10-03-2021, 10:22 AM
Chapitre 20.
Tendresse et surprises.
Il est déjà neuf heures. Nous sommes réveillés par Delphine qui ayant frappé à la porte, elle entre car elle n’a pas entendu de réponse. Elle voit que nous sortons de notre sommeil. Une fois nos yeux bien ouverts, elle nous dit de na pas trop traîner pour prendre le petit déjeuner car nous aurons de la visite vers dix heures. Delphine m’aide alors pour que Juju puisse prendre sa douche.
Nous voilà enfin tous autour de la table, heureux de voir le soleil qui entre dans la salle à manger par les deux grandes baies vitrées. Nous prenons un très bon petit-déjeuner comme à l’accoutumée, café ou chocolat, tartines à la confiture, au miel ou au choco. Puis un yaourt pour celui qui veut ou même un fruit. Alors que nous mangeons, quelqu’un sonne à la porte. C’est maman (Fanny) qui va ouvrir.
Elle revient un moment plus tard : elle est accompagnée d’une dame de taille moyenne, cheveux brun et yeux tirant sur le vert. Maman nous la présente comme étant le Docteur Irène Vandamme, psychiatre pour ados et jeunes adultes. Elle nous dit bonjour et nous nous présentons chacun à notre tour ! Maman lui fait une petite place à table et lui sert une tasse de café. Elle nous explique qu’elle connait Alain, mon papa, car elle travaille elle aussi dans l’association d’aide aux LGBT en tant que bénévole. Elle viendra parfois avec une collègue psychologue en vue de nous rencontrer individuellement. Elle est au courant de l’accident dans lequel ont péri les parents de Stéphanie et Julien. Puis le sort de Julien qui était avec eux dans la voiture. Elle dit aussi qu’elle sait que nous sommes en couples. Elle sait que je suis avec Julien et que Delphine est avec Stéphanie.
Le Dr Irène Vandamme souhaite rencontrer d’abord Julien. Maman propose alors qu’elle aille avec Julien sur la terrasse pour être plus à l’aise. De mon côté je monte dans ma chambre pour y remettre un peu d’ordre. Les deux filles décident d’aider maman à la cuisine. Papa s’occupe de ranger son garage et la cave à vin. Une fois que ma chambre est rangée, je vais aider papa dans le garage et le cellier.
Papa me demande de l’aider à remonter quelques bouteilles de vin rouge et de les mettre sur le buffet de la salle à manger. Je vois qu’il place quatre bouteilles de rosé au frais dans le réfrigérateur. Par la suite, je passe faire un tour à la cuisine pour voir si je ne dois pas donner un coup de main pour le repas. Maman me demande de préparer les pommes de terre pour les faire cuire au barbecue, en papillote. Je sais donc que je dois les laver, les ouvrir en partie et les garnir de beurre manié avec du gros sel et du poivre pour ensuite les emballer une par une dans du papier alu.
C’est alors le tour de Stéphanie d’aller parler avec la psychiatre. Julien est quant à lui, est installé dans le salon. Je demande alors à maman combien nous serons à midi en vue de préparer les assiettes et les couverts. Maman me dit que nous serons quatorze à treize heures. Je me demande qui sont les invités, mais maman me dit que c’est une surprise. J’insiste, mais elle garde le silence. Je demande alors à Delphine qui me dit ne pas savoir elle aussi ! Bon je ne dis plus rien et je m’active pour m’occuper des tomates.
Ayant terminé, je rejoins mon Juju dans le salon. Il a l’air détendu. Je lui demande comment ça va. Il me dit qu’il commence à faire la part des choses et qu’il est content d’avoir pu parler librement au docteur Vandamme. Je suis très heureux pour lui. Je l’embrasse alors à pleine bouche, nos langues rentrent en contact et elles entament une belle danse. Nous n’avons même pas entendu que Stéphanie était revenue de son entretien avec la psy et qu’elles sont toutes les deux près de nous. C’est Stéphanie qui nous sort de notre bulle.
Dr Van : « Ne vous inquiétez pas les garçons, au moins on voit que vous vous aimez.
Moi : désolé.
Dr Van : Ne t’en fait pas. Je pense que nous nous verrons début de semaine Phil.
