01-03-2021, 10:20 AM
Nous sortons de l’eau, nous avons pris du bon temps, nous nous sommes relaxés dans la piscine. J’ai pu faire le vide dans ma tête et donc penser un peu à moi. Cela n’a rien d’égoïste, c’est seulement une question de juste milieu, entre l’aide apportée à Julien et mon équilibre personnel. Il est certain que nous allons devoir, Julien et moi, rattraper le temps perdu quand il sera sur pied, c’est une façon de parler : en un mot, nous allons alors profiter de la vie !
Les filles sont allongées sur la pelouse, elles en profitent pour bronzer. Bien entendu Maman demande qu’elles n’oublient pas de mettre de la crème solaire pour éviter d’être brûlées par les rayons du soleil. J’en profite pour rejoindre ma chère Maman qui prend elle aussi le soleil sur la terrasse, également dans le plus simple appareil elle aussi. Bien entendu je suis dans la même tenue.
Maman lit un livre, c’est un romain d’amour. Je n’ai même pas fait attention au titre, mais je suis certain que c’est un roman « à l’eau de rose » dans lequel il y une jeune fille amoureuse de son prince charmant ! Je profite du fait que Maman fasse une pause dans sa lecture pour lui dire :
Moi : « Maman, je suis inquiet pour Julien.
Mam : Moi aussi Phil. Peux-tu me dire ce qui t’inquiète ?
Moi : Je pense qu’un psy ne serait pas de trop pour l’aider à voir où il en est.
Mam : Je pense que tu as raison. Mais il ne faut pas le brusquer pour le moment.
Moi : Je sais Maman, mais il faut qu’il réagisse. Puis il y a Stéphanie, je pense qu’elle aussi devait avoir de l’aide, j’ai peur qu’elle ne tombe en dépression !
Mam : Tu crois ?
Moi : Oui, j’ai bien peur que oui !
Mam : Nous devrons en parler avec Papa.
Moi : Puis il y a autre chose, il faut que Julien puisse faire son deuil !
Mam : C’est bien juste de me le faire remarquer. Tu es tellement attentif Phil, je n’en reviens pas !
Moi : Je sais, mais j’ai tellement peur de perdre Julien. Je voudrais qu’il puisse être débarrassé de tout ce fardeau lié à la mort de ses parents. C’est la même chose pour Stéphanie.
Mam : Je pense que tu as raison. Je vais en parler avec Delphine.
Moi : Pour Julien, j’ai pensé qu’il serait peut-être intéressant de profiter du service de transport qu’il devra utiliser pour aller faire les radiographies de son bras et de ses jambes, pour passer par le cimetière, pour qu’il puisse se recueillir sur la tombe de ses parents !
Mam : Oh, mais tu ne manques pas d’imagination ! En plus ce n’est pas si bête que ça. Tu as une excellente idée. De cette façon ça l’aidera pour faire son deuil, du moins je l’espère !
Moi : Il faut qu’on en parle avec Papa et aussi avec Delphine et peut-être Stéphanie si elle est en état de le faire !
Mam : Décidément tu m’étonnes. Tu es si mature depuis ce drame. Je suis fière de toi Phil, tu es super !
Moi : Tu sais Maman, j’ai tellement peur de perdre Julien, je ne le supportai pas.
Des larmes coulent sur mes joues, moi qui voulais me montrer fort, c’est une nouvelle fois raté ! J’ai le sentiment d’être dans un monde particulier, comme si j’étais entre le marteau et l’enclume ! Cette situation est des plus inconfortables. Je suis mal à l’aise, même si je prends beaucoup sur moi. L’aide apportée à Julien m’oblige à user beaucoup d’énergie, pas tant physique que mentale. Il faut que je fasse abstraction de son état. Oui son état physique est en amélioration, mais il y a son état mental à lui aussi. C’est comme si nous étions ensemble Julien et moi mais pas sur la même longueur d’onde. C’est difficile à expliquer ; c’est comme une frustration larvaire qui nous boufferait tous les deux. Je pense que moi aussi j’ai besoin de parler à un psy ou à une personne en dehors de la famille de ce que j’éprouve, de ce que je ressens ! Je me calme et je reprends :
Moi : Maman, je ne sais pas si tu as senti, mais moi aussi je me pose un tas de questions. Je n’ai pas de réponse, je suis souvent dans le vague. Je pense que je devrais pouvoir consulter, moi aussi, un psy ou une personne qui pourrait m’aider !
