13-07-2021, 11:10 AM
(Modification du message : 15-07-2021, 09:51 AM par Philou0033.)
Chapitre 5.
Amitié renforcée.
Avec mes trois compagnons nous remontons doucement vers notre campement car je ne suis pas encore au mieux de ma forme. Arrivé à dix mètres des tentes, je vois tous les pionniers, debout autour du feu qui vient d’être allumé. Jean-Pierre et Fabrice sont eux aussi présents. Puis d’un coup j’entends des applaudissements en mon honneur. Certains pionniers scandent mon prénom, je suis très ému, je dois m’arrêter. Ben vient près de moi et me soutient. Puis je poursuis ma route vers l’assemblée en liesse. Des larmes inondent mes joues, je ne m’attendais pas à tout ça. Je prends place autour du feu en m’intercalant au milieu de mes compagnons de camp. Je dois m’asseoir, j’ai les jambes qui flageolent.
J-P demande le silence. Il prend ensuite la parole :
J-P : « Merci les « Pi » pour l’accueil qui vous avez réservé à Phil. Je crois que ça va lui faire du bien de se sentir ainsi supporté !
Fab : Vous êtes tous au courant des mésaventures vécues par l’équipe de Gaby. L’équipe dont font aussi partie Phil et Ben.
J-P : Gaby et Ben, un peu moins Ben, il est fort modeste, (tous comprennent cette boutade), vous ont narré l’épopée de l’équipe.
Fab : Face au danger, c’était l’orage qui menaçait, Phil a pris la décision, la bonne décision, de faire demi-tour et de revenir au refuge quitté le matin même.
J-P : Vous savez que Gaby est tombé dans le torrent et qu’à la suite de réaction immédiate de Phil, Gaby a pu être retiré à temps des eaux froides et tumultueuses du ruisseau.
Fab : Pour la suite du périple, Phil a pris sur lui d’accorder toute son attention à ses deux compagnons de route, jusqu’à se mettre lui-même en danger.
J-P : C’est par son action envers ses camarades que je déclare Phil « pionnier d’honneur » pour ce camp.
Fab : Hip, hip, hip, hourra, hip, hip, hip, hourra, hip, hip, hip, hourra !
Tous mes amis pionniers crient ensemble, tous les autres campements doivent se demander ce qu’il se passe. Je ne sais rien dire, j’ai encore mes yeux humides, je regarde autour de moi, et je vois les « pi » qui me sourient et me regardent avec émotion. Je tourne la tête vers Ben et Gaby, ils pleurent eux aussi. Ce moment est tellement émouvant. Je reste coi, interdit.
Ensuite J-P nous demande de nous lever pour accueillir quelqu’un, je vois alors Alexander arriver et se placer entre J-P et Fabrice. Le responsable du camp international est venu pour voir comment notre troupe pionnier allait depuis les événements. Il prend la parole et fait lui aussi allusion au « sauvetage » de Gaby des eaux du torrent et des péripéties sur le trajet de retour. Il parle de moi comme si je suis le nouveau héros. J’ai seulement fait ce que je croyais juste.
Une fois que le responsable du camp est parti, J-P nous propose de souper. Un potage de légumes agrémenté de saucisses fumées, le tout cuit dans un grand chaudron, est servi à toute la troupe. C’est pour moi enfin un repas qui va me remettre d’aplomb. Je ne mange pas trop pour ne pas être malade et avoir une indigestion.
Nos amis suisses arrivent pour la veillée. Nous sommes tous mélangés, plus de séparation, nous nous connaissons très bien maintenant. Les chants se suivent, tels que « Le Cantique des Étoiles », « Le Chant des Marais », « Vent frais », etc. L’ambiance est toujours aussi bonne que lors des autres veillées. Nous clôturons par le « Cantique des Patrouilles ».
Juste avant de dire au revoir à nos amis suisses, Gaby se lève et demande la parole. J-P demande le silence. Gaby s’éclaircit la voix et nous dit :
Gab : « Mes amis, mes compagnons, mes amis suisses, je n’ai pas l’habitude, mais je me dois de vous dire quelques mots, ou plutôt, je dois dire publiquement ceci à Phil. Heu, heu, Phil, j’ai pu te parler début d’après-midi avant que tu ne remontes au campement. Je souhaite cependant ajouter ceci. Tu as été pour moi un sauveur de même que Ben, mais je ne savais pas à quel point ton engagement envers moi et Ben était si fort. Je t’ai traité avec mépris en te disant ironiquement que tu étais « un Saint-Bernard ». Mais quand je pense maintenant à ce que tu as fait, tu l’étais « Mon Saint-Bernard », réellement. Je te dois la vie. Je te demande, Phil, de me pardonner et de m’accepter comme ami.
