01-08-2020, 11:10 PM
Chapitre 101 : Le temps des semailles, deuxième semaine premier jour (Hameau de Loup) (Retour au château)
« Milieu d’après-midi »
Foulque regarde avec une satisfaction non feinte le travail réalisé depuis le début de la semaine passée, ses champs aux sillons réguliers avec çà et là déjà quelques pousses qui sortent de terre mais aussi les barrières remises à neuf et repeintes, qui donnent une impression de sérénité champêtre à ses quelques arpents de terre qu’il cultive avec soin et amour depuis qu’il en a hérité de ses parents, comptant bien qu’un de ses fils ou beau-fils reprendra le flambeau à son tour quand son temps sera passé.
Il en est là dans sa contemplation du travail bien fait, quand il perçoit un bruit de sabots foulant la route et gagnant en intensité en se dirigeant sans conteste vers sa ferme qui du fait est la seule demeure à proximité avant de passer la barrière.
Un nuage de poussière bientôt suivi par l’apparition d’un important groupe de cavaliers montés sur leur destrier, lui fait quitter sa contemplation pour reprendre rapidement le chemin de sa demeure où déjà sa famille comme ses invités observent les mains en visière sur leurs yeux ce que peuvent être les nouveaux arrivants.
Aucune crainte ne marque leur visage car la bannière flottant au vent montre qu’ils font partie de la soldatesque du domaine et ce n’est juste que la curiosité de cette chevauchée galopante qui les amène à se poser la question sur la raison de leur venue.
Gaétan est le premier à reconnaître un sergent du domaine suivi de sa troupe, comprenant qu’ils viennent pour lui et son frère, aussi c’est la mine devenue soudainement soucieuse qu’il s’élance au-devant d’eux, avec le pressentiment de l’annonce prochaine d’une menace ou encore d’un malheur qui se serait abattu sur sa famille.
C’est donc le visage déconfit qu’il se présente devant le sergent, celui-ci voyant bien l’état de nervosité et d’inquiétude du jeune prince, s’empresse alors de le rassurer sur le motif de sa venue.
- Plusieurs domaines subissent des attaques de Gobelins, votre père nous envoie vous quérir pour votre sécurité !! Des troupes ont été levées pour renforcer les défenses de sire Baudri et sire Willibert craint que quelques domaines en profitent pour revendiquer par les armes quelques terres frontalières des leurs qu’ils convoitent depuis toujours.
- Je comprends !! Quand devons-nous partir mon frère et moi ??
- Il ne serait pas prudent de chevaucher de nuit, nous repartirons donc demain dès le lever du jour !! Votre père nous a également demandé de ramener avec nous l’apprenti magicien de Maistre Ebbon, il a bien spécifié que lui ainsi que sa famille seraient s’ils le désirent les hôtes du château le temps nécessaire à bouter les tribus Gobelins hors des domaines !!
- Ah !! Très bien !! Je crains néanmoins qu’ils ne se refusent à quitter leurs terres, mais nous pouvons toujours leur porter sa proposition !!
- Ils feront comme bon leur semblera, du moment que l’apprenti vient avec nous !! Ce sont les ordres de votre père et il n’est nulle question pour nous de repartir sans lui !!
Gaétan préfère ne pas en rajouter, commençant à bien connaître Loup mais surtout sa propension à dire de façon très imagée son ressenti quand il perçoit une quelconque contrainte et nul doute que le sergent va très vite en faire les frais, à sa plus grande joie à lui mais au plus grand dam de cet homme peu ou prou habitué à ce qu’on lui résiste, surtout comme c’est le cas quand il s’agit d’une mission qui lui a été confiée par son père en personne.
- Vous verrez ça avec lui !! Peut-être pourriez-vous vous occuper de vos chevaux pendant que je préviens tout le monde ?? Vous trouverez tout le nécessaire à cet effet derrière la demeure, dans la remise, près du bac à eau.
Gaétan attend qu’ils se soient éloignés avant de revenir vers ses amis pour les renseigner, surveillant du coin de l’œil la réaction de Loup quand il en arrive à la décision de son père de le faire reconduire également au château.
- Tu plaisantes là !!! Dis-moi que tu plaisantes !!
- Je rapporte juste les instructions du sergent !!
- Désolé mais moi je reste là, j’ai encore trois semaines avant de commencer mon apprentissage et je compte bien les passer ici avec ma famille, surtout si en plus il y a du danger !!
- (Ada) Parce que tu penses que tu servirais à quelque chose si c’était le cas ?? Ah oui !! Je vois !! Tu les ferais mourir d’asphyxie sous un tas de feuilles !!
