07-01-2022, 10:16 AM
Chapitre 3.
"Raphaël se confie" - Passages.
Nous devons installer les deux cordes. John dit qu’il va s’occuper de les fixer, d’une part au niveau du tronc d’un arbre sur la berge de l’étang et d’autre part sur le tronc d’un arbre sur la petite « île ». Il va commencer avec l’arbre sur l’île. Il nous demande d’utiliser le canot pour le mener sur l’île mais aussi de tenir les deux cordes bien tendues lors de cette traversée sur environ sept à neuf mètres. Pour aller sur l’île, je me propose d’accompagner John en vue de lui donner un coup de main. Finalement je sais qu’après l’avoir déposé je dois repartir pour reprendre l’un de nous qui doit venir sur l’île. En fait il faut être trois pour tendre et fixer les deux cordes.
Nous gonflons de canot. John monte dedans avec moi. C’est John qui s’occupe de nous diriger vers l’île tandis que je l’accompagne. Puis une fois sur l’île, John me demande d’aller cherche Raphaël. Je vais donc chercher mon équipier. Les deux cordes sont donc tenues bras tendus durant la traversée. John nous aide à les prendre lors de l’accostage qui n’est pas aisé en fonction des nombreux branchages qui risquent à tout moment de trouer le canot pneumatique.
Nous plaçons les deux cordes sur le tronc de l’arbre. C’est bien entendu John qui se charge de faire les nœuds ad-hoc. De l’autre côté c’est Marc-Antoine qui accroche déjà les deux cordes à l’arbre, aidé par Philippe en attendant que John revienne de l’île. C’est chose faite et John se sert d’un petit treuil pour tendre les deux cordes. Voilà donc notre pont de singe placé. Il ne reste plus qu’à l’essayer. C’est Philippe qui le teste, il est plus mince que Raph et moi et un peu plus petit. Le voilà qui va démarrer. John lui montre alors comment il faut se placer sur le pont de singe. Sur l’étang avec le canot, Marc-Antoine nous explique ce qu’il faut faire pour intervenir en cas de chute dans l’eau.
Philippe est bien positionné comme l’indique John. Il effectue la traversée sans problème. Il fait de même pour revenir. Les cordes semblent donc bien tendues. Nous sommes donc prêts pour accueillir les grands louveteaux qui vont aller à la troupe des scouts éclaireurs. Nous avons encore du temps, les passages sont prévus vers onze heures, soit dans une bonne demi-heure.
Nous sommes assis au-dessus d’un petit talus et nous parlons de tout et de rien. Je vois que Raph est dans son coin, il est à deux mètres du groupe. Je me lève et je vais m’asseoir à côté de lui. Je lui demande si cela ne le dérange pas. Il accepte ma présence. J’entame alors la conversation :
Moi : « Dit Raph, ça va les études ?
Rap : Oui, ça peut aller !
Moi : Je suppose que tu viens de rentrer en rhéto.
Rap : Non, je suis rentré en cinquième !
Moi : Désolé.
Rap : Pas de quoi, c’est la vie !
Moi : J’espère que je ne te mets pas mal à l’aise ?
Rap : Non, je suis un peu timide.
Moi : Je vais te poser une question, tu n’es pas obligé de répondre !
Rap : Pose-la, je verrai si je réponds ou pas !
Moi : Tu as l’air d’avoir « souffert », tu as l’air mal dans ta peau. Si c’est le cas, je suis là pour t’écouter et pour t’aider s’il le faut !
Rap : Heu…je ne sais…je ne sais pas comment dire…
Moi : Tu sais Raph, je suis juste là pour toi, pour te venir en aide et jamais pour me moquer de toi. Je pense qu’il y a quelque chose de très important et que tu en as gros sur la patate !
Rap : Oui Phil, oui je ne suis pas bien, je ne sais pas à qui me confier.
Moi : Tu peux tout me dire, je ne le répèterai à personne, tu peux me faire confiance. Je suppose qu’on t’a parlé de Ben et de moi qui avons tout fait pour que Gaby puisse avoir confiance en lui et qu’il se découvre tel qu’il est, sans jamais le rabaisser, ni le critiquer, au contraire nous sommes devenus de très bons copains, non de très bons amis !
Rap : Oui, j’ai appris tous ce que vous avez fait pour lui. Je sais que vous êtes de supers gars. Mais je…, je ne sais pas si …
Moi : Raph, ai le courage de dire ce qui te pèse, ose mettre un nom sur ta souffrance, sur ce qui te perturbe !
