01-05-2021, 03:20 PM
Le reste de la semaine s’était très bien terminée. Nos quatre « ennemis » étaient restés bien à leurs places. Les cours avaient été profitables à tous, les profs avaient commencé à revoir certaines parties des cours en fonctions des examens de fin d’année qui approchaient au pas de course ! Bref nous n’avions qu’une envie c’est de finir cette année scolaire le mieux possible pour pouvoir entamer la rhéto en septembre sur de bonnes bases.
Chaque soir, en revenant à la maison, c’était la même ritournelle, soit que c’est maman qui voulait savoir comment s’était passé la journée. Je répondais à chaque fois que tout allait bien et que j’avais effectivement passé une excellente journée. Les élèves de ma classe étaient au courant de mon orientation sexuelle, mais ils n’en avaient rien à faire, pour eux j’étais un garçon de 17 ans comme les autres, il n’y avait pas de différence. Bien évidemment je restais très discret et je ne me mettais pas à avoir un comportement particulier, je restais tel que j’avais toujours été que ce soit au niveau de la classe et qu’au niveau de l’école.
Marie venait souvent me parler lors des récréations. Elle savait très bien ce que je pouvais ressentir. De mon côté je savais qu’elle aussi devait faire attention à ses réactions lorsque son amie Isabelle était auprès d’elle ou de notre groupe. Isabelle elle aussi s’arrangeait pour ne pas trop souvent se trouver auprès de Marie. Moi qui savait ce qu’il se passait, je faisais aussi très attention de ne rien dire concernant mes deux amies et leur relation.
Marie me demandait régulièrement comment allait Benoît. Elle était contente pour moi car j’avais selon elle trouvé la perle rare. J’en étais très conscient, car je l’aimais mon Ben et lui me le rendait très bien. Puis nous parlions de différentes choses, de sa famille, de notre amitié et de nos amis. Je pouvais tout dire à Marie, elle m’écoutait très volontiers. Moi-même j’étais attentif à ce qu’elle me racontait. Nous avions cette connivence que seul les vrais amis ont !
La semaine s’était achevée. Nous étions déjà le vendredi soir. Jean et Anne étaient heureux de voir que j’avais passé une très belle semaine finalement. Papa et maman étaient aussi très heureux pour moi. Papa m’avait dit qu’il y aurait un invité pour passer le week-end à la maison. J’avais rappelé à Papa que Benoît venait loger samedi soir avant la réunion chez les pionniers. Papa m’avait dit qu’il n’avait pas oublié que cela n’aurait aucune incidence sur la venue de Benoît et de la réunion.
Maman m’avait demandé de préparer le repas du soir avec elle et Jean. Anne quant à elle discutait avec papa de la façon dont elle allait faire ses révisions pour les examens de fin d’année à l’unif. Jean était content de préparer à manger avec moi et maman. C’était la première fois que nous le faisions entre frères et avec maman. Il y avait une ambiance chaleureuse qui émanait de cette cuisine. Nous préparions les légumes et les pommes de terre alors que maman s’occupait de la mise au four du gigot. Nous étions ainsi affairés à la préparation du repas que nous n’avions même pas entendu la sonnette de la porte d’entrée. A un moment nous avions été surpris par l’entrée des plus discrète de l’oncle Pierre. Il nous avait fait une de ses peurs ! Bref j’étais très heureux de le revoir, comme le reste de la famille.
La soirée s’était très bien passée, dans la joie et la bonne humeur. L’oncle Pierre racontait ce qu’il était occupé à faire au point de vue de son travail ainsi que des deux voyages qu’il venait de faire pour l’établissement d’un nouveau catalogue de destinations lointaines, et entre autres aux Caraïbes. Nous étions tous intrigués par ce qu’il nous racontait comme anecdotes. C’est finalement après minuit que nous avions décidé d’aller nous coucher pour plonger dans les bras de Morphée pour un sommeil bien mérité.
