08-05-2021, 03:48 PM
Monsieur Martin avait fait s’asseoir tous les élèves présents. Puis il avait pris la parole :
M. Mar : « Je suis scandalisé par ce que je viens d’apprendre. Comment peut-on tomber si bas ! C’est si facile de s’en prendre aux autres quand ils sont différents. Le directeur est occupé de voir ce qu’il va faire concernant vos quatre condisciples. Je pense que pour deux d’entre eux ce sera l’exclusion. Quel dommage à moins de six semaines de examens !
J’avais levé le doigt pour prendre la parole. Mr Martin me donna alors l’autorisation de parler :
Moi : Je suis désolé Mr Martin, mais je devais défendre Justin et me défendre. J’espère que vous en êtes conscient. Puis je veux ajouter que Maximilien et Romuald n’ont rien fait, leur seul tort c’est d’avoir suivi les deux autres.
M. Mar : Je n’en doute pas Philippe, je sais ce qui s’est passé, le surveillant de la cour m’a déjà tout expliqué. Puis je suis content de voir que tu parviens à te défendre et que tu es resté très correct. Puis maintenant tu défens deux gars qui t’avaient rejeté. Là, je ne te suis plus.
Moi : Monsieur Martin, je suis certain qu’il y a quelque chose d’autre qui font que Max et Romuald sont comme ça ; je pense qu’ils sont sous l’influence de Didier et de Marius.
M. Mar : C’est bien possible, mais ils devraient un jour comprendre qu’on peut aussi avoir ses opinions et ne pas suivre les autres même s’ils sont dominateurs ! Merci Philippe pour ton intervention. Les filles, comment allez-vous ?
Mar : (en pleurs) Nous n’avons rien fait, nous étions là tranquillement et c’est Didier qui nous a attaqué. Heureusement que les trois garçons étaient avec nous.
M. Mar : Je ne sais pas exactement le pourquoi de cette agression verbale dont je n’ai pas eu beaucoup d’écho, mais si j’ai bien compris cela fait partie de votre vie privée !
Isa : Oui Monsieur Martin, cela ne regarde que Marie et moi.
M. Mar : J’entends bien et je vous laisse tranquille. Je pense que l’incident est clos. »
Monsieur Martin avait alors commencé son cours. Il avait distribué une feuille d’exercices en vue d’évaluer le niveau de la classe avant les examens. Nous étions donc occupés à faire les exercices de math quand le directeur, accompagné de Maximilien et Romuald, est entré dans la classe. Le directeur avait demandé à Marie et Isabelle si elles voulaient parler de ce qui s’était passé. Elles n’avaient pas envie de parler des injures reçues. Puis le directeur avait dit à la classe que Max et Rom pouvaient réintégrer la classe suite aux informations qu’ils avaient communiqué. Puis il avait ajouté que si l’un ou l’autre voulait s’expliquer, qu’il était temps pour que toute la classe sache de quoi il retournait.
Maximilien avait alors pris place devant la classe. Il était rouge et semblait trembler. Puis d’une voix roque il avait dit :
Max : « Je suis désolé pour ce qui s’est passé ce matin. Puis pour ce qui s’est passé avec Phil. En fait j’avais peur de Didier et de Marius. Je voulais être avec eux et être leur ami, car si non, s’ils avaient su que je suis…que je suis gay, ils s’en seraient pris à moi comme il l’on fait avec Phil. Je suis tellement désolé !
Max s’était effondré en larmes devant nous. Il était anéanti, sans réaction, complètement vulnérable. Romuald, lui aussi était rouge, il était fébrile. De mon côté, je savais ce qu’il allait dire, j’en étais convaincu, c’était le petit ami de Max. Rom s’était alors avancé devant la classe et il avait pris la parole :
Rom : Bon voilà, je suis aussi désolé que Max. Pour moi c’était la même chose. En deux mots, je suis gay et mon petit ami c’est Max !
Dans la classe on pouvait entendre un murmure du style « oh ». J’avais donc eu raison, je savais que ces deux-là n’étaient pas si mauvais. Ils avaient seulement peur du regard des autres, d’avouer qu’ils étaient homos et surtout sous l’emprise des deux autres. Monsieur le directeur avait ajouté que les deux autres avaient eu une sanction, soit un renvoi de dix jours pour comportement agressif et injurieux. Puis il laissa le soin à Monsieur Martin de reprendre son cours.