Rap : Oh Phil, je ne suis pas bien, mais je vais peut-être pouvoir enfin parler. Il y a un an lorsque j’étais en vacances avec mes parents, nous étions dans les gorges du Verdon. Nous étions en camping. Mes parents étaient dans une tente et moi dans une autre tente plus petite. Un soir, j’avais été invité par des jeunes avec lesquels j’avais passé plusieurs jours à jouer au foot, au tir à l’arc et à un tas de jeux. Ce soir-là, certains avaient apporté de l’alcool. Il faut dire que je ne bois pas. Puis j’étais un peu éméché, je n’étais pas très bien. Puis je ne sais pas pourquoi, deux gars qui ne me pifaient pas s’en sont pris à moi. Ils me disaient que j’étais un « PD » et un tas de conneries comme ça. Finalement deux autres gars m’ont attrapé, puis mes deux lascars m’ont foutu à poil et puis ils…ils m’ont…
Raphaël éclate en sanglots. Des larmes coulent sur ses joues. Il pleure silencieusement comme s’il était seul.
Moi : Raph, ils t’ont violé ? Dis-moi Raph, ils ont abusé de toi ?
Rap : Oui !!!
Moi : Quelle bande de cons ! Mais c’est impensable, c’est monstrueux !
M-A : Ça va Raphaël et Phil ? Que se passe-t-il ?
Moi : Ce n’est rien M-A, ce n’est rien de grave, Raphaël s’est confié à moi. Tu peux nous laisser tranquille ?
M-A : OK, je vous laisse. Si vous avez besoin de moi, vous m’appelez.
Moi : Pas de souci M-A !
Moi : Je sais ce que tu ressens Raph. Tu te sens honteux, tu te demandes pourquoi ils s’en sont pris à toi. Tu te demandes peut-être si tu n’es pas « homo » !
Rap : Phil, comment peux-tu savoir ce que je ressens ?
Moi : Parce que moi aussi j’ai été violé il y a plus d’un an !
Raphaël me regarde. Il plonge son regard dans le mien. Il est interloqué par ce que je viens de lui dire. Il ne dit plus rien. Je reste moi aussi muet. Je le laisse réfléchir. Peu importe le temps que ça prendra, mais je sais qu’il ne faut pas rompre ce moment, cet instant figé comme dans une bulle suspendue à un fil si ténu qu’il est difficile de le voir. Raph a enfin dit ce qui le torturait depuis des mois, depuis le soir où il a été violé !
Rap : Merci Phil de m’avoir écouté.
Moi : C’est normal Raph, tu peux réellement avoir confiance en moi.
Rap : C’est ce que je vois. Tu sais, je ne sais pas si les deux gars qui m’ont… enfin tu vois, étaient gays ou pas, je pense que oui, c’est pour cette raison que je me méfiais de toi, de Ben et de Gaby.
Moi : Tu sais Raph, je suis gay et c’est pour cette raison que j’ai été violé par des gars qui étaient hétéros. Alors va savoir pourquoi. J’ai pu sauver mon ami, mon petit ami de l’époque, Henri, mais c’est une autre histoire.
Des larmes coulent aussi sur mes joues. J’ai encore des images en tête de mon agression. Il faut que je me ressaisisse. Je dois absolument reprendre pied.
Raf : Je me rends compte que tu as subi toi aussi quelque chose d’atroce. Tu as pu tourner la page ?
Moi : Plus ou moins. Je pense que oui, mais l’avenir me le dira !
Raf : Je me sens plus léger maintenant. Merci de m’avoir écouté.
Moi : Tu sais Raph, tu peux aussi avoir confiance en Ben, il est comme moi, toujours prêt à aider ceux qui sont comme toi, dans l’incertitude.
Raf : Tu sais Phil, tu es gay et cela ne me dérange pas, car tu viens de me prouver que tu es digne de confiance. Veux-tu devenir mon ami, tout comme Gaby l’est devenu pour toi ?
Moi : Bien sûr Raph, je veux être ton ami et si tu as besoin de parler, je serai toujours présent !
Raf : Merci Phil. »
Raphaël me prend dans ses bras. Il ne dit plus rien. Nous restons encore un moment, enlacés. Puis nous entendons des voix qui se rapprochent, c’est la meute qui nous rejoint. Nous nous levons pour les accueillir. Ça fait du bruit une bande de gamins de sept à douze ans ! Je vois que Raphaël affiche un large sourire, il a l’air plus zen que tout à l’heure. Je sais que je vais devoir encore discuter avec lui pour savoir s’il est suivi pour ce qui lui est arrivé !
