27-07-2021, 09:32 AM
La journée commence sous les meilleurs auspices. Un bon petit-déjeuner en famille, il y a du café, du chocolat chaud, des croissants et des « pistolets* », du jus d’orange, des œufs à la coque et des fraises. Oui nous sommes un dimanche matin. Finalement nous sommes Ben et moi invités chez Gaby pour dîner. Ce matin nous avons décidé d’aller faire une balade à vélo en forêt de Soignes. Le temps est au beau fixe et les oiseaux s’en donnent à cœur joie. La matinée passe à une vitesse particulière tellement nous savourons ce retour dans notre forêt habituelle.
Il est déjà midi et nous sommes déposés devant le domicile de Gaby. Ben pose le doigt sur le bouton de la sonnette : Ding, dong. C’est Gaby qui vient ouvrir la porte. Il affiche un large sourire, il nous fait la bise. Nous nous rendons au salon où le reste de la famille nous attend.
Gaby présente son papa, Léon, sa maman que nous avons eu l’occasion de voir à la maison et son frère Damien. Tout est prêt pour l’apéro et une bonne odeur subtile flotte dans l’air, le repas va être délicieux, nul doute. Léon nous offre une flûte de champagne, il veut marquer le coup, nous faire comprendre toute son affection à la suite du sauvetage de son fils aîné. Danielle s’affaire pour nous apporter des amuse-bouche chauds. L’ambiance est très bonne. Une fois servi, notre flûte en main, Léon lève son verre à notre santé à Ben et moi. Après cette première gorgée, Léon nous pose un tas de questions relatives à cette randonnée en montagne. Il est encore surpris ainsi que Danielle de ce que Ben et moi avons fait. Puis c’est Gaby qui tient à nous remercier particulièrement moi. Je lui dis alors :
Moi : « Tu sais Gaby, j’ai fait ça sans réfléchir, je te l’ai dit, tu es mon ami et un compagnon pionnier et je ne pouvais rien faire d’autre qu’intervenir !
Gab : Je sais Phil, c’est depuis ce jour-là que je me suis convaincu que tu étais un véritable ami, une personne sur qui je peux compter en toutes circonstances !
Moi : Nous l’avons dit, à trois, à la fin de ce camp, nous sommes désormais amis pour la vie !
Dan : Merci pour ces belles paroles Phil. Je sens bien que cela vient du cœur.
Léo : Je suis tout à fait d’accord, tu, non vous avez été merveilleux lorsque vous avez sauvé Gabriel. Je ne sais pas comment vous remercier, c’est un simple repas, mais vous serez toujours les bienvenus à la maison.
Moi : Merci, c’est très gentil.
Ben : Merci, je suis touché.
Léo : A votre santé à tous les trois et à votre Amitié avec un grand « A » comme on dit.
Nous terminons l’apéro puis nous passons à table. Danielle a fait des côtes d’agneaux accompagnées d’haricots princesse, de lardons fumés et pommes de terre grenailles. Léon a sorti une très bonne bouteille de vin rouge de Bordeaux millésimé. Mais au cours du repas, une seconde bouteille a été nécessaire, il est vrai que nous sommes cinq. Le dessert est délicieux, c’est une mousse au chocolat maison, à tomber par terre !
Après cet excellent dîner, nous remercions Danielle. Puis nous parlons du camp pionnier, Damien parle de son camp scout. Puis de fil en aiguille, je propose à Gaby de venir avec nous à la piscine demain après-midi. Ses parents sont ravis. Gaby, lui, a des étoiles dans les yeux. Il se rend compte que notre amitié est réelle et qu’elle va au-delà des activités pionniers.
Ben et moi nous quittons Gaby et sa famille, très heureux de ce repas et de cet après-midi. Nous sommes raccompagnés par Gaby et Damien. Puis je sens Damien un peu gêné, je lui demande s’il veut quelque chose :
Moi : « Damien, je te sens fébrile, tu voulais quelque chose ?
Dam : Non, mais oui, juste te remercier pour mon frère, tu es un gars super. Merci.
Moi : Mais tu sais Damien, nous sommes amis pour la vie, ce genre d’aventure soude une équipe et je souhaite que cela reste comme ça pour longtemps.
Dam : Mais, je ne sais pas comment te dire, je crois que Gaby se sent mieux dans sa peau.
Moi : J’en suis très heureux.
Dam : Je dois te dire que je sais que tu es gay et Ben aussi, je suis très heureux pour vous, mais je crois que Gaby l’est aussi !
