06-05-2021, 09:49 AM
Jean-Pierre avait alors énuméré ce que nous aurions l’occasion de faire comme bonnes-actions. Il y avait deux ou trois petits chantiers ne demandant que quatre ou cinq pionniers, ou alors du travail de jardinage dans une propriété privée avec en compensation une rétribution pécuniaire. Nous n’étions pas trop emballés par ces propositions. Puis Jean-Pierre avait gardé le meilleur pour la fin. Il nous exposait un projet assez spécial. Il s’agissait d’un camp international pionnier qui se déroulerait en Suisse alémanique durant lequel chaque troupe pionnier pouvait aider, à concurrence de trois journées, une famille dans le besoin, ou qui avait besoin d’aide tout simplement. D’un coup il y eu une explosion de cris, de paroles, tous les pionniers semblaient emballés par cette proposition.
Après deux à trois minutes de brouhaha, Jean-Pierre avait pu obtenir un semblant de silence. Il exposait alors les trois projets retenus. L’un consistait à creuser une tranchée pour apporter d’eau courante et le téléphone à une ferme isolée dont le fermier venait d’avoir un accident l’empêchant de travailler pour au moins six mois. La fermière devait s’occuper du bétail, des pâtures et des cultures et n’avait aucune aide extérieure et avait trois enfants trop jeunes que pour lui donner un coup de main.
Toute la troupe fut emballée par cette proposition. Jean-Pierre nous avait alors dit qu’il devait donner une réponse dans les cinq jours et que nous devions donc prendre une décision illico presto. Il avait suggéré de passer soit à un vote par bulletin (bout de papier) ou alors un vote à main levée. Toute la troupe avait opté pour le vote à main levée. Nous avions donc, pour ceux qui étaient d’accord, levé la main pour marquer notre accord sur ce projet. Il y avait eu douze voix pour de la part des pionniers et deux voix pour de la part du staff pionnier, soit l’unanimité. Nous avions tous applaudi.
Jean-Pierre avait ajouté qu’il aurait plus de renseignements concernant l’endroit, le nombre de postes pionniers impliqués, l’intendance, et les autres modalités indispensables pour mener à bien la réussite de ce camp extraordinaire. Nous devions attendre quinze jours ou trois semaines pour être tout à fait informé de ce qui nous attendrait.
J’étais super enthousiaste d’aller ainsi aider une famille ayant besoin d’aide et aussi aller en Suisse et rencontrer d’autres troupes pionniers d’autres pays. Ben lui aussi était super content de cette décision. Bref il y avait un large sourire sur les lèvres de nos compagnons de route.
La suite de la journée s’était déroulée en proposant certaines activités, du style coup de main pour les personnes âgées, que ce soient des visites pour personnes seules, des petits travaux de peinture, des aides ponctuelles au niveau des familles précarisées du quartier etc. Ben et moi nous avions opté pour une aide ponctuelle pour aider des familles et de visites chez des personnes âgées. Gabriel nous avait suivi dans cette démarche. Nous étions bel et bien une équipe et nous allions pouvoir « soulever le monde », façon de parler, nous allions apporter un peu de chaleur humaine à ceux qui en ont vraiment besoin.
C’est vers seize heures que Jean-Pierre avait placé sur la table du local des bouteilles de limonade et trois tartes. Des gobelets avaient été disposés ainsi que des assiettes à dessert. Puis il nous avait tous appelé à venir manger le « gouter de l’amitié ». Nous étions très étonnés de ce qui se passait, mais moi, je trouvais que c’était dans l’ordre des choses, commençant à bien connaitre Jean-Pierre.
Après ce gouter, nous avions remis le local en ordre. Nous ne voulions pas que les occupants suivants soient accueillis dans la saleté. Chacun y allait de son balai, de sa serpillère ou de sa ramassette. Le local était nickel, plus propre qu’à notre arrivée. Puis, nous avions bien entendu gardé les traditions, nous avions tous entonné le cantique des patrouilles. C’est à l’issue de ce cantique que nous avions salué nos amis les pionniers ainsi que Jean-Pierre et Fabrice l’assistant. Jean-Pierre nous demanda à Ben, Gaby et moi de rester encore deux minutes, à l’issue des au-revoirs.
