20-02-2021, 01:29 PM
Dans la rue.
Je m’étais levé du banc et j’avais quitté le parc. J’étais une nouvelle fois sur les trottoirs du quartier. Je marchais, errant sans but, avec un mal de tête assez fort. Puis au fil des rues et des avenues, je me suis retrouvé près de chez Marie. Je me souvenais qu’une fois alors que j’étais allé étudier et revoir mes cours avec Marie, chez elle, elle m’avait fait découvrir l’abri de jardin situé au fond du terrain de sa maison. Elle m’avait montré où la clef était cachée. Je m’étais dit qu’il serait plus prudent de me mettre à l’abri car il recommençait à pleuvoir. J’étais passé par le long de la haie et j’avais retrouvé le passage vers le fond du jardin. La très faible lueur du réverbère m’avait permis de trouver la clef et d’entrer dans cet abri de jardin. J’avais trouvé les coussins des chaises du salon de jardin et je m’étais préparé un semblant de lit de fortune. Comme je commençais à avoir froid, j’avais enfilé tous les vêtements qui se trouvaient dans mon sac. J’avais déjà un peu plus chaud. J’avais aussi mis sur moi, en guise de couverture, la toile qui servait de parasol et qui était placée durant l’été sur une partie de la terrasse.
Je m’étais endormi, là sur ce lit de fortune, fatigué d’avoir marché presque toute la journée. Je me sentais comme apaisé.
Au même moment chez Benoît.
Maman était dans tous ses états. Les parents de Benoît ne savaient plus que faire. Benoît quant à lui tournait en rond, s’inquiétant pour moi.
Puis c’est maman qui avait eu l’idée de contacter mes amis en vue de voir se je n’étais pas chez eux. Elle avait dans son sac à main son agenda avec la liste des numéros de téléphone de ses amies et des parents des élèves de ma classe et d’autres connaissances.
Elle sonnait aux personnes de son répertoire, sans avoir pu me localiser. Puis encore une fois, maman avait pensé que j’aurai pu aller chez Marie. Elle avait tenté de téléphoner, mais la ligne était semble-t-il en panne. Maman avait alors décidé de s’y rendre pour en avoir le cœur net. Elle avait dit au revoir aux parents de Benoît et avant de quitter les lieux elle avait embrassé Benoît sur les joues en lui disant :
Jac : « Oh mon Benoît, nous allons tout faire pour retrouver Phil. Je sais que tu l’aimes et nous allons faire l’impossible.
Ben : Merci Jacqueline, il faut absolument le retrouver, il fait déjà noir, il fait froid et de plus il pleut.
Jac : Ne te tracasses pas Benoît, dès que j’ai des nouvelles je te téléphone.
Yve : Merci Jacqueline, vous pouvez même sonner au milieu de la nuit, il faut que nous sachions si Phil a bien été retrouvé.
Jac : Allez Yves, nous allons le retrouver.
Yve : Je vais refaire un tour en voiture. Ben tu veux venir avec moi ?
Ben : Oui papa, je viens avec toi ! »
Maman était partie chez Marie, tandis que, Yves et Benoît refaisaient les rues et les avenues déjà parcourues à plusieurs reprises durant la journée.
Chez Marie.
Maman était arrivée chez Marie. Il y avait de la lumière au rez-de-chaussée. Elle avait sonné à la porte. C’est Marie qui avait ouvert la porte. Marie a semblé très étonnée de voir ma maman à cette heure avancée de la soirée.
Mar : « Bonjour madame, entrez. Il y a quelque chose de spécial ?
Jac : Bonjour Marie, tes parents sont-ils présents ?
Mar : Oui, ils sont là, je vais les appeler.
Les parents de Marie avaient invité maman à enter dans le salon. Maman s’était assise dans un fauteuil et elle pris alors la parole :
Jac : Marie me connait, je suis la maman de Philippe, enfin Phil pour ceux qui le connaissent.
Mar : Oui Phil est dans ma classe, c’est lui que j’avais aidé à se remettre à niveau après sa sortie de l’hôpital il y a presque trois semaines à un mois.
Parents : Oui, je vois maintenant, votre fils Phil est très gentil et c’est un amour, il est toujours très calme et très poli.
Jac : Oui, merci. Je ne vais pas y aller par quatre chemins, mais Phil a disparu depuis ce matin.
Mar : Oh non, que c’est-il passé ?
Jac : Marie tu es une amie de Phil, tu sais qui est Phil et ce qu’il a subi ou pas. Dis-moi exactement ce que tu sais.
Mar : Oui et bien, je sais que Phil est homo, qu’il avait un petit ami Henri. Henri est mort à la fin des vacances. Je sais qu’il l’aimait bien et qu’Henri était avec vous en vacances. Puis je sais que, enfin alors qu’ils étaient à deux à vélo...ils ont…enfin.
La voix de Marie avait changé, elle était émue. Elle avait les yeux pleins de larmes. Elle était devenue un peu plus pâle.
Papa.M : Marie, tu sais tu peux tout nous dire. Reprends-toi.