Moi : Heu…je ne sais pas, il n’a rien dit !
Dam : Non arrête Phil, je le sens et je crois que maman s’en doute.
Moi : Tu crois Damien, tu penses que ton frère est gay lui aussi ?
Dam : Oui Phil, mais pour moi il reste mon frère et je l’aime autant qu’avant !
Moi : OK, je pense que tu dois lui en parler.
Dam : Je vais le faire ce soir si c’est possible. Mais je crains que mon père ne soit pas d’accord. Je n’en sais rien, mais c’est une impression.
Moi : Tu veux bien me tenir au courant ?
Dam : Oui, car je sais qu’avec toi c’est la vérité qui compte et que l’amitié prime avant tout !
Moi : Merci pour Gaby. Tu sais il a fort évolué, comme nous tous durant ce camp. Puis toi, reste tel que tu es, un frère attentif et très aimant.
Dam : Tu peux compter sur moi. Salut.
Moi : Salut mon pote. »
Je suis stupéfait par les propos de Damien, il a un tact incroyable pour ses quinze ans. Ce qu’il m’a dit me glace le dos, son père serait homophobe. Je ne sais pas comment Gaby va pouvoir s’en sortir. Il n’est pas prêt à faire son coming-out de sitôt, mais on ne sait jamais. Il faut que je puisse en parler à Ben et après à Gaby.
Nous quittons enfin le seuil de la maison, Ben a parlé avec Gaby durant tout le temps où j’étais avec Damien. Il faut que je réfléchisse et que je me pose les bonnes questions. Je vais attendre avant d’en faire part à Ben. Il faut que je fasse le tri dans ma tête. Nous rentrons chez Ben, car nous dormons une nuit sur deux chez l’un et puis chez l’autre.
Au lever Ben me propose d’aller faire un tour en forêt question de s’aérer un peu. Nous prenons un sac avec une bouteille d’eau et quelques biscuits. Nous voilà partis en balade, le temps est au beau fixe et le soleil est déjà très généreux. Nous parcourons les drèves où nous sommes déjà passés une bonne dizaine de fois, pour ne pas dire plus. Cette forêt de Soignes est un des poumons verts de Bruxelles et je m’y suis toujours senti bien. Elle est aussi le lieu de nombreux jeux lorsque j’étais à la meute et ensuite à la troupe. Pour Ben c’était la même chose. Nous croisions régulièrement des dizaines de troupes ou de meutes qui allaient jouer dans ce très grand espace. Il est même possible que ma première troupe ait croisé celle de Ben un dimanche de beau temps. Bref nous avons pris l’habitude de nous y balader, à pied ou à vélo.
Je discute de Gaby, j’explique à Ben ce que Dam m’a dit lorsque nous l’avons quitté après le repas. Nous devons semble-t-il attendre d’y voir plus clair. Cet après-midi, nous serons à la piscine avec Gaby et Chris, nous verrons ce que Gaby pense faire.
Il est temps de rentrer, nous allons manger un bout avant d’aller à la piscine. Gaby est partant tout comme Christophe. Nous serons donc quatre pour cette activité. Je sens que Gaby va être heureux de passer du temps avec nous de même que Christophe.
Le repas engloutis, nous nous dirigeons vers la piscine du Longchamp à Uccle. Nous avons donné rendez-vous à Gaby et à Christophe devant l’entrée pour quatorze heures pétantes. Nous sommes là, il est moins dix, nous sommes donc bien en avance. Puis au loin je vois Christophe qui arrive. Il nous salue et se demande pourquoi nous n’entrons pas. Nous lui signalons que nous attendons un de nos ami pionnier. Enfin, il est quatorze heures moins deux minutes et je vois Gaby qui s’avance, mais il est accompagné, il est avec son frère Damien. Les voilà devant nous. Je présente Christophe, je ne dis pas que c’est le frère de Jean-Pierre pour le moment à Gaby et Damien, ensuite je présente Gaby et Damien à Christophe.
Nous entrons dans le hall de la piscine et nous payons notre entrée. Je ne sais pas ce qui se passe, mais j’ai comme un drôle de sentiment. Gaby semble dans les nuages de même que Christophe. Bon, nous nous changeons dans des cabines individuelles. Ben et moi nous prenons la même tandis que les autres sont seuls dans leur cabine de bain. Nos affaires placées sur des porte-habits sont déposées à l’accueil, un bracelet indique le numéro de l’ensemble qui contient nos effets personnels.