Moi : Oui, volontiers.
Dr Van : Tu sais tu peux parler de tout ce que tu veux, de ce que tu as vécu, de tes peurs de tes envies, de toi ou de n’importe quoi.
Moi : Merci, je mettrai mes idées en place et sur papier.
Dr Van : Pas besoin de faire une liste, ça doit venir de toi, sans préparation. Tu diras ce que tu penses au fur et à mesure que ça viendra à ton esprit.
Jul : Irène, merci pour tout à l’heure, je me sens déjà plus apaisé !
Dr Van : Tu m’en vois ravie !
Le docteur Vandamme va vers Julien et lui fait la bise. Elle fait de même avec Stéphanie en lui faisant la bise. Elle ajoute alors :
Dr Van : Prends soin de toi Julien. Toi aussi Stéphanie, prends soin de toi ! Au-revoir Phil.
Moi : Au-revoir docteur.
Dr Van : Tu peux aussi m’appeler Irène tu sais !
Moi : Merci Irène, bon week-end à vous.
Dr Van : Merci Phil. A vous tous aussi, bon week-end. »
C’est papa qui reconduit Irène jusque sur le seuil de la porte. Ils parlent un moment ensemble. Ensuite papa me demande de dresser la table avec lui sur la terrasse. Nous prenons une seconde table pour être plus à l’aise. Bref il nous faut une bonne demi-heure pour que tout soit prêt. Il ne reste plus qu’à procéder à l’allumage du barbecue.
Papa vient près de moi. Il me demande de venir auprès du barbecue. Je sais qu’il va être temps de procéder à l’allumage, mais je suis certain que papa veut en profiter pour me parler. Je l’accompagne donc et je prends au passage la boîte d’allumettes. Nous sommes seuls, le charbon de bois est à proximité ainsi que les morceaux de bois hachés menus. Deux à trois feuilles de papier journal feront l’affaire. Papa me laisse disposer le papier et quelques branchettes et j’allume donc le barbecue.
Attendant que le feu prenne de l’ampleur, papa me regarde et il me dit :
Pap : « Phil, je sais que tu as non seulement souffert par mon attitude il y a déjà pas mal de temps, mais maintenant c’est ton amour, Julien, qui te préoccupe. Je me rends compte combien tu as dû mordre sur ta chique pour digérer tout ce qui arrivait. Je suis à deux cents pour cent prêt à vous aider Julien et toi. Je n’oublie pas Stéphanie qui elle aussi a besoin de soutien.
Moi : Je sais papa que ce n’est pas facile pour toi non plus. Je te remercie pour tout ce que tu fais autant pour Julien que pour Stéphanie et bien entendu Delphine et moi. Je suis super content qu’Irène soit passée ce matin pour Juju et Stéph. Elle a l’air super sympa.
Pap : Je fais de mon mieux Phil. Je vous aime tous sans distinction !
Moi : Je le sais Papa. Je t’aime, tu le sais bien.
Des larmes coulent sur les joues de mon père. C’est rare de voir papa pleurer. Il s’investit au maximum pour que ses deux « beaux-enfants » ainsi que les siens retrouvent enfin la paix et qu’ils puissent affronter l’avenir avec toutes les « armes » qu’il faut ! C’est incroyable qu’il faille attendre de souffrir pour se rendre compte que ses parents et son papa en particulier soit si sensible. Je le regarde dans les yeux et sans rien dire j’ai des larmes qui coulent sur les joues. Papa me prend dans ses bars et me fait un gros câlin. Nous sommes restés un moment, enlacés. C’est Delphine qui interrompt cette effusion d’amour père – fils !
Del : Oh, pardon de vous interrompre !
Pap : Ce n’est rien ma chère fille. Nous parlions entre père et fils avec ton frère et nous avions besoin de faire le point.
Del : Je comprends très bien. Je sais que tu nous aimes tous les quatre, tout comme maman d’ailleurs.
Pap : Oui Delphine je vous aime tous !
Del : Je peux venir un moment dans tes bras ?
Pap : Oh oui, bien volontiers. Viens ma chérie, viens dans mes bras !
