06-04-2021, 02:48 PM
(Modification du message : 06-04-2021, 02:51 PM par Philou0033.)
Chapitre 4
Camp de Pâques.
Dans la soirée Benoît avait téléphoné pour savoir comment nous allions nous arranger pour les vacances de Pâques. Il n’était pas au courant de ce qui m’était arrivé à l’école. Je lui avais alors expliqué ce qui s’était passé. Benoît fulminait, il était furieux. Je sentais qu’il en voulait très fort à Gabriel d’avoir ainsi donné ces infos me concernant à Emmanuel. Il voyait le résultat sur moi et sur Justin. Benoît avait décidé de passer le jeudi soir après les cours à la maison pour discuter de ce que nous allions faire. J’avais hâte d’être le lendemain soir pour pouvoir voir et embrasser mon amour.
Comme promis Benoît était arrivé vers 17 heures à la maison. Nous étions montés dans ma chambre où nous nous étions embrassés. Nous savions que le camp de Pâques chez les scouts démarrait le mardi après le week-end de Pâques, soit durant la première semaine des vacances. Pour la seconde semaine, nous allions voir au jour le jour en fonction des activités de nos familles. Lors de la présence de Benoît à la maison, j’avais remarqué qu’il toussait un peu. Je lui avais dit de faire attention pour ne pas être malade pour le camp scout. Il m’avait dit que ça irait, qu’il y avait du sirop chez lui. Nous nous étions quittés en nous disant que nous aurions l’occasion de nous voir durant le week-end.
C’était vers dix-huit heures trente que le téléphone avait sonné. C’était Jean qui avait décroché. Il m’avait appelé en me disant que c’était Justin. J’entendais à sa voix qu’il était heureux, j’avais tout de suite compris que son père l’avait accepté tel qu’il était, soit un comme jeune ado gay. Il n’arrêtait pas de me remercier pour ce que j’avais fait pour lui. Moi de mon côté je lui disais que c’était tout à fait normal. Bref nous avions discuté une bonne vingtaine de minutes.
A table lors du repas j’avais annoncé ce que Justin m’avait dit, que son père avait bien pris le fait qu’il soit homo. J’avais vu des sourires apparaitre sur les lèvres des membres de ma famille. Moi j’allais un peu mieux. Je devais aller chez la psy le lendemain, pour une séance avant les deux semaines de vacances. J’allais savoir ce qu’elle pensait de mon départ pour le camp chez les scouts. J’avais confiance et j’étais certain que tout se passerait bien.
Après le souper, j’avais été dans ma chambre mettre un disque et lire un bouquin. Puis j’avais entendu frapper à la porte. C’était Jean, mon petit frère, enfin petit en âge mais il avait presque la même taille que moi. Il avait grandi le bougre. Jean s’était couché à côté de moi, il voulait me parler, savoir comment j’allais et un tas de choses. Nous avions parlé durant près de deux heures. C’est maman qui était venue voir ce qui se passait. Elle était heureuse de voir la complicité qu’il y avait entre nous. Il y avait un véritable amour fraternel entre Jean et moi. Avec Anne s’était un peu différent, mais j’adorais ma sœur. Je pouvais être fier d’avoir une famille comme la mienne. Finalement je m’étais couché après la douche.
La visite chez la psy avait été avancée d’une heure. C’était donc à neuf heure trente que j’avais été reçu. Nous avions parlé de mon ressenti vis-à-vis de ce qui s’était passé, vis-à-vis des paroles qu’Emmanuel avait prononcé, etc. Puis il avait été question de savoir si je pouvais aller oui ou non au camp. Comme j’étais très bien intégré à la troupe, la psy avait marqué son accord pour que je participe au camp, elle pensait que cela me ferait vraiment du bien. J’étais donc revenu enchanté à la maison. J’étais déjà excité à l’idée de partir à ce camp pour retrouver mes amis scouts.