Nous allons dans le grand bassin, l’eau est à bonne température, l’idéal pour passer un bon moment. Nous nageons, nous faisons un concours de plongeons, nous chahutons un peu, le maître-nageur nous a fait une remarque, nous devons donc nous tenir à carreau. Tout se passe pour le mieux, Gaby et Christophe s’amusent ensemble, cela m’étonne mais sans plus. Damien est souvent seul, je m’arrange avec Ben pour que nous soyons auprès de lui assez souvent.
Nous faisons une pause bien méritée. Nous sommes assis sur un muret qui borde le petit bassin réservé aux jeunes enfants. Nous parlons de tout et de rien. Je vois que Gaby et Christophe n’arrêtent pas de se regarder. J’en fait la remarque à Ben qui me dit que lui aussi l’avait remarqué. Nous savons que Gaby est gay, il nous l’a dit durant le camp et nous savons aussi que Christophe est gay lui aussi et qu’il ne s’assume pas trop, c’est pour cette raison que Jean-Pierre nous a demandé de prendre contact avec lui de temps à autre.
Nous sommes en pleine discussion Ben et moi avec Damien. Nous parlons des scouts et de son camp. Puis je jette un œil vers Gaby et Christophe, je vois qu’ils se donnent la main tout en parlant et en se dévorant des yeux. Je ne dis rien mais je fais une œillade à Ben pour attirer son attention. Ben a très bien vu lui aussi. Puis Damien me regarde et me pose la question :
Dam : « Dis-moi Phil, j’ai bien vu, mon frère est en train de draguer Christophe !
Moi : Oui Damien, je crois qu’ils ont eu un coup de foudre.
Dam : Christophe est gay lui aussi ?
Ben : Oui Damien, il est gay, comme nous.
Dam : Je trouve qu’ils vont bien ensemble. Tu crois Phil qu’on peut faire confiance à Christophe, je crains tellement pour Gaby.
Moi : Pour moi, je pense qu’il n’y a aucun problème. Au fait tu ne sais pas qui est Christophe ?
Dam : Non, je n’en ai aucune idée. Dis-moi.
Moi : C’est le jeune frère de Jean-Pierre, le chef pionnier.
Dam : Ah, OK, je vois maintenant.
Moi : Je crois que nous allons retourner dans l’eau car d’ici une demi-heure nous allons devoir sortir et nous changer.
Dam : Oui, c’est une bonne idée. Allez Gaby et Christophe, on va à l’eau. »
Nos deux amis sortent de leur bulle et viennent avec nous dans le grand bassin. Nous allons sur le plongeoir et nous faisons un concours du plus beau plongeon. La demi-heure est vite passée. Nous sortons de l’eau et nous récupérons nos effets personnels. Nous nous dirigeons vers les vestiaires. Je vois Gaby et Christophe entrer dans la même cabine. Damien nous regarde les yeux grand ouverts, il a la bouche ouverte et ne sait pas dire un mot. Je lui fais un clin d’œil. Ben et moi entrons dans une cabine.
Une fois la porte de la cabine refermée, Ben me dit :
Ben : « Dis-moi, tu as vu ce que j’ai vu ?
Moi : Oui, un coup de foudre entre les deux asticots. Je pense que Gaby a trouvé son âme sœur, du moins c’est ce que je pense !
Ben : C’est surprenant, mais bon, sait-on jamais !
Moi : On verra ce qui se passera. »
Nous nous embrassons deux minutes et ensuite nous nous changeons. Il n’a pas fallu plus de cinq à six minutes pour que nous soyons prêts. Damien sort en même temps que nous. Nous attendons les deux autres.
Dam : « Je ne sais rien dire, mais je suis heureux pour Gaby, je vois qu’il est tellement plus épanoui depuis qu’il a vu Christophe. On verra par la suite, ce n’est que le début.
Moi : Tu as raison Damien. De toute façon Gaby est notre ami et s’il le faut on l’aidera du mieux qu’on peut.
Ben : Tu sais Damien, être gay n’est pas un choix, c’est pour nous une évidence contre laquelle nous ne pouvons rien faire, c’est tellement plus facile d’avoir une copine, c’est moins de souffrance.
Moi : C’est vrai, Ben tu as raison. Tu sais Damien que j’en ai souffert, tu ne peux pas t’imaginer comme les jeunes de notre âge peuvent être méchants. Nous ne sommes pas à l’abri d’homophobes. Bon nos deux loustics ne sont pas encore sortis de leur cabine. »
Nous ne disons plus rien. Je ne sais pas ce qu’ils font, mais je peux imaginer ce qu’ils peuvent faire. Ils sont tous les deux en pleine découverte de l’autre qu’ils ont dû s’embrasser et peut-être que leurs mains se sont placées là où ça fait du bien.