Ce samedi matin j’avais ouvert l’œil et j’avais vu qu’il était déjà neuf heures vingt à mon réveil. Je m’étais empressé de prendre ma douche, de m’habiller et de descendre pour prendre mon petit déjeuner. J’avais vu que Maman et l’oncle Pierre étaient encore à table, les autres avaient déjà fini de déjeuner. J’avais pris place à côté de mon oncle. Puis nous avions parlé de chose et d’autre. Mon oncle m’avait demandé comme j’allais après toutes mes mésaventures à l’école. Il avait été mis au courant par maman. J’avais expliqué à mon oncle ce qui m’était arrivé ainsi que la décision prise de ne plus me laisser faire. Il avait approuvé ma décision. Il me donnait des conseils et surtout d’avoir quelqu’un à qui parler et me confier. Il me demanda si Marie était toujours ma confidente. Je lui avais répondu que oui. Mon oncle m’avait aussi demandé comment allait Benoît. Bref mon oncle était lui aussi très attentif à mon sujet.
Le reste de la journée c’était déroulé comme une lettre à la poste, sans heurt, en toute décontraction et dans la bonne humeur. J’avais aussi pris du temps pour revoir certains cours car nous allions bientôt avoir des contrôles en vue de voir où nous en étions dans la compréhension de la matière avant les examens. Nous avions mangé léger à midi, car nous avions prévu de faire un tour à vélo, nous les trois enfants, avec notre oncle Pierre. C’est donc à quatre que nous étions allés faire un tour en forêt de Soignes. Nous étions très heureux d’être ainsi à l’extérieur pour profiter du bon air de ce printemps radieux, le soleil étant de la partie lui aussi.
C’est peu après le goûter que mon ami Benoît était arrivé à la maison pour y passer la nuit. Il avait déjà vu l’oncle Pierre une fois et il l’avait salué après avoir d’abord salué mes parents. Par la suite, nous avions Benoît et moi intégré ma chambre pour commencer à nous embrasser bien entendu. Nos lèvres étaient fébriles, elles se cherchaient, elles se redécouvraient. Nos bouches s’en donnaient à cœur joie. Puis s’étaient enfin nos langues qui entraient dans la danse. Elles s’enroulaient entres elles, elles se quittaient pour mieux se reprendre par la suite. Nos yeux étaient clos, il n’y avait plus rien qui pouvait nous distraire de ce moment tant attendu ! Nous nous étions embrassés quelques minutes, cela nous avait paru des heures. Une fois remis ce « combat » labial nous nous étions assis sur le bord de mon lit.
Benoît avait planté ses yeux dans les miens. Il pénétrait de son regard mon esprit. Je soutenais son regard et moi-même je tentais de savoir à quoi Benoît pensait. Puis Benoît m’avait demandé :
Ben : « Phil, je suis tellement désolé d’avoir appris ce qui t’était arrivé au bahut ce lundi. Comment vas-tu ?
Moi : Tu sais Ben ça a été difficile ce lundi, mais j’ai pu voir que la plupart des élèves de ma classe étaient avec moi !
Ben : J’en suis très heureux. Mais tu m’avais parlé de quatre gars qui étaient semble-t-il homophobes. Qu’en est-il ?
Moi : Oui, ils sont quatre mais ils se sont fait remettre à leur place, tant par les élèves que par les profs.
Ben : Puis tu m’as dit que ça allait mieux !
Moi : Oui Ben, je vais mieux. J’ai décidé de ne plus me laisser faire. Je vais me défendre bec et ongle. Je dois aller de l’avant et pour cela je ne vois qu’une seule chose, c’est de ne plus me laisser faire !
Ben : Voilà qui me fait plaisir Phil. Puis tu as des copains de classe qui seront avec toi !
Moi : C’est un peu ça aussi qui m’a fait comprendre que je dois pouvoir avoir plus confiance en moi, car mes copains ne seront pas toujours derrière moi tout le temps.
Ben : Effectivement.
Moi : Ce sera la même chose aux pionniers. Je n’ai plus peur de la réaction des scouts, il me semble qu’ils sont beaucoup plus sociables que certains gars de ma classe. Et puis je dois aussi m’affirmer !
Ben : Je pense ; ce que je vois, là devant moi, c’est le nouveau Phil !
