17-03-2021, 09:56 AM
Chapitre 22.
Début du deuil.
Je reprends Julien à bras le corps et le dépose sur sa chaise après l’avoir essuyé. Je fais appel à papa pour qu’il vienne m’aider à tenir Julien le temps que je l’aide à enfiler un large short. En effet il est demandeur de ce morceau de tissu pour ne pas se retrouver en liquette à l’hôpital lors de cette visite médicale prévue. Il enfile aussi un large tee-shirt de mon père. Mon chéri est prêt pour cette journée. Papa le conduit à table pour le petit-déjeuner. Pendant ce temps-là je monte dans ma chambre pour moi aussi m’apprêter.
Durant le repas on sent que Julien est anxieux. Nous savons tous que ce n’est pas évident pour lui. Delphine et Stéphanie lui remontent le moral ainsi que maman qui est placée à ses côtés. Finalement Julien sourit déjà un peu. Il se détend et nous parle enfin.
Après ce bon repas nous nous occupons de préparer tout ce dont nous avons besoin. Nous attendons alors le véhicule de transport pour aller à l’hôpital. Nous ne savons pas si c’est une ambulance ou un véhicule équipé pour le transport des personnes à mobilité réduite.
Voilà enfin qu’un véhicule se stationne devant la haie de la maison, au bord du trottoir. Papa va voir si c’est bien le véhicule attendu. Effectivement c’est un véhicule avec rampe d’accès télescopique qui est venu pour prendre Julien en charge. Il faut dire que papa avait insisté lors de la réservation pour avoir un véhicule pratique car c’est avec ce même moyen de locomotion que nous irons au cimetière. De toute manière les frais sont pris en charge par les assurances.
Un infirmier est présent et s’occupe de vérifier que Julien est en état de voyager. Cela s’est déroulé en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Juju est apte à voyager. Je me demande si je peux prendre place dans le véhicule. Je m’avance et je prends les poignées de la chaise roulante de mon chéri et je le pousse vers la sortie de l’allée de garage en direction de son « taxi ». J’en profite donc pour demander à l’infirmer si je peux accompagner Julien. La réponse a été franche et directe, c’est « oui ». Je vois que le regard de mon amour s’éclaircit comme par magie. L’infirmier voyant que tout se passe bien me propose même de rester à côté de Julien sur le strapontin de la partie arrière du véhicule. Moi aussi j’affiche un large sourire. Le reste de la famille prend donc la voiture de papa.
Au moment de démarrer, je fais un signe à maman pour lui rappeler d’aller chercher les fleurs pour déposer sur la tombe des parents de Stéphanie et de Julien. Maman a compris et affiche elle aussi un très large sourire.
Le trajet s’effectue en un petit quart d’heure. Nous sommes arrivés à bon port. Le chauffeur sait très bien par quelle entrée nous accédons aux services de traumatologie et de radiologie. C’est d’ailleurs l’infirmier qui nous pilote dans le dédale des couloirs. Nous arrivons près du bureau du médecin qui est chargé d’examiner Julien. Mon chéri est directement reçu. C’est maman qui l’accompagne, elle est également porteuse du dossier médical émanant de l’hôpital de Charleroi.
Quelques minutes plus tard, c’est la direction du service de radiologie que nous prenons, enfin nous, c’est Julien, maman et moi avec l’infirmier bien entendu ; les autres vont s’asseoir dans la salle d’attente près des consultations. Julien entre dans la salle de radiologie avec l’infirmier tandis que maman et moi patientons dans le couloir sur un banc. Une bonne dizaine de minutes plus tard Julien sort de la salle avec l’infirmier. Les radiographies seront apportées au médecin dans la demi-heure. Nous nous retrouvons tous dans la salle d’attente.
Une heure s’est écoulée depuis que Julien a eu quitté la salle de radiologie. Il demande de pouvoir aller aux toilettes. L’infirmier nous indique celles-ci. Je m’occupe de mon Juju. Heureusement nous disposons d’une toilette très large destinées aux personnes à mobilité réduite. Il y a même des bras articulés pour prendre appui et se déplacer d’une chaise roulante en direction du siège de la toilette. L’infirmier me demande de sortir mais Julien dit que je peux rester. Julien explique alors que c’est moi qui m’occupe journellement de lui. Ayant terminé, Julien est replacé sur son siège à roulettes. L’infirmier est très étonné de voir comme je me débrouille bien. Nous rejoignons le reste de la famille.
