15-06-2021, 10:35 AM
J’avais pris Ben par la main. Il vient de comprendre qu’il aurait pu être pris à partie avec les homophobes de l’autre poste pionnier. J’ai vu de larmes jaillir des yeux bleus de mon amour : Ben est mal, il titube. Je suis certain qu’il pense à ce que j’avais dû subir il y a presque un an et il ne supporte pas de se voir ainsi à ma place. Je soutiens tant bien que mal Ben. Jean-Pierre qui se trouve près de nous accourt à mon appel. Il voit tout de suite que Ben n’est pas bien. Il m’aide donc à le soutenir pour rentrer au camp. Raphaël et Christian, qui ont assisté à la discussion avec les animateurs du poste suisse alémanique, se sont précipités vers nous. Ils se sont proposés pour nous aider à remonter Benoît vers notre tente.
Un fois arrivé à notre campement, j’ai assis Ben devant le feu qui se consume. Nos deux amis suisses se sont assis à ses côtés, pendant que je remets une bûche sur le feu. Jean-Pierre se trouve alors un peu à l’écart. Il observe de loin ce qu’il se passe. Il sait très bien que nous sommes, nos deux amis et moi, capables de venir en aide à Benoît. Les larmes de mon amour cessent de déferler. Son tee-shirt est imprégné de liquide lacrymal.
De mon côté j’ai mal au cœur, je me rends compte que Ben vient de comprendre l’incidence que peut avoir une attaque homophobe sur un être humain, homo de surcroit, cible vivante d’un détraqué qui n’a rien compris au genre humain. Je commence à avoir des larmes qui me montent aux yeux. Je sens mon ami Benoît en détresse et je ne sais plus quoi lui dire, comme si j’étais paralysé. Je suis à bout, plein d’images, que j’aurais voulu ne plus voir, reviennent à mon esprit. Je suis dévasté, tout comme Benoît !
Jean-Pierre se rend compte de ce qui se trame devant lui, il sait que rien ne sera plus comme avant. Il voit que Benoît n’a jamais été confronté à une telle expérience et qu’il se rend compte qu’il a échappé à un « désastre » émotionnel immense. Il voit aussi que je suis au bord de la crise de nerf, il fait alors appel à Gaby qui est déjà dans la tente, occupé à mettre son pyjama.
Je peux voir la tête de Gaby, très vite il a les yeux humides. On peut sentir qu’il est lui aussi très mal de nous voir Ben et moi dans cet état. Il vient se mettre entre nous. Il nous prend par les épaules et avec ses mains il place nos visages tout contre ses joues. D’une voix calme, il nous dit :
Gab : « Ben, Phil, je suis là, je suis là pour vous mes amis ! »
Personne ne dit plus rien. Pour toute réponse c’est le silence. Personne ne dit vraiment plus rien. L’ambiance devient pesante. Il y a cinq minutes à peine c’étaient les rires et la joie d’une veillée réussie et maintenant ce n’est que tristesse et pleurs.
Gab : « Ben, Phil, je suis là, je suis là pour vous !
Moi : Merci Gaby. Si tu savais comme j’ai peur pour Ben !
Gab : Je le vois Phil. Ben vient de prendre, toute l’homophobie du monde en pleine gueule. Il se rend compte de ce que tu as vécu. Il ne savait pas !
Moi : J’en suis malade Gaby. Je ne sais plus ... »
Je viens de m’effondrer, en pleurs, à côté de mon ami Ben, à côté de mon amour, ne sachant que faire tellement j’ai mal pour lui. C’est un mal si profond, si vif. Je sais ce que ressent Ben, je l’ai vécu moi aussi. Le sentiment d’abandon, d’avoir mal fait, d’être à l’origine du déferlement de haine, de ne plus savoir où on en est. Puis le sentiment d’impuissance face à cette réalité qui nous dépasse.
Gab : « Phil calme toi, tu sais qu’il faut que tu sois fort pour aider Benoît. Je t’en conjure Phil, reprends-toi, ton ami a besoin de toi !
Moi : Gaby, Gaby, j’ai peur !
Gab : Phil il faut te reprendre, ne baisse pas les bras !