Il y a un silence incroyable. Personne ne dit mot. On peut entendre une mouche voler. J-P nous regarde alternativement Gaby et moi. Ben est médusé, il me regarde et ensuite Gaby.
Moi : Merci pour ce que tu viens de dire Gaby. Je te l’ai dit, tu es un ami pour moi, je crois sincèrement que notre amitié vient de se renforcer. Je te le répète, je t’ai pardonné depuis longtemps et je souhaite que notre amitié grandisse encore. »
Deux ou trois pionniers commencent à applaudir, puis toute l’assemblée. Gaby vient près de moi et m’enlace. Des larmes lui coulent sur les joues et mouillent ma chemise. Je ne suis pas en reste, mes yeux débordent.
Nos amis suisses se posent des questions, sauf certains, comme Christian et Raphaël, ils se chargerons de donner une explication ultérieurement à leurs compagnons. Il est temps de clôturer la veillée. Nous nous saluons et enfin je peux revenir sous notre tente.
Je suis très content de pouvoir enfin revenir sous notre tente. Cette impression est prenante, je me sens revivre et en harmonie avec mes amis, mais aussi avec toute la troupe. Je sais ce que mes deux compagnons de route ont dû éprouver comme un manque la nuit dernière, car je n’étais pas avec eux. Ils n’ont rien dit, mais je sais que Ben en a été affecté. Il n’a cessé de me regarder tout au long de cette fin de journée. C’est mon petit-ami me direz-vous, mais c’est aussi un de mes deux compagnons de route. Nous avons Ben et moi pu vivre au sein de la troupe pionnier en tant que pionniers et ensuite en tant que couple gay. Nous avons toujours fait passer l’esprit scout avec notre « couple » lorsque nous sommes à la troupe.
Mon sac de couchage est bien sec, il est placé sur mon matelas pneumatique, à côté de celui de Ben. Gaby est quant à lui est de l’autre côté. Je prends donc ma place au milieu de mes compagnons. Gaby a l’air concentré, il doit certainement réfléchir et se demander comment il va enfin nous expliquer ce qui se passe pour lui. Il fait encore assez bon, malgré un petit refroidissement de l’atmosphère. Je décide donc de me déshabiller et de me coucher nu dans mon duvet. Ben voyant ça fait de même. Je regarde Gaby du coin de l’œil. Je sens qu’il hésite, pourtant ce n’est pas la première fois que nous sommes nus dans nos duvets et même entre nous !
Nous sommes couchés, je prends la parole et je dis :
Moi : « Merci à vous pour votre présence à mes côtés durant cette fin de journée, cela m’a redonné du courage.
Ben : Tu sais Phil, c’était la moindre des choses.
Gab : Oui c’est vrai, je te devais bien ça.
Moi : Bonne nuit, dormez bien.
Ben : Merci, dors bien mon amour !
Gab : Bonne nuit. »
Il n’y a plus de bruit à proprement parler, juste encore des bribes de conversations dans les tentes voisines. J’aime bien cette ambiance de fin de veillée où nous avons encore l’une ou l’autre pensée à partager avec nos compagnons. C’est un moment « magique » où seul notre esprit, libéré de toute contrainte, peut enfin exposer le ressenti de notre personnalité. C’est souvent le moment des remerciements pour une bonne action, pour un souhait de mieux faire ou de se remettre en question. Je me dis que peut-être Gaby va se lancer et enfin nous dire ce qu’il a sur le cœur depuis quelques jours. Je me lance alors :
Moi : « Le camp va bientôt arriver à son terme. J’ai vraiment envie de voir les travaux finis.
Ben : Ah oui, au fait, normalement demain nous irons voir ce qui a été fait. J’ai entendu dire que tout le travail est terminé.
Moi : Oh, merci Ben de me le dire, c’est pour moi une chose importante que de savoir que cette famille va pouvoir enfin vivre plus facilement.