(*) : Petits pains individuels.
Il est déjà midi et nous sommes déposés devant le domicile de Gaby. Ben pose le doigt sur le bouton de la sonnette : Ding, dong. C’est Gaby qui vient ouvrir la porte. Il affiche un large sourire, il nous fait la bise. Nous nous rendons au salon où le reste de la famille nous attend.
Gaby présente son papa, Léon, sa maman que nous avons eu l’occasion de voir à la maison et son frère Damien. Tout est prêt pour l’apéro et une bonne odeur subtile flotte dans l’air, le repas va être délicieux, nul doute. Léon nous offre une flûte de champagne, il veut marquer le coup, nous faire comprendre toute son affection à la suite du sauvetage de son fils aîné. Danielle s’affaire pour nous apporter des amuse-bouche chauds. L’ambiance est très bonne. Une fois servi, notre flûte en main, Léon lève son verre à notre santé à Ben et moi. Après cette première gorgée, Léon nous pose un tas de questions relatives à cette randonnée en montagne. Il est encore surpris ainsi que Danielle de ce que Ben et moi avons fait. Puis c’est Gaby qui tient à nous remercier particulièrement moi. Je lui dis alors :
Moi : « Tu sais Gaby, j’ai fait ça sans réfléchir, je te l’ai dit, tu es mon ami et un compagnon pionnier et je ne pouvais rien faire d’autre qu’intervenir !
Gab : Je sais Phil, c’est depuis ce jour-là que je me suis convaincu que tu étais un véritable ami, une personne sur qui je peux compter en toutes circonstances !
Moi : Nous l’avons dit, à trois, à la fin de ce camp, nous sommes désormais amis pour la vie !
Dan : Merci pour ces belles paroles Phil. Je sens bien que cela vient du cœur.
Léo : Je suis tout à fait d’accord, tu, non vous avez été merveilleux lorsque vous avez sauvé Gabriel. Je ne sais pas comment vous remercier, c’est un simple repas, mais vous serez toujours les bienvenus à la maison.
Moi : Merci, c’est très gentil.
Ben : Merci, je suis touché.
Léo : A votre santé à tous les trois et à votre Amitié avec un grand « A » comme on dit.
Nous terminons l’apéro puis nous passons à table. Danielle a fait des côtes d’agneaux accompagnées d’haricots princesse, de lardons fumés et pommes de terre grenailles. Léon a sorti une très bonne bouteille de vin rouge de Bordeaux millésimé. Mais au cours du repas, une seconde bouteille a été nécessaire, il est vrai que nous sommes cinq. Le dessert est délicieux, c’est une mousse au chocolat maison, à tomber par terre !
Après cet excellent dîner, nous remercions Danielle. Puis nous parlons du camp pionnier, Damien parle de son camp scout. Puis de fil en aiguille, je propose à Gaby de venir avec nous à la piscine demain après-midi. Ses parents sont ravis. Gaby, lui, a des étoiles dans les yeux. Il se rend compte que notre amitié est réelle et qu’elle va au-delà des activités pionniers.
Ben et moi nous quittons Gaby et sa famille, très heureux de ce repas et de cet après-midi. Nous sommes raccompagnés par Gaby et Damien. Puis je sens Damien un peu gêné, je lui demande s’il veut quelque chose :
Moi : « Damien, je te sens fébrile, tu voulais quelque chose ?
Dam : Non, mais oui, juste te remercier pour mon frère, tu es un gars super. Merci.
Moi : Mais tu sais Damien, nous sommes amis pour la vie, ce genre d’aventure soude une équipe et je souhaite que cela reste comme ça pour longtemps.
Dam : Mais, je ne sais pas comment te dire, je crois que Gaby se sent mieux dans sa peau.
Moi : J’en suis très heureux.
Dam : Je dois te dire que je sais que tu es gay et Ben aussi, je suis très heureux pour vous, mais je crois que Gaby l’est aussi !
Moi : Heu…je ne sais pas, il n’a rien dit !
Dam : Non arrête Phil, je le sens et je crois que maman s’en doute.
Moi : Tu crois Damien, tu penses que ton frère est gay lui aussi ?
Dam : Oui Phil, mais pour moi il reste mon frère et je l’aime autant qu’avant !