Ma sœur et papa se sont blottis dans les bras l’un de l’autre, à l’abri des regards, mais devant moi. Le temps est comme suspendu. Puis à un moment c’est Delphine qui me fait signe de les rejoindre. Je me suis moi aussi blotti contre ma sœur et mon papa. Cette communion est la bienvenue, elle montre tout l’amour qui nous uni ! Il ne manque que maman et nos amoureux.
Pap : Tu sais Delphine, je disais combien c’est important pour moi que vous puissiez affronter l’avenir avec vos amours en toute sérénité et que ta maman et moi, nous sommes avec vous pour vous aider à y parvenir.
Del : Je le sais et je le sens. Vous êtes des parents formidables. Puis il faut que je le dise, j’ai un frère si aimant qu’il prend beaucoup sur lui, qu’il est aux petits soins tant pour Julien que pour les autres. Quand je pense qu’il a fait ce qu’il fallait pour notre cousin Nathan quand il a été confronté à sa condition de gay. Puis son investissement auprès du père d’Emmanuel pour lui faire comprendre que son fils était comme il est et qu’il n’en est pas responsable, que c’est la nature qui a fait de lui ce qu’il est !
Pap : Je sais tout ça Delphine. Tu sais, j’ai dû prendre sur moi et accepter que vous soyez « différents », mais je vous aime et rien ne pourra y changer quelque chose. Je me suis investi pour votre cause, celle de jeunes qui sont confrontés à l’homosexualité, tant féminine que masculine et ceux qui sont orientés pour les deux sexes et aussi ceux qui sont dans un corps qui ne correspond pas à celui dans lequel ils veulent vivre !
Moi : Je le sais papa. C’est pour cela que nous t’aimons, que nous savons parfois que tu es pris pour des réunions, pour des aides auprès de ceux qui ont besoin de soutien. Tu nous soutiens, oui nous quatre, et cela fait de toi une personne si importante. Tu es un père si aimant !
Pap : Merci Phil, merci Delphine. Je suis submergé par vos paroles. J’ai beaucoup appris de vous deux. Je ne comprends pas pourquoi j’ai été aussi aveugle avant toute cette histoire. Bon, je pense qu’il est temps de nous mettre à l’ouvrage, nos invités vont arriver.
Moi : Mais qui donc vient manger avec nous, ça fait huit couverts ?
Pap : Surprise !
Del : Je ne sais pas, mais j’ai mon idée !
Moi : C’est quoi ton idée ?
Del : Mystère !
Moi : Ce n’est pas juste. Dis-moi quoi sœurette !
Del : Tu verras au moment venu !
Pap : Allez les enfants, nous avons encore du travail pour accueillir nos invités ! »
Nous rejoignons maman dans la cuisine pour voir si nous devons lui donner un coup de main. Delphine et Stéphanie terminent de s’occuper des salades. Papa me demande refaire des glaçons au cas où il en faudrait. Puis il retourne au barbecue pour vérifier qu’il est bien parti !
Nous n’avons pas attendu longtemps pour entendre la sonnette de la porte d’entrée retentir ! Je me suis avancé vers la porte pour l’ouvrir en premier. J’ouvre l’huis et je vois Nathan et Manu, ensemble devant moi ! J’ai fait un pas en arrière tellement j’étais étonné. Je suis resté coi durant une bonne minute ne sachant plus quoi faire. Nathan et Manu avaient le sourire aux lèvres, ils avaient des étoiles plein les yeux ! C’est maman qui m’a sorti de ma torpeur. C’est mon cousin Nathan avec son amoureux, Manu, qui sont là devant moi. Je n’en reviens pas. J’ai des larmes qui inondent les yeux. Quel bonheur de les voir ensemble. Puis c’est ma tante Françoise et mon oncle Martin qui suivent. Je leur dis bonjour, toujours sur un nuage. Puis je vois mon cousin David tenant la main d’Élisabeth entrer dans le hall. Je ne sais plus quoi penser et ensuite je vois Véronique et Marc qui ferment la marche. Je suis sur le « cul ». Je ne m’attendais pas à cette visite. J’ai le cœur qui bat la chamade. Nathan et Manu sont ensembles, ils sont unis, le papa de Manu, Marc, a accepté la différence de son fils et il a aussi accepté Nathan ! Je suis bouleversé de voir ça !
