03-04-2021, 11:01 AM
La vie à l’école se passait bien. Emmanuel était revenu et il s’était tenu à carreau. Dès son retour il s’était excusé auprès de moi, de Romain et de Justin, pour les propos tenus. En guise de bonne entente j’avais serré la main d’Emmanuel. Il était semble-t-il soulagé que je ne lui en veuille pas. Je dois dire que je me méfiais encore de lui, je ne le sentais toujours pas, pour moi c’était un fourbe.
Nous arrivions à la fin du second trimestre et les vacances de Pâques se profilaient à l’horizon. Nous avions terminé les contrôles et les examens. Il restait trois jours avant les congés.
Nous étions le mardi après-midi et nous avions cours de gym. Dans le vestiaire nous nous mettions en tenue de gym. Il ne restait que quelques élèves occupés à s’habiller en tenue de gym. D’un coup, je n’avais pas senti monter la tension, Emmanuel s’était rué en direction de Justin en le traitant de sale « pédé ». Il lui reprochait de le regarder se changer. Je me suis levé en même temps que Romain et Thibaut et nous avions attrapé Emmanuel avant qu’il ne frappe Justin. Le prof de Gym ayant entendu du remue-ménage dans les vestiaires s’était rué vers ceux-ci. Il se demandait ce qui se passait. Emmanuel avait commencé à crier sur Justin et ensuite sur moi en disant que nous étions des « pédés ». J’avais tout de suite quitté le vestiaire et j’avais été trouvé monsieur Martin qui était dans la salle des profs. Je lui avais expliqué ce qui s’était passé dans les vestiaires. Ni une ni deux, monsieur Martin s’était rendu aux vestiaires. Il avait alors empoigné Emmanuel en lui disant qu’il allait de ce pas chez le directeur. Le prof de gym ne savait pas ce qui s’était dit et il avait demandé le calme. Romain fulminait, il était en rage à la suite des propos d’Emmanuel. Puis d’un coup Romain était monté sur un banc en criant :
Rom : « Vous avez entendu le directeur à l’issue des classes de neige et aussi monsieur Martin, Emmanuel n’avait pas à traiter Justin et Phil de « pédé ». Le premier qui en reparle c’est à moi qu’il aura à faire !
Thib : C’est la même chose pour moi, je ne veux rien entendre sur ce qui s’est passé ici. On ne traite pas des copains de classe de « pédé ». Je suis écœuré de l’attitude d’Emmanuel. Et quand bien même nos deux amis seraient gays, cela ne regarde personne, je dis bien, personne !
Rom : Merci Thibaut, je vous signale que je n’aime pas les homophobes, s’il y en a parmi vous, vous savez à quoi vous en tenir, et je ne suis pas pédé, mais je respecte les homos !
Prof : Bon, du calme. Les propos d’Emmanuel étaient déplacés. Je remercie Romain et Thibaut de leur intervention. Je ne veux pas de ce genre de propos lors de mon cours de gym. Si un jour j’entends ce genre de chose, c’est l’exclusion. Monsieur Martin a très bien fait d’intervenir.
Lors de ces prises de parole, j’étais auprès de Justin. Il pleurait, il ne savait plus se reprendre. Moi de mon côté, je fulminais, j’étais catalogué de « pédé ». J’avais la rage, des larmes commençaient à couler sur mes joues. J’étais une nouvelle fois attaqué et je n’avais rien fait, je ne m’étais pas exhibé, je me tenais tranquille. Les autres élèves ne disaient rien, mais je savais qu’ils commençaient à se poser des questions ! Maintenant les garçons de la classe savaient, ils savaient que Justin et moi étions gays ! Merde, merde, merde !
Prof : Justin et Phil, je suis désolé, j’aurai dû être là et surveiller. Vous autres, les autres élèves, je ne sais pas si cela vous ferait plaisir d’être traité comme vos deux camarades l’ont été, je suppose que non, alors je vous encourage à vous respecter les uns les autres. De plus je sais que Justin et Phil sont des élèves sans reproche et très convenables.
