La saga continue. Après deux chapitres exotiques, au Japon et chez les hippies, je reviens à du classique, mot élégant pour dire que je vais recycler des idées et des fantasmes que j’ai déjà utilisés de nombreuses fois dans ce récit ou d’autres. J’espère que cela me permettra de tenir quelques semaines sans vous importuner avec mes états d’âme sur l’angoisse de l’écran blanc, tout en vous divertissant quand même.
Pour commencer ce seront les « promotions », ici c’est un helvétisme qui désigne la fête de la fin de l’année scolaire, où l’on distribue les prix. Pour rappel, ce n’était pas vraiment une année scolaire, seulement des cours d’été qui n’ont duré que six semaines.
Chapitre 9 - Promotions (1)
Samedi 15 août 1964, école de Hinterhoden, Grindelwald
Tous les parents des élèves de l’école avaient été invités pour la cérémonie des promotions, mais certains n’avaient pas pu venir car ils habitaient trop loin. Un hôtel de la station avait offert une nuitée à ceux qui passeraient la nuit à Grindelwald.
Outre les parents de Frédéric étaient présents ceux de Roberto, son père dirigeait une PME de design dans la région milanaise ; Son Excellence l’ambassadeur du Japon et sa femme, parents d’Hiroshi ; la femme de Son Excellence l’ambassadeur d’Islande, mère de Þjóðvarður ; les parents de Matthis, son père était maire de Illkirch-Graffenstaden en Alsace. Ils profiteraient de ramener leurs rejetons à la maison.
Comme il restait des places libres, Frédéric avait demandé à son cousin Daniel de venir avec Dom ; Koen avait invité les parents de l’apprenti cuistot Stefan, le Prof. Dr. Latte n’ayant pas pu se libérer. Peter assurerait la partie musicale avec le pianiste Alexandre qui habitait près de la Suisse, à Pontarlier. Ils désiraient approfondir leur collaboration artistique, éventuellement une collaboration plus charnelle si Stefan n’était pas jaloux.
Les parents de Frédéric, Charles et Anne, arrivèrent déjà le matin. Ils avaient rendez-vous avec la directrice pour parler de leur fils qui voulait passer son bac à l’école de Hinterhoden en allemand.
— Votre fils a le niveau requis, confirma-t-elle, mais cela sera difficile.
— Je pourrai compter sur l’aide de Koen, dit Frédéric.
— Oui, votre… compagnon de chambre est un véritable génie, il parle allemand aussi bien que sa langue maternelle.
— Il va aussi suivre les cours de français. Je l’aiderai.
— C’est parfait, dit Charles. Tu es aussi d’accord, Anne ?
— Oui, si cela ne marche pas ce sera toujours possible pour Frédéric de revenir à Lausanne pour refaire l’année.
Charles signa donc le contrat d’écolage, contrat qui liait aussi Frédéric à Koen pour une année supplémentaire, pour autant que leurs relations restassent au beau fixe. On pouvait toujours changer de chambre en cours d’année en cas de scènes de ménage. Tous n’avaient pas le privilège de chambres à deux lits et devaient se contenter de dortoirs.
Charles devait parler ensuite avec la directrice des contributions qu’il versait à l’école, celle-ci pria Frédéric de sortir du bureau.
— Non, dit le père, Frédéric reste avec moi. Je dois le mettre au courant des affaires de ma fondation. Ma femme désire visiter l’école avec Koen.
La directrice eut l’air contrariée, mais elle n’eut pas d’autre choix que d’accepter. Elle proposa d’aller chercher du café et sortit avec Anne.
— J’aurais à te parler, dit Frédéric à son père, mais c’est compliqué. Je préférerais le faire un autre jour.
— Le week-end prochain ? Je pense que tu seras rentré des Pays-Bas.
— Oui, je reviens vendredi après-midi d’après le billet d’avion que m’a envoyé ta secrétaire.