J’ai du mal à bouger. Je suis comme hypnotisé par ce que je viens de voir. Finalement je me ressaisis car maman me ramène à la réalité. Je m’empresse de rejoindre Julien. Déjà Nathan et Manu se présentent devant mon amour. Juju affiche un large sourire, il a les yeux remplis d’étoiles. C’est aussi, mon cas. Mais quelle surprise, nous les jeunes nous ne nous attendions pas à ça ! Je me suis assis sur une chaise, j’ai les jambes qui en tremblent encore.
Nathan et Manu s’approchent alors de moi. Ils se sont placés devant moi, côte à côte. Je parviens à leur dire :
Moi : « Bonjour. Je suis fort ému de vous voir ensemble avec vos deux familles.
Nat : Tu sais Phil, c’est grâce à toi.
Man : Oui Phil tu ne te rends pas compte de l’impact qu’a eu ta visite.
Moi : Je savais que ça allait mieux, mais je ne m’attendais pas à vous voir si heureux.
Nat : Le repas entre nos deux familles a été un moment très fort.
Man : Je te le confirme, j’ai eu très peur et en fin de compte mon papa a enfin compris ce que c’était que d’être homo. C’est comme ça que nous sommes nés. Et c’est grâce à ce que tu as dit, car cela venait du cœur et nous savons que tu ne triches pas.
Moi : Merci, je m’en trouve ravi et très heureux.
Nathan et Manu me donnent chacun un bisou sur mes joues. Puis c’est au tour de David et d’Elisabeth de venir près de moi. Ils semblent très joyeux. David me dit alors :
Dav : Tu sais mon cher cousin que tu fais un négociateur hors pair. Je ne sais comment te remercier pour ce que tu as fait pour Nath et Manu. Je ne te connaissais pas si ouvert aux autres jusqu’à te mettre toi aussi en danger ! Chapeau Phil. Merci pour ton aide !
Eli : Je ne vais te dire qu’une chose, c’est que j’ai découvert David et sa famille un peu grâce à toi. Puis tu vois, nous nous aimons.
Moi : C’est aussi un très beau cadeau à la vie. Je suis très heureux de vous voir ainsi réunis.
Élisabeth et mon cousin me donnent chacun un bisou sur les joues. Je regarde maman et puis papa, je n’en reviens pas, ils savaient et n’ont rien dit. Ils ont tous les deux un sourire jusqu’aux lèvres. Ils sont heureux de me voir les yeux pétillants en recevant de tout le monde ce torrent de remerciements. Puis c’est Véronique et Marc qui s’approchent de moi. J’ai l’impression d’être le centre d’intérêt. C’est Marc qui me dit :
Mar : Bonjour Phil. Que dire, que te dire si ce n’est que tu es un ange. Tu m’as secoué avec ton intervention. Tu m’as fait me remettre en question et tu m’as ouvert les yeux. Merci à toi et reste comme tu es, ne change rien, tu parviens à changer les hommes pour les faire devenir meilleurs.
Moi : Mais, je ne … heu…
Vér : Je ne te remercierai jamais assez pour ton intervention. Tu seras toujours le bienvenu chez nous si tu passes par Charleroi. Puis tu as vu, cela a permis à Élisabeth de trouver l’amour auprès de ton cousin David. Je t’embrasse. »
Je reçois une nouvelle fois des bisous. Je n’en reviens toujours pas. J’ai du mal à réaliser. Je me tourne vers Julien. Je vois qu’il est entouré par tous les jeunes. C’est Nathan qui est le plus loquace. Il lui raconte tout ce qui s’est passé et en détails. Ils se rappellent aussi la nuit qu’ils ont passée dans la même chambre d’hôpital. Je remarque que tous nous avons le sourire aux lèvres. Je vais rejoindre mon amour. Julien me fait signe et je m’approche de lui. Il me chuchote à l’oreille qu’il est heureux pour moi. Puis il me demande un baiser. Ni une ni deux, je dépose mes lèvres sur les siennes et nous nous embrassons un court instant. Inutile de dire que tout le monde s’en est aperçu.