M. Mar : Voilà, ce qui devait arriver est effectivement arrivé. Vous me connaissez bien et vous savez que je n’ai jamais ma langue en poche, quand j’ai quelque chose à dire et bien je le dis. Vous avez eu du courage Maximilien et Romuald d’avouer à toute la classe que vous étiez homosexuels. Vous avez été influencés par deux autres camarades qui sont, on peut le dire, homophobes. Vous aviez peur d’eux. J’en connais un autre qui lui évolue et qui prend de plus en plus d’assurance. Il a très bien agi aujourd’hui, chez votre camarade Philippe. Il m’impressionne, dieu sait qu’il a eu difficile, qu’il a dû faire face à beaucoup de problèmes et de situations. Mais il assume.
Moi : Merci Monsieur Martin. Puis-je encore ajouter quelques mots ?
M. Mar : Pas de problème Philippe.
Moi : Je me doutais bien depuis pas mal de temps que vous étiez ce qu’on appelle « différents ». Vous êtes comme moi, vous êtes homos. Ce n’est pas une tare, c’est seulement la nature qui a voulu ça. Vous n’en êtes nullement responsables, ni même vos parents. Ne l’oubliez jamais. Pour les autres, ceux qui se pensent être « normaux », n’oubliez jamais que vous aurez probablement des enfants et que si plus tard, un jour, vous allez avoir votre fils ou votre fille qui vous annonce qu’il est homosexuel ou qu’elle est homosexuelle, qu’allez-vous faire ! Vous allez le ou la rejeter, ou alors vous allez l’aimer tel qu’il est ou telle qu’elle est !
J’avais à peine fini de parler que mon visage était inondé de larmes ! J’étais tellement présent et impliqué dans cette annonce que je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais été au-delà de ce que je voulais dire, de ce que je voulais exprimer. Puis c’est toute la classe qui avait applaudi. J’étais comme hors du temps, sur un nuage, planant au-dessus de la classe. C’étaient mes tripes qui avaient parlé !
Marie s’était alors levée. Elle avait dit :
Mar : Merci Phil. Merci à toi mon ami, mon confident, comme moi qui suis ta confidente. Comme Monsieur Martin l’a souligné, tu évolues, tu grandis mon super ami. Je vais vous confier à vous tous ceci : oui je suis lesbienne, oui ma petite amie c’est Isabelle ; désolé ma chère, mais je dois vider mon sac. Phil était au courant depuis des mois et jamais, au grand jamais il n’en a parlé à personne, il a toujours gardé mon secret. Lui, lui c’est un véritable ami et je vous souhaite à tous d’en avoir un comme lui. Je l’ai soutenu dans les moments difficiles et lui aussi il a été d’un réconfort indéniable pour moi et pour Isabelle. Voilà, vous savez tout sur moi. Puis Phil vous a expliqué, on ne devient pas homo, on nait comme ça !
M. Mar : Merci Marie, si tu veux, ce n’est pas une obligation, tu peux toujours prendre contact avec moi, mais je crois que Phil, comme vous l’appelez, est d’un grand secours pour vous !
Isa : Désolé de prendre la parole, mais je confirme ce que Marie vous a dit. Oui je suis lesbienne et j’aime Marie. Phil qui est dans la même classe a toujours gardé le secret, il a été d’une gentillesse pour nous. Je vais même vous dire que nous connaissons son petit-ami, lui aussi est une personne très attachante. Nous avons passé, tous ensemble un très beau séjour à Venise. Alors, si vous croyez que c’est facile de vivre ce que nous vivons, prenez, ne fusse qu’un jour, notre place dans la vie.
Max : Je suis tellement désolé les filles, je m’en excuse. Je sais que c’est impardonnable !
Mar : Mais je ne t’en veux pas Max, le tout c’est que tu intègres bien qu’être différent implique beaucoup de sacrifice et d’attention pour ne pas choquer les gens et je dois le reconnaitre c’est plus difficile pour vous les garçons.
La sonnerie de fin des cours venait de retentir. Contrairement aux habitudes, tous les élèves étaient restés assis à leur place.
Rom : Je sais ce que tu veux dire Marie. J’avais tellement peur que si Didier et Marius apprennent que je suis homo, qu’ils s’en prennent à moi et en plus à Max. Je suis tellement désolé.
