Frédéric et Koen vont prendre le train de nuit pour aller aux Pays-Bas. J’ai hésité à vous parler de ce voyage car j’ai déjà écrit de nombreux récits se déroulant dans un wagon-lit, je ne vais pas les citer tous de peur d’en oublier. Pourquoi un de plus ?
Ils auraient pu prendre l’avion mais les toilettes sont exigües pour s’envoyer en l’air dans les trous d’air ; Urbain aurait pu les conduire en voiture, avec une étape pour s’envoyer en l’air dans une petite auberge romantique allemande, restaurant 3* au Guide Michelin, mais il n’est pas le chauffeur de Frédéric ; ils auraient pu faire une croisière sur le Rhin mais cela aurait duré une semaine et ils sont jeunes et impatients, en plus j’aurais d’abord dû en faire une moi-même pour les repérages (je pense avoir atteint l’âge nécessaire et suffisant pour apprécier les croisières sur le Rhin, j’ai mis cela sur ma liste d’envies).
Ce sera donc de nouveau le train. Pour les ferrovipathes puristes, je devrais dire « voiture-lit », j’ai préféré le terme usuel de « wagon-lit ». Je n’ai pas contrôlé s’il y avait vraiment un train de nuit entre Interlaken et Amsterdam à cette époque, les liaisons internationales étaient souvent ce qu’on appelait des « voitures directes », accrochées aux trains ordinaires et transférées d’un train à un autre. Je rappelle qu’on dit « conducteur » de wagon-lit et pas contrôleur.
Chapitre 10 - Vacances aux Pays-Bas (1)
Dimanche 16 août 1964, en train entre Interlaken et Amsterdam
Après l’excursion au Jungfraujoch, Koen, Frédéric et Philippe prirent le train pour Interlaken Ost où se faisait la correspondance entre le réseau à voie métrique et celui à voie normale. Philippe n’allait que jusqu’à Berne où il prendrait le train pour Paris en passant par Pontarlier. Koen et Frédéric avaient un wagon-lit direct pour Amsterdam. Ils furent accueillis sur le quai par le conducteur, homme jovial et bedonnant dans la cinquantaine :
— Bonjour Monsieur Grotelul, bienvenue !
— Bonjour Monsieur… j’ai oublié votre nom, fit Koen. Vous vous souvenez du mien ?
— Appelez-moi Dirk. Ce nom m’avait frappé. Je n’ai pas vérifié si cela correspond à la réalité.
— Euh… C’est un pseudonyme, je ne peux pas voyager sous mon vrai nom.
— Je l’avais deviné, lorsqu’on est le fils de… Vous lui ressemblez. Et votre compagnon, Monsieur de Goumoëns ?
— Oui, fit Frédéric. C’est mon vrai nom.
— Serons-nous seuls dans le compartiment ? s’enquit Koen.
— Non, vous avez un billet de seconde classe, un homme vous rejoindra à Berne.
— Désolé, Frédéric, mon père est un peu pingre.
Ils montèrent dans le train et déposèrent leurs sacs dans le compartiment réservé qui était toujours dans la configuration pour la journée avec trois sièges. Ils avaient enregistré leurs valises et n’avaient pris avec eux que le nécessaire pour la nuit. Ils donnèrent leurs billets et leurs passeports au conducteur qui ferma la porte du compartiment à clef et rejoignirent ensuite Philippe au wagon-restaurant.
— Que boit-on ? demanda le Français. Un thé ?
— On boira assez de thé chez moi, fit Koen, il n’y aura pas d’alcool tous les jours. Je propose un apéritif pour fêter le début des vacances. Tu le payes, Frédéric ?
— Oui, je sais que tu es fauché. D’accord pour l’apéro.
— Nous devrons aussi boire du vin rouge ce soir, ajouta Koen, c’est un bon somnifère, sinon on ne peut pas dormir à cause du bruit et des secousses.
— Vous pourrez aussi vous branler avant de dormir, dit Philippe en riant.
— On ne sera pas seuls, dit Frédéric.
