28-09-2021, 10:27 AM
A peine arrêtés devant l’entrée de la propriété, nous sommes accueillis par Camille et Claude. Ils nous font entrer et nous dirigent vers la terrasse située à l’arrière de la bâtisse. Je vois qu’il y a aussi une piscine située à proximité de la terrasse. Tous les jeunes sont déjà dans l’eau, nus, bien entendu. Les parents des deux frères se présentent et c’est l’échange des amabilités. Yves remet une caisse de vin au papa. Celui-ci remercie Yves et lui demande de l’appeler par son prénom, Albert. Arlette remet deux boîtes, contenant chacune un far breton à la maman. C’est le même discours, elle lui demande de l’appeler Geneviève. C’est Claude qui nous présente à ses parents. Geneviève nous enlace, Ben et moi, elle sait ce qui s’est passé au matin.
Albert nous demande de nous mettre à l’aise. Nous avons compris et nous nous dévêtons tous, Albert et Geneviève ôtant eux aussi leurs habits. Christine, Denis, Ben et moi nous rejoignons les autres dans la piscine, Claude et Camille s’y trouvant depuis quelques secondes. Les parents discutent entre eux. Le barbecue vient d’être allumé et il semble que l’apéritif soit sur le point d’être servi. Geneviève nous laisse encore un quart d’heure pour profiter de l’eau, avant de nous appeler sur la terrasse.
L’apéro est super, petits toasts, chips, rondelles de saucisson, anchois, olives, etc. C’est du vin mousseux qui est prévu comme boisson mais aussi des softs pour ceux qui ne veulent pas d’alcool. Les conversations vont bon train. Geneviève remercie Arlette d’avoir gardé ses fils pour loger. Les mamans s’entendent bien. Les papas eux parlent voitures, famille, mais aussi de ce qui s’est passé au matin. Cela ne fait aucun doute, les parents des jumeaux sont très ouverts et ne sont pas homophobes, que du contraire, ils ont un neveu qui est gay. Ils connaissent aussi les parents de P-A et Marc. Les deux garçons ayant été invités à passer les vacances avec eux et les jumeaux.
Le barbecue est prêt, les braises sont prêtes, signe que nous allons bientôt passer à la cuisson. Il y a plusieurs sortes de viandes mais aussi des papillotes de poissons et crustacés, puis bien entendu les salades et crudités en tous genres ainsi que du taboulé et des pâtes froides. Nous nous installons autour d’une grande table composée de trois plus petites mises en longueur. Il y a des tabourets et chacun trouve donc sa place. C’est super sympa de voir que nous nous plaçons de façon que nous ne soyons pas « cloisonnés » en famille, mais bien mélangés. Les parents sont ensemble mais les jeunes nous nous sommes placés de manière à ne pas nous trouver en couple, mais bien tous séparés et mélangés. C’est une très belle façon de mieux se connaître que d’être toujours avec son chéri ou sa chérie. Bien entendu les filles sont souvent entre elles, mais c’est comme ça.
Le repas est délicieux, Ben donne un coup de main à Albert pour la cuisson, Christine aide Geneviève pour les boissons. Les jumeaux se chargent des crudités, etc. Chacun met la main à la pâte. J’ai l’impression que nous nous connaissons depuis des années. C’est incroyable comme des amitiés peuvent se tisser entre des jeunes et aussi avec des parents ouverts et accueillants. Je vois que les papas prennent note des coordonnées téléphoniques et des adresses, en vue de se revoir si l’occasion se présente. Voyant ça, je me lève et « comme les grands » je fais tinter mon verre en vue de demander le silence. Je vois les adultes se demander ce qu’il se passe, un jeune qui demande à attirer l’attention de tous, ce n’est pas courant. Puis je me lance :
Moi : « Je suis désolé de vous interrompre, mais je souhaite vous demander quelque chose !
Alb : Bien sur Phil, nous t’écoutons.
Moi : Voilà, je viens de voir que vous avez Albert et Yves, échangés vos coordonnées, je souhaite avoir les coordonnées de tous nos nouveaux amis !
Gen : Quelle belle intention Phil.
Arl : Oui, je te reconnais bien là.
