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« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

Voici la republication de « L’apprenti magicien » dont il est fait souvent référence dans https://forum.slygame.fr/index.php?topic=71.0




« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

« L’apprenti magicien »


Chapitre 1 : Prologue


A) : (Penn) (1/2)


Penn, c’est une vaste planète composée à quatre-vingt-quinze pour cent d’océans, elle possède un seul mais immense continent qui constitue l’unique terre de cette sphère verte et bleue baignée par un soleil accompagné par deux lunes dont l’une d’elles a une rotation lente* qui sert de calcul pour beaucoup de manifestations dans la vie des diverses espèces pensantes cohabitant sur le continent de Goth.

Seule une île, déserte depuis des millénaires et se trouvant à l’opposé du continent de Goth bien au-delà de la portée des navires de pêche, sort également de l’immensité de l’océan.
L’île des anciens rois dragons comme elle était appelée autrefois, avec en son centre la cité des hauts mages qui malgré toutes ses années d’inhabitation reste aussi merveilleuse que lors de l’époque où une vie trépidante riche de magie et de couleurs, baignait son atmosphère d’une beauté irréelle.

Les canaux qui cernaient la ville et desservaient chaque demeure, sont depuis cette époque taris alors que la magie y circulant a disparu de cette terre en ne laissant plus qu’une magnifique illusion du faste d’antan, par ses murs auquel le temps n’a aucune prise et qui ont gardé intact en traversant les millénaires, l’aspect chatoyant des origines.

La cité était à cette époque maintenant lointaine, reliée au continent par un réseau de « colonnes » toujours présentes sur la surface de Goth à propos desquelles plus personne ne connaît l’utilité, ni n’a gardé les connaissances liées à la puissance magique nécessaire pour les utiliser.

*(Une année de rotation de cette seconde lune équivaut à environ quinze mois sur notre terre)

***/***

« Goth »

L’immense continent a pour nom Goth, il est constitué de cinq zones bien délimitées et celles-ci sont occupées chacune par une espèce différente.
Espèces ou races que sont les humains, les Elfes, les Nains, les Gobelins et enfin tout en bas de la chaîne, les Orcs qui eux-mêmes existent en deux sous-espèces que sont les Orcs des montagnes de loin les plus dangereux mais heureusement aussi de très loin les moins nombreux et enfin les Orcs des marécages, aimant se vautrer dans la fange fumante et nauséabonde d’une contrée coincée au nord-est de Goth entre la forêt elfique et l’océan, les Trolls ainsi que les gnomes n’étant plus que lointaines légendes car ceux-ci ayant complètement disparu en même temps que leurs maîtres les rois dragons.

***/***

« Les Humains »

Profitant de leur côté des plaines arables du sud de Goth, qu’ils se partagent en quatorze domaines comportant pour chacun d’entre eux au moins un fief fortifié ainsi que plusieurs villages ou petites villes rattachées aux seigneurs des différents châteaux.
Seigneurs qui eux-mêmes sont plus ou moins alliés ou en guerre suivant les époques, au gré des familles qui en sont à leurs têtes ainsi que des changements d'alliances fréquents pour obtenir, pour les un plus de sécurité et de richesses, pour les autres plus de victoires guerrières.

***/***

« Les Elfes »

Ils sont maîtres de l’immense forêt du centre de Goth et ce bien qu’ils soient de très loin les moins nombreux après les Orcs des montagnes, tout en finesse, beauté, intelligence et raffinements, avec une longévité de vie considérable si rien ne vient la leur ôter prématurément.
Puissants guerriers, habiles tireurs à l’arc et maniant l’épée avec autant de maestria que de dextérités, ils sont craints de tous les autres peuples qui de ce fait les laissent en paix et évitent tant que faire se peut de traverser leurs forêts, sauf en de rares occasions comme pour certains domaines où la chasse reste vitale pour subvenir aux besoins de nourriture de ses habitants.

***/***

« Les Nains »

De petites tailles comme leurs noms l’indiquent, mais d’une force et d’une robustesse à toute épreuve, ils vivent principalement à l’ouest dans les basses montagnes en passant le plus clair de leurs journées à creuser la roche pour en tirer les richesses nécessaires à leur survie.
D’un naturel franc et voire pour une forte majorité d’entre eux grincheux, ils n’en sont pas moins très souvent alliés des hommes desquels ils dépendent pour échanger leurs minerais et autres pierres précieuses contre des produits finis mais également de la nourriture pour rassasier leurs phénoménaux appétits.
Coincés à l’ouest par les Orcs des hautes montagnes, à l’est par les humains, au sud par l’océan qui les terrifient depuis toujours et enfin au nord par les terres arides que peuplent les Gobelins et quelques groupes d’humains renégats, ils n’ont que leurs tunnels pour les protéger en formant un immense labyrinthe dont ils sont les seuls à pouvoir ne pas s’y perdre et qui protège l’accès à leurs villages enclavés par la roche abrupte qui les protège efficacement de leurs voisins belliqueux..

***/***

« Les Gobelins »

Ceux-ci vivent dans la zone nord-ouest des marécages et pour certaines tribus, dans la zone aride longeant la forêt des Elfes jusqu’aux montagnes des Nains.
Ce sont des êtres difformes et nomades qui vivent en petites tribus gouvernées par le mâle dominant, toujours en guerre contre leur propre espèce mais aussi et surtout contre les autres races, pour conquérir toujours plus de terres afin d’affirmer la vigueur de la tribu ainsi que de son chef tout-puissant.
Ces derniers partagent ces zones défavorisées avec les quelques centaines d’humains renégats, rejetés par les domaines et vivant en petits groupes, de rapines et autres larcins, n’hésitant pas à s’allier avec eux quand la fortune est au bout du compte.

***/***

« Les Orcs des montagnes »

Ceux-ci privilégiant comme leur nom l’indique les hautes montagnes, sont des êtres monstrueux aux muscles noueux aussi durs que la pierre mais à l’intelligence heureusement peu marquée, ce qui les rend facilement influençables pour qui sait les manœuvrer.

« Les Orcs des marécages »

Vivant dans l’extrême nord-est de Goth, dans une bande de terre détrempée à longueur de temps qu’ils partagent avec les gobelins qui eux restent cantonnés principalement dans la partie nord-ouest jusqu’aux terres arides.
Beaucoup plus belliqueux que leurs cousins des montagnes, ils sont également beaucoup moins impressionnants et vivent principalement des produits venant de l’océan, mais aussi des fréquents raids éclairs chez leurs voisins pour s’emparer de leurs biens avant de disparaître aussi rapidement qu’ils étaient venus après avoir comme de bien entendu massacré tout le monde en emportant avec eux les corps de leurs victimes, corps qui serviront de repas pour ces êtres immondes sans cesse assoiffés de chairs.

***/***



Chapitre 2 : prologue


A) : (Penn) (2/2)

« Les terres inconnues »


Située à l’ouest, au-delà des rocheuses où vivent les Orcs des montagnes et encerclées de falaises abruptes et infranchissables au sud, à l’est et au nord jusqu’à l’extrême ouest où un passage abordable seulement par l’océan permet à un navire courageux d’y accéder après maints périples.

Les quelques rares capitaines avec leurs équipages qui en sont revenus, étaient tellement marqués par d’étranges maladies que très vite plus personne ne voulut s’y risquer et qu’elles restèrent depuis lors notifiées sur les cartes comme dangereuses mais surtout désertes et sans aucun intérêt commercial.

***/***

« La vie sur Goth »

Les conflits entre races étant fréquents, de rares pactes se nouent néanmoins et cela principalement pour empêcher qu’un groupe prenne une trop grande ascendance et finisse par mettre les autres à mal.

L’équilibre de cette façon est donc maintenu entre tous, bon an mal an et la vie poursuit son chemin entre bonheur et aléas qui marquent le quotidien des peuples et de leurs gouvernants.

À l’époque où va commencer cette histoire, les seigneurs humains les plus proches des basses montagnes de l’ouest ont signé un traité de paix et d’échanges commerciaux avec les Nains, alors que pour d’autres n’ayant pas accès à la nourriture abondante de l’océan, ils se virent obtenir un droit de chasse permanent sur un périmètre bien défini dans les vastes forêts giboyeuses autour de leurs domaines respectifs et c’est ainsi qu’une amitié de plus en plus forte avec les Elfes vit le jour avec quelques rares seigneurs privilégiés, qui profitèrent ainsi de leurs protections contre les incursions des Gobelins et des Orcs, bien que les contacts physiques soient extrêmement rares pour ne pas dire quasiment inexistants avec le peuple Elfe du seul fait de leurs cultures et de leurs modes de vies, en soient trop divergents.

***/***

« Conflits »

Une guerre ouverte est engagée contre les Orcs et les Gobelins depuis des temps immémoriaux si bien que plus personne n’en connaît la raison première.

Quatorze châteaux regroupent la communauté humaine ne comptant guère plus au total que quelques millions d’âmes, amis ou ennemis suivant les alliances mais toujours à la conquête de nouveaux territoires et de nouvelles richesses à prendre sur les plus faibles.

Jusqu’alors chaque suzerain protégeait son domaine par le biais de la magie et le personnage le plus puissant du domaine était sans conteste le Maistre magicien dévoué au seigneur du château.

Seulement depuis quelques générations marquées par la révolte des prêtres du dieu unique, l’inquisition supprime les bébés ainsi que les jeunes enfants le plus souvent orphelins, dès qu’une quelconque suspicion ou marque révélatrice n’indique chez eux une éventuelle propension à ce que l’église appelle la « sorcellerie ».

Du fait de cette chasse aux "sorcier(e)s", les domaines perdent petit à petit leurs protections et les quelques magiciens reconnus comme tels et acceptés par le culte de l’église ne trouvent plus ou presque d’apprentis aux potentiels suffisamment puissants pour leur en apprendre les arcanes et permettre ainsi de maintenir sur le long terme la protection des châteaux.

***/***

« La magie »

« Les trois différentes sortes de magie existant ou ayant existé sur Penn par ordre croissant de puissance. »

1) : La magie mineure, celle qui soigne par les plantes ou l’imposition des mains ainsi que les voyantes et autres diseuses de bonnes aventures.

Elle reste encore bien représentée sur certains territoires où le seigneur la protège et où la tradition ancestrale reste encore vive, au grand dam il va de soi de l’église.

2) : La magie majeure, issue des incantations dans l'ancien langage est celle conservée dans des grimoires si vieux que personne n'en connaît plus l'origine et ne se traduit exclusivement que par la maîtrise des quatre éléments que sont l’eau, la terre, l’air et le feu.

C’est celle-ci qui a presque complètement disparu et ne se trouve plus représentée que par quelques dizaines de "Maistre" magiciens sous l’égide pour la plupart d’un seigneur, ainsi que par quelques ermites isolés çà et là sur les vastes territoires restant encore inexploités et que personne ne revendique à ce jour.

3) : La magie dite supérieure ayant disparu entièrement tout comme la haute magie n’appartenant qu’aux anciens rois dragons, lors des guerres religieuses où la trahison a eu raison de sa puissance.

Les « hauts mages » d’alors, directement issus de la lignée des anciens rois dragons n’avaient besoin d’aucuns artefacts, que ce soit parchemins, livres, grimoires, glossaires ou autres objets récepteurs ou révélateurs de puissance.

Leur simple volonté créait tout ce dont ils avaient envie et ce fut aussi la raison majeure de ce qui occasionna leurs pertes, comme celle de leurs géniteurs de la haute noblesse encore beaucoup plus puissants mais rendus fragiles par la paresse, le faste et les fêtes continuelles sur l’île paradisiaque qu’ils avaient créés à leurs images.

Leurs pouvoirs firent peur aux populations, qui de ce fait se retournèrent contre eux par le biais des religieux et ceux-ci ne profitant alors que de cette occasion pour redorer un blason qui avait perdu toute sa superbe depuis des lustres, pour ainsi regagner par ce biais l’opportunité de retrouver la confiance et la croyance du peuple pour mieux ensuite, comme c’est de mise actuellement pouvoir le tenir fermement sous son joug.

***/***

« L’histoire »

Le récit commence à la venue prochaine de la deuxième lune qui marquera comme à chaque passage, le temps des semailles, celui des épousailles mais aussi du choix des nouveaux apprentis pour combler les différents besoins des maîtres ouvriers, maîtres d’armes et autres maîtres dont les spécialités sont nécessaires à la bonne marche de la communauté humaine.

Les festivités durent le temps du passage de la seconde lune, soit deux semaines entières où une trêve générale permet le rapprochement inter-domaines et dans certains cas très rares interracial afin de permettre les échanges souhaitables pour le renforcement des gênes qui sinon seraient trop facilement affaiblis par les cousinages.

Les enfants qui naissent de ses unions libres sont alors appelés enfants de la lune, ils sont acceptés comme une aubaine au sein des familles et élevés au même titre que ceux légitimes des couples mariés.

C’est neuf mois plus tard comme ce fut le cas pour « Loup » le personnage principal du récit, que des familles découvrent parfois au pas de leurs portes des bébés abandonnés par des damoiselles trop jeunes ou non mariées, ne pouvant subvenir à leurs besoins du fait de leur pauvreté.

Une autre raison d’abandon lorsqu’à la naissance, les bébés se voient porteurs des marques proscrites par la grande inquisition et ses enfants nouveau-nés de plus en plus rares sont alors emmenés vers le lieu de culte du dieu unique le plus proche pour soi-disant les y accueillir dans la charité de l’église, charité qui ne trompe plus personne depuis bien longtemps car aucun d’eux ne réapparaît jamais une fois adulte.

Les gens du peuple de plus en plus nombreux, surtout dans les petits villages et les hameaux les plus éloignés, cachent maintenant ces bébés aux marques de « l’abomination » et font souvent appel à la magie mineure pour en effacer temporairement les traces les plus visibles.

Ils les protègent ainsi jusqu’à l’âge où l’inquisition ne peut plus rien faire sans craindre de subir les foudres des seigneurs des domaines, qui voient toujours en eux les défenseurs les plus sûrs pour la sécurité de leurs territoires.




« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020


Chapitre 3 : Prologue (suite)


B) : (Loup) (1/2)


L’oiseau tombe, transpercé en pleine tête et me fait pousser un cri de joie, car c’est la première flèche qui fait mouche depuis que Maurin m'initie au tir à l’arc.

- Waouh !!!! Je l’ai eu !!!!
- Un coup de chance Loup ! Tu tiens ton arc comme une massue Hi ! Hi !
- T’es qu’un gros jaloux Maurin, c’est tout ! Dis plutôt que c’est un coup digne d’un maître guerrier de Linn !!

Morin ramasse l’oiseau mort et le range dans sa besace pour aller rejoindre ceux assez nombreux que lui a déjà tués depuis qu’ils sont partis tôt ce matin-là.

Il regarde celui qu’il considère comme son frère et ses yeux brillent de plaisir à le voir aussi joyeux et fier de son exploit, lui-même n’en revient pas quand même que Loup ait réussi son coup alors que lui, le chasseur émérite n’était pas certain d’y parvenir.

- Qui ? Moi ? Jaloux ? Je te mets au défi de recommencer un tir semblable!! Un maître guerrier de Linn ?? Et puis quoi encore ??
- Pas de soucis « mooossieur » le grand « chassssseur ».

***/***

Maurin sourit en reprenant sa route pour continuer la chasse, suivi par Loup qui a déjà encoché la flèche suivante et qui d’un œil vif ausculte chaque fourré, s’attendant à en voir surgir une poule faisane ou autres gibiers à poils ou à plume qui pullulent dans les bois seigneuriaux.

Gibier dont Maurin est chargé d’en contenir le nombre à cette époque proche des semailles, pour éviter la grogne des paysans dans les champs desquels ils avalent une grande part des grains à peine passée la première nuit qui suit l’ensemencement.

Soudain, un bruit sort d’un buisson immédiatement suivi d’une envolée d’oiseaux effrayés, Maurin encoche sa flèche et tire à la vitesse de l’éclair.

Sa surprise est grande quand il voit deux faisans atteints en même temps par deux flèches différentes, il se tourne vers Loup qui pousse alors pour la deuxième fois son cri de victoire.

- Waouhhh !!! Et de deux !!!

Maurin surpris du doublé d’oiseaux abattus presque l’un derrière l’autre, se doit bien cette fois-ci de reconnaître l’habileté du gamin.

- Tu apprends vite Loup, bravo !!

Les oiseaux sont très vite ramassés et jugeant que c’est suffisant pour aujourd’hui, les deux garçons retournent jusqu’au petit hameau où ils vivent avec les parents de Maurin et ses frères et sœurs.

***/***

Loup a été recueilli alors qu’il n’avait que quelques jours à peine, un coup bref frappé à la porte branlante de la masure et quand Foulque le père de Maurin alors jeune bambin âgé de quelques « doubles lunes » l’ouvre, il découvre le nourrisson dans un lange babillant et remuant des bras et des jambes.

Ne se sentant pas le cœur de l’emmener au château où il savait très bien ce qui arriverait au bébé comme à tous ceux ayant sa particularité, abandonnés comme lui à cause de la marque d’abomination qui sur le nourrisson qu’il tenait entre les mains était si forte qu’elle ne pouvait être ignorée et qui ensuite une fois remis entre les mains des prêtres, disparaissent mystérieusement après le passage de l’inquisiteur.

Foulque le prend dans ses bras et le porte à sa femme, qui venant d’accoucher de leur deuxième fils put ainsi le nourrir au sein en même temps que Tancrède le petit dernier d’alors.

La famille s’agrandit ensuite de deux petites sœurs, Hermine et Ode, puis la vie suivit son cours durant de nombreuses « doubles lunes » jusqu’à une semaine des fêtes et qui cette « double lune » là, signent l’âge requis pour l'apprentissage du jeune garçon qu'ils recueillirent alors et qu'ils appelèrent Loup.

Tous dans le hameau connaissent l’histoire de Loup, de toute façon il aurait été impossible de faire croire à une quelconque ressemblance entre lui et le reste de la famille, tellement il leur est dissemblable en tout.
Foulque et ses deux fils étant de robustes chasseurs aux traits durs et virils, bruns de cheveux et de poils, alors que Loup est un garçon de stature fine et d’un gabarit plutôt petit aux traits “elfique” qui un temps ont fait poser tout un tas de questions de la part du voisinage sur ses véritables origines.

Mais sa croissance normale a contrario de celles beaucoup plus longues des elfes, a très vite fait oublier cette idée et depuis il a été complètement accepté dans cette petite communauté paysanne où sa joie de vivre et son humeur badine, égaient leur quotidien souvent harassant et au final bien misérable.

***/***

Tancrède s’occupe de rentrer et de nourrir les oies, quand il entend le rire caractéristique de ses frères et surtout celui de Loup qui monte très haut dans les aigus.

Il sourit en posant son panier de grains et court à leur rencontre, en prenant soin toutefois de bien refermer la porte de la clôture derrière lui.

Frère de lait avec Loup, ils s’aiment comme des jumeaux et éprouvent de ce simple fait, un fort état de manque dès lors qu’ils sont trop longtemps séparés.

Tancrède dépasse d’une bonne tête le petit blond et sa carrure malgré son âge est déjà plus que conséquente, il attrape donc Loup en le soulevant à bout de bras comme s’il s’agissait d’un fétu de paille.

- Repose-moi « Tanc » !! Je ne suis plus un gamin Hi ! Hi !

Tancrède voit bien qu’il a quelque chose à lui dire.

- C’est nouveau ça !! Et depuis quand tu t’en es aperçu ? Hi ! Hi !
- Pffttt !! Je suis un chasseur maintenant, demande à Maurin ?

Tancrède surpris regarde son aîné.

- C’est vrai ?
- (Maurin en souriant) Disons qu’il y a un certain progrès depuis que tu lui as fabriqué son arc et qu’il n’essaie plus de les tuer à coups de branches.

Loup toujours suspendu par les mains de son « frère ».

- La preuve !! J’ai tué deux faisans ce matin !!

Tancrède sourit devant la bouille rieuse et les yeux pétillants d’orgueil de Loup, le déposant au sol en admirant non sans fierté son physique tout en finesse qui depuis quelques mois laisse apercevoir le jeune homme magnifique qu’il devient derrière les quelques marques restant encore de l’enfance et d’ailleurs il n’y a pas que lui qui a remarqué le changement dans l’apparence du jeune garçon.



Chapitre 4 : Prologue (suite)


B) : (Loup) (2/2)

En effet et cela depuis quelque temps déjà, les filles du bourg comme celles des hameaux voisins ne se privent pas de murmurer sur son passage et aussi mais surtout ne manquent pas de se pomponner plus que d’habitude aux réunions, dès lors qu’elles savent qu’il y sera présent.

Tout ça pour pouvoir se montrer sous leurs plus beaux atours afin de se faire remarquer de cette tignasse blonde hirsute, qui en toute innocence leur donne des vapeurs au moindre sourire qu’elles reçoivent venant de sa part.

Tancrède hoche la tête en souriant en réponse aux deux faisans tués, mais redevient vite sérieux ou tout du moins le tente-t-il pour ramener la conversation vers un sujet d’actualité pour les deux garçons.

- La semaine prochaine débutera le jour des apprentis et tu sais bien que nous devons y aller tous les deux pour passer les fêtes au château afin de trouver un maître pour les quatre prochaines « doubles lunes ». Tu n’auras qu’à te faire choisir par un des maîtres de chasse du seigneur Childebert comme Maurin l’a fait.
- (Maurin) Il va te falloir être très persuasif alors, parce qu’en général ce n’est pas dans ton gabarit qu’ils recrutent.
- (Loup étonné) Je ne vois pas ce que mon gabarit vient faire là-dedans ?
- (Morin amusé) Il n’y a pas que le tir à l’arc dans l’art de la chasse, d’autres méthodes pour des animaux beaucoup plus gros nécessitent de la force physique, de l’habileté et une endurance certaine.

Loup hausse les épaules, pas ou peu convaincu et se tourne vers Tancrède.

- Et toi « Tanc » ? Tu sais ce que tu veux faire ce coup-ci ?

Tancrède qui visiblement n’en sait toujours fichtre rien, essaie de prendre un air inspiré pour répondre au mieux à la question.

- Je verrai ça lors de la première journée, quand les maîtres vont exposer aux yeux de tous leur savoir-faire.
- (Maurin) Ne montre pas ton indécision parce que s’ils s’en aperçoivent, ils ne feront aucun cas de toi et tu seras pris dans les derniers par ceux qui n’auront pas eu leur quota d’apprentis.

Loup se pose quand même une question.

- Et si personne ne nous choisit ? Qu’arrivera-t-il ?
- (Maurin) C’est très rare quand ça arrive, dans ces cas-là le garçon ou la fille doit quitter le château et le domaine. Il ou elle ne lui reste plus qu’à se faire accepter par un seigneur ami, si possible voisin.
- Et s’il n’y a toujours personne qui le prend ?
- (Maurin) Dans ce cas-là, c’est toujours le seigneur qui tranche et ça peut aller jusqu’à l’exil s’il le décide. Pourquoi tu nous demandes ça ? Tu as peur que ça t’arrive ?
- Bah ça se pourrait, non ?
- (Maurin en souriant) Je ne vois pas pourquoi aucun maître ne voudrait de toi Loup ! Tu n’as jamais volé personne et tu ne t’es jamais battu non plus !! Tu sais bien qu’en plus nous manquons de bras depuis les derniers combats contre les Orcs et les dernières attaques de Gobelins de ces derniers mois n’ont rien fait pour que ça aille mieux. Tu n’as sans doute pas la carrure d’un guerrier, mais il y a beaucoup de choses que tu sais faire et puis aussi certains des maîtres te connaissent et t’aiment bien. Alors ce serait bien le diable qu’il n’y en ait pas un qui te choisisse.
- (Tancrède en riant) Au pire tu pourras servir de furet aux maîtres de chasse !! Je te vois bien ramper dans les terriers pour dénicher les lapins !! Maintenant je ne sais pas où ils attacheront la corde pour te ramener !! Le seul bout qui dépasse est bien trop petit pour y accrocher quoi que ce soit Hi ! Hi !
- Wouaouhhh !! Fais gaffe que personne t’entende « Tanc » !! Tu es si drôle que le seigneur pourrait décider de te prendre comme bouffon Hi ! Hi !
- Et toi comme ménestrel ou jongleur Hi ! Hi !
- Et toi, comme nettoyeur des pots de chambres !!
- Hum et toi, essayeuse des beaux atours de ces damoiselles du château !!