Tendresse et surprises.
Il est déjà neuf heures. Nous sommes réveillés par Delphine qui ayant frappé à la porte, elle entre car elle n’a pas entendu de réponse. Elle voit que nous sortons de notre sommeil. Une fois nos yeux bien ouverts, elle nous dit de na pas trop traîner pour prendre le petit déjeuner car nous aurons de la visite vers dix heures. Delphine m’aide alors pour que Juju puisse prendre sa douche.
Nous voilà enfin tous autour de la table, heureux de voir le soleil qui entre dans la salle à manger par les deux grandes baies vitrées. Nous prenons un très bon petit-déjeuner comme à l’accoutumée, café ou chocolat, tartines à la confiture, au miel ou au choco. Puis un yaourt pour celui qui veut ou même un fruit. Alors que nous mangeons, quelqu’un sonne à la porte. C’est maman (Fanny) qui va ouvrir.
Elle revient un moment plus tard : elle est accompagnée d’une dame de taille moyenne, cheveux brun et yeux tirant sur le vert. Maman nous la présente comme étant le Docteur Irène Vandamme, psychiatre pour ados et jeunes adultes. Elle nous dit bonjour et nous nous présentons chacun à notre tour ! Maman lui fait une petite place à table et lui sert une tasse de café. Elle nous explique qu’elle connait Alain, mon papa, car elle travaille elle aussi dans l’association d’aide aux LGBT en tant que bénévole. Elle viendra parfois avec une collègue psychologue en vue de nous rencontrer individuellement. Elle est au courant de l’accident dans lequel ont péri les parents de Stéphanie et Julien. Puis le sort de Julien qui était avec eux dans la voiture. Elle dit aussi qu’elle sait que nous sommes en couples. Elle sait que je suis avec Julien et que Delphine est avec Stéphanie.
Le Dr Irène Vandamme souhaite rencontrer d’abord Julien. Maman propose alors qu’elle aille avec Julien sur la terrasse pour être plus à l’aise. De mon côté je monte dans ma chambre pour y remettre un peu d’ordre. Les deux filles décident d’aider maman à la cuisine. Papa s’occupe de ranger son garage et la cave à vin. Une fois que ma chambre est rangée, je vais aider papa dans le garage et le cellier.
Papa me demande de l’aider à remonter quelques bouteilles de vin rouge et de les mettre sur le buffet de la salle à manger. Je vois qu’il place quatre bouteilles de rosé au frais dans le réfrigérateur. Par la suite, je passe faire un tour à la cuisine pour voir si je ne dois pas donner un coup de main pour le repas. Maman me demande de préparer les pommes de terre pour les faire cuire au barbecue, en papillote. Je sais donc que je dois les laver, les ouvrir en partie et les garnir de beurre manié avec du gros sel et du poivre pour ensuite les emballer une par une dans du papier alu.
C’est alors le tour de Stéphanie d’aller parler avec la psychiatre. Julien est quant à lui, est installé dans le salon. Je demande alors à maman combien nous serons à midi en vue de préparer les assiettes et les couverts. Maman me dit que nous serons quatorze à treize heures. Je me demande qui sont les invités, mais maman me dit que c’est une surprise. J’insiste, mais elle garde le silence. Je demande alors à Delphine qui me dit ne pas savoir elle aussi ! Bon je ne dis plus rien et je m’active pour m’occuper des tomates.
Ayant terminé, je rejoins mon Juju dans le salon. Il a l’air détendu. Je lui demande comment ça va. Il me dit qu’il commence à faire la part des choses et qu’il est content d’avoir pu parler librement au docteur Vandamme. Je suis très heureux pour lui. Je l’embrasse alors à pleine bouche, nos langues rentrent en contact et elles entament une belle danse. Nous n’avons même pas entendu que Stéphanie était revenue de son entretien avec la psy et qu’elles sont toutes les deux près de nous. C’est Stéphanie qui nous sort de notre bulle.
Dr Van : « Ne vous inquiétez pas les garçons, au moins on voit que vous vous aimez.
Moi : désolé.
Dr Van : Ne t’en fait pas. Je pense que nous nous verrons début de semaine Phil.