Gab : Je te reconnais bien là Phil, tu as toujours eu la main sur le cœur.
Moi : Merci Gaby, je suis comme ça, vous le savez tous les deux.
Ben : Bien entendu, on le sait très bien.
Gab : Phil, je veux te dire ainsi qu’à Ben, heu…que je suis désolé. Je n’ai pas été à la hauteur, vraiment, je crois que je suis un boulet pour vous.
Moi : Mais arrête Gaby, ne va pas dire ça. On t’a épaulé pour que nous restions unis, unis comme une équipe doit l’être.
Gab : Ce n’est pas ça Phil, c’est que …j’ai… enfin, je me sens mal.
(Une pause, on sent que Gaby a besoin de se recentrer sur ce qu’il a à dire)
Gab : C’est que j’ai découvert depuis quelque temps et que cela s’est confirmé durant cette randonnée en montage, c’est certain, je suis…gay !
Ben : Oh Gaby. Mais comment tu peux savoir ça.
Gab : Je n’ai pas de copine et je ne suis jamais avec des filles, j’aime regarder les garçons, je fantasme sur toi Phil et aussi sur toi Ben. Je sais que je ne peux pas, vous êtes ensemble et que je ne peux pas détruire votre « couple ». J’aime voir des garçons à poil, J’aime vous voir nus, comme ce soir. Dans mes rêves je pense que je suis dans les bras d’un beau garçon. Quand je me masturbe, je pense que c’est un garçon qui me procure du bien. Je sais que c’est débile, mais je ne pense qu’à ça !
Moi : Mais Gaby, pourquoi tu n’as rien dit. On est très amis. Tu t’es laissé enfermer dans des pensées qui étaient vouées à l’échec. Il y a sûrement d’autres garçons qui comme toi cherchent l’âme sœur et pas forcément dans cette troupe de pionniers.
Gab : Je le sais Phil, vous êtes les seuls homos dans la troupe, à part moi, mais bon, je n’ai pas de petit ami. Quand je vous ai masturbés au refuge, j’étais comme dans un état second. Et alors quand nous m’avez rendu la pareille en me masturbant à deux mains, j’étais dans un autre monde. Si seulement je pouvais rencontrer un gars qui m’aimerait autant que je l’aimerais.
Ben : Mais Gaby, ça peut se produire, tu n’es pas seul sur terre.
Gab : Oui mais je me sens si seul !
Moi : On va te soutenir Gaby, les amis sont faits pour ça. On sera avec toi et on t’aidera.
Gab : Merci les gars, je suis tellement désolé.
On entend que Gaby pleure, des sanglots se font entendre dans notre tente en pleine obscurité. Étant à côté de Gaby, je me penche vers lui et je le prends dans mes bras. Ben a compris, il se lève lui aussi pour se positionner à côté de notre ami. Nous lui faisons un très gros câlin. Il se calme, ses larmes ont cessé de couler. Il renifle encore un peu. Puis d’une voix étranglée il nous dit :
Gab : « Merci, je ne me rendais pas compte qu’on pouvait parler de tout ça avec vous. Vous être de véritables amis. Puis-je vous demander de ne rien dire aux autres, je ne suis pas encore prêt à en parler. Vous êtes les seuls au courant. Je ne sais pas comment je vais faire avec mes parents et avec mon frère Damien.
Moi : Gaby, tu peux compter sur notre aide. Si tu veux on en parle demain avec Jean-Pierre, il est à même de comprendre, je pense que tu le sais, d’ailleurs il est inquiet à ton sujet, c’est l’occasion de lui parler de tout. Puis nous sommes amis et en tant qu’ami je serai avec toi-même pour t’aider à en parler avec tes parents.
Ben : Oui Gaby, tu peux aussi compter sur moi, je suis avec toi !
Gab : Merci, merci, ça me touche énormément. »
Gaby s’effondre une nouvelle fois en larmes, il faut dire que moi aussi j’ai les yeux humides. Je ne savais pas que notre Gaby était homo, bien que je me sois posé cette question deux ou trois fois. Il a eu le cran de se dévoiler vis-à-vis de nous, c’est qu’il nous fait confiance. Nous sommes ses amis et nous allons le soutenir au-delà des pionniers. Puis Jean-Pierre sait comment faire, il m’a aussi soutenu et j’ai entièrement confiance en lui. Demain nous allons trouver, Gaby, Ben et Moi, notre chef J-P et tout lui expliquer.