Moi : Merci Ben. Merci de me soutenir. »
Nous nous étions alors étreints. Je sentais le cœur de Ben battre tout contre ma poitrine. Je pense que Ben devait ressentir la même chose. Nous étions si bien ensemble. Il me semblait que la vie pouvait enfin nous sourire, mais il fallait que nous fassions encore attention de ne pas nous faire remarquer.
Alors que nous étions dans ma chambre, l’oncle Pierre frappait à la porte. Je l’avais convié à entrer dans mon « antre » ! Il avait pris place à nos côtés, assis sur le bord de mon lit. Puis l’air un peu évasif il me demanda ce que je pensais de lui, en ses termes :
Pie : « Phil, je suis très peiné par ce qui t’est arrivé ces derniers temps. Sache que je suis avec toi et que je te soutiens, moralement !
Moi : Merci mon oncle, je suis heureux de ton soutient.
Pie : Mais de rien mon neveu, tu me connais, je suis avec toi et je suis toujours inquiet pour toi !
Moi : Mais pourquoi tant d’inquiétudes ?
Pie : Tu ne sais pas pourquoi Phil ?
Moi : Je devine, mais tu sais ton jardin secret, c’est pour toi et toi seul !
Pie : Donc tu sais quoi Phil !
Moi : Mais oui tonton, je devine, du moins j’en suis convaincu !
Pie : Oui, mais convaincu de quoi !
Moi : Tu sais Tonton, tu es seul et tu t’inquiètes pour moi. Tu défends les homosexuels et je suis certain que tu es, toi aussi, gay !
Pie : Tu as tout compris Phil, oui je suis homo !
Moi : Mais pour moi cela ne change rien ! Que du contraire, je comprends maintenant ton soutient, ta détermination à me venir en aide et ta tristesse lors du décès de mon ami Henri !
Pie : Oui, tu as tout compris Phil ! Je suis célibataire par la force des choses. Je t’en dirais plus, plus tard. Pour le moment, je veux te, non vous souhaiter, tout le bonheur du monde !
Moi : Merci Tonton. Mais toi, tu n’as pas l’air si heureux que ça !
Pie : Oui, mais ne t’inquiète pas pour moi !
Ben : Merci d’avoir été si franc avec nous et surtout vis-à-vis de Phil.
Pie : C’est pour cela que je voulais vous parler ! Pour mettre les choses au point.
Ben : Je pense que Phil a très bien compris. Il avait des soupçons, et ceux-ci se sont avérés exacts !
Moi : Oui, je me doutais que tu étais gay !»
Pie : J’espère que tu me comprends et que tu ne m’en veux pas.
Moi : Mais non Tonton et je devine de qui tu es « amoureux » depuis des années !
Pie : Si tu le permets, je ne souhaite pas aborder ce sujet maintenant !
Moi : Pas de problème, tu seras toujours le bienvenu, et je serai toujours prêt à t’écouter !
Pie : Merci Phil !
Ben : Au moins les choses sont claires ! »
Il est évident que j’avais une excellente idée de qui mon tonton était amoureux ! Mais bon, je lui laissais le temps de me le dire ! Puis je ne voulais pas lui forcer la main ! Je me doutais qu’il s’agissait de mon père !
Mon oncle Pierre avait quitté ma chambre. Benoît me regardait alors et je voyais qu’il se posait des questions. Il avait alors dit :
Ben : « Alors là, je suis sidéré ! Je ne m’attendais pas à ça !
Moi : Tu sais Ben, ça fait pas mal de temps que je me posais cette question, l’oncle Pierre était-il gay oui ou non. J’en avais eu presque la certitude quand nous étions partis en vacances l’été passé en Vendée.
Ben : Oui, mais pourquoi t’en parle-t-il maintenant ?
Moi : Je pense qu’il a entendu parler de mes problèmes rencontrés en classe de neige, au bahut ce lundi de rentrée et avec ce que j’avais vécu avant, il était très inquiet. Je pense qu’il voulait me dire que je pouvais compter sur lui car lui aussi, étant homo, savait ce que je vivais, ce que je ressentais.
Ben : Je pense que tu as raison, mais je me demande de qui ton oncle était amoureux. Si je ne me trompe pas, l’oncle Pierre est le frère de ta maman Jacqueline.
Moi : Oui Ben tu as raison, maman et l’oncle Pierre, sont frère et sœur !