Mam : Oh Phil. Tu as dû beaucoup penser et « souffrir » pour tenir un tel discours. Si c’est le cas, nous ferons ton père et moi le maximum pour te venir en aide et bien entendu pour Julien, Stéphanie et probablement pour Delphine également, ta sœur qui ne dit rien mais qui doit, elle aussi, en baver !
Moi : Merci Maman, je sais que tu es là pour nous ainsi que Papa, mais c’est si profond, si déstabilisant, que...
Mam : Ne t’inquiète pas Phil, nous allons y réfléchir et trouver dans les plus brefs délais une solution.
Moi : Merci Maman, je t’aime tu sais.
Mam : Mais bien sûr que je le sais ! »
Je me lève et je viens faire un câlin à ma chère Maman. J’ai de la chance d’avoir des parents comme les miens. C’est si important pour que nous, ados, puissions évoluer sans trop de problèmes dans cette société tellement individualiste ! Je fais un gros bisou sur le front de Maman, avant d’aller me préparer à la venue de l’infirmier. Je l’aviserai de l’état de Julien et les problèmes rencontrés.
Maman et moi allons-nous rhabiller avant l’arrivée de Jean-Yves, l’infirmier. J’enfile un short et un tee-shirt et je reviens sur la terrasse. Je demande aux filles, qui sont toujours allongées sur la pelouse, si elle veulent boire quelque chose.
Je leur apporte une bouteille de limonade ainsi que deux verres. Je demande ensuite à Maman, qui vient de revenir elle aussi sur la terrasse, si elle souhaite boire quelque chose. Elle a envie d’un verre de thé glacé. J’apporte alors une carafe de thé glacé sur la table avec deux verres et un petit paquet de biscuits.
Je dis à Maman qu’il serait souhaitable de prévenir Jean-Yves avant qu’il n’aille s’occuper de Julien. Elle m’approuve et dit que de toute façon elle songeait à lui parler. À peine avons-nous eu le temps de parler de ça qu’on sonne à la porte. Je vais ouvrir sachant que c’est l’heure à laquelle Jean-Yves arrive. Effectivement c’est lui qui est là. Je lui demande de me suivre jusqu’à la terrasse en lui disant que Maman souhaite s’entretenir avec lui.
Maman me demande de m’écarter le temps qu’elle converse avec l’infirmier. Pendant ce temps-là, je préviens les filles que Jean-Yves est là, au cas où elles auraient l’idée de revenir vers la maison en tenue d’Ève.
Notre cher infirmier va s’occuper de Julien. Il en a pour une bonne vingtaine de minutes. J’étais prêt à venir aider s’il le fallait, mais il ne fait pas appel à moi. Après avoir terminé avec Juju, il ressort de la chambre et nous rejoint sur la terrasse. Il nous explique que Julien est désolé d’avoir été de « mauvais poil » avec nous, qu’il se rend compte de tout ce qui est fait pour lui venir en aide et qu’il a peur de notre réaction, il a peur d’être laissé en quarantaine !
Je suis estomaqué par ce que je viens d’entendre. Il faut absolument que j’aille voir Juju, il faut que je lui dise que je l’aime et que jamais, au grand jamais, je ne le laisserai tomber ! Je me lève d’un bond et je cours vers la chambre de mon chéri. J’entre et je le vois assis dans sa chaise roulante, placée devant la baie vitrée, il est de dos. Pour ne pas l’effrayer, je dis :
Moi : « Julien, c’est moi, je viens voir comment tu vas !
Jul : Heu, oui…
Je me place derrière lui. Mes mains se posent sur son thorax, mes lèvres se posent dans son cou et je lui donne de petits bisous. Ensuite je me place devant lui en lui prenant ses mains dans les miennes. Mon regard vient se plonger dans le sien. Je tente de lire ce qu’il veut bien me laisser entrevoir. Puis je pose mes lèvres sur les siennes pour lui donner un baiser. Puis je me recule un peu et, le regard incrusté dans le sien je lui dis :
Moi : Je t’aime Juju, je ne te laisserai jamais tomber, je serai toujours là pour toi, peu importe les tumultes qui viendront nous déstabiliser, je serai là !