Moi : Je n’en peux plus Gaby, tu crois que c’est si facile d’être homo !
Gab : Que veux-tu que je te dise Phil. Je suis ton ami et je veux t’aider, je ne sais pas me mettre à ta place, mais je peux t’aider malgré tout, car tu es mon ami et comme ami, je t’aime !
J’entends ses derniers mots « ami je t’aime ». Des larmes viennent une nouvelle fois mouiller mes joues et ensuite mon tee-shirt. Enfin, je me ressaisis et je regarde Gaby dans les yeux. Je vois toute la détresse qui en émane, je sens, qu’il va lui aussi s’effondrer, car il est à bout. Il sait très bien que nous sommes tellement fragiles, Ben et moi, à la merci du moindre événement homophobe. Quand il voit, que je le regarde enfin dans les yeux avec insistance, il commence à pleurer, à m’implorer, à me demander de réagir positivement, à me ressaisir. Je ne sais pas pourquoi, mais je souris. Je comprends alors qu’il faut que je me bouge, que je réagisse, pour Ben. C’est Ben qui est mal, le plus mal.
Sans un mot, juste avec un regard, Gaby sait que je vais enfin passer outre et que je vais aller de l’avant. Je me reprends, enfin ! D’abord s’occuper de Ben. Je prends Ben dans mes bras et je lui susurre à l’oreille que je suis là pour lui, ainsi que Gaby. Ben met sa tête dans le creux de mon épaule. Il cesse de pleurer et reste immobile, ainsi calé contre mon corps. Gaby s’est placé de l’autre côté et place son bras dans le bas du dos de Ben. Je tente de faire passer toute la chaleur de mon amour, de mon corps, vers mon Ben d’amour. Je prends sa main et l’enserre dans la mienne. Je sens moi aussi comme un influx qui passe de main en main. C’est comme si nous étions connectés. La respiration de Ben s’est ralentie, il semble plus serein. Nous restons Gaby et moi avec Ben, enlacés, en communion, durant un bon quart d’heure. Puis, enfin, Ben me donne un bisou sur la joue et il fait de même du côté de Gaby. J’embrasse mon Benoît, mon amour, sur les lèvres. Gaby lui donne un baiser sur la joue. Nous nous levons tous les trois.
Pas un mot n’est prononcé, juste un geste de la main ou un clin d’œil est échangé. Jean-Pierre nous fait un signe de la main. Raphaël et Christian, qui étaient restés près de nous, nous font un signe de la main et un bisou avec la main : ayant déposé leurs lèvres sur leur main avant de souffler ce bisou vers nous.
Avec Gaby, nous avons mis nos avant-bras sous ceux de Ben pour l'aider à se diriger vers notre tente et l'aider à s'allonger, une fois déshabillé. Et en moins de dix minutes, il s'endort déjà, exténué. Son joli visage se détend peu à peu et le voilà maintenant tout à fait endormi entre Gaby et moi, entre nous, puisant la chaleur qui émanait de nos corps pour réchauffer le sien ! Et quelques minutes plus tard, je parviens à m’endormir à mon tour, après un grand sourire adressé à Gaby.
Chapitre 4.
Trek en montagne.
Le réveil est assez pénible. Ben a bougé durant toute la nuit. Gaby et moi nous n’avons pas beaucoup dormi. Bon, ce n’est pas grave, on s’en remettra. Ben ouvre enfin les yeux. Il présente des cernes sous ses yeux bleus. Je lui fais un énorme sourire et je pose mes lèvres sur les siennes. Nous nous faisons un petit bisou. Puis Gaby lui caresse la joue en guise de bonjour. Nous n’avons pas échangé un mot. Seulement des regards, ils sont remplis de tellement de sentiments qu’il n’est nul besoin de mot pour se comprendre. Puis c’est Ben qui rompt le silence :
Ben : « Merci Phil, merci Gaby. J’ai eu tellement peur, j’ai eu une telle angoisse hier soir. Je ne comprends pas comment tu as pu continuer …à … vivre Phil ! C’est si dur, si monstrueux ! Désolé ! »
J’ai eu peur que Ben ne fonde en larmes, ça s’est joué à un rien, mais il ne s’effondre pas !