Val : J’y pensais, tu m’as devancé, je te reconnais bien là, tu es super Phil !
Moi : Mais non, je suis juste moi et je vous apprécie tous, alors je veux pouvoir vous écrire, vous téléphoner ou fixer un rendez-vous pour nous revoir. Voilà !
P-A : Merci Phil, je suis ému par ta proposition.
Gen : Je vais chercher de quoi écrire.
Moi : Merci, je…, je suis…si content de vous connaître ! »
Valentin se lève et comme sur la plage il vient m’enlacer et il me glisse à l’oreille que je suis pour lui une personne tellement sensible et pleine de beaux sentiments humains. J’ai les larmes qui sont au bord des yeux. Valentin le remarque et me glisse : « Ne pleure pas Phil ! Merci pour ton amitié ! »
Ben est lui aussi très ému. Il sait que je suis hyper sensible. C’est Arlette qui craque, elle écrase une larme. Elle se rend compte de l’importance de l’Amitié et de l’Amour qui règnent et qui émanent de l’ensemble de ce groupe, au départ improbable. Quelle leçon de vie, que de beaux sentiments partagés, que de belles âmes réunies sans apriori, sans haine, avec comme seule envie, d’être ensemble et heureux, pour vivre en harmonie et passer de beaux moments en vue de tout garder dans son cœur, cet esprit de naïveté et de jeunesse indispensables pour aller de l’avant en se sentant aimé et aussi aimer son prochain !
Nous poursuivons notre repas et les conversations vont bon train. Certains parlent de la suite de leurs vacances, d’autres de leurs études, etc. Les viandes sont délicieuses, les légumes sont super et ne parlons pas du vin. A l’issue de ce bon repas, nous mangeons du far breton. Une tasse de café est proposée très gentiment par Geneviève. Je vois que les papas prennent un pousse-café. Très peu pour moi et d’ailleurs c’est la même chose pour les jeunes. Claude et Camille se lèvent et s’en vont vers le fond du jardin. Je suis certain qu’ils vont s’occuper d’allumer le feu pour la veillée.
Effectivement une lueur apparait, des flammes commencent à s’élever et un petit panache de fumée monte droit vers le ciel. Déjà les premières étoiles font leur apparition au firmament. Nous papotons encore un moment et c’est Albert qui nous invite à nous rendre auprès de ce feu de camp improvisé. J’ai mon carnet de chant et Ben prend aussi le sien. Nous nous plaçons en cercle autour du feu. Il y a quelques lampes de poche, de quoi éclairer les pages des chansonniers. Je vois que Claude à un livre avec lui. Je vais le rejoindre et il me montre que c’est un recueil de chants que son papa a dégoté dans une librairie de Vannes.
Pas besoin d’instrument de musique, c’est bien « a Capella » que nous chantons. Il y a bien entendu les classiques tels que « Debout les Gars », « Aux Champs Élysées », « Colchiques dans les prés » et bien d’autres encore. Je vois dans les yeux des quatre parents des lueurs de bonheur. Ils doivent revivre un peu de leur jeunesse et se remémorer quelques souvenirs heureux. Je regarde à un moment la voûte céleste et je prends la page du chansonnier pour proposer « le cantique des étoiles ». J’invite mes amis à lever les yeux tout simplement pour profiter de ce spectacle grandiose tout en chantant ce très beau chant.
La soirée se poursuit. Yves regarde sa montre et parle à voix basse avec Albert. Je pense qu’il parle de l’heure déjà assez avancée. Albert semble dire qu’il n’est pas besoin de songer à partir, qu’il n’y a pas d’heure et qu’il ne faut pas interrompre ce moment de communion entre tous ceux qui sont présents.
Geneviève et Arlette se lèvent et reviennent cinq minutes plus tard avec de la limonade et du vin mousseux, elles ont aussi quelques biscuits et petits gâteaux sur des plateaux. Nous poursuivons ainsi cette veillée. Nous avons remis un tee-shirt car il fait déjà plus frais, bien que nous soyons devant le feu. La soirée semble arriver à sa fin. Nous nous apprêtons à clôturer ce feu de camp par le « cantique des patrouilles ».