Amitié renforcée.
Avec mes trois compagnons nous remontons doucement vers notre campement car je ne suis pas encore au mieux de ma forme. Arrivé à dix mètres des tentes, je vois tous les pionniers, debout autour du feu qui vient d’être allumé. Jean-Pierre et Fabrice sont eux aussi présents. Puis d’un coup j’entends des applaudissements en mon honneur. Certains pionniers scandent mon prénom, je suis très ému, je dois m’arrêter. Ben vient près de moi et me soutient. Puis je poursuis ma route vers l’assemblée en liesse. Des larmes inondent mes joues, je ne m’attendais pas à tout ça. Je prends place autour du feu en m’intercalant au milieu de mes compagnons de camp. Je dois m’asseoir, j’ai les jambes qui flageolent.
J-P demande le silence. Il prend ensuite la parole :
J-P : « Merci les « Pi » pour l’accueil qui vous avez réservé à Phil. Je crois que ça va lui faire du bien de se sentir ainsi supporté !
Fab : Vous êtes tous au courant des mésaventures vécues par l’équipe de Gaby. L’équipe dont font aussi partie Phil et Ben.
J-P : Gaby et Ben, un peu moins Ben, il est fort modeste, (tous comprennent cette boutade), vous ont narré l’épopée de l’équipe.
Fab : Face au danger, c’était l’orage qui menaçait, Phil a pris la décision, la bonne décision, de faire demi-tour et de revenir au refuge quitté le matin même.
J-P : Vous savez que Gaby est tombé dans le torrent et qu’à la suite de réaction immédiate de Phil, Gaby a pu être retiré à temps des eaux froides et tumultueuses du ruisseau.
Fab : Pour la suite du périple, Phil a pris sur lui d’accorder toute son attention à ses deux compagnons de route, jusqu’à se mettre lui-même en danger.
J-P : C’est par son action envers ses camarades que je déclare Phil « pionnier d’honneur » pour ce camp.
Fab : Hip, hip, hip, hourra, hip, hip, hip, hourra, hip, hip, hip, hourra !
Tous mes amis pionniers crient ensemble, tous les autres campements doivent se demander ce qu’il se passe. Je ne sais rien dire, j’ai encore mes yeux humides, je regarde autour de moi, et je vois les « pi » qui me sourient et me regardent avec émotion. Je tourne la tête vers Ben et Gaby, ils pleurent eux aussi. Ce moment est tellement émouvant. Je reste coi, interdit.
Ensuite J-P nous demande de nous lever pour accueillir quelqu’un, je vois alors Alexander arriver et se placer entre J-P et Fabrice. Le responsable du camp international est venu pour voir comment notre troupe pionnier allait depuis les événements. Il prend la parole et fait lui aussi allusion au « sauvetage » de Gaby des eaux du torrent et des péripéties sur le trajet de retour. Il parle de moi comme si je suis le nouveau héros. J’ai seulement fait ce que je croyais juste.
Une fois que le responsable du camp est parti, J-P nous propose de souper. Un potage de légumes agrémenté de saucisses fumées, le tout cuit dans un grand chaudron, est servi à toute la troupe. C’est pour moi enfin un repas qui va me remettre d’aplomb. Je ne mange pas trop pour ne pas être malade et avoir une indigestion.
Nos amis suisses arrivent pour la veillée. Nous sommes tous mélangés, plus de séparation, nous nous connaissons très bien maintenant. Les chants se suivent, tels que « Le Cantique des Étoiles », « Le Chant des Marais », « Vent frais », etc. L’ambiance est toujours aussi bonne que lors des autres veillées. Nous clôturons par le « Cantique des Patrouilles ».
Juste avant de dire au revoir à nos amis suisses, Gaby se lève et demande la parole. J-P demande le silence. Gaby s’éclaircit la voix et nous dit :
Gab : « Mes amis, mes compagnons, mes amis suisses, je n’ai pas l’habitude, mais je me dois de vous dire quelques mots, ou plutôt, je dois dire publiquement ceci à Phil. Heu, heu, Phil, j’ai pu te parler début d’après-midi avant que tu ne remontes au campement. Je souhaite cependant ajouter ceci. Tu as été pour moi un sauveur de même que Ben, mais je ne savais pas à quel point ton engagement envers moi et Ben était si fort. Je t’ai traité avec mépris en te disant ironiquement que tu étais « un Saint-Bernard ». Mais quand je pense maintenant à ce que tu as fait, tu l’étais « Mon Saint-Bernard », réellement. Je te dois la vie. Je te demande, Phil, de me pardonner et de m’accepter comme ami.