Moi : « Pas de souci Ben, je vais mieux, bien que parfois je sois un peu ému, avec ce que je vois ou ce que je perçois. Mais c’est toi qui m’a fait peur. Ne t’inquiète pas Ben, ça va !
Gab : Tu m’as fait peur Ben. Je ne sais pas te dire grand-chose, si ce n’est que je suis là pour toi et pour Phil.
Ben : Merci Gaby, merci à vous deux. Je vais me ressaisir, ça va aller ce matin. Bon je pense qu’il est temps de se lever !
Moi : Bien sûr qu’il est temps ! Alors faignasse, on se prélasse dans son sac de couchage ! (Sur le ton de l’ironie).
Ben : Tu t’es vu, tu es encore couché, paresseux. Et toi Gaby, ce n’est pas mieux ! »
Nous nous sommes mis à rire. Je retrouvais enfin mon Ben d’amour un peu plus alerte que la veille. Il semble aller mieux. Je compte garder un œil sur lui. Il est temps, nous nous levons. Nous allons prendre une bonne douche. Il y a un peu de monde, mais au bout d’un quatre d’heure, nous nous lavons sous la douche. Je suis dans l’une d’entre elles avec mon Ben, et Gaby est dans celle d’à côté avec Alex, qui est venu nous rejoindre.
Nous sommes de retour au campement pour le petit-déjeuner. Il y a comme d’habitude du café, du chocolat chaud, du pain, de la confiture et du chocolat à tartiner. Nous mangeons d’un bon appétit. Alex vient près de moi et me demande comment va Ben. Je lui dis que ça devrait aller, que j’ai un œil sur lui tout comme Gaby, Alex semble rassuré. Jean-Pierre n’a rien perdu de nos palabres, il sait que nous sommes attentifs au bien être de Ben et des autres aussi !
Le repas est terminé. Jean-Pierre et Fabrice se placent devant la troupe réunie. C’est à Fabrice à prendre la parole.
Fab : « Alors les « pi » ça va ?
Tous : Oui, ça va !
Fab : Les travaux vont tellement vite sur le chantier, que nous ne devrons peut-être plus y retourner pour y creuser et y travailler.
Tous : Hourra, hourra, hourra !
Fab : Nous allons profiter de ces trois jours pour aller en montagne.
Tous : Oh oui, c’est super.
Fab : C’est de la randonnée en moyenne montagne, plus de glacier, ni de grimpe !
Tous : On est partant.
J-P : Très bien les gars. Donc c’est en équipe que vous allez passer ces trois jours. Je compte sur vous pour rester unis et faire attention aux conditions climatiques.
Tous : On sait J-P !
J-P : Je parle du brouillard. En cas de brouillard, on ne bouge plus, on reste sur place et on plante sa tente ou on est dans une cabane !
Ale : Je veux bien J-P, mais il faut savoir où on va !
J-P : Pas de souci, vous aurez une carte et une boussole. Il y a aussi une trousse secours et trois fusées d’alerte pour les secours éventuels.
Ale : Heureusement. Et pour la bouffe, on fait comment ?
Fab : Vous aurez des rations de survie, du pain, de la confiture et du fromage.
Moi : Je crois que ce n’est pas mal, mais n’oubliez pas de quoi vous couvrir : il fait très froid la nuit, prenez un ou deux pulls de plus.
Fab : Très bien Phil, tu as parfaitement raison. Puis s’il vous reste des fruits secs, prenez-les avec vous, c’est un très bon remontant !
J-P : Voilà, plus de question ? Si vous voulez, je veux voir un représentant par équipe dans dix minutes devant ma tente.
Tous : Allez les gars, prêt pour l’aventure ! »
Je suis tout excité de pouvoir déambuler en montagne en équipe. Je sais que je suis avec Ben et Gaby, ils sont super sympas tous les deux et puis mon Ben, je l’aime ! J’ai encore des fruits secs, il ne faut pas que je les oublie. Puis j’ai des barres énergétiques, je dois en avoir au moins six, ça fera deux barres chacun !