Ben : Je me demande de qui il était amoureux !
Moi : J’ai une idée, mais je ne sais pas si c’est vrai, alors je ne veux rien dire pour le moment.
Ben : Oui, mais tu peux m’en dire plus Phil, je suis si intrigué.
Moi : Non Ben, je ne vais pas te donner de nom, bientôt, peut-être.
Ben : C’est comme tu veux. »
Benoît et moi avions cesser de parler de l’oncle Pierre. Je ne voulais pas dire à Ben que je pensais que c’était mon papa qui avait été l’amoureux de Pierre. J’en étais convaincu, mais je voulais en avoir le cœur net. Nous avions alors commencé à lire des BD d’Astérix. C’est Jean qui nous avait appelé pour que nous descendions pour le souper. Nous étions tous à table et maman avait préparé un excellent repas. Nous avions eu droit à des roulades d’asperges, des pêches au thon, des tomates crevettes, du saumon fumé, des truites saumonées, des pommes de terre froides ainsi que des carottes râpées et des betteraves rouges. Papa avait sorti une bouteille de vin rosé pour accompagner le tout. Puis en dessert, nous avions eu droit à une macédoine de fruits frais.
Une fois le repas terminé et la vaisselle faite, nous nous étions retrouvés au salon. Papa avait sorti le projecteur super 8 pour nous montrer des images prises lors de fêtes de famille, de vacances en Égypte et en Corse. Nous étions tous à l’écoute des explications données par maman et papa. Parfois l’oncle Pierre intervenait pour apporter une anecdote sur les images visionnées. Puis à l’issue du visionnage des films super 8, j’avais posé l’une ou l’autre question. Puis c’est Ben qui avait demandé, comme ça, pourquoi dans le film plus ancien, on pouvait voir Jean-Claude (mon père) et l’oncle Pierre en camping dans les Cévennes, sans Jacqueline (ma maman). C’est alors que papa avait dit qu’il était l’ami de l’oncle Pierre avant de connaître maman. Ils avaient fait leurs études ensemble et ils avaient continué à se voir par après. Puis que c’est lors d’une réunion de famille chez Pierre qu’il avait connu maman.
Je regardais Benoît qui lui avait les yeux écarquillés. Il avait semble-t-il eu les mêmes doutes que moi. Nous avions poursuivi la soirée avec des films un peu plus récents. On me voyait de temps à autre quand j’étais bébé, puis vers 3 ans, ensuite vers mes 8 – 10 ans. Puis ce fut le film réalisé en vacances. Nous étions tous nus, moi j’avais déjà 15 ans. Benoît souriait en me voyant ainsi dans le plus simple appareil entouré de mes parents et de ma sœur. C’est l’oncle Pierre qui filmait. Jean lui était parti en vacances avec sa marraine.
A la fin de la séance, nous avions salué toute la famille avant d’aller prendre une douche avant d’aller nous coucher dans ma chambre. Une fois douchés, en tenue d’Adam, nous avions gagnés mon antre. Nous nous étions Ben et moi couchés sur mon lit. Puis Ben avait glissé à mon oreille :
Ben : « Phil, puis-je te dire quelque chose, ne te fâches pas !
Moi : Tu peux me poser ta question Ben, je vais y répondre et je pense savoir de quoi il s’agit.
Ben : Phil, je suis presque sûr que ton oncle Pierre était amoureux de ton père !
Moi : Tu sais Ben, c’est ce que je pense depuis déjà assez bien de temps, mais je n’en suis pas pour autant certain.
Ben : Tu sais Phil quand j’ai vu les regards que ton oncle et ton père s’échangeaient, pour moi il n’y a aucun doute !
Moi : C’est possible Ben, mais bon c’est mon père, alors je lui laisse encore le bénéfice du doute. Mais je dois te confier que quand j’ai annoncé que j’étais gay, il n’a pas fait de remarque particulière, il m’avait dit qu’il m’aimait tel que j’étais !
Ben : C’est possible Phil, mais de toute façon ta famille t’a accepté tel que tu es, alors pour ton père, ça ne change rien, je le trouve très sympa et très ouvert, de même que ta maman.