Nous trois ainsi que J-P et Fabrice, nous étions seuls dans le local. J-P avait alors pris la parole :
J-P : « Voilà mes amis, j’en ai parlé avec Fabrice, qui est au courant du lien qui vous uni Phil et Ben. Puis je lui ai parlé de Gaby, de ce qui s’est passé, de ce que Gaby a fait comme chemin et de son ouverture envers nos deux amis. Je laisse à Fabrice le soin de poursuivre.
Fab : Voilà, on ne se connait pas, ou presque pas. En bref, je suis un ancien assistant scout, tout comme J-P. J’avais envie de connaître autre chose et d’aller dans une autre unité et de m’occuper de pionniers, raison de ma présence. Je suis heureux d’avoir pu voir la formation de votre équipe. Vous étiez sur la défensive, oui, il ne faut pas dire le contraire, vous attendiez d’être désigné pour aller dans une équipe. Puis le sort en a décidé autrement, vous vous êtes mis ensemble par la force des choses et je dois vous le dire, c’était attendu. Alors nos deux amis Phil et Ben vous êtes deux perles, vous avez le don de ne pas vous imposer, de respecter les autres et parfois à votre détriment. Pour Gaby, c’est autre chose. J’ai senti tellement de repentir ce matin que j’étais certain que tu allais vouloir être avec eux pour les soutenir. Puis j’ajoute que j’ai deux frères, l’un plus âgé et l’autre plus jeune et chacun d’eux est homo. Donc je sais très bien la difficulté, la souffrance que vous traversez, les efforts que cela demande pour s’intégrer dans un groupe et de se faire respecter. Je sais ce que c’est que le rejet, mes frères en ont souffert. Alors, si vous avez un problème, une question ou alors envie de parler, je serai toujours disponible pour vous accorder tout le temps qu’il faudra ! Puis bien sûr, Gaby, tu as un grand cœur qui vient seulement de s’ouvrir, laisse-le encore s’épanouir et surtout garde la foi. Toi aussi, si un jour tu es dépassé, tracassé ou autre, n’hésite pas, vient me voir. En tout cas vous formez une très belle équipe !
Moi : La gorge serrée, les yeux humides, mais pas de larmes : Merci Fabrice, merci pour tout ce que tu viens de dire.
J-P : Voilà les amis, vous avez un nouvel allié auprès de vous, mais n’oubliez pas que c’est d’abord à vous à faire votre chemin dans la société, à vous faire une place et à vous montrer à la hauteur. Il y aura toujours des cons qui vous embêteront, qui n’auront rien compris, mais tenez le cap et si besoin, vous avez des amis qui vous soutiendront.
Ben : Merci J-P, merci Fabrice.
Gab : Merci à vous tous, merci de la confiance que vous m’accordez, je ferai toujours, je dis toujours, le maximum pour vous venir en aide et pour vous porter au-delà de vos limites. »
Pour conclure cette première réunion, réunion avec tellement de temps forts, nous nous étions fait l’accolade tous les cinq. Puis en guise d’au-revoir, j’avais fait un grand clin d’œil à Gaby ; lequel avait répondu par un énorme clin d’œil.
Quelle journée. En arrivant à la voiture de papa avec Ben, j’avais le cœur gros, gros de plein de belle chose, d’amour simple de la part des autres pionniers, de nos deux chefs et de Gaby. J’avais hâte de me retrouver avec eux pour aider les autres, les personnes âgées, les familles et bien entendu d’être au grand camp en Suisse pour vivre une nouvelle aventure pleine de bons sentiments humains et d’amour partagé.