Rom : Comme je vous l’ai dit, nos deux amis n’ont pas à être traité de cette façon. Et puis se sont mes amis, alors je les défends. Vous devriez tous faire de même.
Moi : Merci Romain, mais je …
Je n’avais pas pu continuer ma phrase. J’étais anéanti. Mais pourquoi. Je ne m’affichais jamais, je restais tranquille. Mais pourquoi, pourquoi ! Justin était très mal, il pleurait toujours et je m’étais rendu compte qu’il s’était pissé dessus. Ça m’a mis en rage. J’ai commencé à gueuler dans le vestiaire, je criais que j’en avais assez de me faire insulter et que si j’étais homo cela ne regardait personne que moi, que j’en avais assez de souffrir, que j’étais un garçon comme les autres que je n’avais jamais rien fait de particulier à l’école pour ne choquer personne, etc. Puis j’avais ajouté que ce n’était pas la peine de faire la même chose avec Justin et qu’on le laisse tranquille lui aussi.
Une fois que j’avais eu fini de crier et que je m’étais calmé, je voyais Romain qui lui aussi était en rage. Les élèves eux étaient restés sans voix.
Prof : Bon, vous vous rhabillez, le cours est annulé. Je ne veux rien entendre, pas un mot ! »
Le prof s’était approché de moi et de Justin. Il avait remarqué l’accident de Justin. Il m’avait alors demandé de m’occuper de lui quand les autres élèves auraient quitté les lieux. Je m’étais donc occupé de mon copain de classe. Je l’avais consolé et je l’avais aidé pour se changer. Maintenant tout était dit, j’étais le « pédé » de l’école et Justin aussi !
Monsieur Martin était revenu dans le vestiaire. Il nous avait vu tous les deux assis hagards sur le banc du vestiaire. Il a fait tout ce qu’il pouvait pour nous remonter le moral. Dans la salle de gym on entendait maintenant les filles de la classe faire gym. Comme la porte était ouverte Marie et Isabelle avaient vu que j’étais prostré, assis sur le banc à côté de Justin, qui lui était aussi dans le même état que moi. Ce n’est qu’à la fin des cours que Marie et Isabelle s’étaient approchées de nous ainsi que de monsieur Martin. Marie avait compris ce qui s’était passé. J’avais vu son visage changer, elle aurait égorgé l’imbécile qui nous avait mis dans cet état.
Nous étions sortis, Marie, Isabelle, Romain, Thibaut, Justin et moi, ensemble de l’école. Justin avait rejoint sa maman qui l’attendait devant l’école. Marie et Romain m’avaient accompagné jusqu’à la maison.
En rentrant, j’avais trouvé la maison vide, il n’y avait personne. J’avais fait entrer mes deux amis. A la cuisine, je leur avais donné un verre de limonade. Nous parlions de ce qui s’était passé. Ils voyaient bien que je n’étais plus dans mon assiette, que j’étais mal, que j’avais la rage. J’avais les larmes aux yeux. Je ne savais plus quoi faire, j’avais dit comme ça tout haut : « Je n’ai plus qu’à me pendre ! » Marie a commencé à pleurer à la suite de mes paroles. J’étais à bout, je ne savais plus quoi, j’étais perdu, une nouvelle fois j’étais au bord du gouffre, mais pourquoi, pourquoi tant de haine !
Maman venait juste de rentrer, elle nous avait vu tous les trois dans la cuisine et de suite elle avait compris qu’il s’était une nouvelle fois passé quelque chose me concernant. Marie pleurait toujours, Romain ne savait plus quoi dire, il ne m’avait jamais vu dans un tel état. C’est lui qui avait raconté à maman ce qui s’était passé, j’en étais incapable, je n’aurais pas su prononcer un mot ! Maman était elle aussi toute retournée par ce qu’elle venait d’apprendre. Puis Marie lui a répété ce que j’avais dit, qu’il ne restait plus qu’à me pendre ! Maman a été estomaquée d’entendre ça. Elle ne savait elle non plus quoi dire. Elle était sortie de la cuisine et avait appelé papa par téléphone pour qu’il rentre d’urgence.