Moi : Merci Ben. »
J’avais des larmes qui commençaient à inonder mon visage. Ben l’avait remarqué et il m’avait pris dans ses bras. Nous nous étions ensuite embrassés, tout émus de nous trouver dans les bras l’un de l’autre.
Chaque soir, en revenant à la maison, c’était la même ritournelle, soit que c’est maman qui voulait savoir comment s’était passé la journée. Je répondais à chaque fois que tout allait bien et que j’avais effectivement passé une excellente journée. Les élèves de ma classe étaient au courant de mon orientation sexuelle, mais ils n’en avaient rien à faire, pour eux j’étais un garçon de 17 ans comme les autres, il n’y avait pas de différence. Bien évidemment je restais très discret et je ne me mettais pas à avoir un comportement particulier, je restais tel que j’avais toujours été que ce soit au niveau de la classe et qu’au niveau de l’école.
Marie venait souvent me parler lors des récréations. Elle savait très bien ce que je pouvais ressentir. De mon côté je savais qu’elle aussi devait faire attention à ses réactions lorsque son amie Isabelle était auprès d’elle ou de notre groupe. Isabelle elle aussi s’arrangeait pour ne pas trop souvent se trouver auprès de Marie. Moi qui savait ce qu’il se passait, je faisais aussi très attention de ne rien dire concernant mes deux amies et leur relation.
Marie me demandait régulièrement comment allait Benoît. Elle était contente pour moi car j’avais selon elle trouvé la perle rare. J’en étais très conscient, car je l’aimais mon Ben et lui me le rendait très bien. Puis nous parlions de différentes choses, de sa famille, de notre amitié et de nos amis. Je pouvais tout dire à Marie, elle m’écoutait très volontiers. Moi-même j’étais attentif à ce qu’elle me racontait. Nous avions cette connivence que seul les vrais amis ont !
La semaine s’était achevée. Nous étions déjà le vendredi soir. Jean et Anne étaient heureux de voir que j’avais passé une très belle semaine finalement. Papa et maman étaient aussi très heureux pour moi. Papa m’avait dit qu’il y aurait un invité pour passer le week-end à la maison. J’avais rappelé à Papa que Benoît venait loger samedi soir avant la réunion chez les pionniers. Papa m’avait dit qu’il n’avait pas oublié que cela n’aurait aucune incidence sur la venue de Benoît et de la réunion.
Maman m’avait demandé de préparer le repas du soir avec elle et Jean. Anne quant à elle discutait avec papa de la façon dont elle allait faire ses révisions pour les examens de fin d’année à l’unif. Jean était content de préparer à manger avec moi et maman. C’était la première fois que nous le faisions entre frères et avec maman. Il y avait une ambiance chaleureuse qui émanait de cette cuisine. Nous préparions les légumes et les pommes de terre alors que maman s’occupait de la mise au four du gigot. Nous étions ainsi affairés à la préparation du repas que nous n’avions même pas entendu la sonnette de la porte d’entrée. A un moment nous avions été surpris par l’entrée des plus discrète de l’oncle Pierre. Il nous avait fait une de ses peurs ! Bref j’étais très heureux de le revoir, comme le reste de la famille.
La soirée s’était très bien passée, dans la joie et la bonne humeur. L’oncle Pierre racontait ce qu’il était occupé à faire au point de vue de son travail ainsi que des deux voyages qu’il venait de faire pour l’établissement d’un nouveau catalogue de destinations lointaines, et entre autres aux Caraïbes. Nous étions tous intrigués par ce qu’il nous racontait comme anecdotes. C’est finalement après minuit que nous avions décidé d’aller nous coucher pour plonger dans les bras de Morphée pour un sommeil bien mérité.
