Chapitre 10 - Vacances aux Pays-Bas (10)
Mercredi 19 août 1964, Amsterdam
Koen et Frédéric prirent le train pour Amsterdam après le petit déjeuner, ils y passeraient toute la journée, ne rentrant que tard dans la soirée. Ils débutèrent la visite de la ville par un tour du port en bateau-mouche.
— C’est plus impressionnant que vos quelques bateaux à vapeur sur le Lac Léman, fit Koen.
— Le paysage des vignes de Lavaux est plus beau qu’ici, mais tu as raison, ces énormes navires me fascinent. J’ai lu un reportage sur le paquebot France, cela me donnerait envie de le prendre pour traverser l’Atlantique.
— Je suis d’accord, tu n’as qu’a demander à ton père de nous payer la traversée.
— Je ne sais pas jusqu’à quand il financera nos envies sans me demander des comptes.
— On peut toujours rêver… Et commander des prospectus dans une agence de voyages ne coûte rien.
— Bonne idée. On va préparer notre voyage aux États-Unis de l’année prochaine avec différentes possibilités, dormir dans des hôtels cinq étoiles ou sous la tente, traverser l’Atlantique avec le France ou un canot à rames.
Ils traversèrent ensuite la vieille ville à pied, longeant les canaux. Ils s’arrêtèrent dans un restaurant pour manger un repas léger, du poisson accompagné de bière, puis se rendirent au Rijksmuseum pour voir l’exposition Le nu masculin dans la peinture néerlandaise que leur avait conseillée la grand-mère.
Koen relevait les erreurs anatomiques commises par les peintres.
— Tu ne peux pas considérer que l’art ne reflète pas la réalité ? fit Frédéric. Il n’est que la représentation que s’en fait l’artiste.
— Cela n’empêche pas la précision. Ils devaient avoir des modèles. Regarde cette peinture. La bite est trop petite.
— Le modèle pouvait en avoir une petite. Ou il faisait froid dans l’atelier et elle s’était ratatinée.
— Je préfère la photographie, dit Koen.
— Elle avance ta collection de pénis ?
— Pas vraiment, il faudra que je trouve une idée à la rentrée pour photographier les autres élèves à poil.
Après la visite du musée, Koen regarda le plan de la ville et proposa à Frédéric :
— On va dans le quartier rouge maintenant, il s’appelle De Wallen.
— Je te suis. Tu feras le guide.
— Je n’y suis jamais allé.
— Tu n’y es jamais allé ?
— Non, quand je venais avec mes parents ils évitaient d’y passer. Mais mes camarades d’école en parlaient avec beaucoup de détails, comme s’ils étaient des habitués.
Ils arrivèrent dans le quartier après une demi-heure de marche. Les vitrines se succédaient avec les prostituées peu vêtues attendant leurs clients dans une ambiance supposée érotique qui n’excitait pas Koen :
— Je dois dire que je suis déçu, il n’y a que des femmes.
— La majorité des hommes sont hétérosexuels.
— Il pourrait quand même y avoir une vitrine sur dix avec un homme.
— Tu as envie de coucher avec un prostitué ?
— C’est pour parfaire mon éducation.
Après avoir atteint la fin du quartier, ils firent demi-tour.
— On fait quoi ? demanda Frédéric. On va au musée Van Gogh ?
— Non, attends, je vais demander.
Koen s’arrêta vers une vitrine, la dame ouvrit la porte :
— Tu veux entrer, beau gosse ? Je peux même vous recevoir les deux en même temps.
— Nous ne sommes pas très expérimentés avec les femmes.
— Vous êtes puceaux ? Pas grave, on prendra tout notre temps.
— À vrai dire nous sommes homosexuels et nous préférerions un homme.
— Je peux vous sucer, je le fais très bien. Ou vous pénétrer avec un gode.
— Non, je voulais seulement vous demander s’il y a des hommes dans ce quartier.
— Pas à ma connaissance, mais je peux te donner une adresse à un autre endroit.
Koen la nota sur le plan de la ville.
— C’est une péniche qui s’appelle Paradijs, dis au capitaine que tu viens de la part de Floortje.
— C’est très aimable de votre part.
Koen traduisit la conversation à Frédéric et ajouta qu’il pourrait laisser un pourboire à la dame.
— Il ne fallait pas, dit la prostituée, c’est trop, vous ne voulez vraiment pas que je vous suce ?
Frédéric refusa poliment et les deux amis se dirigèrent vers l’endroit mentionné sur le plan. Ils trouvèrent facilement la péniche Paradijs dont le pont était recouvert d’un jardin. Un homme en short et torse nu, bronzé et barbu, une casquette de capitaine sur la tête, entretenait les plantes vertes.