— Nous serons seuls, ta mère va à un séminaire de méditation transcendantale avec tes sœurs. Je te propose de faire une randonnée, je m’empâte et tu dois être en pleine forme avec tout le sport que tu as fait ici.
— Bonne idée.
— Et pour l’aller, toujours le wagon-lit ?
— Oui, Koen, ou plutôt ses parents, tenaient absolument à faire ma connaissance et à m’offrir le voyage.
— Il a dû leur dire beaucoup de bien de toi ! s’exclama Charles.
— Je ne sais pas ce qu’il leur écrit, je ne pense pas qu’il leur a parlé de notre relation intime.
— Ils ont peut-être deviné, tu verras bien. Attention, son père est un homme politique, pas de faux-pas.
— En général c’est plutôt lui qui met les pieds dans le plat.
La directrice revint avec les cafés. La discussion fut rapide, les perspectives pour l’année scolaire étaient bonnes, toutes les places disponibles étaient réservées, signe que l’enseignement était excellent et que l’atmosphère de tolérance réciproque entre les nombreux élèves gays et les autres fonctionnait. Comme convenu, Charles avait augmenté la contribution de sa fondation afin d’engager du personnel supplémentaire, en particulier un infirmier pour s’occuper des bobos des élèves.
Charles signa le deuxième contrat de la matinée, une somme beaucoup plus importante.
Le dîner était servi dans le jardin pour les élèves et les invités déjà présents. C’étaient des sandwiches, un repas festif était prévu le soir. Daniel et son amie étaient eux-aussi arrivés. Après avoir pris un verre de vin blanc et trinqué avec les autres, il demanda à son cousin de s’éloigner pour lui parler.
— Qu’y a-t-il ? demanda Frédéric. Rien de grave, j’espère.
— Je ne sais pas, répondit Daniel, je crois que nous avons fait une bêtise au Tessin.
— Qu’avez-vous fait ?
— Nous avons fait l’amour avec des femmes.
— Oui, pour des homosexuels cela paraît être une bêtise, fit Frédéric en riant. Où est le problème, sinon ?
— Sans capote.
— Tu as chopé la chtouille ? Tu n’as qu’à aller consulter le Dr Tissot.
— Ce n’est pas ça, ce sont des lesbiennes, elles ne doivent pas être malades. Elles voulaient des enfants.
— Je vois. Félicitations ! Tu vas être père. Cherches-tu un parrain ?
— C’est trop tôt pour le savoir. Cela m’inquiète un peu. Je suis mineur et je ne sais pas comment mes parents vont réagir.
— Ne t’inquiète pas, dit Frédéric, j’en parlerai à mon père et il vous mettra en contact avec un avocat pour vous conseiller. S’il le faut on cachera ça à tes parents jusqu’à ta majorité.
— Merci. Tu es un ange.
Dom se rapprocha des cousins.
— De nouveau des conciliabules, fit-elle, ils ont toujours des secrets, ces deux.
— Euh… fit Daniel, je luis ai parlé de… nos deux amies du Tessin.
— Bon, tu ne peux pas tenir ta langue avec lui, je vais m’habituer. Qu’en penses-tu, Frédéric ?
— C’est votre vie privée, je n’ai pas à vous juger. Tu sais cependant que tu peux toujours compter sur nous en cas de difficultés. J’ai proposé à Daniel de parler à un avocat pour régler tous les problèmes juridiques.
— Oui, c’est bien. Je suis sûre qu’Yvette et Chloé seront d’accord. Mais n’en parle pas encore à Koen, sinon la Terre entière sera au courant.
— Et c’est lui qui voudra aussi un enfant, dit Daniel.
Le Néerlandais arriva à ce moment-là.
— Vous parliez de quoi ? demanda-t-il, je n’ai pas compris, je n’ai pas encore commencé mes cours de français.
— De ta queue, dit Frédéric, ils espèrent la voir quand Hiroshi refera son exposé devant les invités cet après-midi.