— À l’aller je n’étais pas seul non plus et cela ne m’a pas empêché de me branler, dit Koen.
— Avec les autres ?
— Euh… non, discrètement, sous la couverture.
Ils commandèrent des Martinis blancs.
— Alors, demanda Frédéric à Philippe, amoureux du fleuriste ?
— C’est un peu tôt pour le dire, nous n’avons même pas parlé en tête à tête.
— Mais vous vous êtes branlés et sucés, c’est un bon début, pas très romantique il est vrai.
— Au moins, dit Koen, il n’y aura pas de déception quant à la taille de la bite.
— Tu choisis tes amants en fonction de la taille de leur bite ? s’étonna Philippe.
— Non, c’est le hasard et la nécessité de me vider les couilles qui m’ont fait choisir Frédéric.
— Vous n’êtes pas amoureux l’un de l’autre ?
— Si, un peu, beaucoup, passionnément…
— Repose-nous la question en l’an 2000, dit Frédéric, si on est toujours ensemble c’est qu’on s’aime à la folie.
— Avant on désire s’accorder un peu de liberté, dit Koen, connaître d’autres personnes.
— Pendant 36 ans… fit Philippe, dubitatif. C’est long.
— Au minimum, fit Koen. Jusqu’à ce qu’on ne puisse plus bander. Je suis sûr qu’ils trouveront un médicament d’ici là.
Philippe les quitta à Berne, Koen et Frédéric restèrent au wagon-restaurant pour souper. Ils commandèrent le plat du jour et une bouteille de Dôle des Monts Gilliard. Peu après le départ de la gare, le serveur installa un jeune homme à leur table, les autres étant occupées. Il avait une vingtaine d’années, des cheveux blonds ébouriffés, des lunettes rondes. Koen remarqua qu’il avait l’accent néerlandais et entama la conversation avec lui. Ils parlèrent en anglais pour que Frédéric comprît.
— Vous allez aussi à Amsterdam ? demanda Koen.
— Oui, je rentre à la maison après un stage au CERN. Permettez-moi de me présenter, Bert Van der Heijden.
— Appelons-nous par nos prénoms, dit Koen qui n’avait aucune envie de donner son pseudonyme, je suis Koen et mon ami Frédéric. Tu es physicien ?
— Étudiant seulement, le CERN est le Conseil européen pour la recherche nucléaire et est situé près de Genève. J’y ai passé quelques semaines.
Frédéric offrit un verre de vin à Bert et ils firent plus ample connaissance. Koen se mit à parler avec lui d’Einstein et de la relativité restreinte, Frédéric avait de la peine à les suivre. Koen était décidément un génie dans tous les domaines, pas seulement dans la bitologie.
Le wagon-restaurant n’allait pas plus loin que Bâle et ils durent retourner dans le wagon-lit après avoir soupé. Ils découvrirent qu’ils étaient les trois dans le même compartiment. Le conducteur leur proposa une bouteille de champagne pour terminer la soirée, ils préférèrent une seconde bouteille de vin rouge.
Vers 23 heures, Frédéric bâilla et dit :
— C’est la première fois que suis en wagon-lit, il faudra m’expliquer comment on fait la nuit.
— Cela dépend avec qui on est, dit Koen. Il y a des gens qui sont très pudiques et qui se déshabillent à peine pour dormir. Et d’autres qui ne se gênent pas. Bert, je dois te dire que cela ne nous dérangerait pas du tout si tu te déshabillais devant nous pour te laver.
— Je peux même enlever mon caleçon ? J’aime bien dormir à poil.
— Bien sûr. Après plusieurs semaines de vie en commun à l’école on a l’habitude.
— Il n’y a pas de douches ? demanda Frédéric.
— Pas dans ce wagon, non. Tu peux soulever la tablette pour le lavabo. Il y a une bouteille d’eau minérale pour te laver les dents.
— Et il y a le pot de chambre au-dessous, dit Bert en le montrant.
— Cela ne nous dérangerait pas non plus si tu l’utilisais, ajouta Koen.
— Ça fait plaisir de voyager avec vous, vous n’êtes pas des gars compliqués.
