19-06-2021, 09:12 AM
Nous avons terminé notre repas. Nous regardons les réserves qui nous restent. Gaby a encore du pain et un peu de saucisson, Ben a des fruits, du chocolat, que nous n’avons pas encore entamé, ainsi que trois boîtes de sardines et une boîte de thon ; moi j’ai du fromage et des fruits. Bien entendu nous avons encore chacun des fruits secs et des bonbons au miel. Nous regardons encore le paysage fabuleux qui s’ouvre devant nous. Nous sommes toujours aussi émerveillés qu’au moment de notre arrivée, sur cet éperon rocheux, qui domine la vallée.
Il me vient alors en tête une chanson, une ritournelle, qui parle d’un chalet dans la montagne. Nous nous mettons tous les trois à chanter. Puis Ben commence à chanter le générique du film « Heidi ». Nous rions de bon cœur et nous poursuivons par d’autres chants. Nous sommes très contents d’être là, en montagne, heureux de profiter de ce moment présent où nous sommes pleinement nous-mêmes. Nous sommes à la fois spectateurs et acteurs de ce que nous vivons. Spectateurs, car nous dévorons des yeux ce merveilleux panorama et aussi acteurs, car nous avons dû crapahuter pour y arriver sur ce morceau de rocher qui surplombe la vallée.
Benoît vient de se coller à moi. Il me regarde dans les yeux et je ne peux résister, moi aussi je plonge mon regard dans le bleu de ses yeux. Les boucles de sa chevelure blonde flottent au vent et le soleil leur donne des reflets brillants. Ma bouche arrive devant celle de Ben, je pose alors mes lèvres sur les siennes. Puis, malgré la présence de Gaby, nous nous embrassons. Nos langues passent la barrière de nos dents puis elles entrent dans une danse folle. Nous ne sommes plus que deux devant ces sommets enneigés, devant tant de beautés données par la nature. Nous profitons de ce moment rien qu’à nous, pour nous dire aussi des « Je t’aime » l’un à l’autre. Une fois notre étreinte terminée, nous nous tournons vers Gaby qui semble un peu perdu dans ses pensées. Je suppose qu’il a pu voir que nous nous étions un peu bécotés.
Puis au loin, je vois des nuages gris-foncé qui avancent vers nous. Je préviens Ben et Gaby qu’il est temps de regarder la carte pour voir où est prévu l’endroit pour passer la nuit. En y regardant de plus près, il est assez loin. Vu l’arrivée imminente du mauvais temps et connaissant le chemin pour revenir à la cabane de berger où nous avons logé la nuit précédente, je propose à mes deux amis de rebrousser chemin. Ils sont d’accord avec moi, c’est plus sûr et au moins nous savons par quel sentier nous devons aller pour revenir dans l’abri de berger.
Je me place devant, suivi de Gaby et de Ben auquel j’avais demandé de fermer la marche. Depuis un moment Gaby me semble un peu perdu. Je lui demande s’il a pris son « médoc » contre le mal de l’altitude, il m’a dit que oui. J’ai une certaine appréhension, mais je ne sais pas pourquoi.
Nous avançons à un rythme relativement calme, il ne sert à rien de courir dans le sens de la pente, c’est pour se rompre le cou en cas de chute. De temps à autre je tourne la tête pour savoir si mes deux compagnons suivent et surtout si Gaby va bien.
Au bout d’une heure de descente, je m’arrête pour faire une halte. Il fait déjà plus frais, le soleil a disparu. Je propose à mes deux amis de passer un vêtement en plus pour ne pas prendre froid. Je commence à avoir froid aux mains. J’ai l’impression qu’il ne fait qu’une dizaine de degrés. Nous en profitons pour manger quelques fruits secs, pour reprendre des forces.