Papa avait déposé Ben devant chez lui. Nous nous étions embrassés car nous allions devoir attendre une semaine avant de se revoir. J’allais loger chez Ben vendredi soir, veille de la réunion. Puis nous étions arrivés à la maison. Maman nous attendait pour le souper. Anne et Jean était dans le salon, ils regardaient la télévision. Dès qu’ils me virent, ils s’étaient rués vers moi. Ils étaient impatients ainsi que mes parents de savoir comment s’était déroulé la réunion chez les pionniers. Papa avait demandé un peu de temps, il voulait préparer un apéro pour la famille. Puis une fois tout le monde servi, j’avais commencé la narration de cette belle journée.
C’est Anne qui m’avait dit à la fin du récit :
Ann : « Eh bien, je suis si contente de voir que tu es si enthousiaste et plein de bonne humeur.
Moi : Merci Anne.
Mam : Moi aussi je suis enchantée de voir ton sourire, ta passion pour la vie chez les pionniers et ton enthousiasme ! Ça fait plaisir à voir.
Moi : Merci Maman. Merci à vous tous !
Papa : Je propose que nous portions un toast à Phil et aux nouvelles aventures qu’il va vivre chez les pionniers, entouré de personnes vrais et aimantes.
Moi : Merci. Je vous aime ! »
Nous avions donc trinqué, bu ce verre d’apéro. J’étais heureux, j’avais une famille formidable, une troupe pionnier très ouverte et un tas d’amis. J’avais eu une pensée pour eux aussi en trinquant, car c’était aussi en partie à eux que j’allais de mieux en mieux. J’allais pouvoir progresser et m’assumer de plus en plus.
Nous étions passés à table et durant tout le repas nous n’avions cessé de parler des pionniers, de l’école, des prochaines vacances et d’un tas de chose. Je voyais que tous les membres de ma famille avaient des étoiles dans les yeux, il y avait une écoute des autres, il y avait une ambiance reposante et presque surréaliste qui émanait de cette salle à manger. C’est cela l’amour au sein d’une famille où les membres qui la composent sont imbriqués comme les pièces d’un puzzle, s’il manque une pièce, le puzzle est bancal, si toutes les pièces sont présentes, c’est l’harmonie.
Après ce bon repas, j’étais monté dans ma chambre. J’avais relu une partie des cours pour être prêt pour la nouvelle journée à l’école. Ensuite j’étais allé prendre ma douche avant d’aller me coucher. Avant de m’endormir, j’avais passé en revue tout ce qui s’était passé durant le week-end. C’était un week-end fort en émotion. J’étais tout simplement heureux, comme un jeune de dix-sept ans qui allait de mieux en mieux dans sa tête et dans son corps. Finalement je m’étais endormi doucement.
C’était donc à sept heures que le réveil avait sonné. J’avais dormi près de huit heures sans m’éveiller. Je m’étais préparé pour la journée de cours au bahut. J’avais pris le bus et voilà que j’entrais dans la cour de récréation. Marie n’était pas encore là. Jean-Mathieu et Roger étaient déjà arrivés. J’étais allé les rejoindre. Puis c’était l’arrivée de Romain et de Justin. Nous étions cinq occupés à raconter notre week-end. Pour ma part j’attendais que Marie arrive pour lui expliquer. Je n’avais pas dû attendre très longtemps, Marie arrivait avec Isabelle. Notre groupe était déjà plus étoffé que d’habitude. J’avais raconté mon week-end dans les grandes lignes ; Marie et Isabelle étaient contentes de voir que tout allait pour le mieux pour moi aux pionniers.
La sonnerie marquant le début des cours venait de retentir. Nous nous rendions vers le rang pour accéder à la classe. Le début de la matinée s’était très bien passé, mais je ne sais pas pourquoi, mais je sentais le regard de Didier perpétuellement fixé en direction de Marie et puis en direction d’Isabelle. J’étais inquiet, je sentais que quelque chose allait se passer.
Ce fut alors le moment de la récréation. Nous étions à notre emplacement habituel, Marie, Isabelle, Justin, Romain et moi. Nous parlions de nos futures vacances, moi je parlais du camp international pionnier en Suisse. Puis j’avais remarqué que Didier accompagné de Marius, Maximilien et Romuald se rapprochaient de notre groupe. Puis comme je le présentais, Didier avait dit à voix haute :
Did : « Non seulement il y a des PD dans la classe amis aussi deux gouines !