Ce samedi matin j’avais ouvert l’œil et j’avais vu qu’il était déjà neuf heures vingt à mon réveil. Je m’étais empressé de prendre ma douche, de m’habiller et de descendre pour prendre mon petit déjeuner. J’avais vu que Maman et l’oncle Pierre étaient encore à table, les autres avaient déjà fini de déjeuner. J’avais pris place à côté de mon oncle. Puis nous avions parlé de chose et d’autre. Mon oncle m’avait demandé comme j’allais après toutes mes mésaventures à l’école. Il avait été mis au courant par maman. J’avais expliqué à mon oncle ce qui m’était arrivé ainsi que la décision prise de ne plus me laisser faire. Il avait approuvé ma décision. Il me donnait des conseils et surtout d’avoir quelqu’un à qui parler et me confier. Il me demanda si Marie était toujours ma confidente. Je lui avais répondu que oui. Mon oncle m’avait aussi demandé comment allait Benoît. Bref mon oncle était lui aussi très attentif à mon sujet.
Le reste de la journée c’était déroulé comme une lettre à la poste, sans heurt, en toute décontraction et dans la bonne humeur. J’avais aussi pris du temps pour revoir certains cours car nous allions bientôt avoir des contrôles en vue de voir où nous en étions dans la compréhension de la matière avant les examens. Nous avions mangé léger à midi, car nous avions prévu de faire un tour à vélo, nous les trois enfants, avec notre oncle Pierre. C’est donc à quatre que nous étions allés faire un tour en forêt de Soignes. Nous étions très heureux d’être ainsi à l’extérieur pour profiter du bon air de ce printemps radieux, le soleil étant de la partie lui aussi.
C’est peu après le goûter que mon ami Benoît était arrivé à la maison pour y passer la nuit. Il avait déjà vu l’oncle Pierre une fois et il l’avait salué après avoir d’abord salué mes parents. Par la suite, nous avions Benoît et moi intégré ma chambre pour commencer à nous embrasser bien entendu. Nos lèvres étaient fébriles, elles se cherchaient, elles se redécouvraient. Nos bouches s’en donnaient à cœur joie. Puis s’étaient enfin nos langues qui entraient dans la danse. Elles s’enroulaient entres elles, elles se quittaient pour mieux se reprendre par la suite. Nos yeux étaient clos, il n’y avait plus rien qui pouvait nous distraire de ce moment tant attendu ! Nous nous étions embrassés quelques minutes, cela nous avait paru des heures. Une fois remis ce « combat » labial nous nous étions assis sur le bord de mon lit.
Benoît avait planté ses yeux dans les miens. Il pénétrait de son regard mon esprit. Je soutenais son regard et moi-même je tentais de savoir à quoi Benoît pensait. Puis Benoît m’avait demandé :
Ben : « Phil, je suis tellement désolé d’avoir appris ce qui t’était arrivé au bahut ce lundi. Comment vas-tu ?
Moi : Tu sais Ben ça a été difficile ce lundi, mais j’ai pu voir que la plupart des élèves de ma classe étaient avec moi !
Ben : J’en suis très heureux. Mais tu m’avais parlé de quatre gars qui étaient semble-t-il homophobes. Qu’en est-il ?
Moi : Oui, ils sont quatre mais ils se sont fait remettre à leur place, tant par les élèves que par les profs.
Ben : Puis tu m’as dit que ça allait mieux !
Moi : Oui Ben, je vais mieux. J’ai décidé de ne plus me laisser faire. Je vais me défendre bec et ongle. Je dois aller de l’avant et pour cela je ne vois qu’une seule chose, c’est de ne plus me laisser faire !
Ben : Voilà qui me fait plaisir Phil. Puis tu as des copains de classe qui seront avec toi !
Moi : C’est un peu ça aussi qui m’a fait comprendre que je dois pouvoir avoir plus confiance en moi, car mes copains ne seront pas toujours derrière moi tout le temps.
Ben : Effectivement.
Moi : Ce sera la même chose aux pionniers. Je n’ai plus peur de la réaction des scouts, il me semble qu’ils sont beaucoup plus sociables que certains gars de ma classe. Et puis je dois aussi m’affirmer !
Ben : Je pense ; ce que je vois, là devant moi, c’est le nouveau Phil !
Moi : Merci Ben. Merci de me soutenir. »
Nous nous étions alors étreints. Je sentais le cœur de Ben battre tout contre ma poitrine. Je pense que Ben devait ressentir la même chose. Nous étions si bien ensemble. Il me semblait que la vie pouvait enfin nous sourire, mais il fallait que nous fassions encore attention de ne pas nous faire remarquer.
