15-02-2021, 10:30 AM
Je remercie Papa pour ce qu’il vient de me dire. Nous approchons de la maison de ma tante et de mon oncle. J’ai le ventre noué. Il faut que je me reprenne. Il faut que je sois fort pour aider Nathan et Manu. Enfin nous nous arrêtons dans l’allée. Nous descendons de voiture au moment où la porte s’ouvre, c’est David qui vient vers nous. Il nous fait la bise et il laisse Papa entrer le premier. David me dit que Manu semble bien encaisser le coup et que Nathan est assez peiné de ce qui arrive pour son petit-ami. Bref je pense que je vais pouvoir revoir les deux amoureux sans éclater en sanglot, je me suis fait tellement de scénarios…
J’entre avec David dans la maison. Je vais saluer ma tante, puis je dis bonjour à la maman de Manu. Nathan est assis dans le divan, il est toujours bloqué avec une attèle à la jambe, quand il me voit, il craque, il pleure à chaudes larmes. Je tente de le consoler. C’est ensuite Manu qui s’approche de moi et qui vient se coller à nous. Je vois qu’il a les yeux rouges, il a pleuré et semble être résigné. Finalement je parviens à aller me poser dans le divan en compagnie des deux garçons. Ils sont assis côte à côte.
Papa discute avec la maman et Élisabeth. C’est l’occasion pour lui d’entendre le déroulement des faits. Il propose deux à trois pistes d’approche qu’il envisage de prendre pour comprendre la réaction du père de Manu, de voir si la fibre paternelle ne pourrait pas être activée en vue de poser le problème et d’envisager la solution. C’est en fonction de la réaction du père qu’une approche en compagnie de la maman peut éventuellement être entamée. Puis il reste toujours la possibilité d’évoquer d’autres pistes au vu de sa réaction. Il ne faut pas négliger qu’il pourrait très bien y avoir un aspect judiciaire, aspect qui serait mis en marche si la maman décide de porter plainte, pour son fils, à l’encontre de son mari.
Nathan s’est calmé ainsi que Manu. Ils restent assis et discutent avec David qui les soutient comme il le peut. C’est la maman de Manu qui vient alors près de moi, elle souhaite avoir un entretien avec moi. Elle me demande de l’appeler par son prénom : Véronique.
Vér : « Je suis heureuse de faire ta connaissance Phil.
Moi : C’est la même chose pour moi.
Vér : Manu et Babette m’ont parlé de toi et de Julien. J’en ai parlé avec ton papa également, car il semble que tu t’es retrouvé dans la même situation que Manu il y a quelque temps.
Moi : Oui c’est vrai. Je sais le mal et le drame que peut provoquer l’annonce ou la découverte de l’homosexualité d’un enfant par un de ses parents, ou les deux.
Vér : Je vois que ça va, entre toi et ton papa.
Moi : Oui ça va très bien, je lui ai pardonné et je sais maintenant qu’il m’aime comme je suis et il adore mon Julien.
Vér : Merci à toi, tu as donné à Babette le numéro de téléphone de ta famille au cas où il y aurait eu un problème avec Manu, c’était une très bonne idée.
Moi : Effectivement, je ne sais pas pourquoi mais j’avais l’impression que le coming-out de Manu ne se passerait pas bien, d’ailleurs il en avait très, très peur !
Vér : Comme tu as pu l’entendre Manu n’a même pas eu le temps de le faire son coming-out. Il se fait qu’un collègue de mon mari a vu Manu et Babette entrer dans la chambre de Nathan. Il avait reconnu mes deux enfants et il s’était demandé à qui ils allaient rendre visite. Il a alors vu Manu embrasser Nathan sur la bouche. Le lendemain il en parle à mon mari qui a évidemment pété les plombs en rentrant à la maison.
Moi : Puis-je vous demander, si je ne suis pas trop indiscret, si vous saviez que Manu était gay ?
Vér : Je vais être franche, oui et non. Je me suis posé la question quelques fois sans en avoir la certitude. Pourquoi cette question ?
Moi : Parce qu’il est important pour Manu d’être soutenu, d’une part après ce qui est arrivé, mais aussi d’autre part, d’être accepté sans aucune retenue et sans arrière-pensée, en tant que jeune ado homosexuel !
Vér : Je vois où tu veux en venir, tu as peur qu’il soit rejeté, c’est ça ?