Rom : Tu n’es qu’un gros connard Didier.
Did : Je les ai vues s’embrasser dans le parc dimanche après-midi !
Jus : Et alors, ça te regarde !
Did : Tu veux que je t’en colle une !
Moi : Essaie tiens, pauvre connard !
Did : Ta gueule sale PD !
Moi : Tu sais ce qu’il te dit le sale PD, il te dit que tu n’es qu’une grosse merde qui s’attaque à ceux qui sont différents, c’est peut-être parce que tu es toi aussi PD et que tu n’assume pas !
Didier avait serré ses poings, ses mâchoires étaient serrées, il allait bondir. Puis j’avais déjà anticipé sa réaction, j’avais fait un pas de côté lorsqu’il s’était rué vers moi, je l’avais attrapé par la veste et ensuite je l’avais projeté au sol ; en fait j’avais fait une prise de judo. Romain avait suivi le mouvement et s’était occupé de Didier pour le maintenir au sol. Marius s’était alors lancé vers moi, j’avais esquivé son attaque. Il s’était retrouvé à terre lui-même emporté par son élan. C’est le surveillant qui avait vu la scène de loin qui avait accouru. Il avait crié :
Sur : Le premier qui bouge encore aura à faire à moi. Romain tu peux lâcher Didier. Marius, si tu bouges, ne fusse qu’un doigt, je te prédis les pires ennuis.
Moi : Je suis désolé d’avoir réagi, mais je ne pouvais pas me faire frapper dessus, j’en ai déjà assez eu avant !
Sur : J’ai bien vu que tu ne faisais que de te défendre. Je n’ai aucun reproche à te faire Philippe. Quant à vous quatre, Didier, Marius, Maximilien et Romuald, vous me suivez on va chez le directeur ! »
Une fois les quatre connards mis hors-jeux, j’avais pu me rendre compte que Marie et Isabelle pleuraient. Un attroupement s’était formé un peu plus loin. On entendait des voix qui disaient, les deux filles sont gouines, on savait pour Phil et Justin qui sont PD, mais alors les filles, etc. Je m’étais rapproché de mes deux amies et je les avais amenées dans la classe où nous allions avoir cours. La sonnerie de reprise des cours venait de sonner. Les élèves de notre classe arrivaient en rang. C’était Monsieur Martin qui venait donner cours de math.
Après deux à trois minutes de brouhaha, Jean-Pierre avait pu obtenir un semblant de silence. Il exposait alors les trois projets retenus. L’un consistait à creuser une tranchée pour apporter d’eau courante et le téléphone à une ferme isolée dont le fermier venait d’avoir un accident l’empêchant de travailler pour au moins six mois. La fermière devait s’occuper du bétail, des pâtures et des cultures et n’avait aucune aide extérieure et avait trois enfants trop jeunes que pour lui donner un coup de main.
Toute la troupe fut emballée par cette proposition. Jean-Pierre nous avait alors dit qu’il devait donner une réponse dans les cinq jours et que nous devions donc prendre une décision illico presto. Il avait suggéré de passer soit à un vote par bulletin (bout de papier) ou alors un vote à main levée. Toute la troupe avait opté pour le vote à main levée. Nous avions donc, pour ceux qui étaient d’accord, levé la main pour marquer notre accord sur ce projet. Il y avait eu douze voix pour de la part des pionniers et deux voix pour de la part du staff pionnier, soit l’unanimité. Nous avions tous applaudi.
Jean-Pierre avait ajouté qu’il aurait plus de renseignements concernant l’endroit, le nombre de postes pionniers impliqués, l’intendance, et les autres modalités indispensables pour mener à bien la réussite de ce camp extraordinaire. Nous devions attendre quinze jours ou trois semaines pour être tout à fait informé de ce qui nous attendrait.