Bert enleva sa chemise et la posa sur un cintre. Il avait un tatouage étonnant sur la poitrine.
Ils auraient pu prendre l’avion mais les toilettes sont exigües pour s’envoyer en l’air dans les trous d’air ; Urbain aurait pu les conduire en voiture, avec une étape pour s’envoyer en l’air dans une petite auberge romantique allemande, restaurant 3* au Guide Michelin, mais il n’est pas le chauffeur de Frédéric ; ils auraient pu faire une croisière sur le Rhin mais cela aurait duré une semaine et ils sont jeunes et impatients, en plus j’aurais d’abord dû en faire une moi-même pour les repérages (je pense avoir atteint l’âge nécessaire et suffisant pour apprécier les croisières sur le Rhin, j’ai mis cela sur ma liste d’envies).
Ce sera donc de nouveau le train. Pour les ferrovipathes puristes, je devrais dire « voiture-lit », j’ai préféré le terme usuel de « wagon-lit ». Je n’ai pas contrôlé s’il y avait vraiment un train de nuit entre Interlaken et Amsterdam à cette époque, les liaisons internationales étaient souvent ce qu’on appelait des « voitures directes », accrochées aux trains ordinaires et transférées d’un train à un autre. Je rappelle qu’on dit « conducteur » de wagon-lit et pas contrôleur.
Chapitre 10 - Vacances aux Pays-Bas (1)
Dimanche 16 août 1964, en train entre Interlaken et Amsterdam
Après l’excursion au Jungfraujoch, Koen, Frédéric et Philippe prirent le train pour Interlaken Ost où se faisait la correspondance entre le réseau à voie métrique et celui à voie normale. Philippe n’allait que jusqu’à Berne où il prendrait le train pour Paris en passant par Pontarlier. Koen et Frédéric avaient un wagon-lit direct pour Amsterdam. Ils furent accueillis sur le quai par le conducteur, homme jovial et bedonnant dans la cinquantaine :
— Bonjour Monsieur Grotelul, bienvenue !
— Bonjour Monsieur… j’ai oublié votre nom, fit Koen. Vous vous souvenez du mien ?
— Appelez-moi Dirk. Ce nom m’avait frappé. Je n’ai pas vérifié si cela correspond à la réalité.
— Euh… C’est un pseudonyme, je ne peux pas voyager sous mon vrai nom.
— Je l’avais deviné, lorsqu’on est le fils de… Vous lui ressemblez. Et votre compagnon, Monsieur de Goumoëns ?
— Oui, fit Frédéric. C’est mon vrai nom.
— Serons-nous seuls dans le compartiment ? s’enquit Koen.
— Non, vous avez un billet de seconde classe, un homme vous rejoindra à Berne.
— Désolé, Frédéric, mon père est un peu pingre.
Ils montèrent dans le train et déposèrent leurs sacs dans le compartiment réservé qui était toujours dans la configuration pour la journée avec trois sièges. Ils avaient enregistré leurs valises et n’avaient pris avec eux que le nécessaire pour la nuit. Ils donnèrent leurs billets et leurs passeports au conducteur qui ferma la porte du compartiment à clef et rejoignirent ensuite Philippe au wagon-restaurant.
— Que boit-on ? demanda le Français. Un thé ?
— On boira assez de thé chez moi, fit Koen, il n’y aura pas d’alcool tous les jours. Je propose un apéritif pour fêter le début des vacances. Tu le payes, Frédéric ?
— Oui, je sais que tu es fauché. D’accord pour l’apéro.
— Nous devrons aussi boire du vin rouge ce soir, ajouta Koen, c’est un bon somnifère, sinon on ne peut pas dormir à cause du bruit et des secousses.
— Vous pourrez aussi vous branler avant de dormir, dit Philippe en riant.
— On ne sera pas seuls, dit Frédéric.
— À l’aller je n’étais pas seul non plus et cela ne m’a pas empêché de me branler, dit Koen.
— Avec les autres ?
— Euh… non, discrètement, sous la couverture.