Moi : Oui, c’est bien de ça dont il est question. Aimez-vous votre fils Manu tel qu’il est ? C’est la chose la plus importante pour lui, c’est d’être accepté tel qu’il est et d’être aimé autant que sa sœur !
Vér : Oui j’aime Manu et je prends conscience qu’il est gay et que je dois l’accepter sans le lui reprocher.
Moi : Il faut lui dire, il en va de son équilibre mental !
Vér : Tu es vraiment un très chouette gars Phil. Tu as une grande maturité et tu fais preuve de beaucoup d’empathie vis-à-vis des autres. Merci de m’avoir ouvert les yeux. Viens dans mes bras !
Je me suis mis dans les bras de Véronique. Papa se demande ce qui se passe. Manu lui aussi a les yeux grands ouverts. Véronique me donne un bisou sur la joue et me dit encore merci. Elle va vers son fils, elle l’enlace et lui dit à l’oreille qu’elle l’aime. Tous les deux fondent en larmes. Élisabeth vient près de moi et me demande ce qui se passe. Je lui réponds que j’ai seulement dit les mots qu’il fallait. Elle me donne elle aussi un bisou sur la joue.
Papa est prêt à rencontrer le père de Manu. C’est Véronique qui téléphone à son mari Marc et elle lui dit calmement qu’elle a demandé à une tierce personne d’intervenir pour arranger le litige qu’il y a entre lui et le reste de la famille et plus précisément avec Emmanuel. Le rendez-vous est fixé dans trois quarts d’heure.
Il va être l’heure, papa nous quitte pour rencontrer Marc dans un endroit neutre. La rencontre se-fera dans une brasserie du centre de la ville. C’est préférable car papa ne veut pas être coincé avec Marc dans son habitation, surtout s’il se montre agressif vis-à-vis de lui, alors de cette façon il pourrait y aura des témoins éventuels si cela tourne au vinaigre !
Je reste assis sur le divan avec Manu et Nathan. David ne tient plus en place, tout comme Véronique. Le temps semble s’écouler très lentement. Cela fait déjà une heure trente-cinq que papa est parti. Tante Françoise propose une tasse de thé ou une tasse de café à Véronique et à ceux qui en veulent. David se propose d’aider sa maman pour préparer une théière avec deux tasses et de faire passer du café. Il n’oublie pas le sucre et quelques biscuits d’accompagnement. Je vais le rejoindre dans la cuisine où il patiente le temps que l’eau arrive à ébullition. David me dit :
Dav : « Phil, j’ai peur que ça se passe mal et que Nathan ne puisse plus voir Manu.
Moi : David, tu n’en sais encore rien, çà peut aussi très bien se passer !
Dav : Tu as l’air de positiver, mais honnêtement tu penses qu’il y a des chances pour que ça marche ?
Moi : Bien entendu David, je sais que ce n’est pas facile et je suis certain que ton oncle Alain saura tout mettre en œuvre pour que ça marche !
Dav : J’espère. Mais tu n’as pas eu beaucoup de chance pour les vacances, tu es toujours en train de donner un coup de main, tu restes au chevet de Julien, puis cette histoire avec Manu et Nathan. Je ne sais pas si je pourrais faire comme toi.
Moi : Je sais que les vacances sont foutues, mais Julien est en vie, c’est ça le plus important. Tu sais David, quand on aime quelqu’un cela donne des ailes pour le soutenir, l’aider et traverser les épreuves, ensemble, main dans la main !
Dav : Je vois ce que tu veux dire. Je te tire mon chapeau mon cher cousin !
Moi : Merci, mais je sais que tu seras aussi présent pour ton frère et son petit copain Manu. Puis tu as aussi ta famille qui est là.
Dav : Tu trouves toujours les mots qu’il faut, c’est comme ceux que tu as dit à Véronique !
Moi : Oui, il suffit de trouver les mots justes et d’être soi-même, dire ce qu’on pense tant que ça vient du cœur !
Dav : Merci Phil. Je te découvre de plus en plus, de jour en jour.
Moi : Allez David, aie confiance en l’avenir ! »
David vient me faire l’accolade puis il me prend dans ses bras. Cette marque d’affection est tellement naturelle et spontanée. Je pense que David est déjà un peu plus rassuré. Dans quelques minutes nous en saurons un peu plus sur la démarche effectuée par papa auprès de Marc. Bon, l’eau bout et je sors David de ses pensées. Il s’occupe de la théière et moi du café.