— Ce ne sera pas lui, Franz m’a révélé que c’est le mien qui a été choisi à l’unanimité du jury. Je cherche un volontaire.
Pour commencer ce seront les « promotions », ici c’est un helvétisme qui désigne la fête de la fin de l’année scolaire, où l’on distribue les prix. Pour rappel, ce n’était pas vraiment une année scolaire, seulement des cours d’été qui n’ont duré que six semaines.
Chapitre 9 - Promotions (1)
Samedi 15 août 1964, école de Hinterhoden, Grindelwald
Tous les parents des élèves de l’école avaient été invités pour la cérémonie des promotions, mais certains n’avaient pas pu venir car ils habitaient trop loin. Un hôtel de la station avait offert une nuitée à ceux qui passeraient la nuit à Grindelwald.
Outre les parents de Frédéric étaient présents ceux de Roberto, son père dirigeait une PME de design dans la région milanaise ; Son Excellence l’ambassadeur du Japon et sa femme, parents d’Hiroshi ; la femme de Son Excellence l’ambassadeur d’Islande, mère de Þjóðvarður ; les parents de Matthis, son père était maire de Illkirch-Graffenstaden en Alsace. Ils profiteraient de ramener leurs rejetons à la maison.
Comme il restait des places libres, Frédéric avait demandé à son cousin Daniel de venir avec Dom ; Koen avait invité les parents de l’apprenti cuistot Stefan, le Prof. Dr. Latte n’ayant pas pu se libérer. Peter assurerait la partie musicale avec le pianiste Alexandre qui habitait près de la Suisse, à Pontarlier. Ils désiraient approfondir leur collaboration artistique, éventuellement une collaboration plus charnelle si Stefan n’était pas jaloux.
Les parents de Frédéric, Charles et Anne, arrivèrent déjà le matin. Ils avaient rendez-vous avec la directrice pour parler de leur fils qui voulait passer son bac à l’école de Hinterhoden en allemand.
— Votre fils a le niveau requis, confirma-t-elle, mais cela sera difficile.
— Je pourrai compter sur l’aide de Koen, dit Frédéric.
— Oui, votre… compagnon de chambre est un véritable génie, il parle allemand aussi bien que sa langue maternelle.
— Il va aussi suivre les cours de français. Je l’aiderai.
— C’est parfait, dit Charles. Tu es aussi d’accord, Anne ?
— Oui, si cela ne marche pas ce sera toujours possible pour Frédéric de revenir à Lausanne pour refaire l’année.
Charles signa donc le contrat d’écolage, contrat qui liait aussi Frédéric à Koen pour une année supplémentaire, pour autant que leurs relations restassent au beau fixe. On pouvait toujours changer de chambre en cours d’année en cas de scènes de ménage. Tous n’avaient pas le privilège de chambres à deux lits et devaient se contenter de dortoirs.
Charles devait parler ensuite avec la directrice des contributions qu’il versait à l’école, celle-ci pria Frédéric de sortir du bureau.
— Non, dit le père, Frédéric reste avec moi. Je dois le mettre au courant des affaires de ma fondation. Ma femme désire visiter l’école avec Koen.
La directrice eut l’air contrariée, mais elle n’eut pas d’autre choix que d’accepter. Elle proposa d’aller chercher du café et sortit avec Anne.
— J’aurais à te parler, dit Frédéric à son père, mais c’est compliqué. Je préférerais le faire un autre jour.
— Le week-end prochain ? Je pense que tu seras rentré des Pays-Bas.
— Oui, je reviens vendredi après-midi d’après le billet d’avion que m’a envoyé ta secrétaire.
— Nous serons seuls, ta mère va à un séminaire de méditation transcendantale avec tes sœurs. Je te propose de faire une randonnée, je m’empâte et tu dois être en pleine forme avec tout le sport que tu as fait ici.
