10-02-2021, 05:06 PM
Je montai dans le train seule. Tous travaillaient et je ne pouvais quand même pas leur demander de rater le travail juste pour me dire au revoir. J’aurais tellement aimé qu’ils soient là. J’aurais pleuré, sûrement, mais j’aurais aimé les prendre encore une fois dans mes bras. Allez, une petite claque sur la joue, et en voiture Simone ! Ne me demandez pas pourquoi Simone, c’est juste une expression de papa que j’ai gardé. Je crois que c’était en référence à un truc à la télé, un truc de dinosaures. Le claquement rythmique des roues du train au passage des rails avait toujours cet effet apaisant, presque narcotique. Je fis le voyage dans un état second. Une fois arrivée à la gare, la traversée de Paris se montra beaucoup moins agréable avec mon gros sac scout sur le dos ; vous savez, c’était ce genre de sac qui permet de mettre deux semaines de vêtements, d’éléments d’hygiène, et diverses choses. Cela tombait bien, parce que c’était très exactement ce qu’il contenait.
Arrivée en bas de l’immeuble, je sonnai. Il m’ouvrit sans attendre et sans rien dire. Je supputai qu’il devait encore être au téléphone. Sur ce point il n’y avait aucune ambiguïté : c’était effectivement un homme extrêmement pris par son travail. Le sac m’avait paru de plus en plus lourd alors que je me rapprochai de l’immeuble, et une fois dedans il pesait une tonne. J’eusse même dit qu’il semblait vouloir tomber en direction de la gare, direction la Bretagne. Allez ! Un peu d’effort ! Je poussai sur les jambes (et pris l’ascenseur parce que courageuse et masochiste ce n’est pas la même chose) et arrivai à la porte d’entrée. Celle-ci était entrouverte. Tendant l’oreille je l’entendis parler, seul. Mon intuition était confirmée. Je me refermai la porte derrière moi et marchai discrètement vers ma chambre. Il me vit de loin, me salua d’un signe de la main, et continua sa discussion.
Arrivée dans la chambre, je fermai la porte derrière moi et me mis en devoir de déballer mes affaires. Il y avait une belle armoire, une petite salle de douche, tout trouva sa place sans soucis. Ce n’est que lorsque j’arrivai au fond du sac que mon angoisse refit jour : comme une cruche j’avais placé mon ordinateur portable au fond, c’est donc lui qui avait encaissé tout le trajet. Après une rapide prière, parce que ne pas être croyante n’empêche pas de mettre toutes les chances se son côté, je le posai, le branchai, et l’allumai. Miracle ! Les choses commençaient plutôt bien jusque là.
L’ordinateur était en cours de démarrage quand on toqua à la porte.
- Oui ?
- C’est Damien, je peux entrer ?
Apparemment la courtoisie était dans sa nature, ce n’était pas juste pour m’appâter. Je soufflai de soulagement.
- Je t’en prie.
Il entra dans la pièce, jeta un coup d’œil alentours, pus sourit.
- Visiblement tu prends tes marques, c’est parfait. As-tu besoin de quelque chose ?
- Nous rien, c’est parfait. Merci.
- Vraiment ? Pas même du code wifi ?
Je le regardai, l’air bête. Il n’avait pas tort.
- Ah oui, merci beaucoup !
Il me tendit un papier et continua, sur le même ton badin :
- Tu dors avec moi cette nuit ?
- Je préfère pas, cette semaine j’ai mes règles.
La réponse était venue toute spontanément. Elle était parfaitement exacte, ce qui m’offrait une bonne excuse, mais elle était également plutôt gênante.
- Oh… je comprends. Mais ça ne va pas gêner le rendez-vous de lundi ? Je peux le rappeler.
- Pas besoin, elles vont se terminer cette nuit.
Encore une fois ma satanée spontanéité. Il faut bien retenir ça : ne pas me confier de secret sinon je risque de le révéler sans même y faire attention. Outre la gêne de l’annonce, je venais aussi de lui dire que dès la nuit suivante j’allais être disponible, super…
Il me sourit.
- Je passe récupérer ton double de clef cet après-midi, et je pars en voyage d’affaire tout le week-end, je ne rentrerai que tard dans la nuit de dimanche à lundi. Dors dans ta chambre, autant être en forme pour la rentrée, ce serait mieux que je ne te réveille pas.