C’est avec un pincement au cœur que nous saluons nos amis. Nous allons nous retrouver sur la plage vers quatorze heures comme d’habitude. Ben et moi remercions particulièrement Geneviève et Albert pour leur invitation. Arlette et Yves font de même. Nous ne sommes pas les seuls à quitter le lieux, Valentin, Anthony, Julien et Coralie nous suivent. Nous rentrons à la villa. Je regarde l’heure à l’horloge du salon, il est déjà deux heures du matin !
Nous passons à la salle de bain pour une petite douche, vite fait bien fait. Nous nous installons dans le lit et après nous être embrassés, nous nous souhaitons une bonne nuit. Nous tombons dans les bras de Morphée assez vite. C’est avec de beaux souvenirs que je trouve un sommeil réparateur. Je n’ai même plus pensé durant toute cette soirée à ce qui s’est passé lors du marché.
Il fait encore noir et je suis réveillé en sursaut par Ben qui crie. J’allume la lampe de chevet, il est agité, en transpiration. Je tente de le calmer. Il ouvre les yeux et des larmes s’en échappent. Puis la porte de la chambre s’ouvre, c’est Arlette. Elle a été réveillée par les cris de Ben. Je tente de le consoler de même que sa maman. Après cinq minutes, Ben s’est enfin calmé. Arlette lui essuie les dernières traces humides sur les joues.
Ben explique qu’il a fait un cauchemar. Il se revoyait au marché, que les deux énergumènes s’en prenaient à lui. Je comprends très bien ce que Ben ressent, je suis passé par là moi aussi ! Il va falloir du temps pour qu’il puisse lui aussi faire face et aller de l’avant, avec mon aide, celle de ses parents mais aussi peut-être d’aller voir un psychologue. Arlette quitte la chambre. Ben vient se blottir dans le creux de mon épaule. Je lui donne de petits bisous sur le front et nous nous rendormons ainsi enlacés.
C’est Denis qui vient nous réveiller. Il est déjà dix heures. Nous nous embrassons et nous nous levons. Une bonne odeur de café frais flotte dans l’air. Nous rejoignons les autres pour prendre le petit déjeuner. Arlette demande à Ben s’il se sent mieux. Il répond que oui. Dans mon for intérieur je sais que ce n’est pas tout à fait vrai, il garde en tête l’image de cette agression. Il va falloir qu’il passe à autre chose et qu’il mette ses mauvais souvenirs dans un coin de la tête ; le tout est de pouvoir mettre ça dans un tiroir de sa mémoire et de ne pas l’ouvrir.
Une fois le repas terminé, la table débarrassée, nous allons Ben et moi au fond du jardin. Nous nous asseyons dans l’herbe et je lui dis :
Moi : « Ben, je vois que tu ne vas pas si bien que ça. Tu sais je suis passé par là moi aussi. Alors, si tu n’es pas bien, il faut le dire et parler de ce que tu ressens.
Ben : J’ai eu si peur Phil. Je n’arrive pas à comprendre comment des gens peuvent agir de la sorte.
Moi : Je le sais très bien Ben, mais tu dois en parler à moi ou à tes parents ou même à une personne en qui tu as confiance. Tu vois, j’ai Marie, à qui je dis ce qui me tracasse, ce qui me chagrine et aussi ce qui va bien. C’est ma confidente !
Ben : Oui, tu as raison, mais il faut que je fasse l’effort de me confier.
Moi : Tu sais Ben, parler de ce qui ne va pas allège déjà ton esprit. Puis tu verbalises avec tes mots et comme ça, d’une part ton interlocuteur sait ce qui ne va pas et d’autre part le fait d’en avoir parlé te permet d’avoir une autre vision et de trouver peut-être une solution.
Ben : Tu veux dire que c’est dans le dialogue avec un ami ou une personne qu’on aime qu’on peut trouver une solution pour aller de l’avant ?
Moi : Oui Ben, c’est bien ça. Le fait d’en parler c’est déjà le premier pas. Puis tu as une famille qui t’aime !
Ben : Oui je sais, j’ai de la chance et je sais que Maman t’aime bien aussi !
Moi : Oh oui, je le sais. Nous avons tous les deux de la chance, alors n’hésite pas, confie-toi de temps à autre, cela te fera du bien. Puis s’il le faut va voir un psychologue, il n’y a pas de honte à être suivi !