Nous ne sommes plus qu’à une petite heure de la bergerie. Le ciel est devenu noir, au loin on peut entendre le tonnerre gronder. Nous allons devoir affronter l’orage. Il est temps de se presser. J’ai un peu peur que Gaby ne puisse pas suivre le rythme, il me semble de plus en plus à côté de ses pompes. Je me retourne toutes les minutes. Ben remarque que je suis inquiet, il se rapproche de Gaby, il est deux mètres derrière lui. Je ralentis l’allure, il ne faut pas que je prenne trop d’avance. Je sens que Gaby est à moins de cinq mètres derrière moi. Je me retourne et d’un coup je crie à Ben :
Moi : « Attention, Gaby va tomber. »
Ben n’a pas le temps de réagir que Gaby glisse sur une pierre et tombe sur la droite, vers le torrent. Un grand plouf se fait entendre. Je lâche mon sac à dos et je me précipite vers l’endroit où Gaby est tombé dans l’eau particulièrement froide. Je suis empreint d’un sentiment d’impuissance, notre ami Gaby est tombé dans l’eau, il n’est pas en pleine forme : des frissons qui me parcourent le dos au niveau de la colonne vertébrale, je suis mal, j’ai peur, je suis tout blanc de trouille !
Moi : « Gaby, Gaby, Gaby.
Ben : Gaby, Gaby, réponds ! Réponds-moi ! »
J’aperçois Gaby, il est à moins de deux mètres de moi. Je saute dans l’eau, j’en ai jusqu’aux genoux. Je l’attrape par le sac à dos. Ben est arrivé près de moi, il est sur la berge. Je fais pivoter Gaby vers Ben qui le prend par-dessous les bras pour le hisser sur la berge tandis que je prends ses jambes. Je sors de l’eau toujours en tenant Gaby par les pieds. Je le pose en même temps que Ben sur le chemin. Je regarde Ben dans les yeux, je suis apeuré, j’ai peur pour Gaby. Ben le voit dans mon regard, lui non plus n’est pas rassuré du tout. Un peu de sang perle sur le front de notre ami. Il ouvre enfin les yeux. Il se demande où il est, il ne s’est rendu compte de rien !
Il faut que je m’assoie, j’ai les jambes qui flageolent. Ben fait de même, il est blanc comme un linge, il a encore son sac sur le dos. Une minute après, je me reprends, je dis à Ben de se ressaisir lui aussi. Ben ôte son sac. Il vient près de Gaby et il m’aide à enlever son sac qui n’est pas trop mouillé. Je regarde la tête de Gaby, il a une plaie d’environ deux centimètres. Je sors la trousse de secours de mon sac, je nettoie sa plaie et j’y appose un sparadrap assez rigide. Je demande à Ben de m’aider à enlever les habits de Gaby, il ne peut pas rester comme ça, entièrement mouillé, il fait de plus en plus froid. Je regarde dans le sac de Gaby, mais ses habits sont en partie mouillés. Je pense tout de suite à trouver une solution. Je prends ce qui me tombe sous la main dans mon sac, c’est un tee-shirt, je le prends et frotte le corps de Gaby, il faut qu’il se sèche et que sa circulation sanguine soit au moins potable. Ben me passe aussi un de ses vêtement pour frotter notre ami. Une fois plus ou moins sec et déjà rouge, j’enlève mon pull, ma chemise et mon tee-shirt et je les place sur Gaby, je l’habille avec mes habits chauds. Ben cherche un slip dans son sac et une paire de chaussettes. J’ai aussi un pantalon propre et une autre paire de chaussettes. Gaby se laisse faire, il reprend doucement conscience. Je trouve un tee-shirt et un autre pull dans mon sac. Mon short est un peu mouillé, mais je vais le garder. Je change de chaussettes moi aussi, car il ne faut pas que je tombe malade.
Une fois Gaby rhabillé, nous mettons le tout dans son sac. Le pain est mouillé, nous ne pouvons pas le garder. Le saucisson n’a pas trop pris, je le place dans mon sac. Je demande à Ben s’il sait prendre le sac de Gaby avec le sien, il a compris et le place devant lui en faisant passer les bretelles par-dessus celles de son propre sac. Je prends Gaby par-dessous les aisselles et je le mets debout. Je lui demande :
Moi : « Gaby, ça va ?