C’est Gaby qui va devant la tente de Jean-Pierre, comme délégué de l’équipe, pour y recevoir la carte militaire de la région, les renseignements concernant l’itinéraire le plus sûr pour nous avec les indications des refuges et des cabanes de bergers. C’est très important de savoir où on va mettre les pieds et aussi d’avoir une idée des refuges possibles en cas de mauvais temps ou autres pépins que nous pourrions avoir.
Un fois arrivé à notre campement, j’ai assis Ben devant le feu qui se consume. Nos deux amis suisses se sont assis à ses côtés, pendant que je remets une bûche sur le feu. Jean-Pierre se trouve alors un peu à l’écart. Il observe de loin ce qu’il se passe. Il sait très bien que nous sommes, nos deux amis et moi, capables de venir en aide à Benoît. Les larmes de mon amour cessent de déferler. Son tee-shirt est imprégné de liquide lacrymal.
De mon côté j’ai mal au cœur, je me rends compte que Ben vient de comprendre l’incidence que peut avoir une attaque homophobe sur un être humain, homo de surcroit, cible vivante d’un détraqué qui n’a rien compris au genre humain. Je commence à avoir des larmes qui me montent aux yeux. Je sens mon ami Benoît en détresse et je ne sais plus quoi lui dire, comme si j’étais paralysé. Je suis à bout, plein d’images, que j’aurais voulu ne plus voir, reviennent à mon esprit. Je suis dévasté, tout comme Benoît !
Jean-Pierre se rend compte de ce qui se trame devant lui, il sait que rien ne sera plus comme avant. Il voit que Benoît n’a jamais été confronté à une telle expérience et qu’il se rend compte qu’il a échappé à un « désastre » émotionnel immense. Il voit aussi que je suis au bord de la crise de nerf, il fait alors appel à Gaby qui est déjà dans la tente, occupé à mettre son pyjama.
Je peux voir la tête de Gaby, très vite il a les yeux humides. On peut sentir qu’il est lui aussi très mal de nous voir Ben et moi dans cet état. Il vient se mettre entre nous. Il nous prend par les épaules et avec ses mains il place nos visages tout contre ses joues. D’une voix calme, il nous dit :
Gab : « Ben, Phil, je suis là, je suis là pour vous mes amis ! »
Personne ne dit plus rien. Pour toute réponse c’est le silence. Personne ne dit vraiment plus rien. L’ambiance devient pesante. Il y a cinq minutes à peine c’étaient les rires et la joie d’une veillée réussie et maintenant ce n’est que tristesse et pleurs.
Gab : « Ben, Phil, je suis là, je suis là pour vous !
Moi : Merci Gaby. Si tu savais comme j’ai peur pour Ben !
Gab : Je le vois Phil. Ben vient de prendre, toute l’homophobie du monde en pleine gueule. Il se rend compte de ce que tu as vécu. Il ne savait pas !
Moi : J’en suis malade Gaby. Je ne sais plus ... »
Je viens de m’effondrer, en pleurs, à côté de mon ami Ben, à côté de mon amour, ne sachant que faire tellement j’ai mal pour lui. C’est un mal si profond, si vif. Je sais ce que ressent Ben, je l’ai vécu moi aussi. Le sentiment d’abandon, d’avoir mal fait, d’être à l’origine du déferlement de haine, de ne plus savoir où on en est. Puis le sentiment d’impuissance face à cette réalité qui nous dépasse.
Gab : « Phil calme toi, tu sais qu’il faut que tu sois fort pour aider Benoît. Je t’en conjure Phil, reprends-toi, ton ami a besoin de toi !
Moi : Gaby, Gaby, j’ai peur !
Gab : Phil il faut te reprendre, ne baisse pas les bras !
Moi : Je n’en peux plus Gaby, tu crois que c’est si facile d’être homo !
Gab : Que veux-tu que je te dise Phil. Je suis ton ami et je veux t’aider, je ne sais pas me mettre à ta place, mais je peux t’aider malgré tout, car tu es mon ami et comme ami, je t’aime !
