de revenir dans cet endroit isolé où les vicissitudes des grandes villes n'existent pas, où l'on peut être soi-même. Mais avec Ludovicus.
Un dernier coup de klaxon, nous sommes arrivés, je ne peux même pas mettre les deux pieds sur le sol que Carlo me prend dans ses bras
- Tu ne peux savoir combien je suis heureux de te serrer dans mes bras, de te savoir ici car je sais que tu as besoin de te retrouver toi-même, je te sentais si malheureux là-bas et je ne pouvais rien faire. Bienvenue à toi également Ludovicus, je ne sais pas exactement ce que tu représentes pour Matthieu mais ta présence avec lui est pour moi quelque chose de très positif.
Je réalise que Fabrinus se tient un peu à l'écart et je sens que quelque chose ne tourne pas rond pour lui. Je le prends dans mes bras mais soudain je le vois partir en courant vers l'hôtel où il travaille désormais. Je ne comprends pas mais Carlo me fait signe qu'il m'expliquera plus tard. Nous saluons la femme et les deux enfants de Carlo, nous prenons possessions de notre chambre après que nous avons eu le choix entre une chambre avec un grand lit ou deux chambres. Un bref regard entre Ludo et moi, c'est le grand lit que nous retenons alors même que nous n'en avons pas discuté avant.
Ce n'est pas la saison : à part un jeune couple, nous sommes les seuls hôtes. Une jolie table est dressée mais une place reste libre, celle prévue pour Fabrinus. Carlo va le chercher en cuisine mais après un bon moment il revient seul.
- Fabrinus n'avait pas réalisé que tu venais accompagné. Il voit Ludovicus comme un rival dans la relation qu'il a imaginée avec toi. Il faudra que tu lui parles demain car je crois qu'il est vraiment malheureux
- Moi / Excusez-moi, mais je dois aller le trouver immédiatement, je ne peux pas le laisser dans cet état, il n'y a pas pire que le mal d'amour
Je suis absent un long moment car je dois lui expliquer et lui faire accepter qu'il ne sera jamais qu'un jeune ami que j'aime beaucoup mais avec qui, ni lui ni moi ne pouvons ni ne devons compter être plus que des amis. Je lui parle de Ludo, de notre première rencontre, de nos retrouvailles à Rome, d'abord laborieuses puis de plus en plus confiantes. Tu verras, Ludo est quelqu'un de formidable et je suis sûr que tu vas très vite l'apprécier. J'ai sorti mon mouchoir pour lui sécher ses larmes, je lui prends la main et l'entraîne directement vers Ludo qui, mit au courant par Carlo, a très bien compris la situation. Fabrinus prend place puis se lève brusquement pour aller vers Ludo, il l'embrasse sur les deux joues tout en souriant tristement et lui dit "Tu sais, Matthieu est un gars formidable, ne lui fais jamais de mal". Ludo se lève, très ému, les deux se font une chaleureuse et amicale accolade. Fabrinus a retrouvé son sourire. La soirée se déroule on ne peut plus agréablement, nous buvons une bonne bouteille de vin du Haut-Adige, un vin fort et corsé qui nous assomme un peu d'autant que nous avons eu une longue et rude journée. Nous nous retirons pour aller nous coucher. Nous nous retrouvons tous les deux dans la même chambre pour la première fois car nous entendons faire abstraction de cette folle nuit peu après mon arrivée à Rome : nous n'étions pas vraiment nous-même. Nous nous déshabillons sans nous cacher mais sans provocation non plus. Je ne sais pas pourquoi mais je garde mon slip alors que Ludo est nu. Il s'approche lentement de moi et descend délicatement mon vêtement en me disant