Julien est enfin reçu par le médecin qui a les radiographies devant lui. Julien est avec maman et je suis aussi convié à assister à l’entretien à la demande de Julien. Le médecin est content des radios. La plâtre du bras peut être ôté aujourd’hui. En ce qui concerne la jambe gauche, la fracture est presque résorbée, ce qui n’est pas le cas de la jambe droite. La recalcification est plus lente. Il faut dire que ce membre a été a été écrasé au niveau de la porte arrière de la voiture en fonction de la déformation du châssis résultant du choc.
Pour la jambe gauche c’est une affaire d’une dizaine de jours. Pour l’autre, une nouvelle radiographie sera faite dans dix jours. Se sont à la fois une bonne nouvelle et une moins bonne nouvelle qui sont données par ce médecin. Le docteur réconforte Julien en lui disant qu’il est sur la bonne voie pour une guérison très proche. Il y aura bien entendu toute la rééducation qui suivra, d’une part pour le bras, mais ensuite pour les jambes en vue de retrouver une mobilité et une stabilité en position debout
Julien est conduit près de la salle des plâtres pour qu’on lui ôter celui du bras. C’est l’affaire de cinq minutes. Mon Juju ressort avec le sourire, il est déjà plus à l’aise. Maman s’approche de lui et lui donne un bisou sur le front puis elle lui donne un paquet. Julien l’ouvre et découvre une chemise à manches courtes comme celle qu’il avait vue dans le magazine de mode de maman. On voit des larmes qui perlent aux yeux de mon amour. Il ôte le tee-shirt bien trop large et enfile la chemise avec l’aide de maman. Julien parvient à dire tout bas : « Merci Fanny » ! Je suis moi aussi touché par le geste de maman. C’est vraiment une maman poule, une seconde maman pour Julien et sa sœur. C’est alors Stéphanie qui vient faire un câlin à maman en remerciement de ce beau geste.
Nous retrouvons notre chauffeur et son véhicule de transport à l’endroit prévu. L’infirmier décide de poursuivre cette matinée en notre compagnie. De toute façon c’était prévu dans la prestation demandée par papa. Nous montons donc Julien, l’infirmier et moi dans le véhicule. Le reste de la famille est bien sûr dans la voiture familiale. Direction le cimetière d’Uccle.
C’est la voiture de papa qui prend la tête pour ce trajet. Je suis à côté de Julien. Il sait que dans moins de dix minutes nous serons arrivés. Je vois que son regard s’est assombri. Je me penche vers lui et je lui dépose un bisou sur la joue et je prends sa main droite dans la mienne. Il tourne la tête vers moi. Je vois dans ses yeux qu’il me remercie. Il a l’air de se calmer. Il a chaud à la main, elle est toute moite. Je ne peux m’empêcher de repenser à cette journée où nous avons appris cette terrible nouvelle. Je sens que mes yeux vont laisser s’écouler des larmes. Au prix d’un effort je parviens à me contrôler. Il ne faut pas que je craque, c’est pour mon Julien que je dois être fort.
L’infirmier n’a rien perdu de la scène qui vient de se passer. Il sait que nous allons sur la tombe des parents de Julien et que c’est la première fois pour son jeune patient en chaise roulante. Il nous regarde et sourit en vue de nous donner toute la force pour ce qui va suivre.
La voiture de papa s’arrête à l’entrée. Il discute avec un employé du cimetière et seul le véhicule de transport aménagé peut entrer. Nous suivons donc la famille qui se dirige vers la sépulture. Heureusement qu’elle n’est pas trop loin de l’entrée. Nous voilà arrivés, Julien est descendu de l’arrière via la rampe télescopique. Je me place à côté de la chaise et c’est Stéphanie qui pousse son frère. Personne ne parle. Delphine nous rejoint avec deux gros bouquets de fleurs. Julien est placé devant la tombe de ses parents. La croix en bois porte les deux plaquettes indiquant les noms et prénoms des défunts.