- Pffttt !!! Comme si c’était le moment de plaisanter !! J’ai mon arc et je pourrais aider Maurin avec père et « Tanc » à protéger la ferme !!
- (Gaétan) Tu iras dire ça au sergent !! Pourquoi ne viendriez-vous pas tous avec nous ??
- (Foulque) Et les bêtes ?? Qui les nourrira ?? Qui arrosera les champs ?? Que les femmes partent avec vous mais moi je reste !!
- (Maurin) Moi c’est pareil !!
- (Tancrède) Idem pour moi !!
- (Maurin) Tout est dit, il n’y a plus à revenir dessus !! Nous allons prévenir nos voisins et nous nous organiserons pour faire des tours de garde, de toute façon la barrière nous avertira à la moindre tentative pour eux de la franchir !! De plus ce serait quand même bien étonnant qu’ils arrivent précisément ici alors que d’après tes dires, ils s’attaquent déjà à trois domaines différents et loin du nôtre qui plus est !!
- (Loup) comme le dit mon père, tout est dit !!
- (Gaétan) Ce ne sont pas mes dires, mais ceux du sergent !! Très bien !! Dans ce cas je resterais ici moi aussi, tu ne crois tout de même pas que je vais te laisser courir le moindre danger alors que je serais en sécurité derrière les remparts du château ??
- (Loup) Hum !!
- (Gaétan) Quoi, hum ??
- (Loup) Hum !!!
Gaétan comprend soudainement le sens du fameux « hum » en voyant les rougeurs d’excitations marquer les joues de son ami.
- Quoi ?? Maintenant ??
- Hum !!
- Où ??
- Suis-moi !!
Foulque regarde son fils et le jeune prince partir en quatrième vitesse, il se tourne alors vers le reste de la famille avec un froncement de sourcils marquant bien son incompréhension.
- Vous êtes sûrs qu’ils vont bien ces deux-là ?? Où courent-ils comme ça ??
- (Ada amusée) Mon petit doigt me dit qu’il y en a un qui a été impressionné par la décision de son copain et qui a eu une env…
Tancrède la reprend juste à temps avant qu’elle regrette ses paroles.
- Ton petit doigt ferait mieux d’arrêter de te parler, surtout si c’est pour te faire dire n’importe quoi !!
Chapitre 102 : Le temps des semailles, deuxième semaine deuxième jour (Non loin du hameau de Loup)
« Matin tôt »
Voldarian précède ses compagnons de voyage d’une bonne encolure, son cheval fendant le vent au triple galop alors que le reste du groupe se contente d’une vitesse légèrement moins soutenue pour ne pas laisser Conrad et Durin trop en arrière, ceux-ci n’étant pas habitués à chevaucher ces fiers animaux encore à demi sauvages nés au cœur de la forêt Elfique.
Durin, comme à son habitude, maugrée sous sa barbe tressée de nattes, maudissant chaque aspérité du terrain qui lui met le postérieur à rude épreuve.
Conrad pour sa part n’a qu’une seule préoccupation, celle de ne pas se retrouver éjecté de la jument fougueuse qu’il monte sans selle et qui semble avoir sans cesse l’idée de lui faire mordre la poussière.
Eldarian est celui, à part bien entendu les deux princes Elfes, qui s’en sort le mieux et cela non pas parce qu’il avait déjà chevauché de telles montures, mais grâce tout simplement à son extrême souplesse due aux longs entraînements aux combats qu’il a reçus au temple depuis son plus jeune âge.
Lorgan et Aerandir ferment la marche en souriant de voir comment s’en sortent leurs trois amis, profitant des derniers kilomètres avant d’arriver à destination pour converser entre frères sur les récents événements.
- (Aerandir) Voldarian est bien pressé de retrouver son deuxième fils !!
- (Lorgan) Reste à savoir si c’est pour lui en tant que tel ou si ce n’est pas plutôt pour le danger potentiel qu’il semble lui reconnaître ??
- Peut-être les deux !! Toi, tu en penses quoi ?? Tu le connais, t’a-t-il paru dangereux ??
- Qui ça ?? Loup ?? Bien sûr que non voyons !! Ou si c’est le cas, il est certain qu’il n’en a pas conscience !!
Aerandir observe un instant son jeune frère, le trouvant subitement bien excité à défendre le jumeau d’Eldarian.
- Tu l’apprécies déjà beaucoup il me semble ??
- Qui ça ?? Loup ?? Bien sûr voyons !! Il est si…différent de son frère, c’est mon…ami, tu comprends ??