Nous arrivons avec deux plateaux que nous déposons sur la table du salon. Ma tante sert le thé après qu’il a infusé, je remplis trois tasses de café. Nathan demande une limonade tout comme Manu. David va chercher les boissons fraîches pour les deux amoureux. Ma tante regarde d’un air amusé son fils David. Elle remarque qu’il est nettement moins nerveux et qu’il sourit également. Elle me regarde ensuite, comprenant que j’ai parlé à David et que je lui ai remonté le moral. Pas besoin de parler, le regard en dit long.
Le téléphone sonne. C’est ma tante qui va décrocher. C’est l’oncle Martin qui appelle pour savoir comment l’entrevue s’est passée avec le père de Manu. Ma tante lui répond qu’Alain est toujours sur place dans une taverne avec Marc, le père de Manu. Ma tante lui dit qu’elle le tiendra au courant dès qu’elle aura des nouvelles.
Nous prenons notre collation en attendant de savoir si papa a pu ramener Marc à la raison. Ma tante Françoise explique à Véronique que Martin, son mari, a une réunion de travail très importante ce matin et qu’il ne pouvait pas se libérer.
Il est presque onze heures trente et malgré tout, la tension monte. Puis je me dis que si ça dure un peu plus longtemps c’est que papa a été accepté comme intermédiaire, qu’il développe de manière adaptée les arguments qu’il propose et que Marc participe à la conversation. Puis c’est tout frais pour Marc, il doit sûrement être lui aussi sur la défensive. Je sais que papa prend régulièrement son temps pour expliquer les tenants et aboutissants à son interlocuteur pour toujours donner des informations vraies et vérifiables, mais aussi pour communiquer son expérience et son ressenti, dans les situations développées. Bref je pense que l’entretien va donner de bons résultats. Je n’en fais pas état aux autres, car on ne sait jamais.
Le téléphone sonne une nouvelle fois. Ma tante va décrocher. C’est papa qui appelle. Il demande si Véronique peut venir lui parler. Véronique prend le combiné en main et écoute ce que papa lui dit. On entend qu’elle répond : « oui, non, pourquoi pas, etc. » Pour moi c’est bon signe, car le terme « pourquoi pas » laisse la porte ouverte à une solution !
Véronique me demande de prendre le combiné car Papa doit me demander quelque chose. Je prends le cornet et je dis :
Moi : « Oui Papa, comment cela se passe-t-il ?
Pap : Ça va pour le moment. Je vais te demander quelque chose, tu n’es pas obligé d’accepter !
Moi : Oui, dis-moi de quoi il s’agit, j’en ai déjà une vague idée !
Pap : Es-tu d’accord de venir parler avec Marc, le papa de Manu ?
Moi : Heu, j’étais sûr que c’était le but de ton appel téléphonique !
Pap : Tu fais ce qui te semble le mieux. C’est principalement pour expliquer toute l’importance de l’acceptation de la part d’un père dont le fils est « différent ».
Moi : Oui, je vois ce que tu veux. Je suppose que le papa de Manu est calme et qu’il ne s’énervera pas, car si ça risque de dégénérer, pour moi c’est non !
Pap : Je te comprends très bien Phil. Attend un moment je vais lui demander s’il compte rester calme quand tu seras avec nous.
Moi : Oui, j’attends.
Peu de temps après, Papa me dit :
Pap : Voilà, il m’a dit qu’il restera très calme et qu’il n’a pas l’intention de s’énerver, d’autant plus que c’est pour comprendre son fils et de trouver une solution. Il semble ouvert à la discussion. Tu restes maître de ta décision !
Moi : OK, je veux bien, mais c’est surtout pour Manu et Nathan.
Pap : Merci Phil, c’est Véronique qui te conduira où nous sommes, car elle va discuter avec Marc en ma présence pour qu’ils s’arrangent dans l’immédiat.
Moi : Ça va, je suis prêt.