***/***

Les connaissant bien, Maurin sait que ce n’est que le début et que c’est sans doute parti comme ça pour le restant de la journée, à s’envoyer les piques les plus débiles qui soient.

Aussi préfère-t-il rentrer déposer le gibier dans la maison où ses deux jeunes sœurs s’occuperont de le préparer pour un prochain repas, ou encore dans l’intention de les vendre au marché du bourg le lendemain matin.

Maurin rejoint ensuite son père pour l’aider aux labours, car la journée pour celui-ci est loin d’être finie et toute aide lui est utile, surtout en cette période de préparation des sols pour les futures semailles de printemps.

Malgré tout la question de Loup lui reste en tête car il connaît pour les avoir vécues, les difficultés d’adaptations des jeunes garçons aux différents apprentissages et il n’est pas sûr que son « frère » d’apparence si menue, tienne le coup quel que soit le maître qui l’aura choisi.



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Chapitre 5 : Prologue (suite)


C) : (Gaétan) (1/2)

Le garçon fait très attention de ne pas se faire remarquer lorsqu’il sort de la ruelle en longeant les remparts du château, pour emprunter le petit portillon qui mène à l’arrière de l’immense bâtisse fortifiée.

Il l’ouvre ensuite avec la clé qu'il a cachée sous une pierre et c’est avec d’infinies précautions, qu’il entre et qu’il referme derrière lui, cachant une nouvelle fois la clé mais à l’intérieur cette fois.

Il traverse les jardins maraîchers à pas de loup, profitant de la tombée de la nuit pour ne pas se faire repérer par les hommes d’armes qui patrouillent sur les remparts ou encore ceux menant les rondes à l’intérieur des murs.

La porte de l’appentis où les maîtres jardiniers au service de son père rangent leurs outils est presque à portée de main, quand une ombre lui saute dessus en poussant un cri de guerre qui l’effraie suffisamment pour que son cœur batte à tout rompre.

- Youhouhou !!!!!
- Ahrrr !!!!!

Le garçon comprend vite qui est son « agresseur » et ricane de sa propre frayeur.

- Putain !! Perceval ?? Mais qu’est-ce que tu fais là ??
- Je t’attendais pardi !!
- Comment as-tu su que j’étais sorti ?
- J’ai fait cracher le morceau à Conrad, en tous les cas si notre père apprend tes fugues dans le village tu vas en prendre pour ton grade.
- C’n’est pas toi qui iras le lui dire ?
- Non bien sûr !! Mais sois plus discret quand même, sinon il finira bien par l’apprendre de quelqu’un qui te reconnaîtra forcément un de ces quatre matins.


Le garçon expose alors son visage à la lumière et sourit à son jeune frère devant la tête d’ahuri que fait celui-ci en s’apercevant de son déguisement.

- Ce serait étonnant tu ne crois pas ?
- Wouaouhhh !! Tu es méconnaissable !! Comment tu fais ?
- C’est juste quelques onguents qui colorent la peau et les cheveux, un simple bain suffit à tout enlever.
- (Perceval curieux) Qu’est-ce que tu fais tout le temps à traîner dans le village Gaétan ? Tu sais bien que nous n’en avons pas la permission ?
- (Gaétan) J’ai quelques amis en dehors de ces murs avec qui j’aime me retrouver, les garçons du château sont trop affables avec moi et aussi trop imbus de leurs petites personnes pour que je me plaise en leur compagnie, tu comprends ?

Perceval bien qu'il soit d'une "double lune" plus jeune que son frère n'en est pas moins déjà très perspicace.

- C’est normal aussi puisque c’est toi qui seras un jour leur seigneur.
- J’n’aime pas les faux-culs !! D’ailleurs en parlant de ça, il est où Conrad ?
-
Perceval affolé tout d’un coup.


- Tu ne vas pas le battre ? C’est moi qui l’ai obligé à parler et il savait pouvoir me faire confiance.
- (Gaétan en souriant) Comme si c’était mon habitude de le rouer de coups !! Je vais juste lui passer un savon pour ne pas avoir respecté notre secret.

Perceval les larmes aux yeux.

- Fais pas ça « Tan », c’est de ma faute.

Le jeune homme regarde son petit frère et se dit que c’est bizarre qu’il défende ainsi son serviteur, même si celui-ci est plus un confident et un ami qu’autre chose pour lui.

Il n’avait jamais fait attention que c’était un peu la même chose pour Perceval et qu’il y avait également beaucoup d’affection entre lui et Conrad.

- Bon !! C’est d’accord, je ne lui dirai rien. Mais c’est bien parce que c’est toi et tu ne recommences plus à le forcer à te révéler nos secrets, promis ?
- Oui « Tan », promis !!
- Bien !! Alors rentrons, il est grand temps que j’enlève mon déguisement avant le repas du soir.
- Maistre Dogon sera là ce soir, il m’a promis de me faire des tours de magie et père lui a fait des gros yeux en lui disant qu’il devait garder toutes ses forces pour protéger le domaine, plutôt que de les gaspiller en enfantillage.
-
Gaétan curieux en souriant.


- Et qu’a répondu Maistre Dogon?
- (Perceval en riant) Il a tiré la langue à notre père qui a éclaté de rire! Hi! Hi!
- Ça ne m’étonne pas !! Dogon et père sont des amis d’enfance rappelle-toi et il est un des rares avec sire Willibert à ne pas avoir peur de lui.
- Dis-moi « Tan » ? Toi aussi tu auras un magicien à ton service quand tu seras le seigneur du domaine ?

Gaétan redevient sérieux car c’est une chose qui lui sera nécessaire mais pour laquelle il n’a pas la garantie d’en trouver un jour.

La magie devenant de plus en plus rare à cause principalement de l’inquisition qui supprime dès la naissance les bébés en ayant les prédominances physiques les plus fortes, ceci dans le seul but de protéger l’église et la curie de l’hégémonie des anciens « hauts mages » dont la puissance était telle, qu’ils auraient pu les faire disparaître complètement s’ils n’avaient pas été trahis par plusieurs des leurs.

- Pour l’instant nous avons Maistre Dogon et j’espère qu’il sera toujours là lorsque je serais le seigneur.
- (Perceval) Son prédécesseur a vécu très vieux et d’ailleurs nous ne sommes même pas certains qu’il soit mort, il n’y a pas de raison que ce ne soit pas pareil pour lui.
- Maistre Dogon le dit lui-même qu’il est beaucoup moins puissant que son ancien maître d'apprentissage, qui l’était déjà immensément moins que le sien et il dit aussi que les domaines ne vont bientôt plus pouvoir bénéficier de la protection des magiciens.
- Pourquoi donc « Tan » ? Qui nous protégera s’ils ne sont plus là ?


Gaétan se voulant réconfortant.


- Nous devrons sans doute le faire par nous-mêmes et c’est pour ça qu’avec Conrad nous allons faire notre apprentissage des armes.
- (Perceval stupéfait) Wouah !!! Tu en as déjà parlé à notre père ?
- (Gaétan) Non !! Pas encore, mais tu sais bien que même lui ne peut rien faire le jour du choix si un maître d’armes me désigne.
- Il va être en colère contre toi, tu sais bien qu’il préfère que tu restes avec notre précepteur pour suivre avec lui des études de scribe et d’érudit.



Chapitre 6 : Prologue (fin)


C) : (Gaétan) (2/2)

Gaétan amusé malgré la crainte de l’ire paternelle.

- Tu feras certainement un bon érudit toi-même, mais pour ma part je préfère les combats et ce sera pour Conrad la seule chance d’échapper à sa condition de serviteur, tu le sais pourtant bien. Tu n’aimerais pas qu’il reste larbin toute sa vie quand même ?
- (Perceval avec vivacité) Bien sûr que non !! Et puis de toute façon tu ne le permettrais pas une fois devenu seigneur !!


Gaétan encore une fois surpris par la réaction de son frère dès qu'il s'agit de Conrad.


- Notre père a encore beaucoup d’années devant lui et « Con » n’attendra pas si longtemps. Mais dis-moi toi ? Depuis quand tu t’intéresses autant à lui et à son avenir ?

Perceval regarde franchement son frère dans les yeux pour lui répondre.

- Il est comme toi pour moi, il a toujours été là et je l’aime tout autant que je t’aime toi.
- Je te comprends !! Pour moi aussi il est comme un frère et toi en plus de ça, tu l’as presque toujours connu.

Perceval regarde son frère se laver dans le bac d’eau fumante qui l’attendait dans l’appentis et changer ensuite de tenue en souriant.

- Tu es plus beau comme ça reconnais-le ?

Gaétan se recule en feignant la surprise.

- Holà !!! Mon frère serait-il un "drôle" ? Tu connais leur sort pourtant ? La lapidation par les femmes sur la place du village est somme toute une mort terrible, d’autant plus qu'elles savent faire durer longtemps quand elles le veulent.

Perceval regarde son frère avec colère.

- Pourquoi tu me dis ça?
- (Gaétan amusé) Juste pour voir ta tête !! Hé !! C'était censé te faire rire !!
- (Perceval) Choisis mieux tes plaisanteries alors, parce que là franchement je ne trouve pas ça amusant du tout.

Gaétan un peu honteux, prend son jeune frère gentiment par le cou.

- Tu as raison, excuse-moi, allons rejoindre nos parents car le repas va être bientôt servi et tu sais combien père tout comme mère, sont sensibles au fait d'être à l'heure.

Ils quittent l'appentis pour entrer dans le château et à peine quelques secondes plus tard après leur départ, qu'une ombre sort de derrière les draperies qui masquent les hautes fenêtres en protégeant les pièces du froid de l’hiver.


Un jeune garçon simplement mais proprement vêtu apparaît alors, vérifiant d’un regard acéré qu’il est bien seul cette fois.

Un sourire orne son visage pendant qu’il vide le bac car il l'a bien compris, Gaétan ne lui fera aucun reproche sur le fait d'avoir eu la langue trop bien pendue envers le jeune Perceval.

Conrad n'a jamais su résister et c'est là son plus grand défaut, aux yeux suppliants que pose sur lui le petit « Percy » quand il veut lui tirer les vers du nez.

Il connaît bien l'affection que se portent les deux frères et aussi que pas un plus que l'autre n'aurait même l'idée de raconter à quiconque les frasques dont chacun des deux est pourtant expert.

Les sorties de plus en plus fréquentes de Gaétan lui font craindre toujours le pire pour lui, car il connaît l'ire paternelle qui ne manquerait pas de tomber sur son ami s'il se doutait de quoi que ce soit.

Arrivé depuis l'âge de cinq « doubles lunes » au château avec ses parents qui se sont mis au service du seigneur, après la destruction de leur village par une attaque foudroyante et dévastatrice venant de Gobelins ayant traversé avec une rapidité déconcertante les protections magiques et ayant ainsi pu commettre leurs crimes bien avant l’arrivée de la soldatesque, il a ensuite été dès l'âge de huit « doubles lunes » placé comme serviteur du jeune Gaétan qui est du même âge que lui et qui a eu du mal à réprimer sa joie ce jour-là quand ses parents l'en ont averti, car l'amitié entre eux était déjà très forte même si elle était restée discrète pour cause de la différence de conditions des deux gamins qu'ils étaient alors.

Maintenant il se doute bien que dame Christiane la mère des deux garçons soit au courant de tout ce qui les concerne, puisque c’est sa propre mère qui lui tient lieu de dame de compagnie.

Sire Childebert par contre l’aurait vu lui d’un sale œil, car il tient par-dessus tout à conserver l’étiquette à la cour du château.

Maintenant c’est cette même condition de serviteur des jeunes princes qui lui permet d’être au fait des secrets les mieux cachés et il sait pertinemment que ce genre d’amitié est loin d’être rare, bien qu’elles soient en général plus axées sur d’autres raisons souvent bien moins louables que celles de l’amitié indéfectible et fraternelle qu’il éprouve réellement envers Gaétan et son cadet.



« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020


Chapitre 7 : Le début de l’histoire (Hameau de Loup) (Potion secrète)


« Quelques jours avant le départ de Tancrède et de Loup pour les fêtes de la deuxième lune »

Étiennette rentre rapidement du bourg le plus proche avec ses sacs remplis de provisions, provisions qu’elle a obtenues au marché en échange essentiellement du gibier provenant de la chasse de son aîné et qui vont leur amener un peu de variété dans leurs repas, habituellement essentiellement constitué de ce que produit la petite ferme qu’elle tient avec son mari et ses enfants.

Foulque l’attend au pas de la porte, son air inquiet qui ne l’a pas quitté depuis le départ de son épouse se voit rapidement changer en un énorme soulagement quand celle-ci lui fait un petit signe convenu de la tête en direction du petit sac en toile noué à sa ceinture et qui lui sert à entreposer ses quelques maigres richesses.

C’est d’une voix ténue qu’il lui murmure la question à l’oreille pour qu’elle seule puisse l’entendre.

- Tu en as eu assez ??
- Plus qu’il n’en faut pour tenir jusqu’à la prochaine « double lune » !!
- Oui mais ensuite ?? S’il doit quitter la maison pour l’apprentissage ??
- La magicienne m’a promis qu’elle allait en préparer suffisamment !!
- Elle t’a dit ce qu’elle demande en échange ??
- Un porcelet pour chaque mise bas d’une de nos truies durant les quatre prochaines « doubles lunes »
- Bien !! Ça reste honnête !!
- C’est aussi ce que j’ai pensé et je lui ai donné mon accord pour qu’elle puisse s’y mettre dès maintenant sans attendre plus longtemps !!
- (Foulque rassuré) Tu devrais avoir le sourire alors !!
- Tu connais notre fils ?? Plus tête en l’air que lui, tu meurs !! J’ai crainte qu’il n'oublie de prendre son remède chaque jour, tu connais aussi bien que moi les risques qu’il prendrait alors d’un tel oubli !!
- Tu te fais du souci pour rien femme !! Il utilise cette potion depuis si longtemps que la prendre est pour lui un réflexe comme celui de boire ou de manger, mais tu as raison au moins sur un point et il pourrait perdre son flacon, le trajet serait bien trop long dans ce cas pour revenir jusqu’à la maison sans que personne ne voie la marque qui apparaîtra inévitablement aux yeux de tous !!

Étiennette ouvre son sac pour en sortir deux petites fioles, qu’elle met sous le nez de son époux.

- C’est pour ça que j’en ai eu plus que prévu, seulement il va falloir mettre Tancrède dans le secret pour qu’il garde le deuxième flacon avec lui et qu’il puisse ainsi dépanner son frère en cas de besoin, j’espère juste que tout se passera bien durant ces deux prochaines semaines.
- Presque trois si tu comptes les trajets.
- Il y en a assez dans chaque fiole pour tenir le double du temps nécessaire, ce n’est pas cela qui m’inquiète le plus !!
- « Tanc » ne révélera jamais un tel secret, il aime trop Loup pour s’y risquer !! Crois-moi que s’il n’y avait pas autant de travaux à la ferme, je les aurais accompagnés moi-même !!

Il serre fortement la main de son épouse pour tenter de la rassurer, reconnaissant lui-même qu’il ne l’est pas plus que ça lui non plus.

- Dis-toi qu’au pire à l’âge qu’il a maintenant, le seigneur Childebert ne laisserait très certainement pas le grand inquisiteur ou un de ses sbires s’en emparer si son secret venait à être révélé.
- Peut-être serait-il temps de le lui dire alors ??
- Pas tant que nous ne saurons pas de quoi Loup est capable !!
- La marque était très forte, rappelle-toi !!
- Justement, il est préférable qu’il sache se défendre avant que son secret ne soit révélé à quiconque !!
- Il faut que tu parles dès ce soir à Tancrède, qu’il comprenne bien l’importance de ce que tu vas lui demander !!
- Je le ferai femme !! Fais en sorte que nos autres enfants soient occupés, tu sais combien ils sont tous curieux et Loup n’est pas facile à berner, ce garçon est pire qu’un chien du maître de chasse dès qu’il sent quelque chose de louche ! Hi ! Hi !
- Bah !! L’occasion se présentera bien, je te fais confiance !!

Foulque semble réfléchir à quelque chose qui vient justement de lui traverser l’esprit, le faisant sourire alors que son épouse est toujours dans l’inquiétude liée à la conversation.

- Tu peux femme !! Tu oublies juste que ce qui pour nous est un secret, n’en est pas un pour nos enfants ou du moins pas en tant que secret !!
- J’ai dû te perdre en route, de quoi parles-tu donc mon époux ??
- Nul besoin de révéler quoi que ce soit de plus qu’ils ne connaissent déjà, tous nos enfants savent très bien que Loup doit prendre son « médicament » chaque jour avant le repas du soir puisqu’ils le lui voient prendre depuis qu’il est né !! Nul besoin donc d’en rajouter, juste rappeler à Tancrède que celui-ci doit continuer absolument d’être pris régulièrement pour la santé de son frère !!



Chapitre 8 : Deux jours avant le départ (Domaine du seigneur Childebert) (Préparatifs)


« Place du marché, taverne du loup affamé »

La taverne du « Loup affamé » à cette heure inhabituelle de la journée est déjà pleine à craquer, ce qui bien sûr satisfait complètement son tenancier qui se frotte vigoureusement les mains de satisfaction comme à chaque commencement des préparatifs des fêtes de la « double lune ».

Quinze jours entiers de festivités qui vont faire entrer dans son escarcelle moult pièces de monnaies sonnantes et trébuchantes qu’il s’empressera de réinvestir comme à chaque fois dans l’achat d’un nouveau commerce, ce qui fera bientôt de lui un des notables les plus riches du domaine.

Milon c’est son nom, est un homme d’âge mûr rondouillard et jovial qui malgré sa pingrerie légendaire bien connue, n’en est pas moins un des hommes des plus estimés aussi bien par la noblesse du château que par les gens plus modestes qui vivent dans son enceinte.

Il a fait de sa taverne un lieu incontournable où chacun vient chercher la détente dans un bon repas ou encore dans une bonne pinte de bière bien fraîche, en oubliant ainsi l’espace de quelques heures les dures conditions de la vie sur Goth en s’y retrouvant entre amis.

Aujourd’hui est un jour bien particulier puisque c’est celui des préparatifs du choix des apprentis qui, durant quatre « doubles lunes », devront œuvrer pour le compte d’un maître qualifié afin d’obtenir à la fin de leurs formations le titre indispensable de citoyens du domaine et ainsi le droit de pouvoir s’établir à leur tour dans les divers métiers qu’ils auront choisis, dans l’espérance de pouvoir obtenir un jour le statut social si envié de maîtres dans leur corporation après de nombreuses « doubles lunes » de travail acharné.

Ils sont donc tous présents, maîtres de tous ordres afin de présenter leurs doléances au seigneur, seigneur qui seul pourra accepter ou non d’attribuer les apprentis demandés et le cas échéant revoir à la baisse l’effectif à accorder suivant le nombre de jeunes disponibles en âge du choix.

Le scribe prend donc note des besoins exprimés par chacun sans se permettre de donner un quelconque avis, n’entrant pas dans sa fonction de parler au nom de sire Childebert, aussi il se contente donc d’inscrire pour chaque demandeur son souhait motivé en laissant seul juge son seigneur d’accéder ou pas à sa requête.

Les heures passant, la taverne finit par se vider petit à petit et ne restent plus à part bien sûr la clientèle attitrée, qu’un ou deux maîtres finissant de compléter leurs demandes.

- Maistre Dogon a-t-il cette fois posé sa requête pour prendre un apprenti ?

Le scribe surpris qu’on lui pose une telle question relève la tête vers l’impudent qui s’y est autorisé, un sourire remplace très vite la grimace contrariée qui était la sienne en reconnaissant l’homme.

- Ah !! C’est vous maître d’armes !! Maistre Dogon est encore jeune, il a bien le temps de vouloir prévoir son remplacement !!
- Le jeune seigneur Gaétan arrive à l’âge du choix, ne serait-il pas bon pour lui qu’il s’imprègne jeune de son futur mage comme l’a fait son père ?
- Allons maître Willibert !! Il faudrait pour cela qu’un tel garçon existe et soit connu sur le domaine, vous connaissez très bien la pugnacité des grands inquisiteurs à l’encontre des enfants qui ont la marque, pour les faire disparaître !!
- Comme je connais la propension des gens du peuple à les leur cacher, certains n’attendent sans doute que cette occasion du choix pour les amener au château et les mettre sous la protection de sire Childebert, nous savons tous qu’il en va de la survie du domaine.
- Certes maître d’armes, certes !! Mais n’est-ce pas aussi pour cela que vous êtes en charge de la sécurité ?? Sire Childebert a doublé l’effectif des gens d’armes depuis ses deux dernières « double lune » et je sais qu’il va à nouveau faire un grand effort de recrutement encore cette fois-ci, d’ailleurs vous êtes au courant vu le nombre de candidats que vous êtes prêt à accepter dans vos rangs ?
- Le domaine est immense et seul la « barrière » nous alerte assez tôt pour faire face à temps aux attaques de nos ennemis, nos gens d’armes ne seraient jamais en nombre suffisant pour patrouiller sur toute la frontière du domaine s’ils ne savaient pas précisément où se rendre.
- L’alliance passée à cet effet avec le clan des nains et celui des Elfes réduit considérablement cette frontière à surveiller, reconnaissez au moins que sire Childebert fait le maximum en prévision de la sécurité du futur règne du jeune Gaétan.
- Arrhhh !! Tout cela n’est qu’un pis-aller, vous le savez très bien !! Les alliances ne lient que ceux qui les ont signées et nos ennemis sont de plus en plus nombreux, les tribus Gobelins comme celles des Orcs des marécages voient leurs populations exploser alors que nous avons du mal à maintenir la nôtre à un seuil suffisant pour nous défendre.
- Prions alors pour que Maistre Dogon vive encore très longtemps.
- Dans ce cas prions également pour que les attaques soient moins meurtrières de nos jeunes hommes !! J’ai perdu beaucoup trop d’entre eux cette dernière « double lune », espérons que beaucoup des nouveaux apprentis accepteront le « choix » et rejoindront nos rangs !!



Chapitre 9 : Deux jours avant le départ (Domaine du seigneur Childebert) (Amour interdit)


« Salle de guet au sommet du donjon »

L’homme revêtu d’une vaste robe de bure immaculée, observe avec attention le lointain scintillement de la barrière de protection qu’il renforce en psalmodiant d’étranges paroles que très peu de nos jours comprennent encore.

Dans la fleur de l’âge avec ses quarante-trois « doubles lunes », de belle prestance depuis son mètre quatre-vingt et ses soixante-dix-huit kilos de muscles saillant, il ne ressemble pas du tout à l’image des autres mages connus beaucoup plus chétifs et ne serait-ce sa longue chevelure blond-roux indiquant sans erreur sa fonction au sein du domaine, beaucoup pourraient passer devant lui sans se faire d’autres réflexions que celle de croiser un bel homme.

***/***

- Encore à renforcer nos défenses ?? Décidément, tu vas finir par coucher ici !!

La voix derrière son dos le fait sursauter et interrompre son incantation pour se retourner vivement sur l’intrus.

- Mais….qui !!! Ah…. !! C’est toi !! Oui, qu’est-ce que tu veux, ma magie est, je le regrette, bien loin d’égaler celle de mon Maître !! Lui ne montait ici qu’une fois par semaine alors que j’y passe plusieurs heures chaque jour pour un résultat bien loin de celui qu’il obtenait !!
- Tu fais ce que tu peux « Do » !! C’est déjà une chance pour le domaine et pour moi de t’avoir, comme mage bien sûr mais aussi et surtout comme ami !!
- Ami ?? Tiens donc ?? J’ai connu une époque quand nous étions de jeunes garçons fous et quand c’était encore ton père le seigneur du château, où tu employais un autre mot pour définir ce qui nous a rapprochés alors et qui est toujours d’actualité au moment où je te parle soit dit en passant !!

Childebert sourit en venant prendre son « ami » dans ses bras, lui posant virilement ses lèvres sur les siennes dans un baiser aussi bref que fougueux.