Moi : Mais Rom, tu sais que je me doutais que tu étais gay. Tu sais ce genre de chose se ressent, ne te fait pas d’illusion. C’est la même chose pour toi Max. La seule chose maintenant c’est que vous devez faire attention à votre attitude en société. Ne surtout pas vous exhiber en public, il y un homophobe qui peut surgir de n’importe où. Je sais de quoi je parle. Si vous avez besoin de conseil, je suis là, disponible pour vous aider.
Rom : Merci Phil. Je viens de découvrir que tu étais un mec super sympa. J’ai vraiment été con de m’en prendre à toi. Désolé mec !
Moi : Mais de rien, le tout c’est que vous tous, hétéros, homos ou même bi, vous puissiez comprendre et admettre que votre voisin, votre ami, votre frère ou votre sœur puisse être « différent ». Le tout c’est de pouvoir accepter et aimer ceux qui sont différents, comme des frères.
M. Mar : Merci Philippe pour ton intervention. Les cours sont finis depuis près d’un bon quart d’heure. Je vois que vous êtes tous impliqués dans ce qui vient de se dérouler. Vous êtes maintenant un peu plus informés sur les choses de la vie et vous savez qu’il y a des personnes qui sont confrontées quotidiennement aux regards désapprobateurs des autres. Je me tiens à votre disposition si vous rencontrez le moindre problème. Bonne soirée à vous !
Tous : Merci Monsieur Martin ».
Nous avions une chance inouïe d’avoir un prof comme Monsieur Martin. Nous ne le connaissions pas plus que ça, nous ne savions rien sur sa vie, mais nous savions qu’il était ouvert aux autres et toujours prêt à rendre service.
A la sortie de la cour de l’école, beaucoup de mes camarades de classe restaient auprès de nous, soit auprès de Marie, Isabelle, Justin et moi. C’est Max qui m’avait fait un signe de venir près de lui. Je l’avais rejoint.
Moi : « Oui Max, tu voulais me parler ?
Max : Je voulais m’excuser pour tout le mal que je t’ai fait et ensuite te dire merci pour ce que tu as dit.
Moi : Tu sais Max, ne soit pas désolé. Je sais qu’être homo n’est pas une sinécure. Il faut faire attention à ce qu’on dit, à ce qu’on fait, … etc.
Rom était venu nous rejoindre. Il était au bord des larmes. Il était rouge comme une pivoine, il était assez bouleversé. Il avait alors dit :
Rom : Je ne sais quoi te dire. La seule chose, c’est merci pour ce qui tu nous as dit en classe.
Moi : Mais ça venait du fond du cœur Rom. Tu ne me connais pas assez, mais j’espère que nous pourrons être un jour amis ! »
Max et Rom s’étaient rejoints, ils s’étaient donné un petit bisou sur la bouche. Puis je les avais rejoints pour leur faire un câlin. J’avais été suivi par Marie, Isabelle et Justin. Nous étions à six, enlacés, occupés à nous consolés l’un l’autre. Nous nous en foutions des autres élèves, au moins ils avaient pu se rendre compte des liens qui peuvent se tisser entre des personnes « différentes ».
J’étais rentré plus tard que d’habitude à la maison. Maman se demandait ce qui était arrivé de même que Jean. Je voyais qu’ils étaient inquiets. Pour les rassurer j’avais un large sourire aux lèvres. J’avais déposé mon cartable dans le hall d’entrée et j’avais pris place avec eux à la table de la cuisine. Jean avait déjà pris son goûter. Maman m’avait donné deux parts de cake et une tasse de cacao. J’avais alors expliqué ma journée et les incidents qui s’étaient produits. Jean ouvrait des yeux grands comme des soucoupes et maman restait bouche bée. Ils étaient tous deux étonnés de la façon dont les événements s’étaient déroulés et les réponses y apportées. Enfin ils étaient rassurés quant à mon état d’esprit et ma persévérance à aller de l’avant. Ils voyaient enfin que j’allais bien mieux depuis quelques temps.