Papa était revenu en moins de vingt minutes. Il m’avait trouvé prostré dans un fauteuil du salon et mes deux amis assis dans le divan, l’air hagard. Maman avait repris un peu du poil de la bête. Elle avait raconté à papa ce qu’il s’était passé à l’école. Papa fulminait lui aussi. Il était en rage de voir ce que des ados du même âge pouvaient se faire comme méchancetés. Papa avait alors décidé d’appeler le médecin de famille en vue de m’ausculter et de me donner de calmants.
Marie et Romain allaient repartir au moment où Anne et Jean revenait du hall omnisports Ils se demandèrent ce qui s’était passé. Rien qu’en voyant mon état ils avaient immédiatement compris qu’on s’en était une nouvelle fois pris à moi. Ils étaient inquiets pour moi, ainsi que Marie et Romain.
Le médecin était passé un peu avant sept heures du soir. Il m’avait donné un clamant puissant pour que je récupère et que je dorme. Il était hors de question de m’envoyer à l’école les trois derniers jours de la semaine avant les vacances de Pâques, il avait rédigé un certificat médical dans ce sens.
J’étais allé me coucher dans ma chambre, j’étais déjà à moitié dans les vapes.
J’avais ouvert les yeux vers neuf heures. Maman était là, elle s’était assise sur la chaise de mon bureau et elle attendait que je me réveille. Maman n’était pas partie travailler, elle était restée à la maison pour moi. Je voyais dans son regard qu’elle était inquiète, inquiète pour moi. Je m’étais levé et j’étais allé me blottir dans ses bras.
Nous avions passé la matinée à discuter de ce qui s’était passé et entre autres des paroles que j’avais eues lorsque Marie et Romain étaient là. J’avais beau dire que j’avais sorti ces mots comme ça sur l’effet de la colère, mais j’avais très bien compris que maman avait peur que je fasse ce que j’avais dit ! Elle m’avait alors dit que j’avais rendez-vous chez la psychologue l’après-midi même.
La visite chez la psy s’était bien passée. J’avais pu exprimer ce que je ressentais, ce que j’avais vécu et mes désirs. Je lui avais confirmé que je n’avais parlé de suicide que sur un coup de tête, dans l’énervement. Elle m’avait alors dit que parfois cela avait une importance et qu’il fallait donc y faire attention. Ça m’avait fait réfléchir au sens de la vie, à Benoît que j’aimais, à mes parents, ma famille, etc. J’étais un peu perdu et surtout peiné de faire peur à ceux que j’aime et qui m’aiment. Il avait été convenu que je sois entouré dans les jours à venir de personnes qui pourraient m’apporter leur présence, leur amour et de la stabilité.
En revenant de chez la psy, je m’étais rendu dans ma chambre pour mettre un disque. Alors que j’étais occupé à écouter de la musique, j’avais entendu frapper à ma porte. C’était Jean, il me disait qu’il y avait un copain de classe qui était arrivé avec sa maman et qu’ils voulaient me parler. J’étais descendu et j’avais vu qu’ils avaient été installés dans le salon par maman. Tout de suite j’avais reconnu la silhouette de Justin. Je me demandais ce qu’il était venu faire à la maison. J’avais dit bonjour à sa maman que je voyais de temps en temps lorsqu’elle attendait Justin à la sortie de l’école. Justin avait la mine grave, je lui avais serré la main pour lui dire bonjour. Puis je me suis assis à côté de maman. Anne et Jean étaient montés dans leur chambre pour nous laisser tranquille.
Mam : « Voilà Phil, Justin et sa maman sont là pour te dire quelque chose.
Moi : Oui, je pense savoir quoi, c’est à propos de l’incident dans les vestiaires lors du cours de gym ! C’est ça !