- (Aerandir) Il ne faut pas se lier d’amitié avec les humains, leur vie est bien trop brève et il n’en sortira que de la tristesse pour toi d’une telle relation, sur ce coup-là tu as eu de la chance heureusement !!
Lorgan se tourne vers son frère, le visage marquant l’incompréhension complète à ses dernières paroles.
- Comment ça de la chance ??
- Qu’il ne soit pas humain !! Sa vie sera au moins aussi longue que la nôtre s’il ne lui arrive rien entre-temps !!
- Alors pourquoi me dis-tu ça ??
- Parce que tu ne pouvais pas le savoir et que mes paroles restent d’actualité pour tes autres nouveaux amis à part Eldarian bien entendu !!
Aerandir à son tour reste un moment songeur devant le peu de réaction de son jeune frère.
- N’est-il vraiment qu’un ami pour toi ??
Lorgan rougit visiblement, ne sachant pas encore dissimuler ses émotions.
- Bien sûr que ce n’est qu’un ami !!
- Je ne crois pas, non !!
- Crois ce que tu veux !!
- (Aerandir sourit) J’ai hâte de le rencontrer !!
- Pourquoi donc ??
- Pour voir ce qui le différencie à ce point d’Eldarian, à ce que j’ai cru comprendre ils sont physiquement semblables ??
- Pas du tout !! Loup est blond comme les blés !! Bon, d’accord !! Pour le reste je ne dis pas, c’est même assez troublant !!
- Tu n’as donc pas entendu grand-mère Albine quand elle nous a parlé de la potion qu’elle lui faisait prendre pour faire disparaître les marques ?? Tu n’étais donc pas présent quand tante Ysoi a accouché ??
- Non et… non !!
- Alors prépare-toi à avoir en face de toi l’image d’Eldarian quand tu le reverras !!
Aerandir voit bien Lorgan fixer un instant le maître guerrier, son sourire en dit plus long qu’un aveu sur ce qu’il en pense.
- Mais ce n’est pas ça qui fait la différence, pas vrai ??
- Si tu me disais plutôt ce que tu veux entendre venant de moi ??
- Peut-être tout simplement la vérité, tu as beaucoup changé depuis que tu es réapparu avec tes nouveaux amis et je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose, je t’aime petit frère !!
Lorgan sourit à son frère, ne sachant pas quoi répondre mais surtout étant lui-même à la recherche de certaines réponses à des questions qu’il se pose.
De nouveaux sentiments sont apparus en lui ces derniers jours, sentiments auxquels il ne saurait encore donner un nom mais qui déjà lui mettent la tête à l’envers à chercher à en comprendre le sens.
Au début il pensait que tout tournait autour d’Eldarian, jusqu’à ce que dans ses rêves ce soit le rire et le nom de Loup qui lui vienne à l’esprit, remettant en question le peu qu’il eût cru comprendre sur des sentiments encore inconnus pour lui.
Et puis il y a Gaétan, le jeune prince et Loup ont eu des regards dont Conrad aussi bien que Durin et Eldarian ont vite catalogué, ne lui laissant guère de doute sur l’intérêt soudain qu’ils se portent.
Aerandir observe en coin son jeune frère, reconnaissant la mélancolie si dangereuse pour ceux de son espèce et qui souvent se traduit par des actes irréfléchis, se jurant de surveiller avec attention Lorgan pour qu’il ne cède pas aux démons de sa race.
C’est la voix de Conrad qui les ramène tous deux à la réalité, quand celui-ci s’exclame qu’ils arrivent en vue du hameau qui est semble-t-il le terme de leur voyage.
Chapitre 103 : Le temps des semailles, deuxième semaine deuxième jour (Manqué de peu)
- (Conrad) Nous sommes arrivés !! Allez les gars !! Un dernier petit effort !!
Aerandir suivi de son jeune frère rattrapent Conrad qui avec Durin et Eldarian, avaient pris une certaine avance depuis que leur discussion leur avaient fait ralentir leur course.
- (Aerandir) Comment peux-tu le savoir puisque tu n’es jamais venu jusqu’ici ?
- Tu vois une autre masure dans le coin ? Surtout aussi près de la barrière ? Et puis sinon, pourquoi Voldarian descendrait-il de cheval ?
- (Durin) Ce n’est pas trop tôt !!
Eldarian pour sa part ne dit rien, trop occupé à observer son père en pleine conversation avec un homme sorti de la demeure pour l’accueillir.