— Bonne idée.
— Et pour l’aller, toujours le wagon-lit ?
— Oui, Koen, ou plutôt ses parents, tenaient absolument à faire ma connaissance et à m’offrir le voyage.
— Il a dû leur dire beaucoup de bien de toi ! s’exclama Charles.
— Je ne sais pas ce qu’il leur écrit, je ne pense pas qu’il leur a parlé de notre relation intime.
— Ils ont peut-être deviné, tu verras bien. Attention, son père est un homme politique, pas de faux-pas.
— En général c’est plutôt lui qui met les pieds dans le plat.
La directrice revint avec les cafés. La discussion fut rapide, les perspectives pour l’année scolaire étaient bonnes, toutes les places disponibles étaient réservées, signe que l’enseignement était excellent et que l’atmosphère de tolérance réciproque entre les nombreux élèves gays et les autres fonctionnait. Comme convenu, Charles avait augmenté la contribution de sa fondation afin d’engager du personnel supplémentaire, en particulier un infirmier pour s’occuper des bobos des élèves.
Charles signa le deuxième contrat de la matinée, une somme beaucoup plus importante.
Le dîner était servi dans le jardin pour les élèves et les invités déjà présents. C’étaient des sandwiches, un repas festif était prévu le soir. Daniel et son amie étaient eux-aussi arrivés. Après avoir pris un verre de vin blanc et trinqué avec les autres, il demanda à son cousin de s’éloigner pour lui parler.
— Qu’y a-t-il ? demanda Frédéric. Rien de grave, j’espère.
— Je ne sais pas, répondit Daniel, je crois que nous avons fait une bêtise au Tessin.
— Qu’avez-vous fait ?
— Nous avons fait l’amour avec des femmes.
— Oui, pour des homosexuels cela paraît être une bêtise, fit Frédéric en riant. Où est le problème, sinon ?
— Sans capote.
— Tu as chopé la chtouille ? Tu n’as qu’à aller consulter le Dr Tissot.
— Ce n’est pas ça, ce sont des lesbiennes, elles ne doivent pas être malades. Elles voulaient des enfants.
— Je vois. Félicitations ! Tu vas être père. Cherches-tu un parrain ?
— C’est trop tôt pour le savoir. Cela m’inquiète un peu. Je suis mineur et je ne sais pas comment mes parents vont réagir.
— Ne t’inquiète pas, dit Frédéric, j’en parlerai à mon père et il vous mettra en contact avec un avocat pour vous conseiller. S’il le faut on cachera ça à tes parents jusqu’à ta majorité.
— Merci. Tu es un ange.
Dom se rapprocha des cousins.
— De nouveau des conciliabules, fit-elle, ils ont toujours des secrets, ces deux.
— Euh… fit Daniel, je luis ai parlé de… nos deux amies du Tessin.
— Bon, tu ne peux pas tenir ta langue avec lui, je vais m’habituer. Qu’en penses-tu, Frédéric ?
— C’est votre vie privée, je n’ai pas à vous juger. Tu sais cependant que tu peux toujours compter sur nous en cas de difficultés. J’ai proposé à Daniel de parler à un avocat pour régler tous les problèmes juridiques.
— Oui, c’est bien. Je suis sûre qu’Yvette et Chloé seront d’accord. Mais n’en parle pas encore à Koen, sinon la Terre entière sera au courant.
— Et c’est lui qui voudra aussi un enfant, dit Daniel.
Le Néerlandais arriva à ce moment-là.
— Vous parliez de quoi ? demanda-t-il, je n’ai pas compris, je n’ai pas encore commencé mes cours de français.
— De ta queue, dit Frédéric, ils espèrent la voir quand Hiroshi refera son exposé devant les invités cet après-midi.
— Ce ne sera pas lui, Franz m’a révélé que c’est le mien qui a été choisi à l’unanimité du jury. Je cherche un volontaire.
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