Jul : Oh Phil, excuse-moi pour tantôt, j’ai honte de ce que je t’ai dit.
Moi : C’est oublié mon amour, c’est oublié !
Jul : Je t’aime Phil, je ne pourrais pas vivre sans toi !
Moi : Tu vois, moi non plus, tu peux en être certain !
Jul : Et la famille ?
Moi : Tu n’as pas à t’inquiéter, ils t’aiment tous !
Jul : Je sais que ta maman m’aime bien, elle me l’a dit quand elle est venue m’apporter un coca !
Moi : Veux-tu que je dorme avec toi ce soir ?
Jul : Oh oui, cela me fera vraiment plaisir ! »
Mes lèvres viennent une nouvelle fois se déposer sur les siennes, nos langues se fraient un chemin par-delà la barrière corail blanc de nos dentures et elles entrent dans une danse endiablée, nous emportant avec elles dans « notre bulle », à l’abri de ce qui se passe autour de nous. Je retrouve mon chéri, je sens qu’il m’aime et je suis certain que lui aussi ressent la même chose. Nos mains, nos doigts s’enlacent aussi, nos corps sont à l’unisson, ils vibrent au même rythme, nous retrouvons notre complicité amoureuse. Mes yeux pleurent de joie tout comme ceux de Julien. Nous restons enlacés un bon moment. Je vois aussi la porte de la chambre s’ouvrir et se refermer peu après, j’ai l’impression que c’est Maman qui est venue voir comment ça allait ! Je pense qu’elle est maintenant rassurée.
Il est bientôt l’heure du souper. Je commence à avoir faim et je suppose que c’est aussi le cas pour Julien. Je regarde ma montre, il est déjà dix-huit heures quarante. C’est le moment où papa revient régulièrement du travail. J’en fais part à Juju. Il me demande si je peux d’abord lui donner l’urinal en vue de satisfaire un besoin naturel. Je m’occupe donc de mon chéri. Après avoir rincé et remis en place ce récipient particulier, je l’interroge pour savoir s’il veut venir manger avec le reste de la famille. J’ajoute, en vue de le convaincre, qu’il est attendu et que personne ne lui en veut pour ce qui s’est passé. Julien accepte de se joindre à nous. Je prends alors les deux poignées de son fauteuil roulant et je le conduis sur la terrasse où est installée la famille.
Dès que nous nous sommes attablés, Delphine nous demande ce que nous voulons boire, en signalant que papa se change avant de nous rejoindre pour l’apéro. Maman a choisi un kir, je pense que c’est une très bonne idée, Juju opte pour un verre de vin rosé bien frais. Delphine est partie chercher ce qu’il faut pour satisfaire la famille.
Papa arrive, il a mis un short et un tee-shirt, ce qui est plus relax que son costume. Il est vrai qu’il avait une réunion de travail avec des clients cet après-midi. C’est Stéphanie qui va aider ma sœur pour apporter ce qu’il faut, soit les boissons et les zakouskis qui vont avec !
Papa prend alors la parole :
Pap : « Voilà les jeunes. J’ai eu l’occasion de discuter avec votre maman au téléphone. Il semble que vous soyez actuellement très mal à l’aise, mal dans votre peau, pour les raisons que nous connaissons tous ! Il faut absolument que nous trouvions une solution pour vous quatre !
Mam : Je me suis permise de contacter papa, car vous allez avoir du mal à vous relever si vous ne faites pas attention à vous, soit à votre propre personne.
Moi : Merci Maman, c’est une excellente idée dont nous avons discuté cet après-midi.
Mam : Je sais Phil, tu as bien fait de te confier à moi. Pour les autres, ne voyez pas ça comme une « trahison » mais comme une fusée de détresse, une alerte lancée en cas de « naufrage ».
Pap : Ce que Phil a dit à Maman est très important. Je suis conscient que cela a dû lui en coûter, mais il a raison.
Del : Je pense savoir de quoi il s’agit. J’ai une petite idée. Nous en avons parlé Stéphanie et moi cet après-midi également.
Mam : Tu peux nous dire ce dont vous avez parlé, c’est le moment idéal !
Del : Nous pensons que Julien et même Stéphanie ont besoin de soutien pour qu’ils puissent passer le cap du décès de leurs parents !
Pap : Effectivement Delphine, vous avez raison.