J’étais monté dans ma chambre pour être un peu seul et ainsi faire le point sur ma journée. J’avais à peine pris le temps de m’installer sur mon lit que maman frappait à la porte de ma chambre pour me dire qu’un élève de ma classe avait téléphoné et qu’il attendait au bout du fil. J’étais allé prendre le combiné dans le hall d’entrée de la maison. C’était Max qui était au bout du fil. Il souhaitait encore s’excuser et me demander pardon. Il était avec Romuald et lui aussi était très mal dans sa peau. J’avais bien dit que je ne leur en voulais pas et qu’ils devaient aller de l’avant. Max m’avait demandé s’il pouvait me voir en dehors de l’école et que Rom était lui aussi intéressé à me rencontrer. Je ne savais quoi leur dire. Puis j’avais eu l’idée de demander à maman s’ils pouvaient venir souper à la maison. J’avais exposé rapidement mes intentions à maman, qui avait tout de suite été d’accord. J’avais donc invité Max et Rom à venir souper. Une fois mon adresse communiquée, ils m’avaient dit qu’ils seraient là dans une bonne demi-heure.
Une fois le combiné raccroché, Maman m’avait donné un bisou sur le front. Je savais que cela voulait dire qu’elle m’aimait mais que j’étais une nouvelle fois le bon samaritain. Elle savait que c’était important pour moi. Elle avait compris que j’avais besoin de faire attention aux autres et que je voulais m’impliquer dans le bienêtre de mes amis et de ceux qui avaient besoin de soutien.
Mes deux camarades étaient arrivés vers dix-huit heures trente. Maman les avaient accueillis comme elle le faisait d’habitude. Nous nous étions installés au salon. C’est alors que ma sœur Anne rentrait après sa journée de cours. Elle fut étonnée de voir les deux gars, mais elle était habituée de certains imprévus, elle les avait salués tout simplement.
Pendant que maman préparait le souper, j’avais discuté avec Max et Rom. Ils étaient un peu perdus, ils ne savaient plus où ils en étaient. J’avais expliqué que c’était normal de se poser un tas de questions. Je tentais de leur apporter des réponses à leurs interrogations. Je les rassurais autant que possible. Puis j’avais eu l’idée d’inviter Ben pour souper. Ils auraient alors pu se rendre compte que vivre en tant qu’homosexuel n’était pas évident mais qu’il fallait mettre en place un modus vivendi pour ne pas déraper.
J’avais demandé à maman si je pouvais inviter Ben en plus, qu’il était important qu’il soit là lui aussi. Je m’étais inquiété de savoir si maman avait assez pour donner à manger à autant de monde. Maman m’avait alors donné un baiser sur le front, c’était pour moi un signe très fort. J’avais ensuite téléphoné à Ben, je lui avais fait un topo de la situation et de suite il avait accepté. Dix minutes plus tard Ben était là, en âge après avoir foncé à vélo pour nous rejoindre.
Avant que papa ne rentre, maman nous avait laissé tranquille. Ben, qui avait été mis au parfum, avait exposé son point de vue, lequel n’était pas si éloigné du mien. Nous avions parlé de beaucoup de choses, de sexualité bien entendu, mais surtout de la vie affective, de bonheur, de complicité, de tendresse et d’autres choses. Nos deux comparses étaient contents d’entendre ce que nous pensions, ce que nous ressentions. Ils avaient compris le sens de ce que c’était l’amour au sens noble du terme. Qu’il n’y avait pas que le sexe, mais bien plus et que ce plus était en fait le ciment d’une relation durable ; c’étaient la confiance, la tolérance, la sensibilité, le respect et la patience qui importaient avant le sexe. Bien entendu qu’il fallait de l’amour physique dans toute relation, qu’elle soit hétéro ou homo, et c’était normal. C’est alors Max qui avait expliqué qu’aucun des parents n’étaient au courant de leur liaison naissante. J’avais alors demandé où ils en étaient et comme réponse Rom m’avait dit qu’ils en étaient au début, soit des bisous et même des baisers avec la langue, des caresses et quelques masturbations mutuelles, mais rien de plus. Ils ne savaient pas trop où ils en étaient !
Papa était rentré vers dix-neuf heures. La table avait été apprêtée par maman et Anne. Comme à son habitude papa était d’abord passé par la cuisine. Il avait salué les filles. (Maman était considérée comme une fille. Mdr.). Maman lui avait dit qu’il y avait de la visite, deux élèves de la classe de Phil et Benoit. Papa était entré dans le living. Il avait dit bonjour à mes deux compagnons et à Ben.
J’avais alors présenté mes deux camarades de classe à papa et j’avais aussi précisé qu’ils étaient homos. J’avais aussi expliqué dans les grandes lignes l’incident qui s’était déroulé durant la matinée à l’école. Papa avait son air dubitatif. Il avait attendu un moment avant de prendre la parole.