Gab : Oh Phil, je suis désolé. Je n’ai plus de médoc pour le mal de l’altitude, j’ai perdu ma plaquette !
Moi : Ce n’est pas grave mon pote, on va t’aider ! Tu peux marcher si je te soutiens ?
Gab : Je pense Phil, merci. (Un temps de pause.) Ben, je suis désolé !
Ben : Ne t’inquiète pas Gaby, mais il ne faut pas traîner.
Moi : Tu as raison Ben, je pense que la pluie ne va pas tarder. »
Nous reprenons notre chemin tant bien que mal. Gaby avait froid malgré qu’il ait reçu mes habits chauds et que je l’aie frotté pour le sécher et le réchauffer. C’est Ben qui me signale que l’abri est proche, il est à environ un bon quart d’heure. Ben me demande s’il ne peut pas me remplacer. J’avoue que c’est éprouvant de soutenir Gaby. J’accepte bien volontiers. Je prends le sac « ventral » de Gaby et c’est Ben qui soutient notre ami. Je signale à Ben que je reste devant car il y a un passage difficile et je souhaite que ça se passe au mieux. Effectivement, nous allons arriver à un endroit très escarpé, sur environ vingt mètres de long.
Arrivé à ce passage, je me place face à Gaby et Ben, le dos tourné, vers la vallée. Le passage est délicat, je tiens Gaby par les mains et Ben le soutient en lui tenant par la taille. Le chemin n’est pas très large, mais je suis confiant. Je fais entièrement confiance à Ben, je sais qu’il va arriver à aider Gaby pour qu’il reste au milieu de ce chemin de mulets. Au bout de ses vingt mètres, à un endroit plus large, je m’arrête et je m’assois. Je suis hyper stressé, je suis en transpiration, malgré le froid qui rentre au travers de mes vêtements, tellement j’ai eu peur. Ben me demande :
Ben : « Phil, ça va ? Tu es si blanc d’un coup.
Moi : Ben, j’ai eu si peur ! »
Des larmes coulent de mes yeux et inondent mes joues. Je sens que je vais craquer, mais il ne faut pas. C’est Ben qui me dit que nous ne sommes plus très loin du refuge. Je me ressaisis. Je vois alors le regard de Gaby plongé dans le mien. Il a l’air d’un chien battu. Je ne peux m’empêcher de lui sourire, comme si Gaby me demandait de me reprendre, comme s’il avait voulu que cet incident ne fût jamais arrivé. Il se sent tellement inutile, il pense être un poids pour nous. Je m’approche de Gaby et je lui dépose un bisou sur la joue. Deux larmes se sont échappées de ses yeux, je les écrase avec mes deux pouces. Ben a vu ce que je venais de faire, lui aussi me sourit.
Moi : « Bon, on y va, j’ai peur qu’il ne commence à pleuvoir et puis les éclairs se rapprochent. Allez Gaby, on y est bientôt !
Ben : Oui Gaby, on est presque au bout ! Courage mon gars on est là, pour t’aider !
Gab : Merci, merci à vous deux, vous êtes si gentils avec moi !
Moi : Go, on y va. »
Nous reprenons notre chemin vers cette cabane qui va nous servir de refuge pour la nuit. Je suis certain que l’orage n’est pas loin et qu’il va éclater illico presto ; nous devons nous dépêcher ! Je suis toujours devant, Ben tient Gaby par la taille, ils avancent plus vite, Gaby a compris que c’était une question de minutes pour que le déluge ne nous tombe pas sur la tête, il essaye d’aller plus vite et il mord sur sa chique.
