26-08-2021, 07:15 PM
Le troisième fait marquant aurait pu être lourd de conséquences mais fort heureusement ce ne fut pas le cas même si durant quelques jours cela perturba nos journées et même nos nuits.
Un jour nous avons trouvé une lettre dans notre boîte aux lettres qui devait se trouver là depuis quelque temps car il était tellement rare que nous recevions du courrier que nous ne vérifiions pas chaque jour. Personnellement, je n'en recevais jamais : qui aurait pu m'en adresser ? Et les William n'en recevaient guère plus. Cette lettre m'était adressée à moi, Antoine. L'écriture sur l'enveloppe m'était inconnue, elle était estampillée de Londres où je ne connaissais personne. Nous l'avions posée sur le petit meuble dans l'entrée et ce n'est que le lendemain que nous avons pensé à en prendre connaissance. Mon attention s'est immédiatement portée sur la signature, "Peter". Ce n'est qu'après les premières lignes que j'ai réalisé qu'il s'agissait de Peter, le neveu de Mary notre propriétaire, qui avait habité quelques jours au tout début de notre séjour alors que mon frère avait réussi à dénicher mon adresse.
"Cher Antoine, Il y a longtemps que j'aurais dû prendre contact avec toi et Claude car j'ai gardé un très bon souvenir de ces deux trois jours passés en votre compagnie. Les circonstances font que je dois venir à Liverpool pour des affaires privées et, plutôt que d'aller bêtement à l'hôtel j'ai pensé que cela pourrait être sympathique d'habiter chez vous pour quelques jours. À bientôt de vos nouvelles. Peter
PS je précise que je serai accompagné d'un ami."
Je fus agréablement surpris de cette demande et en même temps cela me fit plaisir car je me souvenais de ce garçon aimable et bien élevé et avec qui nous avions passé quelques bons moments ensemble.
Nous avons immédiatement répondu que c'était très volontiers que nous l'accueillerions avec son ami et que nous les attendrions à la gare. Les William étaient très curieux de cette visite inattendue et ils me bombardèrent de question auxquelles je ne pouvais répondre la plus part du temps car en fait je ne le connaissais que fort peu. Parmi les questions en suspens qui m'intriguaient également était de savoir si la personne qui l'accompagnait était un simple ami ou un petit-ami. Un télégramme arriva le matin dans lequel Peter annonçait leur arrivée dans l'après-midi mais qu'il ne savait pas encore par quel train et que donc ils viendraient directement chez nous.
La fin de l'après-midi approchait et j'avais eu le temps de faire remonter mes souvenirs lorsque mon frère Gabriel avait fait une sorte de confession et que lui et Peter avaient semblé bien s'entendre au point de passer, me semblait-il, la nuit ensemble. Peu avant 6 pm, le son strident de la sonnette retentit et Peter apparu tout souriant alors qu'une ombre dans la rue était en train de régler le taxi.
Je fis entrer Peter alors que W1 attendait notre deuxième visite. Peter était déjà dans le salon et faisait connaissance avec W2, j'entendais vaguement les voix de W1 et de l'inconnu lorsque celui-ci parut sur le seuil. Je me retournais pour lui souhaiter la bienvenue mais je faillis tomber de saisissement en reconnaissant Gabriel, mon frère. Nous nous sommes tombés dans les bras, l'émotion était à son comble, pleurs et rires se confondaient. Sans rien demander W2 sortit notre meilleur Whisky et en servit une bonne ration, nous avions bien besoin de ce remontant pour nous remettre de nos émotions. J'observais Gabriel qui me parut amaigri et avoir mauvaise mine, il avait l'air absent et son regard ne s'animait que lorsque Peter le regardait et lui adressait la parole. Je me remémorais la nuit entre les deux garçons durant laquelle, cela me revenait, les deux avaient dû partager de très intenses moments. Je devinais qu'il existait un lien très fort entre Gabriel et Peter et que ce dernier avait dû jouer et jouait un rôle essentiel dans la vie de mon frère. Ce sentiment se confirma lorsque Peter lui dit, d'une voix très douce mais très ferme en même temps "Fais attention Gabriel, tu as perdu l'habitude de l'alcool" mais où transpirait une immense tendresse.
Mon frère semblait épuisé physiquement et, me semble-t-il, moralement : après le repas il faillit s'endormir. Peter le prit par la main et l'aida à monter les escaliers : nous avions préparé deux chambres, une avec un grand lit et l'autre avec deux lits séparés, c'est la première qui fut choisie sans hésiter. Au bout d'une demi-heure, Peter redescendit.
- Voilà, je l'ai déshabillé et mis au lit, je me suis étendu à côté de lui, je l'ai caressé pour qu'il retrouve son calme et il s'est endormi. J'ai encore attendu un moment et me voilà avec vous car je vous dois des explications, surtout à toi Antoine.