Il y a un silence incroyable. Personne ne dit mot. On peut entendre une mouche voler. J-P nous regarde alternativement Gaby et moi. Ben est médusé, il me regarde et ensuite Gaby.
Moi : Merci pour ce que tu viens de dire Gaby. Je te l’ai dit, tu es un ami pour moi, je crois sincèrement que notre amitié vient de se renforcer. Je te le répète, je t’ai pardonné depuis longtemps et je souhaite que notre amitié grandisse encore. »
Deux ou trois pionniers commencent à applaudir, puis toute l’assemblée. Gaby vient près de moi et m’enlace. Des larmes lui coulent sur les joues et mouillent ma chemise. Je ne suis pas en reste, mes yeux débordent.
Nos amis suisses se posent des questions, sauf certains, comme Christian et Raphaël, ils se chargerons de donner une explication ultérieurement à leurs compagnons. Il est temps de clôturer la veillée. Nous nous saluons et enfin je peux revenir sous notre tente.
Je suis très content de pouvoir enfin revenir sous notre tente. Cette impression est prenante, je me sens revivre et en harmonie avec mes amis, mais aussi avec toute la troupe. Je sais ce que mes deux compagnons de route ont dû éprouver comme un manque la nuit dernière, car je n’étais pas avec eux. Ils n’ont rien dit, mais je sais que Ben en a été affecté. Il n’a cessé de me regarder tout au long de cette fin de journée. C’est mon petit-ami me direz-vous, mais c’est aussi un de mes deux compagnons de route. Nous avons Ben et moi pu vivre au sein de la troupe pionnier en tant que pionniers et ensuite en tant que couple gay. Nous avons toujours fait passer l’esprit scout avec notre « couple » lorsque nous sommes à la troupe.
Mon sac de couchage est bien sec, il est placé sur mon matelas pneumatique, à côté de celui de Ben. Gaby est quant à lui est de l’autre côté. Je prends donc ma place au milieu de mes compagnons. Gaby a l’air concentré, il doit certainement réfléchir et se demander comment il va enfin nous expliquer ce qui se passe pour lui. Il fait encore assez bon, malgré un petit refroidissement de l’atmosphère. Je décide donc de me déshabiller et de me coucher nu dans mon duvet. Ben voyant ça fait de même. Je regarde Gaby du coin de l’œil. Je sens qu’il hésite, pourtant ce n’est pas la première fois que nous sommes nus dans nos duvets et même entre nous !
Nous sommes couchés, je prends la parole et je dis :
Moi : « Merci à vous pour votre présence à mes côtés durant cette fin de journée, cela m’a redonné du courage.
Ben : Tu sais Phil, c’était la moindre des choses.
Gab : Oui c’est vrai, je te devais bien ça.
Moi : Bonne nuit, dormez bien.
Ben : Merci, dors bien mon amour !
Gab : Bonne nuit. »
Il n’y a plus de bruit à proprement parler, juste encore des bribes de conversations dans les tentes voisines. J’aime bien cette ambiance de fin de veillée où nous avons encore l’une ou l’autre pensée à partager avec nos compagnons. C’est un moment « magique » où seul notre esprit, libéré de toute contrainte, peut enfin exposer le ressenti de notre personnalité. C’est souvent le moment des remerciements pour une bonne action, pour un souhait de mieux faire ou de se remettre en question. Je me dis que peut-être Gaby va se lancer et enfin nous dire ce qu’il a sur le cœur depuis quelques jours. Je me lance alors :
Moi : « Le camp va bientôt arriver à son terme. J’ai vraiment envie de voir les travaux finis.
Ben : Ah oui, au fait, normalement demain nous irons voir ce qui a été fait. J’ai entendu dire que tout le travail est terminé.
Moi : Oh, merci Ben de me le dire, c’est pour moi une chose importante que de savoir que cette famille va pouvoir enfin vivre plus facilement.
Gab : Je te reconnais bien là Phil, tu as toujours eu la main sur le cœur.