Pap : À tout de suite. »
Je reviens dans le salon. J’explique à Véronique ainsi qu’à Manu et Nathan ce que j’ai accepté de faire. Véronique me remercie, Manu et Nathan se regardent et ne disent rien. David me regarde et me demande si je suis conscient de ce que je vais faire. Je lui dis que oui, que je sais que je ne vais pas avoir facile, mais que je dois bien faire ça pour mon cousin Nathan et son ami Manu. Ma tante me remercie elle aussi pour ce que j’ose faire, sachant que cela pourrait être perturbant pour moi étant donné ce que j’ai déjà vécu. Je rassure tout le monde, je sais que je vais devoir prendre un peu de recul par la suite.
J’entre avec David dans la maison. Je vais saluer ma tante, puis je dis bonjour à la maman de Manu. Nathan est assis dans le divan, il est toujours bloqué avec une attèle à la jambe, quand il me voit, il craque, il pleure à chaudes larmes. Je tente de le consoler. C’est ensuite Manu qui s’approche de moi et qui vient se coller à nous. Je vois qu’il a les yeux rouges, il a pleuré et semble être résigné. Finalement je parviens à aller me poser dans le divan en compagnie des deux garçons. Ils sont assis côte à côte.
Papa discute avec la maman et Élisabeth. C’est l’occasion pour lui d’entendre le déroulement des faits. Il propose deux à trois pistes d’approche qu’il envisage de prendre pour comprendre la réaction du père de Manu, de voir si la fibre paternelle ne pourrait pas être activée en vue de poser le problème et d’envisager la solution. C’est en fonction de la réaction du père qu’une approche en compagnie de la maman peut éventuellement être entamée. Puis il reste toujours la possibilité d’évoquer d’autres pistes au vu de sa réaction. Il ne faut pas négliger qu’il pourrait très bien y avoir un aspect judiciaire, aspect qui serait mis en marche si la maman décide de porter plainte, pour son fils, à l’encontre de son mari.
Nathan s’est calmé ainsi que Manu. Ils restent assis et discutent avec David qui les soutient comme il le peut. C’est la maman de Manu qui vient alors près de moi, elle souhaite avoir un entretien avec moi. Elle me demande de l’appeler par son prénom : Véronique.
Vér : « Je suis heureuse de faire ta connaissance Phil.
Moi : C’est la même chose pour moi.
Vér : Manu et Babette m’ont parlé de toi et de Julien. J’en ai parlé avec ton papa également, car il semble que tu t’es retrouvé dans la même situation que Manu il y a quelque temps.
Moi : Oui c’est vrai. Je sais le mal et le drame que peut provoquer l’annonce ou la découverte de l’homosexualité d’un enfant par un de ses parents, ou les deux.
Vér : Je vois que ça va, entre toi et ton papa.
Moi : Oui ça va très bien, je lui ai pardonné et je sais maintenant qu’il m’aime comme je suis et il adore mon Julien.
Vér : Merci à toi, tu as donné à Babette le numéro de téléphone de ta famille au cas où il y aurait eu un problème avec Manu, c’était une très bonne idée.
Moi : Effectivement, je ne sais pas pourquoi mais j’avais l’impression que le coming-out de Manu ne se passerait pas bien, d’ailleurs il en avait très, très peur !
Vér : Comme tu as pu l’entendre Manu n’a même pas eu le temps de le faire son coming-out. Il se fait qu’un collègue de mon mari a vu Manu et Babette entrer dans la chambre de Nathan. Il avait reconnu mes deux enfants et il s’était demandé à qui ils allaient rendre visite. Il a alors vu Manu embrasser Nathan sur la bouche. Le lendemain il en parle à mon mari qui a évidemment pété les plombs en rentrant à la maison.
Moi : Puis-je vous demander, si je ne suis pas trop indiscret, si vous saviez que Manu était gay ?
Vér : Je vais être franche, oui et non. Je me suis posé la question quelques fois sans en avoir la certitude. Pourquoi cette question ?
Moi : Parce qu’il est important pour Manu d’être soutenu, d’une part après ce qui est arrivé, mais aussi d’autre part, d’être accepté sans aucune retenue et sans arrière-pensée, en tant que jeune ado homosexuel !
Vér : Je vois où tu veux en venir, tu as peur qu’il soit rejeté, c’est ça ?
Moi : Oui, c’est bien de ça dont il est question. Aimez-vous votre fils Manu tel qu’il est ? C’est la chose la plus importante pour lui, c’est d’être accepté tel qu’il est et d’être aimé autant que sa sœur !
Vér : Oui j’aime Manu et je prends conscience qu’il est gay et que je dois l’accepter sans le lui reprocher.