- (Dogon amusé) Et bien !! En voilà des façons ! Hi ! Hi !
- C’est maintenant tout ce que nous pouvons nous permettre en dehors des fêtes de la « double lune », tu le sais bien !!
- Ça n’empêchera pas l’amour que je te porte toujours le reste du temps !!
- Ni le mien !! Seulement le danger serait trop grand de reprendre nos « jeux » d’avant en dehors des fêtes ou tout est permis, ma charge et mes épousailles avec dame Christiane ne prêtent plus depuis lors à la continuation de cette relation qui restera à jamais comme faisant partie des plus belles choses de ma vie après celles de la naissance de mes deux fils cela va de soi.
- Je sais bien « Chi » et c’est aussi pour cette raison que j’ai préféré rester seul, mes souvenirs avec ta présence amicale au quotidien me suffisent amplement, nul besoin de rendre quelqu’un malheureux car je sais très bien qu’il ou elle le serait avec moi.
- Dame Christiane ne l’est pas, j’ai su apprendre à l’aimer !! Alors pourquoi pas toi ??
- Je dois garder mon énergie pour la protection exclusive du domaine !!
- Allons « Do » !! Ne cherche pas de prétextes qui ne tiennent pas debout !!
- T’avoir à moi durant les festivités de la « double lune » me suffit, je n’ai aucune envie d’offrir mon âme à une autre personne !!
- Ton âme ?? Si c’est comme cela que tu l’appelles, je te rappelle qu’elle est toujours aussi magnifiquement fendue en deux ! Hi ! Hi !

Dogon sourit tendrement à son ami d’enfance, qui vous l’aurez sans doute bien compris et aussi l’être aimé de toute une vie, lui faisant signe de la main qu’il est temps pour lui de redescendre en le laissant terminer son travail qui devient de plus en plus difficile et le laissera comme chaque jour qui passe, épuisé à avoir juste la force de redescendre à son tour pour rejoindre ses appartements.

Une fatigue qu’il tient à cœur de cacher à son ami et qui est également une des causes pour ne pas dire « la » cause de son envie de solitude, solitude que seules les fêtes de la « double lune » lui permettent de tromper avec son seul et unique amour, profitant de la paix instaurée pour garder son énergie aux seuls plaisirs de la chair.

Son regard se reporte vers l’étroite fenêtre pour y voir le scintillement de la barrière commencer déjà à faiblir, il reprend alors sa concentration ainsi que ses incantations qui le laisseront encore une fois sans force et en réclameront de nouvelles dans un laps de temps qui de « double lune » en « double lune » se rapprochent de plus en plus, ne lui laissant que très peu de doutes sur ce qui adviendra au final quand il n’aura plus l’énergie ni la magie nécessaire à la maintenir en place.

Chaque jour en se regardant dans la glace, il voit la marque s’amenuiser alors que sa chevelure léonine rousse de sa jeunesse n’est plus à l’heure actuelle qu’une pâle image du passé et la marque de pouvoir s’estompe quand la blondeur de ses cheveux devient chaque « double lune » qui passe plus prononcée, démontrant ainsi que la magie qui est en lui s’appauvrit inexorablement.
Sa pensée vagabonde alors que ses lèvres psalmodient inlassablement les mêmes mots de pouvoir, cherchant vainement une solution pour que perdure la protection du domaine une fois qu’il n’en aura plus la force.

Plusieurs schémas d’idées se mettent en place, tous plus improbables les uns que les autres et que ce soit l’idée de recruter un mage en pleine possession de ses moyens ou celle de prendre déjà un nouvel apprenti, elle est vite restreinte par un élément fondamental dû à la quasi-disparition de ceux de son espèce à cause de la chasse acharnée qu’en a fait l’église depuis des générations.
Une idée germe malgré tout dans son cerveau maintenant en ébullition, une idée tellement irréaliste qu’elle le fait sourire rien que par le fait qu’elle ait pu lui traverser l’esprit.

Pourtant son ancien maître lui avait raconté cette histoire survenue à un seigneur d’un lointain domaine, qui s’était lié d’amitié avec un des maîtres guerriers de Linn et qui une partie de sa vie durant, avait bénéficié de sa protection jusqu’à ce qu’il soit rappelé au temple pour enseigner de nouveaux disciples.

- Rhaa ! Quelles drôles d’idées me passent par la tête !! Tout ceci n’est qu’un rêve de vieux fou !!




« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020


Chapitre 10 : Le jour du départ (Hameau de Loup) (Dernières recommandations)


« Lever du soleil »

Etiennette se lève à l’aube comme chaque matin pour préparer l’épais gruau à base de céréales et de lait qui servira à remplir les ventres affamés de toute la famille, pour ensuite s’atteler avec son ardeur bien connue au dur labeur du quotidien.

Pourtant ce matin-là, elle n’a pas la joie simple du travail à venir au cœur comme c’est le cas habituellement et la raison en est bien simple, puisque ce jour marque le départ de deux de ses fils qui se verront absents de la ferme durant trois longues semaines avant de les quitter après un bref retour pour cette fois-ci quatre longues « doubles lunes » durant lesquelles ils n’auront que très peu d’occasions de revenir les visiter.

Étiennette essuie subrepticement quelques larmes de tristesse, puis se force à reprendre le dessus sur ses sentiments afin de ne pas trop montrer son désarroi aux deux garçons qui ne doivent pas être dans un bien meilleur état d’esprit qu’elle ce matin-là.

Elle tourne une dernière fois le gruau maintenant bien crémeux dans la marmite avant de la sortir de la cheminée afin de la déposer sur la table, profitant des quelques minutes de calme qu’il lui reste pour faire sortir les bêtes de la maison et pour ensuite passer un bon coup de balai sur le sol en terre battue afin d’évacuer le paillis couvert des excréments de la nuit.

Foulque transportera ensuite l’ensemble jusqu’au bac à compost avant d’en ré étaler du frais sur le sol de la seule pièce que possède la masure et qui fera disparaître l’odeur nauséabonde qui lui fait plisser le nez malgré l’habitude, depuis qu’elle s’est levée.

Elle termine juste son ouvrage quand le reste de la maisonnée lève la tête à tour de rôle de leur paillasse respective, souriante pour certains d’une nouvelle journée également riche en labeur qui s’annonce et grimaçante pour Loup et Tancrède qui ne l’avoueront pas, mais dont la nuit a été longue d’inquiétudes autant que de questionnements avant que le sommeil finalement ne les surprenne enfin.

Une toilette rapide dans le grand bac à eau extérieur et après avoir passé leurs vêtements de jour, les voilà tous installés autour de la table à tendre leurs écuelles tandis que le père les remplit d’un bon coup de louche généreuse et qu’ensuite il casse le pain pour en distribuer une part à chacun.

C’est Maurin qui le premier relève la tête de son écuelle, observant ses deux frères d’un œil plein de compréhension pour eux ayant lui-même connu quelques « doubles lunes » en arrière cette boule au ventre de devoir quitter pour la première fois la chaleur du foyer.

- C’est bien la première fois qu’on ne vous entend pas les deux gnomes ??
- (Etiennette) Laisse tes frères, tu n’étais pas mieux qu’eux à leur place il me semble !!
- Et j’en suis revenu vivant !! Ils devraient plutôt vivre cela comme une nouvelle expérience au lieu de se morfondre comme ils le font depuis deux jours !!
- (Foulque) Chacun vit cet événement différemment suivant ce qu’il ressent !! Moi par exemple, j’étais tellement excité que mon père a dû me calmer d’une forte calotte qui a failli m’assommer !! C’est un souvenir qui me restera gravé à jamais et pourtant je ne lui en ai pas voulu, tout cela pour vous dire les garçons que c’est pour vous la fin de votre jeunesse et le début de votre vie d’adulte qui commence, vous allez connaître d’autres gens et vous faire de nouveaux amis, au final vous reviendrez plus mature avec une autre vision des choses !!
- (Maurin) Vous comprendrez que notre monde ne tourne pas qu’autour de cette ferme, du hameau et de vos deux nombrils, père a raison !! Vous y gagnerez en maturité et vous cesserez alors vos sempiternelles âneries de gamins.
- (Ode amusée) Ça ne risque pas pour eux ! Hi ! Hi !

Etiennette écoute avec émotion les paroles qui ne sont dites que dans l’esprit d’apaiser leurs doutes, pourtant elle aussi s’inquiète de cette séparation et certainement pas pour la raison évoquée, mais surtout parce qu’elle craint pour Loup qu’il en oublie de prendre sa potion et que soit révélé aux yeux de tous un secret que lui-même ignore complètement.

Foulque peut lire l’angoisse de son épouse sur son visage, connaissant lui aussi les mêmes inquiétudes envers celui qui pour lui a la même place dans son cœur que ses enfants légitimes et c’est donc d’une voix se voulant grave mais marquée d’un léger tremblement, qu’il s’adresse à ses fils avant de les laisser quitter la table pour s’emparer de leurs baluchons et prendre ensuite le départ pour les deux journées de marche qui les séparent du château de sire Childebert dont dépend le hameau.

- N’oublie surtout pas de prendre ta médication mon fils !! Tancrède en a une fiole en sa possession pour le cas où tu égarerais la tienne, rappelle-toi qu’il est impératif que tu la prennes chaque jour !!
- Pourrais-tu me dire quel mal me ronge depuis toujours, que je doive prendre absolument ce remède ?
- Il ne sert à rien que tu le saches, cela ne t’amènerait que le trouble dans ton esprit !! Sache juste que c’est grâce à lui si tu es encore parmi nous en bonne santé, son pouvoir vient de la magie mineure et il est issu des plantes et des incantations d’une magicienne qui a su voir à temps quel mal rongeait le bébé que tu étais alors et que nous avons recueilli dans notre cœur ainsi que dans notre foyer comme un troisième fils.
- (Etiennette) Un jour tu pourras cesser de prendre ce remède !!
- Quand, mère ??
- Quand nous ne craindrons plus pour ta vie mon fils !! Mais ce moment n’est pas encore venu, il te faudra écouter les recommandations de ton père et de ne surtout jamais oublier de prendre une goutte de cette potion chaque jour, comme tu le fais depuis que tu es assez grand pour comprendre.
- Je te le promets mère et à toi aussi père !!
- (Foulque) Alors c’est très bien mon fils !! Il est temps pour vous de partir, le chemin est long jusqu’au château et vous êtes attendus ce soir pour passer la nuit au hameau de Haute Fourche où notre ami Taurin avec sa famille vous accueilleront pour le gîte et le couvert, vous y serez en sécurité bien plus sûrement que sur les chemins ou dans le bois des Elfes.
- (Maurin) En plus, leur fille Ada repartira avec vous car c’est aussi pour elle l’âge du choix !!
- Wouaouhhh !! Cool !! Moi qui la croyais plus jeune d’au moins une « double lune » !!
- (Maurin) Si l’âge était fonction de l’aspect physique, tu ne serais pas près de partir le « Loupiot » ! Hi ! Hi !



Chapitre 11 : Le jour du départ (En route pour le château) (Premier jour) (Complicité)


Le château de sire Childebert n’est pas très éloigné du hameau où vivent les « Foulque » et ne serait-ce la rivière à traverser, il ne faudrait guère qu’une petite journée à pied pour le rejoindre.

Seulement voilà, les deux ponts les plus proches sont pour l’un situé dans la forêt des Elfes, à une demi-journée de détour pour l’atteindre et autant pour rejoindre leur objectif final, l’autre pont étant encore plus éloigné et même si le trajet semble plus sûr avec ce dernier, beaucoup préfèrent prendre le chemin le plus court en prenant le risque d’une rencontre fortuite par forcément agréable.

C’est donc par ce chemin que les deux garçons partent d’un bon pas, décidés d’arriver suffisamment tôt chez leurs hôtes de la nuit afin de pouvoir les aider quelques heures aux champs en remerciement de leur hospitalité.

Le soleil est au zénith quand ils décident de la première pause, sortant le pain noir et la viande fumée qu’ils ont emportés pour le repas, s’abreuvant directement de l’eau pure et fraîche d’un bras de la rivière toute proche.

Ce n’est qu’une fois le frugal repas terminé, qu’ils s’octroient une petite sieste avant de reprendre la route et Loup surveille avec amusement la bandaison de son « frère » qui ne va pas manquer d’arriver, comme à chaque fois quand il est en position de détente.

Encore cette fois, il ne s’est pas trompé et le haut-de-chausses de grosse toile prend vite une ampleur caractéristique qui ne laisse aucun doute sur l’objet soudainement mis en valeur se trouvant à l’intérieur, objet qui somme toute est assez impressionnant en soi car Tancrède tout comme son géniteur a été plutôt bien pourvu par mère nature en ce point comme dans beaucoup d’autres.

- Hi ! Hi !
- Qu’est ce qui te fait marrer ??
- Arrête d’avoir des pensées lubriques « Tanc » !! Tes hauts-de-chausses ne vont pas y résister sinon !!
- C’est certain que ça ne risque pas de t’arriver avorton ! Hi ! Hi !

Le silence s’instaure un instant alors que les deux garçons s’observent avec le sourire grivois de ceux qui savent très bien comment ce petit jeu pour lequel ils sont passés maître va se terminer, pour la très simple et toute aussi bonne raison qu’ils s’y adonnent depuis qu’ils se sont rendu compte de l’effet de pâmoison supplémentaire que cela leur occasionne à chaque fois.

Ils pourraient donc sans aucune pudeur s’atteler à la tâche sans que l’autre ait quoi que ce soit à y redire, mais ils préfèrent depuis toujours se faire languir en jouant les damoiseaux timides jusqu’à ce que l’excitation ne leur soit plus supportable et qu’ils prennent en main l’objet alors d’une raideur sans pareille, ayant bien remarqué que ce n’en était que meilleur ensuite au moment de la délivrance quand leur semence bien souvent dans un ensemble parfait, s’échappera de leur méat purpurin en de longs jets crémeux.

C’est Loup qui cette fois est le premier à céder, baissant d’un coup en soupirant son vêtement pour libérer la bête en plein émoi afin de la prendre en main pour commencer à la secouer avec vigueur sous le regard vainqueur mais aussi fortement intéressé de Tancrède qui ne lâche pas des yeux le sexe fièrement redressé à la blancheur laiteuse qui s’offre à sa vue.

- J’en peux plus « Tanc » !! Tu as gagné !!
- Le gage sera pour toi cette fois ! Hi ! Hi ! Attends deux secondes que je me mette à l’aise, j’aime bien quand on jute ensemble !!
- Dépêche-toi alors parce que là le serpent est déjà prêt à cracher son venin, j’ai déjà le plaisir au bord des lèvres !!
- Pffttt !! Toi alors, il ne faut jamais t’en promettre !!

Loup voit alors apparaître la matraque impressionnante qu’il ne se rassasie jamais d’admirer, gorgée de sang et déjà vibrante du plaisir qu’elle va prendre sous la pogne nerveuse à souhait de son heureux propriétaire.

Rien que de voir le corps tout en muscles saillants de Tancrède se tendre de bien-être, suffit presque à Loup pour qu’il atteigne le point de non-retour et il ne lui reste plus qu’à effectuer une dernière pression virile sur le gland décalotté, pour qu’il envoie son jus en poussant un gémissement d’orgasme.

- Arrhhh !!!

Tancrède qui pourtant ne venait que de commencer sa masturbation, lâche son jus à son tour, ne pouvant résister à la vue du blondinet en pleine pâmoison, les joues rouges, le regard exorbité et les lèvres entrouvertes laissant échapper avec volupté son râle de plaisir.

- Arrhhh !!!

Les sons de jouissances emplissent la forêt, donnant une ampleur bestiale à ce petit moment de délivrance que s’octroient les deux garçons avant de reprendre la route.

***/***

Ils sont tellement pris par le plaisir, qu’ils ne voient ni n’entendent le jeune Elfe qui les épiait depuis qu’ils sont entrés dans la forêt et qui lui aussi s’est retrouvé bien surpris de les voir se donner du plaisir, troublé plus qu’il ne l’aurait cru par le corps à moitié nu des deux garçons humains.



Chapitre 12 : Le jour du départ (En route pour le château) (Premier jour) (Lorgan)


« Une heure plus tôt »

Lorgan aime bien se rapprocher des limites de la forêt et s’y cacher pour observer les humains pour qui il ressent depuis toujours une forte curiosité, aussi bien du fait de leur physique qu’il trouve bien souvent ingrat mais également de cette suractivité permanente qui semble être un de leurs apanages les plus marquants avec bien sûr, la vie brève qui est la leur et qui explique sans doute le pourquoi de ce besoin qu’ils ont de ne jamais prendre le temps comme lui le fait, de vaquer à des plaisirs plus futiles .

Il les regarde donc avec une certaine commisération s’échiner à labourer les champs et élever leur bétail pour en ramasser une bien piètre richesse, les taxes des seigneurs en ponctionnant une grande partie pour le bien-être de ce qu’ils appellent la noblesse mais aussi pour payer la solde ainsi que l’équipement des gens d’armes qui protègent les domaines.

Son peuple au contraire ne profite que des richesses de la forêt, chassant le gibier ou ramassant les végétaux nourriciers et surtout s’attachant à vivre au rythme de la mère nature, chacun œuvrant pour le bien de tous sans arrière-pensée mercantile.

Seuls ses parents ont une charge particulière au sein de son peuple puisqu’ils en sont les souverains et ont pour responsabilités le maintien de l’intégrité tant physique que spirituelle de ceux de son espèce, son frère Aerandir et lui-même, pourtant tous deux princes de sang, n’auront une importance spéciale que lorsque l’un d’entre eux reprendra la couronne une fois que ses parents prendront la décision de voguer vers l’île des âmes pour y rejoindre leurs ancêtres et y faire retraite.

Lorgan est donc ce jour-là à son passe-temps favori qui est d’épier ce qu’il se passe en dehors des limites du royaume elfique, avec l’espoir d’en apprendre toujours plus sur cette étrange race des humains si semblables à eux sur beaucoup de points et ce même si d’autres en font qu’ils soient quand même si différents.

C’est donc tout naturellement qu’il voit arriver ceux qui deviendront pour lui mais il l’ignore encore, des amis fidèles et précieux à son cœur, mais avec qui, sa vie pourtant si bien tracée, en sera complètement bouleversée.

Ce qui attira son attention en premier lieu fut leur jeunesse ainsi que leur apparence complètement différente, qui lui amena cette forte curiosité de connaître la raison qui fait qu’ils voyagent ensemble et qui le décida à les suivre en prenant soin de ne pas se faire repérer, ce qui pour un Elfe est chose facile.

C’est donc après presque trois quarts d’heure de marche, qu’il les voit s’installer pour se restaurer et encore une fois il n’y trouve rien là de bien surprenant, se demandant même pourquoi il éprouve ce besoin de rester près d’eux à continuer sa surveillance de leurs moindres faits et gestes.

Peut-être parce que leurs visages souriants amènent l’envie de mieux les connaître ou encore que leur physique moins ingrat que pour la plupart des humains qu’il a pu rencontrer lui amènent de l’intérêt dans une vie, qu’il doit bien s’avouer, en être particulièrement dépourvue.

Alors imaginons la tête de Lorgan quand il les voit baisser leurs vêtements en exhibant chacun une bandaison digne d’un cerf, pour ensuite la prendre en mains avec une complicité qui laisserait à penser qu’ils n’en sont pas à leurs premières expériences en la matière.

Les yeux du jeune Elfe s’arrondissent d’abord d’un sincère ahurissement, mais très vite suivi d’un tout aussi sincère intérêt à tenter d’en connaître le but final jusqu’au moment fatidique où deux longs jets s’échappèrent quasiment simultanément des deux sexes turgescents pour aller tout aussi naturellement s’écraser au sol sous les cris de jouissance de leurs deux propriétaires.

Quelque chose d’encore inconnue se déclencha alors dans l’esprit mais aussi le bas-ventre du jeune Elfe, une excitation jusqu’alors inconnue qui le surprend à son tour à libérer cette étrange mixture sortant cette fois-ci de son propre sexe et qui le secoue de la tête aux pieds dans un plaisir jusque-là encore ignoré, ne retenant qu’avec peine le cri de pâmoison qui sinon dévoilerait assurément sa présence aux deux jeunes humains.

***/***

Loup voit bien le regard de son « frère » soudainement aux aguets, alors que lui ne se remet qu’à peine de son orgasme en ré-enfilant ses hauts-de-chausses et il tourne la tête dans la direction qui semble soudainement tant intriguer Tancrède.

- Qu’est-ce qu’il y a ??
- Je ne sais pas trop, j’ai cru entendre quelque chose dans les arbres !!
- Bah !! Sans doute un oiseau !!
- Hum !! Oui, peut-être !! Bizarre quand même, j’ai eu un bref instant l’impression qu’on nous épiait !!
- Si c’est vrai, j’espère que le spectacle aura plu ! Hi ! Hi !
- Arrête Loup !! Cette forêt peut être dangereuse, imagine qu’il y ait des Gobelins ou encore des Orcs dans le coin à chercher rapines !!
- On les aurait entendus arriver de loin, ils n’ont pas la réputation d’avoir le pied leste !!
- Les Elfes l’ont eux !!
- Où est le danger alors ?? Tu sais bien qu’ils n’attaquent jamais sans raison, en plus nous sommes dans le no man’s land et nous l’aurions su si le traité avait été rompu !! Au pire il ou elle s’en sera mis plein la vue ! Hi ! Hi ! Allez, debout gros branleur !! Il est temps de reprendre la route !! Tu vas finir par nous amener la poisse avec tes bêtises !!

Un léger craquement se fait alors entendre.

- Et là, garçon ?? Tu crois toujours que c’est un oiseau ?? Moi je veux bien, mais ça doit en être un gros alors !! Faisant comme si de rien n’était et on verra bien s’il nous suit, j’ai une idée pour le faire se découvrir !!




« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

Chapitre 13 : Le jour du départ (En route pour le château) (Premier jour) (Durin)


« À peu près au même moment de la journée »


Durin après une longue marche de plusieurs jours, arrive enfin en vue du premier des deux ponts qu’il doit franchir pour rejoindre le château de sire Childebert et c’est donc avec un véritable plaisir qu’il s’y arrête le temps d’un bref repas « frugal », enfin frugal pour un Nain il va sans dire.

C’est donc avec appétit qu’il sort de sa besace une quantité d’aliments qui suffiraient largement à nourrir une famille de paysans humains, s’attaquant derechef au jambon, saucisson et autres charcutailles qu’il dévore avec un entrain digne d’une réputation qui n’est plus à faire.

Branak ayant accepté pour son fils l’invitation de son ami Childebert à ce que le prince Durin, participe aux festivités de la « double lune » données en son domaine et qu’ainsi il connaisse sa première vraie expérience des choses du dehors, n’étant encore jamais sorti seul aussi loin du royaume souterrain et des montagnes où vit son peuple.

Une certaine euphorie illumine le visage du jeune prince, heureux de ce voyage qui l’amène loin des siens et qui libère son esprit d’aventurier, sa curiosité étant et de loin sa principale marque de fabrique, avec bien sûr cet appétit gargantuesque qui ne le quitte jamais et lui donne cette carrure massive propre à son espèce, lui donnant la force nécessaire pour briser en mille éclats n’importe quelle roche d’un coup puissant du marteau qui est comme une partie intégrante de lui-même.

C’est donc confiant tout comme conscient de sa force, qu’il s’en est allé seul sur les chemins pour rejoindre le château où il va pouvoir retrouver ses amis Gaétan et Perceval, qu’il se retrouve là à faire cette énième pause nourricière assis sur ce pont qui enjambe la rivière en lui donnant un point de repère sur le chemin restant à parcourir.

Il en est là dans ses occupations, quand un craquement lui fait redoubler de vigilance et qu’il passe sa main à sa large ceinture de cuir pour y attraper le manche de son inséparable marteau, arrêtant là son geste dans l’attente d’en savoir plus.

Le craquement est très vite suivi par des bruits de pas ainsi que par des sons de voix, donnant déjà de quoi le rassurer du fait qu’apparemment les arrivants ne cherchent pas à se cacher et c’est donc beaucoup plus détendu qu’il voit arriver vers lui deux jeunes humains, ceux-ci visiblement surpris eux aussi de le trouver là, s’arrêtent à leur tour et après s’être jeté un coup d’œil hésitant, décident de venir vers lui les mains bien en vue pour montrer leurs intentions pacifiques.

C’est Tancrède qui prend la parole le premier pour s’adresser au jeune nain qui ne doit pas être beaucoup plus vieux qu’eux, impressionné par son apparence autant physique que vestimentaire.