Jus : Oui Phil, c’est ça. Heu…je ne sais…
Je voyais Justin se décomposer, se liquéfier ! J’avais remarqué que des larmes étaient prêtes à s’écouler sur ses joues. Sa maman lui tenait une main pour l’encourager. Puis j’avais vu qu’il tentait de se reprendre et d’un coup il avait dit :
Jus : Je suis venu pour te remercier de m’avoir soutenu hier !
Moi : Tu sais Justin, je l’aurai fait pour tout autre élève qui se serait trouvé dans la même situation. Et tu sais que j’ai dû prendre sur moi pour réagir !
Jus : Oui Phil, je m’en doute. Puis il faut que je te dise, ce que je t’avais dit en classe de neige et que j’avais confirmé à la reprise des cours et bien j’en ai parlé à maman !
Moi : Tu sais Justin, j’aurai gardé ton secret coute que coute, j’espère que tu le sais !
Jus : Oui Phil et toi aussi tu t’es exposé en intervenant. Tu m’as défendu face à Emmanuel, car je suis certain qu’il m’aurait frappé !
Ma. Jus : Oui Phil, Justin m’a expliqué qu’il avait confiance en toi et qu’il devait m’avouer quelque chose, c’est qu’il était gay. Je ne le savais pas mais j’avais des doutes. Alors pour ce que tu as fait pour mon fils Justin, je t’en remercie. Tu t’es occupé de lui, tu l’a réconforté et consolé et en plus tu as su aller trouver monsieur Martin en vue de mettre un terme à l’agression. J’ai vu monsieur Martin ce matin et il ne tari pas d’éloge à ton encontre !
Mam : Phil je sais que tu as le cœur sous la main, ce que tu as fait est ce qu’on attend d’un jeune comme toi, c’est de ne pas laisser un copain de classe dans une mauvaise posture !
Moi : Mais maman, je ne pouvais pas faire autrement. Tu sais Justin, l’incident dans la chambre durant le séjour en classe de neige, je ne t’en veux pas du tout. Ce n’est pas facile d’intervenir face à un homophobe. Moi ce n’est pas la première fois, que du contraire.
Ma. Jus : Oui Phil, je suis au courant, Justin m’en a touché un mot également. C’est pour cela que nous sommes ici pour te remercier. Tu es un jeune qui a su prendre ses responsabilités et de plus qui n’est pas rancunier. Merci à toi Phil pour ce que tu as fait !
Moi : Merci pour ce que vous venez de dire madame. Justin, tu es un copain de classe et je ne te connaissais pas beaucoup, mais maintenant, je puis te l’assurer, tu peux être mon ami, et moi un ami de classe sur qui tu pourras compter.
Jus : Merci Phil, merci !
Des larmes coulaient sur les joues de Justin. Moi aussi j’étais prêt à verser des larmes, mais il fallait que je me contienne. La maman de mon nouvel ami l’avait pris dans ses bras. Puis après deux à trois minutes, Justin avait repris le dessus.
Ma. Jus : Tu sais Phil, Justin m’as aussi dit que tu avais un petit ami, Benoît, si j’ai bien compris. Je te souhaite beaucoup de bonheur avec lui. Pour Justin, ce sera lui qui devra trouver son âme sœur. Il ne reste plus qu’à informer son père de son orientation sexuelle.
Moi : Justin, il faudra le faire, il faut que tu aies confiance en toi et normalement tout devrait bien se passer. Je suis sûr que ton père t’aime et qu’il comprendra.
Jus : Merci Phil, tu es super gentil pour moi. Encore désolé de t’impliquer dans mes histoires. »
Finalement Justin était parti avec sa maman. Il m’avait assuré qu’il me tiendrait au courant de son coming-out avec son papa. Je voyais que Justin était déjà un peu mieux en partant que quand je l’avais vu à son arrivée à la maison.
Puis c’était papa qui rentrait de son travail. Je ne sais pas mais lui aussi avait un don pour deviner qu’il y avait eu quelque chose de spécial durant cette fin d’après-midi ! Maman lui avait expliqué la venue de Justin et de sa maman. Papa avait été un peu circonspect d’entendre ce qui s’était dit. Papa était alors monté à l’étage pour venir me voir dans ma chambre. Une fois entré, il m’avait seulement déposé au baiser sur le front. Je savais qu’il avait su et compris ce que j’avais fait pour aider Justin !