D’un coup Julien éclate en sanglots, je lui prends la main, Stéphanie se place de l’autre côté et le tient aussi par la main. Des larmes, un flot de larmes coulent sur les joues de mon Julien. Puis il crie « Maman, Papa ». Je ne sais plus tenir, je me laisse aller, je pleure moi aussi à chaudes larmes. Je remarque que c’est la même chose pour Stéphanie et Delphine. Julien reste là, prostré. Il pleure et pleure encore. Ce n’est que cinq bonnes minutes plus tard qu’il se calme un peu. Je me penche vers lui, je lui essuie les larmes qui sont sur ses joues et je lui donne un bisou sur le front. Il me regarde et me dit à l’oreille : « Merci Phil » ! Tout juste ces deux mots, rien de plus. Il ne pleure plus. Il regarde autour de lui. Je fais signe à Delphine de m’apporter un des deux bouquets de fleurs. Je le montre à Julien et je lui demande :
Moi : « Juju, tu veux le déposer, on t’aidera ?
Jul : Oui je veux bien.
Moi : Tu es sûr de toi Juju ?
Jul : Oui Phil, je dois le faire ! »
Je fais signe à l’infirmier et avec l’aide de papa nous portons Julien de façon qu’il puisse déposer les fleurs sur la tombe, sur la terre. Il est évident que la pierre tombale doit être posée mais il faut attendre un certain temps. Julien dépose doucement le bouquet. Nous le remettons dans son fauteuil roulant. C’est ensuite Stéphanie et Delphine qui déposent ensemble le second bouquet.
Nous restons alors silencieux devant la sépulture. Julien est déjà un peu plus apaisé. Après quelques minutes Julien nous dit :
Jul « Puis-je vous demander de dire le Notre Père avec moi ?
Moi : Mais oui, bien sûr Julien.
Nous nous donnons alors la main en faisant un demi-cercle et nous récitons cette prière. Ensuite nous faisons le signe de croix.
Jul : Merci de m’avoir accompagné ici.
Mam : Tu sais Julien c’est tout à fait normal. Nous sommes avec toi et ta sœur.
Jul : Merci pour tout ce que vous faites pour Stéphanie et moi. Oui merci.
Del : Tu sais que vous pouvez compter sur la famille.
Jul : Oui, je le sais et je le sens !
Un moment de silence et puis Julien ajoute :
Jul : Phil, veux-tu venir près de moi s’il te plaît !
Moi : Oui Juju.
Jul : Embrasse-moi !
Je me penche vers le visage de Julien. Nos lèvres se rencontrent, elles fusionnent et nos langues passent le chemin de nos barrières d’émail. Nous nous embrassons allégrement durant une bonne minute. Puis nos bouches se séparent.
Jul : Merci Phil. Je voulais montrer à mes parents combien nous nous aimons !
Moi : Je suis certain qu’ils le savent très bien que nous nous aimons. Ils veillent sur nous de là-haut !
Jul : Merci Phil. Viens, on peut rentrer maintenant.
En chemin Julien fait signe à mes parents de venir près de lui. C’est papa qui prend les commandes de la chaise. Puis Julien leur dit :
Jul : Merci Fanny, merci Alain pour tout ce que vous avez déjà fait pour moi.
Mam : Mais tu n’as pas à nous remercier. Tu es comme mon troisième fils et je t’aime Julien.
Jul : Moi aussi je vous aime tous. Puis avec Phil c’est autre chose !
Man : Oh oui, et je vous souhaite d’être heureux tous les deux.
Jul : Merci ! »
Nous arrivons aux véhicules. Nous prenons alors la route en direction de la maison. Je suis à nouveau avec Julien et l’infirmier dans la partie arrière du véhicule. Nous gardons le silence. Je vois que Julien est songeur mais apaisé. Il regarde à l’extérieur et parfois de mon côté. Nos regards se croisent et s’accrochent quelques secondes. Puis nos yeux regardent ailleurs.