- Bonjour !! Que la paix de la « double lune » soit avec toi étranger !! Je suis Tancrède fils de Foulque le fermier et voici Loup mon frère, nous rejoignons le château de sire Childebert pour y être choisis par un maître d’apprentissage !! Et toi ? Quel bon vent t’amène si loin de tes montagnes ?

Durin sourit aux deux garçons, ses yeux attentifs passent de l’un à l’autre en cherchant à comprendre comment deux frères peuvent être aussi différents.

- Je suis le prince Durin fils de Branak, je me rends également au château de sire Childebert pour les fêtes de la « double lune » !! Vous êtes frères dis-tu ? La ressemblance n’est pas frappante pourtant ?
- (Tancrède) Mon frère est un enfant de la « double lune » recueilli par mes parents, c’est mon frère de lait tout comme mon frère de cœur !!

Durin observe Loup avec une attention toute amicale, reconnaissant en lui des traits harmonieux qui ne sont pourtant pas l’apanage des humains et ce même si celui qui vient de lui adresser la parole n’est pas d’un physique déplaisant, tant s’en faut d’ailleurs.

- Ton frère a assurément du sang Elfe dans ses gènes !!... Alors comme ça, vous venez au château pour le « choix » ? C’est donc que nous avons le même âge !! J’ai entendu parler de cette pratique spécifique des humains qui je vous l’avoue, me paraît quelque peu étrange !!
- (Loup) Que trouves-tu d’étrange à cela ?
- Tout simplement que ce soit quelqu’un qui définisse pour vous ce que sera votre vie d’adulte, ce choix reste le nôtre chez les nains et chacun décide ce qui est bien pour lui, à charge ensuite de prouver à la communauté qu’il en est capable.
- (Tancrède) Comment faites-vous alors, si personne ne choisit un métier indispensable à votre communauté ?
- Ce métier devient attrayant du seul fait de sa rareté et il est ainsi mieux considéré, ce qui attire alors ceux qui désirent une meilleure position sociale !!
- (Tancrède) Nos envies sont prises également en considération lors du choix, seule la limite des besoins peut faire qu’il n’en soit pas tenu compte.
- Tout est donc pour le mieux !! J’ai été heureux de vous connaître, peut-être nous reverrons-nous pendant les festivités ??
- (Tancrède) Avec plaisir, je dois t’avouer que c’est la première fois que je discute avec quelqu’un comme toi.
- Le plaisir est également pour moi !! Nous ne sommes pas si différents !!

Loup s’approche de Durin avec une moue amusée, le haut de son casque lui arrivant à l’épaule.

- C’est juste une histoire de taille ! Hi ! Hi !

Un craquement à peine perceptible stoppe net le début des railleries qui n’auraient pas manqué de suivre, les nains étant pour leur part assez réputés en la matière.

Tancrède observe attentivement dans la direction du bruit, visiblement agacé de ne pas en découvrir la cause.

- (Loup) Ça recommence !! J’ai l’impression que quelque chose ou quelqu’un nous suit depuis tout à l’heure !!
- (Durin attentif) Seul un Elfe peut être aussi discret, en plus nous sommes sur leur territoire !! Alors qu’y a-t-il d’étonnant à ce qu’ils surveillent qui le traverse ?? Il a peut-être vu en vous quelque chose qui a attiré sa curiosité ?? Allez donc savoir !!
- (Loup) Pffttt !! Hi ! Hi !

Durin étonné s’adresse alors à Tancrède.

- Ça le prend souvent ??
- (Tancrède amusé) Eh bien disons qu’il nous a peut-être surpris alors que nous étions occupés à nous… comment dire... soulager d’une raideur gênante toute masculine ! Hi ! Hi !



Chapitre 14 : Le jour du départ (En route pour le château) (Premier jour) (Embuscade)


Durin sur le coup ne semble pas comprendre les paroles toutes en allusions du plus robuste des deux garçons, il faut donc que celui-ci fasse le geste qui va avec pour qu’il saisisse enfin de quoi il s’agit et un énorme rire retentissant le prend brusquement, se tenant les côtes pour soulager la douleur qu’il lui occasionne.

- Ha ! Ha ! Ha !! Voilà donc une occupation qui me paraît naturelle mais quand même bien étrange quand elle n’est pas faite dans la solitude !! Ha ! Ha ! Ha ! J’imagine bien la tête qu’a dû faire votre suiveur ! Ha ! Ha ! Ha ! D’autant plus que les Elfes sauf erreur ne sont pas très souvent portés sur la chose ! Ha ! Ha ! Ha !! Non !! Décidément, je vous aime déjà bien tous les deux !!

Loup qui était devenu rouge de confusion de l’aveu fort explicite qu’a fait Tancrède, parvient quand même à trouver le courage de poser la question qui le titille suite aux paroles entrecoupées de rires du jeune nain.

- Comment peux-tu savoir une chose pareille sur les Elfes ??
- (Durin surpris) Quelle chose ??
- Eh bien, la chose quoi !!
- (Durin) La….ah, ok !! D’où vous sortez tous les deux ?? Ce n’est pourtant pas un secret qu’ils commencent très tard leurs premières expériences sexuelles, sans doute est-ce dû à leur durée de vie bien supérieure à la nôtre !!
- (Tancrède) C’est pour cela qu’ils sont si peu nombreux ??
- Tout juste mon pote !! Les loulous ont beau être super-mignons, ils ne se manient pas facilement le crayon !! Du moins pas autant que moi je me manie le gourdin ! Ha ! Ha !!

Durin regarde avec encore plus d’attention les deux jeunes humains.

- Alors comme ça, vous faites ça ensemble ??
- (Tancrède) Qu’y a-t-il de mal à ça ??

Le jeune nain réfléchit un instant avant de répondre avec un sourire épanoui.

- Rien en fait !! C’est juste que j’ai été surpris d’un tel aveu !! Je ne vous conseille pas d’en parler aussi librement une fois au château, les gens du bourg pourraient y voir là comme c’est d’ailleurs le cas dans ma communauté une tendance proscrite et vous pourriez avoir des ennuis forts déplaisant au demeurant !!
- (Tancrède) Merci pour le conseil mon ami, mais nous n’avons absolument rien à nous reprocher !!
- Comme beaucoup qui ne sont hélas plus là pour en faire témoignage !! Mais stoppons là ce sujet et revenons à votre suiveur, je pourrais vous aider à le coincer et connaître ses motivations, qu’en pensez-vous les amis ??
- (Tancrède) Ça me va !! Tu en penses quoi Loup ??
- (Loup) Vous ne lui ferez pas de mal ?? Après tout il ne nous a rien fait à part nous suivre !!
- (Durin) Bien sûr que non, allons !! Nous sommes en paix avec eux, c’est juste que sa façon de faire manque singulièrement de politesse et nous aurions affaire à un jeune que cela ne m’étonnerait pas plus que ça !!
- (Tancrède curieux) Pourquoi donc ??
- Parce qu’un adulte serait venu directement à vous, pour vous demander ce que vous faites là et il vous aurait renseignés le cas échéant, s’il se trouvait que vous vous soyez perdus !!
- (Tancrède) Tu as une idée de comment t’y prendre pour qu’il se découvre ??

Durin étudie les lieux avant de répondre.

- Nous allons poursuivre notre chemin jusqu’à l’orée des arbres, nous nous cacherons ensuite derrière l’un d’eux et nous attendrons qu’il arrive, il sera bien obligé d’être au sol s’il veut continuer à vous espionner puisqu’il y a un vaste espace non boisé depuis l’autre côté du pont avant de rejoindre la forêt.

Tancrède lève la tête vers le ciel pour estimer l’heure au soleil.

- Entendu comme ça !! Mais ne nous attardons pas plus, nous sommes attendus pour la nuit et il nous reste encore du chemin à parcourir, tu as prévu de passer ta nuit dehors ??
- (Durin) Il y a pas loin une vaste caverne où nous nous sommes déjà arrêtés avec mon père quand nous venons visiter nos amis, cela se trouve à quelques lieues d’ici, j’ai donc tout naturellement prévu d’y passer la nuit !!
- (Loup) Tout seul ?? Tu ne crains pas les mauvaises rencontres ??
- Je ferai un feu devant l’entrée pour éloigner les animaux sauvages et nous sommes trop loin des terres arides pour une incursion de Gobelins voire de renégats, les guetteurs Elfes ne les auraient pas laissé entrer aussi profondément dans leur forêt sans réagir !! Et puis votre suiveur n’est-il pas une preuve à lui seul que l’endroit est sûr !!

Comme ils s’étaient mis en route en continuant la conversation, ils arrivent très vite là où ils voulaient se cacher et c’est sur un signe de Durin qui visiblement a pris le commandement du groupe, qu’ils prennent position en silence derrière un chêne multicentenaire.

L’attente n’est pas bien longue avant qu’un léger bruit de pas se fasse entendre, se relevant brusquement pour encercler le jeune Elfe qui en reste figé sans réaction de surprise.

Temps que mettent Durin et Tancrède à profit pour s’emparer du jeune garçon, celui-ci ne faisant visiblement pas le poids face aux deux armoires à glace qui lui tombent dessus.

- (Tancrède) On te tient mon gars, inutile de vouloir t’échapper !!

Durin pour sa part a le visage qui se fige de stupeur, relâchant sa prise en éclatant une nouvelle fois de rire les deux poings en appui sur ses hanches !!

- Lorgan ??? Eh bien ça alors !! Tu es bien le dernier que je m’attendais à rencontrer ici !!


Chapitre 15 : Le jour du départ (En route pour le château) (Premier jour) (Un petit signe qui va changer un destin)


L’Elfe sourit devant la surprise de celui qu’il considère comme un ami, son visage devient alors d’une véritable beauté sculpturale qui ajoutée à la grâce naturelle de son physique ne laisse pas indifférent les deux garçons ne connaissant du peuple Elfe que ce que racontent les rares personnes ayant eu l’occasion d’en rencontrer un au moins une fois dans leur vie.

C’est Tancrède qui décidément semble le plus à l’aise des deux frères, qui cette fois encore est le premier à prendre la parole.

- Tu le connais ??
- (Durin amusé) Je ne connais que lui ! Ha ! Ha ! C’est en l’occurrence mon meilleur ami Elfe ce qui n’est pas vraiment difficile à comprendre puisque c’est aussi le seul, je ne suis d’ailleurs qu’à moitié étonné de le trouver là !! Viendrais-tu toi aussi aux fêtes de la « double lune » ou n’était-ce encore ta curiosité à épier les humains qui t’a amené jusqu’ici ?

Lorgan fixe avec attention la main ferme du jeune humain qui le retient toujours fermement par le poignet.

- Suis-je ton prisonnier ??

Tancrède surpris d'entendre cette voix douce et flûtée qui s’adresse à lui, met un certain temps à réagir avant de relâcher son étreinte.

- Bien sûr que non !! ….Pourquoi nous suivais-tu ?
- Comme l’a si bien dit mon ami, je suis plutôt curieux et je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu envie d’en apprendre plus sur vous deux quand je vous ai observés et j’ai alors décidé de vous suivre dès que j’ai compris que vous vous apprêtiez à rejoindre le gué.
- (Durin) Tu t’es surtout bien rincé l’œil mon cochon ! Ha ! Ha ! J’ai eu connaissance du petit moment de soulagement qu’ils se sont octroyé après le repas ce tantôt, ta connaissance des mœurs humaines a dû monter d’un cran après ça, pas vrai ?? Peut-être même n’y a-t-il pas eu que ça qui a monté d’un cran ! Ha ! Ha !

Loup qui jusque-là écoutait sans rien dire, prend subitement la défense de Lorgan quand il voit son visage d’ange perdre son sourire devant l’immense gêne que lui occasionnent les paroles de son ami nain qui manque un tant soit peu et c’est le moins de le dire, de finesse dans ses propos.

- Oublions ça voulez-vous ?? Il sera toujours temps d’y revenir quand nous pourrons en rire tous ensemble !! Je ne pensais pas en prenant la route ce matin, que je pourrais m’y faire deux nouveaux camarades et encore moins que l’un soit un jeune nain, ma foi fort sympathique au demeurant mais qui mériterait d’avoir un peu plus sa langue dans sa poche et l’autre un jeune Elfe qui caractérise bien tout ce qu’on entend dire sur son peuple, à savoir un physique à tomber les filles sur un seul regard ! Hi ! Hi ! Tu dois avoir l’embarras du choix pas vrai le tombeur ?? Faudra qu’à l’occasion tu nous racontes ça !! J’adore les histoires un peu…. croustillantes !!
- (Durin) Tu resteras sur ta faim avec lui alors !!
- Pourquoi donc je te prie ??
- Parce qu’il est encore bien trop jeune pour s’intéresser un tant soit peu à ce genre de chose ! Ha ! Ha !
- (Loup surpris) Quel âge as-tu donc ??
- (Lorgan) J’ai eu vingt-huit « doubles lunes » il y a quelques jours !!

Loup se retourne alors vers Durin, son visage montrant bien l’incompréhension qui l’habite.

- Trop jeune, tu disais ?? Mais il est quasiment deux fois plus vieux que nous !!
- (Durin) Le temps ne se mesure pas de la même façon pour un Elfe, il lui faudra encore plusieurs fois cet âge pour être admis comme adulte et pouvoir prendre une épouse.
- (Tancrède) Pourtant à le voir on ne le croirait pas ??
- (Durin amusé) Physiquement, hum….peut-être, mais…. (il se tapote la tête)…. là-dedans c’est encore un gamin pré-pubère ! Ha ! Ha !

Chacun observe les autres pendant un long moment avant que tous éclatent de rire, marquant ainsi les prémisses d’une amitié qu’ils ressentent déjà fortement dans leur for intérieur les uns envers les autres.

Ils décident donc de continuer la route ensemble, Lorgan n’éprouvant pas l’envie de déjà devoir les quitter au risque de ne jamais les revoir et c’est donc toujours en apprenant à mieux se connaître, qu’ils marchent d’un bon pas vers l’étape qui marquera cette fin de journée.

Loup ferme la marche quand ils passent devant une étrange bâtisse au toit de chaume cachée presque entièrement par des bosquets denses, un étrange petit être fort laid au demeurant s’y tient debout devant la porte qui les regarde passer avec curiosité et qui sursaute de stupeur quand Loup lui fait un petit signe amical de la main, semblant plus que surpris que quelqu’un se soit aperçu de sa présence.

Son regard suit alors le jeune blondinet jusqu’à ce que celui-ci disparaisse à sa vue, Loup pour sa part oubliant presque cet intermède en poursuivant encore une heure durant sa marche jusqu’à ce que se dessinent au loin les contours du hameau où son frère et lui doivent passer la nuit.

Les quatre jeunes s’arrêtent alors pour se dire au revoir et se donner rendez-vous au petit matin dans le but de reprendre le chemin ensemble, car Lorgan se trouvant décidément en bonne compagnie leur a appris sa décision de profiter de la trêve pour rester avec eux durant toute ou partie de la durée des festivités.








« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020


Chapitre 16 : Le jour du départ (En route pour le château) (Premier jour) (Ada)


C’est à l’intersection du sentier qu’ils parcourent avec celui qui mène au hameau, que leurs chemins se séparent et alors que Tancrède avec Loup s’engage vers le groupe de bâtisses qui forment la petite localité, Durin pour sa part rejoint la caverne qui seule le rassurera suffisamment pour qu’il passe une nuit sereine alors que Lorgan s’engage sous la frondaison pour atteindre un lieu connu que de son peuple et où lui aussi pourra trouver le sommeil avant la longue marche qui demain les attend.

Ils n’ont pas disparu du croisement depuis cinq minutes, que le fameux « petit être fort laid » que Loup a remarqué au pas de la demeure embusquée dans la forêt, apparaît à son tour.

Un bref regard dans les trois directions différentes qu’ont prises les nouveaux amis, puis il reprend sa route vers le hameau confiant du sortilège qui le protège normalement à la vue du commun des mortels et qui pourtant ne semble pas avoir fonctionné avec le jeune humain blond, le doute de ce qu’il pourrait être lui faisant les suivre pour en avoir le cœur net.

***/***

« Quelques centaines de mètres plus loin »

Les deux frères continuent leur marche d’un bon pas, ne semblant pas fatigués outre mesure du chemin parcouru depuis leur départ de la ferme.

- Ils sont sympathiques nos deux nouveaux amis, tu ne trouves pas ??
- (Tancrède) C’est vrai !! Maintenant qu’eux soient amis me surprend quelque peu, ils sont tellement différents et là je ne parle pas du physique, mais du caractère !! Durin est franc du collier à dire tout ce qu’il lui passe par l’esprit, alors que Lorgan est beaucoup plus réservé !!
- Cette histoire d’âge sans doute !!
- (Tancrède) J’avais entendu parler de ça par les anciens, il paraît qu’ils ont une vie pouvant largement dépasser les quatre cents « doubles lunes » !! Tu te rends compte un peu ?? Il paraît qu’il n’y avait que les hauts mages qui vivaient encore plus longtemps qu’eux, pour ce que ça leur a servi au final !!
- Bah !! Tant mieux pour eux !! En attendant je suis drôlement content d’en avoir rencontré un, avoue que Lorgan est d’une beauté sans pareille !! J’en ai encore des frissons dans le dos de quand il nous a souri, tu imagines ??
- (Tancrède) Je comprends surtout mieux la raison de leurs isolements !! Imagine les problèmes occasionnés s’ils vivaient au milieu des humains, j’espère juste que Lorgan a bien réfléchi quand il a pris la décision de rester avec nous !! Je sais bien que c’est la trêve mais quand même, les risques n’en sont pas nuls pour autant !!
- Nous serons là pour le protéger au besoin !!
- (Tancrède amusé) Nous ?? Qui ça nous ?? Tu veux sûrement parler de nous deux Durin ?? Toi tu es gaulé comme Lorgan en encore plus petit alors je te vois mal en prise avec quelques marauds ou pire quelques dépravés ayant des intentions malsaines ! Hi ! Hi !
- Donc pour toi Lorgan ou pas, le problème reste le même !! C’est sûr que je n’ai pas ta force, j’en conviens sans honte !! Maintenant j’ai d’autres qualités comme la rapidité, l’intelligence et l’endurance, faudrait déjà qu’on m’attrape avant de vouloir me faire quoi que ce soit !! Pareil pour Lorgan !! Si tu l’as eu tout à l’heure c’est par surprise, sinon jamais tu n’aurais pu mettre la main sur lui !!

Tancrède préfère s’abstenir de répondre que si lui y est arrivé, d’autres pourraient également y parvenir et il accélère le pas pour ne pas montrer à Loup l’inquiétude qui vient de le prendre à la prise de conscience que pour son frère aussi le danger risque d’être bien présent.

Sa beauté n’étant pas loin de valoir celle de Lorgan, ce qui le protégeait jusque-là n’était rien moins que le cocon « familial » que représente le hameau où ils ont toujours vécu.

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« Ferme où habite Taurin et sa famille »

Eliette sourit à son mari qui rentre un bref instant de son labeur de préparation des semailles pour se désaltérer, épouse aimante d’un mari robuste qui lui donne une vie somme toute confortable.

Près d’elle, sa fille Ada file la laine fraîchement tondue qu’ils iront revendre au marché pendant les fêtes et son sourire disparaît un bref instant quand elle songe que le lendemain elle en sera séparée et qu’il lui faudra remédier autant au manque de sa présence, qu’au manque de revenus de son travail qui depuis deux « doubles lunes » leur permet d’améliorer le quotidien.

Ada sent le regard de sa mère porter sur elle, elle lève alors les yeux pour lui envoyer un sourire se voulant réconfortant et qui démontre bien que la jeune fille est parfaitement consciente des affres qu’occasionnera son départ.

- Ils ne devraient plus tarder mère, ils ont dû beaucoup changés depuis la dernière fois que nous les avons vus !!

Taurin écoute les paroles de sa fille avec un petit sourire en coin, lui-même ayant rencontré son ami Foulque il y a peu et ayant pu constater de visu le « quelque peu changé » des deux garçons qui il doit bien l’avouer, feraient l’un comme l’autre un très bon prétendant pour sa petite Ada.

- Ce sont presque des hommes faits maintenant !! Tu devras te comporter comme une damoiselle bien élevée et non plus comme une enfant jouant avec d’autres enfants !!
- Père !! Que me prêtes-tu là de bizarres intentions !! Je saurais me tenir devant ces deux garçons qui sont tout de même mes meilleurs amis, ne l’oublie pas !! Je n’ai aucune prétention d’épousailles avec l’un ou l’autre !!
- (Taurin) Il ne faut jamais dire jamais ma fille, les deux dernières « doubles lunes » ont beaucoup changé ces deux garçons comme elles t’ont également beaucoup changée toi aussi !!


Chapitre 17 : Le jour du départ (En route pour le château) (Premier jour) (Quel changement)


Cela fait déjà presque une heure que Taurin est retourné à ses semailles, quand il voit au loin les silhouettes des deux garçons qui s’avancent d’un pas ferme dans sa direction.

Un signe amical de la main suivi du même en retour et le voilà reprenant sa tâche, le travail de la journée n’étant pas terminé pour qu’il aille déjà prendre de leurs nouvelles.

Eliette entend à son tour les pas se rapprochant suivis du son joyeux d’une discussion entre les deux garçons qui décidément ont toujours quelque chose à se dire et cela du plus vieux souvenir qu’elle se rappelle d’eux, quand ils n’étaient alors que deux bambins encore flageolant sur leurs jambes.

- Voilà nos deux garnements qui arrivent !!

Ada pose son ouvrage pour aller à leur rencontre, sautant dans leurs bras sitôt la porte ouverte.

- Loup !! « Tanc » !! Comme je suis contente de vous revoir !!
- (Tancrède) Et bien !! Quel accueil !! Ça aurait été dommage de ne pas venir passer la nuit chez vous ! Hi ! Hi !

Ada s’aperçoit alors seulement du changement de ses deux amis, déjà la voix plus grave de Tancrède puis leur physique de jeunes damoiseaux très attirant au demeurant.

Inutile de dire que pour les deux garçons l’effet est le même, serrant dans leurs bras une magnifique damoiselle à la poitrine ferme qui ne manque pas de laisser les deux frères sinon gênés, du moins troublés par l’étreinte.

- (Loup) Tu connais cette damoiselle ?? Une amie d’Eliette très certainement ??

Ada sourit au petit blond en rougissant vivement de ce qu’elle prend à juste titre pour un compliment.

- Oh !! Excusez-moi jeunes seigneurs !! Je vous ai pris un instant pour deux gamins de mes amis qui doivent nous rendre visite séant !!... Mère !!... Des amis à toi requièrent ta présence, tu peux venir ??
- (Eliette) Mais vous n’avez pas fini vous trois ! Hi ! Hi ! À peine arrivés et vous voilà déjà en train de vous « chipouiller » !! Fais les plutôt entrer et referme la porte, inutile de refroidir la maison.

Ce n’est qu’une fois chose faite, qu’elle s’esclaffe en apercevant les garçons.

- Boudiou !! En voilà deux beaux jeunes hommes !! « Tanc » tu ressembles de plus en plus à ton père et toi Loup… que dire à part que tu es devenu un très beau garçon, tes parents quels qu’ils soient auraient été fiers de toi mon grand !!
- Mais ils le sont !! Je n’en ai pas d’autres que ceux qui m’ont élevé avec mes frères et sœurs !!

Eliette rosit de confusion d’avoir été si irréfléchie dans ses paroles, comprenant bien le sentiment de déni du jeune garçon quant à ses véritables géniteurs.

- Tu as raison mon grand, ton père et Etiennette sont fiers de toi !! D’ailleurs mon époux en revenant de chez vous, nous a raconté avec quel orgueil Foulque lui a parlé de tous ses enfants.
- (Ada) Laisse-les donc mère, ils viennent juste d’arriver !! Venez les garçons, vous avez sans doute besoin de vous rafraîchir !!
- (Tancrède) Tout à l’heure, nous allons donner la main à ton père pour qu’il puisse se libérer plus tôt et passer un peu de temps avec nous tous.

Ada sourit en remerciement, s’affairant à son tour pour préparer le repas du soir.

- C’est gentil à vous, nous aurons beaucoup plus de choses à nous dire à la veillée comme ça !!

