20-04-2021, 11:46 AM
Nous nous étions installés à table pour le souper. Maman avait préparé un très bon repas. Gabriel était sur la réserve, il semblait un peu gêné par la situation, soit d’être pour la première fois assis autour de la table d’une famille comportant deux jeunes homos, moi et Ben. Puis il y avait Anne, ma sœur, et Jean, mon frère, qui nous avaient rejoint. Nous étions sept à table. Je tentais de mettre à l’aise notre nouvel invité, Gaby. Effectivement il avait pris ses marques, il était un peu moins timide.
Les discussions allaient bon train. Nous parlions de tout te de rien. Je savais que Gaby n’avait pas pu participer au camp de Pâques et ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants. J’avais donc commencé par raconter le début de ce camp. Anne était attentive à ce que nous, les garçons, nous disions, elle n’était pas la seule, mes parents, autant maman que papa étaient à l’écoute de ce qui se disait concernant nos activités chez les scouts ou autres. Ils étaient tous à l’écoute et sur le qui-vive en cas de problème. Je sentais que la tension montait. J’avais alors dit à Gabriel :
Moi : « Gaby, je vais arrêter ici, je crois que ce n’est pas le moment pour toi d’entendre ce qui s’est passé au camp de Pâques. Benoît lui aussi n’y était pas, alors je ne vais pas retourner le couteau dans la plaie. Si tu le veux, je t’en parlerai un autre jour.
Gab : Mais tu sais, je peux tout entendre Phil.
Ben : Non Gaby, je vois aussi que tu fulmines de ne pas avoir été présent lors du camp. Je pense que Phil a raison de ne plus en parler aujourd’hui.
Mam : Si je peux me permettre Gaby, Phil a raison, c’est peut-être un peu trop tôt pour toi d’entendre ce qui s’est passer à un camp dont tu ne faisais pas partie !
Gab : Je crois que vous avez raison.
Mam : Voilà une sage décision. Je propose que nous passions au dessert ; mousse au chocolat maison, ça vous dit !
Tous : Oh oui ! »
Nous avions pris le dessert en toute décontraction. La tension avait baissé de plusieurs crans. Nous reparlions d’autre chose. Papa parlait aussi avec nous, on voyait qu’il était content de voir que nous pouvions nous entendre sur d’autres points de discussion.
Puis voyant l’heure avancer, papa nous avait suggéré d’aller nous préparer pour la nuit. Il avait dit à Gabriel qu’il pouvait dormir dans la chambre d’ami, qu’elle était prête ou alors de mettre un matelas dans ma chambre à côté de mon lit. Je voyais Gaby sur l’expectative, il ne savait pas quoi dire. C’est moi qui avait dit à papa que nous allions nous débrouiller. Papa avait marqué son accord. Après avoir salué la famille nous étions tous les trois montés à l’étage. Nous avions pris possession de ma chambre. Une fois assis sur mon lit nous avions repris la discussion en vue d’aplanir la situation. Je sentais que Gaby avait fait tout ce qu’il pouvait pour me convaincre qu’il avait agi sans réfléchir aux conséquences, ne connaissant pas le caractère homophobe de son ami Emmanuel. Ben lui aussi sentait que Gaby avait fait le tour de la question et qu’il s’en voulait !
Nous avions alors poursuivi la discussion sur le changement à la troupe qui était scindée en deux troupes. Nous allions nous retrouver chez les pionniers dans une huitaine de jours. J’avais tenté d’expliquer à Ben et à Gaby ce que nous allions théoriquement faire aux pionniers. Puis voyant l’heure, j’avais proposé de se préparer pour la nuit. Gaby hésitait toujours, il ne savait pas quoi choisir. Je lui avais alors dit d’aller dans la chambre d’ami pour commencer ; et si cela n’allait pas qu’il pouvait toujours venir dans ma chambre par la suite.
Une fois la douche prise, nous nous étions mis au lit. Gaby dans la chambre d’ami, tandis que Ben et moi nous nous étions couchés nus, dans mon lit.