L’air contrarié de Voldarian ne lui échappe pas, aussi il pique des deux pour arriver au plus vite à leur hauteur, n’entendant que la fin de la conversation avant que l’homme n’écarquille les yeux de stupeur en le dévisageant avec insistance.
- (Foulque) Ils viennent juste de repartir pour le château, nous laissant quelques gens d’armes pour assurer notre sécurité !! C’était seulement sous cette condition que mon fils a accepté de les suivre et…mais…comment…
Voldarian tourne sa tête sur sa droite en suivant du regard les yeux soudainement stupéfaits de son interlocuteur, comprenant aussitôt son trouble à se retrouver devant la copie conforme de son fils adoptif.
- (Voldarian souriant) Étonnante ressemblance n’est-il pas ??
Le mutisme de l’homme ne l’étonne pas plus que ça, comprenant bien le trouble occasionné par l’apparition soudaine d’Eldarian.
- Nous avons beaucoup de choses à nous dire me semble-t-il, peut-être accepterez-vous que nous ayons cette discussion qui risque de prendre un certain temps à l’intérieur ?? Mes compagnons et moi avons chevauché depuis plusieurs jours pour venir jusqu’ici, nous pensions y retrouver mon second fils !!
***/***
« À quelques kilomètres de là »
Gaétan chevauche avec ses amis, accompagné seulement du sergent et de deux de ses hommes d’armes, le reste de la troupe étant resté à la protection de la famille de Loup en les privant toutefois de leurs chevaux pour qu’eux puissent faire le trajet plus rapidement de façon à ne pas avoir à passer une nuit dehors.
Ada tout comme Tancrède ont tenu à les suivre car il n’était pas envisageable pour eux de laisser Loup repartir seul, sans avoir près de lui au moins son frère et du coup Ada ne pouvait que suivre puisque plus rien ne la motivait vraiment à rester avec le reste de la famille.
Le jeune prince est satisfait de cette décision qui au demeurant respecte les ordres de son père et qui ne devrait donc pas en porter ombrage.
Du coup seul Kazbo a dû rester en arrière, encore trop faible de sa blessure pour pouvoir les suivre et Gaëtan ne peut s’empêcher en pensant au jeune Gnome, de laisser un sourire amusé marquer son visage à la pensée du trouble qu’il doit créer rien que par sa présence invisible.
Un long sifflement lui fait alors tendre l’oreille, suivi presque aussitôt par une flèche venant se ficher en terre à quelques centimètres devant eux et qui très vite est suivie de plusieurs autres qui ne leur laissent plus le choix que de stopper net leur avancée tandis que les trois hommes d’armes dégainent leurs épées en cherchant du regard d’où vont surgir leurs assaillants.
Une voix derrière eux retentit alors.
- Plus un geste !! Descendez de vos montures et déposez vos armes à terre, sinon… vous mourrez !!
Deux nouvelles flèches viennent rejoindre les autres, montrant ainsi si le doute était encore permis que ce n’est pas une plaisanterie.
Le sergent n’hésite qu’une brève seconde avant de laisser tomber son épée, faisant signe à ses hommes d’en faire autant et se laissant aller au sol en se maudissant d’avoir cédé aussi facilement à laisser en arrière le gros de sa troupe pour rejoindre le château sans réelle protection.
La voix reprend alors avec un léger rictus de victoire dans le ton.
- Bien !! Maintenant allongez-vous tous au sol sur le ventre avec les mains bien en évidence derrière le dos !!
L’ordre est exécuté rapidement, la peur qu’ils ressentent tous rendant impossible toute velléité de ne pas y obéir et ce n’est qu’une fois en position, qu’ils entendent des pas se diriger vers eux.
Gaétan songe un instant tourner la tête pour voir à qui ils ont à faire, quand une douleur sourde au niveau du crâne l’assomme pour de bon.
***/***
Une douleur à la tête lui fait ouvrir les yeux, cherchant un bref instant à comprendre ce qu’il fait là, allongé par terre au milieu du chemin.
Sa mémoire lui revient alors et c’est en grimaçant qu’il se redresse suffisamment pour voir ses amis en faire autant autour de lui, chacun d’eux revenant à lui avec la même expression de douleur sur le visage.
Perceval une fois que son esprit a retrouvé suffisamment de lucidité, pousse un cri qui cette fois n’est pas directement lié à la bosse qu’il sent derrière sa tête mais au vide qui est à présent à sa droite, là où était Loup juste avant qu’on ne l’assomme.
C’est d’une voix atterrée qu’il crie alors à la cantonade.
- Loup n’est plus là !! Ils l’ont enlevé !!