M. Mar : « Je suis scandalisé par ce que je viens d’apprendre. Comment peut-on tomber si bas ! C’est si facile de s’en prendre aux autres quand ils sont différents. Le directeur est occupé de voir ce qu’il va faire concernant vos quatre condisciples. Je pense que pour deux d’entre eux ce sera l’exclusion. Quel dommage à moins de six semaines de examens !
J’avais levé le doigt pour prendre la parole. Mr Martin me donna alors l’autorisation de parler :
Moi : Je suis désolé Mr Martin, mais je devais défendre Justin et me défendre. J’espère que vous en êtes conscient. Puis je veux ajouter que Maximilien et Romuald n’ont rien fait, leur seul tort c’est d’avoir suivi les deux autres.
M. Mar : Je n’en doute pas Philippe, je sais ce qui s’est passé, le surveillant de la cour m’a déjà tout expliqué. Puis je suis content de voir que tu parviens à te défendre et que tu es resté très correct. Puis maintenant tu défens deux gars qui t’avaient rejeté. Là, je ne te suis plus.
Moi : Monsieur Martin, je suis certain qu’il y a quelque chose d’autre qui font que Max et Romuald sont comme ça ; je pense qu’ils sont sous l’influence de Didier et de Marius.
M. Mar : C’est bien possible, mais ils devraient un jour comprendre qu’on peut aussi avoir ses opinions et ne pas suivre les autres même s’ils sont dominateurs ! Merci Philippe pour ton intervention. Les filles, comment allez-vous ?
Mar : (en pleurs) Nous n’avons rien fait, nous étions là tranquillement et c’est Didier qui nous a attaqué. Heureusement que les trois garçons étaient avec nous.
M. Mar : Je ne sais pas exactement le pourquoi de cette agression verbale dont je n’ai pas eu beaucoup d’écho, mais si j’ai bien compris cela fait partie de votre vie privée !
Isa : Oui Monsieur Martin, cela ne regarde que Marie et moi.
M. Mar : J’entends bien et je vous laisse tranquille. Je pense que l’incident est clos. »
Monsieur Martin avait alors commencé son cours. Il avait distribué une feuille d’exercices en vue d’évaluer le niveau de la classe avant les examens. Nous étions donc occupés à faire les exercices de math quand le directeur, accompagné de Maximilien et Romuald, est entré dans la classe. Le directeur avait demandé à Marie et Isabelle si elles voulaient parler de ce qui s’était passé. Elles n’avaient pas envie de parler des injures reçues. Puis le directeur avait dit à la classe que Max et Rom pouvaient réintégrer la classe suite aux informations qu’ils avaient communiqué. Puis il avait ajouté que si l’un ou l’autre voulait s’expliquer, qu’il était temps pour que toute la classe sache de quoi il retournait.
Maximilien avait alors pris place devant la classe. Il était rouge et semblait trembler. Puis d’une voix roque il avait dit :
Max : « Je suis désolé pour ce qui s’est passé ce matin. Puis pour ce qui s’est passé avec Phil. En fait j’avais peur de Didier et de Marius. Je voulais être avec eux et être leur ami, car si non, s’ils avaient su que je suis…que je suis gay, ils s’en seraient pris à moi comme il l’on fait avec Phil. Je suis tellement désolé !
Max s’était effondré en larmes devant nous. Il était anéanti, sans réaction, complètement vulnérable. Romuald, lui aussi était rouge, il était fébrile. De mon côté, je savais ce qu’il allait dire, j’en étais convaincu, c’était le petit ami de Max. Rom s’était alors avancé devant la classe et il avait pris la parole :
Rom : Bon voilà, je suis aussi désolé que Max. Pour moi c’était la même chose. En deux mots, je suis gay et mon petit ami c’est Max !
Dans la classe on pouvait entendre un murmure du style « oh ». J’avais donc eu raison, je savais que ces deux-là n’étaient pas si mauvais. Ils avaient seulement peur du regard des autres, d’avouer qu’ils étaient homos et surtout sous l’emprise des deux autres. Monsieur le directeur avait ajouté que les deux autres avaient eu une sanction, soit un renvoi de dix jours pour comportement agressif et injurieux. Puis il laissa le soin à Monsieur Martin de reprendre son cours.
