« L’apprenti magicien »

[laurentdu51100]

Chapitre 169 : Sixième semaine deuxième jour (L’île des rois dragons)


Kazbo est le premier à s’en remettre puisqu’il a déjà eu l’occasion de vivre l’expérience quelques semaines plus tôt, ensuite ce fut le tour de Lorgan et de Loup à éviter de justesse la chute, alors que Durin se retrouve les quatre fers en l’air dans un juron bien senti.

- Foutre diable !! Tu aurais pu prévenir quand même !!

Le jeune prince Nain continue à ronchonner dans sa barbe, tandis que ses trois compagnons observent avec les yeux brillants la cité féerique qui est apparue devant leurs yeux.

- (Lorgan) Pas de doute sur l’endroit où nous sommes !! C’est encore plus merveilleux que ce que nos anciens nous racontaient !!

Loup visiblement subjugué par l’architecture toute en hauteur et en finesse de cette ville, n’arrive pas à en détacher le regard.

- Comment c’est trop beau !! Wouah !!
- (Lorgan) On croirait qu’elle vient juste d’être construite alors qu’elle a je ne sais combien de millénaires !!

Durin une fois relevé s’approche d’eux, contemplant à son tour l’assemblage parfait des blocs de pierre.

- Elle a été construite pour l’éternité !! La magie la protège !!
- (Loup) Tu es sûr ?? Pourtant je n’en ressens pas les effets !!
- Regarde ces canaux qui longent chaque mur de pierre, la magie les remplissait alors tels nos rivières et les hauts mages puisaient dedans pour créer tout ce qui leur permettait de vivre sans avoir à se salir les mains !!
- (Loup) Ils devaient pêcher de drôles de poissons dans ces rivières ! Hi ! Hi ! Ça n’explique pas pourquoi ils se sont taris, ni pourquoi tout est resté intact comme si le temps n'y avait aucune prise ??
- (Durin) Ce que j’en sais, c’est que la grande fracture en a été l’élément déclencheur !! Depuis lors la magie ne s’est plus renouvelée et les canaux petit à petit se sont vidés jusqu’à être à sec comme ils le sont de nos jours quasiment partout, les magiciens continuaient à puiser dedans sans se rendre compte qu’ils amenaient plus vite la fin d’une époque.
- (Lorgan) Une fois suffisamment affaiblie, l’église des hommes en a profité pour amener son hégémonie et le reste nous le connaissons hélas tous, maintenant je ne sais pas ce que tu pourras faire à toi seul pour remédier à…

Il montre d’un geste ample de la main tous les canaux vides qu’ils ont sous les yeux.

- …tout ça !!
- (Loup) Hum !! Oui !! Bon !! Chaque chose en son temps, pour l’instant nous devons nous rendre dans un palais où serait gravée une carte de Penn avec l’emplacement de toutes les portes. Il sera bien temps ensuite une fois notre visite au temple réalisée, de revenir ici pour voir ce qu’on pourra y faire !! Wulfoald m’a donné la démarche à suivre avec les priorités, selon lui ma visite au temple me donnera la clé pour rouvrir les vannes de magie qui redonneront toute la puissance à Penn.
- (Durin) Sauf qu’il n’y aura plus personne pour s’en servir à part toi, Voldarian et quelques types comme Maistre Ebbon, ça fait peu de monde pour faire revenir l’âge d’or de notre planète.
- (Loup) D’abord tu n’en sais rien !! Ensuite qui te dit que c’était réellement un âge d’or ??
- (Durin) Nos anciens !!
- (Lorgan) Les nôtres également !!
- (Loup) Il est toujours facile de se rappeler le meilleur alors que le pire est parti dans l’oubli, imaginez un peu avec tous ces milliers de « doubles lunes » combien le message aura perdu de son intégrité pour ne garder que ce qui fait agrandir d’envie les yeux des enfants !!
- (Durin) Tu n’as qu’à demander à Kazbo, son père semble aussi vieux que l’est le tien !!

Loup cherche alors du regard le jeune Gnome qui semble avoir disparu même pour lui depuis qu’ils se sont retrouvés en plein cœur de la cité des rois.

- Tiens oui, il est passé où celui-là ??

Il met alors ses deux mains en porte-voix avant de hurler à la cantonade.

- « Kaz » !!! Tu es où !!!

Une voix semblant assez lointaine lui répond et lui fait relever la tête jusqu’en haut d’un édifice où la silhouette du jeune Gnome lui apparait.

- Là-haut !!! J’ai trouvé le palais, venez me rejoindre !!
- (Loup) Par où tu es passé pour y arriver ??
- Suivez la voie en face de vous, elle y mène directement !!