Début du deuil.
Je reprends Julien à bras le corps et le dépose sur sa chaise après l’avoir essuyé. Je fais appel à papa pour qu’il vienne m’aider à tenir Julien le temps que je l’aide à enfiler un large short. En effet il est demandeur de ce morceau de tissu pour ne pas se retrouver en liquette à l’hôpital lors de cette visite médicale prévue. Il enfile aussi un large tee-shirt de mon père. Mon chéri est prêt pour cette journée. Papa le conduit à table pour le petit-déjeuner. Pendant ce temps-là je monte dans ma chambre pour moi aussi m’apprêter.
Durant le repas on sent que Julien est anxieux. Nous savons tous que ce n’est pas évident pour lui. Delphine et Stéphanie lui remontent le moral ainsi que maman qui est placée à ses côtés. Finalement Julien sourit déjà un peu. Il se détend et nous parle enfin.
Après ce bon repas nous nous occupons de préparer tout ce dont nous avons besoin. Nous attendons alors le véhicule de transport pour aller à l’hôpital. Nous ne savons pas si c’est une ambulance ou un véhicule équipé pour le transport des personnes à mobilité réduite.
Voilà enfin qu’un véhicule se stationne devant la haie de la maison, au bord du trottoir. Papa va voir si c’est bien le véhicule attendu. Effectivement c’est un véhicule avec rampe d’accès télescopique qui est venu pour prendre Julien en charge. Il faut dire que papa avait insisté lors de la réservation pour avoir un véhicule pratique car c’est avec ce même moyen de locomotion que nous irons au cimetière. De toute manière les frais sont pris en charge par les assurances.
Un infirmier est présent et s’occupe de vérifier que Julien est en état de voyager. Cela s’est déroulé en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Juju est apte à voyager. Je me demande si je peux prendre place dans le véhicule. Je m’avance et je prends les poignées de la chaise roulante de mon chéri et je le pousse vers la sortie de l’allée de garage en direction de son « taxi ». J’en profite donc pour demander à l’infirmer si je peux accompagner Julien. La réponse a été franche et directe, c’est « oui ». Je vois que le regard de mon amour s’éclaircit comme par magie. L’infirmier voyant que tout se passe bien me propose même de rester à côté de Julien sur le strapontin de la partie arrière du véhicule. Moi aussi j’affiche un large sourire. Le reste de la famille prend donc la voiture de papa.
Au moment de démarrer, je fais un signe à maman pour lui rappeler d’aller chercher les fleurs pour déposer sur la tombe des parents de Stéphanie et de Julien. Maman a compris et affiche elle aussi un très large sourire.
Le trajet s’effectue en un petit quart d’heure. Nous sommes arrivés à bon port. Le chauffeur sait très bien par quelle entrée nous accédons aux services de traumatologie et de radiologie. C’est d’ailleurs l’infirmier qui nous pilote dans le dédale des couloirs. Nous arrivons près du bureau du médecin qui est chargé d’examiner Julien. Mon chéri est directement reçu. C’est maman qui l’accompagne, elle est également porteuse du dossier médical émanant de l’hôpital de Charleroi.
Quelques minutes plus tard, c’est la direction du service de radiologie que nous prenons, enfin nous, c’est Julien, maman et moi avec l’infirmier bien entendu ; les autres vont s’asseoir dans la salle d’attente près des consultations. Julien entre dans la salle de radiologie avec l’infirmier tandis que maman et moi patientons dans le couloir sur un banc. Une bonne dizaine de minutes plus tard Julien sort de la salle avec l’infirmier. Les radiographies seront apportées au médecin dans la demi-heure. Nous nous retrouvons tous dans la salle d’attente.
Une heure s’est écoulée depuis que Julien a eu quitté la salle de radiologie. Il demande de pouvoir aller aux toilettes. L’infirmier nous indique celles-ci. Je m’occupe de mon Juju. Heureusement nous disposons d’une toilette très large destinées aux personnes à mobilité réduite. Il y a même des bras articulés pour prendre appui et se déplacer d’une chaise roulante en direction du siège de la toilette. L’infirmier me demande de sortir mais Julien dit que je peux rester. Julien explique alors que c’est moi qui m’occupe journellement de lui. Ayant terminé, Julien est replacé sur son siège à roulettes. L’infirmier est très étonné de voir comme je me débrouille bien. Nous rejoignons le reste de la famille.