Moi : Il faut lui dire, il en va de son équilibre mental !
Vér : Tu es vraiment un très chouette gars Phil. Tu as une grande maturité et tu fais preuve de beaucoup d’empathie vis-à-vis des autres. Merci de m’avoir ouvert les yeux. Viens dans mes bras !
Je me suis mis dans les bras de Véronique. Papa se demande ce qui se passe. Manu lui aussi a les yeux grands ouverts. Véronique me donne un bisou sur la joue et me dit encore merci. Elle va vers son fils, elle l’enlace et lui dit à l’oreille qu’elle l’aime. Tous les deux fondent en larmes. Élisabeth vient près de moi et me demande ce qui se passe. Je lui réponds que j’ai seulement dit les mots qu’il fallait. Elle me donne elle aussi un bisou sur la joue.
Papa est prêt à rencontrer le père de Manu. C’est Véronique qui téléphone à son mari Marc et elle lui dit calmement qu’elle a demandé à une tierce personne d’intervenir pour arranger le litige qu’il y a entre lui et le reste de la famille et plus précisément avec Emmanuel. Le rendez-vous est fixé dans trois quarts d’heure.
Il va être l’heure, papa nous quitte pour rencontrer Marc dans un endroit neutre. La rencontre se-fera dans une brasserie du centre de la ville. C’est préférable car papa ne veut pas être coincé avec Marc dans son habitation, surtout s’il se montre agressif vis-à-vis de lui, alors de cette façon il pourrait y aura des témoins éventuels si cela tourne au vinaigre !
Je reste assis sur le divan avec Manu et Nathan. David ne tient plus en place, tout comme Véronique. Le temps semble s’écouler très lentement. Cela fait déjà une heure trente-cinq que papa est parti. Tante Françoise propose une tasse de thé ou une tasse de café à Véronique et à ceux qui en veulent. David se propose d’aider sa maman pour préparer une théière avec deux tasses et de faire passer du café. Il n’oublie pas le sucre et quelques biscuits d’accompagnement. Je vais le rejoindre dans la cuisine où il patiente le temps que l’eau arrive à ébullition. David me dit :
Dav : « Phil, j’ai peur que ça se passe mal et que Nathan ne puisse plus voir Manu.
Moi : David, tu n’en sais encore rien, çà peut aussi très bien se passer !
Dav : Tu as l’air de positiver, mais honnêtement tu penses qu’il y a des chances pour que ça marche ?
Moi : Bien entendu David, je sais que ce n’est pas facile et je suis certain que ton oncle Alain saura tout mettre en œuvre pour que ça marche !
Dav : J’espère. Mais tu n’as pas eu beaucoup de chance pour les vacances, tu es toujours en train de donner un coup de main, tu restes au chevet de Julien, puis cette histoire avec Manu et Nathan. Je ne sais pas si je pourrais faire comme toi.
Moi : Je sais que les vacances sont foutues, mais Julien est en vie, c’est ça le plus important. Tu sais David, quand on aime quelqu’un cela donne des ailes pour le soutenir, l’aider et traverser les épreuves, ensemble, main dans la main !
Dav : Je vois ce que tu veux dire. Je te tire mon chapeau mon cher cousin !
Moi : Merci, mais je sais que tu seras aussi présent pour ton frère et son petit copain Manu. Puis tu as aussi ta famille qui est là.
Dav : Tu trouves toujours les mots qu’il faut, c’est comme ceux que tu as dit à Véronique !
Moi : Oui, il suffit de trouver les mots justes et d’être soi-même, dire ce qu’on pense tant que ça vient du cœur !
Dav : Merci Phil. Je te découvre de plus en plus, de jour en jour.
Moi : Allez David, aie confiance en l’avenir ! »
David vient me faire l’accolade puis il me prend dans ses bras. Cette marque d’affection est tellement naturelle et spontanée. Je pense que David est déjà un peu plus rassuré. Dans quelques minutes nous en saurons un peu plus sur la démarche effectuée par papa auprès de Marc. Bon, l’eau bout et je sors David de ses pensées. Il s’occupe de la théière et moi du café.