Ben : Oui, je le sais. Toi tu vas bien voir ton psychologue. Merci Phil, merci d’être attentif à moi.
Moi : Mais Ben, je t’aime, je ne vais pas te laisser sans réagir. Alors on va tous les deux faire ce qu’il faut pour aller de l’avant, ensemble.
Ben : Merci Phil, je t’aime.
Moi : Moi aussi mon Ben d’amour. Allez, viens dans mes bras ! »
Nous sommes enlacés, des larmes coulent sur les joues de Ben. Je les enlève avec mes pouces. Puis je prends sa tête entre mes deux mains, je plonge mon regard dans ses yeux. Je lui fais un beau sourire. Ses yeux bleus s’illuminent enfin d’un bel éclat. Mes doigts passent dans sa tignasse blonde comme les blés. J’approche mes lèvres des siennes pour l’embrasser. Nos langues entrent alors dans la danse et savourent ce moment magique. Mes doigts caressent toujours cette chevelure blonde tandis que les mains de Ben caressent mon dos. C’est un moment hors du temps. Voilà, je retrouve mon Ben, mon Ben d’amour.
Nous nous relevons et nous retournons auprès du reste de la famille. Arlette voit du premier coup d’œil que Ben va mieux. Pas besoin de lui dire ce que nous nous sommes dit, elle s’en doute. C’est Christine qui va à la rencontre de Ben. Elle lui donne un baiser sur le front et le prend dans ses bras. Elle sait que son frère n’est pas bien et qu’il a besoin d’être aimé et réconforté.
Ben va vers sa Maman. Il lui donne un bisou sur la joue et il lui dit qu’il doit lui parler. Je laisse mon amoureux dans de bonnes mains. Je sais que cela va l’aider à aller mieux.
Je me retrouve avec Christine, Denis et Yves. Nous parlons un peu. Christine me demande si ça va pour moi. Je la remercie de s’inquiéter de mon état mais je vais bien, quoi qu’un peu rageur de n’avoir rien pu faire pour éviter à Ben de se retrouver dans cette situation-là. Pour ma part, j’en ai vu d’autres, mais c’est Ben qui m’inquiète. Christine se rend bien compte que je suis touché par ce qui s’est passé mais de manière indirecte, car c’est Ben qui en pâtit le plus actuellement. Yves et Denis, sous les conseils de Christine, vont veiller un peu plus sur Ben. D’autant plus que nous allons rentrer en Belgique le lendemain.
Albert nous demande de nous mettre à l’aise. Nous avons compris et nous nous dévêtons tous, Albert et Geneviève ôtant eux aussi leurs habits. Christine, Denis, Ben et moi nous rejoignons les autres dans la piscine, Claude et Camille s’y trouvant depuis quelques secondes. Les parents discutent entre eux. Le barbecue vient d’être allumé et il semble que l’apéritif soit sur le point d’être servi. Geneviève nous laisse encore un quart d’heure pour profiter de l’eau, avant de nous appeler sur la terrasse.
L’apéro est super, petits toasts, chips, rondelles de saucisson, anchois, olives, etc. C’est du vin mousseux qui est prévu comme boisson mais aussi des softs pour ceux qui ne veulent pas d’alcool. Les conversations vont bon train. Geneviève remercie Arlette d’avoir gardé ses fils pour loger. Les mamans s’entendent bien. Les papas eux parlent voitures, famille, mais aussi de ce qui s’est passé au matin. Cela ne fait aucun doute, les parents des jumeaux sont très ouverts et ne sont pas homophobes, que du contraire, ils ont un neveu qui est gay. Ils connaissent aussi les parents de P-A et Marc. Les deux garçons ayant été invités à passer les vacances avec eux et les jumeaux.