Il y a trois ans, après son retour dans sa famille, Gabriel avait pratiquement été séquestré dans une toute petite pièce. Il avait été soumis aux questions des ministres de leur religion terriblement sectaire, des médecins de toutes spécialités s'étaient penchés sur son corps et son âme, des pressions incroyables avaient été exercées sur lui pour lui faire avouer son homosexualité et admettre les pratiques innommables liées à cette perversité. Finalement, il avait été transféré dans une clinique où on "soignait" par tous les moyens imaginables ces dépravés de la société bien-pensante. Après dix-huit mois il avait été déclaré guéri, en réalité il avait été détruit. Toujours pour son bien et le salut de son âme, il avait été engagé par cette clinique où il était devenu une sorte d'esclave, corvéable à merci, ayant perdu toute volonté d'initiative. En fait, il était comme drogué afin d'être parfaitement soumis. Vis-à-vis de la famille, il était officiellement guéri mais avait librement choisi de travailler pour le bien et le salut de ceux qui n'était pas encore guéris.
Il était devenu si docile qu'il prenait de lui-même ses médicaments. Un sursaut de lucidité lui fit diminuer progressivement la posologie de sorte qu'il commença à retrouver une certaine autonomie qu'il cachait soigneusement. Un jour, il se souvint avoir caché dans un ourlet de pantalon un bout de papier avec un numéro de téléphone. Il ne savait plus à qui cela correspondait mais intuitivement il sentait que c'était une planche de salut. "Ce numéro, c'était le mien, moi Peter". Trois jours plus tard j'étais sur place, la chance était avec nous : c'était un dimanche, la surveillance était moins stricte et surtout tout le personnel savait que Gabriel était totalement soumis à ses bourreaux. Je l'ai véritablement kidnappé et mis en sécurité dans un hôtel. Je suis retourné à la clinique et j'ai exigé la remise immédiate de tous les papiers officiels le concernant avant 18 heures, faute de quoi un mien ami posterait une lettre à l'intention des autorités.
Le lendemain je ramenais Gabriel chez moi à Londres. Trois jours plus tard, comme planifié de longue date, je déménageais et le numéro de téléphone n'aurait plus été valable. J'avais une certaine renommée comme avocat, je connaissais beaucoup de monde et j'ai trouvé tous les appuis nécessaires pour prendre en charge celui avec qui je vis depuis plusieurs mois. Il n'est pas encore totalement guéri mais il est sur la bonne voie. Notre amour est certainement le plus efficace des traitements.
Quelques années plus tard
Les deux William et moi vivons toujours ensemble dans la maison de Mary que nous avons rachetée et complètement transformée. Nous formons un trio très solide, nous nous aimons sentimentalement et physiquement tous les trois. Nous aimons nos corps, tous les trois ensemble. Il nous arrive de faire l'amour mais comme cela est rare, nous apprécions en conséquence. Je suis convaincu que rien ne pourra nous séparer.
Andy a choisi sa voie, il est marié et nous sommes les parrains de ses trois enfants, des jumeaux et une adorable petite fille. Andy et moi avons besoin, de temps à autres, de nous retrouver seuls, tous les deux, dans la petite auberge qu'il dirige maintenant. Nous faisons régulièrement l'excursion jusqu'au petit lac, berceau de notre affection toujours très vivante. Mais lui comme moi éprouvons le besoin impérieux de nous ressourcer là où notre histoire a débuté. Sa femme et mes amis le savent.
Peter a repris la direction d'un grand bureau d'avocats dans notre ville. Gabriel et lui vivent ensemble, ils se suffisent à eux-mêmes et sont heureux, même si mon frère porte toujours les séquelles des traitements et tortures psychiques qu'on lui a appliqués "pour le guérir". Nous avons déposé une plainte contre la clinique qui a été très vite fermée et les responsables arrêtés. Ils ont été condamnés à de lourdes peines J'espère, sans le dire, qu'ils auront des codétenus qui vengeront mon frère.
Et Claude ? Je ne l'ai jamais revu, je sais juste qu'il est dans un grand bureau d'avocats, Aston and Co. J'ai fait une tentative en lui adressant un message où j'exprimais le fait qu'il serait peut-être temps d'oublier ce qui nous avait séparés pour ne voir que tout ce qu'il y avait eu de positif. Je n'ai eu droit qu'à une réponse on ne peut plus brève et concise : Inutile !
Nous avons toujours les mêmes places dans la salle de concert, mais nous en avons maintenant sept car Andy vient régulièrement avec sa femme.
Je suis parfaitement heureux de ce que m'accorde la vie avec mes deux William. Mais je sais aussi que dans mon existence je n'ai et n'aurai que deux grands et véritables amours : Claude qui m'a tout révélé et Andy qui m'avait donné, sans calcul, l'innocence de son amour.