J’avais alors l’occasion de discuter un peu avec Ben sur l’attitude de Gaby. Ben trouvait qu’il avait été très sincère et que nous pouvions compter sur lui, qu’il serait de notre côté. Nous nous posions toujours la question concernant l’attitude qu’auraient les autres scouts pionniers nous concernant. Puis ivre de sommeil, nous nous étions endormis.
D’un coup j’avais été réveillé alors que j’étais en plein rêve. C’était Gaby qui se tenait là debout dans la chambre au pied du lit. Je lui demandais ce qu’il faisait là à cette heure très matinale. J’avais tourné la tête pour voir le réveil. Il était quatre heures trente-six ! J’avais allumé ma lampe de chevet. Je voyais que Gaby avait les yeux rouges, comme s’il avait pleuré. Ben, quant à lui, il dormait, mais il venait juste de se retourner. J’avais alors demandé à Gaby de s’approcher et de me dire ce qui n’allait pas.
Gab : « Phil, je suis désolé de te réveiller, mais je ne me sens pas bien. Je n’ai pas encore dormi car je ne fais que penser, penser à ce que j’ai fait, aux premières explications du camp de Pâques, etc. Tu sais je m’en veux tellement de t’avoir fait du mal !
Moi : Gaby, ne t’inquiète pas. Ne te met pas dans des états pareils.
Gab : Tu sais Phil, j’ai pensé à tellement de choses, que j’ai compris que ce n’était pas la première fois que quelqu’un te faisait souffrir !
Moi : Qu’est-ce qui te fais penser ça ?
Ben venait de se réveiller malgré le fait que Gaby et moi nous parlions à voix basse. Ben nous regardait tous les deux, moi couché dans mon lit et Gaby debout à côté de moi. Il se demandait ce qui se passait. J’avais alors poursuivi :
Moi : Tu vois Ben, Gaby n’a pas encore pu dormir car il s’inquiète de savoir si d’autres personnes m’ont fait souffrir !
Ben : Ah, OK, je vois. Tu sais Phil, ce n’est pas à moi à dire quoi que ce soit, c’est à toi, si tu le souhaites.
Moi : Bon, tu as raison Gaby, j’ai déjà beaucoup souffert. Je vais te raconter dans les grandes lignes. Mais tu as l’air d’avoir froid, tu trembles.
Gab : Oui, j’ai un peu froid.
Gaby était toujours debout à côté du lit, seulement vêtu d’un caleçon. On pouvait voir qu’il commençait à avoir la chair de poule. Il n’était effectivement pas dans son assiette, dû au manque de sommeil et aussi à la suite du fait qu’il avait cogité durant des heures.
Moi : Tu veux venir te coucher dans mon lit avec nous ?
Gab : Je ne veux pas te déranger !
Moi : Mais tu ne me dérange pas. La seule chose, c’est qu’on est à poil !
Gab : Pas grave. OK je viens près de toi.
Moi : Tu sais Gaby, je vais commencer par mon dernier grand camp dans mon autre troupe. C’est là que j’ai connu Henri. C’est la première fois que j’étais sûr et certain d’être gay. Henri lui aussi s’est découvert. Nous étions dans la même patrouille. Puis à la fin du camp nous nous sommes échangés les adresses et les numéros de téléphone. Nous nous sommes revus durant les jours qui ont suivi le camp. On s’est fait tauper chez les parents d’Henri. Mais cela s’est bien passé autant de son côté que du mien. Puis nous sommes partis une semaine en vacances avec ma famille, en Vendée. C’est lors d’un retour de la plage, en remettant la chaîne de mon vélo, j’en avais profité pour donner un baiser sur la bouche à Henri. Mais trois jeunes du coin nous ont vu. Ils s’en sont pris à nous. J’ai tout fait pour qu’Henri puisse s’enfuir à vélo.
Moment de pause. Ma voix commençait à changer, elle se chargeait d’émotion. Gaby l’avait remarqué et bien sûr Ben aussi, d’autant qu’il connaissait l’histoire.
Moi : J’ai été frappé, molesté, ils m’ont pissé dessus et ils ont éjaculé sur moi. Ils m’ont mis à poil, et l’un d’eux m’a…, m’a…
Je ne savais plus rien dire. Des larmes coulaient sur mes joues ! Plus un son ne sortait de ma bouche. Puis c’est Ben qui avait poursuivi :
Ben : Phil a été violé par le gars, il lui a enfoncé un bout de bois dans l’anus !