J’étais super enthousiaste d’aller ainsi aider une famille ayant besoin d’aide et aussi aller en Suisse et rencontrer d’autres troupes pionniers d’autres pays. Ben lui aussi était super content de cette décision. Bref il y avait un large sourire sur les lèvres de nos compagnons de route.
La suite de la journée s’était déroulée en proposant certaines activités, du style coup de main pour les personnes âgées, que ce soient des visites pour personnes seules, des petits travaux de peinture, des aides ponctuelles au niveau des familles précarisées du quartier etc. Ben et moi nous avions opté pour une aide ponctuelle pour aider des familles et de visites chez des personnes âgées. Gabriel nous avait suivi dans cette démarche. Nous étions bel et bien une équipe et nous allions pouvoir « soulever le monde », façon de parler, nous allions apporter un peu de chaleur humaine à ceux qui en ont vraiment besoin.
C’est vers seize heures que Jean-Pierre avait placé sur la table du local des bouteilles de limonade et trois tartes. Des gobelets avaient été disposés ainsi que des assiettes à dessert. Puis il nous avait tous appelé à venir manger le « gouter de l’amitié ». Nous étions très étonnés de ce qui se passait, mais moi, je trouvais que c’était dans l’ordre des choses, commençant à bien connaitre Jean-Pierre.
Après ce gouter, nous avions remis le local en ordre. Nous ne voulions pas que les occupants suivants soient accueillis dans la saleté. Chacun y allait de son balai, de sa serpillère ou de sa ramassette. Le local était nickel, plus propre qu’à notre arrivée. Puis, nous avions bien entendu gardé les traditions, nous avions tous entonné le cantique des patrouilles. C’est à l’issue de ce cantique que nous avions salué nos amis les pionniers ainsi que Jean-Pierre et Fabrice l’assistant. Jean-Pierre nous demanda à Ben, Gaby et moi de rester encore deux minutes, à l’issue des au-revoirs.
Nous trois ainsi que J-P et Fabrice, nous étions seuls dans le local. J-P avait alors pris la parole :
J-P : « Voilà mes amis, j’en ai parlé avec Fabrice, qui est au courant du lien qui vous uni Phil et Ben. Puis je lui ai parlé de Gaby, de ce qui s’est passé, de ce que Gaby a fait comme chemin et de son ouverture envers nos deux amis. Je laisse à Fabrice le soin de poursuivre.
Fab : Voilà, on ne se connait pas, ou presque pas. En bref, je suis un ancien assistant scout, tout comme J-P. J’avais envie de connaître autre chose et d’aller dans une autre unité et de m’occuper de pionniers, raison de ma présence. Je suis heureux d’avoir pu voir la formation de votre équipe. Vous étiez sur la défensive, oui, il ne faut pas dire le contraire, vous attendiez d’être désigné pour aller dans une équipe. Puis le sort en a décidé autrement, vous vous êtes mis ensemble par la force des choses et je dois vous le dire, c’était attendu. Alors nos deux amis Phil et Ben vous êtes deux perles, vous avez le don de ne pas vous imposer, de respecter les autres et parfois à votre détriment. Pour Gaby, c’est autre chose. J’ai senti tellement de repentir ce matin que j’étais certain que tu allais vouloir être avec eux pour les soutenir. Puis j’ajoute que j’ai deux frères, l’un plus âgé et l’autre plus jeune et chacun d’eux est homo. Donc je sais très bien la difficulté, la souffrance que vous traversez, les efforts que cela demande pour s’intégrer dans un groupe et de se faire respecter. Je sais ce que c’est que le rejet, mes frères en ont souffert. Alors, si vous avez un problème, une question ou alors envie de parler, je serai toujours disponible pour vous accorder tout le temps qu’il faudra ! Puis bien sûr, Gaby, tu as un grand cœur qui vient seulement de s’ouvrir, laisse-le encore s’épanouir et surtout garde la foi. Toi aussi, si un jour tu es dépassé, tracassé ou autre, n’hésite pas, vient me voir. En tout cas vous formez une très belle équipe !
Moi : La gorge serrée, les yeux humides, mais pas de larmes : Merci Fabrice, merci pour tout ce que tu viens de dire.