Nous étions ensuite allés prendre le repas que maman et Anne avaient préparé.
Nous arrivions à la fin du second trimestre et les vacances de Pâques se profilaient à l’horizon. Nous avions terminé les contrôles et les examens. Il restait trois jours avant les congés.
Nous étions le mardi après-midi et nous avions cours de gym. Dans le vestiaire nous nous mettions en tenue de gym. Il ne restait que quelques élèves occupés à s’habiller en tenue de gym. D’un coup, je n’avais pas senti monter la tension, Emmanuel s’était rué en direction de Justin en le traitant de sale « pédé ». Il lui reprochait de le regarder se changer. Je me suis levé en même temps que Romain et Thibaut et nous avions attrapé Emmanuel avant qu’il ne frappe Justin. Le prof de Gym ayant entendu du remue-ménage dans les vestiaires s’était rué vers ceux-ci. Il se demandait ce qui se passait. Emmanuel avait commencé à crier sur Justin et ensuite sur moi en disant que nous étions des « pédés ». J’avais tout de suite quitté le vestiaire et j’avais été trouvé monsieur Martin qui était dans la salle des profs. Je lui avais expliqué ce qui s’était passé dans les vestiaires. Ni une ni deux, monsieur Martin s’était rendu aux vestiaires. Il avait alors empoigné Emmanuel en lui disant qu’il allait de ce pas chez le directeur. Le prof de gym ne savait pas ce qui s’était dit et il avait demandé le calme. Romain fulminait, il était en rage à la suite des propos d’Emmanuel. Puis d’un coup Romain était monté sur un banc en criant :
Rom : « Vous avez entendu le directeur à l’issue des classes de neige et aussi monsieur Martin, Emmanuel n’avait pas à traiter Justin et Phil de « pédé ». Le premier qui en reparle c’est à moi qu’il aura à faire !
Thib : C’est la même chose pour moi, je ne veux rien entendre sur ce qui s’est passé ici. On ne traite pas des copains de classe de « pédé ». Je suis écœuré de l’attitude d’Emmanuel. Et quand bien même nos deux amis seraient gays, cela ne regarde personne, je dis bien, personne !
Rom : Merci Thibaut, je vous signale que je n’aime pas les homophobes, s’il y en a parmi vous, vous savez à quoi vous en tenir, et je ne suis pas pédé, mais je respecte les homos !
Prof : Bon, du calme. Les propos d’Emmanuel étaient déplacés. Je remercie Romain et Thibaut de leur intervention. Je ne veux pas de ce genre de propos lors de mon cours de gym. Si un jour j’entends ce genre de chose, c’est l’exclusion. Monsieur Martin a très bien fait d’intervenir.
Lors de ces prises de parole, j’étais auprès de Justin. Il pleurait, il ne savait plus se reprendre. Moi de mon côté, je fulminais, j’étais catalogué de « pédé ». J’avais la rage, des larmes commençaient à couler sur mes joues. J’étais une nouvelle fois attaqué et je n’avais rien fait, je ne m’étais pas exhibé, je me tenais tranquille. Les autres élèves ne disaient rien, mais je savais qu’ils commençaient à se poser des questions ! Maintenant les garçons de la classe savaient, ils savaient que Justin et moi étions gays ! Merde, merde, merde !
Prof : Justin et Phil, je suis désolé, j’aurai dû être là et surveiller. Vous autres, les autres élèves, je ne sais pas si cela vous ferait plaisir d’être traité comme vos deux camarades l’ont été, je suppose que non, alors je vous encourage à vous respecter les uns les autres. De plus je sais que Justin et Phil sont des élèves sans reproche et très convenables.
Rom : Comme je vous l’ai dit, nos deux amis n’ont pas à être traité de cette façon. Et puis se sont mes amis, alors je les défends. Vous devriez tous faire de même.