Le jeune Nain et son ami Elfe relèvent la tête à leur tour quand ils entendent Loup hurler dans cette direction.

- (Durin) Qu’est-ce qu’il fout là-haut le Gnome ??
- (Loup) Il a trouvé ce que nous venions chercher !!
- (Lorgan) La carte de Penn ??
- Non mais le palais où elle doit se trouver !!
- (Durin) Demande lui s’il a trouvé les cuisines ! Ha ! Ha ! C’est que toutes ces émotions m’ont creusé l’appétit ! Ha ! Ha !
- (Lorgan) Mais…tu viens juste de manger ??
- De quoi je me mêle l’avorton, c’est juste que j’ai une digestion rapide !!
- Ou que tu es un gros goinfre ! Hi ! Hi !
- C’est moi que tu traites de gros ?? Tu as de la chance que je ne peux pas te tailler les oreilles en pointes vu qu’elles le sont déjà ! Ha ! Ha !

Loup ne peut s’empêcher de sourire en sachant très bien que ce n’est encore et toujours que la façon qu’ils ont de se montrer l’affection qu’ils se portent.

Il remet ses deux mains en porte-voix pour donner ses instructions à Kazbo.

- Commence à chercher la carte, nous arrivons.
- D’accord !! Il y a une grande salle derrière moi, je vais commencer par-là !!
- Ok !!

Loup reporte son attention sur ses deux amis, Durin voyant ça l’interroge une nouvelle fois.

- Il te disait quoi ??
- Qu’il avait également trouvé un cellier encore rempli de victuailles.
- Wouah !!! On attend quoi alors !!

Durin sans attendre de réponse part d’un bon pas en laissant ses amis derrière lui, Lorgan regarde Loup avec amusement.

- Ça m’aurait étonné qu’il ne coure pas devant le morfal !!
- Fallait bien que je trouve un truc pour le faire avancer sans l’entendre râler ! Hi ! Hi !
- Ah !! Parce que…
- Allons !! Tu n’imagines quand même pas qu’après toutes ces « doubles lunes », il reste quoi que ce soit à se mettre sous la dent !!
- Je préfère que tu passes devant alors, je ne voudrais pas être le premier à me retrouver devant lui quand il va comprendre que tu t’es moqué de lui ! Hi ! Hi !


 
Chapitre 170 : Sixième semaine deuxième jour (Gaëtan)


« Chambre du prince Gaëtan »

Les deux princes trop nerveux pour pouvoir trouver le sommeil, se sont retrouvés dans la chambre de l’aîné pour terminer les préparatifs à leur départ avec Maistre Ebbon pour le temple de Linn.

- (Perceval) Tu crois que le maître forgeron et la maîtresse tisserande accepteront que Tancrède et Ada manquent plusieurs semaines d’apprentissage pour venir avec nous ??
- (Gaëtan) Père a donné son accord, il n’y a pas de raison pour qu’ils s’y opposent !!
- Je suis soulagé tu sais d’avoir eu des nouvelles de nos amis par maître « Koo », surtout de savoir que Loup et Eldarian vont bien, j’avais peur qu’il arrive quelque chose de fâcheux à l’un des deux.
- Ça ne risque plus maintenant avec la nouvelle barrière !!
- (Perceval) Père dit que c’est sans doute la fin de notre système féodal, qu’il va nous falloir faire profil bas devant le nouveau roi dragon si nous voulons rester ici.
- Il n’en sait rien alors ne commence pas à te tourmenter avec cette histoire, Goth est immense et le temps que les choses changent, il sera passé de l’eau sous les ponts.
- Tu crois que Conrad est toujours avec Eldarian ??
- Qu’est-ce que j’en sais, je n’ai pas eu plus de nouvelles que toi !!
- Tu l’aimes toujours pas vrai ??
- Bien sûr !! C’est mon meilleur ami tu le sais bien.
- (Perceval) Tu as très bien compris le sens de ma question !!

Gaëtan observe un instant son cadet, cherchant à lire sur son visage le but réel de cet interrogatoire qui bien qu’il ait été dit comme si de rien était, a sans nul doute une arrière-pensée derrière la tête.

- Si je te répondais que depuis qu’il est parti, il me manque de plus en plus ??
- Je répondrais que c’est normal et tu l’as laissé partir en n’imaginant pas à quel point tu lui étais lié, je vois bien que plus les semaines passent et plus tu te ronges les sangs pour lui, tu l’aimes donc plus que Loup ??
- …
- Tu peux me le dire tu sais !! Pour ma part j’ai compris qu’il était comme un second frère et rien de plus.
- Tiens donc !! Et depuis quand ??
- Depuis que j’aime quelqu’un pour de bon.