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« Quelque temps plus tard »

Taurin regarde la parcelle nouvellement retournée avec la satisfaction du travail bien fait, l’aide des deux garçons lui ayant permis d’en voir le bout bien plus tôt que prévu et il regrette un peu en les observant dans leur labeur, de n’avoir pas eu de fils pour l’aider aux champs.

Loup malgré son aspect fluet et fragile n’en abattant pas moins de travail que son frère tout en muscle, aussi il va pour l’en féliciter quand il remarque pour la troisième fois son regard se détourner vers le chemin qui mène au hameau.

Il s’avance alors vers lui plus par curiosité qu’autre chose, ne voyant absolument rien dans ce chemin qui prête à s’y retourner et surtout à avoir ce regard curieux qu’il peut lire sur son visage.

Loup s’apercevant de sa présence près de lui, sourit en lui montrant du doigt un point précis et en lui posant la question qui semble le turlupiner.

- Quel être étrange, tu ne trouves pas ??
- De qui parles-tu, je ne vois personne sur le chemin !!
- Comment ça, tu ne vois personne !!

Loup reporte son regard dans la direction indiquée, n’y voyant plus l’objet de sa question.

- Ah !! Il a dû partir avant que tu regardes, je ne le vois plus !!
- À quoi ressemblait-il ??

Loup décrit alors du mieux qu’il peut le personnage qui semble les avoir suivis depuis la maison qu’il avait aperçue à quelques lieues d’ici.

Taurin l’écoute d’abord avec un sourire bienveillant, prêt à le renseigner sur une des espèces non humaines qui vivent sur Goth et qu’il n’aurait peut-être encore jamais rencontrées, seulement son visage se fige au fur et à mesure que Loup le lui décrit.

- Je n’aurais pas la certitude que ces êtres ont complètement disparu depuis si longtemps que c’en est maintenant plus qu’une légende, je dirais que ton suiveur ressemble étrangement à ce que le père de mon père nous décrivait enfants quand avec mes frères nous n’avions pas été sages. Il nous disait alors qu’un Gnome viendrait nous prendre pour nous amener en pâture aux Rois Dragons.
- Un Gnome ?? Je n’en ai jamais entendu parler !!
- Tout simplement parce qu’ils n’ont sans doute jamais existé !! De toute façon pour le cas contraire ils savaient se rendre invisibles aux autres espèces vivant sur Penn et seuls les hauts mages pouvaient les voir. Ils les utilisaient souvent comme serviteurs ou encore comme espions, mais tout ceci n’est rien de plus que du folklore pour faire peur aux enfants !!
- J’ai vu quoi alors ??
- Sans doute un animal que tu n’auras pas bien vu, c’est comme cette bâtisse que tu aurais croisée en chemin !! J’ai fait le parcours un nombre incalculable de fois et je ne l’ai jamais vue, il arrive parfois que notre esprit nous joue des tours !!

Taurin hésite à poursuivre car la pensée qui lui vient soudainement à l’esprit, est de celles qu’il vaut mieux garder pour soi car le blasphème n’est pas loin.

- Ne parle à personne de tes étranges visions, fais-moi s’en la promesse Loup !! Il y a une possibilité que ce que tu as vu existe vraiment, dans ce cas personne ne doit savoir que tu y as été mis en présence !!
- Mais enfin, pourquoi ??
- Pour ta protection mon garçon !! La grande inquisition recherche toujours des victimes mêmes innocentes pour continuer à asseoir son hégémonie sur le peuple, ne lui donne surtout pas matière à ce qu’elle s’en prenne à toi !! Ils pourraient t’accuser de sorcellerie ou encore d’avoir des accointances avec les forces du mal.
- Juste pour une vision ??
- Qu’importe pour eux l’excuse s’ils peuvent trouver une proie sur qui planter leurs griffes, beaucoup d’innocents ces dernières « doubles lunes » se sont vus y perdre la vie pour des motifs encore bien plus futiles !! Allez, viens !! Rentrons et n’en parlons plus !!



Chapitre 18 : Deuxième jour (En route pour le château) (Apprendre à mieux se connaître)


La soirée dura en discussions jusqu’à la nuit tombée, suivie ensuite d’un repos bien mérité qui les amena d’une traite jusqu’au petit matin où l’odeur appétissante du gruau de maïs les tira du sommeil le ventre gargouillant d’appétit.

Ada cachant difficilement sa joie de prendre la route avec ses deux amis, en oublia presque d’embrasser ses parents au moment du départ.

Taurin après avoir confié sa fille à la garde des deux garçons le temps des fêtes, reprit le chemin de ses champs alors que son épouse une fois sa fille disparue de sa vue, essuie ses yeux des quelques larmes qui s’en échappent.

C’est arrivé au croisement où ils s’étaient quittés, que les deux frères retrouvent leurs deux nouveaux amis qui sont déjà à les attendre et qui les accueillent comme des camarades de longue date alors qu’ils ne se sont rencontrés que la veille.

Les présentations avec Ada sont vite faites, non sans que celle-ci ne soit vivement troublée par cette rencontre au demeurant suffisamment improbable pour qu’elle en fasse la remarque de vive voix.

- C’est incroyable cette rencontre, vous ne trouvez pas ?
- (Lorgan) Et pourquoi donc jeune fille ??
- (Ada) Je ne pensais pas qu’il soit possible d’avoir des amis non-humains !!

Durin amusé reprend exactement les paroles de son ami Elfe.

- Et pourquoi donc jeune fille ?? Ha ! Ha ! Ha !
- (Ada) Je n’ai jamais entendu personne en faire cas, voilà pourquoi !!

Durin redevenant sérieux.

- Heureusement que c’est beaucoup plus fréquent qu’il n’y paraît, pourquoi donc toutes les espèces vivantes sur Penn devraient-elles s’ignorer alors que nous parlons tous le même langage ?? Nos modes de vie divergent souvent je dois bien l’admettre, mais est-ce une raison pour que nous n’essayions pas de nous comprendre et par le fait d’éprouver de l’amitié les uns envers les autres ?? Bien sûr je ne parle pas des Gobelins ou des Orcs qui mènent une guerre sans pitié depuis des lustres pour nous détruire afin d’étendre leurs territoires ou encore de se servir de nous comme gibier potentiel !!
- (Loup) Il n’y a donc jamais eu de cas d’amitié entre eux et nous ?? Père dit pourtant que les renégats des terres arides vivent en paix avec eux !!
- (Durin) Par nécessité rien de plus !! Ils ont besoin tout comme nous d’avoir un lieu où règne la paix pour élever leurs enfants, ils ont donc dû transiger avec la haine qu’ils ressentent pour que cela soit possible.
- (Tancrède) Comment sais-tu tout cela ??
- (Durin) Ce n’est pourtant un secret pour personne !!
- (Lorgan) Tu oublies leurs conditions de fermier, leurs parents ne reçoivent pas les informations comme les-nôtres qui sont en charge de nos peuples et nul doute que les seigneurs des domaines connaissent tout ceci aussi bien que nous.
- (Ada) C’est vrai que nous n’entendons pour ainsi dire jamais parler des autres espèces qui vivent sur Penn, ou alors en mal à cause d’un traité rompu ou encore d’une attaque meurtrière qui détruit un hameau non loin du nôtre. Même le fameux temple de Linn ne serait pour nous qu’un mythe, si père ne nous avait raconté maintes fois pendant les veillées comment il avait croisé le chemin d’un de ces maîtres guerriers. Je comprends que ma question de tout à l’heure n’était posée que sous l’emprise de l’ignorance et je m’en excuse, d’ailleurs depuis que nous marchons de concert, je vous considère ni plus ni moins que comme des personnes sympathiques avec lesquelles je me sens particulièrement bien.

Ceci étant dit la petite troupe marchant d’un bon pas tout en poursuivant la conversation, arrive devant le second pont qui annonce la halte de la demi-journée.

Le déballage des victuailles contenues dans la besace de Durin, laisse les quatre autres à se regarder avec stupéfaction devant un tel étalage de nourriture.

- (Tancrède) Tu as prévu tes provisions pour toute la durée des fêtes donc ?? Je croyais que tu étais invité par le seigneur Childebert ??

Durin termine d’avaler une énorme bouchée de pain accompagné d’une épaisse tranche de terrine de faisan pour répondre, semblant surpris de la question en regardant ce qui pour lui ne représente tout au plus que deux repas des plus frugaux et qu’il a bien l’intention de n’en rien laisser, sa faim à parcourir les bois étant particulièrement aiguisée pour cela.

Il comprend alors le sens de la question en regardant le maigre encas que s’octroient ses amis, souriant encore une fois du manque de connaissance manifeste qu’ils ont sur son peuple.

- Vous plaisantez j’espère !! Je compte bien à ce qu’il ne reste rien au moment de reprendre la route ! Ha ! Ha ! Nous les nains sommes petits mais compacts, il nous faut plus que vos becquées d’oiseaux pour nous nourrir ! Ha ! Ha !

Comme il l’avait promis, tout disparut en un rien de temps et c’est après avoir terminé les dernières miettes de son festin, qu’il s’allonge pour une petite sieste non sans prendre le temps de regarder avec l’œil égrillard les deux frères.

Tancrède s’en aperçoit et bien sûr en capte tout de suite la raison, tout comme d’ailleurs Lorgan qui rougit en détournant le regard de ses nouveaux amis.

Ada qui admirait du coin de l’œil sa beauté féerique presque irréelle à ses yeux ne manque pas, bien sûr, de s’en apercevoir, posant alors en toute innocence la question afin d’en connaître la raison et ne s’attendant certainement pas à ce qu’elle va apprendre sur ses deux copains, ainsi qu’en l’occurrence sur les besoins physiologiques des garçons en général.


- J’ai dû manquer quelque chose, si quelqu’un voulait bien m’expliquer !!



« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

Chapitre 19 : Deuxième jour (En route pour le château) (Apprendre à vraiment mieux se connaître)


- J’ai dû manquer quelque chose, si quelqu’un voulait bien m’expliquer !!

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Loup qui lui n’a rien vu, demande à Ada visiblement intrigué.

- Expliquer quoi ??
- Pourquoi Lorgan s’est mis à rougir d’un coup comme un enfant pris en faute et surtout pourquoi Durin vous regarde tous les deux avec cet air ironique ??

Tancrède qui pour sa part a très bien compris de quoi il retourne, tente de détourner la conversation.

- C’est parce qu’il a réussi à tout avaler le contenu de sa besace alors que nous pensions que ce n’était pas possible, rien de plus !!
- (Ada sceptique) Hum !! Je ne vois pas là de quoi rougir comme le fait encore Lorgan, mais s’il est vrai qu’un Elfe ne sait pas mentir peut être que lui me dira de quoi il retourne !!

Durin explose de son rire tonitruant, en se claquant à pleines paumes les mains sur les cuisses.

- Ha ! Ha ! Je suis curieux d’entendre ça moi, parole ! Ha ! Ha ! Allez mon ami, raconte à la jeune damoiselle ce que tu as surpris dernièrement en espionnant tes nouveaux amis, je suis curieux d’entendre ça de ta bouche ! Ha ! Ha !

Tancrède encore lui qui apprécie décidément déjà beaucoup Lorgan, décide de lui venir en aide en choisissant bien ses paroles pour qu’elles reflètent au mieux la réalité tout en évitant un sujet par trop tabou.

- Il nous a tout simplement surpris alors que nous étions culottes baissées à assouvir de concert un besoin naturel, depuis il s’en veut de ne pas avoir respecté notre intimité !! À sa décharge je dois bien avouer qu’il ne s’y attendait certainement pas, te voilà renseignée maintenant !!

Ada observe Lorgan qui semble subitement aller beaucoup mieux, souriant même timidement de reconnaissance à Tancrède pour avoir amené les choses d’une façon à laquelle lui n’aurait certes pas pensé.

Maintenant le rictus encore plus prononcé de Durin n’abuse qu’un bref instant la fine mouche qu’est Ada, sentant bien là la demi-vérité à l’atmosphère particulière qui règne entre les garçons.

- Vous me cachez autre chose, il n’y a qu’à regarder la tête que fait Durin !!

Durin faisant l’innocent.

- Ma tête ?? Quelle tête ?? Ton ami a une façon bien à lui de présenter les choses, un besoin naturel ! Ha ! Ha ! Oui, en y regardant bien, c’en est manifestement un en effet ! Ha ! Ha !

Ada reste un moment songeuse, cherchant à comprendre ce qui amuse tant son nouvel ami nain et se demande ce qui peut bien prêter à rire dans cette histoire, jusqu’à ce qu’à son tour son visage s’empourpre en imitant à la perfection celui du jeune Elfe.

- Non !! Ne me dites pas que vous vous …. Non !!

Durin regarde la jeune humaine, cette fois avec surprise.

- Je suis médusé de constater que la jeune damoiselle en connaît plus sur la gent masculine que je ne le pensais ! Ha ! Ha ! Comme quoi rien n’est jamais gravé dans la pierre !!

Loup jette un coup d’œil sur son frère, la gêne qu’il éprouve fait sourire Tancrède beaucoup moins pudique et c’est ce qui le décide à crever l’abcès une bonne fois, afin d’en terminer définitivement de toute cette histoire.

- Bon !! Et alors ?? C’est la nature, pas vrai ?? Pour ma part il faut que ça sorte régulièrement, alors quel mal y a-t-il à se faire du bien, dès l’instant que cela ne gêne personne ?? Quelqu’un peut-il me le dire !! Maintenant nous n’étions pas au fait qu’un jeune Elfe curieux comme pas possible, nous espionnait et d’ailleurs je pense qu’il a dû en faire autant vu la tronche qu’il fait !! Allez gars !! Avoue que tu te l’as bien secoué toi aussi, le spectacle devait être particulièrement excitant, pas vrai ?? Sinon tu te serais éloigné pour nous laisser nous finir tranquilles.
- (Loup) Ça suffit « Tanc », je pense que tout le monde a compris alors inutile d’en rajouter et pendant que tu y es, pourquoi ne pas leur faire une démonstration tant qu’à faire ??

Ada sursaute en entendant les paroles du blondinet, son regard change alors pour devenir quasiment comme celui de Durin qui montre une mimique des plus expressives quant à la proposition dite sans véritables intentions autres que de stopper là la velléité de langage de Tancrède sur un sujet des plus scabreux.

- Tiens, oui !! Voilà une idée fortement intéressante ! Hi ! Hi ! J’avoue sans honte que si j’ai entendu quelques propos à ce sujet, je ne l’ai pour ma part jamais vu faire de mes propres yeux. Mon père honorant ma mère suffisamment souvent durant la semaine, pour qu’il n’ait plus à utiliser cette méthode pour se soulager.
- Ohhh !!

Tous se tournent alors vers Lorgan qui a la main droite lui couvrant entièrement les lèvres, visiblement choqué par ce qu’il vient d’entendre et surtout venant de la bouche d’une jeune humaine, peu ou prou habituée à autant de liberté de langage.

Ada se concentre un instant sur lui en plissant les yeux, cherchant sans doute à comprendre son trouble.

- Quoi !! Ohhh ??



Chapitre 20 : Temple de Linn, quelques mois plus tôt (Jour funèbre)


Cela fait bientôt une heure que le glas résonne lugubrement dans la montagne annonçant le décès d’un grand maître, quand celui-ci cesse brusquement au plus grand soulagement des disciples et des habitants des villages alentour qui maintenant n’ont plus qu’une question en tête.

Qui sera l’heureux élu au douzième poste de maître devenu vacant, quel sera le disciple le plus méritant qui aura récolté le plus de voix auprès des cinq grands maîtres guerriers présents au temple.

*** Explications sur le fonctionnement du temple de Linn ***

Un disciple méritant peut se voir promu maître guerrier à la place du plus ancien des six ayant cette fonction et qui se voit lui-même promu grand maître à la mort d’un des six qui ont cet insigne honneur, ou encore suite au décès prématuré d’un maître itinérant pour y prendre sa place.

Une fois élu maître guerrier, l’ancien disciple homme ou femme doit quitter le temple pour y faire ses expériences de la vie sur Penn et ce afin de pouvoir mieux enseigner son art une fois rappelé au temple après le décès d’un des grands maîtres enseignants et ce pour y prendre sa place.

Il y a six grands maîtres et six maîtres au total, les places sont donc réservées aux plus méritants de ceux qui suivent l’enseignement pratiqué au temple.

Ceux qui ne sont pas élus et qui malgré tout ont suivi tout l’enseignement, s’occupent exclusivement de la sécurité du temple et de ceux qui subviennent à sa subsistance.

Ils sont reconnaissables à l’unique épée portée dans le dos par-dessus leur kimono noir, craints de tous ceux qui n’auraient pas l’esprit tranquille.

Les six maîtres guerriers portent eux une double épée appelée Katana croisée dans le dos ainsi que deux plus courtes à la hanche, épées qui une fois sorties du fourreau ne peuvent y être remises qu’après que du sang soit versé.

Comme dit plus haut, les six maîtres guerriers voyagent au gré de leurs envies de par le continent de Goth jusqu’au moment où ils sont rappelés au temple pour remplacer un grand maître mourant et passer ainsi le reste de leur vie à enseigner l’art des armes et de la guerre à ceux somme toute peu nombreux qui sont choisis ou devrais-je plutôt dire élus pour suivre leurs cours en prenant de ce fait le statut déjà très envié de disciples.


***Retour à l’histoire***

Un groupe de disciples s’attroupe dans un coin de la cour d’honneur, les oreilles encore vibrantes des effets prolonger du glas.

- Maître Yoo a été rappelé pour prendre la place du grand maître décédé !!
- Qui choisiront-ils comme douzième pour le remplacer d’après vous ?
- Il y a plusieurs choix possibles parmi les plus anciens disciples !!
- Hummm !! Lors du rappel de Maître Soo, Maître Noo avait tout de suite été promu douzième !! Je trouve que cette fois-ci ils sont bien longs à prendre leur décision !!

***/***

« Salle du haut conseil »

La réunion des cinq grands maîtres restant au temple suite au décès d’un des leurs bat son plein, l’ordre du jour étant la nomination du douzième maître suite à celle automatique du plus âgé des six maîtres promu à l’état de grand maître et le rappel de celui-ci pour prendre en charge l’éducation des disciples du temple de Linn, comme le veut sa nouvelle fonction.

- (Maître Loo) Ne devrions-nous pas attendre l’arrivée de Maître Yoo avant de prendre notre décision ?

Maitre Too le doyen des grands maîtres hoche la tête en signe de dénégation.

- L’attente serait bien trop longue, Yoo est aux dernières nouvelles à l’autre bout de Goth et il lui faudra au moins un quart de « double lune » pour nous rejoindre, l’émissaire le prévenant de sa nouvelle fonction n’ayant quitté nos murs qu’hier matin !! Nos textes prévoient ce genre de situation, ils exigent juste que le quorum des deux tiers soit rempli pour la nomination du douzième !! De plus nos disciples ne comprendraient pas une aussi longue attente !!
- (Maitre Woo) C’est au premier grand maître de proposer quels seront les disciples en lice pour le vote !!
- (Maitre Too) Je n’en vois qu’un !! Eldarian !!

La surprise fige un instant les visages des quatre autres grands maîtres, Maître Too sourit en répétant le prénom du seul disciple qui à ses yeux mérite plus que jamais ce titre pas seulement honorifique.

- Eldarian !! Qui d’autre pensiez-vous donc que je mettrais au vote ?? Il est de loin le meilleur de tous et ce malgré son âge !!
- (Maitre Soo) Mais !! Ce n’est encore qu’un enfant !!


Chapitre 21 : Temple de Linn, quelques mois plus tôt (Eldarian)


Too accentue le sourire qui ne l’a pas quitté, depuis l’annonce somme toute inhabituelle de la personne qui seule à ses yeux mérite la place tant convoitée et si difficile à obtenir de maître de l’ordre guerrier de Linn.

- Il sera majeur à la prochaine double lune !! Rien dans nos textes ne fait mention de l’âge d’un candidat et Eldarian a toutes les compétences pour la fonction, son âge ne doit pas être un obstacle à la reconnaissance de son mérite !!
- (Maître Loo) Ton jugement ne serait-il pas faussé par le fait que tu l’as élevé depuis que nous l’avons recueilli bébé à la porte du temple ?
- (Maitre Soo) Ne serait-il pas dangereux pour lui qu’il quitte trop tôt nos murs ?? La marque qu’il porte lui mettrait rapidement l’inquisition sur le dos !!
- (Maitre Woo) Je comprends bien ta remarque Soo !! Mais crois-tu sérieusement que ce seul fait soit un réel danger pour Eldarian ? Ce garçon vaut à lui seul un bataillon de gens d’armes chevronnés, alors que pourrait donc bien faire l’église pour lui nuire ?
- (Maitre Too) Nos grimoires retracent des cas similaires à Eldarian, ils parlent d’hommes comme lui somme toute très rares auxquels les marques ont conféré un grand pouvoir du corps, Eldarian n’a rien d’un magicien convenez-en !!

Un rire sonore sort des gorges des grands maîtres, les dernières paroles du premier grand maître leur remettant en mémoire les frasques du jeune Eldarian tout du long de ces bientôt quinze « doubles lunes » qu’il aura passées auprès d’eux.

Maître Soo est le premier à redevenir sérieux.

- J’ai lu avec attention les livres anciens qui parlent de cet état de fait !! Toujours il y est fait mention d’une gémellité d’avec un grand mage qui a marqué son temps, l’un ayant pris sur le corps ce que l’autre a pris avec l’esprit !!
- (Maitre Too) Qui dit que ce n’est pas également le cas et que celui qui a mis le bébé devant notre porte n’en a pas fait autant d’un deuxième enfant ?
- (Maitre Hoo) Pourquoi les avoir séparés dans ce cas ?
- (Maitre Too) Comment puis-je répondre à cette question ? Sans doute pour les protéger, ou encore de peur que deux enfants soient plus compliqués à accepter qu’un seul !! Surtout avec cette marque si forte !! Pour ma part c’est l’option que j’aurais prise, les éloignant l’un de l’autre le plus loin possible pour que chacun d’eux y trouve une chance de survie devant les méfaits de l’inquisition !!
- (Maitre Soo) Ha ! Ha ! Ha !

Quatre visages se tournent vers lui, visiblement surpris.

- J’essaie d’imaginer ce que cela aurait été d’avoir les deux sous le même toit durant toutes ces « doubles lunes » Ha ! Ha ! Déjà qu’avec un seul ce n’était pas triste admettez-le !!
- (Maitre Loo) Je reconnais volontiers que ce garçon nous en a fait voir des vertes et des pas mûres ! Hi ! Hi ! Comme je reconnais tout aussi volontiers qu’il est devenu malgré toutes ses frasques, le guerrier le plus redoutable que j’ai jamais eu l’occasion de croiser !!
- (Maître Too) Nous n’avons plus rien à lui enseigner et c’est la seule raison qui me fait proposer sa candidature, découvrir la vie hors de ces murs lui fera le plus grand bien et je suis certain qu’il saura s’en sortir avec toute la dignité que lui confère son rang parmi nous !! Croyez-moi messieurs !! Eldarian n’a jamais été aussi prêt pour affronter la vraie vie et conforter auprès des gens du dehors le respect dû à notre ordre millénaire !!
- (Maitre Woo) J’entends bien là la voix de la raison, aussi je donne mon vote pour Eldarian et ce même s’il va beaucoup me manquer, je l’avoue sans honte !!
- (Maitre Hoo) Je rejoins Woo !! Mon vote lui est acquit également !! D’autres que nous vont apprendre à apprécier Eldarian, je n’en doute pas un instant ! Hi ! Hi !
- (Maitre Loo) Je me dois de me joindre à mes confrères et ce malgré que son jeune âge me chagrine quelque peu, maintenant je conçois que cela lui fasse du bien de s’exercer à ses plaisanteries sur d’autres que nous !! Nous faisions un trop bon public avouez-le !!
- (Maitre Yoo) Le quorum est atteint, mon vote n’a donc plus autant d’importance !! Pourtant j’accède également à sa nomination parmi nous, il fera un bon douzième à n’en pas douter !!

Too se lève, tout sourire.

- Je n’en attendais rien d’autre de votre part !! Eldarian sera donc à partir de ce jour notre pair et prendra le nom de « Maître Xoo », comme le veut la tradition!! Notre regretté disparu serait certainement fier de connaître celui qui porte désormais le sien, ainsi va la vie pour notre ordre depuis sa création.
- (Tous ensemble) Longue vie à Maître Xoo !!