- (Le sergent) Les montures elles aussi ont disparu !!
« Milieu d’après-midi »
Foulque regarde avec une satisfaction non feinte le travail réalisé depuis le début de la semaine passée, ses champs aux sillons réguliers avec çà et là déjà quelques pousses qui sortent de terre mais aussi les barrières remises à neuf et repeintes, qui donnent une impression de sérénité champêtre à ses quelques arpents de terre qu’il cultive avec soin et amour depuis qu’il en a hérité de ses parents, comptant bien qu’un de ses fils ou beau-fils reprendra le flambeau à son tour quand son temps sera passé.
Il en est là dans sa contemplation du travail bien fait, quand il perçoit un bruit de sabots foulant la route et gagnant en intensité en se dirigeant sans conteste vers sa ferme qui du fait est la seule demeure à proximité avant de passer la barrière.
Un nuage de poussière bientôt suivi par l’apparition d’un important groupe de cavaliers montés sur leur destrier, lui fait quitter sa contemplation pour reprendre rapidement le chemin de sa demeure où déjà sa famille comme ses invités observent les mains en visière sur leurs yeux ce que peuvent être les nouveaux arrivants.
Aucune crainte ne marque leur visage car la bannière flottant au vent montre qu’ils font partie de la soldatesque du domaine et ce n’est juste que la curiosité de cette chevauchée galopante qui les amène à se poser la question sur la raison de leur venue.
Gaétan est le premier à reconnaître un sergent du domaine suivi de sa troupe, comprenant qu’ils viennent pour lui et son frère, aussi c’est la mine devenue soudainement soucieuse qu’il s’élance au-devant d’eux, avec le pressentiment de l’annonce prochaine d’une menace ou encore d’un malheur qui se serait abattu sur sa famille.
C’est donc le visage déconfit qu’il se présente devant le sergent, celui-ci voyant bien l’état de nervosité et d’inquiétude du jeune prince, s’empresse alors de le rassurer sur le motif de sa venue.
- Plusieurs domaines subissent des attaques de Gobelins, votre père nous envoie vous quérir pour votre sécurité !! Des troupes ont été levées pour renforcer les défenses de sire Baudri et sire Willibert craint que quelques domaines en profitent pour revendiquer par les armes quelques terres frontalières des leurs qu’ils convoitent depuis toujours.
- Je comprends !! Quand devons-nous partir mon frère et moi ??
- Il ne serait pas prudent de chevaucher de nuit, nous repartirons donc demain dès le lever du jour !! Votre père nous a également demandé de ramener avec nous l’apprenti magicien de Maistre Ebbon, il a bien spécifié que lui ainsi que sa famille seraient s’ils le désirent les hôtes du château le temps nécessaire à bouter les tribus Gobelins hors des domaines !!
- Ah !! Très bien !! Je crains néanmoins qu’ils ne se refusent à quitter leurs terres, mais nous pouvons toujours leur porter sa proposition !!
- Ils feront comme bon leur semblera, du moment que l’apprenti vient avec nous !! Ce sont les ordres de votre père et il n’est nulle question pour nous de repartir sans lui !!
Gaétan préfère ne pas en rajouter, commençant à bien connaître Loup mais surtout sa propension à dire de façon très imagée son ressenti quand il perçoit une quelconque contrainte et nul doute que le sergent va très vite en faire les frais, à sa plus grande joie à lui mais au plus grand dam de cet homme peu ou prou habitué à ce qu’on lui résiste, surtout comme c’est le cas quand il s’agit d’une mission qui lui a été confiée par son père en personne.
- Vous verrez ça avec lui !! Peut-être pourriez-vous vous occuper de vos chevaux pendant que je préviens tout le monde ?? Vous trouverez tout le nécessaire à cet effet derrière la demeure, dans la remise, près du bac à eau.
Gaétan attend qu’ils se soient éloignés avant de revenir vers ses amis pour les renseigner, surveillant du coin de l’œil la réaction de Loup quand il en arrive à la décision de son père de le faire reconduire également au château.
- Tu plaisantes là !!! Dis-moi que tu plaisantes !!
- Je rapporte juste les instructions du sergent !!
- Désolé mais moi je reste là, j’ai encore trois semaines avant de commencer mon apprentissage et je compte bien les passer ici avec ma famille, surtout si en plus il y a du danger !!
- (Ada) Parce que tu penses que tu servirais à quelque chose si c’était le cas ?? Ah oui !! Je vois !! Tu les ferais mourir d’asphyxie sous un tas de feuilles !!