Gaëtan comprend devant les rougeurs de l’aveu qui marquent ses joues, que son jeune frère révèle pour la première fois ses véritables sentiments.

- Tu ne seras donc pas fâché contre moi si je te dis que oui, Loup me plaisait bien j’avoue mais avec « Con » il y a beaucoup plus que ça, tu comprends ?? Toutes nos « doubles lunes » passées ensemble, toutes les découvertes et surtout cette complicité à toute épreuve qu’il y a entre nous deux, Conrad c’est…c’est…
- Ton véritable amour !!
- …Oui !!
- Et s’il est toujours avec « Eldar » ??
- Je ne le pense pas, non !!
- Qu’est ce qui te fait être aussi sûr de toi ??
- Mon cœur tout simplement, ce que je ressens ne peut être à sens unique !! Ce serait trop cruel !!

Perceval vient prendre son frère dans ses bras.

- Je suis certain qu’il te reviendra, tu verras !! Cette séparation lui aura donné la maturité nécessaire pour qu’il comprenne ce qui est le plus important pour lui, votre séparation lui est aussi difficile que pour toi.
- Je l’espère de tout cœur… merci !!

Un long moment de silence suit cette conversation à cœur ouvert entre la fratrie, jusqu’au moment où le sourire revient sur le visage de Gaëtan.

- Mais dis-moi petit cachotier, quelle est donc cette personne que tu chéris au point de m’en faire l’aveu ?? Je la connais ??

Perceval voit bien le regard brillant soudainement autant d’intérêt que de curiosité de son frère, il a alors un petit sourire espiègle quand il lui répond.

- Oui !!
- « Tanc » ?? Ou alors Loup ??
- Pourquoi pas « Eldar » tant que tu y es ! Hi ! Hi ! Et d’abord pourquoi voudrais-tu que ce soit un garçon ??
- Non !!! Alors comme ça ce serait une fille ?? Ada !!!

Les rougeurs sur les joues de Perceval deviennent encore plus marquées, ce qui pour Gaëtan équivaut sans conteste à un aveu.

- Wouah !! J’en connais un qui finalement va être super content de l’apprendre !!
- Qui ça ??
- Mais père tiens donc !! J’aurais dû trouver tout de suite tu me diras, j’avais déjà plus ou moins repéré le petit manège entre vous deux à vous faire toutes ces œillades en douce.

Un sourire resplendissant vient alors à son jeune frère.

- Tu penses qu’elle aussi ??
- Maintenant que tu me le dis, j’en suis quasiment certain !! Je pense aussi que vous n’allez pas vous ennuyer tous les deux, c’est qu’elle n’a pas la langue dans sa poche non plus la gaillarde ! Hi ! Hi ! Par contre il risque d’y avoir une grosse complication !!

Perceval se fige soudainement, son visage montrant bien la crainte qu’il éprouve aux dernières paroles de son frère.

- Quelle complication ??
- Ada est une fille magnifique j’en conviens volontiers, le hic c’est qu’elle n’est pas de noble lignée et père risque de ne pas t’autoriser à l’épouser, surtout s’il a déjà prévu quelques rapprochements avec un domaine voisin.
- Mais…je ne suis qu’un deuxième fils !! C’est plutôt toi qui cours ce risque, croyais-tu réellement qu’il accepterait que toi et Conrad vous puissiez convoler ensemble ?? Tu oublies vite la raison qui l’a fait l’éloigner de toi !!


 
Chapitre 171 : Sixième semaine troisième jour (Eldarian)


Le camp est vite levé pour Eldarian et ses amis, ils retrouvent les étalons les attendant non loin de là et repartent pour une dernière chevauchée rejoindre le château de sire Childebert.

Ils stoppent une fois devant le porche de la première muraille pour descendre de leur monture, les libérant définitivement après leur avoir octroyé une dernière caresse reconnaissante et amicale.

C’est donc à pied qu’ils se présentent devant l’énorme porche, en amenant comme il se doit la curiosité des gardes ainsi que des quelques passants déjà levés si tôt ce matin-là et qui s’immobilisent, curieux de découvrir ces quatre personnes entièrement de noirs vêtus et armés jusqu’aux dents.

La première visite d’Eldarian permet néanmoins la reconnaissance de ce qu’ils sont et rassure quelque peu les gens d’armes qui de ce fait restent avec leur épée dans leur fourreau, venant juste au-devant d’eux pour s’enquérir des raisons de leur présence.

Eldarian reconnaît le sergent qui était parti à la recherche du prince lors de sa première rencontre avec Gaëtan et Conrad, il découvre alors son visage pour se faire reconnaître de lui.