Samedi matin, soit le samedi de Pâques, vers dix heures, le téléphone sonnait, c’était maman qui avait décroché. Elle discutait avec Arlette, la maman de Benoît. Après cinq minutes maman m’annonçait que Benoît était malade, qu’il avait la grippe et qu’il ne serait pas là pour le camp. J’étais déçu, franchement déçu. Je m’étais fait une joie de faire ce camp de Pâques avec lui, notre premier camp.
Pour le dimanche de Pâques, toute la famille était réunie à la maison, il y avait même mes grands-parents. Ils étaient étonnés de ne pas voir Benoît. Je leur avais expliqué qu’il était malade et en plus qu’il serait absent pour le camp scout de Pâques. Bref nous avions passé un très beau dimanche pascal en famille. J’avais déjà pratiquement occulté l’incident du vestiaire lors du cours de gym. Puis aux scouts je savais que Gabriel ne serait pas présent, alors j’étais rassuré. J’étais très heureux d’avoir pu revoir Mamy et Papy, c’étaient des grands-parents très ouverts et à l’écoute de leurs petits-enfants.
Ce lundi de Pâques j’avais préparé mon sac à dos pour le camp. J’étais pressé d’y être. La journée m’avait parue interminable. Tout était prêt et mes parents m’avaient recommandé de dire à Jean-Pierre si quelque chose n’allait pas, que je ne devais pas rester avec de mauvaises idées en tête. Je leur en avais fait la promesse !
Maman m’avait déposée au local où elle avait attendu un quart d’heure, le temps de savoir si tous les scouts étaient présents. Ensuite, elle avait pris dans la voiture deux autres scouts pour nous déposer à la gare. En effet nous nous rendions en train et puis en bus jusqu’à Malmedy. Enfin, nous étions soulagés lorsque le train s’était mis en branle.
Nous avions été logés dans la grange de la ferme où les plus grands avaient passé le week-end des congés de Noël. Les fermiers étaient heureux de nous revoir et de nous accueillir une nouvelle fois. Une fois installés, c’est un agent des Eaux et Forêts qui était venu nous expliquer ce qu’il restait à faire pour la construction des deux ponts sur le ruisseau. Il nous avait dit que les fondations de part et d’autre du ruisseau avaient été bétonnées et que les ancrages avaient été placés. Il nous avait montré les plans sur grand écran. Il ne nous restait qu’à monter la partie en bois des deux « édifices ». Il nous avait proposé d’aller faire un tour sur place pour mieux nous rendre compte !
Effectivement les bases censées être les supports des traverses des ponts étaient bien visibles et tout semblait être d’équerre. Les bois de charpente étaient déjà sur place et bâchés. Nous n’avions effectivement plus qu’à monter la structure en bois. Selon l’ingénieur du service des Eaux et Forêts et le responsable des travaux de la commune, il y avait deux jours à deux jours et demi de travail. C’était donc à nous de nous mettre au boulot. Le rendez-vous sur place avait été fixé à huit heures trente le lendemain. Nous étions tous impatients d’y être.
La première nuit s’était assez bien passée, il faisait encore un peu froid la nuit, mais avec un bon sac de couchage, c’était supportable. Après un excellent petit-déjeuner, nous nous étions mis en route vers notre lieu de travail bénévole. Nous étions tous remonté à bloc pour donner le meilleur de nous-même et mener à bien le montage des deux ponts.
C’est donc Bruno le chef de troupe qui avait les plans en mains et qui donnait ses instructions pour procéder par ordre. En effet Bruno était en troisième année d’ingénieur à l’université à Bruxelles. Il était aidé dans sa tâche par Ghislain qui lui était en seconde année en architecture, également dans la même université.
Un agent communal avait été dépêché auprès de nous pour nous apporter tous les outils nécessaires pour monter les deux ponts. Durant la matinée, les madriers qui étaient supposés aller d’un bord à l’autre du ruisseau avaient été placés et fixés au niveau des ancrages en béton, au moyen de tiges filetées, de boulons et d’écrous. Une tarière avait été utilisée pour percer les madriers de part en part pour correspondre à l’emplacement des fixations métalliques des supports béton.