- Pffttt !!! Comme si c’était le moment de plaisanter !! J’ai mon arc et je pourrais aider Maurin avec père et « Tanc » à protéger la ferme !!
- (Gaétan) Tu iras dire ça au sergent !! Pourquoi ne viendriez-vous pas tous avec nous ??
- (Foulque) Et les bêtes ?? Qui les nourrira ?? Qui arrosera les champs ?? Que les femmes partent avec vous mais moi je reste !!
- (Maurin) Moi c’est pareil !!
- (Tancrède) Idem pour moi !!
- (Maurin) Tout est dit, il n’y a plus à revenir dessus !! Nous allons prévenir nos voisins et nous nous organiserons pour faire des tours de garde, de toute façon la barrière nous avertira à la moindre tentative pour eux de la franchir !! De plus ce serait quand même bien étonnant qu’ils arrivent précisément ici alors que d’après tes dires, ils s’attaquent déjà à trois domaines différents et loin du nôtre qui plus est !!
- (Loup) comme le dit mon père, tout est dit !!
- (Gaétan) Ce ne sont pas mes dires, mais ceux du sergent !! Très bien !! Dans ce cas je resterais ici moi aussi, tu ne crois tout de même pas que je vais te laisser courir le moindre danger alors que je serais en sécurité derrière les remparts du château ??
- (Loup) Hum !!
- (Gaétan) Quoi, hum ??
- (Loup) Hum !!!
Gaétan comprend soudainement le sens du fameux « hum » en voyant les rougeurs d’excitations marquer les joues de son ami.
- Quoi ?? Maintenant ??
- Hum !!
- Où ??
- Suis-moi !!
Foulque regarde son fils et le jeune prince partir en quatrième vitesse, il se tourne alors vers le reste de la famille avec un froncement de sourcils marquant bien son incompréhension.
- Vous êtes sûrs qu’ils vont bien ces deux-là ?? Où courent-ils comme ça ??
- (Ada amusée) Mon petit doigt me dit qu’il y en a un qui a été impressionné par la décision de son copain et qui a eu une env…
Tancrède la reprend juste à temps avant qu’elle regrette ses paroles.
- Ton petit doigt ferait mieux d’arrêter de te parler, surtout si c’est pour te faire dire n’importe quoi !!
Chapitre 102 : Le temps des semailles, deuxième semaine deuxième jour (Non loin du hameau de Loup)
« Matin tôt »
Voldarian précède ses compagnons de voyage d’une bonne encolure, son cheval fendant le vent au triple galop alors que le reste du groupe se contente d’une vitesse légèrement moins soutenue pour ne pas laisser Conrad et Durin trop en arrière, ceux-ci n’étant pas habitués à chevaucher ces fiers animaux encore à demi sauvages nés au cœur de la forêt Elfique.
Durin, comme à son habitude, maugrée sous sa barbe tressée de nattes, maudissant chaque aspérité du terrain qui lui met le postérieur à rude épreuve.
Conrad pour sa part n’a qu’une seule préoccupation, celle de ne pas se retrouver éjecté de la jument fougueuse qu’il monte sans selle et qui semble avoir sans cesse l’idée de lui faire mordre la poussière.
Eldarian est celui, à part bien entendu les deux princes Elfes, qui s’en sort le mieux et cela non pas parce qu’il avait déjà chevauché de telles montures, mais grâce tout simplement à son extrême souplesse due aux longs entraînements aux combats qu’il a reçus au temple depuis son plus jeune âge.
Lorgan et Aerandir ferment la marche en souriant de voir comment s’en sortent leurs trois amis, profitant des derniers kilomètres avant d’arriver à destination pour converser entre frères sur les récents événements.
- (Aerandir) Voldarian est bien pressé de retrouver son deuxième fils !!
- (Lorgan) Reste à savoir si c’est pour lui en tant que tel ou si ce n’est pas plutôt pour le danger potentiel qu’il semble lui reconnaître ??
- Peut-être les deux !! Toi, tu en penses quoi ?? Tu le connais, t’a-t-il paru dangereux ??
- Qui ça ?? Loup ?? Bien sûr que non voyons !! Ou si c’est le cas, il est certain qu’il n’en a pas conscience !!
Aerandir observe un instant son jeune frère, le trouvant subitement bien excité à défendre le jumeau d’Eldarian.
- Tu l’apprécies déjà beaucoup il me semble ??
- Qui ça ?? Loup ?? Bien sûr voyons !! Il est si…différent de son frère, c’est mon…ami, tu comprends ??