Enfin au détour d’un rocher, je vois un toit en pierres sèches dépasser de la rocaille et des herbes rares, c’est notre abri, c’est notre havre de paix qui apparaît. Je le signale à mes deux compagnons. Nous sommes à environ deux cents mètres de cet abri et c’est à ce moment-là que la pluie commence à tomber, doucement et puis de plus en plus fort. Nous arrivons devant la porte et nous nous engouffrons enfin dans ce « refuge »
Il me vient alors en tête une chanson, une ritournelle, qui parle d’un chalet dans la montagne. Nous nous mettons tous les trois à chanter. Puis Ben commence à chanter le générique du film « Heidi ». Nous rions de bon cœur et nous poursuivons par d’autres chants. Nous sommes très contents d’être là, en montagne, heureux de profiter de ce moment présent où nous sommes pleinement nous-mêmes. Nous sommes à la fois spectateurs et acteurs de ce que nous vivons. Spectateurs, car nous dévorons des yeux ce merveilleux panorama et aussi acteurs, car nous avons dû crapahuter pour y arriver sur ce morceau de rocher qui surplombe la vallée.
Benoît vient de se coller à moi. Il me regarde dans les yeux et je ne peux résister, moi aussi je plonge mon regard dans le bleu de ses yeux. Les boucles de sa chevelure blonde flottent au vent et le soleil leur donne des reflets brillants. Ma bouche arrive devant celle de Ben, je pose alors mes lèvres sur les siennes. Puis, malgré la présence de Gaby, nous nous embrassons. Nos langues passent la barrière de nos dents puis elles entrent dans une danse folle. Nous ne sommes plus que deux devant ces sommets enneigés, devant tant de beautés données par la nature. Nous profitons de ce moment rien qu’à nous, pour nous dire aussi des « Je t’aime » l’un à l’autre. Une fois notre étreinte terminée, nous nous tournons vers Gaby qui semble un peu perdu dans ses pensées. Je suppose qu’il a pu voir que nous nous étions un peu bécotés.
Puis au loin, je vois des nuages gris-foncé qui avancent vers nous. Je préviens Ben et Gaby qu’il est temps de regarder la carte pour voir où est prévu l’endroit pour passer la nuit. En y regardant de plus près, il est assez loin. Vu l’arrivée imminente du mauvais temps et connaissant le chemin pour revenir à la cabane de berger où nous avons logé la nuit précédente, je propose à mes deux amis de rebrousser chemin. Ils sont d’accord avec moi, c’est plus sûr et au moins nous savons par quel sentier nous devons aller pour revenir dans l’abri de berger.
Je me place devant, suivi de Gaby et de Ben auquel j’avais demandé de fermer la marche. Depuis un moment Gaby me semble un peu perdu. Je lui demande s’il a pris son « médoc » contre le mal de l’altitude, il m’a dit que oui. J’ai une certaine appréhension, mais je ne sais pas pourquoi.
Nous avançons à un rythme relativement calme, il ne sert à rien de courir dans le sens de la pente, c’est pour se rompre le cou en cas de chute. De temps à autre je tourne la tête pour savoir si mes deux compagnons suivent et surtout si Gaby va bien.
Au bout d’une heure de descente, je m’arrête pour faire une halte. Il fait déjà plus frais, le soleil a disparu. Je propose à mes deux amis de passer un vêtement en plus pour ne pas prendre froid. Je commence à avoir froid aux mains. J’ai l’impression qu’il ne fait qu’une dizaine de degrés. Nous en profitons pour manger quelques fruits secs, pour reprendre des forces.