Moi : Merci Romain, mais je …
Je n’avais pas pu continuer ma phrase. J’étais anéanti. Mais pourquoi. Je ne m’affichais jamais, je restais tranquille. Mais pourquoi, pourquoi ! Justin était très mal, il pleurait toujours et je m’étais rendu compte qu’il s’était pissé dessus. Ça m’a mis en rage. J’ai commencé à gueuler dans le vestiaire, je criais que j’en avais assez de me faire insulter et que si j’étais homo cela ne regardait personne que moi, que j’en avais assez de souffrir, que j’étais un garçon comme les autres que je n’avais jamais rien fait de particulier à l’école pour ne choquer personne, etc. Puis j’avais ajouté que ce n’était pas la peine de faire la même chose avec Justin et qu’on le laisse tranquille lui aussi.
Une fois que j’avais eu fini de crier et que je m’étais calmé, je voyais Romain qui lui aussi était en rage. Les élèves eux étaient restés sans voix.
Prof : Bon, vous vous rhabillez, le cours est annulé. Je ne veux rien entendre, pas un mot ! »
Le prof s’était approché de moi et de Justin. Il avait remarqué l’accident de Justin. Il m’avait alors demandé de m’occuper de lui quand les autres élèves auraient quitté les lieux. Je m’étais donc occupé de mon copain de classe. Je l’avais consolé et je l’avais aidé pour se changer. Maintenant tout était dit, j’étais le « pédé » de l’école et Justin aussi !
Monsieur Martin était revenu dans le vestiaire. Il nous avait vu tous les deux assis hagards sur le banc du vestiaire. Il a fait tout ce qu’il pouvait pour nous remonter le moral. Dans la salle de gym on entendait maintenant les filles de la classe faire gym. Comme la porte était ouverte Marie et Isabelle avaient vu que j’étais prostré, assis sur le banc à côté de Justin, qui lui était aussi dans le même état que moi. Ce n’est qu’à la fin des cours que Marie et Isabelle s’étaient approchées de nous ainsi que de monsieur Martin. Marie avait compris ce qui s’était passé. J’avais vu son visage changer, elle aurait égorgé l’imbécile qui nous avait mis dans cet état.
Nous étions sortis, Marie, Isabelle, Romain, Thibaut, Justin et moi, ensemble de l’école. Justin avait rejoint sa maman qui l’attendait devant l’école. Marie et Romain m’avaient accompagné jusqu’à la maison.
En rentrant, j’avais trouvé la maison vide, il n’y avait personne. J’avais fait entrer mes deux amis. A la cuisine, je leur avais donné un verre de limonade. Nous parlions de ce qui s’était passé. Ils voyaient bien que je n’étais plus dans mon assiette, que j’étais mal, que j’avais la rage. J’avais les larmes aux yeux. Je ne savais plus quoi faire, j’avais dit comme ça tout haut : « Je n’ai plus qu’à me pendre ! » Marie a commencé à pleurer à la suite de mes paroles. J’étais à bout, je ne savais plus quoi, j’étais perdu, une nouvelle fois j’étais au bord du gouffre, mais pourquoi, pourquoi tant de haine !
Maman venait juste de rentrer, elle nous avait vu tous les trois dans la cuisine et de suite elle avait compris qu’il s’était une nouvelle fois passé quelque chose me concernant. Marie pleurait toujours, Romain ne savait plus quoi dire, il ne m’avait jamais vu dans un tel état. C’est lui qui avait raconté à maman ce qui s’était passé, j’en étais incapable, je n’aurais pas su prononcer un mot ! Maman était elle aussi toute retournée par ce qu’elle venait d’apprendre. Puis Marie lui a répété ce que j’avais dit, qu’il ne restait plus qu’à me pendre ! Maman a été estomaquée d’entendre ça. Elle ne savait elle non plus quoi dire. Elle était sortie de la cuisine et avait appelé papa par téléphone pour qu’il rentre d’urgence.