Gab : Oh merde, je ne sais pas quoi dire.
Je reprenais le dessus et j’ai poursuivi mon récit.
Moi : Puis après notre retour, nous avions rendez-vous Henri et moi. Mais un soir j’ai appris que mon ami Henri avait été victime d’un accident, il avait été renversé par une voiture. Il avait été tué !
A nouveau des larmes coulaient sur mes joues. Je voyais que Gaby devenait blanc. Il se rendait compte de ce qui m’était arrivé avant de me connaître.
Moi : Puis lors de la rentrée chez les scouts, j’ai été pris à partie par Roland qui était de ma patrouille. Il m’a traité de « pédé » devant toute la troupe. Il a eu des propos très durs tout en connaissant ma relation avec Henri. Je suis rentré tout de suite chez moi. Et je ne sais plus trop, mais j’ai tenté de me suicider !
Gab : Non Phil, mais c’est grave ce que tu as fait !
Ben : Laisse Phil je vais poursuivre si tu le permets.
Moi : Oui Ben, je n’aime pas revivre en pensée tout ça, merci Ben.
Ben : Phil a été sauvé de justesse par son frère Jean, mais il est resté trois semaines dans le coma !
Gab : Oh, mais c’est affreux, je n’en reviens pas !
Ben : Après sa sortie des soins intensifs, Phil a été placé dans ma chambre, car j’étais moi aussi à l’hosto, mais pour un simple accident. C’est lors de notre première rencontre dans la salle de kiné que nous avons eu comme un coup de foudre. C’est donc à l’hosto que notre relation a débuté.
Moi :« Nous avions beaucoup parlé et c’est comme ça que j’ai appris que Ben était dans une autre troupe de scouts. C’est pour cela que je suis arrivé dans votre troupe.
Gab : Alors je comprends mieux !
Ben : C’est à moi de poursuivre. Nous avions trouvé pratique de nous voir chaque week-end, une fois chez l’un et une fois chez l’autre, avant les réunions. Alors un jour, c’était un matin, nous étions sous la douche, occupé à nous branler mutuellement, mon père est entré dans la salle de bain et nous a surpris. Je ne te dis pas le drame. Il ne voulait pas de « pédé » dans sa maison ! Il a mis Phil à la porte. C’est ce jour-là que nous avions mon père et moi tenté de retrouver Phil. Il a été retrouvé deux jours plus tard dans un abri de jardin de son amie et confidente, Marie. Encore un peu et il y restait.
Je m’étais effondré en larme dans les bras de Ben. Un peu après j’avais tourné la tête vers Gaby et je voyais qu’il pleurait. Il avait été affecté par le récit de mes blessures, tant physiques que mentales ! Puis reprenant un peu du poil de la bête, j’avais alors dit :
Moi : Tu vois Gaby, ce qui s’est passé avec Emmanuel lors des classes de neige, c’était trop. Quand tu penses qu’à l’école je n’ai jamais rien dit sur ma sexualité, je n’ai jamais eu de geste équivoque avec qui que ce soit et puis cet acharnement à mon encontre. Je ne sais pas si cela se reproduit, ce que je vais devenir. Tu vois ça fait beaucoup même pour moi qui suis le premier à accepter le dialogue avec tout le monde, mais pas avec des homophobes !
Gab : Si j’avais su, si j’avais eu un peu de jugeote, je m’en veux. Je savais qu’il y avait quelque chose de profond en toi Phil, je sais que c’est beaucoup de souffrances à cause des autres. Je ne sais pas si tu pourras me pardonner un jour, mais moi je ferai tout pour que cela ne se passe pas chez les pionniers. Je t’en fait le serment ! Puis il est hors de question que je sois encore ami avec Emmanuel, je le raye de ma vie ! »
Gaby m’avait pris dans ses bras. Nous étions restés comme ça cinq bonnes minutes. Je pouvais ressentir chez lui beaucoup d’émotions. Puis Gaby, contre toute attente, m’avait donné un bisou sur le front. Je savais que je venais d’avoir un nouvel ami sur qui j’allais pouvoir compter. J’avais ensuite senti que Gaby s’était défait d’un lourd fardeau, il était plus serein et détendu. Ben était très heureux de voir la tournure des événements.