"Carpe Diem" telle a été notre devise, elle l'est toujours, pour nous tous.
FIN
Un jour nous avons trouvé une lettre dans notre boîte aux lettres qui devait se trouver là depuis quelque temps car il était tellement rare que nous recevions du courrier que nous ne vérifiions pas chaque jour. Personnellement, je n'en recevais jamais : qui aurait pu m'en adresser ? Et les William n'en recevaient guère plus. Cette lettre m'était adressée à moi, Antoine. L'écriture sur l'enveloppe m'était inconnue, elle était estampillée de Londres où je ne connaissais personne. Nous l'avions posée sur le petit meuble dans l'entrée et ce n'est que le lendemain que nous avons pensé à en prendre connaissance. Mon attention s'est immédiatement portée sur la signature, "Peter". Ce n'est qu'après les premières lignes que j'ai réalisé qu'il s'agissait de Peter, le neveu de Mary notre propriétaire, qui avait habité quelques jours au tout début de notre séjour alors que mon frère avait réussi à dénicher mon adresse.
"Cher Antoine, Il y a longtemps que j'aurais dû prendre contact avec toi et Claude car j'ai gardé un très bon souvenir de ces deux trois jours passés en votre compagnie. Les circonstances font que je dois venir à Liverpool pour des affaires privées et, plutôt que d'aller bêtement à l'hôtel j'ai pensé que cela pourrait être sympathique d'habiter chez vous pour quelques jours. À bientôt de vos nouvelles. Peter
PS je précise que je serai accompagné d'un ami."
Je fus agréablement surpris de cette demande et en même temps cela me fit plaisir car je me souvenais de ce garçon aimable et bien élevé et avec qui nous avions passé quelques bons moments ensemble.
Nous avons immédiatement répondu que c'était très volontiers que nous l'accueillerions avec son ami et que nous les attendrions à la gare. Les William étaient très curieux de cette visite inattendue et ils me bombardèrent de question auxquelles je ne pouvais répondre la plus part du temps car en fait je ne le connaissais que fort peu. Parmi les questions en suspens qui m'intriguaient également était de savoir si la personne qui l'accompagnait était un simple ami ou un petit-ami. Un télégramme arriva le matin dans lequel Peter annonçait leur arrivée dans l'après-midi mais qu'il ne savait pas encore par quel train et que donc ils viendraient directement chez nous.
La fin de l'après-midi approchait et j'avais eu le temps de faire remonter mes souvenirs lorsque mon frère Gabriel avait fait une sorte de confession et que lui et Peter avaient semblé bien s'entendre au point de passer, me semblait-il, la nuit ensemble. Peu avant 6 pm, le son strident de la sonnette retentit et Peter apparu tout souriant alors qu'une ombre dans la rue était en train de régler le taxi.
Je fis entrer Peter alors que W1 attendait notre deuxième visite. Peter était déjà dans le salon et faisait connaissance avec W2, j'entendais vaguement les voix de W1 et de l'inconnu lorsque celui-ci parut sur le seuil. Je me retournais pour lui souhaiter la bienvenue mais je faillis tomber de saisissement en reconnaissant Gabriel, mon frère. Nous nous sommes tombés dans les bras, l'émotion était à son comble, pleurs et rires se confondaient. Sans rien demander W2 sortit notre meilleur Whisky et en servit une bonne ration, nous avions bien besoin de ce remontant pour nous remettre de nos émotions. J'observais Gabriel qui me parut amaigri et avoir mauvaise mine, il avait l'air absent et son regard ne s'animait que lorsque Peter le regardait et lui adressait la parole. Je me remémorais la nuit entre les deux garçons durant laquelle, cela me revenait, les deux avaient dû partager de très intenses moments. Je devinais qu'il existait un lien très fort entre Gabriel et Peter et que ce dernier avait dû jouer et jouait un rôle essentiel dans la vie de mon frère. Ce sentiment se confirma lorsque Peter lui dit, d'une voix très douce mais très ferme en même temps "Fais attention Gabriel, tu as perdu l'habitude de l'alcool" mais où transpirait une immense tendresse.
Mon frère semblait épuisé physiquement et, me semble-t-il, moralement : après le repas il faillit s'endormir. Peter le prit par la main et l'aida à monter les escaliers : nous avions préparé deux chambres, une avec un grand lit et l'autre avec deux lits séparés, c'est la première qui fut choisie sans hésiter. Au bout d'une demi-heure, Peter redescendit.
- Voilà, je l'ai déshabillé et mis au lit, je me suis étendu à côté de lui, je l'ai caressé pour qu'il retrouve son calme et il s'est endormi. J'ai encore attendu un moment et me voilà avec vous car je vous dois des explications, surtout à toi Antoine.