Moi : Oui, volontiers.
Dr Van : Tu sais tu peux parler de tout ce que tu veux, de ce que tu as vécu, de tes peurs de tes envies, de toi ou de n’importe quoi.
Moi : Merci, je mettrai mes idées en place et sur papier.
Dr Van : Pas besoin de faire une liste, ça doit venir de toi, sans préparation. Tu diras ce que tu penses au fur et à mesure que ça viendra à ton esprit.
Jul : Irène, merci pour tout à l’heure, je me sens déjà plus apaisé !
Dr Van : Tu m’en vois ravie !
Le docteur Vandamme va vers Julien et lui fait la bise. Elle fait de même avec Stéphanie en lui faisant la bise. Elle ajoute alors :
Dr Van : Prends soin de toi Julien. Toi aussi Stéphanie, prends soin de toi ! Au-revoir Phil.
Moi : Au-revoir docteur.
Dr Van : Tu peux aussi m’appeler Irène tu sais !
Moi : Merci Irène, bon week-end à vous.
Dr Van : Merci Phil. A vous tous aussi, bon week-end. »
C’est papa qui reconduit Irène jusque sur le seuil de la porte. Ils parlent un moment ensemble. Ensuite papa me demande de dresser la table avec lui sur la terrasse. Nous prenons une seconde table pour être plus à l’aise. Bref il nous faut une bonne demi-heure pour que tout soit prêt. Il ne reste plus qu’à procéder à l’allumage du barbecue.
Papa vient près de moi. Il me demande de venir auprès du barbecue. Je sais qu’il va être temps de procéder à l’allumage, mais je suis certain que papa veut en profiter pour me parler. Je l’accompagne donc et je prends au passage la boîte d’allumettes. Nous sommes seuls, le charbon de bois est à proximité ainsi que les morceaux de bois hachés menus. Deux à trois feuilles de papier journal feront l’affaire. Papa me laisse disposer le papier et quelques branchettes et j’allume donc le barbecue.
Attendant que le feu prenne de l’ampleur, papa me regarde et il me dit :
Pap : « Phil, je sais que tu as non seulement souffert par mon attitude il y a déjà pas mal de temps, mais maintenant c’est ton amour, Julien, qui te préoccupe. Je me rends compte combien tu as dû mordre sur ta chique pour digérer tout ce qui arrivait. Je suis à deux cents pour cent prêt à vous aider Julien et toi. Je n’oublie pas Stéphanie qui elle aussi a besoin de soutien.
Moi : Je sais papa que ce n’est pas facile pour toi non plus. Je te remercie pour tout ce que tu fais autant pour Julien que pour Stéphanie et bien entendu Delphine et moi. Je suis super content qu’Irène soit passée ce matin pour Juju et Stéph. Elle a l’air super sympa.
Pap : Je fais de mon mieux Phil. Je vous aime tous sans distinction !
Moi : Je le sais Papa. Je t’aime, tu le sais bien.
Des larmes coulent sur les joues de mon père. C’est rare de voir papa pleurer. Il s’investit au maximum pour que ses deux « beaux-enfants » ainsi que les siens retrouvent enfin la paix et qu’ils puissent affronter l’avenir avec toutes les « armes » qu’il faut ! C’est incroyable qu’il faille attendre de souffrir pour se rendre compte que ses parents et son papa en particulier soit si sensible. Je le regarde dans les yeux et sans rien dire j’ai des larmes qui coulent sur les joues. Papa me prend dans ses bars et me fait un gros câlin. Nous sommes restés un moment, enlacés. C’est Delphine qui interrompt cette effusion d’amour père – fils !
Del : Oh, pardon de vous interrompre !
Pap : Ce n’est rien ma chère fille. Nous parlions entre père et fils avec ton frère et nous avions besoin de faire le point.
Del : Je comprends très bien. Je sais que tu nous aimes tous les quatre, tout comme maman d’ailleurs.
Pap : Oui Delphine je vous aime tous !
Del : Je peux venir un moment dans tes bras ?
Pap : Oh oui, bien volontiers. Viens ma chérie, viens dans mes bras !