Mam : C’est de ça que Phil me parlait aussi, mais il …, enfin je vais parler pour lui, si tu es d’accord !
Moi : Oui, je n’ai rien à cacher.
Mam : Phil pensait que ce serait bien aussi de consulter un psy pour lui !
Pap : Je suis tout à fait conscient que c’est à vous à prendre cette décision, c’est une affaire personnelle. C’est donc à vous de décider, ni maman ni moi nous vous forcerons à faire quelque chose que vous ne voulez pas.
Sté : Je pense que c’est une bonne chose, je suis d’accord, car je sens que je ne vais pas bien du tout.
Del : Je trouve que mon frère est une nouvelle fois tellement attentif aux autres ! Il se rend compte que lui aussi n’est pas bien, qu’il a aussi vu que nous étions chacun de nous quatre trop fragiles. Je veux aussi pouvoir remettre mes idées en place !
Mam : C’est bien, je suis heureuse de voir que vous comprenez que c’est important pour vous et pour la vie de famille. Julien, qu’en penses-tu ?
Jul : Je sens très bien que j’ai besoin d’aide à tout niveau. J’ai été odieux tantôt et j’en suis désolé. J’ai eu l’occasion de réfléchir dans ma chambre. Je pense que je dois absolument suivre une thérapie car je vais devenir « fou » !
Mam : C’est très bien Julien. Nous avons eu l’occasion d’en parler et je vois que tu as pris la bonne décision. Je te l’ai dit, je t’aime comme mon fils et les autres membres de la famille t’aiment eux aussi, n’en doute jamais !
Jul : Je le sais, je vous dois beaucoup et je sais que vous m’aimez ! … Je vous aime tous !
Moi : Merci Juju, nous allons passer cette épreuve ensemble, unis, en famille, pour tous affronter l’avenir dans le bonheur.
Jul : Oui Phil, je suis partant.
Sté : J’ai comme un poids qui a été enlevé de ma poitrine !
Mam : Nous allons nous en occuper avec le docteur Delporte, pour trouver un ou des thérapeutes pour vous aider psychologiquement.
Pap : Je suis heureux de vos réactions. Bon, je vous propose de boire à votre santé et à un avenir plus rose pour vous tous !
Tous : Santé ! »
Je me rends compte que j’ai bien fait de parler avec Maman. Elle n’a donc pas traîné pour en parler avec Papa. Je pense que c’est juste le bon moment pour que nous puissions nous projeter en avant, dans un avenir plus serein.
Les filles sont allongées sur la pelouse, elles en profitent pour bronzer. Bien entendu Maman demande qu’elles n’oublient pas de mettre de la crème solaire pour éviter d’être brûlées par les rayons du soleil. J’en profite pour rejoindre ma chère Maman qui prend elle aussi le soleil sur la terrasse, également dans le plus simple appareil elle aussi. Bien entendu je suis dans la même tenue.
Maman lit un livre, c’est un romain d’amour. Je n’ai même pas fait attention au titre, mais je suis certain que c’est un roman « à l’eau de rose » dans lequel il y une jeune fille amoureuse de son prince charmant ! Je profite du fait que Maman fasse une pause dans sa lecture pour lui dire :
Moi : « Maman, je suis inquiet pour Julien.
Mam : Moi aussi Phil. Peux-tu me dire ce qui t’inquiète ?
Moi : Je pense qu’un psy ne serait pas de trop pour l’aider à voir où il en est.
Mam : Je pense que tu as raison. Mais il ne faut pas le brusquer pour le moment.
Moi : Je sais Maman, mais il faut qu’il réagisse. Puis il y a Stéphanie, je pense qu’elle aussi devait avoir de l’aide, j’ai peur qu’elle ne tombe en dépression !
Mam : Tu crois ?
Moi : Oui, j’ai bien peur que oui !
Mam : Nous devrons en parler avec Papa.
Moi : Puis il y a autre chose, il faut que Julien puisse faire son deuil !
Mam : C’est bien juste de me le faire remarquer. Tu es tellement attentif Phil, je n’en reviens pas !
Moi : Je sais, mais j’ai tellement peur de perdre Julien. Je voudrais qu’il puisse être débarrassé de tout ce fardeau lié à la mort de ses parents. C’est la même chose pour Stéphanie.
Mam : Je pense que tu as raison. Je vais en parler avec Delphine.