Too se dirige alors vers la porte de la salle qu’il déverrouille pour en sortir, hélant un disciple passant dans le couloir.

- Faites quérir Eldarian sur le champ, le haut conseil le mande séant !!
- Bien grand maître !!

Le disciple fortement étonné par cette demande, attend que la porte se referme derrière le premier grand maître et comme pris d’une soudaine décharge électrique, s’élance à toute allure vers la salle d’arme où il sait trouver « Eldar ».

C’est presque hors d’haleine après avoir traversé quasiment tout le bâtiment, qu’il entre dans l’immense salle résonnant des cliquetis métalliques des épées d’instructions inoffensives maniées avec dextérité par la petite cinquantaine de disciples présents à l’entraînement ce jour-là.

Son regard parcourt la vaste salle, s’arrêtant net sur un corps d’adolescent semblant frêle surmonté d’une crinière rousse hirsute que le peigne n’a sans doute jamais cherché à domestiquer.

Il reste un instant figé devant le spectacle que donne son ami à chaque combat, touchant chaque adversaire avec une rapidité quasi surnaturelle sans qu’il soit possible un seul instant de l’atteindre et qui a fait sa réputation au sein même de l’enceinte du temple, pourtant spécialisé et c’est peu dire au maniement des armes quelles qu’elles soient, tout comme à l’art du combat.

Un sourire empreint d’émotion lui vient alors quand d’une voix forte, il appelle par son petit nom celui pour qui tous risqueraient leur vie sans hésiter.

- « Eldar » !!! Les grands maîtres te demandent, magne tes fesses !! Ça avait l’air important !!



« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

Chapitre 22 : Deuxième jour (L’arrivée au château) (Un accueil qui ne laisse rien au hasard)


La petite troupe s’arrête devant l’immense porte fortifiée de la première enceinte, à l’intérieur de laquelle se trouve la cité la plus importante et de loin du domaine de sire Childebert ne comptant pas moins à elle seule quelque quatre-cent-mille âmes.

Loup reste un long moment avec les yeux écarquillés d’étonnement, n’étant pour sa part habitué qu’aux quelques masures constituant son hameau et celles guère plus imposantes des quelques bourgs environnants.

Ada tout comme Tancrède en sont au même point et bien sûr ne manque pas de se faire chambrer copieusement par Durin, celui-ci ne ratant jamais une occasion de plaisanterie.

- Que signifient ses yeux de merlans frits mes amis ?? Vous n’aviez donc jamais vu de villes humaines avant aujourd’hui ??
- (Tancrède) Heu !! Non !! C’est si grand que mes yeux n’en font pas le tour !!
- (Ada) Mais c’est immense ?? Comment allons-nous trouver notre chemin ??
- (Durin) Bah !! Ne t’en fais donc pas pour ça !! Vous n’êtes pas les seuls à sortir de vos campagnes pour le jour du « choix », sire Childebert a tout prévu tout comme ses ancêtres avant lui pour remédier à ce cas de figure !! Regardez ces hommes devant le portail, ils sont là pour garder les portes mais aussi pour orienter les nouveaux venus qui tout comme vous découvrent les lieux !!
- (Loup) Comment tu sais tout ça d’abord ??

Durin observe d’un œil amical le petit blond qui semble toujours autant intimider devant la cité et ce malgré ses explications se voulant rassurantes.

- Parce que je suis déjà venu maintes fois au château avec mon père et que c’est moi à cette époque-là qui faisait vos yeux en soucoupes !! Ah !! Ah !!
- (Ada) Je comprends mieux ton assurance maintenant !!
- (Lorgan) Notre ami a toujours aimé faire son « petit » effet, il vous faudra vous y habituer !!
- (Loup) Tu es aussi déjà venu ici avant, toi ??
- (Lorgan) J’ai eu l’occasion de visiter un autre domaine avec mes parents, j’avoue que celui-ci me semble plus grand encore !!

Tancrède lève les yeux vers le soleil qui commence à disparaître de l’horizon.

- Nous ferions bien d’accélérer le pas avant que la nuit tombe et qu’ils ferment les portes, surtout si nous ne voulons pas dormir dehors à la belle étoile !!

Tous opinent de la tête, reprenant leur marche d’un bon pas jusqu’à ce qu’ils se trouvent enfin devant les quelques hommes d’armes gardant l’entrée et qui les observent du coin de l’œil depuis leurs arrivées d’un air fortement étonné, sans doute du fait de la disparité raciale du groupe qu’ils forment.

Durin connaissant déjà les lieux, prend les choses en mains et s’adresse aux gardes de sa voix puissante qui les fait revenir à la réalité du moment.

- Moi et mon ami Elfe, nous venons pour les festivités de la « double lune » !! Mais mes trois compagnons humains viennent eux pour le « choix », pourriez-vous leur indiquer où ils doivent se rendre et par la même occasion où pourrait aller mon ami pour loger ses deux prochaines semaines ?? Quant à moi je suis invité par le seigneur Childebert, je suis Durin fils de Branak, seigneur des nains.
- (Un garde) Vous trois qui venez pour le « choix », veuillez-vous présenter devant le scribe, c’est cet homme là-bas !! Il vous donnera toutes les indications nécessaires pour vous rendre à votre logement ainsi que le nom de la personne qui vous chaperonnera lors des prochains jours !!
- (Tancrède) Merci bien Monsieur !!

Le garde opine du chef, souriant devant la bouille visiblement rassurée du petit blondinet.

- Te voilà tranquillisé, on dirait ?? Ne t’inquiète pas, demain tu n’y penseras déjà plus !! Quant à vous deux, je vous conseille vivement de vous rendre à la taverne du « loup affamé » !! Milon le tavernier saura s’occuper du jeune Elfe et son établissement est à deux pas de l’accès au château, tu n’auras donc pas de difficultés à retrouver ton ami !!
- (Durin) Je vous remercie de votre gentillesse monsieur, soyez certain que le seigneur Childebert en sera informé !!

Nos amis quittent donc le garde qui visiblement est satisfait de cette rencontre, ils se dirigent ensuite vers le scribe assis quelques mètres plus loin et prennent place en bout de la file d’attente constituée d’une petite douzaine de jeunes venus visiblement pour les mêmes raisons que Loup, Ada et Tancrède.

Durin ne voulant pas se présenter trop tard devant son hôte prend alors la parole.

- J’emmène Lorgan voir le fameux Milon à la taverne du « loup affamé », je file ensuite auprès de mon hôte !! On s’y retrouve demain pour le repas de la demi-journée et si vous avez un empêchement, pour celui du soir !! C’est bon pour vous les amis ?
- (Tancrède) Pas de soucis, je ne pense pas que nous soyons occupés plus que ça demain !! Les festivités ne commencent qu’après-demain et d’ici là, nous saurons mieux comment gérer notre emploi du temps j’imagine !!



Chapitre 23 : Deuxième jour (Des sorties pas si secrètes)


« Salon privé »

Dame Christiane accompagnée de sa dame de compagnie, fait son entrée dans le salon où son époux est déjà installé avec sire Willibert son maître d’armes et interrompt de ce fait une conversation qu’elle devine préoccupante à l’air contrarié du maître des lieux.

Loin de se démonter, elle va prendre place à leurs côtés en faisant signe à dame Agathe de s’asseoir à son tour près d’elle.

- Childebert !! Aurais-tu oublié que cette salle est destinée à la détente et non pas à gérer les affaires du domaine ?
- (Willibert) Veuillez m’excuser dame Christiane, j’en suis le seul fautif !!
- Qu’y a-t-il donc de si important pour venir troubler la quiétude de mon époux à cette heure déjà tardive ?
- Nos guetteurs ont repéré un groupe de renégats non loin de la cité, j’en faisais part à sire Childebert !! La trêve ne débute que dans deux jours, je ne pense donc pas que cette incursion soit faite à des fins pacifiques !!

Dame Agathe devient soudainement livide, ce que ne manque pas de remarquer Childebert qui s’enquiert alors de la raison de son inquiétude tout en voulant la rassurer par des paroles réconfortantes.

- Il n’y a pas là à craindre quoi que ce soit de leur part, les portes de la ville sont bien gardées et sire Willibert a pris l’heureuse initiative de doubler la garde pour cette nuit !! C’est d’ailleurs dans le but de m’en informer, le principal motif de sa présence en ce lieu !!
- Oui seigneur, mais n’est-ce pas dangereux pour ceux qui sont à l’extérieur ?? Beaucoup arrivent déjà pour les festivités de la « double lune » !!
- (Willibert) Des patrouilles sont à leur recherche, de plus il serait suicidaire pour eux de mener des actions criminelles si près du château !!

Dame Christiane connaît trop bien sa dame de compagnie pour en rester là, voulant connaître la vraie raison de son inquiétude grandissante.

- Dites-nous ce qui vous préoccupe à ce point dame Agathe !! N’allez pas me faire croire que le sort d’inconnus vous perturbe à ce point !!

Childebert voit bien le regard apeuré que lui lance la brave femme, son esprit ne met pas longtemps à en deviner la raison et il retient avec peine la montée de colère qui lui vient soudainement, comprenant bien que celle-ci n’arrangerait rien à ce qui devient maintenant pour lui une certitude.

- Où donc sont le prince Gaétan et votre fils ?? Ne serait-ce pas pour eux que vous vous faites du souci ??
- Si fait monseigneur !! Ils sont partis tantôt sur le chemin des Elfes pour surprendre Durin l’ami du jeune seigneur !! Celui-ci étant attendu séant sur l’invitation de votre seigneurie !!
- (Dame Christiane) Mon Dieu !! Ils seraient donc tous les deux en dehors des murs ??
- Si fait madame !! Je pensais que le jeune seigneur vous en avait avertie !!

Childebert se lève d’un bond et se dirige vers la porte en faisant signe à son maître d’armes de le suivre.

- Nous reparlerons de tout cela le moment venu madame !! Suivez-moi jusqu’au donjon sire Willibert, allons demander au seigneur Dogon qu’il utilise un sortilège de recherche pour connaître leur position !! Ces garçons n’en ont fait qu’à leur tête encore une fois de plus et ce malgré mes ordres, ils vont m’entendre soyez en convaincus !!

Les deux hommes sortent du salon en laissant les deux femmes seules, dame Christiane pose une main se voulant rassurante sur celle de sa dame de compagnie.

- Allons !! Vous savez aussi bien que moi que c’est plus par inquiétude que par colère que mon époux a prononcé ces paroles.

***/***

Dogon terminait ses dernières incantations pour maintenir la barrière défensive autour du domaine, quand il voit arriver dans son perchoir son ami accompagné de son maître d’armes.

Il remarque immédiatement que quelque chose ne va pas et s’en enquiert d’une voix dénotant sa soudaine inquiétude.

- Qu’est-il arrivé ??
- Gaétan et Conrad ont encore fait le mur, voilà ce qui est arrivé !!
- Comme si tu n’étais pas au courant des fréquentes excursions de ton fils hors du château !! C’est bien toi la première fois que tu l’as surpris qui m’a dit en riant qu’il te rappelait notre jeunesse ??
- Oui, sans doute !! Mais cette fois ils risquent leur vie, des renégats ont été repérés dans les environs !!

Willibert capte le regard interrogatif posé sur lui du maître magicien.

- J’ai envoyé des patrouilles, mais j’ignorais que le jeune prince était dehors avec son inséparable…valet !!
- (Dogon) L’amitié n’a que faire de préjugés de caste !! Je vais voir si j’ai encore suffisamment de force pour jeter un sortilège de traçage sur les deux garçons, tu n’auras plus qu’à envoyer des gens d’armes pour les récupérer avant qu’il ne leur arrive malheur !!
- (Childebert) Si ce n’est pas déjà trop tard !! Dieu seul sait dans quel guêpier ils se sont fourrés !!
- (Dogon) Bah !! Ce serait bien le diable que ces renégats tombent justement sur eux et de plus je ne pense pas que ce soit deux jeunes garçons qui les intéressent !!
- (Childebert) Sauf si l’un d’eux reconnaît mon fils !!
- (Dogon) Comment cela se pourrait-il ?
- (Willibert) À ses habits peut être ??

Dogon balaie l’idée d’un revers de main.

- Gaétan n’est pas assez fou pour sortir vêtu en prince !! D’ailleurs, comment se fait-il qu’ils aient quitté les murs de la ville et avec Conrad qui plus est ?? D’habitude il se contente de rejoindre seul quelques amis qu’il a parmi les jeunes de son âge dans l’enceinte de celle-ci, jamais à ma connaissance il n’en était sorti !!
- (Childebert) Ils voulaient faire une surprise à Durin en allant à sa rencontre, d’ailleurs en parlant de lui !!



Chapitre 24 : Deuxième jour (Des sorties pas si secrètes) (fin)


Childebert se tourne vers son maître d’armes.

- Tu devrais te renseigner pour savoir s’il est déjà dans nos murs et si ce n’est pas le cas, envoie quelques hommes d’armes à sa rencontre !! Je ne voudrais pas qu’il lui arrive une quelconque mésaventure à lui aussi !!
- Je vais m’en enquérir de ce pas !!
- Bien !! Nous aurons peut-être d’autres nouvelles directives à te donner rapidement, fais vite et rejoins-nous dès que possible !!

***/***

« En dehors de l’enceinte de la cité, à quelques kilomètres de là »

- Il se fait tard, tu crois que nous pourrions l’avoir manqué ??
- Il n’y a que deux chemins possibles pour lui et l’an passé il m’avait pourtant assuré avoir pris celui-là !!
- Nous aurions dû l’avoir déjà croisé !! La nuit va bientôt tomber et nous sommes assez loin du château, ne devrions-nous pas faire demi-tour ??
- Tu as raison !! Retournons au château !! Nous sommes absents depuis déjà trop longtemps, j’ai peur que quelqu’un ne se soit aperçu de notre petite balade et si ça vient aux oreilles de père !! Hum !! Il ne vaut mieux ne pas envisager le pire !!
- Et puis Perceval va finir par s’inquiéter, nous lui avions promis de ne pas nous attarder dehors plus que nécessaire !! Rappelle-toi !!
- Tu t’inquiètes drôlement pour mon jeune frère, je trouve !!
- Mais non !! Pourquoi tu dis ça ??
- Parce que je m’en suis déjà fait la remarque dernièrement quand « Perci » m’a presque supplié de ne pas te punir pour lui avoir avoué que je sortais dans le bourg malgré les ordres de père !!
- J’étais planqué derrière les tentures et j’ai tout entendu, tu avais l’air réellement en colère ce jour-là !! Moi-même je n’en menais pas large, je dois bien l’avouer !!
- Pffttt !!! Pour qui vous me prenez, vous deux ?? N’empêche qu’il y a de quoi se poser des questions !!
- Ne serais-tu pas jaloux de ton frère par hasard ??
- Comment ça, jaloux ??
- Que j’y sois attaché plus qu’à toi par exemple !!
- Tu dis vraiment n’importe quoi !! ….Pourquoi ?? ….C’est le cas ??
- Là !! Tiens… !! Tu vois… !! Je connais bien cette tête là tu sais, c’est celle que tu as quand tu n’es pas sûr de toi ou encore quand ta curiosité est à son maximum !! N’oublie pas que depuis le temps, j’ai appris à bien te connaître !! « Perci » c’est comme mon petit frère, rien de plus !! Et d’ailleurs je ne vois pas ce qu’il pourrait y avoir de plus !!
- Ok !!Ok !! Stoppons-la sur le sujet !! J’ai envie de me baigner avant de rentrer, arrêtons-nous à la rivière que nous avons croisée à mi-chemin si tu veux bien !!
- Vite fait alors !! On va vraiment finir par se faire capter !!
- Bah !! Si tu veux mon avis, c’est déjà fait !!
- Qu’est ce qui te fait dire ça ??
- Durin !!
- ???
- S’il a pris un autre chemin, c’est qu’il doit être déjà au château et père n’est pas né de la dernière « double lune » tu sais, il va bien se demander où je suis et me faire chercher par un de ses sbires, d’ailleurs je sens bien que quelqu’un nous observe depuis quelques minutes !! Sans doute Dogon à la demande de père !!
- Fais lui signe que tout va bien ! Hi ! Hi !
- Tu es fou ou quoi ?? Il comprendrait alors que je ressens sa présence !!
- Oui !! Et alors ??
- Ce n’est pas la première fois !!
- Et…. ???
- Cela prouve que mes petites balades en ville ne sont pas restées aussi secrètes que ça !!
- Sire Childebert serait au courant !!! J’y crois pas !! Pourquoi n’a-t-il pas fait de scandale dans ce cas ??
- C’est un mystère qui reste à élucider !! Quelque chose me dit qu’il n’est pas si fâché que ça de mes petites sorties !!
- Pourquoi ne poses-tu pas la question directement à Dogon ??
- Parce que ce quelque chose me dit aussi qu’il est étroitement lié à cet état de fait !! N’oublie pas qu’ils sont comme nous deux, amis d’enfance et c’est un lien qui soude fortement deux personnes, tout comme les secrets qu’ils ont forgés ensemble depuis toutes ces « doubles lune ».

Les deux garçons arrivent près de la rivière, Gaétan ôte aussitôt ses chausses ainsi que le reste de ses vêtements pour y plonger nu en poussant un petit cri de saisissement.

- Wouah !! Elle est bonne !! Viens me rejoindre !! Qu’est-ce que tu attends !!

Conrad à son tour commence à se dévêtir, quand une pudeur mais aussi une question embarrassante qui lui amène le rouge aux joues le retient soudainement.

- Dogon va nous voir nus ??
- Il y a des chances ! Hi ! Hi !
- Mais alors !! Tu crois qu’il a aussi surpris … autre chose??
- Ça se pourrait en effet !!
- Et c’est tout l’effet que ça te fait ??
- S’il avait révélé ce qu’il a pu voir, nous le saurions depuis longtemps tu ne crois pas ??
- Si c’est le cas, alors pourquoi ne l’a-t-il pas fait ??
- Cela fait partie des secrets qu’il me reste à découvrir sur lui et mon père !!

Les yeux de Conrad s’arrondissent brusquement de stupeur quand il comprend l’allusion.

- Non !! Tu ne penses pas vraiment ce que tu dis !!
- Je n’ai aucune certitude, je me pose juste des questions !! Allez !! Rejoins-moi, l’eau est bonne et ne t’inquiète pas, depuis le temps qu’ils surveillent mes faits et gestes, s’ils avaient voulu nous séparer ce serait chose faite depuis longtemps !!



« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

Chapitre 25 : Deuxième jour (L’étranger)


Childebert observe attentivement son fils avec son jeune valet et ami qui s’ébattent nus dans l’eau limpide du ruisseau, par la fenêtre de brume ouverte par l’incantation de Dogon.

Il soupire de soulagement à les voir bien vivants, s’apprêtant à descendre prévenir son maître d’armes pour qu’il envoie un groupe armé à leur rencontre quand celui-ci entre dans ce qu’ils appellent le « perchoir » d'où le maître magicien maintient bon an mal an la barrière de protection.

- Ah !! Vous tombez bien sire Willibert !! Nous avons retrouvé leurs traces !! Ils sont près du ruisseau sur le chemin menant au bourg de Haute Fourche !! Rendez-vous compte que ces deux damoiseaux se baignent tranquillement alors que nous nous faisons un sang d’encre pour eux !!
- Bien messire !! J’envoie quelques hommes aller les quérir, d’être ramenés au château manu militari par nos gens d’armes les fera réfléchir je pense !! Mais il n’y a plus d’urgence car une de nos patrouilles est rentrée avec des nouvelles concernant directement ce groupe de renégats, ils ne nous créeront apparemment plus aucun ennui, soyez en assurer !!
-Pour quelles raisons êtes-vous si certain de votre fait ??
- Oh !! Tout simplement parce qu’ils les ont retrouvés, une dizaine d’hommes en tout, baignant dans leur sang pas très loin d'où se trouve actuellement le jeune prince !! Quelqu’un s’est de toute évidence occupé du problème à notre place il semblerait !!
- Une autre de nos patrouilles ??
- Je ne pense pas messire, nous en aurions été aussitôt avertis !!
- Qui donc alors a tenu tête à un groupe aussi important de ces monstres assoiffés de rapines et que sais-je encore d’autres forfanteries ??

Dogon par curiosité, élargit son champ de vision en puisant dans ses dernières réserves et manque d’interrompre son incantation tellement la surprise de ce qu’il voit alors le prend de court.

- Le destin joue parfois de drôles de tours !! Ces renégats auraient mieux fait de poursuivre leur route plutôt que de croiser son chemin en le menaçant !!

Childebert se retourne curieux vers son ami qui montre du doigt à travers la brume de son sortilège un étrange personnage, marchant tranquillement en dehors des sentiers battus et semble-t-il dans la direction des deux jeunes garçons s’ébrouant toujours dans la rivière quelques centaines de mètres plus loin.

- Et je pense qu’il n’en a pas encore terminé de nous surprendre !!

Le maître d’armes s’approche à son tour.

- Qu’est donc cet homme entièrement vêtu de noir et armé jusqu’aux dents ?? Il me paraît bien jeune pour un assassin !! Ne va-t-il pas s’attaquer maintenant au jeune prince et à son compagnon ??

Le trouble de Dogon arrive à son maximum quand après avoir fait un zoom sur le garçon en question, il discerne une mèche s’échappant de la cagoule en révélant la chevelure d’un roux éclatant du jeune garçon et lui amène un tel trouble qu’il lui fait mettre fin au sortilège de vision.

C’est le visage marquant une extrême fatigue, qu’il se retourne en souriant malgré tout vers ses deux compagnons.

- Rassurez-vous messires !! Nos garçons ne risquent absolument rien, il faudrait qu’ils soient armés et belliqueux pour le cas contraire !!
- (Childebert) Tu parais bien sûr de toi !! Connais-tu ce garçon ??
- Bien sûr que non !! Mais je connais ce qu’il représente et justicier serait un meilleur dénominatif que celui d’assassin pour le qualifier s’il fallait en trouver un, croyez-moi sur paroles !!
- (Willibert) Vas-tu nous dire enfin qui il est, ou faudra-t-il te mettre à la question !!
- Du calme mon ami !! Du calme !! J’ai reconnu en lui un maître guerrier du temple de Linn et ce malgré son jeune âge qui m’a troublé un bref instant au point d’avoir un doute sur sa véritable nature !!
- (Willibert) N’est ce point-là du folklore raconté aux jeunes enfants à la veillée pour les éblouir et les faire rêver de devenir à leur tour des héros quasi invulnérables ??
- (Childebert) Non, rassure-toi mon ami !! Ils existent bien !! Le seigneur Baudri du domaine ami voisin en a rencontré un il y a de cela quelques « doubles lunes » déjà et qui venait lui demander le gîte et le couvert pour la nuit !! Je me souviens avec quelle voix fortement impressionnée il m’a conté cette aventure !! Il ne faisait pourtant pas mention d’un tout jeune damoiseau mais plutôt d’un homme déjà d’âge mûr !!
- (Dogon) Ses compétences doivent être exceptionnelles pour qu’il ait eu accès si jeune au statut de maître du temple !!
- (Childebert) Occire une dizaine de renégats à lui seul en est déjà une preuve, n’est-il pas ??
- (Dogon) C’est un fait incontournable, son jeune âge tenterait à indiquer qu’il est douzième dans la lignée de son ordre et donc fraîchement livré à l’itinérance.

Dogon explique alors en quelques phrases concises ce qu’il connaît des traditions du temple, traditions immuables depuis que Goth existe et ce bien avant la disparition des anciens rois dragons.

Childebert pose alors la question qui lui brûle soudainement les lèvres et qui par une réponse positive de Dogon qui semble bien au fait de cet ordre guerrier pour lui quasiment inconnu, pourrait à moyen terme aider fortement à résoudre les problèmes de sécurité du domaine.