Ma sœur et papa se sont blottis dans les bras l’un de l’autre, à l’abri des regards, mais devant moi. Le temps est comme suspendu. Puis à un moment c’est Delphine qui me fait signe de les rejoindre. Je me suis moi aussi blotti contre ma sœur et mon papa. Cette communion est la bienvenue, elle montre tout l’amour qui nous uni ! Il ne manque que maman et nos amoureux.
Pap : Tu sais Delphine, je disais combien c’est important pour moi que vous puissiez affronter l’avenir avec vos amours en toute sérénité et que ta maman et moi, nous sommes avec vous pour vous aider à y parvenir.
Del : Je le sais et je le sens. Vous êtes des parents formidables. Puis il faut que je le dise, j’ai un frère si aimant qu’il prend beaucoup sur lui, qu’il est aux petits soins tant pour Julien que pour les autres. Quand je pense qu’il a fait ce qu’il fallait pour notre cousin Nathan quand il a été confronté à sa condition de gay. Puis son investissement auprès du père d’Emmanuel pour lui faire comprendre que son fils était comme il est et qu’il n’en est pas responsable, que c’est la nature qui a fait de lui ce qu’il est !
Pap : Je sais tout ça Delphine. Tu sais, j’ai dû prendre sur moi et accepter que vous soyez « différents », mais je vous aime et rien ne pourra y changer quelque chose. Je me suis investi pour votre cause, celle de jeunes qui sont confrontés à l’homosexualité, tant féminine que masculine et ceux qui sont orientés pour les deux sexes et aussi ceux qui sont dans un corps qui ne correspond pas à celui dans lequel ils veulent vivre !
Moi : Je le sais papa. C’est pour cela que nous t’aimons, que nous savons parfois que tu es pris pour des réunions, pour des aides auprès de ceux qui ont besoin de soutien. Tu nous soutiens, oui nous quatre, et cela fait de toi une personne si importante. Tu es un père si aimant !
Pap : Merci Phil, merci Delphine. Je suis submergé par vos paroles. J’ai beaucoup appris de vous deux. Je ne comprends pas pourquoi j’ai été aussi aveugle avant toute cette histoire. Bon, je pense qu’il est temps de nous mettre à l’ouvrage, nos invités vont arriver.
Moi : Mais qui donc vient manger avec nous, ça fait huit couverts ?
Pap : Surprise !
Del : Je ne sais pas, mais j’ai mon idée !
Moi : C’est quoi ton idée ?
Del : Mystère !
Moi : Ce n’est pas juste. Dis-moi quoi sœurette !
Del : Tu verras au moment venu !
Pap : Allez les enfants, nous avons encore du travail pour accueillir nos invités ! »
Nous rejoignons maman dans la cuisine pour voir si nous devons lui donner un coup de main. Delphine et Stéphanie terminent de s’occuper des salades. Papa me demande refaire des glaçons au cas où il en faudrait. Puis il retourne au barbecue pour vérifier qu’il est bien parti !
Nous n’avons pas attendu longtemps pour entendre la sonnette de la porte d’entrée retentir ! Je me suis avancé vers la porte pour l’ouvrir en premier. J’ouvre l’huis et je vois Nathan et Manu, ensemble devant moi ! J’ai fait un pas en arrière tellement j’étais étonné. Je suis resté coi durant une bonne minute ne sachant plus quoi faire. Nathan et Manu avaient le sourire aux lèvres, ils avaient des étoiles plein les yeux ! C’est maman qui m’a sorti de ma torpeur. C’est mon cousin Nathan avec son amoureux, Manu, qui sont là devant moi. Je n’en reviens pas. J’ai des larmes qui inondent les yeux. Quel bonheur de les voir ensemble. Puis c’est ma tante Françoise et mon oncle Martin qui suivent. Je leur dis bonjour, toujours sur un nuage. Puis je vois mon cousin David tenant la main d’Élisabeth entrer dans le hall. Je ne sais plus quoi penser et ensuite je vois Véronique et Marc qui ferment la marche. Je suis sur le « cul ». Je ne m’attendais pas à cette visite. J’ai le cœur qui bat la chamade. Nathan et Manu sont ensembles, ils sont unis, le papa de Manu, Marc, a accepté la différence de son fils et il a aussi accepté Nathan ! Je suis bouleversé de voir ça !