J’entends ses derniers mots « ami je t’aime ». Des larmes viennent une nouvelle fois mouiller mes joues et ensuite mon tee-shirt. Enfin, je me ressaisis et je regarde Gaby dans les yeux. Je vois toute la détresse qui en émane, je sens, qu’il va lui aussi s’effondrer, car il est à bout. Il sait très bien que nous sommes tellement fragiles, Ben et moi, à la merci du moindre événement homophobe. Quand il voit, que je le regarde enfin dans les yeux avec insistance, il commence à pleurer, à m’implorer, à me demander de réagir positivement, à me ressaisir. Je ne sais pas pourquoi, mais je souris. Je comprends alors qu’il faut que je me bouge, que je réagisse, pour Ben. C’est Ben qui est mal, le plus mal.
Sans un mot, juste avec un regard, Gaby sait que je vais enfin passer outre et que je vais aller de l’avant. Je me reprends, enfin ! D’abord s’occuper de Ben. Je prends Ben dans mes bras et je lui susurre à l’oreille que je suis là pour lui, ainsi que Gaby. Ben met sa tête dans le creux de mon épaule. Il cesse de pleurer et reste immobile, ainsi calé contre mon corps. Gaby s’est placé de l’autre côté et place son bras dans le bas du dos de Ben. Je tente de faire passer toute la chaleur de mon amour, de mon corps, vers mon Ben d’amour. Je prends sa main et l’enserre dans la mienne. Je sens moi aussi comme un influx qui passe de main en main. C’est comme si nous étions connectés. La respiration de Ben s’est ralentie, il semble plus serein. Nous restons Gaby et moi avec Ben, enlacés, en communion, durant un bon quart d’heure. Puis, enfin, Ben me donne un bisou sur la joue et il fait de même du côté de Gaby. J’embrasse mon Benoît, mon amour, sur les lèvres. Gaby lui donne un baiser sur la joue. Nous nous levons tous les trois.
Pas un mot n’est prononcé, juste un geste de la main ou un clin d’œil est échangé. Jean-Pierre nous fait un signe de la main. Raphaël et Christian, qui étaient restés près de nous, nous font un signe de la main et un bisou avec la main : ayant déposé leurs lèvres sur leur main avant de souffler ce bisou vers nous.
Avec Gaby, nous avons mis nos avant-bras sous ceux de Ben pour l'aider à se diriger vers notre tente et l'aider à s'allonger, une fois déshabillé. Et en moins de dix minutes, il s'endort déjà, exténué. Son joli visage se détend peu à peu et le voilà maintenant tout à fait endormi entre Gaby et moi, entre nous, puisant la chaleur qui émanait de nos corps pour réchauffer le sien ! Et quelques minutes plus tard, je parviens à m’endormir à mon tour, après un grand sourire adressé à Gaby.
Chapitre 4.
Trek en montagne.
Le réveil est assez pénible. Ben a bougé durant toute la nuit. Gaby et moi nous n’avons pas beaucoup dormi. Bon, ce n’est pas grave, on s’en remettra. Ben ouvre enfin les yeux. Il présente des cernes sous ses yeux bleus. Je lui fais un énorme sourire et je pose mes lèvres sur les siennes. Nous nous faisons un petit bisou. Puis Gaby lui caresse la joue en guise de bonjour. Nous n’avons pas échangé un mot. Seulement des regards, ils sont remplis de tellement de sentiments qu’il n’est nul besoin de mot pour se comprendre. Puis c’est Ben qui rompt le silence :
Ben : « Merci Phil, merci Gaby. J’ai eu tellement peur, j’ai eu une telle angoisse hier soir. Je ne comprends pas comment tu as pu continuer …à … vivre Phil ! C’est si dur, si monstrueux ! Désolé ! »
J’ai eu peur que Ben ne fonde en larmes, ça s’est joué à un rien, mais il ne s’effondre pas !
Moi : « Pas de souci Ben, je vais mieux, bien que parfois je sois un peu ému, avec ce que je vois ou ce que je perçois. Mais c’est toi qui m’a fait peur. Ne t’inquiète pas Ben, ça va !
Gab : Tu m’as fait peur Ben. Je ne sais pas te dire grand-chose, si ce n’est que je suis là pour toi et pour Phil.