Papa était revenu en moins de vingt minutes. Il m’avait trouvé prostré dans un fauteuil du salon et mes deux amis assis dans le divan, l’air hagard. Maman avait repris un peu du poil de la bête. Elle avait raconté à papa ce qu’il s’était passé à l’école. Papa fulminait lui aussi. Il était en rage de voir ce que des ados du même âge pouvaient se faire comme méchancetés. Papa avait alors décidé d’appeler le médecin de famille en vue de m’ausculter et de me donner de calmants.
Marie et Romain allaient repartir au moment où Anne et Jean revenait du hall omnisports Ils se demandèrent ce qui s’était passé. Rien qu’en voyant mon état ils avaient immédiatement compris qu’on s’en était une nouvelle fois pris à moi. Ils étaient inquiets pour moi, ainsi que Marie et Romain.
Le médecin était passé un peu avant sept heures du soir. Il m’avait donné un clamant puissant pour que je récupère et que je dorme. Il était hors de question de m’envoyer à l’école les trois derniers jours de la semaine avant les vacances de Pâques, il avait rédigé un certificat médical dans ce sens.
J’étais allé me coucher dans ma chambre, j’étais déjà à moitié dans les vapes.
J’avais ouvert les yeux vers neuf heures. Maman était là, elle s’était assise sur la chaise de mon bureau et elle attendait que je me réveille. Maman n’était pas partie travailler, elle était restée à la maison pour moi. Je voyais dans son regard qu’elle était inquiète, inquiète pour moi. Je m’étais levé et j’étais allé me blottir dans ses bras.
Nous avions passé la matinée à discuter de ce qui s’était passé et entre autres des paroles que j’avais eues lorsque Marie et Romain étaient là. J’avais beau dire que j’avais sorti ces mots comme ça sur l’effet de la colère, mais j’avais très bien compris que maman avait peur que je fasse ce que j’avais dit ! Elle m’avait alors dit que j’avais rendez-vous chez la psychologue l’après-midi même.
La visite chez la psy s’était bien passée. J’avais pu exprimer ce que je ressentais, ce que j’avais vécu et mes désirs. Je lui avais confirmé que je n’avais parlé de suicide que sur un coup de tête, dans l’énervement. Elle m’avait alors dit que parfois cela avait une importance et qu’il fallait donc y faire attention. Ça m’avait fait réfléchir au sens de la vie, à Benoît que j’aimais, à mes parents, ma famille, etc. J’étais un peu perdu et surtout peiné de faire peur à ceux que j’aime et qui m’aiment. Il avait été convenu que je sois entouré dans les jours à venir de personnes qui pourraient m’apporter leur présence, leur amour et de la stabilité.
En revenant de chez la psy, je m’étais rendu dans ma chambre pour mettre un disque. Alors que j’étais occupé à écouter de la musique, j’avais entendu frapper à ma porte. C’était Jean, il me disait qu’il y avait un copain de classe qui était arrivé avec sa maman et qu’ils voulaient me parler. J’étais descendu et j’avais vu qu’ils avaient été installés dans le salon par maman. Tout de suite j’avais reconnu la silhouette de Justin. Je me demandais ce qu’il était venu faire à la maison. J’avais dit bonjour à sa maman que je voyais de temps en temps lorsqu’elle attendait Justin à la sortie de l’école. Justin avait la mine grave, je lui avais serré la main pour lui dire bonjour. Puis je me suis assis à côté de maman. Anne et Jean étaient montés dans leur chambre pour nous laisser tranquille.
Mam : « Voilà Phil, Justin et sa maman sont là pour te dire quelque chose.
Moi : Oui, je pense savoir quoi, c’est à propos de l’incident dans les vestiaires lors du cours de gym ! C’est ça !
Jus : Oui Phil, c’est ça. Heu…je ne sais…
Je voyais Justin se décomposer, se liquéfier ! J’avais remarqué que des larmes étaient prêtes à s’écouler sur ses joues. Sa maman lui tenait une main pour l’encourager. Puis j’avais vu qu’il tentait de se reprendre et d’un coup il avait dit :
Jus : Je suis venu pour te remercier de m’avoir soutenu hier !