J’ai du mal à bouger. Je suis comme hypnotisé par ce que je viens de voir. Finalement je me ressaisis car maman me ramène à la réalité. Je m’empresse de rejoindre Julien. Déjà Nathan et Manu se présentent devant mon amour. Juju affiche un large sourire, il a les yeux remplis d’étoiles. C’est aussi, mon cas. Mais quelle surprise, nous les jeunes nous ne nous attendions pas à ça ! Je me suis assis sur une chaise, j’ai les jambes qui en tremblent encore.
Nathan et Manu s’approchent alors de moi. Ils se sont placés devant moi, côte à côte. Je parviens à leur dire :
Moi : « Bonjour. Je suis fort ému de vous voir ensemble avec vos deux familles.
Nat : Tu sais Phil, c’est grâce à toi.
Man : Oui Phil tu ne te rends pas compte de l’impact qu’a eu ta visite.
Moi : Je savais que ça allait mieux, mais je ne m’attendais pas à vous voir si heureux.
Nat : Le repas entre nos deux familles a été un moment très fort.
Man : Je te le confirme, j’ai eu très peur et en fin de compte mon papa a enfin compris ce que c’était que d’être homo. C’est comme ça que nous sommes nés. Et c’est grâce à ce que tu as dit, car cela venait du cœur et nous savons que tu ne triches pas.
Moi : Merci, je m’en trouve ravi et très heureux.
Nathan et Manu me donnent chacun un bisou sur mes joues. Puis c’est au tour de David et d’Elisabeth de venir près de moi. Ils semblent très joyeux. David me dit alors :
Dav : Tu sais mon cher cousin que tu fais un négociateur hors pair. Je ne sais comment te remercier pour ce que tu as fait pour Nath et Manu. Je ne te connaissais pas si ouvert aux autres jusqu’à te mettre toi aussi en danger ! Chapeau Phil. Merci pour ton aide !
Eli : Je ne vais te dire qu’une chose, c’est que j’ai découvert David et sa famille un peu grâce à toi. Puis tu vois, nous nous aimons.
Moi : C’est aussi un très beau cadeau à la vie. Je suis très heureux de vous voir ainsi réunis.
Élisabeth et mon cousin me donnent chacun un bisou sur les joues. Je regarde maman et puis papa, je n’en reviens pas, ils savaient et n’ont rien dit. Ils ont tous les deux un sourire jusqu’aux lèvres. Ils sont heureux de me voir les yeux pétillants en recevant de tout le monde ce torrent de remerciements. Puis c’est Véronique et Marc qui s’approchent de moi. J’ai l’impression d’être le centre d’intérêt. C’est Marc qui me dit :
Mar : Bonjour Phil. Que dire, que te dire si ce n’est que tu es un ange. Tu m’as secoué avec ton intervention. Tu m’as fait me remettre en question et tu m’as ouvert les yeux. Merci à toi et reste comme tu es, ne change rien, tu parviens à changer les hommes pour les faire devenir meilleurs.
Moi : Mais, je ne … heu…
Vér : Je ne te remercierai jamais assez pour ton intervention. Tu seras toujours le bienvenu chez nous si tu passes par Charleroi. Puis tu as vu, cela a permis à Élisabeth de trouver l’amour auprès de ton cousin David. Je t’embrasse. »
Je reçois une nouvelle fois des bisous. Je n’en reviens toujours pas. J’ai du mal à réaliser. Je me tourne vers Julien. Je vois qu’il est entouré par tous les jeunes. C’est Nathan qui est le plus loquace. Il lui raconte tout ce qui s’est passé et en détails. Ils se rappellent aussi la nuit qu’ils ont passée dans la même chambre d’hôpital. Je remarque que tous nous avons le sourire aux lèvres. Je vais rejoindre mon amour. Julien me fait signe et je m’approche de lui. Il me chuchote à l’oreille qu’il est heureux pour moi. Puis il me demande un baiser. Ni une ni deux, je dépose mes lèvres sur les siennes et nous nous embrassons un court instant. Inutile de dire que tout le monde s’en est aperçu.