Le barbecue est prêt, les braises sont prêtes, signe que nous allons bientôt passer à la cuisson. Il y a plusieurs sortes de viandes mais aussi des papillotes de poissons et crustacés, puis bien entendu les salades et crudités en tous genres ainsi que du taboulé et des pâtes froides. Nous nous installons autour d’une grande table composée de trois plus petites mises en longueur. Il y a des tabourets et chacun trouve donc sa place. C’est super sympa de voir que nous nous plaçons de façon que nous ne soyons pas « cloisonnés » en famille, mais bien mélangés. Les parents sont ensemble mais les jeunes nous nous sommes placés de manière à ne pas nous trouver en couple, mais bien tous séparés et mélangés. C’est une très belle façon de mieux se connaître que d’être toujours avec son chéri ou sa chérie. Bien entendu les filles sont souvent entre elles, mais c’est comme ça.
Le repas est délicieux, Ben donne un coup de main à Albert pour la cuisson, Christine aide Geneviève pour les boissons. Les jumeaux se chargent des crudités, etc. Chacun met la main à la pâte. J’ai l’impression que nous nous connaissons depuis des années. C’est incroyable comme des amitiés peuvent se tisser entre des jeunes et aussi avec des parents ouverts et accueillants. Je vois que les papas prennent note des coordonnées téléphoniques et des adresses, en vue de se revoir si l’occasion se présente. Voyant ça, je me lève et « comme les grands » je fais tinter mon verre en vue de demander le silence. Je vois les adultes se demander ce qu’il se passe, un jeune qui demande à attirer l’attention de tous, ce n’est pas courant. Puis je me lance :
Moi : « Je suis désolé de vous interrompre, mais je souhaite vous demander quelque chose !
Alb : Bien sur Phil, nous t’écoutons.
Moi : Voilà, je viens de voir que vous avez Albert et Yves, échangés vos coordonnées, je souhaite avoir les coordonnées de tous nos nouveaux amis !
Gen : Quelle belle intention Phil.
Arl : Oui, je te reconnais bien là.
Val : J’y pensais, tu m’as devancé, je te reconnais bien là, tu es super Phil !
Moi : Mais non, je suis juste moi et je vous apprécie tous, alors je veux pouvoir vous écrire, vous téléphoner ou fixer un rendez-vous pour nous revoir. Voilà !
P-A : Merci Phil, je suis ému par ta proposition.
Gen : Je vais chercher de quoi écrire.
Moi : Merci, je…, je suis…si content de vous connaître ! »
Valentin se lève et comme sur la plage il vient m’enlacer et il me glisse à l’oreille que je suis pour lui une personne tellement sensible et pleine de beaux sentiments humains. J’ai les larmes qui sont au bord des yeux. Valentin le remarque et me glisse : « Ne pleure pas Phil ! Merci pour ton amitié ! »
Ben est lui aussi très ému. Il sait que je suis hyper sensible. C’est Arlette qui craque, elle écrase une larme. Elle se rend compte de l’importance de l’Amitié et de l’Amour qui règnent et qui émanent de l’ensemble de ce groupe, au départ improbable. Quelle leçon de vie, que de beaux sentiments partagés, que de belles âmes réunies sans apriori, sans haine, avec comme seule envie, d’être ensemble et heureux, pour vivre en harmonie et passer de beaux moments en vue de tout garder dans son cœur, cet esprit de naïveté et de jeunesse indispensables pour aller de l’avant en se sentant aimé et aussi aimer son prochain !
Nous poursuivons notre repas et les conversations vont bon train. Certains parlent de la suite de leurs vacances, d’autres de leurs études, etc. Les viandes sont délicieuses, les légumes sont super et ne parlons pas du vin. A l’issue de ce bon repas, nous mangeons du far breton. Une tasse de café est proposée très gentiment par Geneviève. Je vois que les papas prennent un pousse-café. Très peu pour moi et d’ailleurs c’est la même chose pour les jeunes. Claude et Camille se lèvent et s’en vont vers le fond du jardin. Je suis certain qu’ils vont s’occuper d’allumer le feu pour la veillée.
Effectivement une lueur apparait, des flammes commencent à s’élever et un petit panache de fumée monte droit vers le ciel. Déjà les premières étoiles font leur apparition au firmament. Nous papotons encore un moment et c’est Albert qui nous invite à nous rendre auprès de ce feu de camp improvisé. J’ai mon carnet de chant et Ben prend aussi le sien. Nous nous plaçons en cercle autour du feu. Il y a quelques lampes de poche, de quoi éclairer les pages des chansonniers. Je vois que Claude à un livre avec lui. Je vais le rejoindre et il me montre que c’est un recueil de chants que son papa a dégoté dans une librairie de Vannes.