Moi : Tu sais Justin, je l’aurai fait pour tout autre élève qui se serait trouvé dans la même situation. Et tu sais que j’ai dû prendre sur moi pour réagir !
Jus : Oui Phil, je m’en doute. Puis il faut que je te dise, ce que je t’avais dit en classe de neige et que j’avais confirmé à la reprise des cours et bien j’en ai parlé à maman !
Moi : Tu sais Justin, j’aurai gardé ton secret coute que coute, j’espère que tu le sais !
Jus : Oui Phil et toi aussi tu t’es exposé en intervenant. Tu m’as défendu face à Emmanuel, car je suis certain qu’il m’aurait frappé !
Ma. Jus : Oui Phil, Justin m’a expliqué qu’il avait confiance en toi et qu’il devait m’avouer quelque chose, c’est qu’il était gay. Je ne le savais pas mais j’avais des doutes. Alors pour ce que tu as fait pour mon fils Justin, je t’en remercie. Tu t’es occupé de lui, tu l’a réconforté et consolé et en plus tu as su aller trouver monsieur Martin en vue de mettre un terme à l’agression. J’ai vu monsieur Martin ce matin et il ne tari pas d’éloge à ton encontre !
Mam : Phil je sais que tu as le cœur sous la main, ce que tu as fait est ce qu’on attend d’un jeune comme toi, c’est de ne pas laisser un copain de classe dans une mauvaise posture !
Moi : Mais maman, je ne pouvais pas faire autrement. Tu sais Justin, l’incident dans la chambre durant le séjour en classe de neige, je ne t’en veux pas du tout. Ce n’est pas facile d’intervenir face à un homophobe. Moi ce n’est pas la première fois, que du contraire.
Ma. Jus : Oui Phil, je suis au courant, Justin m’en a touché un mot également. C’est pour cela que nous sommes ici pour te remercier. Tu es un jeune qui a su prendre ses responsabilités et de plus qui n’est pas rancunier. Merci à toi Phil pour ce que tu as fait !
Moi : Merci pour ce que vous venez de dire madame. Justin, tu es un copain de classe et je ne te connaissais pas beaucoup, mais maintenant, je puis te l’assurer, tu peux être mon ami, et moi un ami de classe sur qui tu pourras compter.
Jus : Merci Phil, merci !
Des larmes coulaient sur les joues de Justin. Moi aussi j’étais prêt à verser des larmes, mais il fallait que je me contienne. La maman de mon nouvel ami l’avait pris dans ses bras. Puis après deux à trois minutes, Justin avait repris le dessus.
Ma. Jus : Tu sais Phil, Justin m’as aussi dit que tu avais un petit ami, Benoît, si j’ai bien compris. Je te souhaite beaucoup de bonheur avec lui. Pour Justin, ce sera lui qui devra trouver son âme sœur. Il ne reste plus qu’à informer son père de son orientation sexuelle.
Moi : Justin, il faudra le faire, il faut que tu aies confiance en toi et normalement tout devrait bien se passer. Je suis sûr que ton père t’aime et qu’il comprendra.
Jus : Merci Phil, tu es super gentil pour moi. Encore désolé de t’impliquer dans mes histoires. »
Finalement Justin était parti avec sa maman. Il m’avait assuré qu’il me tiendrait au courant de son coming-out avec son papa. Je voyais que Justin était déjà un peu mieux en partant que quand je l’avais vu à son arrivée à la maison.
Puis c’était papa qui rentrait de son travail. Je ne sais pas mais lui aussi avait un don pour deviner qu’il y avait eu quelque chose de spécial durant cette fin d’après-midi ! Maman lui avait expliqué la venue de Justin et de sa maman. Papa avait été un peu circonspect d’entendre ce qui s’était dit. Papa était alors monté à l’étage pour venir me voir dans ma chambre. Une fois entré, il m’avait seulement déposé au baiser sur le front. Je savais qu’il avait su et compris ce que j’avais fait pour aider Justin !
Nous étions ensuite allés prendre le repas que maman et Anne avaient préparé.