Moi : Pour Julien, j’ai pensé qu’il serait peut-être intéressant de profiter du service de transport qu’il devra utiliser pour aller faire les radiographies de son bras et de ses jambes, pour passer par le cimetière, pour qu’il puisse se recueillir sur la tombe de ses parents !
Mam : Oh, mais tu ne manques pas d’imagination ! En plus ce n’est pas si bête que ça. Tu as une excellente idée. De cette façon ça l’aidera pour faire son deuil, du moins je l’espère !
Moi : Il faut qu’on en parle avec Papa et aussi avec Delphine et peut-être Stéphanie si elle est en état de le faire !
Mam : Décidément tu m’étonnes. Tu es si mature depuis ce drame. Je suis fière de toi Phil, tu es super !
Moi : Tu sais Maman, j’ai tellement peur de perdre Julien, je ne le supportai pas.
Des larmes coulent sur mes joues, moi qui voulais me montrer fort, c’est une nouvelle fois raté ! J’ai le sentiment d’être dans un monde particulier, comme si j’étais entre le marteau et l’enclume ! Cette situation est des plus inconfortables. Je suis mal à l’aise, même si je prends beaucoup sur moi. L’aide apportée à Julien m’oblige à user beaucoup d’énergie, pas tant physique que mentale. Il faut que je fasse abstraction de son état. Oui son état physique est en amélioration, mais il y a son état mental à lui aussi. C’est comme si nous étions ensemble Julien et moi mais pas sur la même longueur d’onde. C’est difficile à expliquer ; c’est comme une frustration larvaire qui nous boufferait tous les deux. Je pense que moi aussi j’ai besoin de parler à un psy ou à une personne en dehors de la famille de ce que j’éprouve, de ce que je ressens ! Je me calme et je reprends :
Moi : Maman, je ne sais pas si tu as senti, mais moi aussi je me pose un tas de questions. Je n’ai pas de réponse, je suis souvent dans le vague. Je pense que je devrais pouvoir consulter, moi aussi, un psy ou une personne qui pourrait m’aider !
Mam : Oh Phil. Tu as dû beaucoup penser et « souffrir » pour tenir un tel discours. Si c’est le cas, nous ferons ton père et moi le maximum pour te venir en aide et bien entendu pour Julien, Stéphanie et probablement pour Delphine également, ta sœur qui ne dit rien mais qui doit, elle aussi, en baver !
Moi : Merci Maman, je sais que tu es là pour nous ainsi que Papa, mais c’est si profond, si déstabilisant, que...
Mam : Ne t’inquiète pas Phil, nous allons y réfléchir et trouver dans les plus brefs délais une solution.
Moi : Merci Maman, je t’aime tu sais.
Mam : Mais bien sûr que je le sais ! »
Je me lève et je viens faire un câlin à ma chère Maman. J’ai de la chance d’avoir des parents comme les miens. C’est si important pour que nous, ados, puissions évoluer sans trop de problèmes dans cette société tellement individualiste ! Je fais un gros bisou sur le front de Maman, avant d’aller me préparer à la venue de l’infirmier. Je l’aviserai de l’état de Julien et les problèmes rencontrés.
Maman et moi allons-nous rhabiller avant l’arrivée de Jean-Yves, l’infirmier. J’enfile un short et un tee-shirt et je reviens sur la terrasse. Je demande aux filles, qui sont toujours allongées sur la pelouse, si elle veulent boire quelque chose.
Je leur apporte une bouteille de limonade ainsi que deux verres. Je demande ensuite à Maman, qui vient de revenir elle aussi sur la terrasse, si elle souhaite boire quelque chose. Elle a envie d’un verre de thé glacé. J’apporte alors une carafe de thé glacé sur la table avec deux verres et un petit paquet de biscuits.
Je dis à Maman qu’il serait souhaitable de prévenir Jean-Yves avant qu’il n’aille s’occuper de Julien. Elle m’approuve et dit que de toute façon elle songeait à lui parler. À peine avons-nous eu le temps de parler de ça qu’on sonne à la porte. Je vais ouvrir sachant que c’est l’heure à laquelle Jean-Yves arrive. Effectivement c’est lui qui est là. Je lui demande de me suivre jusqu’à la terrasse en lui disant que Maman souhaite s’entretenir avec lui.