Julien est enfin reçu par le médecin qui a les radiographies devant lui. Julien est avec maman et je suis aussi convié à assister à l’entretien à la demande de Julien. Le médecin est content des radios. La plâtre du bras peut être ôté aujourd’hui. En ce qui concerne la jambe gauche, la fracture est presque résorbée, ce qui n’est pas le cas de la jambe droite. La recalcification est plus lente. Il faut dire que ce membre a été a été écrasé au niveau de la porte arrière de la voiture en fonction de la déformation du châssis résultant du choc.
Pour la jambe gauche c’est une affaire d’une dizaine de jours. Pour l’autre, une nouvelle radiographie sera faite dans dix jours. Se sont à la fois une bonne nouvelle et une moins bonne nouvelle qui sont données par ce médecin. Le docteur réconforte Julien en lui disant qu’il est sur la bonne voie pour une guérison très proche. Il y aura bien entendu toute la rééducation qui suivra, d’une part pour le bras, mais ensuite pour les jambes en vue de retrouver une mobilité et une stabilité en position debout
Julien est conduit près de la salle des plâtres pour qu’on lui ôter celui du bras. C’est l’affaire de cinq minutes. Mon Juju ressort avec le sourire, il est déjà plus à l’aise. Maman s’approche de lui et lui donne un bisou sur le front puis elle lui donne un paquet. Julien l’ouvre et découvre une chemise à manches courtes comme celle qu’il avait vue dans le magazine de mode de maman. On voit des larmes qui perlent aux yeux de mon amour. Il ôte le tee-shirt bien trop large et enfile la chemise avec l’aide de maman. Julien parvient à dire tout bas : « Merci Fanny » ! Je suis moi aussi touché par le geste de maman. C’est vraiment une maman poule, une seconde maman pour Julien et sa sœur. C’est alors Stéphanie qui vient faire un câlin à maman en remerciement de ce beau geste.
Nous retrouvons notre chauffeur et son véhicule de transport à l’endroit prévu. L’infirmier décide de poursuivre cette matinée en notre compagnie. De toute façon c’était prévu dans la prestation demandée par papa. Nous montons donc Julien, l’infirmier et moi dans le véhicule. Le reste de la famille est bien sûr dans la voiture familiale. Direction le cimetière d’Uccle.
C’est la voiture de papa qui prend la tête pour ce trajet. Je suis à côté de Julien. Il sait que dans moins de dix minutes nous serons arrivés. Je vois que son regard s’est assombri. Je me penche vers lui et je lui dépose un bisou sur la joue et je prends sa main droite dans la mienne. Il tourne la tête vers moi. Je vois dans ses yeux qu’il me remercie. Il a l’air de se calmer. Il a chaud à la main, elle est toute moite. Je ne peux m’empêcher de repenser à cette journée où nous avons appris cette terrible nouvelle. Je sens que mes yeux vont laisser s’écouler des larmes. Au prix d’un effort je parviens à me contrôler. Il ne faut pas que je craque, c’est pour mon Julien que je dois être fort.
L’infirmier n’a rien perdu de la scène qui vient de se passer. Il sait que nous allons sur la tombe des parents de Julien et que c’est la première fois pour son jeune patient en chaise roulante. Il nous regarde et sourit en vue de nous donner toute la force pour ce qui va suivre.
La voiture de papa s’arrête à l’entrée. Il discute avec un employé du cimetière et seul le véhicule de transport aménagé peut entrer. Nous suivons donc la famille qui se dirige vers la sépulture. Heureusement qu’elle n’est pas trop loin de l’entrée. Nous voilà arrivés, Julien est descendu de l’arrière via la rampe télescopique. Je me place à côté de la chaise et c’est Stéphanie qui pousse son frère. Personne ne parle. Delphine nous rejoint avec deux gros bouquets de fleurs. Julien est placé devant la tombe de ses parents. La croix en bois porte les deux plaquettes indiquant les noms et prénoms des défunts.