- A-t-il été porté à ta connaissance qu’un de ces maîtres de Linn ait porté allégeance à un domaine ?
- C’est un cas qui s’est déjà, quoique rarement, présenté en effet !! Mais l’appel lié au remplacement d’un grand maître décédé y a toujours mis un terme !!
- Combien de temps avant ce rappel ?
- Si ce jouvenceau est bien comme je le pense douzième de sa caste, il faudra qu’il attende sauf imprévu la mort du dernier des six grands maîtres actuel !! Le temps ne dépendra uniquement que de l’âge et de la santé du dernier vivant de ceux qui sont en place, je dirais au bas mot que ça lui laisse une bonne quarantaine de « doubles lunes » !! Mais attention messire !! Rien ne dit que ce garçon éprouvera l’envie de vous porter allégeance !! Il en serait même étonnant, du peu que j’en sais ils sont plutôt férus d’indépendance !!
- Je ne pensais pas à moi mais à mon fils, le temps qu’il assure sa position en me remplaçant à la tête du domaine !!
- Ma réponse vaut également pour le prince Gaétan !! À ma connaissance ce n’est arrivé que deux ou trois fois depuis que l’ordre de Linn existe et il faudrait au destin encore beaucoup de détours comme aujourd’hui pour qu’il en soit ainsi pour le jeune seigneur !! - Ah !! Oui !! Un autre détail qui a son importance !! Il est également puissamment marqué du sceau de la magie !! Une chose qui explique sans doute le reste mais qui me mène encore à plus de questions sur son compte.



Chapitre 26 : Deuxième jour (Rencontre)


Eldarian après avoir erré quelque temps à travers bois ressent le besoin pressant de se laver de tout ce sang versé, la rencontre fortuite avec ces brigands l’ayant également fortement marqué de par la violence avec laquelle ils s’en sont pris à lui en voulant sans ambages après avoir compris qu’il n’avait rien d’intéressant à part ses armes, profiter de son corps avant d’en finir avec lui d’une manière définitive et le fait d’avoir ôté la vie à des êtres humains pour la première fois de sa jeune existence.

Il revoit la scène défiler devant ses yeux, la dextérité avec laquelle ses quatre étoiles d’acier se sont figées dans leur front alors que leurs yeux étaient encore marqués par l’envie d’assouvir leur triste besogne sur son corps juvénile et ensuite l’envoi dans la foulée de ses deux Tanto (poignards) qui ont ôté la vie aux deux suivants alors que ses « Katana » comme mus de leurs propres vies lui tombaient dans les mains pour trancher les têtes des quatre derniers brigands et ce dans un temps tellement court qu’aucune expression de crainte n’avait encore réussi à marquer leurs traits.

Une fois ses armes nettoyées, il était reparti comme si de rien n’était pour reprendre sa route et c’est seulement maintenant après plusieurs centaines de mètres de marche sans véritable but que son esprit prend le temps d’analyser ce qui vient d’arriver, lui donnant cette soudaine envie de laver son corps et son âme dans l’eau pure d’une rivière.

Eldarian marche encore une petite demi-heure avant d’entendre le son caractéristique de l’eau qui coule venant d’un ruisseau à sa droite, prenant alors la direction du bruit avec un sourire satisfait que son vœu puisse se réaliser aussi rapidement.

Des sons de voix joyeuses lui parviennent ensuite, le rendant soudainement plus attentif à son environnement et c’est avec la souplesse d’un félin qu’il aborde l’orée du bois pour y découvrir deux garçons de son âge se baignant nus, leurs vêtements en tas sur la rive opposée.

Il reste un moment à les observer, souriant de cette joie de vivre qui émane d’eux et qui montre bien leur complicité, hésitant à les déranger dans leurs ébats aquatiques.

Quelque chose qu’il ne saurait définir pousse néanmoins Eldarian à se découvrir, il se relève donc en quittant sa position de surveillance pour s’avancer vers eux les mains bien en apparence pour ne pas qu’ils ne s’effraient pas inutilement à la vue de sa tenue mais surtout de ses armes.

***/***

Gaétan est le premier à apercevoir la silhouette vêtue de noir qui s’avance vers eux, son estomac se noue brusquement devant le danger latent qui semble émaner de cet homme armé jusqu’aux dents et ce n’est qu’en voyant ses mains aux paumes tournées vers eux, qu’il respire un peu mieux en comprenant le signe que celui-ci n’a aucune mauvaise intention à leur encontre.

- Quelqu’un vient !!

Conrad se retourne pour suivre étonné le regard de son ami, ressentant un bref instant lui aussi la peur latente d’une éventuelle mauvaise intention de la part de cet inconnu à l’aspect inquiétant qui se dirige vers eux.

Son instinct le pousse à se positionner devant son ami pour le protéger de son corps, hélant l’inconnu d’une voix tremblante.

- Nous ne sommes pas armés !! Que voulez-vous ??

Eldarian est agréablement surpris de cette prise de position de la part d’un des deux garçons, tout comme il l’est par les physiques avenants et les corps musclés qu’il a devant les yeux.

- Je n’ai aucune intention belliqueuse !! Je désire juste me rafraîchir tout comme vous dans ce ruisseau, m’autorisez-vous à vous rejoindre ??

Conrad est surpris de cette voix encore juvénile qui s’échappe de dessous la cagoule noire qui couvre la tête de l’homme comme les vêtements recouvrant le reste de son corps.

- Pour cela il te faudra ôter tes atours et montrer ton visage étranger !!
- C’était bien là mon intention !!
- Alors tu es le bienvenu, ce ruisseau de toute façon ne nous appartient pas et tu es libre de t’y baigner dès l’instant que tes pensées sont amicales !!
- Pourquoi ne le seraient-elles pas ? Ton ami est muet qu’il reste derrière toi sans rien dire ?
- (Gaétan) Non !! Pas du tout, c’est juste que mon ami semble penser que j’ai besoin de sa défense !!
- Comme je l’ai dit, je ne souhaite que me baigner !! Nulle intention belliqueuse m’amène à vous !! J’ai eu mon compte à ce sujet-là, croyez-moi !!
- Alors soit le bienvenu étranger !!

Eldarian sourit en déposant ses armes au sol, il se met rapidement nu à son tour en révélant aux deux garçons surpris, son visage qui tout comme les-leurs dénote son jeune âge.

Conrad envoie un coup de coude discret dans les côtes de Gaétan en lui soufflant à l’oreille d’une voix dénotant un soudain intérêt.

- Pas mal le gars !!
- Chut !! Enfin !!
- Je comprends mieux pourquoi il cache son visage, tu as vu la marque de la magie ?? Je n’en avais encore jamais vu une aussi forte !!
- Mais tu vas te taire à la fin !! Ne va pas le mettre dans l’embarra alors qu’il nous fait manifestement confiance, mais tu as entièrement raison… il est super craquant !!

Eldarian jusque-là occupé à enlever ses derniers vêtements, entend malgré tout les dernières paroles le concernant visiblement et se fait la même réflexion dans sa tête sur les deux gars qui le fixent toujours avec une attention particulière.

Il relève la tête en souriant.

- C’est de moi que vous parlez ??



Chapitre 27 : Deuxième jour (Le logement des futurs apprentis)


« Pendant ce temps-là Loup et son frère ont eu le temps de rejoindre leur futur hébergement pour les deux semaines à venir, sous l’égide de la personne désignée pour les y accueillir »

- Voilà !! J’espère que cela vous ira, ces bâtiments reçoivent chaque « double lune » leur contingent de futurs apprentis et cette fois encore ils feront leurs usages, bien qu’il semble que vous soyez plus nombreux que ces dernières cessions !! C’est aussi pour cette raison que nous avons dû resserrer les paillasses et c’est ce qui donne cette impression d’être les uns sur les autres, mais comme ce n’est que pour dormir vous vous y ferez vite !!

La femme semble vouloir les quitter et n’a fait que quelques pas pour sortir quand elle revient vers eux, en parlant cette fois assez fort pour être entendue de tous.

- Ah oui !! J’oubliais !! Quand vous entendrez la cloche du village retentir trois fois, il vous faudra vous regrouper devant la porte principale !! Le soir pour le repas et le matin pour le réveil, sur ce !! Je vous dis à tous à tantôt pour la soupe !! En attendant vous avez quartier libre pour visiter la ville !! Mais n’allez pas vous y perdre surtout, il ne manquerait plus que ça que je perde mon temps à vous rechercher !!

La femme cette fois-ci quitte le bâtiment en traversant l’allée centrale d’un bon pas, laissant derrière elle la soixantaine de paillasses réparties de chaque côté de la grange servant le reste du temps à garder au sec le blé utilisé pendant l’hiver et qui est maintenant presque entièrement vide en attente des prochaines moissons, elle leur servira de logement comme un certain nombre d’autres bâtiments du même acabit disséminés le long des murailles.

Tancrède pousse un soupir de soulagement, montrant par ce simple geste combien il est content de la voir partir.

- C’est un vrai dragon cette femme !! Parole !!
- (Loup) Vu combien nous sommes, elle a plutôt intérêt à ne pas se laisser faire dès le départ !! Je pense que c’est l’habitude qui la fait agir ainsi et qu’en fait elle est super-gentille le reste du temps !!
- Si tu le dis !!

Il tâte l’épaisse couche de foin sec qui lui servira de lit, la recouvrant ensuite de la couverture amenée à cet effet pour pouvoir dormir sans être en contact direct avec le paillis irritant.

Un regard vers Loup qui prépare comme lui sa couche, alors que beaucoup semblent ou ne pas y avoir pensé, ou encore qu’elle serait fournie avec le logement ce qui bien sûr représenterait une dépense bien trop importante pour l’intendant de sire Childebert au vu du nombre de futurs apprentis.

- J’en connais qui vont passer de mauvaises nuits !!
- (Loup) Tout le monde n’a pas un grand frère pour suivre ses conseils !! Bon !! On rejoint Ada et on fait le tour du quartier pour prendre quelques repères ??
- Il nous faut trouver l’auberge où logera Lorgan et se donner une autre heure de rendez-vous que celle des repas, personne n’a pensé qu’ils étaient prévus et pourtant c’était assez logique, sinon comment aurions-nous pu payer alors que nous n’avons que les quelques pièces que mère nous a données à notre départ !!
- (Loup) Durin n’était pas au fait de l’organisation pour les futurs apprentis et c’est compréhensible puisqu’il a toujours été l’invité de sire Childebert !! En douce on a un cul du diable tu ne trouves pas ?? Les deux premiers copains qu’on se fait sont tous deux des princes, pas bégueules pour deux ronds en plus !! Allez !! Ne perdons pas plus de temps, nous ne savons pas à quelle heure le repas du soir est servi !!

Tancrède lisse une dernière fois sa couverture de laine avant de suivre le blondinet traversant déjà d’un bon pas le couloir en direction de la porte, il ne peut s’empêcher de capter les regards d’un grand nombre des jeunes également présents dirigés vers sa silhouette fine avec pour certains une lueur d’intérêt qui ne surprend qu’à moitié Tancrède qui repense alors à la conversation qu’ils ont eue juste en arrivant.

Son regard se fait alors dur en fixant à son tour certains de ces jeunes paysans pour la plupart, leur faisant baisser les yeux de confusions en comprenant qu’ils venaient de se faire capter par ce grand brun à la carrure déjà suffisamment impressionnante pour qu’il y ait lieu de s’en méfier et de ne pas lui chercher querelle.

***/***

Ada heureuse d’avoir déjà retrouvé ses amis, les suit avec empressement car elle aussi désire retrouver le jeune Elfe qui décidément ne la laisse pas indifférente.

En chemin ils rencontrent des patrouilles de gens d’armes avec leurs montures semblant pressés de se rendre en dehors des remparts, quelques commerçants sortis de leurs échoppes discutent entre eux visiblement inquiets.

- Il paraîtrait que le jeune prince soit sorti sans l’accord de sire Childebert !! La garde part à sa recherche !!
- Des renégats rôdent dans la région, le jeune prince Gaétan devrait être plus mature !! Ce n’est plus un gamin quand même !!
- Espérons qu’il ne lui arrive rien de fâcheux, sire Childebert ne s’en remettrait pas !!

Loup envoie un coup de coude à Tancrède en lui soufflant à voix basse.

- On a eu chaud nous aussi !! Tu imagines s’ils nous étaient tombés dessus !!
- Père qui affirmait que les routes étaient sûres avec la trêve qui arrive, voilà une information qui ferait bien de ne pas lui tomber aux oreilles !! Je ne te raconte pas sinon l’effet de panique à la maison !!
- (Ada) J’espère qu’ils le retrouveront rapidement, c’est un ami de Durin et à la façon qu’il a d’en parler, il semble beaucoup tenir à l’amitié de ce garçon !!
- (Loup) Rendons-nous vite à la taverne !! Peut-être qu’il y sera toujours et que lui ou Lorgan en auront appris un peu plus sur cette histoire !!
- (Ada) Brrr !! J’en ai des frissons dans le dos !! Nous aurions pu croiser leur route et qui sait, ne jamais arriver jusqu’ici.
- (Tancrède) Bah !! Pourquoi nous auraient-ils attaqués ?? Nous n’avons rien de valeur sur nous qui pourrait les intéresser !!
- (Ada) Tu oublies avec qui nous étions ?? Durin et Lorgan pouvaient servir de monnaie d’échange avec leurs parents et ils se seraient sans doute débarrassés de nous qui n’aurions fait que les gêner !!
- (Tancrède) Bon !! Ben ça n’a pas été le cas !! Tenez !! Voilà l’enseigne du « loup affamé » là-bas.








« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

Chapitre 28 : Deuxième jour (Ebbon)

« Cabane au toit de chaume sur le chemin du hameau de la Fourche, dans la forêt des Elfes »

Tilbo le gnome sursaute quand la porte s’ouvre brusquement, un vieillard sans âge apparaît alors en lui faisant pousser un profond soupir de contentement.

- Ah ! C’est vous maître !
- Qui d’autre t’attendais-tu à voir ??

Ebbon referme la porte derrière lui, non sans observer avec attention l’état de nervosité apparente de son fidèle serviteur.

- Qui a-t-il donc mon ami ?? Je sens en toi une profonde perturbation !! Serait-il arrivé quelque chose durant mon absence ??
- Si fait maître !! Quelque chose de bien étrange maître !!
- Je t’écoute !!

Tilbo lui relate alors les faits, n’omettant rien des deux dernières journées passées et voit bien l’intérêt grandissant dans les yeux de son maître au fur et à mesure qu’il avance dans son récit.

Ebbon se garde bien de l’interrompre, pourtant ce n’est pas l’envie qui lui manque de le faire mais bien l’espoir naissant qu’enfin peut-être se termine sa longue quête.

Ce n’est qu’une fois qu’il est certain que Tilbo en a terminé, qu’il lui pose les questions qui lui brûlent les lèvres.

- Es-tu certain qu’il t’a vu ainsi que cette demeure ??
- Cela ne fait aucun doute maître !!
- Il se rendait au château de sire Childebert pour le « choix » disais-tu??
- C’est ce que j’ai pu comprendre maître !! Mais maître….
- Oui ??
- Comment est-ce possible ?? Il ne portait pas les marques !!
- Cela ne prouve rien, juste peut-être que quelqu’un a fait en sorte que personne ne découvre ce qu’il peut être !! L’inquisition fait de plus en plus peur aux gens du peuple, beaucoup sont prêts maintenant à protéger ceux qui portent les marques et c’est heureux comme ça !! Ce garçon doit avoir un fort potentiel en lui pour avoir percé les protections mises en place autour de cette bâtisse et même plus que ça s’il a découvert ta présence. Seuls ceux devenus très rares de nos jours et ayant eu comme moi la faculté d’accéder aux arcanes de la haute magie, peuvent connaître votre existence.
- Qu’allez-vous faire maître ??
- Me rendre au château de sire Childebert et suivre ça de près, bien sûr tu viendras avec moi !!

Ebbon fait un tour d’horizon de la pièce unique lui servant de refuge depuis qu’il a quitté le service du père de sire Childebert en laissant la main à Dogon son apprenti d’alors, celui-ci étant beaucoup plus en phase avec le jeune seigneur qu’était sire Childebert qui venait de prendre ses fonctions à la mort de son père.

- Nous devrons sans doute agrandir cette pièce !!
- Le maître compte avoir ce jeune humain comme apprenti ??
- Nous verrons cela mon ami !! Pour l’instant il faut nous rendre sur place et juger si ce qu’il a en lui est assez fort pour mériter que je m’y intéresse !!
- Quand partons-nous maître ??
- Le moment du « choix » n’aura lieu que dans deux jours juste avant le début des festivités, nous partirons donc en temps et en heure pour y être présents !! Je ne tiens pas en ce qui me concerne à ce qu’on me reconnaisse, j’ai fait le choix de quitter la charge qui me liait au domaine pour vivre du moins c’était mon intention première, dans le calme et la contemplation. Il y a de cela un grand nombre de « doubles lunes », beaucoup pensent que l’âge m’aura rappelé à mes ancêtres !! Il sera bien temps de leur rappeler mon existence, du moins si ce garçon est réellement ce que tu sembles prétendre!!
- Et s’il est choisi par un maître de guilde ??

Tilbo voit le visage ridé de son maître esquisser un bref sourire.

- Eh bien, je ferai en sorte que cela n’arrive pas voilà tout !! Je devrais aussi tester sa force de caractère, aucun doute que le fait de ne pas être choisi devrait m’en donner une idée suffisamment précise avant que je ne me manifeste le cas échéant.
- Je ne vous croyais pas aussi cruel maître !!
- Cruel ?? Moi ?? Mais non voyons !!
- Que lui arrivera-t-il si vous le jugez inapte à votre apprentissage, après qu’il soit resté sans proposition ??

Ebbon visiblement n’avait pas pensé à la question.

- Bah !! Il sera toujours temps de déverrouiller l’esprit du maître de guilde ayant le plus eu envie de le prendre à son service !! Mais depuis quand te soucies-tu à ce point des humains ?? Ton attitude est plus qu’étrange, qu’as-tu d’autre à me dire que tu aurais omis de faire ??
- Rien maître !! Juste que ce jeune humain m’a semblé d’une grande bonté d’esprit, j’aurai pu il me semble m’attacher à son service si mon choix n’avait déjà été fait auprès de vous maître !!
- Humm !! Curieux… oui vraiment curieux !! Si ce que je pense se révèle exact, nous ne devrions pas tarder à avoir de la visite !!

Tilbo prend enfin conscience des paroles de son maître, son visage marque alors une franche expression de stupeur.

- Maître !!! C’est impossible !!! Ma race est éteinte et aura entièrement disparu à ma mort, vous le savez bien !!
- Qui a prétendu une chose pareille !! Ton espèce depuis qu’elle n’a plus de maître à servir est certes peu nombreuse, mais éteinte je ne le crois pas !! Il n’y a jamais eu grand maître de magie sans son fidèle serviteur gnome, ce que tu as ressenti pour le garçon laisse entrevoir ce qu’il pourrait être !! Alors réfléchis y bien et tout comme je viens de le faire, tu arriveras inévitablement au même constat.
- Pourtant maître Dogon….
Dogon n’est pas et ne sera jamais un grand magicien !! Tout juste est-il au-dessus de la magie mineure et arrive-t-il à maintenir la barrière en place, son pouvoir s’estompe avec le temps et il arrivera un jour, où il ne pourra même plus amuser les enfants avec ses tours !! Pourquoi imagines-tu que depuis tout ce temps je quitte cette demeure pour parcourir les domaines ??
- Je ne sais pas maître !!
- Pour découvrir ce que toi tu viens de découvrir tout simplement, un magicien puissant qui me libérera enfin de cette vie trop longue avec la paix au cœur !!


Chapitre 29 : Deuxième jour (Retrouvés par la soldatesque)


« Au bord de la rivière »

Eldarian éclate de rire devant les joues soudainement empourprées des deux garçons, ceux-ci n’imaginant certainement pas à quel point il a l’ouïe fine.

Quelque chose en lui, il le sent, l’attire de plus en plus vers eux sans qu’il comprenne à quoi est due cette impression qui pourtant lui crispe l’estomac d’appréhension d’avoir à bientôt les quitter.

Il décide alors de dévier leurs pensées en s’élançant vers eux pour les percuter amicalement et les renverser cul par-dessus tête dans l’eau peu profonde, son rire espiègle gagnant très vite Gaétan et Conrad, qui oublient alors leurs paroles gênantes pour entrer dans le jeu à leur tour.

De longues minutes se passent ainsi à s’ébattre dans la joie et l’insouciance de la jeunesse, jusqu’à ce que des bruits de sabots les ramènent à des pensées plus terre à terre.

Eldarian commence lentement à reculer pour revenir sur la rive où sont restés ses armes et ses vêtements, quand apparaît un groupe d’hommes en armes sur la rive opposée.

Gaétan reconnaît de suite le sergent et ses hommes appartenant aux troupes de sire Willibert, son visage reprend alors des couleurs suite à la crainte d’une agression par de quelconques brigands de grands chemins et nullement gêné par sa nudité, il s’avance vers eux accompagné de son ami en leur faisant signe de baisser les arcs qui déjà commençaient à pointer dangereusement vers Eldarian.

- Baissez vos armes messieurs !! Nulles craintes à avoir de la part de ce garçon, c’est un ami !!
- (Le sergent) Un ami très dangereux messire !! Il Nous le soupçonnons d’avoir occis à lui seul une dizaine de renégats qui avaient été signalés dans la région !!

Gaétan s’habille en observant Eldarian qui arrive à son tour devant ses habits, il profite que celui-ci porte son attention sur lui pour lui faire un grand sourire en lui parlant d’une voix suffisamment forte pour qu’il l’entende.

- Rejoins-nous avec tes effets avant de te rhabiller Eldarian !! Cela évitera que tes vêtements soient mouillés !!
- Je pense plutôt reprendre mon chemin de mon côté, heureux de vous avoir connu tous les deux !!
- (Conrad) Mais non voyons !! Reste un peu avec nous, nous venons juste de nous rencontrer !!
- (Gaétan) C’est vrai !! Reste Eldarian !! Au moins pour la nuit, mon père ne te refusera pas l’hospitalité !! Et puis tu nous dois des explications tu ne crois pas ?? Déjà pour cette histoire de renégats !! J’ai quand même du mal à croire les propos du sergent !!

Le sergent entendant ces paroles mettant en doute la véracité de ses dires, croit bon de se justifier.

- C’est Maistre Dogon lui-même qui nous a donné l’information et sire Childebert était présent, les croyez-vous mon jeune seigneur capables d’inventer une histoire pareille ??
- C’est mon père qui vous a donné l’ordre de menacer mon ami avec vos armes ??

Le sergent baisse la tête d’un air subitement confus.

- C’était un mauvais réflexe de notre part, pour toute excuse je ne peux que mettre en avant le fait que nous avons craint pour votre vie en apprenant que vous étiez hors du château.
- Quels ont été exactement les ordres de mon père ??
- Il nous a indiqué l’endroit précis où vous retrouver avec pour seule instruction de vous ramener au plus vite messire !!
- Et pour Eldarian ??
- Il ne pouvait savoir qu’il vous avait rejoints, il n’a donc donné aucune instruction quant à ce jeune homme !!

***/***

Eldarian écoute la conversation visiblement troublé, déjà en comprenant le rang de Gaétan dans le domaine où il se trouve et ensuite par l’envie qu’il a de répondre par l’affirmative à la proposition qui lui a été faite de les suivre, envie qui va pourtant à l’encontre de sa quête.

Pourtant comme plus tôt, son cœur n’arrive pas étrangement à se résoudre à passer son chemin sans plus entendre parler d’eux et c’est au final ce qui le décide à retraverser nu la rivière avec ses effets à bout de bras, ce n’est qu’une fois sur l’autre rive qu’il s’habille rapidement sous leurs regards visiblement curieux.

Gaétan observe avec attention les deux épées aux manches magnifiquement ciselés et croisées derrière le dos d’Eldarian, son regard se reporte ensuite sur les deux poignards placés de chaque côté de sa taille fine et son front se fronce de l’image qu’il donne ainsi harnaché, cherchant un souvenir issu d’une conversation entendue quelques « doubles lunes » plus tôt alors qu’il était invité avec son père au domaine voisin de sire Baudri, un ami de la famille.

Ses yeux s’arrondissent soudainement de stupeur quand la mémoire lui revient, regardant d’un tout autre œil celui qui jusqu’à présent n’était pour lui qu’un jeune homme somme toute un peu spécial d’apparence mais quand même ordinaire.



Chapitre 30 : Deuxième jour (L’invitation)


- Tu….tu es un des maîtres guerriers du temple de Linn !! C’est ça ??
- (Eldarian surpris) Comment connais-tu notre ordre ??
- Une histoire contée par un ami d’un domaine voisin qui a reçu un des vôtres pour la nuit, il était tellement subjugué par son aventure qu’elle m’avait fortement marquée à l’époque !! J’avoue avoir fait pas mal de songes où je me retrouvais fier héros sur les chemins de Goth, à occire tous les malfrats s’en prenant aux petites gens.
- (Eldarian amusé) Nous avons fait les mêmes rêves alors ! Hi ! Hi !