C’est Jean-Pierre qui avait préparé le repas avec l’aide de deux scouts. Finalement c’étaient des saucisses cuites sur les braises du feu de bois accompagnées de purée de pomme de terre et de compte de pomme. C’était délicieux et de plus nous avions faim.
L’après-midi a été consacrée à préparer et à couper les lattes qui devaient être placées pour composer le tablier des ponts. Certains d’entre nous avaient commencé à préparer les balustrades servant de garde-fous
Une grande partie des pièces avaient été préparées et mises en tas par catégories ensuite le tout étant protégé par des bâches. La pénombre s’installait déjà et nous avions pris le chemin de retour vers la ferme qui nous accueillait.
Une fois arrivés à la ferme, nous avons été accueillis par la fermière. Elle nous avait dit que son mari avait préparé des douches dans une annexe qu’il venait de rénover. En fait une série de cinq pommeaux de douche avait été placée le long d’un mur carrelé et un avaloir avait été installé au centre pour récolter l’eau. Il y avait bien entendu de l’eau chaude fournie par un chauffe-eau au gaz. Nous nous étions succédé par groupe de cinq pour nous doucher.
Après avoir mangé tous ensemble dans la grande salle à manger, où nous avions logé au mini camp de Noël, nous avions fait une veillée en compagnie des fermiers. Avec eux il y avait leur petit-fils, Mathieu, un jeune ado d’une quinzaine d’année. Il était heureux de voir du monde, car comme la ferme était reculée dans la campagne, il n’avait pas l’occasion d’avoir de copain pour jouer avec lui. Avant la fin de la veillée, Mathieu avait demandé s’il pouvait venir avec nous le lendemain pour nous aider à la construction des ponts. Bruno avait accepté, sous réserve de l’accord de ses grands-parents ; ceux-ci avaient accepté de bon cœur.
Nous voilà donc tous partis pour poursuivre la construction des deux ponts. Chacun avait sa part de travail. De mon côté j’étais pressenti pour placer les garde-fous aux deux ponts. Nous étions quatre affectés à cette partie du travail. Tout se passait le mieux du monde. A midi nous avions une nouvelle fois mangé sur les lieux pour ne pas perdre de temps en trajet inutile. Mathieu avait mangé avec nous, il y en avait bien assez pour tous. Le travail s’était poursuivi durant l’après-midi ; de notre côté le premier pont était déjà pourvu de ses deux balustrades. Nous avions déjà entamés la pose des mats de soutien de la balustrade du second pont, mais d’un seul côté.
Nous avions presque terminé le travail. Et comme la nuit pointait le bout de son nez, nous avions laissé la fin du chantier pour le lendemain, soit l’avant dernier jour du camp. Il ne restait que trois à quatre heures de travail. Une grosse partie des lattes destinées à être foulées par les marcheurs pour traverser les ponts étaient pratiquement toutes mises en place.
Nous étions tous rentrés fourbus à la ferme. Mathieu était très heureux d’avoir pu participer à cette aventure avec nous. Avec l’aide de deux scouts, la fermière avait fait des crêpes pour le repas. Nous étions très heureux de cette belle initiative. Nous avions mangé de bon cœur les tartines qui avaient elles aussi été préparées. Puis alors que nous avions terminé de manger, Bruno, le chef de troupe nous avait demandé le silence. Il avait une communication importante à faire. Depuis le début du camp, j’avais senti Bruno assez tendu.
Bru : « Bon voilà les scouts, ce n’est pas facile pour moi, mais depuis trois semaines j’ai une grave décision à prendre, cela vient de la fédération et également du staff d’unité. Vous avez surement entendu parler de la réforme envisagée au niveau des troupes scoutes.