D’un coup Julien éclate en sanglots, je lui prends la main, Stéphanie se place de l’autre côté et le tient aussi par la main. Des larmes, un flot de larmes coulent sur les joues de mon Julien. Puis il crie « Maman, Papa ». Je ne sais plus tenir, je me laisse aller, je pleure moi aussi à chaudes larmes. Je remarque que c’est la même chose pour Stéphanie et Delphine. Julien reste là, prostré. Il pleure et pleure encore. Ce n’est que cinq bonnes minutes plus tard qu’il se calme un peu. Je me penche vers lui, je lui essuie les larmes qui sont sur ses joues et je lui donne un bisou sur le front. Il me regarde et me dit à l’oreille : « Merci Phil » ! Tout juste ces deux mots, rien de plus. Il ne pleure plus. Il regarde autour de lui. Je fais signe à Delphine de m’apporter un des deux bouquets de fleurs. Je le montre à Julien et je lui demande :
Moi : « Juju, tu veux le déposer, on t’aidera ?
Jul : Oui je veux bien.
Moi : Tu es sûr de toi Juju ?
Jul : Oui Phil, je dois le faire ! »
Je fais signe à l’infirmier et avec l’aide de papa nous portons Julien de façon qu’il puisse déposer les fleurs sur la tombe, sur la terre. Il est évident que la pierre tombale doit être posée mais il faut attendre un certain temps. Julien dépose doucement le bouquet. Nous le remettons dans son fauteuil roulant. C’est ensuite Stéphanie et Delphine qui déposent ensemble le second bouquet.
Nous restons alors silencieux devant la sépulture. Julien est déjà un peu plus apaisé. Après quelques minutes Julien nous dit :
Jul « Puis-je vous demander de dire le Notre Père avec moi ?
Moi : Mais oui, bien sûr Julien.
Nous nous donnons alors la main en faisant un demi-cercle et nous récitons cette prière. Ensuite nous faisons le signe de croix.
Jul : Merci de m’avoir accompagné ici.
Mam : Tu sais Julien c’est tout à fait normal. Nous sommes avec toi et ta sœur.
Jul : Merci pour tout ce que vous faites pour Stéphanie et moi. Oui merci.
Del : Tu sais que vous pouvez compter sur la famille.
Jul : Oui, je le sais et je le sens !
Un moment de silence et puis Julien ajoute :
Jul : Phil, veux-tu venir près de moi s’il te plaît !
Moi : Oui Juju.
Jul : Embrasse-moi !
Je me penche vers le visage de Julien. Nos lèvres se rencontrent, elles fusionnent et nos langues passent le chemin de nos barrières d’émail. Nous nous embrassons allégrement durant une bonne minute. Puis nos bouches se séparent.
Jul : Merci Phil. Je voulais montrer à mes parents combien nous nous aimons !
Moi : Je suis certain qu’ils le savent très bien que nous nous aimons. Ils veillent sur nous de là-haut !
Jul : Merci Phil. Viens, on peut rentrer maintenant.
En chemin Julien fait signe à mes parents de venir près de lui. C’est papa qui prend les commandes de la chaise. Puis Julien leur dit :
Jul : Merci Fanny, merci Alain pour tout ce que vous avez déjà fait pour moi.
Mam : Mais tu n’as pas à nous remercier. Tu es comme mon troisième fils et je t’aime Julien.
Jul : Moi aussi je vous aime tous. Puis avec Phil c’est autre chose !
Man : Oh oui, et je vous souhaite d’être heureux tous les deux.
Jul : Merci ! »
Nous arrivons aux véhicules. Nous prenons alors la route en direction de la maison. Je suis à nouveau avec Julien et l’infirmier dans la partie arrière du véhicule. Nous gardons le silence. Je vois que Julien est songeur mais apaisé. Il regarde à l’extérieur et parfois de mon côté. Nos regards se croisent et s’accrochent quelques secondes. Puis nos yeux regardent ailleurs.