Moi : OK, je pense que tu dois lui en parler.
Dam : Je vais le faire ce soir si c’est possible. Mais je crains que mon père ne soit pas d’accord. Je n’en sais rien, mais c’est une impression.
Moi : Tu veux bien me tenir au courant ?
Dam : Oui, car je sais qu’avec toi c’est la vérité qui compte et que l’amitié prime avant tout !
Moi : Merci pour Gaby. Tu sais il a fort évolué, comme nous tous durant ce camp. Puis toi, reste tel que tu es, un frère attentif et très aimant.
Dam : Tu peux compter sur moi. Salut.
Moi : Salut mon pote. »
Je suis stupéfait par les propos de Damien, il a un tact incroyable pour ses quinze ans. Ce qu’il m’a dit me glace le dos, son père serait homophobe. Je ne sais pas comment Gaby va pouvoir s’en sortir. Il n’est pas prêt à faire son coming-out de sitôt, mais on ne sait jamais. Il faut que je puisse en parler à Ben et après à Gaby.
Nous quittons enfin le seuil de la maison, Ben a parlé avec Gaby durant tout le temps où j’étais avec Damien. Il faut que je réfléchisse et que je me pose les bonnes questions. Je vais attendre avant d’en faire part à Ben. Il faut que je fasse le tri dans ma tête. Nous rentrons chez Ben, car nous dormons une nuit sur deux chez l’un et puis chez l’autre.
Au lever Ben me propose d’aller faire un tour en forêt question de s’aérer un peu. Nous prenons un sac avec une bouteille d’eau et quelques biscuits. Nous voilà partis en balade, le temps est au beau fixe et le soleil est déjà très généreux. Nous parcourons les drèves où nous sommes déjà passés une bonne dizaine de fois, pour ne pas dire plus. Cette forêt de Soignes est un des poumons verts de Bruxelles et je m’y suis toujours senti bien. Elle est aussi le lieu de nombreux jeux lorsque j’étais à la meute et ensuite à la troupe. Pour Ben c’était la même chose. Nous croisions régulièrement des dizaines de troupes ou de meutes qui allaient jouer dans ce très grand espace. Il est même possible que ma première troupe ait croisé celle de Ben un dimanche de beau temps. Bref nous avons pris l’habitude de nous y balader, à pied ou à vélo.
Je discute de Gaby, j’explique à Ben ce que Dam m’a dit lorsque nous l’avons quitté après le repas. Nous devons semble-t-il attendre d’y voir plus clair. Cet après-midi, nous serons à la piscine avec Gaby et Chris, nous verrons ce que Gaby pense faire.
Il est temps de rentrer, nous allons manger un bout avant d’aller à la piscine. Gaby est partant tout comme Christophe. Nous serons donc quatre pour cette activité. Je sens que Gaby va être heureux de passer du temps avec nous de même que Christophe.
Le repas engloutis, nous nous dirigeons vers la piscine du Longchamp à Uccle. Nous avons donné rendez-vous à Gaby et à Christophe devant l’entrée pour quatorze heures pétantes. Nous sommes là, il est moins dix, nous sommes donc bien en avance. Puis au loin je vois Christophe qui arrive. Il nous salue et se demande pourquoi nous n’entrons pas. Nous lui signalons que nous attendons un de nos ami pionnier. Enfin, il est quatorze heures moins deux minutes et je vois Gaby qui s’avance, mais il est accompagné, il est avec son frère Damien. Les voilà devant nous. Je présente Christophe, je ne dis pas que c’est le frère de Jean-Pierre pour le moment à Gaby et Damien, ensuite je présente Gaby et Damien à Christophe.
Nous entrons dans le hall de la piscine et nous payons notre entrée. Je ne sais pas ce qui se passe, mais j’ai comme un drôle de sentiment. Gaby semble dans les nuages de même que Christophe. Bon, nous nous changeons dans des cabines individuelles. Ben et moi nous prenons la même tandis que les autres sont seuls dans leur cabine de bain. Nos affaires placées sur des porte-habits sont déposées à l’accueil, un bracelet indique le numéro de l’ensemble qui contient nos effets personnels.
Nous allons dans le grand bassin, l’eau est à bonne température, l’idéal pour passer un bon moment. Nous nageons, nous faisons un concours de plongeons, nous chahutons un peu, le maître-nageur nous a fait une remarque, nous devons donc nous tenir à carreau. Tout se passe pour le mieux, Gaby et Christophe s’amusent ensemble, cela m’étonne mais sans plus. Damien est souvent seul, je m’arrange avec Ben pour que nous soyons auprès de lui assez souvent.