Certains scouts : Oui, c’est une division en fonction des âges !
Bru : Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. En deux mots, les scouts seront répartis en deux sections, l’une s’identifiera comme étant les scouts éclaireurs et les autres, les plus âgés, les scouts pionniers !
D’autres scouts : Oui mais ça va changer la répartition des patrouilles et la vie de la troupe !
Bru : Je sais les gars, mais les scouts « 12 – 17 » comme on les appelle, c’est fini. Cette séparation aura effet juste après ce camp de Pâques. Dès lors le grand camp se fera pour les scouts éclaireurs, soit les 12 – 15 ans avec moi et pour les scouts pionniers, soit les 15 – 17 ans, c’est Jean-Pierre qui sera le chef des pionniers. "
Les scouts faisaient du brouhaha, ils parlaient entre eux, il y avait de l’effervescence au sein de la troupe. J’étais désolé que Benoît ne soit pas présent avec nous pour cette décision. Mais comme il avait mon âge je savais qu’il irait lui aussi aux pionniers ! Bruno avait ajouté que certains d’entre nous, ceux qui étaient entre deux âges, participeraient au camp avec les plus jeunes scouts jusqu’en septembre, question de former les futurs CP de patrouille. Pour ceux qui allaient avoir 17 ans ou plus, à partir du mois de septembre ils allaient être intégrés dans une nouvelle section, les JER, les Jeunes En Route ! J’allais donc être dans cette section avec Ben à partir du mois de septembre. C’était vraiment un changement radical.
Nous avions terminé cette journée par une veillée. Nous avions chanté de bon cœur, mais en ayant à l’esprit que ce que nous vivions était en quelque sorte un fin, mais une fin heureuse qui se concluait par un superbe projet, la rénovation de deux ponts pour les promenades dans la région de Malmedy ! Il ne fallait pas se le cacher, mais j’étais fier d’avoir participé à cette aventure ! Dommage que Ben n’ait pas été de la partie, il le méritait tout comme tous les autres scouts.
Camp de Pâques.
Dans la soirée Benoît avait téléphoné pour savoir comment nous allions nous arranger pour les vacances de Pâques. Il n’était pas au courant de ce qui m’était arrivé à l’école. Je lui avais alors expliqué ce qui s’était passé. Benoît fulminait, il était furieux. Je sentais qu’il en voulait très fort à Gabriel d’avoir ainsi donné ces infos me concernant à Emmanuel. Il voyait le résultat sur moi et sur Justin. Benoît avait décidé de passer le jeudi soir après les cours à la maison pour discuter de ce que nous allions faire. J’avais hâte d’être le lendemain soir pour pouvoir voir et embrasser mon amour.
Comme promis Benoît était arrivé vers 17 heures à la maison. Nous étions montés dans ma chambre où nous nous étions embrassés. Nous savions que le camp de Pâques chez les scouts démarrait le mardi après le week-end de Pâques, soit durant la première semaine des vacances. Pour la seconde semaine, nous allions voir au jour le jour en fonction des activités de nos familles. Lors de la présence de Benoît à la maison, j’avais remarqué qu’il toussait un peu. Je lui avais dit de faire attention pour ne pas être malade pour le camp scout. Il m’avait dit que ça irait, qu’il y avait du sirop chez lui. Nous nous étions quittés en nous disant que nous aurions l’occasion de nous voir durant le week-end.
C’était vers dix-huit heures trente que le téléphone avait sonné. C’était Jean qui avait décroché. Il m’avait appelé en me disant que c’était Justin. J’entendais à sa voix qu’il était heureux, j’avais tout de suite compris que son père l’avait accepté tel qu’il était, soit un comme jeune ado gay. Il n’arrêtait pas de me remercier pour ce que j’avais fait pour lui. Moi de mon côté je lui disais que c’était tout à fait normal. Bref nous avions discuté une bonne vingtaine de minutes.