- (Aerandir) Il ne faut pas se lier d’amitié avec les humains, leur vie est bien trop brève et il n’en sortira que de la tristesse pour toi d’une telle relation, sur ce coup-là tu as eu de la chance heureusement !!
Lorgan se tourne vers son frère, le visage marquant l’incompréhension complète à ses dernières paroles.
- Comment ça de la chance ??
- Qu’il ne soit pas humain !! Sa vie sera au moins aussi longue que la nôtre s’il ne lui arrive rien entre-temps !!
- Alors pourquoi me dis-tu ça ??
- Parce que tu ne pouvais pas le savoir et que mes paroles restent d’actualité pour tes autres nouveaux amis à part Eldarian bien entendu !!
Aerandir à son tour reste un moment songeur devant le peu de réaction de son jeune frère.
- N’est-il vraiment qu’un ami pour toi ??
Lorgan rougit visiblement, ne sachant pas encore dissimuler ses émotions.
- Bien sûr que ce n’est qu’un ami !!
- Je ne crois pas, non !!
- Crois ce que tu veux !!
- (Aerandir sourit) J’ai hâte de le rencontrer !!
- Pourquoi donc ??
- Pour voir ce qui le différencie à ce point d’Eldarian, à ce que j’ai cru comprendre ils sont physiquement semblables ??
- Pas du tout !! Loup est blond comme les blés !! Bon, d’accord !! Pour le reste je ne dis pas, c’est même assez troublant !!
- Tu n’as donc pas entendu grand-mère Albine quand elle nous a parlé de la potion qu’elle lui faisait prendre pour faire disparaître les marques ?? Tu n’étais donc pas présent quand tante Ysoi a accouché ??
- Non et… non !!
- Alors prépare-toi à avoir en face de toi l’image d’Eldarian quand tu le reverras !!
Aerandir voit bien Lorgan fixer un instant le maître guerrier, son sourire en dit plus long qu’un aveu sur ce qu’il en pense.
- Mais ce n’est pas ça qui fait la différence, pas vrai ??
- Si tu me disais plutôt ce que tu veux entendre venant de moi ??
- Peut-être tout simplement la vérité, tu as beaucoup changé depuis que tu es réapparu avec tes nouveaux amis et je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose, je t’aime petit frère !!
Lorgan sourit à son frère, ne sachant pas quoi répondre mais surtout étant lui-même à la recherche de certaines réponses à des questions qu’il se pose.
De nouveaux sentiments sont apparus en lui ces derniers jours, sentiments auxquels il ne saurait encore donner un nom mais qui déjà lui mettent la tête à l’envers à chercher à en comprendre le sens.
Au début il pensait que tout tournait autour d’Eldarian, jusqu’à ce que dans ses rêves ce soit le rire et le nom de Loup qui lui vienne à l’esprit, remettant en question le peu qu’il eût cru comprendre sur des sentiments encore inconnus pour lui.
Et puis il y a Gaétan, le jeune prince et Loup ont eu des regards dont Conrad aussi bien que Durin et Eldarian ont vite catalogué, ne lui laissant guère de doute sur l’intérêt soudain qu’ils se portent.
Aerandir observe en coin son jeune frère, reconnaissant la mélancolie si dangereuse pour ceux de son espèce et qui souvent se traduit par des actes irréfléchis, se jurant de surveiller avec attention Lorgan pour qu’il ne cède pas aux démons de sa race.
C’est la voix de Conrad qui les ramène tous deux à la réalité, quand celui-ci s’exclame qu’ils arrivent en vue du hameau qui est semble-t-il le terme de leur voyage.
Chapitre 103 : Le temps des semailles, deuxième semaine deuxième jour (Manqué de peu)
- (Conrad) Nous sommes arrivés !! Allez les gars !! Un dernier petit effort !!
Aerandir suivi de son jeune frère rattrapent Conrad qui avec Durin et Eldarian, avaient pris une certaine avance depuis que leur discussion leur avaient fait ralentir leur course.
- (Aerandir) Comment peux-tu le savoir puisque tu n’es jamais venu jusqu’ici ?
- Tu vois une autre masure dans le coin ? Surtout aussi près de la barrière ? Et puis sinon, pourquoi Voldarian descendrait-il de cheval ?
- (Durin) Ce n’est pas trop tôt !!
Eldarian pour sa part ne dit rien, trop occupé à observer son père en pleine conversation avec un homme sorti de la demeure pour l’accueillir.
L’air contrarié de Voldarian ne lui échappe pas, aussi il pique des deux pour arriver au plus vite à leur hauteur, n’entendant que la fin de la conversation avant que l’homme n’écarquille les yeux de stupeur en le dévisageant avec insistance.