J-P : Voilà les amis, vous avez un nouvel allié auprès de vous, mais n’oubliez pas que c’est d’abord à vous à faire votre chemin dans la société, à vous faire une place et à vous montrer à la hauteur. Il y aura toujours des cons qui vous embêteront, qui n’auront rien compris, mais tenez le cap et si besoin, vous avez des amis qui vous soutiendront.
Ben : Merci J-P, merci Fabrice.
Gab : Merci à vous tous, merci de la confiance que vous m’accordez, je ferai toujours, je dis toujours, le maximum pour vous venir en aide et pour vous porter au-delà de vos limites. »
Pour conclure cette première réunion, réunion avec tellement de temps forts, nous nous étions fait l’accolade tous les cinq. Puis en guise d’au-revoir, j’avais fait un grand clin d’œil à Gaby ; lequel avait répondu par un énorme clin d’œil.
Quelle journée. En arrivant à la voiture de papa avec Ben, j’avais le cœur gros, gros de plein de belle chose, d’amour simple de la part des autres pionniers, de nos deux chefs et de Gaby. J’avais hâte de me retrouver avec eux pour aider les autres, les personnes âgées, les familles et bien entendu d’être au grand camp en Suisse pour vivre une nouvelle aventure pleine de bons sentiments humains et d’amour partagé.
Papa avait déposé Ben devant chez lui. Nous nous étions embrassés car nous allions devoir attendre une semaine avant de se revoir. J’allais loger chez Ben vendredi soir, veille de la réunion. Puis nous étions arrivés à la maison. Maman nous attendait pour le souper. Anne et Jean était dans le salon, ils regardaient la télévision. Dès qu’ils me virent, ils s’étaient rués vers moi. Ils étaient impatients ainsi que mes parents de savoir comment s’était déroulé la réunion chez les pionniers. Papa avait demandé un peu de temps, il voulait préparer un apéro pour la famille. Puis une fois tout le monde servi, j’avais commencé la narration de cette belle journée.
C’est Anne qui m’avait dit à la fin du récit :
Ann : « Eh bien, je suis si contente de voir que tu es si enthousiaste et plein de bonne humeur.
Moi : Merci Anne.
Mam : Moi aussi je suis enchantée de voir ton sourire, ta passion pour la vie chez les pionniers et ton enthousiasme ! Ça fait plaisir à voir.
Moi : Merci Maman. Merci à vous tous !
Papa : Je propose que nous portions un toast à Phil et aux nouvelles aventures qu’il va vivre chez les pionniers, entouré de personnes vrais et aimantes.
Moi : Merci. Je vous aime ! »
Nous avions donc trinqué, bu ce verre d’apéro. J’étais heureux, j’avais une famille formidable, une troupe pionnier très ouverte et un tas d’amis. J’avais eu une pensée pour eux aussi en trinquant, car c’était aussi en partie à eux que j’allais de mieux en mieux. J’allais pouvoir progresser et m’assumer de plus en plus.
Nous étions passés à table et durant tout le repas nous n’avions cessé de parler des pionniers, de l’école, des prochaines vacances et d’un tas de chose. Je voyais que tous les membres de ma famille avaient des étoiles dans les yeux, il y avait une écoute des autres, il y avait une ambiance reposante et presque surréaliste qui émanait de cette salle à manger. C’est cela l’amour au sein d’une famille où les membres qui la composent sont imbriqués comme les pièces d’un puzzle, s’il manque une pièce, le puzzle est bancal, si toutes les pièces sont présentes, c’est l’harmonie.
Après ce bon repas, j’étais monté dans ma chambre. J’avais relu une partie des cours pour être prêt pour la nouvelle journée à l’école. Ensuite j’étais allé prendre ma douche avant d’aller me coucher. Avant de m’endormir, j’avais passé en revue tout ce qui s’était passé durant le week-end. C’était un week-end fort en émotion. J’étais tout simplement heureux, comme un jeune de dix-sept ans qui allait de mieux en mieux dans sa tête et dans son corps. Finalement je m’étais endormi doucement.