A table lors du repas j’avais annoncé ce que Justin m’avait dit, que son père avait bien pris le fait qu’il soit homo. J’avais vu des sourires apparaitre sur les lèvres des membres de ma famille. Moi j’allais un peu mieux. Je devais aller chez la psy le lendemain, pour une séance avant les deux semaines de vacances. J’allais savoir ce qu’elle pensait de mon départ pour le camp chez les scouts. J’avais confiance et j’étais certain que tout se passerait bien.
Après le souper, j’avais été dans ma chambre mettre un disque et lire un bouquin. Puis j’avais entendu frapper à la porte. C’était Jean, mon petit frère, enfin petit en âge mais il avait presque la même taille que moi. Il avait grandi le bougre. Jean s’était couché à côté de moi, il voulait me parler, savoir comment j’allais et un tas de choses. Nous avions parlé durant près de deux heures. C’est maman qui était venue voir ce qui se passait. Elle était heureuse de voir la complicité qu’il y avait entre nous. Il y avait un véritable amour fraternel entre Jean et moi. Avec Anne s’était un peu différent, mais j’adorais ma sœur. Je pouvais être fier d’avoir une famille comme la mienne. Finalement je m’étais couché après la douche.
La visite chez la psy avait été avancée d’une heure. C’était donc à neuf heure trente que j’avais été reçu. Nous avions parlé de mon ressenti vis-à-vis de ce qui s’était passé, vis-à-vis des paroles qu’Emmanuel avait prononcé, etc. Puis il avait été question de savoir si je pouvais aller oui ou non au camp. Comme j’étais très bien intégré à la troupe, la psy avait marqué son accord pour que je participe au camp, elle pensait que cela me ferait vraiment du bien. J’étais donc revenu enchanté à la maison. J’étais déjà excité à l’idée de partir à ce camp pour retrouver mes amis scouts.
Samedi matin, soit le samedi de Pâques, vers dix heures, le téléphone sonnait, c’était maman qui avait décroché. Elle discutait avec Arlette, la maman de Benoît. Après cinq minutes maman m’annonçait que Benoît était malade, qu’il avait la grippe et qu’il ne serait pas là pour le camp. J’étais déçu, franchement déçu. Je m’étais fait une joie de faire ce camp de Pâques avec lui, notre premier camp.
Pour le dimanche de Pâques, toute la famille était réunie à la maison, il y avait même mes grands-parents. Ils étaient étonnés de ne pas voir Benoît. Je leur avais expliqué qu’il était malade et en plus qu’il serait absent pour le camp scout de Pâques. Bref nous avions passé un très beau dimanche pascal en famille. J’avais déjà pratiquement occulté l’incident du vestiaire lors du cours de gym. Puis aux scouts je savais que Gabriel ne serait pas présent, alors j’étais rassuré. J’étais très heureux d’avoir pu revoir Mamy et Papy, c’étaient des grands-parents très ouverts et à l’écoute de leurs petits-enfants.
Ce lundi de Pâques j’avais préparé mon sac à dos pour le camp. J’étais pressé d’y être. La journée m’avait parue interminable. Tout était prêt et mes parents m’avaient recommandé de dire à Jean-Pierre si quelque chose n’allait pas, que je ne devais pas rester avec de mauvaises idées en tête. Je leur en avais fait la promesse !
Maman m’avait déposée au local où elle avait attendu un quart d’heure, le temps de savoir si tous les scouts étaient présents. Ensuite, elle avait pris dans la voiture deux autres scouts pour nous déposer à la gare. En effet nous nous rendions en train et puis en bus jusqu’à Malmedy. Enfin, nous étions soulagés lorsque le train s’était mis en branle.