M. Mar : Voilà, ce qui devait arriver est effectivement arrivé. Vous me connaissez bien et vous savez que je n’ai jamais ma langue en poche, quand j’ai quelque chose à dire et bien je le dis. Vous avez eu du courage Maximilien et Romuald d’avouer à toute la classe que vous étiez homosexuels. Vous avez été influencés par deux autres camarades qui sont, on peut le dire, homophobes. Vous aviez peur d’eux. J’en connais un autre qui lui évolue et qui prend de plus en plus d’assurance. Il a très bien agi aujourd’hui, chez votre camarade Philippe. Il m’impressionne, dieu sait qu’il a eu difficile, qu’il a dû faire face à beaucoup de problèmes et de situations. Mais il assume.
Moi : Merci Monsieur Martin. Puis-je encore ajouter quelques mots ?
M. Mar : Pas de problème Philippe.
Moi : Je me doutais bien depuis pas mal de temps que vous étiez ce qu’on appelle « différents ». Vous êtes comme moi, vous êtes homos. Ce n’est pas une tare, c’est seulement la nature qui a voulu ça. Vous n’en êtes nullement responsables, ni même vos parents. Ne l’oubliez jamais. Pour les autres, ceux qui se pensent être « normaux », n’oubliez jamais que vous aurez probablement des enfants et que si plus tard, un jour, vous allez avoir votre fils ou votre fille qui vous annonce qu’il est homosexuel ou qu’elle est homosexuelle, qu’allez-vous faire ! Vous allez le ou la rejeter, ou alors vous allez l’aimer tel qu’il est ou telle qu’elle est !
J’avais à peine fini de parler que mon visage était inondé de larmes ! J’étais tellement présent et impliqué dans cette annonce que je ne m’étais même pas rendu compte que j’avais été au-delà de ce que je voulais dire, de ce que je voulais exprimer. Puis c’est toute la classe qui avait applaudi. J’étais comme hors du temps, sur un nuage, planant au-dessus de la classe. C’étaient mes tripes qui avaient parlé !
Marie s’était alors levée. Elle avait dit :
Mar : Merci Phil. Merci à toi mon ami, mon confident, comme moi qui suis ta confidente. Comme Monsieur Martin l’a souligné, tu évolues, tu grandis mon super ami. Je vais vous confier à vous tous ceci : oui je suis lesbienne, oui ma petite amie c’est Isabelle ; désolé ma chère, mais je dois vider mon sac. Phil était au courant depuis des mois et jamais, au grand jamais il n’en a parlé à personne, il a toujours gardé mon secret. Lui, lui c’est un véritable ami et je vous souhaite à tous d’en avoir un comme lui. Je l’ai soutenu dans les moments difficiles et lui aussi il a été d’un réconfort indéniable pour moi et pour Isabelle. Voilà, vous savez tout sur moi. Puis Phil vous a expliqué, on ne devient pas homo, on nait comme ça !
M. Mar : Merci Marie, si tu veux, ce n’est pas une obligation, tu peux toujours prendre contact avec moi, mais je crois que Phil, comme vous l’appelez, est d’un grand secours pour vous !
Isa : Désolé de prendre la parole, mais je confirme ce que Marie vous a dit. Oui je suis lesbienne et j’aime Marie. Phil qui est dans la même classe a toujours gardé le secret, il a été d’une gentillesse pour nous. Je vais même vous dire que nous connaissons son petit-ami, lui aussi est une personne très attachante. Nous avons passé, tous ensemble un très beau séjour à Venise. Alors, si vous croyez que c’est facile de vivre ce que nous vivons, prenez, ne fusse qu’un jour, notre place dans la vie.
Max : Je suis tellement désolé les filles, je m’en excuse. Je sais que c’est impardonnable !
Mar : Mais je ne t’en veux pas Max, le tout c’est que tu intègres bien qu’être différent implique beaucoup de sacrifice et d’attention pour ne pas choquer les gens et je dois le reconnaitre c’est plus difficile pour vous les garçons.
La sonnerie de fin des cours venait de retentir. Contrairement aux habitudes, tous les élèves étaient restés assis à leur place.
Rom : Je sais ce que tu veux dire Marie. J’avais tellement peur que si Didier et Marius apprennent que je suis homo, qu’ils s’en prennent à moi et en plus à Max. Je suis tellement désolé.