Alors que nous étions dans ma chambre, l’oncle Pierre frappait à la porte. Je l’avais convié à entrer dans mon « antre » ! Il avait pris place à nos côtés, assis sur le bord de mon lit. Puis l’air un peu évasif il me demanda ce que je pensais de lui, en ses termes :
Pie : « Phil, je suis très peiné par ce qui t’est arrivé ces derniers temps. Sache que je suis avec toi et que je te soutiens, moralement !
Moi : Merci mon oncle, je suis heureux de ton soutient.
Pie : Mais de rien mon neveu, tu me connais, je suis avec toi et je suis toujours inquiet pour toi !
Moi : Mais pourquoi tant d’inquiétudes ?
Pie : Tu ne sais pas pourquoi Phil ?
Moi : Je devine, mais tu sais ton jardin secret, c’est pour toi et toi seul !
Pie : Donc tu sais quoi Phil !
Moi : Mais oui tonton, je devine, du moins j’en suis convaincu !
Pie : Oui, mais convaincu de quoi !
Moi : Tu sais Tonton, tu es seul et tu t’inquiètes pour moi. Tu défends les homosexuels et je suis certain que tu es, toi aussi, gay !
Pie : Tu as tout compris Phil, oui je suis homo !
Moi : Mais pour moi cela ne change rien ! Que du contraire, je comprends maintenant ton soutient, ta détermination à me venir en aide et ta tristesse lors du décès de mon ami Henri !
Pie : Oui, tu as tout compris Phil ! Je suis célibataire par la force des choses. Je t’en dirais plus, plus tard. Pour le moment, je veux te, non vous souhaiter, tout le bonheur du monde !
Moi : Merci Tonton. Mais toi, tu n’as pas l’air si heureux que ça !
Pie : Oui, mais ne t’inquiète pas pour moi !
Ben : Merci d’avoir été si franc avec nous et surtout vis-à-vis de Phil.
Pie : C’est pour cela que je voulais vous parler ! Pour mettre les choses au point.
Ben : Je pense que Phil a très bien compris. Il avait des soupçons, et ceux-ci se sont avérés exacts !
Moi : Oui, je me doutais que tu étais gay !»
Pie : J’espère que tu me comprends et que tu ne m’en veux pas.
Moi : Mais non Tonton et je devine de qui tu es « amoureux » depuis des années !
Pie : Si tu le permets, je ne souhaite pas aborder ce sujet maintenant !
Moi : Pas de problème, tu seras toujours le bienvenu, et je serai toujours prêt à t’écouter !
Pie : Merci Phil !
Ben : Au moins les choses sont claires ! »
Il est évident que j’avais une excellente idée de qui mon tonton était amoureux ! Mais bon, je lui laissais le temps de me le dire ! Puis je ne voulais pas lui forcer la main ! Je me doutais qu’il s’agissait de mon père !
Mon oncle Pierre avait quitté ma chambre. Benoît me regardait alors et je voyais qu’il se posait des questions. Il avait alors dit :
Ben : « Alors là, je suis sidéré ! Je ne m’attendais pas à ça !
Moi : Tu sais Ben, ça fait pas mal de temps que je me posais cette question, l’oncle Pierre était-il gay oui ou non. J’en avais eu presque la certitude quand nous étions partis en vacances l’été passé en Vendée.
Ben : Oui, mais pourquoi t’en parle-t-il maintenant ?
Moi : Je pense qu’il a entendu parler de mes problèmes rencontrés en classe de neige, au bahut ce lundi de rentrée et avec ce que j’avais vécu avant, il était très inquiet. Je pense qu’il voulait me dire que je pouvais compter sur lui car lui aussi, étant homo, savait ce que je vivais, ce que je ressentais.
Ben : Je pense que tu as raison, mais je me demande de qui ton oncle était amoureux. Si je ne me trompe pas, l’oncle Pierre est le frère de ta maman Jacqueline.
Moi : Oui Ben tu as raison, maman et l’oncle Pierre, sont frère et sœur !
Ben : Je me demande de qui il était amoureux !
Moi : J’ai une idée, mais je ne sais pas si c’est vrai, alors je ne veux rien dire pour le moment.