Ben : Merci Gaby, merci à vous deux. Je vais me ressaisir, ça va aller ce matin. Bon je pense qu’il est temps de se lever !
Moi : Bien sûr qu’il est temps ! Alors faignasse, on se prélasse dans son sac de couchage ! (Sur le ton de l’ironie).
Ben : Tu t’es vu, tu es encore couché, paresseux. Et toi Gaby, ce n’est pas mieux ! »
Nous nous sommes mis à rire. Je retrouvais enfin mon Ben d’amour un peu plus alerte que la veille. Il semble aller mieux. Je compte garder un œil sur lui. Il est temps, nous nous levons. Nous allons prendre une bonne douche. Il y a un peu de monde, mais au bout d’un quatre d’heure, nous nous lavons sous la douche. Je suis dans l’une d’entre elles avec mon Ben, et Gaby est dans celle d’à côté avec Alex, qui est venu nous rejoindre.
Nous sommes de retour au campement pour le petit-déjeuner. Il y a comme d’habitude du café, du chocolat chaud, du pain, de la confiture et du chocolat à tartiner. Nous mangeons d’un bon appétit. Alex vient près de moi et me demande comment va Ben. Je lui dis que ça devrait aller, que j’ai un œil sur lui tout comme Gaby, Alex semble rassuré. Jean-Pierre n’a rien perdu de nos palabres, il sait que nous sommes attentifs au bien être de Ben et des autres aussi !
Le repas est terminé. Jean-Pierre et Fabrice se placent devant la troupe réunie. C’est à Fabrice à prendre la parole.
Fab : « Alors les « pi » ça va ?
Tous : Oui, ça va !
Fab : Les travaux vont tellement vite sur le chantier, que nous ne devrons peut-être plus y retourner pour y creuser et y travailler.
Tous : Hourra, hourra, hourra !
Fab : Nous allons profiter de ces trois jours pour aller en montagne.
Tous : Oh oui, c’est super.
Fab : C’est de la randonnée en moyenne montagne, plus de glacier, ni de grimpe !
Tous : On est partant.
J-P : Très bien les gars. Donc c’est en équipe que vous allez passer ces trois jours. Je compte sur vous pour rester unis et faire attention aux conditions climatiques.
Tous : On sait J-P !
J-P : Je parle du brouillard. En cas de brouillard, on ne bouge plus, on reste sur place et on plante sa tente ou on est dans une cabane !
Ale : Je veux bien J-P, mais il faut savoir où on va !
J-P : Pas de souci, vous aurez une carte et une boussole. Il y a aussi une trousse secours et trois fusées d’alerte pour les secours éventuels.
Ale : Heureusement. Et pour la bouffe, on fait comment ?
Fab : Vous aurez des rations de survie, du pain, de la confiture et du fromage.
Moi : Je crois que ce n’est pas mal, mais n’oubliez pas de quoi vous couvrir : il fait très froid la nuit, prenez un ou deux pulls de plus.
Fab : Très bien Phil, tu as parfaitement raison. Puis s’il vous reste des fruits secs, prenez-les avec vous, c’est un très bon remontant !
J-P : Voilà, plus de question ? Si vous voulez, je veux voir un représentant par équipe dans dix minutes devant ma tente.
Tous : Allez les gars, prêt pour l’aventure ! »
Je suis tout excité de pouvoir déambuler en montagne en équipe. Je sais que je suis avec Ben et Gaby, ils sont super sympas tous les deux et puis mon Ben, je l’aime ! J’ai encore des fruits secs, il ne faut pas que je les oublie. Puis j’ai des barres énergétiques, je dois en avoir au moins six, ça fera deux barres chacun !
C’est Gaby qui va devant la tente de Jean-Pierre, comme délégué de l’équipe, pour y recevoir la carte militaire de la région, les renseignements concernant l’itinéraire le plus sûr pour nous avec les indications des refuges et des cabanes de bergers. C’est très important de savoir où on va mettre les pieds et aussi d’avoir une idée des refuges possibles en cas de mauvais temps ou autres pépins que nous pourrions avoir.