Les discussions allaient bon train. Nous parlions de tout te de rien. Je savais que Gaby n’avait pas pu participer au camp de Pâques et ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants. J’avais donc commencé par raconter le début de ce camp. Anne était attentive à ce que nous, les garçons, nous disions, elle n’était pas la seule, mes parents, autant maman que papa étaient à l’écoute de ce qui se disait concernant nos activités chez les scouts ou autres. Ils étaient tous à l’écoute et sur le qui-vive en cas de problème. Je sentais que la tension montait. J’avais alors dit à Gabriel :
Moi : « Gaby, je vais arrêter ici, je crois que ce n’est pas le moment pour toi d’entendre ce qui s’est passé au camp de Pâques. Benoît lui aussi n’y était pas, alors je ne vais pas retourner le couteau dans la plaie. Si tu le veux, je t’en parlerai un autre jour.
Gab : Mais tu sais, je peux tout entendre Phil.
Ben : Non Gaby, je vois aussi que tu fulmines de ne pas avoir été présent lors du camp. Je pense que Phil a raison de ne plus en parler aujourd’hui.
Mam : Si je peux me permettre Gaby, Phil a raison, c’est peut-être un peu trop tôt pour toi d’entendre ce qui s’est passer à un camp dont tu ne faisais pas partie !
Gab : Je crois que vous avez raison.
Mam : Voilà une sage décision. Je propose que nous passions au dessert ; mousse au chocolat maison, ça vous dit !
Tous : Oh oui ! »
Nous avions pris le dessert en toute décontraction. La tension avait baissé de plusieurs crans. Nous reparlions d’autre chose. Papa parlait aussi avec nous, on voyait qu’il était content de voir que nous pouvions nous entendre sur d’autres points de discussion.
Puis voyant l’heure avancer, papa nous avait suggéré d’aller nous préparer pour la nuit. Il avait dit à Gabriel qu’il pouvait dormir dans la chambre d’ami, qu’elle était prête ou alors de mettre un matelas dans ma chambre à côté de mon lit. Je voyais Gaby sur l’expectative, il ne savait pas quoi dire. C’est moi qui avait dit à papa que nous allions nous débrouiller. Papa avait marqué son accord. Après avoir salué la famille nous étions tous les trois montés à l’étage. Nous avions pris possession de ma chambre. Une fois assis sur mon lit nous avions repris la discussion en vue d’aplanir la situation. Je sentais que Gaby avait fait tout ce qu’il pouvait pour me convaincre qu’il avait agi sans réfléchir aux conséquences, ne connaissant pas le caractère homophobe de son ami Emmanuel. Ben lui aussi sentait que Gaby avait fait le tour de la question et qu’il s’en voulait !
Nous avions alors poursuivi la discussion sur le changement à la troupe qui était scindée en deux troupes. Nous allions nous retrouver chez les pionniers dans une huitaine de jours. J’avais tenté d’expliquer à Ben et à Gaby ce que nous allions théoriquement faire aux pionniers. Puis voyant l’heure, j’avais proposé de se préparer pour la nuit. Gaby hésitait toujours, il ne savait pas quoi choisir. Je lui avais alors dit d’aller dans la chambre d’ami pour commencer ; et si cela n’allait pas qu’il pouvait toujours venir dans ma chambre par la suite.
Une fois la douche prise, nous nous étions mis au lit. Gaby dans la chambre d’ami, tandis que Ben et moi nous nous étions couchés nus, dans mon lit.
J’avais alors l’occasion de discuter un peu avec Ben sur l’attitude de Gaby. Ben trouvait qu’il avait été très sincère et que nous pouvions compter sur lui, qu’il serait de notre côté. Nous nous posions toujours la question concernant l’attitude qu’auraient les autres scouts pionniers nous concernant. Puis ivre de sommeil, nous nous étions endormis.