Conrad n’écoute que d’une oreille discrète, n’arrivant pas à détacher son regard de son nouvel ami depuis le moment où il a traversé la rivière en se présentant entièrement nu à ses yeux alors que jusqu’à présent sa nudité était cachée jusqu’à la taille par l’eau la masquant lors de leurs jeux ou encore par l’éloignement qui n’en permettait pas d’en voir certains « détails ».

Le sexe pendant au-dessous du buisson ardent, les abdominaux saillants ainsi que la poitrine respirant la puissance en lui donnant une image parfaite allant en se resserrant de la plus belle des façons vers la taille.

Le visage magnifique aux yeux de braise n’arrange rien au trouble du jeune valet qui reste esbaudi devant ce qui pour lui approche de la perfection masculine et lui remue l’âme ainsi que le corps qui manifeste cet intérêt soudain par une bandaison qui laisse Conrad dans un trouble profond, trouble que les tabous d’une éducation puritaine l’empêchent d’y donner un nom.

Pourtant c’est avec un immense soupir de satisfactions accompagné d’un sourire jusqu’aux oreilles, qu’il entend la réponse d’Eldarian à la question que lui pose une nouvelle fois Gaétan.

- Si l’un des tiens a accepté l’hospitalité du seigneur d'un domaine, rien n’empêche donc que tu acceptes celle de mon père !!
- Rien en effet !!
- Alors c’est dit !! Tu viens avec nous !! J’y tiens vraiment et de plus les fêtes de la « double lune » vont bientôt avoir lieu, ça pourrait être une belle expérience pour toi que de les suivre comme l’invité de notre maison !! Tu pourras toujours repartir quand bon te semblera, de quoi as-tu peur ??

Eldarian hésite encore quelques secondes puis un grand sourire illumine son visage.

- Peut-être de n’avoir plus envie de repartir justement !!

Son regard alors se détourne de Gaétan pour venir se figer dans celui de Conrad avec une lueur telle qu’elle devient presque palpable pour ce dernier, qui ressent soudainement un énorme frisson lui traverser le corps.

- Mais comme je n’ai nulle envie de vous quitter maintenant, alors j’accepte avec joie d’assister à ces fameuses fêtes !!

Gaétan ne cache pas sa joie, trop content qu’Eldarian ait accepté son offre et c’est seulement à ce moment-là en se tournant vers Conrad, qu’il s’aperçoit du trouble de son meilleur ami.

Trouble suffisamment expressif pour qu’il en comprenne la raison alors que Conrad n’en est encore qu’à se poser la question sur le sens à lui donner, aussi c’est cette fois d’un regard inquiet que ses yeux se posent sur le sergent et ses hommes, rassuré de les voir discuter sans faire attention à eux.

Gaétan malgré tout est conscient du danger pour son ami, eux-mêmes ayant pris durant ces dernières « doubles lunes » toutes les mesures nécessaires du moins le croyait-il pour que personne jamais ne découvre les moments magiques qu’ils passent ensemble à découvrir les plaisirs de leurs corps.

Bien sûr ce ne va pas plus loin que des baisers, des caresses, des frottements corps contre corps et enfin des jeux de mains libérant un plaisir intense que la seule pensée qui leur vient après coup étant de le renouveler au plus vite.

Ce qu’ils n’ont jamais manqué de faire régulièrement et ce même quand le doute d’être épié par Dogon est devenu une certitude pour Gaétan, ne préférant pas en parler à Conrad de peur qu’il ne décide par frayeur d’être découvert et sans doute aussi pour le protéger, de cesser cette relation plus qu’amicale dont lui Gaétan ne saurait se passer.

Perceval n’était pas loin du compte lors de leur dernière conversation, pourtant cette fois nulle jalousie ne crispe son estomac alors que le danger de perdre Conrad est très certainement plus fort avec Eldarian qu’il ne l’a jamais été avec son jeune frère.

Gaétan soupire un grand coup en prenant la route, faisant signe aux hommes d’armes de passer devant et trouvant même à sourire devant l’hésitation du sergent à suivre ses ordres.

- De quoi avez-vous peur sergent ?? Croyez-vous que nous courrions un quelconque danger avec notre ami Eldarian, alors que vous m’avez annoncé vous-même de quoi il est capable ?? N’oubliez pas que grâce à mon intervention, vous et vos hommes avez échappé au pire, vous devriez m’en être reconnaissant !!
- Échappé au pire messire ??
- En vous donnant l’ordre de baisser vos armes, que croyez-vous qu’il serait arrivé sans cela ??
- Que pouvait-il faire nu au milieu de la rivière contre nos flèches messire ??
- (Eldarian) Il y avait de magnifiques pierres bien lourdes au fond, il ne faut jamais se fier aux évidences sergent car elles peuvent être parfois mortelles !! Mais rassurez-vous, je n’avais pas l’intention de vous nuire !! Tout juste au pire des cas de vous mettre hors d’état d’agir le temps que je prenne le large !!

Gaétan préfère stopper là toutes velléités de répondre au sergent, comprenant bien que celui-ci n’a pas la connaissance suffisante de ce que représente Eldarian pour avoir la présence d’esprit d’en comprendre l’avertissement et surtout de mettre sa fierté dans sa poche.

- La nuit tombe sergent, voudriez-vous que mon père vous fasse le reproche d’avoir tardé à me ramener ? Non ? Alors prenez les devants pour l’avertir que nous sommes sains et saufs et que nous amenons avec nous un invité, je pense que cette annonce suffira à le rassurer et à mettre sa curiosité devant toutes autres préoccupations.





« L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020


Chapitre 31 : Deuxième jour (Au « loup affamé »)


Lorgan assis à une table reculée de l’auberge, se demande s’il a bien fait de vouloir suivre ses amis car les regards posés sur lui depuis que Durin après s’être entendu avec le patron pour son hébergement s’en est allé au château pour se présenter à son hôte, deviennent de plus en plus curieux à son égard au point de le mettre mal à l’aise.

C’est donc avec un réel soulagement qu’il voit la porte de l’estaminet s’ouvrir et apparaître ses trois nouveaux amis tout sourire, lui faisant oublier tout de suite ses idées maussades dues à l’ambiance dans la salle.

Milon satisfait de la transaction, tient toujours dans le creux de sa main l’émeraude qui paiera largement la pension du jeune Elfe durant toute la durée des festivités et il la range rapidement dans sa bourse en voyant arriver ces trois nouveaux clients, s’empressant de venir leur offrir ses services.

- Ces jeunes gens veulent-ils une table pour se restaurer ? La cuisine du « loup affamé » est réputée pour sa bonne chère, vous m’en direz des nouvelles !!
- (Tancrède) Je vous remercie monsieur mais nos repas sont déjà prévus, nous venons juste visiter notre ami qui normalement a dû prendre pension chez vous !! Un Jeune Elfe du nom de Lorgan !!

Milon indique une table au fond de la salle.

- Votre ami est là-bas !! J’avoue que ce n’est pas tous les jours que nous recevons un Elfe dans notre établissement, pour tout vous dire c’est même le premier qui passe cette porte alors y a qu’à voir !!

Sa main fait un tour d’horizon sur sa clientèle dont les regards ne quittent pas l’emplacement indiqué précédemment où ils aperçoivent Lorgan attablé qui leur sourit visiblement content de les retrouver.

- Comme vous pouvez le constater, il n’y a pas que moi dans ce cas !!
- (Ada) Ce n’est pas très poli de leur part à tous ses gens de le dévisager de la sorte, ce n’est pas un monstre de foire que je sache !!
- (Milon) Bah !! Ne vous en faites pas !! Ce n’est que l’histoire d’une journée ou deux, le temps qu’ils s’habituent à sa présence !! Reconnaissez que votre ami a de quoi attirer l’attention, c’est un garçon qui ne démérite pas des descriptions faites sur son peuple !!
- (Loup) Je ne vois rien en lui d’extraordinaire ! Hi ! Hi !

Milon dévisage un instant le blondinet qui vient de lui adresser la parole, un sourire amusé éclaire alors son visage rougeaud de bon vivant.

- Je te comprends mon garçon, reconnais toutefois que très peu peuvent s’enorgueillir comme toi d’avoir un physique presque aussi parfait que le sien !!
- Ah oui !! Presque dites-vous ?? C’est drôle, je me disais la même chose de lui vis-à-vis de moi ! Hi ! Hi !
- (Tancrède) Veuillez excuser mon frère, il a tendance à se croire au-dessus du lot parfois !! Les damoiselles de notre bourg lui ont donné la grosse tête, nul doute que dans une grande ville il ne remette rapidement les pieds sur terre !!
- (Milon) Hummm !!! J’avoue ne pas être le plus apte à juger les atouts d’un jouvenceau, pour cela il vous faudra attendre des regards beaucoup plus féminins !! Souhaiterez-vous une boisson ??

Milon comprend vite en voyant leur gêne soudaine, qu’ils n’en ont pas les moyens et les appréciant néanmoins déjà beaucoup pour une raison qu’il ne saurait définir, c’est en baissant de ton qu’il leur glisse à l’oreille.

- Ne vous inquiétez pas pour l’argent, j’ai reçu suffisamment pour la pension de votre ami pour qu’il puisse vous inviter sur son compte de temps en temps !! Allez-vous installer, je vous ramène ça de suite !!

***/***

Lorgan commence à s’impatienter, ne comprenant pas ce que le cabaretier peut bien avoir à dire à ses amis pour les retenir si longtemps et c’est en poussant un soupir de soulagement, qu’il le voit repartir derrière son estaminet alors que ses amis viennent s’installer à sa table.

- Je pensais qu’il n’allait jamais vous lâcher !! Que vous voulait-il donc ??
- (Loup amusé) Nous payer à boire sur ton compte ! Hi ! Hi ! Ma parole, tu as dû lui verser une petite fortune !!
- C’est Durin qui s’en est chargé, je n’avais rien sur moi qui puisse monnayer ma pension !! La forêt nous donne ce dont nous avons besoin pour vivre et je n’avais pas prévu d’être ici, mon père le remboursera à sa prochaine visite.
- (Ada) Tu seras bien ici, le patron semble être un homme de grand cœur !!
- Il faudra juste que je m’habitue aux regards de tous ces gens portés sur moi, mais si nous parlions plutôt de vous !! Vous êtes bien installés ??
- (Loup) Pas de soucis, c’est le grand luxe ! Hi ! Hi ! Durin t’a dit s’il revenait aujourd’hui ??
- Il ne pense pas pouvoir le faire, mais je le retrouve demain matin à la première heure et il me présentera à son ami Gaétan, j’espère que vous pourrez être également là !! Nous pourrions passer la journée tous ensemble à visiter la ville, ça vous changerait les idées avant de passer aux choses sérieuses !! J’imagine que vous devez vous demander quel sera votre avenir ??
- (Tancrède) D’autant plus que nous n’avons aucune idée de ce que nous voudrions faire comme métier !!
- (Ada) Parlez pour vous !! Moi je veux être tisserande, ma mère m’a toujours dit que c’était un don des filles de notre famille depuis des générations !! Elle-même aurait pu être maître de guilde si elle n’avait pas préféré rester à la ferme avec son mari.
- (Lorgan) C’est un très bon métier il me semble, ma mère est elle aussi une excellente tisseuse !! Quant à toi à voir ta carrure, tu es fait pour le métier des champs, celui du travail de la pierre ou encore celui de soldat !!
- (Tancrède désabusé) Bof !! Je ne sais pas !! On verra bien ce que le destin me réserve !! Notre frère aîné voulait suivre le chemin de notre père pour reprendre la ferme et il a été pris comme apprenti garde-chasse, alors mieux vaut ne pas avoir de trop vives espérances et laisser faire le « choix »
- (Lorgan) C’est une façon de voir l’avenir qui en vaut une autre !! Et toi Loup ??
- Moi ?? J’aurais bien voulu être pris par le maître de chasse, mais Maurin dit que je n’ai pas le physique pour cela !!
- (Lorgan sourit) Tu n’as pas la stature pour les métiers trop physiques, peut être tenir une échoppe pour la guilde des commerçants serait un bon travail pour toi ?? Qu’en penses-tu ??
- Bof !! Ça craint !! J’aime bien être au grand air, alors rester enfermé toute la journée dans une boutique à vendre je ne sais quoi !! Beurk !!

Ils discutent encore un bon moment de tout et de rien juste pour apprendre à mieux se connaître, quand le tocsin retentit trois fois et qu’il soit temps de se séparer pour la nuit.

Lorgan les regarde partir avec une lueur dans les yeux qui pour celui qui saurait la déchiffrer, révélerait combien le jeune Elfe s’est déjà fortement attaché et le mot est faible, à ses nouveaux amis.


Chapitre 32 : Deuxième jour (L’invité de sire Childebert)


Durin en se présentant au château, n’aurait jamais imaginé apprendre autant de nouvelles inquiétantes en si peu de phrases et se sent coupable de ne pas avoir pris la même route qu’à sa dernière visite, seul le fait d’avoir pris un nouveau chemin en accompagnant ses nouveaux amis l’a détourné de son itinéraire habituel.

Il s’en excuse auprès de sire Childebert et de son épouse, ceux-ci les balayant d’un geste en souriant et en lui arguant que le fautif n’était personne d’autre que Gaétan en désobéissant aux ordres de son père, mettant non seulement sa vie mais également celle de son valet en danger.

Heureusement pour Durin, son inquiétude ne dure pas longtemps car la nouvelle du retour du jeune prince arrive sur ces entrefaites et d’inquiet jusqu’alors, son visage marque bientôt une extrême stupéfaction en apprenant le dénouement heureux de cette aventure qui au demeurant aurait pu se terminer tragiquement.

La présence de renégats rôdant aussi près des murs étant déjà en soi une information angoissante qu’une telle chose ait pu se produire sans alerter plus tôt les défenseurs du domaine, aussi n’osant poser la question qui mettrait assurément quelqu’un dans l’embarras, il se contente d’écouter attentivement le rapport du sergent en se réservant pour plus tard de faire lui-même le jour sur cet état de fait.

***/***

Dame Christiane en bonne épouse et maîtresse de maison, s’adresse à sa dame de compagnie qui a besoin de se changer les idées après autant d’anxiété pour les deux garçons.

- Il serait bon de faire préparer une chambre à l’étage où logent Gaétan et Perceval pour notre invité de dernière minute, le prince désirera certainement être près de son nouvel ami !! Celle à côté du prince Durin devrait convenir !!
- Bien ma dame !!

Dame Agathe s’apprête à partir quand elle se reprend et s’adresse à sire Childebert d’une voix dénotant son angoisse quant au sort que celui-ci réserve à son fils.

- Messire voudra-t-il que mon fils se présente à lui dès son arrivée ??
- Rien ne presse dame Agathe !! Il est heureux que cette aventure se termine au mieux !! De plus celui qui est à blâmer n’est pas tant le valet que le maître !!
- Bien messire !!

***/***

Durin sourit en voyant combien les paroles de sire Childebert ont rassuré cette brave femme qui depuis sa première visite au château a toujours été aux petits soins pour l’enfant qu’il était alors.

La magnanimité du maître des lieux montre également combien l’amitié que son père lui voue, est non seulement grandement méritée mais reflète bien l’état d’esprit des deux personnages.

C’est donc avec surprise qu’il est sorti de ses pensées quand Maistre Dogon s’approche de lui pour lui parler.

- Tu n’as pas eu l’air étonné quand il a été fait mention d’un maître du temple, j’en déduis donc que tu connaissais leur existence ??
- Si fait messire, nos anciens nous ont instruits sur leur compte et il y a même eu quelques nains qui ont rejoint l’ordre pour en suivre l’enseignement, l’un d’eux a eu l’insigne honneur en son temps de faire partie des grands maîtres guerriers et de prendre le nom de Maître Too, mais il y a de cela fort longtemps.
- Ainsi donc il n’y a pas eu que des humains !! Voilà une information qui m’était jusqu’alors inconnue, il serait donc sensé de penser que d’autres races vivant sur Goth ont eu également cet insigne honneur !!
- J’ai souvenir en effet qu’il y en a eu également parmi les Elfes, pour les autres espèces je l’ignore !! Mais ce serait étonnant qu’Orcs, Gobelins ou autres aient suivi cette formation qui demande plus que de la force physique mais également une moralité à toute épreuve que rien ne pourrait entacher !!
- Tu apprendras avec le temps qu’il y a du bon et du mauvais dans chaque peuple !!
- Alors pourquoi cette haine millénaire Maistre Dogon ?? Pourquoi toutes ces vies sacrifiées dans des conflits sanguinaires auxquels plus personne n’y trouve de sens ??
- La paix régnait sur Penn tout entière du temps des rois dragons, les écrits ne mentent pas !! Les rivalités n’ont commencé qu’après leur disparition, certains disent que c’est l’église avec ses maximes qui en serait l’essence !!

Dogon réfléchit un instant avant de reprendre son questionnement.

- Il est quand même étonnant que pour beaucoup ces maîtres guerriers sont complètement inconnus !! Le temple de Linn est situé quelque part dans les basses montagnes selon ce que j’en sais, il faut bien qu’une communauté quelconque subvienne à leurs besoins ??
- Ils commercent avec ceux qui leur sont proches mais très rarement car ils forment une communauté auto-suffisante à eux seuls, d’après mon père ils aiment cultiver le secret autant que leurs légumes et ne se montrent pas facilement au reste du monde, seuls les six maîtres itinérants parcourent Goth afin de rester au courant de ce qui s’y passe et pouvoir ensuite en enseigner l’histoire à leurs élèves qui de ce fait n’ignorent rien de la vie sur notre monde. C’est d’ailleurs eux également qui détectent les futurs disciples de l’ordre lors de leurs quêtes sur Goth.
- Un maître suffisamment jeune pourrait donc « voyager » longtemps avant d’être rappelé ??
- Vous pensez à celui qui arrive avec Gaétan ?? J’avoue avoir été surpris d’entendre sa description, son jeune âge semble en effet des plus inhabituels pour un maître ayant suivi tout l’enseignement du temple.
- Si fait, c’est bien de cette personne qu’il s’agit !!
- Je pense que vous avez une idée derrière la tête qui je le crains n’aboutira pas !! Ce n’est pas dans l’esprit du temple il me semble, qu’un des six cesse sa quête de connaissances pour servir un domaine !!



Chapitre 33 : Deuxième jour (L’invité de sire Childebert) (suite)


- C’est déjà arrivé dans le passé pourtant !!
- Ah !! Vraiment !! Je l’ignorais, il devait y avoir un motif suffisamment important pour qu’un maître prenne une telle décision et en y réfléchissant un tant soit peu, je n’en vois qu’un particulièrement puissant !!
- L’amour ??
- Exact !! Cela limite pas mal les choses n’est-il pas ?? Sire Childebert n’a à ma connaissance que deux fils et donc il serait vain qu’un tel espoir reste dans votre esprit !!
- Une forte amitié s’approche souvent de l’amour !!

Durin reste un instant songeur, cherchant le motif réel de cette conversation pour le moins peu conventionnelle.

- Vous craigniez donc pour le domaine ?? De telles idées ne peuvent avoir qu’une raison, celle que la tâche qui vous est impartie ne cesse un jour prématurément !! Vous êtes encore dans la force de l’âge Maistre Dogon, vous feriez mieux de vous mettre en quête d’un apprenti plutôt que de rechercher des solutions aussi farfelues que de voir un maître guerrier de Linn devenir féal du seigneur d’un domaine.
- Justement !! Les marques sont très fortes en lui !!

Durin fixe intensément le magicien, visiblement troublé par ses dernières paroles.

- C’est impossible voyons !!
- Comment cela impossible ?? Je les ai vues de mes yeux !!
- Il doit y avoir une autre explication alors !! Je ne suis pas au fait de tout ce qui concerne le temple de Linn, mais une chose au moins dont je suis certain pour l’avoir maintes fois entendu mentionner par nos sages !! La magie est proscrite du temple, il n’est donc pas envisageable que celui qui va bientôt passer les portes du château en soit pourvu d’une seule once !! Jamais il n’aurait pu accéder au statut de maître si c’était le cas, son renvoi aurait été immédiat dès le premier signe et s’il a les marques comme vous l’affirmez, ils ont dû être particulièrement vigilants à son sujet en le testant tout au long de son initiation !! Vous feriez mieux de chercher dans vos manuscrits si la marque est toujours assujettie au pouvoir de la magie, très certainement vous y lirez des exceptions !! Il n’y a pas d’autres explications !!

Dogon quitte visiblement soucieux le jeune nain non sans l’avoir remercié d’un ample mouvement de la tête, retournant au donjon où il y a ses appartements pour suivre le conseil et se plonger dans ses grimoires à la recherche de ces éventuels cas d’exceptions s’ils existent bien.

Durin quant à lui se rend dans sa chambre pour se changer de son long voyage en attendant l’heure du repas, il n’est pas vraiment étonner d’y trouver Perceval l’attendant assis sur son lit.

- Tiens !! « Perci » !! Je pensais te voir dans la grande salle avec tes parents !!

Le jeune prince sort subitement de ses rêveries en se levant d’un bond pour venir serrer son ami dans ses bras.

- Gaétan et Conrad ne sont pas avec toi ?? C’est parce que je ne voulais pas être interrogé par père que je suis resté ici à vous attendre !!

Durin rassure tout de suite Perceval en le mettant au courant des dernières nouvelles, prenant la peine également de le tranquilliser en lui précisant bien que son nom n’avait à aucun moment été prononcé et que donc ses parents ignoraient qu’il était au courant de la sortie clandestine des deux garçons.

- C’est dame Agathe inquiète qui a lâché le morceau !!
- Père va leur faire donner le fouet, c’est sûr !!
- Hum !! Je ne le pense pas, cette histoire avec les renégats et ce jeune maître du temple qui va passer quelque temps ici, leur a ôté l’idée de représailles contre eux !!
- Il a vraiment occis tous ces types à lui tout seul ??
- Je vois que toi aussi tu ignores tout sur eux, sinon tu ne poserais même pas la question !!
- Gaétan était pourtant certain de te retrouver sur le chemin !!
- C’était bien mon intention de le prendre, mais j’ai croisé sur la route des jeunes forts sympathiques qui viennent pour le « choix » et je me suis pris d’amitié pour eux, du coup nous avons fait route ensemble et j’ai été détourné de ma route car ils devaient passer la nuit chez des amis à eux vivant au bourg de la Fourche, cela explique que tantôt nous ne nous soyons pas croisés.

Durin raconte sa rencontre ainsi que les quelques moments particulièrement cocasses qui ont marqué ces deux derniers jours, faisant rire Perceval qui du coup perd l’angoisse qui marquait ses traits du sort de son frère et de son ami Conrad.

- Tu me les présenteras ??
- C’était bien là mon intention ! Ha ! Ha ! Mais dis-moi jeune jouvenceau !! Mon histoire n’a pas eu l’air de te choquer, serais-tu déjà au fait à ton âge de ces jeux de garçons ??

Perceval rouge de confusion devant cette question plutôt directe, bien à l’image de son ami nain.

- J’ai quatorze « doubles lunes » quand même, je ne suis plus un bébé et sans chercher à faire le voyeur, il faut reconnaître que beaucoup parmi les pages du château s’adonnent à ce genre de divertissements alors qu’ils se croient seuls.
- Divertissements que tu t’es aussitôt pris à cœur d’imiter, si j’ai bien compris ! Ha ! Ha !

Heureusement pour Perceval, des bruits de pas suivit de chuchotements dans le couloir lui évitent d’avoir à répondre et c’est en profitant de l’aubaine qu’il sort en trombe de la chambre suivi de près par le jeune nain aussi curieux que lui de rencontrer le fameux invité de dernière minute.



Re : « L’apprenti magicien » - bech - 01-08-2020

L'intérêt de cette histoire, c'est qu'elle peut être lue indépendamment des autres. Il n'y a juste un lien qu'à la fin.


Re : « L’apprenti magicien » - laurentdu51100 - 01-08-2020

c'est vrai mais il vaut mieux l'avoir lu pour comprendre le livre 4 8)