Nous ne sommes plus qu’à une petite heure de la bergerie. Le ciel est devenu noir, au loin on peut entendre le tonnerre gronder. Nous allons devoir affronter l’orage. Il est temps de se presser. J’ai un peu peur que Gaby ne puisse pas suivre le rythme, il me semble de plus en plus à côté de ses pompes. Je me retourne toutes les minutes. Ben remarque que je suis inquiet, il se rapproche de Gaby, il est deux mètres derrière lui. Je ralentis l’allure, il ne faut pas que je prenne trop d’avance. Je sens que Gaby est à moins de cinq mètres derrière moi. Je me retourne et d’un coup je crie à Ben :
Moi : « Attention, Gaby va tomber. »
Ben n’a pas le temps de réagir que Gaby glisse sur une pierre et tombe sur la droite, vers le torrent. Un grand plouf se fait entendre. Je lâche mon sac à dos et je me précipite vers l’endroit où Gaby est tombé dans l’eau particulièrement froide. Je suis empreint d’un sentiment d’impuissance, notre ami Gaby est tombé dans l’eau, il n’est pas en pleine forme : des frissons qui me parcourent le dos au niveau de la colonne vertébrale, je suis mal, j’ai peur, je suis tout blanc de trouille !
Moi : « Gaby, Gaby, Gaby.
Ben : Gaby, Gaby, réponds ! Réponds-moi ! »
J’aperçois Gaby, il est à moins de deux mètres de moi. Je saute dans l’eau, j’en ai jusqu’aux genoux. Je l’attrape par le sac à dos. Ben est arrivé près de moi, il est sur la berge. Je fais pivoter Gaby vers Ben qui le prend par-dessous les bras pour le hisser sur la berge tandis que je prends ses jambes. Je sors de l’eau toujours en tenant Gaby par les pieds. Je le pose en même temps que Ben sur le chemin. Je regarde Ben dans les yeux, je suis apeuré, j’ai peur pour Gaby. Ben le voit dans mon regard, lui non plus n’est pas rassuré du tout. Un peu de sang perle sur le front de notre ami. Il ouvre enfin les yeux. Il se demande où il est, il ne s’est rendu compte de rien !
Il faut que je m’assoie, j’ai les jambes qui flageolent. Ben fait de même, il est blanc comme un linge, il a encore son sac sur le dos. Une minute après, je me reprends, je dis à Ben de se ressaisir lui aussi. Ben ôte son sac. Il vient près de Gaby et il m’aide à enlever son sac qui n’est pas trop mouillé. Je regarde la tête de Gaby, il a une plaie d’environ deux centimètres. Je sors la trousse de secours de mon sac, je nettoie sa plaie et j’y appose un sparadrap assez rigide. Je demande à Ben de m’aider à enlever les habits de Gaby, il ne peut pas rester comme ça, entièrement mouillé, il fait de plus en plus froid. Je regarde dans le sac de Gaby, mais ses habits sont en partie mouillés. Je pense tout de suite à trouver une solution. Je prends ce qui me tombe sous la main dans mon sac, c’est un tee-shirt, je le prends et frotte le corps de Gaby, il faut qu’il se sèche et que sa circulation sanguine soit au moins potable. Ben me passe aussi un de ses vêtement pour frotter notre ami. Une fois plus ou moins sec et déjà rouge, j’enlève mon pull, ma chemise et mon tee-shirt et je les place sur Gaby, je l’habille avec mes habits chauds. Ben cherche un slip dans son sac et une paire de chaussettes. J’ai aussi un pantalon propre et une autre paire de chaussettes. Gaby se laisse faire, il reprend doucement conscience. Je trouve un tee-shirt et un autre pull dans mon sac. Mon short est un peu mouillé, mais je vais le garder. Je change de chaussettes moi aussi, car il ne faut pas que je tombe malade.
Une fois Gaby rhabillé, nous mettons le tout dans son sac. Le pain est mouillé, nous ne pouvons pas le garder. Le saucisson n’a pas trop pris, je le place dans mon sac. Je demande à Ben s’il sait prendre le sac de Gaby avec le sien, il a compris et le place devant lui en faisant passer les bretelles par-dessus celles de son propre sac. Je prends Gaby par-dessous les aisselles et je le mets debout. Je lui demande :
Moi : « Gaby, ça va ?
Gab : Oh Phil, je suis désolé. Je n’ai plus de médoc pour le mal de l’altitude, j’ai perdu ma plaquette !