L’homme se décrispe alors entièrement en faisant signe à ses hommes de retourner à leurs postes, puis cette fois-ci avec un franc sourire s’adresse à lui d’une voix amicale.

- Maître « Xoo » !! Soyez le bienvenu avec vos compagnons !!
- Merci sergent !! Savez-vous où je pourrai trouver Maistre Ebbon ??
- Au château !! Mais vous arrivez juste à temps, leurs chevaux sont prêts et je pense qu’ils ne devraient plus tarder à quitter nos murs !!
- Leurs chevaux ??
- Nos jeunes princes avec deux de leurs amis et quelques hommes d’armes, partent avec lui pour le temple de Linn.

Eldarian se dit qu’il n’aura donc aucune peine à les convaincre de le suivre, puisqu’il semblerait que ce soit déjà leur intention de prendre la route.

- Comme le monde est petit, j’étais justement venu pour les y emmener !! Pourriez-vous les retenir au cas où nous les manquerions, le temps que je m’entretienne avec sire Childebert ?
- Je préviendrai de votre arrivée s’il s’avérait qu’ils veulent passer les portes, vous comprendrez que je n’ai pas l’autorité pour retenir nos princes.
- Les prévenir suffira, je m’étais juste mal exprimé !! Bien le bonjour sergent !!
- Bien le bonjour maître « Xoo » !!

Les quatre amis reprennent leur marche jusqu’au mur d’enceinte du château, une fois le second porche passé, ils arrivent dans la cour d’honneur où une agitation quelque peu inhabituelle s’y passe autour du maître des écuries.

Celui-ci avec plusieurs de ses palefreniers, termine de seller les montures qui piaffent d’impatience de pouvoir enfin partir et quitter l’écurie.

Eldarian presse alors le pas, suivi par les trois disciples qui comprennent sa hâte soudaine à franchir les portes du château pour rejoindre ceux qui sont devenus ses amis.


***/***


Gaëtan est déjà dans l’entrée avec Tancrède à discuter comme de vieux camarades en attendant que les autres les rejoignent, quand il aperçoit les quatre silhouettes toutes de noir vêtues qui entrent dans la salle.

La surprise est telle que ses yeux s’arrondissent en les fixant, faisant à son tour se retourner Tancrède qui aussitôt devient l’exacte réplique de son ami.

- (Gaëtan) Eldarian !!!
- Tu as l’air surpris de me voir, pourtant ton père savait que je devais venir ??
- Oui bien sûr, mais il ne t’attendait pas avant au moins une semaine ??
- Les chevaux de nos amis Elfes sont beaucoup plus rapides que les vôtres voilà tout !!
- (Maric) Surtout quand on leur impose le galop durant des jours entiers !!

Gaëtan observe celui qui vient de prendre la parole, sa voix lui semblant bien jeune l’intrigue.

- Tu ne nous présentes pas à tes compagnons ?? Conrad va bien ?? Il n’est pas venu avec toi ??
- (Tancrède) Comment va mon frère ??
- Wouff !! En voilà des questions ! Hi ! Hi ! Tout le monde va bien rassurez-vous tous les deux, Conrad est resté avec nos autres amis et il m’a dit de te dire que tu lui manques beaucoup.
- (Gaëtan) C’est vrai ?? À moi aussi il me manque !!
- Alors c’est très bien !! J’aurai beaucoup à te dire mais nous aurons tout notre temps d’en parler durant le voyage qui nous attend, sache juste qu’il n’y a rien d’autre entre moi et Conrad qu’une grande amitié et que quand j’ai dit tout à l’heure que tu lui manquais, c’était un euphémisme !!

Tancrède voit le visage du jeune prince rayonner soudainement du plaisir d’apprendre que son ami d’enfance se languissait de lui, il vient le prendre par l’épaule en le secouant amicalement.

- Voilà qui doit te rassurer sur ses sentiments envers toi !!

Il reporte ensuite son attention sur Eldarian.

- Donc vous venez avec nous si j’ai bien compris ??
- Exact !! Nous retrouverons les autres au temple, ils y seront avant nous puisqu’ils s’y rendaient sans détour !!
- Tu ne nous as toujours pas présenté tes compagnons, j’imagine sans peine à leur façon de s’habiller qu’ils viennent également du temple.

Eldarian rejoint ses trois compagnons en leur faisant signe de découvrir leur visage, il reporte ensuite son attention sur Tancrède et le jeune prince, en souriant de constater leur surprise.

Il explique alors le pourquoi du comment de leur présence bien qu’ils soient parmi les plus jeunes disciples confirmés, remarquant au passage l’intérêt soudain de Tancrède pour une certaine personne qui semble elle aussi fortement sensible à son physique.