Nous avions été logés dans la grange de la ferme où les plus grands avaient passé le week-end des congés de Noël. Les fermiers étaient heureux de nous revoir et de nous accueillir une nouvelle fois. Une fois installés, c’est un agent des Eaux et Forêts qui était venu nous expliquer ce qu’il restait à faire pour la construction des deux ponts sur le ruisseau. Il nous avait dit que les fondations de part et d’autre du ruisseau avaient été bétonnées et que les ancrages avaient été placés. Il nous avait montré les plans sur grand écran. Il ne nous restait qu’à monter la partie en bois des deux « édifices ». Il nous avait proposé d’aller faire un tour sur place pour mieux nous rendre compte !
Effectivement les bases censées être les supports des traverses des ponts étaient bien visibles et tout semblait être d’équerre. Les bois de charpente étaient déjà sur place et bâchés. Nous n’avions effectivement plus qu’à monter la structure en bois. Selon l’ingénieur du service des Eaux et Forêts et le responsable des travaux de la commune, il y avait deux jours à deux jours et demi de travail. C’était donc à nous de nous mettre au boulot. Le rendez-vous sur place avait été fixé à huit heures trente le lendemain. Nous étions tous impatients d’y être.
La première nuit s’était assez bien passée, il faisait encore un peu froid la nuit, mais avec un bon sac de couchage, c’était supportable. Après un excellent petit-déjeuner, nous nous étions mis en route vers notre lieu de travail bénévole. Nous étions tous remonté à bloc pour donner le meilleur de nous-même et mener à bien le montage des deux ponts.
C’est donc Bruno le chef de troupe qui avait les plans en mains et qui donnait ses instructions pour procéder par ordre. En effet Bruno était en troisième année d’ingénieur à l’université à Bruxelles. Il était aidé dans sa tâche par Ghislain qui lui était en seconde année en architecture, également dans la même université.
Un agent communal avait été dépêché auprès de nous pour nous apporter tous les outils nécessaires pour monter les deux ponts. Durant la matinée, les madriers qui étaient supposés aller d’un bord à l’autre du ruisseau avaient été placés et fixés au niveau des ancrages en béton, au moyen de tiges filetées, de boulons et d’écrous. Une tarière avait été utilisée pour percer les madriers de part en part pour correspondre à l’emplacement des fixations métalliques des supports béton.
C’est Jean-Pierre qui avait préparé le repas avec l’aide de deux scouts. Finalement c’étaient des saucisses cuites sur les braises du feu de bois accompagnées de purée de pomme de terre et de compte de pomme. C’était délicieux et de plus nous avions faim.
L’après-midi a été consacrée à préparer et à couper les lattes qui devaient être placées pour composer le tablier des ponts. Certains d’entre nous avaient commencé à préparer les balustrades servant de garde-fous
Une grande partie des pièces avaient été préparées et mises en tas par catégories ensuite le tout étant protégé par des bâches. La pénombre s’installait déjà et nous avions pris le chemin de retour vers la ferme qui nous accueillait.
Une fois arrivés à la ferme, nous avons été accueillis par la fermière. Elle nous avait dit que son mari avait préparé des douches dans une annexe qu’il venait de rénover. En fait une série de cinq pommeaux de douche avait été placée le long d’un mur carrelé et un avaloir avait été installé au centre pour récolter l’eau. Il y avait bien entendu de l’eau chaude fournie par un chauffe-eau au gaz. Nous nous étions succédé par groupe de cinq pour nous doucher.
Après avoir mangé tous ensemble dans la grande salle à manger, où nous avions logé au mini camp de Noël, nous avions fait une veillée en compagnie des fermiers. Avec eux il y avait leur petit-fils, Mathieu, un jeune ado d’une quinzaine d’année. Il était heureux de voir du monde, car comme la ferme était reculée dans la campagne, il n’avait pas l’occasion d’avoir de copain pour jouer avec lui. Avant la fin de la veillée, Mathieu avait demandé s’il pouvait venir avec nous le lendemain pour nous aider à la construction des ponts. Bruno avait accepté, sous réserve de l’accord de ses grands-parents ; ceux-ci avaient accepté de bon cœur.