Maman me demande de m’écarter le temps qu’elle converse avec l’infirmier. Pendant ce temps-là, je préviens les filles que Jean-Yves est là, au cas où elles auraient l’idée de revenir vers la maison en tenue d’Ève.
Notre cher infirmier va s’occuper de Julien. Il en a pour une bonne vingtaine de minutes. J’étais prêt à venir aider s’il le fallait, mais il ne fait pas appel à moi. Après avoir terminé avec Juju, il ressort de la chambre et nous rejoint sur la terrasse. Il nous explique que Julien est désolé d’avoir été de « mauvais poil » avec nous, qu’il se rend compte de tout ce qui est fait pour lui venir en aide et qu’il a peur de notre réaction, il a peur d’être laissé en quarantaine !
Je suis estomaqué par ce que je viens d’entendre. Il faut absolument que j’aille voir Juju, il faut que je lui dise que je l’aime et que jamais, au grand jamais, je ne le laisserai tomber ! Je me lève d’un bond et je cours vers la chambre de mon chéri. J’entre et je le vois assis dans sa chaise roulante, placée devant la baie vitrée, il est de dos. Pour ne pas l’effrayer, je dis :
Moi : « Julien, c’est moi, je viens voir comment tu vas !
Jul : Heu, oui…
Je me place derrière lui. Mes mains se posent sur son thorax, mes lèvres se posent dans son cou et je lui donne de petits bisous. Ensuite je me place devant lui en lui prenant ses mains dans les miennes. Mon regard vient se plonger dans le sien. Je tente de lire ce qu’il veut bien me laisser entrevoir. Puis je pose mes lèvres sur les siennes pour lui donner un baiser. Puis je me recule un peu et, le regard incrusté dans le sien je lui dis :
Moi : Je t’aime Juju, je ne te laisserai jamais tomber, je serai toujours là pour toi, peu importe les tumultes qui viendront nous déstabiliser, je serai là !
Jul : Oh Phil, excuse-moi pour tantôt, j’ai honte de ce que je t’ai dit.
Moi : C’est oublié mon amour, c’est oublié !
Jul : Je t’aime Phil, je ne pourrais pas vivre sans toi !
Moi : Tu vois, moi non plus, tu peux en être certain !
Jul : Et la famille ?
Moi : Tu n’as pas à t’inquiéter, ils t’aiment tous !
Jul : Je sais que ta maman m’aime bien, elle me l’a dit quand elle est venue m’apporter un coca !
Moi : Veux-tu que je dorme avec toi ce soir ?
Jul : Oh oui, cela me fera vraiment plaisir ! »
Mes lèvres viennent une nouvelle fois se déposer sur les siennes, nos langues se fraient un chemin par-delà la barrière corail blanc de nos dentures et elles entrent dans une danse endiablée, nous emportant avec elles dans « notre bulle », à l’abri de ce qui se passe autour de nous. Je retrouve mon chéri, je sens qu’il m’aime et je suis certain que lui aussi ressent la même chose. Nos mains, nos doigts s’enlacent aussi, nos corps sont à l’unisson, ils vibrent au même rythme, nous retrouvons notre complicité amoureuse. Mes yeux pleurent de joie tout comme ceux de Julien. Nous restons enlacés un bon moment. Je vois aussi la porte de la chambre s’ouvrir et se refermer peu après, j’ai l’impression que c’est Maman qui est venue voir comment ça allait ! Je pense qu’elle est maintenant rassurée.
Il est bientôt l’heure du souper. Je commence à avoir faim et je suppose que c’est aussi le cas pour Julien. Je regarde ma montre, il est déjà dix-huit heures quarante. C’est le moment où papa revient régulièrement du travail. J’en fais part à Juju. Il me demande si je peux d’abord lui donner l’urinal en vue de satisfaire un besoin naturel. Je m’occupe donc de mon chéri. Après avoir rincé et remis en place ce récipient particulier, je l’interroge pour savoir s’il veut venir manger avec le reste de la famille. J’ajoute, en vue de le convaincre, qu’il est attendu et que personne ne lui en veut pour ce qui s’est passé. Julien accepte de se joindre à nous. Je prends alors les deux poignées de son fauteuil roulant et je le conduis sur la terrasse où est installée la famille.