Nous faisons une pause bien méritée. Nous sommes assis sur un muret qui borde le petit bassin réservé aux jeunes enfants. Nous parlons de tout et de rien. Je vois que Gaby et Christophe n’arrêtent pas de se regarder. J’en fait la remarque à Ben qui me dit que lui aussi l’avait remarqué. Nous savons que Gaby est gay, il nous l’a dit durant le camp et nous savons aussi que Christophe est gay lui aussi et qu’il ne s’assume pas trop, c’est pour cette raison que Jean-Pierre nous a demandé de prendre contact avec lui de temps à autre.
Nous sommes en pleine discussion Ben et moi avec Damien. Nous parlons des scouts et de son camp. Puis je jette un œil vers Gaby et Christophe, je vois qu’ils se donnent la main tout en parlant et en se dévorant des yeux. Je ne dis rien mais je fais une œillade à Ben pour attirer son attention. Ben a très bien vu lui aussi. Puis Damien me regarde et me pose la question :
Dam : « Dis-moi Phil, j’ai bien vu, mon frère est en train de draguer Christophe !
Moi : Oui Damien, je crois qu’ils ont eu un coup de foudre.
Dam : Christophe est gay lui aussi ?
Ben : Oui Damien, il est gay, comme nous.
Dam : Je trouve qu’ils vont bien ensemble. Tu crois Phil qu’on peut faire confiance à Christophe, je crains tellement pour Gaby.
Moi : Pour moi, je pense qu’il n’y a aucun problème. Au fait tu ne sais pas qui est Christophe ?
Dam : Non, je n’en ai aucune idée. Dis-moi.
Moi : C’est le jeune frère de Jean-Pierre, le chef pionnier.
Dam : Ah, OK, je vois maintenant.
Moi : Je crois que nous allons retourner dans l’eau car d’ici une demi-heure nous allons devoir sortir et nous changer.
Dam : Oui, c’est une bonne idée. Allez Gaby et Christophe, on va à l’eau. »
Nos deux amis sortent de leur bulle et viennent avec nous dans le grand bassin. Nous allons sur le plongeoir et nous faisons un concours du plus beau plongeon. La demi-heure est vite passée. Nous sortons de l’eau et nous récupérons nos effets personnels. Nous nous dirigeons vers les vestiaires. Je vois Gaby et Christophe entrer dans la même cabine. Damien nous regarde les yeux grand ouverts, il a la bouche ouverte et ne sait pas dire un mot. Je lui fais un clin d’œil. Ben et moi entrons dans une cabine.
Une fois la porte de la cabine refermée, Ben me dit :
Ben : « Dis-moi, tu as vu ce que j’ai vu ?
Moi : Oui, un coup de foudre entre les deux asticots. Je pense que Gaby a trouvé son âme sœur, du moins c’est ce que je pense !
Ben : C’est surprenant, mais bon, sait-on jamais !
Moi : On verra ce qui se passera. »
Nous nous embrassons deux minutes et ensuite nous nous changeons. Il n’a pas fallu plus de cinq à six minutes pour que nous soyons prêts. Damien sort en même temps que nous. Nous attendons les deux autres.
Dam : « Je ne sais rien dire, mais je suis heureux pour Gaby, je vois qu’il est tellement plus épanoui depuis qu’il a vu Christophe. On verra par la suite, ce n’est que le début.
Moi : Tu as raison Damien. De toute façon Gaby est notre ami et s’il le faut on l’aidera du mieux qu’on peut.
Ben : Tu sais Damien, être gay n’est pas un choix, c’est pour nous une évidence contre laquelle nous ne pouvons rien faire, c’est tellement plus facile d’avoir une copine, c’est moins de souffrance.
Moi : C’est vrai, Ben tu as raison. Tu sais Damien que j’en ai souffert, tu ne peux pas t’imaginer comme les jeunes de notre âge peuvent être méchants. Nous ne sommes pas à l’abri d’homophobes. Bon nos deux loustics ne sont pas encore sortis de leur cabine. »
Nous ne disons plus rien. Je ne sais pas ce qu’ils font, mais je peux imaginer ce qu’ils peuvent faire. Ils sont tous les deux en pleine découverte de l’autre qu’ils ont dû s’embrasser et peut-être que leurs mains se sont placées là où ça fait du bien.
(*) : Petits pains individuels.