Il y a trois ans, après son retour dans sa famille, Gabriel avait pratiquement été séquestré dans une toute petite pièce. Il avait été soumis aux questions des ministres de leur religion terriblement sectaire, des médecins de toutes spécialités s'étaient penchés sur son corps et son âme, des pressions incroyables avaient été exercées sur lui pour lui faire avouer son homosexualité et admettre les pratiques innommables liées à cette perversité. Finalement, il avait été transféré dans une clinique où on "soignait" par tous les moyens imaginables ces dépravés de la société bien-pensante. Après dix-huit mois il avait été déclaré guéri, en réalité il avait été détruit. Toujours pour son bien et le salut de son âme, il avait été engagé par cette clinique où il était devenu une sorte d'esclave, corvéable à merci, ayant perdu toute volonté d'initiative. En fait, il était comme drogué afin d'être parfaitement soumis. Vis-à-vis de la famille, il était officiellement guéri mais avait librement choisi de travailler pour le bien et le salut de ceux qui n'était pas encore guéris.
Il était devenu si docile qu'il prenait de lui-même ses médicaments. Un sursaut de lucidité lui fit diminuer progressivement la posologie de sorte qu'il commença à retrouver une certaine autonomie qu'il cachait soigneusement. Un jour, il se souvint avoir caché dans un ourlet de pantalon un bout de papier avec un numéro de téléphone. Il ne savait plus à qui cela correspondait mais intuitivement il sentait que c'était une planche de salut. "Ce numéro, c'était le mien, moi Peter". Trois jours plus tard j'étais sur place, la chance était avec nous : c'était un dimanche, la surveillance était moins stricte et surtout tout le personnel savait que Gabriel était totalement soumis à ses bourreaux. Je l'ai véritablement kidnappé et mis en sécurité dans un hôtel. Je suis retourné à la clinique et j'ai exigé la remise immédiate de tous les papiers officiels le concernant avant 18 heures, faute de quoi un mien ami posterait une lettre à l'intention des autorités.
Le lendemain je ramenais Gabriel chez moi à Londres. Trois jours plus tard, comme planifié de longue date, je déménageais et le numéro de téléphone n'aurait plus été valable. J'avais une certaine renommée comme avocat, je connaissais beaucoup de monde et j'ai trouvé tous les appuis nécessaires pour prendre en charge celui avec qui je vis depuis plusieurs mois. Il n'est pas encore totalement guéri mais il est sur la bonne voie. Notre amour est certainement le plus efficace des traitements.
Quelques années plus tard
Les deux William et moi vivons toujours ensemble dans la maison de Mary que nous avons rachetée et complètement transformée. Nous formons un trio très solide, nous nous aimons sentimentalement et physiquement tous les trois. Nous aimons nos corps, tous les trois ensemble. Il nous arrive de faire l'amour mais comme cela est rare, nous apprécions en conséquence. Je suis convaincu que rien ne pourra nous séparer.
Andy a choisi sa voie, il est marié et nous sommes les parrains de ses trois enfants, des jumeaux et une adorable petite fille. Andy et moi avons besoin, de temps à autres, de nous retrouver seuls, tous les deux, dans la petite auberge qu'il dirige maintenant. Nous faisons régulièrement l'excursion jusqu'au petit lac, berceau de notre affection toujours très vivante. Mais lui comme moi éprouvons le besoin impérieux de nous ressourcer là où notre histoire a débuté. Sa femme et mes amis le savent.
Peter a repris la direction d'un grand bureau d'avocats dans notre ville. Gabriel et lui vivent ensemble, ils se suffisent à eux-mêmes et sont heureux, même si mon frère porte toujours les séquelles des traitements et tortures psychiques qu'on lui a appliqués "pour le guérir". Nous avons déposé une plainte contre la clinique qui a été très vite fermée et les responsables arrêtés. Ils ont été condamnés à de lourdes peines J'espère, sans le dire, qu'ils auront des codétenus qui vengeront mon frère.
Et Claude ? Je ne l'ai jamais revu, je sais juste qu'il est dans un grand bureau d'avocats, Aston and Co. J'ai fait une tentative en lui adressant un message où j'exprimais le fait qu'il serait peut-être temps d'oublier ce qui nous avait séparés pour ne voir que tout ce qu'il y avait eu de positif. Je n'ai eu droit qu'à une réponse on ne peut plus brève et concise : Inutile !
Nous avons toujours les mêmes places dans la salle de concert, mais nous en avons maintenant sept car Andy vient régulièrement avec sa femme.
Je suis parfaitement heureux de ce que m'accorde la vie avec mes deux William. Mais je sais aussi que dans mon existence je n'ai et n'aurai que deux grands et véritables amours : Claude qui m'a tout révélé et Andy qui m'avait donné, sans calcul, l'innocence de son amour.
"Carpe Diem" telle a été notre devise, elle l'est toujours, pour nous tous.
FIN