Mar : Je sais qu’ils ont été attaqués par des homophobes et que Phil a su faire partir Henri, et ensuite que Phil a été battu, malmené, humilié et qu’il a été vi…vi…violé !
Marie fondait alors en larme. Maman était étonnée que Marie en sache autant. Puis maman demanda à Marie si elle en savait plus.
Jac : Marie, tu en sais beaucoup, mais est-ce que Phil t’a parlé d’autre chose.
Mar : Oui, il m’a dit qu’à la suite du décès de son ami Henri, qu’il avait été très malade et que c’est pour ça qu’il avait été hospitalisé.
Jac : Merci Marie. Tu sais au sujet de son hospitalisation, ce n’est pas tout à fait comme cela que les choses se sont passées. En fait à la première réunion chez les scouts, il a été traité de « pédé » et on lui reprochait sa relation avec Henri. Phil ne l’a pas supporté. Il avait quitté la réunion et il était rentré à la maison. Et là, il a tenté de se suicider.
Marie éclata en sanglots. Elle n’était pas au courant. Elle pleurait en disant :
Mar : Mais ce n’est pas possible, mais pourquoi ils ont fait ça, il est si gentil. Puis il est gay et alors c’est mon ami. Mais ce n’est pas possible.
Jac : Heureusement que son frère Jean était rentré plus tôt et qu’il avait pu faire appel aux secours. Tu sais Marie, Phil est resté 23 jours dans le coma.
Mar : Je n’en savais rien. Je voyais qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas mais je ne savais pas quoi. Maintenant je comprends.
Jac : Tu ne sais pas où est Phil. Tu sais que ce week-end il était chez Benoît.
Mar : Oui, je sais que Phil est amoureux de Benoît.
Jac : Les parents de Benoît ne savaient pas que Benoît lui aussi est homo. Et ce matin c’est le papa de Benoît qui les a trouvés sous la douche dans la salle de bain occupé à s’embrasser et à se caresser. Il a crié en disant qu’il ne voulait pas de « pédé » chez lui et il a mis Phil à la porte. Depuis nous le cherchons.
Mar : Mais ce n’est pas possible, il ne va pas encore tenter de mettre fin à ses jours, mais ce n’est pas possible. Mais non pas lui !
Marie était devenue blême, transparente. Elle pleurait. Les parents de Marie restaient sans voix.
Mar : Je vous jure, je n’ai pas vu Phil aujourd’hui. Et je ne sais pas où il pourrait être»
Jac : Merci Marie. Si Phil te contacte, averti moi directement, c’est très important.
Mar : Oui, sans problème. Si de votre côté vous le trouvez, avertissez-moi. »
Marie est partie se réfugier dans les bras de sa maman.
Dans l’abri de jardin.
Il se faisait de plus en plus tard. Je n’avais aucune notion de l’heure qu’il était. Je dormais puis je me réveillais car j’avais froid ; puis je me rendormais. Je ne percevais presque plus la lumière du réverbère. J’étais comme dans les nuages, dans la brume. Je tentais tant bien que mal de me réchauffer, je me frottais les mains l’une contre l’autre. Puis je commençais à avoir
Froid aux pieds. Je ne m’inquiétais pas, j’allais revenir à la maison quand les premières lueurs du jour apparaitraient. Finalement je m’étais assoupi pour de bon.
Il faisait clair à l’extérieur, mais je ne savais plus bouger, j’étais transi de froid. Je ne parvenais plus à parler ou à crier. J’étais là, couché dans l’abri de jardin au fond de la propriété des parents de Marie.
A la maison.
Maman et papa étaient restés éveillé toute la nuit. Ils avaient téléphoné aux hôpitaux de la ville et au service de police du quartier. Une patrouille était passée à la maison et les policiers avaient pris tous les renseignements me concernant. Ils avaient dit qu’ils feraient des recherches entre la maison de Benoît, le local scout et la maison, tout en n’omettant pas les autres endroits susceptibles d’être contrôlés.
Anne s’était levée très tôt, elle n’avait presque pas dormi. Elle était inquiète. Jean lui dormait encore car maman lui avait donné un somnifère, car il était tellement anxieux et sur les nerfs, avant qu’il ne soit monté dans sa chambre et dans son lit.
Benoît avait téléphoné à la maison pour avoir des nouvelles. Il était très inquiet lui aussi. Il n’avait pas su dormir de toute la nuit. Il avait dit que Yves, son papa, avait encore circulé dans les rues jusqu’à trois heures du matin.
La vie continue.
Ce matin ni Marie, ni Benoît, ni Anne, ni Jean n’avaient pris le chemin de l’école. Ils étaient chez eux à attendre de mes nouvelles.
Juste avant de reprendre les cours, le directeur avait réuni tous les élèves sous le préau.
Dir : « Voilà mes élèves, vous connaissez Philippe ou pour les familiers « Phil », il a disparu hier matin. Ses parents sont inquiets. L’un d’entre vous a-t-il vu Phil dans le quartier durant la journée d’hier ? »
Pas de réponse. Personne, aucun élève ne m’avait vu dimanche en journée dans le quartier.