Moi : Merci Gaby, je suis comme ça, vous le savez tous les deux.
Ben : Bien entendu, on le sait très bien.
Gab : Phil, je veux te dire ainsi qu’à Ben, heu…que je suis désolé. Je n’ai pas été à la hauteur, vraiment, je crois que je suis un boulet pour vous.
Moi : Mais arrête Gaby, ne va pas dire ça. On t’a épaulé pour que nous restions unis, unis comme une équipe doit l’être.
Gab : Ce n’est pas ça Phil, c’est que …j’ai… enfin, je me sens mal.
(Une pause, on sent que Gaby a besoin de se recentrer sur ce qu’il a à dire)
Gab : C’est que j’ai découvert depuis quelque temps et que cela s’est confirmé durant cette randonnée en montage, c’est certain, je suis…gay !
Ben : Oh Gaby. Mais comment tu peux savoir ça.
Gab : Je n’ai pas de copine et je ne suis jamais avec des filles, j’aime regarder les garçons, je fantasme sur toi Phil et aussi sur toi Ben. Je sais que je ne peux pas, vous êtes ensemble et que je ne peux pas détruire votre « couple ». J’aime voir des garçons à poil, J’aime vous voir nus, comme ce soir. Dans mes rêves je pense que je suis dans les bras d’un beau garçon. Quand je me masturbe, je pense que c’est un garçon qui me procure du bien. Je sais que c’est débile, mais je ne pense qu’à ça !
Moi : Mais Gaby, pourquoi tu n’as rien dit. On est très amis. Tu t’es laissé enfermer dans des pensées qui étaient vouées à l’échec. Il y a sûrement d’autres garçons qui comme toi cherchent l’âme sœur et pas forcément dans cette troupe de pionniers.
Gab : Je le sais Phil, vous êtes les seuls homos dans la troupe, à part moi, mais bon, je n’ai pas de petit ami. Quand je vous ai masturbés au refuge, j’étais comme dans un état second. Et alors quand nous m’avez rendu la pareille en me masturbant à deux mains, j’étais dans un autre monde. Si seulement je pouvais rencontrer un gars qui m’aimerait autant que je l’aimerais.
Ben : Mais Gaby, ça peut se produire, tu n’es pas seul sur terre.
Gab : Oui mais je me sens si seul !
Moi : On va te soutenir Gaby, les amis sont faits pour ça. On sera avec toi et on t’aidera.
Gab : Merci les gars, je suis tellement désolé.
On entend que Gaby pleure, des sanglots se font entendre dans notre tente en pleine obscurité. Étant à côté de Gaby, je me penche vers lui et je le prends dans mes bras. Ben a compris, il se lève lui aussi pour se positionner à côté de notre ami. Nous lui faisons un très gros câlin. Il se calme, ses larmes ont cessé de couler. Il renifle encore un peu. Puis d’une voix étranglée il nous dit :
Gab : « Merci, je ne me rendais pas compte qu’on pouvait parler de tout ça avec vous. Vous être de véritables amis. Puis-je vous demander de ne rien dire aux autres, je ne suis pas encore prêt à en parler. Vous êtes les seuls au courant. Je ne sais pas comment je vais faire avec mes parents et avec mon frère Damien.
Moi : Gaby, tu peux compter sur notre aide. Si tu veux on en parle demain avec Jean-Pierre, il est à même de comprendre, je pense que tu le sais, d’ailleurs il est inquiet à ton sujet, c’est l’occasion de lui parler de tout. Puis nous sommes amis et en tant qu’ami je serai avec toi-même pour t’aider à en parler avec tes parents.
Ben : Oui Gaby, tu peux aussi compter sur moi, je suis avec toi !
Gab : Merci, merci, ça me touche énormément. »
Gaby s’effondre une nouvelle fois en larmes, il faut dire que moi aussi j’ai les yeux humides. Je ne savais pas que notre Gaby était homo, bien que je me sois posé cette question deux ou trois fois. Il a eu le cran de se dévoiler vis-à-vis de nous, c’est qu’il nous fait confiance. Nous sommes ses amis et nous allons le soutenir au-delà des pionniers. Puis Jean-Pierre sait comment faire, il m’a aussi soutenu et j’ai entièrement confiance en lui. Demain nous allons trouver, Gaby, Ben et Moi, notre chef J-P et tout lui expliquer.