— Tu es sûr que c’est ici ? s’étonna Frédéric, on ne dirait pas que c’est un bordel.
— Je vais demander. Bonjour, Monsieur, dit-il en s’adressant au capitaine.
— Salut. Que désires-tu ?
— C’est Floortje qui m’a donné votre adresse. Elle m’a dit que… que nous pourrions…
— Je vois. Montez à bord, je vais vous expliquer.
Le capitaine leur écrasa la main.
— Vous avez plus de dix-huit ans ?
— Oui, dit Koen.
— Parfait, on ne veut pas de gamins chez nous, comme cela pas d’ennuis. Vierges avec des hommes ?
— Euh… non.
— Moins de vingt ans ?
— Oui.
— Je vous fais un prix spécial jeunes. Une boisson, une fellation, un spectacle et une passe avec capote obligatoire, payable d’avance. OK ?
— OK ! Voyez avec mon ami, il est Suisse et c’est lui qui a la pompe à phynances.
— Normal, c’est le pays des banques.
Frédéric s’acquit du montant demandé qui était peu élevé. Ils entrèrent dans la cabine et descendirent à l’étage inférieur par un escalier raide. Il y avait des canapés de cuir brun de chaque côté, avec des tables basses ; au fond, un bar étroit mais qui semblait bien fourni et une porte fermée. La pièce était éclairée par des fenêtres en hauteur. Un homme était déjà assis sur la droite, un client dans la cinquantaine. Koen et Frédéric s’assirent en face.
— Du monde ! cria le capitaine.
La porte s’ouvrit, le barman entra dans la pièce, il était maigre, les cheveux coupés courts, vêtu d’un seul string noir et d’un nœud papillon. Il proposa à Koen et Frédéric une flûte de Crémant d’Alsace car il venait d’ouvrir une bouteille. Les deux amis acceptèrent et trinquèrent.
Le barman mit en marche un électrophone qui diffusa de la musique douce. Le capitaine ferma les rideaux noirs des fenêtres grâce à des cordelettes et la pièce fut plongée dans l’obscurité. Trois ombres entrèrent dans la pièce et virent s’asseoir à côté des clients. Koen eut l’impression que son nouveau voisin était vêtu d’une robe, tandis que Frédéric devinait un jeune homme habillé d’une combinaison largement décolletée qui lui susurra son prénom, Rembrandt, avant de lui dénouer sa ceinture et de lui ouvrir sa braguette.
Mercredi 19 août 1964, Amsterdam
Koen et Frédéric prirent le train pour Amsterdam après le petit déjeuner, ils y passeraient toute la journée, ne rentrant que tard dans la soirée. Ils débutèrent la visite de la ville par un tour du port en bateau-mouche.
— C’est plus impressionnant que vos quelques bateaux à vapeur sur le Lac Léman, fit Koen.
— Le paysage des vignes de Lavaux est plus beau qu’ici, mais tu as raison, ces énormes navires me fascinent. J’ai lu un reportage sur le paquebot France, cela me donnerait envie de le prendre pour traverser l’Atlantique.
— Je suis d’accord, tu n’as qu’a demander à ton père de nous payer la traversée.
— Je ne sais pas jusqu’à quand il financera nos envies sans me demander des comptes.
— On peut toujours rêver… Et commander des prospectus dans une agence de voyages ne coûte rien.
— Bonne idée. On va préparer notre voyage aux États-Unis de l’année prochaine avec différentes possibilités, dormir dans des hôtels cinq étoiles ou sous la tente, traverser l’Atlantique avec le France ou un canot à rames.
Ils traversèrent ensuite la vieille ville à pied, longeant les canaux. Ils s’arrêtèrent dans un restaurant pour manger un repas léger, du poisson accompagné de bière, puis se rendirent au Rijksmuseum pour voir l’exposition Le nu masculin dans la peinture néerlandaise que leur avait conseillée la grand-mère.
Koen relevait les erreurs anatomiques commises par les peintres.
— Tu ne peux pas considérer que l’art ne reflète pas la réalité ? fit Frédéric. Il n’est que la représentation que s’en fait l’artiste.
— Cela n’empêche pas la précision. Ils devaient avoir des modèles. Regarde cette peinture. La bite est trop petite.
— Le modèle pouvait en avoir une petite. Ou il faisait froid dans l’atelier et elle s’était ratatinée.
— Je préfère la photographie, dit Koen.
— Elle avance ta collection de pénis ?
— Pas vraiment, il faudra que je trouve une idée à la rentrée pour photographier les autres élèves à poil.
Après la visite du musée, Koen regarda le plan de la ville et proposa à Frédéric :
— On va dans le quartier rouge maintenant, il s’appelle De Wallen.
— Je te suis. Tu feras le guide.