Pas besoin d’instrument de musique, c’est bien « a Capella » que nous chantons. Il y a bien entendu les classiques tels que « Debout les Gars », « Aux Champs Élysées », « Colchiques dans les prés » et bien d’autres encore. Je vois dans les yeux des quatre parents des lueurs de bonheur. Ils doivent revivre un peu de leur jeunesse et se remémorer quelques souvenirs heureux. Je regarde à un moment la voûte céleste et je prends la page du chansonnier pour proposer « le cantique des étoiles ». J’invite mes amis à lever les yeux tout simplement pour profiter de ce spectacle grandiose tout en chantant ce très beau chant.
La soirée se poursuit. Yves regarde sa montre et parle à voix basse avec Albert. Je pense qu’il parle de l’heure déjà assez avancée. Albert semble dire qu’il n’est pas besoin de songer à partir, qu’il n’y a pas d’heure et qu’il ne faut pas interrompre ce moment de communion entre tous ceux qui sont présents.
Geneviève et Arlette se lèvent et reviennent cinq minutes plus tard avec de la limonade et du vin mousseux, elles ont aussi quelques biscuits et petits gâteaux sur des plateaux. Nous poursuivons ainsi cette veillée. Nous avons remis un tee-shirt car il fait déjà plus frais, bien que nous soyons devant le feu. La soirée semble arriver à sa fin. Nous nous apprêtons à clôturer ce feu de camp par le « cantique des patrouilles ».
C’est avec un pincement au cœur que nous saluons nos amis. Nous allons nous retrouver sur la plage vers quatorze heures comme d’habitude. Ben et moi remercions particulièrement Geneviève et Albert pour leur invitation. Arlette et Yves font de même. Nous ne sommes pas les seuls à quitter le lieux, Valentin, Anthony, Julien et Coralie nous suivent. Nous rentrons à la villa. Je regarde l’heure à l’horloge du salon, il est déjà deux heures du matin !
Nous passons à la salle de bain pour une petite douche, vite fait bien fait. Nous nous installons dans le lit et après nous être embrassés, nous nous souhaitons une bonne nuit. Nous tombons dans les bras de Morphée assez vite. C’est avec de beaux souvenirs que je trouve un sommeil réparateur. Je n’ai même plus pensé durant toute cette soirée à ce qui s’est passé lors du marché.
Il fait encore noir et je suis réveillé en sursaut par Ben qui crie. J’allume la lampe de chevet, il est agité, en transpiration. Je tente de le calmer. Il ouvre les yeux et des larmes s’en échappent. Puis la porte de la chambre s’ouvre, c’est Arlette. Elle a été réveillée par les cris de Ben. Je tente de le consoler de même que sa maman. Après cinq minutes, Ben s’est enfin calmé. Arlette lui essuie les dernières traces humides sur les joues.
Ben explique qu’il a fait un cauchemar. Il se revoyait au marché, que les deux énergumènes s’en prenaient à lui. Je comprends très bien ce que Ben ressent, je suis passé par là moi aussi ! Il va falloir du temps pour qu’il puisse lui aussi faire face et aller de l’avant, avec mon aide, celle de ses parents mais aussi peut-être d’aller voir un psychologue. Arlette quitte la chambre. Ben vient se blottir dans le creux de mon épaule. Je lui donne de petits bisous sur le front et nous nous rendormons ainsi enlacés.
C’est Denis qui vient nous réveiller. Il est déjà dix heures. Nous nous embrassons et nous nous levons. Une bonne odeur de café frais flotte dans l’air. Nous rejoignons les autres pour prendre le petit déjeuner. Arlette demande à Ben s’il se sent mieux. Il répond que oui. Dans mon for intérieur je sais que ce n’est pas tout à fait vrai, il garde en tête l’image de cette agression. Il va falloir qu’il passe à autre chose et qu’il mette ses mauvais souvenirs dans un coin de la tête ; le tout est de pouvoir mettre ça dans un tiroir de sa mémoire et de ne pas l’ouvrir.