C’était donc à sept heures que le réveil avait sonné. J’avais dormi près de huit heures sans m’éveiller. Je m’étais préparé pour la journée de cours au bahut. J’avais pris le bus et voilà que j’entrais dans la cour de récréation. Marie n’était pas encore là. Jean-Mathieu et Roger étaient déjà arrivés. J’étais allé les rejoindre. Puis c’était l’arrivée de Romain et de Justin. Nous étions cinq occupés à raconter notre week-end. Pour ma part j’attendais que Marie arrive pour lui expliquer. Je n’avais pas dû attendre très longtemps, Marie arrivait avec Isabelle. Notre groupe était déjà plus étoffé que d’habitude. J’avais raconté mon week-end dans les grandes lignes ; Marie et Isabelle étaient contentes de voir que tout allait pour le mieux pour moi aux pionniers.
La sonnerie marquant le début des cours venait de retentir. Nous nous rendions vers le rang pour accéder à la classe. Le début de la matinée s’était très bien passé, mais je ne sais pas pourquoi, mais je sentais le regard de Didier perpétuellement fixé en direction de Marie et puis en direction d’Isabelle. J’étais inquiet, je sentais que quelque chose allait se passer.
Ce fut alors le moment de la récréation. Nous étions à notre emplacement habituel, Marie, Isabelle, Justin, Romain et moi. Nous parlions de nos futures vacances, moi je parlais du camp international pionnier en Suisse. Puis j’avais remarqué que Didier accompagné de Marius, Maximilien et Romuald se rapprochaient de notre groupe. Puis comme je le présentais, Didier avait dit à voix haute :
Did : « Non seulement il y a des PD dans la classe amis aussi deux gouines !
Rom : Tu n’es qu’un gros connard Didier.
Did : Je les ai vues s’embrasser dans le parc dimanche après-midi !
Jus : Et alors, ça te regarde !
Did : Tu veux que je t’en colle une !
Moi : Essaie tiens, pauvre connard !
Did : Ta gueule sale PD !
Moi : Tu sais ce qu’il te dit le sale PD, il te dit que tu n’es qu’une grosse merde qui s’attaque à ceux qui sont différents, c’est peut-être parce que tu es toi aussi PD et que tu n’assume pas !
Didier avait serré ses poings, ses mâchoires étaient serrées, il allait bondir. Puis j’avais déjà anticipé sa réaction, j’avais fait un pas de côté lorsqu’il s’était rué vers moi, je l’avais attrapé par la veste et ensuite je l’avais projeté au sol ; en fait j’avais fait une prise de judo. Romain avait suivi le mouvement et s’était occupé de Didier pour le maintenir au sol. Marius s’était alors lancé vers moi, j’avais esquivé son attaque. Il s’était retrouvé à terre lui-même emporté par son élan. C’est le surveillant qui avait vu la scène de loin qui avait accouru. Il avait crié :
Sur : Le premier qui bouge encore aura à faire à moi. Romain tu peux lâcher Didier. Marius, si tu bouges, ne fusse qu’un doigt, je te prédis les pires ennuis.
Moi : Je suis désolé d’avoir réagi, mais je ne pouvais pas me faire frapper dessus, j’en ai déjà assez eu avant !
Sur : J’ai bien vu que tu ne faisais que de te défendre. Je n’ai aucun reproche à te faire Philippe. Quant à vous quatre, Didier, Marius, Maximilien et Romuald, vous me suivez on va chez le directeur ! »
Une fois les quatre connards mis hors-jeux, j’avais pu me rendre compte que Marie et Isabelle pleuraient. Un attroupement s’était formé un peu plus loin. On entendait des voix qui disaient, les deux filles sont gouines, on savait pour Phil et Justin qui sont PD, mais alors les filles, etc. Je m’étais rapproché de mes deux amies et je les avais amenées dans la classe où nous allions avoir cours. La sonnerie de reprise des cours venait de sonner. Les élèves de notre classe arrivaient en rang. C’était Monsieur Martin qui venait donner cours de math.