D’un coup j’avais été réveillé alors que j’étais en plein rêve. C’était Gaby qui se tenait là debout dans la chambre au pied du lit. Je lui demandais ce qu’il faisait là à cette heure très matinale. J’avais tourné la tête pour voir le réveil. Il était quatre heures trente-six ! J’avais allumé ma lampe de chevet. Je voyais que Gaby avait les yeux rouges, comme s’il avait pleuré. Ben, quant à lui, il dormait, mais il venait juste de se retourner. J’avais alors demandé à Gaby de s’approcher et de me dire ce qui n’allait pas.
Gab : « Phil, je suis désolé de te réveiller, mais je ne me sens pas bien. Je n’ai pas encore dormi car je ne fais que penser, penser à ce que j’ai fait, aux premières explications du camp de Pâques, etc. Tu sais je m’en veux tellement de t’avoir fait du mal !
Moi : Gaby, ne t’inquiète pas. Ne te met pas dans des états pareils.
Gab : Tu sais Phil, j’ai pensé à tellement de choses, que j’ai compris que ce n’était pas la première fois que quelqu’un te faisait souffrir !
Moi : Qu’est-ce qui te fais penser ça ?
Ben venait de se réveiller malgré le fait que Gaby et moi nous parlions à voix basse. Ben nous regardait tous les deux, moi couché dans mon lit et Gaby debout à côté de moi. Il se demandait ce qui se passait. J’avais alors poursuivi :
Moi : Tu vois Ben, Gaby n’a pas encore pu dormir car il s’inquiète de savoir si d’autres personnes m’ont fait souffrir !
Ben : Ah, OK, je vois. Tu sais Phil, ce n’est pas à moi à dire quoi que ce soit, c’est à toi, si tu le souhaites.
Moi : Bon, tu as raison Gaby, j’ai déjà beaucoup souffert. Je vais te raconter dans les grandes lignes. Mais tu as l’air d’avoir froid, tu trembles.
Gab : Oui, j’ai un peu froid.
Gaby était toujours debout à côté du lit, seulement vêtu d’un caleçon. On pouvait voir qu’il commençait à avoir la chair de poule. Il n’était effectivement pas dans son assiette, dû au manque de sommeil et aussi à la suite du fait qu’il avait cogité durant des heures.
Moi : Tu veux venir te coucher dans mon lit avec nous ?
Gab : Je ne veux pas te déranger !
Moi : Mais tu ne me dérange pas. La seule chose, c’est qu’on est à poil !
Gab : Pas grave. OK je viens près de toi.
Moi : Tu sais Gaby, je vais commencer par mon dernier grand camp dans mon autre troupe. C’est là que j’ai connu Henri. C’est la première fois que j’étais sûr et certain d’être gay. Henri lui aussi s’est découvert. Nous étions dans la même patrouille. Puis à la fin du camp nous nous sommes échangés les adresses et les numéros de téléphone. Nous nous sommes revus durant les jours qui ont suivi le camp. On s’est fait tauper chez les parents d’Henri. Mais cela s’est bien passé autant de son côté que du mien. Puis nous sommes partis une semaine en vacances avec ma famille, en Vendée. C’est lors d’un retour de la plage, en remettant la chaîne de mon vélo, j’en avais profité pour donner un baiser sur la bouche à Henri. Mais trois jeunes du coin nous ont vu. Ils s’en sont pris à nous. J’ai tout fait pour qu’Henri puisse s’enfuir à vélo.
Moment de pause. Ma voix commençait à changer, elle se chargeait d’émotion. Gaby l’avait remarqué et bien sûr Ben aussi, d’autant qu’il connaissait l’histoire.
Moi : J’ai été frappé, molesté, ils m’ont pissé dessus et ils ont éjaculé sur moi. Ils m’ont mis à poil, et l’un d’eux m’a…, m’a…
Je ne savais plus rien dire. Des larmes coulaient sur mes joues ! Plus un son ne sortait de ma bouche. Puis c’est Ben qui avait poursuivi :
Ben : Phil a été violé par le gars, il lui a enfoncé un bout de bois dans l’anus !
Gab : Oh merde, je ne sais pas quoi dire.