Dès que nous nous sommes attablés, Delphine nous demande ce que nous voulons boire, en signalant que papa se change avant de nous rejoindre pour l’apéro. Maman a choisi un kir, je pense que c’est une très bonne idée, Juju opte pour un verre de vin rosé bien frais. Delphine est partie chercher ce qu’il faut pour satisfaire la famille.
Papa arrive, il a mis un short et un tee-shirt, ce qui est plus relax que son costume. Il est vrai qu’il avait une réunion de travail avec des clients cet après-midi. C’est Stéphanie qui va aider ma sœur pour apporter ce qu’il faut, soit les boissons et les zakouskis qui vont avec !
Papa prend alors la parole :
Pap : « Voilà les jeunes. J’ai eu l’occasion de discuter avec votre maman au téléphone. Il semble que vous soyez actuellement très mal à l’aise, mal dans votre peau, pour les raisons que nous connaissons tous ! Il faut absolument que nous trouvions une solution pour vous quatre !
Mam : Je me suis permise de contacter papa, car vous allez avoir du mal à vous relever si vous ne faites pas attention à vous, soit à votre propre personne.
Moi : Merci Maman, c’est une excellente idée dont nous avons discuté cet après-midi.
Mam : Je sais Phil, tu as bien fait de te confier à moi. Pour les autres, ne voyez pas ça comme une « trahison » mais comme une fusée de détresse, une alerte lancée en cas de « naufrage ».
Pap : Ce que Phil a dit à Maman est très important. Je suis conscient que cela a dû lui en coûter, mais il a raison.
Del : Je pense savoir de quoi il s’agit. J’ai une petite idée. Nous en avons parlé Stéphanie et moi cet après-midi également.
Mam : Tu peux nous dire ce dont vous avez parlé, c’est le moment idéal !
Del : Nous pensons que Julien et même Stéphanie ont besoin de soutien pour qu’ils puissent passer le cap du décès de leurs parents !
Pap : Effectivement Delphine, vous avez raison.
Mam : C’est de ça que Phil me parlait aussi, mais il …, enfin je vais parler pour lui, si tu es d’accord !
Moi : Oui, je n’ai rien à cacher.
Mam : Phil pensait que ce serait bien aussi de consulter un psy pour lui !
Pap : Je suis tout à fait conscient que c’est à vous à prendre cette décision, c’est une affaire personnelle. C’est donc à vous de décider, ni maman ni moi nous vous forcerons à faire quelque chose que vous ne voulez pas.
Sté : Je pense que c’est une bonne chose, je suis d’accord, car je sens que je ne vais pas bien du tout.
Del : Je trouve que mon frère est une nouvelle fois tellement attentif aux autres ! Il se rend compte que lui aussi n’est pas bien, qu’il a aussi vu que nous étions chacun de nous quatre trop fragiles. Je veux aussi pouvoir remettre mes idées en place !
Mam : C’est bien, je suis heureuse de voir que vous comprenez que c’est important pour vous et pour la vie de famille. Julien, qu’en penses-tu ?
Jul : Je sens très bien que j’ai besoin d’aide à tout niveau. J’ai été odieux tantôt et j’en suis désolé. J’ai eu l’occasion de réfléchir dans ma chambre. Je pense que je dois absolument suivre une thérapie car je vais devenir « fou » !
Mam : C’est très bien Julien. Nous avons eu l’occasion d’en parler et je vois que tu as pris la bonne décision. Je te l’ai dit, je t’aime comme mon fils et les autres membres de la famille t’aiment eux aussi, n’en doute jamais !
Jul : Je le sais, je vous dois beaucoup et je sais que vous m’aimez ! … Je vous aime tous !
Moi : Merci Juju, nous allons passer cette épreuve ensemble, unis, en famille, pour tous affronter l’avenir dans le bonheur.
Jul : Oui Phil, je suis partant.
Sté : J’ai comme un poids qui a été enlevé de ma poitrine !
Mam : Nous allons nous en occuper avec le docteur Delporte, pour trouver un ou des thérapeutes pour vous aider psychologiquement.
Pap : Je suis heureux de vos réactions. Bon, je vous propose de boire à votre santé et à un avenir plus rose pour vous tous !
Tous : Santé ! »
Je me rends compte que j’ai bien fait de parler avec Maman. Elle n’a donc pas traîné pour en parler avec Papa. Je pense que c’est juste le bon moment pour que nous puissions nous projeter en avant, dans un avenir plus serein.