"Raphaël se confie" - Passages.
Nous devons installer les deux cordes. John dit qu’il va s’occuper de les fixer, d’une part au niveau du tronc d’un arbre sur la berge de l’étang et d’autre part sur le tronc d’un arbre sur la petite « île ». Il va commencer avec l’arbre sur l’île. Il nous demande d’utiliser le canot pour le mener sur l’île mais aussi de tenir les deux cordes bien tendues lors de cette traversée sur environ sept à neuf mètres. Pour aller sur l’île, je me propose d’accompagner John en vue de lui donner un coup de main. Finalement je sais qu’après l’avoir déposé je dois repartir pour reprendre l’un de nous qui doit venir sur l’île. En fait il faut être trois pour tendre et fixer les deux cordes.
Nous gonflons de canot. John monte dedans avec moi. C’est John qui s’occupe de nous diriger vers l’île tandis que je l’accompagne. Puis une fois sur l’île, John me demande d’aller cherche Raphaël. Je vais donc chercher mon équipier. Les deux cordes sont donc tenues bras tendus durant la traversée. John nous aide à les prendre lors de l’accostage qui n’est pas aisé en fonction des nombreux branchages qui risquent à tout moment de trouer le canot pneumatique.
Nous plaçons les deux cordes sur le tronc de l’arbre. C’est bien entendu John qui se charge de faire les nœuds ad-hoc. De l’autre côté c’est Marc-Antoine qui accroche déjà les deux cordes à l’arbre, aidé par Philippe en attendant que John revienne de l’île. C’est chose faite et John se sert d’un petit treuil pour tendre les deux cordes. Voilà donc notre pont de singe placé. Il ne reste plus qu’à l’essayer. C’est Philippe qui le teste, il est plus mince que Raph et moi et un peu plus petit. Le voilà qui va démarrer. John lui montre alors comment il faut se placer sur le pont de singe. Sur l’étang avec le canot, Marc-Antoine nous explique ce qu’il faut faire pour intervenir en cas de chute dans l’eau.
Philippe est bien positionné comme l’indique John. Il effectue la traversée sans problème. Il fait de même pour revenir. Les cordes semblent donc bien tendues. Nous sommes donc prêts pour accueillir les grands louveteaux qui vont aller à la troupe des scouts éclaireurs. Nous avons encore du temps, les passages sont prévus vers onze heures, soit dans une bonne demi-heure.
Nous sommes assis au-dessus d’un petit talus et nous parlons de tout et de rien. Je vois que Raph est dans son coin, il est à deux mètres du groupe. Je me lève et je vais m’asseoir à côté de lui. Je lui demande si cela ne le dérange pas. Il accepte ma présence. J’entame alors la conversation :
Moi : « Dit Raph, ça va les études ?
Rap : Oui, ça peut aller !
Moi : Je suppose que tu viens de rentrer en rhéto.
Rap : Non, je suis rentré en cinquième !
Moi : Désolé.
Rap : Pas de quoi, c’est la vie !
Moi : J’espère que je ne te mets pas mal à l’aise ?
Rap : Non, je suis un peu timide.
Moi : Je vais te poser une question, tu n’es pas obligé de répondre !
Rap : Pose-la, je verrai si je réponds ou pas !
Moi : Tu as l’air d’avoir « souffert », tu as l’air mal dans ta peau. Si c’est le cas, je suis là pour t’écouter et pour t’aider s’il le faut !
Rap : Heu…je ne sais…je ne sais pas comment dire…
Moi : Tu sais Raph, je suis juste là pour toi, pour te venir en aide et jamais pour me moquer de toi. Je pense qu’il y a quelque chose de très important et que tu en as gros sur la patate !
Rap : Oui Phil, oui je ne suis pas bien, je ne sais pas à qui me confier.
Moi : Tu peux tout me dire, je ne le répèterai à personne, tu peux me faire confiance. Je suppose qu’on t’a parlé de Ben et de moi qui avons tout fait pour que Gaby puisse avoir confiance en lui et qu’il se découvre tel qu’il est, sans jamais le rabaisser, ni le critiquer, au contraire nous sommes devenus de très bons copains, non de très bons amis !
Rap : Oui, j’ai appris tous ce que vous avez fait pour lui. Je sais que vous êtes de supers gars. Mais je…, je ne sais pas si …
Moi : Raph, ai le courage de dire ce qui te pèse, ose mettre un nom sur ta souffrance, sur ce qui te perturbe !