Je reprenais le dessus et j’ai poursuivi mon récit.
Moi : Puis après notre retour, nous avions rendez-vous Henri et moi. Mais un soir j’ai appris que mon ami Henri avait été victime d’un accident, il avait été renversé par une voiture. Il avait été tué !
A nouveau des larmes coulaient sur mes joues. Je voyais que Gaby devenait blanc. Il se rendait compte de ce qui m’était arrivé avant de me connaître.
Moi : Puis lors de la rentrée chez les scouts, j’ai été pris à partie par Roland qui était de ma patrouille. Il m’a traité de « pédé » devant toute la troupe. Il a eu des propos très durs tout en connaissant ma relation avec Henri. Je suis rentré tout de suite chez moi. Et je ne sais plus trop, mais j’ai tenté de me suicider !
Gab : Non Phil, mais c’est grave ce que tu as fait !
Ben : Laisse Phil je vais poursuivre si tu le permets.
Moi : Oui Ben, je n’aime pas revivre en pensée tout ça, merci Ben.
Ben : Phil a été sauvé de justesse par son frère Jean, mais il est resté trois semaines dans le coma !
Gab : Oh, mais c’est affreux, je n’en reviens pas !
Ben : Après sa sortie des soins intensifs, Phil a été placé dans ma chambre, car j’étais moi aussi à l’hosto, mais pour un simple accident. C’est lors de notre première rencontre dans la salle de kiné que nous avons eu comme un coup de foudre. C’est donc à l’hosto que notre relation a débuté.
Moi :« Nous avions beaucoup parlé et c’est comme ça que j’ai appris que Ben était dans une autre troupe de scouts. C’est pour cela que je suis arrivé dans votre troupe.
Gab : Alors je comprends mieux !
Ben : C’est à moi de poursuivre. Nous avions trouvé pratique de nous voir chaque week-end, une fois chez l’un et une fois chez l’autre, avant les réunions. Alors un jour, c’était un matin, nous étions sous la douche, occupé à nous branler mutuellement, mon père est entré dans la salle de bain et nous a surpris. Je ne te dis pas le drame. Il ne voulait pas de « pédé » dans sa maison ! Il a mis Phil à la porte. C’est ce jour-là que nous avions mon père et moi tenté de retrouver Phil. Il a été retrouvé deux jours plus tard dans un abri de jardin de son amie et confidente, Marie. Encore un peu et il y restait.
Je m’étais effondré en larme dans les bras de Ben. Un peu après j’avais tourné la tête vers Gaby et je voyais qu’il pleurait. Il avait été affecté par le récit de mes blessures, tant physiques que mentales ! Puis reprenant un peu du poil de la bête, j’avais alors dit :
Moi : Tu vois Gaby, ce qui s’est passé avec Emmanuel lors des classes de neige, c’était trop. Quand tu penses qu’à l’école je n’ai jamais rien dit sur ma sexualité, je n’ai jamais eu de geste équivoque avec qui que ce soit et puis cet acharnement à mon encontre. Je ne sais pas si cela se reproduit, ce que je vais devenir. Tu vois ça fait beaucoup même pour moi qui suis le premier à accepter le dialogue avec tout le monde, mais pas avec des homophobes !
Gab : Si j’avais su, si j’avais eu un peu de jugeote, je m’en veux. Je savais qu’il y avait quelque chose de profond en toi Phil, je sais que c’est beaucoup de souffrances à cause des autres. Je ne sais pas si tu pourras me pardonner un jour, mais moi je ferai tout pour que cela ne se passe pas chez les pionniers. Je t’en fait le serment ! Puis il est hors de question que je sois encore ami avec Emmanuel, je le raye de ma vie ! »
Gaby m’avait pris dans ses bras. Nous étions restés comme ça cinq bonnes minutes. Je pouvais ressentir chez lui beaucoup d’émotions. Puis Gaby, contre toute attente, m’avait donné un bisou sur le front. Je savais que je venais d’avoir un nouvel ami sur qui j’allais pouvoir compter. J’avais ensuite senti que Gaby s’était défait d’un lourd fardeau, il était plus serein et détendu. Ben était très heureux de voir la tournure des événements.