Une fois le repas terminé, la table débarrassée, nous allons Ben et moi au fond du jardin. Nous nous asseyons dans l’herbe et je lui dis :
Moi : « Ben, je vois que tu ne vas pas si bien que ça. Tu sais je suis passé par là moi aussi. Alors, si tu n’es pas bien, il faut le dire et parler de ce que tu ressens.
Ben : J’ai eu si peur Phil. Je n’arrive pas à comprendre comment des gens peuvent agir de la sorte.
Moi : Je le sais très bien Ben, mais tu dois en parler à moi ou à tes parents ou même à une personne en qui tu as confiance. Tu vois, j’ai Marie, à qui je dis ce qui me tracasse, ce qui me chagrine et aussi ce qui va bien. C’est ma confidente !
Ben : Oui, tu as raison, mais il faut que je fasse l’effort de me confier.
Moi : Tu sais Ben, parler de ce qui ne va pas allège déjà ton esprit. Puis tu verbalises avec tes mots et comme ça, d’une part ton interlocuteur sait ce qui ne va pas et d’autre part le fait d’en avoir parlé te permet d’avoir une autre vision et de trouver peut-être une solution.
Ben : Tu veux dire que c’est dans le dialogue avec un ami ou une personne qu’on aime qu’on peut trouver une solution pour aller de l’avant ?
Moi : Oui Ben, c’est bien ça. Le fait d’en parler c’est déjà le premier pas. Puis tu as une famille qui t’aime !
Ben : Oui je sais, j’ai de la chance et je sais que Maman t’aime bien aussi !
Moi : Oh oui, je le sais. Nous avons tous les deux de la chance, alors n’hésite pas, confie-toi de temps à autre, cela te fera du bien. Puis s’il le faut va voir un psychologue, il n’y a pas de honte à être suivi !
Ben : Oui, je le sais. Toi tu vas bien voir ton psychologue. Merci Phil, merci d’être attentif à moi.
Moi : Mais Ben, je t’aime, je ne vais pas te laisser sans réagir. Alors on va tous les deux faire ce qu’il faut pour aller de l’avant, ensemble.
Ben : Merci Phil, je t’aime.
Moi : Moi aussi mon Ben d’amour. Allez, viens dans mes bras ! »
Nous sommes enlacés, des larmes coulent sur les joues de Ben. Je les enlève avec mes pouces. Puis je prends sa tête entre mes deux mains, je plonge mon regard dans ses yeux. Je lui fais un beau sourire. Ses yeux bleus s’illuminent enfin d’un bel éclat. Mes doigts passent dans sa tignasse blonde comme les blés. J’approche mes lèvres des siennes pour l’embrasser. Nos langues entrent alors dans la danse et savourent ce moment magique. Mes doigts caressent toujours cette chevelure blonde tandis que les mains de Ben caressent mon dos. C’est un moment hors du temps. Voilà, je retrouve mon Ben, mon Ben d’amour.
Nous nous relevons et nous retournons auprès du reste de la famille. Arlette voit du premier coup d’œil que Ben va mieux. Pas besoin de lui dire ce que nous nous sommes dit, elle s’en doute. C’est Christine qui va à la rencontre de Ben. Elle lui donne un baiser sur le front et le prend dans ses bras. Elle sait que son frère n’est pas bien et qu’il a besoin d’être aimé et réconforté.
Ben va vers sa Maman. Il lui donne un bisou sur la joue et il lui dit qu’il doit lui parler. Je laisse mon amoureux dans de bonnes mains. Je sais que cela va l’aider à aller mieux.
Je me retrouve avec Christine, Denis et Yves. Nous parlons un peu. Christine me demande si ça va pour moi. Je la remercie de s’inquiéter de mon état mais je vais bien, quoi qu’un peu rageur de n’avoir rien pu faire pour éviter à Ben de se retrouver dans cette situation-là. Pour ma part, j’en ai vu d’autres, mais c’est Ben qui m’inquiète. Christine se rend bien compte que je suis touché par ce qui s’est passé mais de manière indirecte, car c’est Ben qui en pâtit le plus actuellement. Yves et Denis, sous les conseils de Christine, vont veiller un peu plus sur Ben. D’autant plus que nous allons rentrer en Belgique le lendemain.