Moi : Mais Rom, tu sais que je me doutais que tu étais gay. Tu sais ce genre de chose se ressent, ne te fait pas d’illusion. C’est la même chose pour toi Max. La seule chose maintenant c’est que vous devez faire attention à votre attitude en société. Ne surtout pas vous exhiber en public, il y un homophobe qui peut surgir de n’importe où. Je sais de quoi je parle. Si vous avez besoin de conseil, je suis là, disponible pour vous aider.
Rom : Merci Phil. Je viens de découvrir que tu étais un mec super sympa. J’ai vraiment été con de m’en prendre à toi. Désolé mec !
Moi : Mais de rien, le tout c’est que vous tous, hétéros, homos ou même bi, vous puissiez comprendre et admettre que votre voisin, votre ami, votre frère ou votre sœur puisse être « différent ». Le tout c’est de pouvoir accepter et aimer ceux qui sont différents, comme des frères.
M. Mar : Merci Philippe pour ton intervention. Les cours sont finis depuis près d’un bon quart d’heure. Je vois que vous êtes tous impliqués dans ce qui vient de se dérouler. Vous êtes maintenant un peu plus informés sur les choses de la vie et vous savez qu’il y a des personnes qui sont confrontées quotidiennement aux regards désapprobateurs des autres. Je me tiens à votre disposition si vous rencontrez le moindre problème. Bonne soirée à vous !
Tous : Merci Monsieur Martin ».
Nous avions une chance inouïe d’avoir un prof comme Monsieur Martin. Nous ne le connaissions pas plus que ça, nous ne savions rien sur sa vie, mais nous savions qu’il était ouvert aux autres et toujours prêt à rendre service.
A la sortie de la cour de l’école, beaucoup de mes camarades de classe restaient auprès de nous, soit auprès de Marie, Isabelle, Justin et moi. C’est Max qui m’avait fait un signe de venir près de lui. Je l’avais rejoint.
Moi : « Oui Max, tu voulais me parler ?
Max : Je voulais m’excuser pour tout le mal que je t’ai fait et ensuite te dire merci pour ce que tu as dit.
Moi : Tu sais Max, ne soit pas désolé. Je sais qu’être homo n’est pas une sinécure. Il faut faire attention à ce qu’on dit, à ce qu’on fait, … etc.
Rom était venu nous rejoindre. Il était au bord des larmes. Il était rouge comme une pivoine, il était assez bouleversé. Il avait alors dit :
Rom : Je ne sais quoi te dire. La seule chose, c’est merci pour ce qui tu nous as dit en classe.
Moi : Mais ça venait du fond du cœur Rom. Tu ne me connais pas assez, mais j’espère que nous pourrons être un jour amis ! »
Max et Rom s’étaient rejoints, ils s’étaient donné un petit bisou sur la bouche. Puis je les avais rejoints pour leur faire un câlin. J’avais été suivi par Marie, Isabelle et Justin. Nous étions à six, enlacés, occupés à nous consolés l’un l’autre. Nous nous en foutions des autres élèves, au moins ils avaient pu se rendre compte des liens qui peuvent se tisser entre des personnes « différentes ».
J’étais rentré plus tard que d’habitude à la maison. Maman se demandait ce qui était arrivé de même que Jean. Je voyais qu’ils étaient inquiets. Pour les rassurer j’avais un large sourire aux lèvres. J’avais déposé mon cartable dans le hall d’entrée et j’avais pris place avec eux à la table de la cuisine. Jean avait déjà pris son goûter. Maman m’avait donné deux parts de cake et une tasse de cacao. J’avais alors expliqué ma journée et les incidents qui s’étaient produits. Jean ouvrait des yeux grands comme des soucoupes et maman restait bouche bée. Ils étaient tous deux étonnés de la façon dont les événements s’étaient déroulés et les réponses y apportées. Enfin ils étaient rassurés quant à mon état d’esprit et ma persévérance à aller de l’avant. Ils voyaient enfin que j’allais bien mieux depuis quelques temps.