Nous arrivons avec deux plateaux que nous déposons sur la table du salon. Ma tante sert le thé après qu’il a infusé, je remplis trois tasses de café. Nathan demande une limonade tout comme Manu. David va chercher les boissons fraîches pour les deux amoureux. Ma tante regarde d’un air amusé son fils David. Elle remarque qu’il est nettement moins nerveux et qu’il sourit également. Elle me regarde ensuite, comprenant que j’ai parlé à David et que je lui ai remonté le moral. Pas besoin de parler, le regard en dit long.
Le téléphone sonne. C’est ma tante qui va décrocher. C’est l’oncle Martin qui appelle pour savoir comment l’entrevue s’est passée avec le père de Manu. Ma tante lui répond qu’Alain est toujours sur place dans une taverne avec Marc, le père de Manu. Ma tante lui dit qu’elle le tiendra au courant dès qu’elle aura des nouvelles.
Nous prenons notre collation en attendant de savoir si papa a pu ramener Marc à la raison. Ma tante Françoise explique à Véronique que Martin, son mari, a une réunion de travail très importante ce matin et qu’il ne pouvait pas se libérer.
Il est presque onze heures trente et malgré tout, la tension monte. Puis je me dis que si ça dure un peu plus longtemps c’est que papa a été accepté comme intermédiaire, qu’il développe de manière adaptée les arguments qu’il propose et que Marc participe à la conversation. Puis c’est tout frais pour Marc, il doit sûrement être lui aussi sur la défensive. Je sais que papa prend régulièrement son temps pour expliquer les tenants et aboutissants à son interlocuteur pour toujours donner des informations vraies et vérifiables, mais aussi pour communiquer son expérience et son ressenti, dans les situations développées. Bref je pense que l’entretien va donner de bons résultats. Je n’en fais pas état aux autres, car on ne sait jamais.
Le téléphone sonne une nouvelle fois. Ma tante va décrocher. C’est papa qui appelle. Il demande si Véronique peut venir lui parler. Véronique prend le combiné en main et écoute ce que papa lui dit. On entend qu’elle répond : « oui, non, pourquoi pas, etc. » Pour moi c’est bon signe, car le terme « pourquoi pas » laisse la porte ouverte à une solution !
Véronique me demande de prendre le combiné car Papa doit me demander quelque chose. Je prends le cornet et je dis :
Moi : « Oui Papa, comment cela se passe-t-il ?
Pap : Ça va pour le moment. Je vais te demander quelque chose, tu n’es pas obligé d’accepter !
Moi : Oui, dis-moi de quoi il s’agit, j’en ai déjà une vague idée !
Pap : Es-tu d’accord de venir parler avec Marc, le papa de Manu ?
Moi : Heu, j’étais sûr que c’était le but de ton appel téléphonique !
Pap : Tu fais ce qui te semble le mieux. C’est principalement pour expliquer toute l’importance de l’acceptation de la part d’un père dont le fils est « différent ».
Moi : Oui, je vois ce que tu veux. Je suppose que le papa de Manu est calme et qu’il ne s’énervera pas, car si ça risque de dégénérer, pour moi c’est non !
Pap : Je te comprends très bien Phil. Attend un moment je vais lui demander s’il compte rester calme quand tu seras avec nous.
Moi : Oui, j’attends.
Peu de temps après, Papa me dit :
Pap : Voilà, il m’a dit qu’il restera très calme et qu’il n’a pas l’intention de s’énerver, d’autant plus que c’est pour comprendre son fils et de trouver une solution. Il semble ouvert à la discussion. Tu restes maître de ta décision !
Moi : OK, je veux bien, mais c’est surtout pour Manu et Nathan.
Pap : Merci Phil, c’est Véronique qui te conduira où nous sommes, car elle va discuter avec Marc en ma présence pour qu’ils s’arrangent dans l’immédiat.
Moi : Ça va, je suis prêt.
Pap : À tout de suite. »
Je reviens dans le salon. J’explique à Véronique ainsi qu’à Manu et Nathan ce que j’ai accepté de faire. Véronique me remercie, Manu et Nathan se regardent et ne disent rien. David me regarde et me demande si je suis conscient de ce que je vais faire. Je lui dis que oui, que je sais que je ne vais pas avoir facile, mais que je dois bien faire ça pour mon cousin Nathan et son ami Manu. Ma tante me remercie elle aussi pour ce que j’ose faire, sachant que cela pourrait être perturbant pour moi étant donné ce que j’ai déjà vécu. Je rassure tout le monde, je sais que je vais devoir prendre un peu de recul par la suite.