— Je n’y suis jamais allé.
— Tu n’y es jamais allé ?
— Non, quand je venais avec mes parents ils évitaient d’y passer. Mais mes camarades d’école en parlaient avec beaucoup de détails, comme s’ils étaient des habitués.
Ils arrivèrent dans le quartier après une demi-heure de marche. Les vitrines se succédaient avec les prostituées peu vêtues attendant leurs clients dans une ambiance supposée érotique qui n’excitait pas Koen :
— Je dois dire que je suis déçu, il n’y a que des femmes.
— La majorité des hommes sont hétérosexuels.
— Il pourrait quand même y avoir une vitrine sur dix avec un homme.
— Tu as envie de coucher avec un prostitué ?
— C’est pour parfaire mon éducation.
Après avoir atteint la fin du quartier, ils firent demi-tour.
— On fait quoi ? demanda Frédéric. On va au musée Van Gogh ?
— Non, attends, je vais demander.
Koen s’arrêta vers une vitrine, la dame ouvrit la porte :
— Tu veux entrer, beau gosse ? Je peux même vous recevoir les deux en même temps.
— Nous ne sommes pas très expérimentés avec les femmes.
— Vous êtes puceaux ? Pas grave, on prendra tout notre temps.
— À vrai dire nous sommes homosexuels et nous préférerions un homme.
— Je peux vous sucer, je le fais très bien. Ou vous pénétrer avec un gode.
— Non, je voulais seulement vous demander s’il y a des hommes dans ce quartier.
— Pas à ma connaissance, mais je peux te donner une adresse à un autre endroit.
Koen la nota sur le plan de la ville.
— C’est une péniche qui s’appelle Paradijs, dis au capitaine que tu viens de la part de Floortje.
— C’est très aimable de votre part.
Koen traduisit la conversation à Frédéric et ajouta qu’il pourrait laisser un pourboire à la dame.
— Il ne fallait pas, dit la prostituée, c’est trop, vous ne voulez vraiment pas que je vous suce ?
Frédéric refusa poliment et les deux amis se dirigèrent vers l’endroit mentionné sur le plan. Ils trouvèrent facilement la péniche Paradijs dont le pont était recouvert d’un jardin. Un homme en short et torse nu, bronzé et barbu, une casquette de capitaine sur la tête, entretenait les plantes vertes.
— Tu es sûr que c’est ici ? s’étonna Frédéric, on ne dirait pas que c’est un bordel.
— Je vais demander. Bonjour, Monsieur, dit-il en s’adressant au capitaine.
— Salut. Que désires-tu ?
— C’est Floortje qui m’a donné votre adresse. Elle m’a dit que… que nous pourrions…
— Je vois. Montez à bord, je vais vous expliquer.
Le capitaine leur écrasa la main.
— Vous avez plus de dix-huit ans ?
— Oui, dit Koen.
— Parfait, on ne veut pas de gamins chez nous, comme cela pas d’ennuis. Vierges avec des hommes ?
— Euh… non.
— Moins de vingt ans ?
— Oui.
— Je vous fais un prix spécial jeunes. Une boisson, une fellation, un spectacle et une passe avec capote obligatoire, payable d’avance. OK ?
— OK ! Voyez avec mon ami, il est Suisse et c’est lui qui a la pompe à phynances.
— Normal, c’est le pays des banques.
Frédéric s’acquit du montant demandé qui était peu élevé. Ils entrèrent dans la cabine et descendirent à l’étage inférieur par un escalier raide. Il y avait des canapés de cuir brun de chaque côté, avec des tables basses ; au fond, un bar étroit mais qui semblait bien fourni et une porte fermée. La pièce était éclairée par des fenêtres en hauteur. Un homme était déjà assis sur la droite, un client dans la cinquantaine. Koen et Frédéric s’assirent en face.
— Du monde ! cria le capitaine.
La porte s’ouvrit, le barman entra dans la pièce, il était maigre, les cheveux coupés courts, vêtu d’un seul string noir et d’un nœud papillon. Il proposa à Koen et Frédéric une flûte de Crémant d’Alsace car il venait d’ouvrir une bouteille. Les deux amis acceptèrent et trinquèrent.
Le barman mit en marche un électrophone qui diffusa de la musique douce. Le capitaine ferma les rideaux noirs des fenêtres grâce à des cordelettes et la pièce fut plongée dans l’obscurité. Trois ombres entrèrent dans la pièce et virent s’asseoir à côté des clients. Koen eut l’impression que son nouveau voisin était vêtu d’une robe, tandis que Frédéric devinait un jeune homme habillé d’une combinaison largement décolletée qui lui susurra son prénom, Rembrandt, avant de lui dénouer sa ceinture et de lui ouvrir sa braguette.
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