J’étais monté dans ma chambre pour être un peu seul et ainsi faire le point sur ma journée. J’avais à peine pris le temps de m’installer sur mon lit que maman frappait à la porte de ma chambre pour me dire qu’un élève de ma classe avait téléphoné et qu’il attendait au bout du fil. J’étais allé prendre le combiné dans le hall d’entrée de la maison. C’était Max qui était au bout du fil. Il souhaitait encore s’excuser et me demander pardon. Il était avec Romuald et lui aussi était très mal dans sa peau. J’avais bien dit que je ne leur en voulais pas et qu’ils devaient aller de l’avant. Max m’avait demandé s’il pouvait me voir en dehors de l’école et que Rom était lui aussi intéressé à me rencontrer. Je ne savais quoi leur dire. Puis j’avais eu l’idée de demander à maman s’ils pouvaient venir souper à la maison. J’avais exposé rapidement mes intentions à maman, qui avait tout de suite été d’accord. J’avais donc invité Max et Rom à venir souper. Une fois mon adresse communiquée, ils m’avaient dit qu’ils seraient là dans une bonne demi-heure.
Une fois le combiné raccroché, Maman m’avait donné un bisou sur le front. Je savais que cela voulait dire qu’elle m’aimait mais que j’étais une nouvelle fois le bon samaritain. Elle savait que c’était important pour moi. Elle avait compris que j’avais besoin de faire attention aux autres et que je voulais m’impliquer dans le bienêtre de mes amis et de ceux qui avaient besoin de soutien.
Mes deux camarades étaient arrivés vers dix-huit heures trente. Maman les avaient accueillis comme elle le faisait d’habitude. Nous nous étions installés au salon. C’est alors que ma sœur Anne rentrait après sa journée de cours. Elle fut étonnée de voir les deux gars, mais elle était habituée de certains imprévus, elle les avait salués tout simplement.
Pendant que maman préparait le souper, j’avais discuté avec Max et Rom. Ils étaient un peu perdus, ils ne savaient plus où ils en étaient. J’avais expliqué que c’était normal de se poser un tas de questions. Je tentais de leur apporter des réponses à leurs interrogations. Je les rassurais autant que possible. Puis j’avais eu l’idée d’inviter Ben pour souper. Ils auraient alors pu se rendre compte que vivre en tant qu’homosexuel n’était pas évident mais qu’il fallait mettre en place un modus vivendi pour ne pas déraper.
J’avais demandé à maman si je pouvais inviter Ben en plus, qu’il était important qu’il soit là lui aussi. Je m’étais inquiété de savoir si maman avait assez pour donner à manger à autant de monde. Maman m’avait alors donné un baiser sur le front, c’était pour moi un signe très fort. J’avais ensuite téléphoné à Ben, je lui avais fait un topo de la situation et de suite il avait accepté. Dix minutes plus tard Ben était là, en âge après avoir foncé à vélo pour nous rejoindre.
Avant que papa ne rentre, maman nous avait laissé tranquille. Ben, qui avait été mis au parfum, avait exposé son point de vue, lequel n’était pas si éloigné du mien. Nous avions parlé de beaucoup de choses, de sexualité bien entendu, mais surtout de la vie affective, de bonheur, de complicité, de tendresse et d’autres choses. Nos deux comparses étaient contents d’entendre ce que nous pensions, ce que nous ressentions. Ils avaient compris le sens de ce que c’était l’amour au sens noble du terme. Qu’il n’y avait pas que le sexe, mais bien plus et que ce plus était en fait le ciment d’une relation durable ; c’étaient la confiance, la tolérance, la sensibilité, le respect et la patience qui importaient avant le sexe. Bien entendu qu’il fallait de l’amour physique dans toute relation, qu’elle soit hétéro ou homo, et c’était normal. C’est alors Max qui avait expliqué qu’aucun des parents n’étaient au courant de leur liaison naissante. J’avais alors demandé où ils en étaient et comme réponse Rom m’avait dit qu’ils en étaient au début, soit des bisous et même des baisers avec la langue, des caresses et quelques masturbations mutuelles, mais rien de plus. Ils ne savaient pas trop où ils en étaient !
Papa était rentré vers dix-neuf heures. La table avait été apprêtée par maman et Anne. Comme à son habitude papa était d’abord passé par la cuisine. Il avait salué les filles. (Maman était considérée comme une fille. Mdr.). Maman lui avait dit qu’il y avait de la visite, deux élèves de la classe de Phil et Benoit. Papa était entré dans le living. Il avait dit bonjour à mes deux compagnons et à Ben.
J’avais alors présenté mes deux camarades de classe à papa et j’avais aussi précisé qu’ils étaient homos. J’avais aussi expliqué dans les grandes lignes l’incident qui s’était déroulé durant la matinée à l’école. Papa avait son air dubitatif. Il avait attendu un moment avant de prendre la parole.