Nous voilà donc tous partis pour poursuivre la construction des deux ponts. Chacun avait sa part de travail. De mon côté j’étais pressenti pour placer les garde-fous aux deux ponts. Nous étions quatre affectés à cette partie du travail. Tout se passait le mieux du monde. A midi nous avions une nouvelle fois mangé sur les lieux pour ne pas perdre de temps en trajet inutile. Mathieu avait mangé avec nous, il y en avait bien assez pour tous. Le travail s’était poursuivi durant l’après-midi ; de notre côté le premier pont était déjà pourvu de ses deux balustrades. Nous avions déjà entamés la pose des mats de soutien de la balustrade du second pont, mais d’un seul côté.
Nous avions presque terminé le travail. Et comme la nuit pointait le bout de son nez, nous avions laissé la fin du chantier pour le lendemain, soit l’avant dernier jour du camp. Il ne restait que trois à quatre heures de travail. Une grosse partie des lattes destinées à être foulées par les marcheurs pour traverser les ponts étaient pratiquement toutes mises en place.
Nous étions tous rentrés fourbus à la ferme. Mathieu était très heureux d’avoir pu participer à cette aventure avec nous. Avec l’aide de deux scouts, la fermière avait fait des crêpes pour le repas. Nous étions très heureux de cette belle initiative. Nous avions mangé de bon cœur les tartines qui avaient elles aussi été préparées. Puis alors que nous avions terminé de manger, Bruno, le chef de troupe nous avait demandé le silence. Il avait une communication importante à faire. Depuis le début du camp, j’avais senti Bruno assez tendu.
Bru : « Bon voilà les scouts, ce n’est pas facile pour moi, mais depuis trois semaines j’ai une grave décision à prendre, cela vient de la fédération et également du staff d’unité. Vous avez surement entendu parler de la réforme envisagée au niveau des troupes scoutes.
Certains scouts : Oui, c’est une division en fonction des âges !
Bru : Oui, c’est bien de cela qu’il s’agit. En deux mots, les scouts seront répartis en deux sections, l’une s’identifiera comme étant les scouts éclaireurs et les autres, les plus âgés, les scouts pionniers !
D’autres scouts : Oui mais ça va changer la répartition des patrouilles et la vie de la troupe !
Bru : Je sais les gars, mais les scouts « 12 – 17 » comme on les appelle, c’est fini. Cette séparation aura effet juste après ce camp de Pâques. Dès lors le grand camp se fera pour les scouts éclaireurs, soit les 12 – 15 ans avec moi et pour les scouts pionniers, soit les 15 – 17 ans, c’est Jean-Pierre qui sera le chef des pionniers. "
Les scouts faisaient du brouhaha, ils parlaient entre eux, il y avait de l’effervescence au sein de la troupe. J’étais désolé que Benoît ne soit pas présent avec nous pour cette décision. Mais comme il avait mon âge je savais qu’il irait lui aussi aux pionniers ! Bruno avait ajouté que certains d’entre nous, ceux qui étaient entre deux âges, participeraient au camp avec les plus jeunes scouts jusqu’en septembre, question de former les futurs CP de patrouille. Pour ceux qui allaient avoir 17 ans ou plus, à partir du mois de septembre ils allaient être intégrés dans une nouvelle section, les JER, les Jeunes En Route ! J’allais donc être dans cette section avec Ben à partir du mois de septembre. C’était vraiment un changement radical.
Nous avions terminé cette journée par une veillée. Nous avions chanté de bon cœur, mais en ayant à l’esprit que ce que nous vivions était en quelque sorte un fin, mais une fin heureuse qui se concluait par un superbe projet, la rénovation de deux ponts pour les promenades dans la région de Malmedy ! Il ne fallait pas se le cacher, mais j’étais fier d’avoir participé à cette aventure ! Dommage que Ben n’ait pas été de la partie, il le méritait tout comme tous les autres scouts.