Rap : Oh Phil, je ne suis pas bien, mais je vais peut-être pouvoir enfin parler. Il y a un an lorsque j’étais en vacances avec mes parents, nous étions dans les gorges du Verdon. Nous étions en camping. Mes parents étaient dans une tente et moi dans une autre tente plus petite. Un soir, j’avais été invité par des jeunes avec lesquels j’avais passé plusieurs jours à jouer au foot, au tir à l’arc et à un tas de jeux. Ce soir-là, certains avaient apporté de l’alcool. Il faut dire que je ne bois pas. Puis j’étais un peu éméché, je n’étais pas très bien. Puis je ne sais pas pourquoi, deux gars qui ne me pifaient pas s’en sont pris à moi. Ils me disaient que j’étais un « PD » et un tas de conneries comme ça. Finalement deux autres gars m’ont attrapé, puis mes deux lascars m’ont foutu à poil et puis ils…ils m’ont…
Raphaël éclate en sanglots. Des larmes coulent sur ses joues. Il pleure silencieusement comme s’il était seul.
Moi : Raph, ils t’ont violé ? Dis-moi Raph, ils ont abusé de toi ?
Rap : Oui !!!
Moi : Quelle bande de cons ! Mais c’est impensable, c’est monstrueux !
M-A : Ça va Raphaël et Phil ? Que se passe-t-il ?
Moi : Ce n’est rien M-A, ce n’est rien de grave, Raphaël s’est confié à moi. Tu peux nous laisser tranquille ?
M-A : OK, je vous laisse. Si vous avez besoin de moi, vous m’appelez.
Moi : Pas de souci M-A !
Moi : Je sais ce que tu ressens Raph. Tu te sens honteux, tu te demandes pourquoi ils s’en sont pris à toi. Tu te demandes peut-être si tu n’es pas « homo » !
Rap : Phil, comment peux-tu savoir ce que je ressens ?
Moi : Parce que moi aussi j’ai été violé il y a plus d’un an !
Raphaël me regarde. Il plonge son regard dans le mien. Il est interloqué par ce que je viens de lui dire. Il ne dit plus rien. Je reste moi aussi muet. Je le laisse réfléchir. Peu importe le temps que ça prendra, mais je sais qu’il ne faut pas rompre ce moment, cet instant figé comme dans une bulle suspendue à un fil si ténu qu’il est difficile de le voir. Raph a enfin dit ce qui le torturait depuis des mois, depuis le soir où il a été violé !
Rap : Merci Phil de m’avoir écouté.
Moi : C’est normal Raph, tu peux réellement avoir confiance en moi.
Rap : C’est ce que je vois. Tu sais, je ne sais pas si les deux gars qui m’ont… enfin tu vois, étaient gays ou pas, je pense que oui, c’est pour cette raison que je me méfiais de toi, de Ben et de Gaby.
Moi : Tu sais Raph, je suis gay et c’est pour cette raison que j’ai été violé par des gars qui étaient hétéros. Alors va savoir pourquoi. J’ai pu sauver mon ami, mon petit ami de l’époque, Henri, mais c’est une autre histoire.
Des larmes coulent aussi sur mes joues. J’ai encore des images en tête de mon agression. Il faut que je me ressaisisse. Je dois absolument reprendre pied.
Raf : Je me rends compte que tu as subi toi aussi quelque chose d’atroce. Tu as pu tourner la page ?
Moi : Plus ou moins. Je pense que oui, mais l’avenir me le dira !
Raf : Je me sens plus léger maintenant. Merci de m’avoir écouté.
Moi : Tu sais Raph, tu peux aussi avoir confiance en Ben, il est comme moi, toujours prêt à aider ceux qui sont comme toi, dans l’incertitude.
Raf : Tu sais Phil, tu es gay et cela ne me dérange pas, car tu viens de me prouver que tu es digne de confiance. Veux-tu devenir mon ami, tout comme Gaby l’est devenu pour toi ?
Moi : Bien sûr Raph, je veux être ton ami et si tu as besoin de parler, je serai toujours présent !
Raf : Merci Phil. »
Raphaël me prend dans ses bras. Il ne dit plus rien. Nous restons encore un moment, enlacés. Puis nous entendons des voix qui se rapprochent, c’est la meute qui nous rejoint. Nous nous levons pour les accueillir. Ça fait du bruit une bande de gamins de sept à douze ans ! Je vois que Raphaël affiche un large sourire, il a l’air plus zen que tout à l’heure. Je sais que je vais devoir encore discuter avec lui pour savoir s’il est suivi pour ce qui lui est arrivé !