Ils commandèrent des Martinis blancs.
— Alors, demanda Frédéric à Philippe, amoureux du fleuriste ?
— C’est un peu tôt pour le dire, nous n’avons même pas parlé en tête à tête.
— Mais vous vous êtes branlés et sucés, c’est un bon début, pas très romantique il est vrai.
— Au moins, dit Koen, il n’y aura pas de déception quant à la taille de la bite.
— Tu choisis tes amants en fonction de la taille de leur bite ? s’étonna Philippe.
— Non, c’est le hasard et la nécessité de me vider les couilles qui m’ont fait choisir Frédéric.
— Vous n’êtes pas amoureux l’un de l’autre ?
— Si, un peu, beaucoup, passionnément…
— Repose-nous la question en l’an 2000, dit Frédéric, si on est toujours ensemble c’est qu’on s’aime à la folie.
— Avant on désire s’accorder un peu de liberté, dit Koen, connaître d’autres personnes.
— Pendant 36 ans… fit Philippe, dubitatif. C’est long.
— Au minimum, fit Koen. Jusqu’à ce qu’on ne puisse plus bander. Je suis sûr qu’ils trouveront un médicament d’ici là.
Philippe les quitta à Berne, Koen et Frédéric restèrent au wagon-restaurant pour souper. Ils commandèrent le plat du jour et une bouteille de Dôle des Monts Gilliard. Peu après le départ de la gare, le serveur installa un jeune homme à leur table, les autres étant occupées. Il avait une vingtaine d’années, des cheveux blonds ébouriffés, des lunettes rondes. Koen remarqua qu’il avait l’accent néerlandais et entama la conversation avec lui. Ils parlèrent en anglais pour que Frédéric comprît.
— Vous allez aussi à Amsterdam ? demanda Koen.
— Oui, je rentre à la maison après un stage au CERN. Permettez-moi de me présenter, Bert Van der Heijden.
— Appelons-nous par nos prénoms, dit Koen qui n’avait aucune envie de donner son pseudonyme, je suis Koen et mon ami Frédéric. Tu es physicien ?
— Étudiant seulement, le CERN est le Conseil européen pour la recherche nucléaire et est situé près de Genève. J’y ai passé quelques semaines.
Frédéric offrit un verre de vin à Bert et ils firent plus ample connaissance. Koen se mit à parler avec lui d’Einstein et de la relativité restreinte, Frédéric avait de la peine à les suivre. Koen était décidément un génie dans tous les domaines, pas seulement dans la bitologie.
Le wagon-restaurant n’allait pas plus loin que Bâle et ils durent retourner dans le wagon-lit après avoir soupé. Ils découvrirent qu’ils étaient les trois dans le même compartiment. Le conducteur leur proposa une bouteille de champagne pour terminer la soirée, ils préférèrent une seconde bouteille de vin rouge.
Vers 23 heures, Frédéric bâilla et dit :
— C’est la première fois que suis en wagon-lit, il faudra m’expliquer comment on fait la nuit.
— Cela dépend avec qui on est, dit Koen. Il y a des gens qui sont très pudiques et qui se déshabillent à peine pour dormir. Et d’autres qui ne se gênent pas. Bert, je dois te dire que cela ne nous dérangerait pas du tout si tu te déshabillais devant nous pour te laver.
— Je peux même enlever mon caleçon ? J’aime bien dormir à poil.
— Bien sûr. Après plusieurs semaines de vie en commun à l’école on a l’habitude.
— Il n’y a pas de douches ? demanda Frédéric.
— Pas dans ce wagon, non. Tu peux soulever la tablette pour le lavabo. Il y a une bouteille d’eau minérale pour te laver les dents.
— Et il y a le pot de chambre au-dessous, dit Bert en le montrant.
— Cela ne nous dérangerait pas non plus si tu l’utilisais, ajouta Koen.
— Ça fait plaisir de voyager avec vous, vous n’êtes pas des gars compliqués.
Bert enleva sa chemise et la posa sur un cintre. Il avait un tatouage étonnant sur la poitrine.
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