- (Foulque) Ils viennent juste de repartir pour le château, nous laissant quelques gens d’armes pour assurer notre sécurité !! C’était seulement sous cette condition que mon fils a accepté de les suivre et…mais…comment…
Voldarian tourne sa tête sur sa droite en suivant du regard les yeux soudainement stupéfaits de son interlocuteur, comprenant aussitôt son trouble à se retrouver devant la copie conforme de son fils adoptif.
- (Voldarian souriant) Étonnante ressemblance n’est-il pas ??
Le mutisme de l’homme ne l’étonne pas plus que ça, comprenant bien le trouble occasionné par l’apparition soudaine d’Eldarian.
- Nous avons beaucoup de choses à nous dire me semble-t-il, peut-être accepterez-vous que nous ayons cette discussion qui risque de prendre un certain temps à l’intérieur ?? Mes compagnons et moi avons chevauché depuis plusieurs jours pour venir jusqu’ici, nous pensions y retrouver mon second fils !!
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« À quelques kilomètres de là »
Gaétan chevauche avec ses amis, accompagné seulement du sergent et de deux de ses hommes d’armes, le reste de la troupe étant resté à la protection de la famille de Loup en les privant toutefois de leurs chevaux pour qu’eux puissent faire le trajet plus rapidement de façon à ne pas avoir à passer une nuit dehors.
Ada tout comme Tancrède ont tenu à les suivre car il n’était pas envisageable pour eux de laisser Loup repartir seul, sans avoir près de lui au moins son frère et du coup Ada ne pouvait que suivre puisque plus rien ne la motivait vraiment à rester avec le reste de la famille.
Le jeune prince est satisfait de cette décision qui au demeurant respecte les ordres de son père et qui ne devrait donc pas en porter ombrage.
Du coup seul Kazbo a dû rester en arrière, encore trop faible de sa blessure pour pouvoir les suivre et Gaëtan ne peut s’empêcher en pensant au jeune Gnome, de laisser un sourire amusé marquer son visage à la pensée du trouble qu’il doit créer rien que par sa présence invisible.
Un long sifflement lui fait alors tendre l’oreille, suivi presque aussitôt par une flèche venant se ficher en terre à quelques centimètres devant eux et qui très vite est suivie de plusieurs autres qui ne leur laissent plus le choix que de stopper net leur avancée tandis que les trois hommes d’armes dégainent leurs épées en cherchant du regard d’où vont surgir leurs assaillants.
Une voix derrière eux retentit alors.
- Plus un geste !! Descendez de vos montures et déposez vos armes à terre, sinon… vous mourrez !!
Deux nouvelles flèches viennent rejoindre les autres, montrant ainsi si le doute était encore permis que ce n’est pas une plaisanterie.
Le sergent n’hésite qu’une brève seconde avant de laisser tomber son épée, faisant signe à ses hommes d’en faire autant et se laissant aller au sol en se maudissant d’avoir cédé aussi facilement à laisser en arrière le gros de sa troupe pour rejoindre le château sans réelle protection.
La voix reprend alors avec un léger rictus de victoire dans le ton.
- Bien !! Maintenant allongez-vous tous au sol sur le ventre avec les mains bien en évidence derrière le dos !!
L’ordre est exécuté rapidement, la peur qu’ils ressentent tous rendant impossible toute velléité de ne pas y obéir et ce n’est qu’une fois en position, qu’ils entendent des pas se diriger vers eux.
Gaétan songe un instant tourner la tête pour voir à qui ils ont à faire, quand une douleur sourde au niveau du crâne l’assomme pour de bon.
***/***
Une douleur à la tête lui fait ouvrir les yeux, cherchant un bref instant à comprendre ce qu’il fait là, allongé par terre au milieu du chemin.
Sa mémoire lui revient alors et c’est en grimaçant qu’il se redresse suffisamment pour voir ses amis en faire autant autour de lui, chacun d’eux revenant à lui avec la même expression de douleur sur le visage.
Perceval une fois que son esprit a retrouvé suffisamment de lucidité, pousse un cri qui cette fois n’est pas directement lié à la bosse qu’il sent derrière sa tête mais au vide qui est à présent à sa droite, là où était Loup juste avant qu’on ne l’assomme.
C’est d’une voix atterrée qu’il crie alors à la cantonade.
- Loup n’est plus là !! Ils l’ont enlevé !!
- (Le sergent) Les montures elles aussi ont disparu !!
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