Moi : Ce n’est pas grave mon pote, on va t’aider ! Tu peux marcher si je te soutiens ?
Gab : Je pense Phil, merci. (Un temps de pause.) Ben, je suis désolé !
Ben : Ne t’inquiète pas Gaby, mais il ne faut pas traîner.
Moi : Tu as raison Ben, je pense que la pluie ne va pas tarder. »
Nous reprenons notre chemin tant bien que mal. Gaby avait froid malgré qu’il ait reçu mes habits chauds et que je l’aie frotté pour le sécher et le réchauffer. C’est Ben qui me signale que l’abri est proche, il est à environ un bon quart d’heure. Ben me demande s’il ne peut pas me remplacer. J’avoue que c’est éprouvant de soutenir Gaby. J’accepte bien volontiers. Je prends le sac « ventral » de Gaby et c’est Ben qui soutient notre ami. Je signale à Ben que je reste devant car il y a un passage difficile et je souhaite que ça se passe au mieux. Effectivement, nous allons arriver à un endroit très escarpé, sur environ vingt mètres de long.
Arrivé à ce passage, je me place face à Gaby et Ben, le dos tourné, vers la vallée. Le passage est délicat, je tiens Gaby par les mains et Ben le soutient en lui tenant par la taille. Le chemin n’est pas très large, mais je suis confiant. Je fais entièrement confiance à Ben, je sais qu’il va arriver à aider Gaby pour qu’il reste au milieu de ce chemin de mulets. Au bout de ses vingt mètres, à un endroit plus large, je m’arrête et je m’assois. Je suis hyper stressé, je suis en transpiration, malgré le froid qui rentre au travers de mes vêtements, tellement j’ai eu peur. Ben me demande :
Ben : « Phil, ça va ? Tu es si blanc d’un coup.
Moi : Ben, j’ai eu si peur ! »
Des larmes coulent de mes yeux et inondent mes joues. Je sens que je vais craquer, mais il ne faut pas. C’est Ben qui me dit que nous ne sommes plus très loin du refuge. Je me ressaisis. Je vois alors le regard de Gaby plongé dans le mien. Il a l’air d’un chien battu. Je ne peux m’empêcher de lui sourire, comme si Gaby me demandait de me reprendre, comme s’il avait voulu que cet incident ne fût jamais arrivé. Il se sent tellement inutile, il pense être un poids pour nous. Je m’approche de Gaby et je lui dépose un bisou sur la joue. Deux larmes se sont échappées de ses yeux, je les écrase avec mes deux pouces. Ben a vu ce que je venais de faire, lui aussi me sourit.
Moi : « Bon, on y va, j’ai peur qu’il ne commence à pleuvoir et puis les éclairs se rapprochent. Allez Gaby, on y est bientôt !
Ben : Oui Gaby, on est presque au bout ! Courage mon gars on est là, pour t’aider !
Gab : Merci, merci à vous deux, vous êtes si gentils avec moi !
Moi : Go, on y va. »
Nous reprenons notre chemin vers cette cabane qui va nous servir de refuge pour la nuit. Je suis certain que l’orage n’est pas loin et qu’il va éclater illico presto ; nous devons nous dépêcher ! Je suis toujours devant, Ben tient Gaby par la taille, ils avancent plus vite, Gaby a compris que c’était une question de minutes pour que le déluge ne nous tombe pas sur la tête, il essaye d’aller plus vite et il mord sur sa chique.
Enfin au détour d’un rocher, je vois un toit en pierres sèches dépasser de la rocaille et des herbes rares, c’est notre abri, c’est notre havre de paix qui apparaît. Je le signale à mes deux compagnons. Nous sommes à environ deux cents mètres de cet abri et c’est à ce moment-là que la pluie commence à tomber, doucement et puis de plus en plus fort. Nous arrivons devant la porte et nous nous engouffrons enfin dans ce « refuge »