Ben : Oui, mais tu peux m’en dire plus Phil, je suis si intrigué.
Moi : Non Ben, je ne vais pas te donner de nom, bientôt, peut-être.
Ben : C’est comme tu veux. »
Benoît et moi avions cesser de parler de l’oncle Pierre. Je ne voulais pas dire à Ben que je pensais que c’était mon papa qui avait été l’amoureux de Pierre. J’en étais convaincu, mais je voulais en avoir le cœur net. Nous avions alors commencé à lire des BD d’Astérix. C’est Jean qui nous avait appelé pour que nous descendions pour le souper. Nous étions tous à table et maman avait préparé un excellent repas. Nous avions eu droit à des roulades d’asperges, des pêches au thon, des tomates crevettes, du saumon fumé, des truites saumonées, des pommes de terre froides ainsi que des carottes râpées et des betteraves rouges. Papa avait sorti une bouteille de vin rosé pour accompagner le tout. Puis en dessert, nous avions eu droit à une macédoine de fruits frais.
Une fois le repas terminé et la vaisselle faite, nous nous étions retrouvés au salon. Papa avait sorti le projecteur super 8 pour nous montrer des images prises lors de fêtes de famille, de vacances en Égypte et en Corse. Nous étions tous à l’écoute des explications données par maman et papa. Parfois l’oncle Pierre intervenait pour apporter une anecdote sur les images visionnées. Puis à l’issue du visionnage des films super 8, j’avais posé l’une ou l’autre question. Puis c’est Ben qui avait demandé, comme ça, pourquoi dans le film plus ancien, on pouvait voir Jean-Claude (mon père) et l’oncle Pierre en camping dans les Cévennes, sans Jacqueline (ma maman). C’est alors que papa avait dit qu’il était l’ami de l’oncle Pierre avant de connaître maman. Ils avaient fait leurs études ensemble et ils avaient continué à se voir par après. Puis que c’est lors d’une réunion de famille chez Pierre qu’il avait connu maman.
Je regardais Benoît qui lui avait les yeux écarquillés. Il avait semble-t-il eu les mêmes doutes que moi. Nous avions poursuivi la soirée avec des films un peu plus récents. On me voyait de temps à autre quand j’étais bébé, puis vers 3 ans, ensuite vers mes 8 – 10 ans. Puis ce fut le film réalisé en vacances. Nous étions tous nus, moi j’avais déjà 15 ans. Benoît souriait en me voyant ainsi dans le plus simple appareil entouré de mes parents et de ma sœur. C’est l’oncle Pierre qui filmait. Jean lui était parti en vacances avec sa marraine.
A la fin de la séance, nous avions salué toute la famille avant d’aller prendre une douche avant d’aller nous coucher dans ma chambre. Une fois douchés, en tenue d’Adam, nous avions gagnés mon antre. Nous nous étions Ben et moi couchés sur mon lit. Puis Ben avait glissé à mon oreille :
Ben : « Phil, puis-je te dire quelque chose, ne te fâches pas !
Moi : Tu peux me poser ta question Ben, je vais y répondre et je pense savoir de quoi il s’agit.
Ben : Phil, je suis presque sûr que ton oncle Pierre était amoureux de ton père !
Moi : Tu sais Ben, c’est ce que je pense depuis déjà assez bien de temps, mais je n’en suis pas pour autant certain.
Ben : Tu sais Phil quand j’ai vu les regards que ton oncle et ton père s’échangeaient, pour moi il n’y a aucun doute !
Moi : C’est possible Ben, mais bon c’est mon père, alors je lui laisse encore le bénéfice du doute. Mais je dois te confier que quand j’ai annoncé que j’étais gay, il n’a pas fait de remarque particulière, il m’avait dit qu’il m’aimait tel que j’étais !
Ben : C’est possible Phil, mais de toute façon ta famille t’a accepté tel que tu es, alors pour ton père, ça ne change rien, je le trouve très sympa et très ouvert, de même que ta maman.
Moi : Merci Ben. »
J’avais des larmes qui commençaient à inonder mon visage. Ben l’avait remarqué et il m’avait pris dans ses bras. Nous nous étions ensuite embrassés, tout émus de nous trouver dans les bras l’un de l’autre.