A nouveau ce ton protecteur, paternaliste. Cela était vraiment étrange remis dans le contexte. Un frisson me parcouru l’échine : c’était comme de me préparer à coucher avec un papa, un peu comme s’il était le mien. J’évacuai l’idée de mon esprit aussi vite que possible. Il se retira, referma la porte, et je ne le revis pas de la journée. Il avait laissé un mot dans la cuisine indiquant que je pouvais me servir dans le frigo, ce que je fis. En bon célibataire endurci, il avait une belle réserve de plats cuisinés à réchauffer. Au moins, cela allait me simplifier l’existence. Celui que je mangeai était plutôt de bonne qualité, mais je compris vite son besoin de compagnie : manger toute seule dans cette grande cuisine, dans cet appartement silencieux, c’était assez triste. Tout était beau, mais ça manquait de vie, très loin de mon trou de hobbit breton.
Il ne revint que le soir, vers l’heure du dîner. J’obtins le double des clefs, des clefs de sécurité associées à une carte magnétique d’accès dans le hall. Il allait falloir en prendre soin : faire une copie de ce genre de matériel grèverait gravement mon budget, donc je ne pourrai pas en réclamer d’autres.
Le dîner en lui-même fut très agréable. Il se fit livrer par un petit restaurant vietnamien du quartier. Ces saveurs m’étaient complètement inconnues, mais je mangeai avec appétit. Après une soirée assez courte, Damien devant se lever tôt le lendemain matin, nous nous souhaitâmes une bonne nuit. Il vint me faire la bise, mais au lieu de viser la joue, il déposa un baiser léger sur mes lèvres. Je sentis mes joues chauffer, et j’ai donc probablement piqué un beau fard. Je lui souhaitai à nouveau une bonne nuit, bafouillant mes mots, et allai dans ma chambre.
Il avait cette odeur d’homme, une odeur de musc un peu boisée qui me plaisait beaucoup. Ses lèvres étaient douces, sa moustache chatouillait un peu ; je devais bien m’avouer qu’être embrassée était très agréable.
Arrivée en bas de l’immeuble, je sonnai. Il m’ouvrit sans attendre et sans rien dire. Je supputai qu’il devait encore être au téléphone. Sur ce point il n’y avait aucune ambiguïté : c’était effectivement un homme extrêmement pris par son travail. Le sac m’avait paru de plus en plus lourd alors que je me rapprochai de l’immeuble, et une fois dedans il pesait une tonne. J’eusse même dit qu’il semblait vouloir tomber en direction de la gare, direction la Bretagne. Allez ! Un peu d’effort ! Je poussai sur les jambes (et pris l’ascenseur parce que courageuse et masochiste ce n’est pas la même chose) et arrivai à la porte d’entrée. Celle-ci était entrouverte. Tendant l’oreille je l’entendis parler, seul. Mon intuition était confirmée. Je me refermai la porte derrière moi et marchai discrètement vers ma chambre. Il me vit de loin, me salua d’un signe de la main, et continua sa discussion.
Arrivée dans la chambre, je fermai la porte derrière moi et me mis en devoir de déballer mes affaires. Il y avait une belle armoire, une petite salle de douche, tout trouva sa place sans soucis. Ce n’est que lorsque j’arrivai au fond du sac que mon angoisse refit jour : comme une cruche j’avais placé mon ordinateur portable au fond, c’est donc lui qui avait encaissé tout le trajet. Après une rapide prière, parce que ne pas être croyante n’empêche pas de mettre toutes les chances se son côté, je le posai, le branchai, et l’allumai. Miracle ! Les choses commençaient plutôt bien jusque là.
L’ordinateur était en cours de démarrage quand on toqua à la porte.
- Oui ?
- C’est Damien, je peux entrer ?
Apparemment la courtoisie était dans sa nature, ce n’était pas juste pour m’appâter. Je soufflai de soulagement.
- Je t’en prie.
Il entra dans la pièce, jeta un coup d’œil alentours, pus sourit.
- Visiblement tu prends tes marques, c’est parfait. As-tu besoin de quelque chose ?
- Nous rien, c’est parfait. Merci.
- Vraiment ? Pas même du code wifi ?
Je le regardai, l’air bête. Il n’avait pas tort.
- Ah oui, merci beaucoup !
Il me tendit un papier et continua, sur le même ton badin :
- Tu dors avec moi cette nuit ?
- Je préfère pas, cette semaine j’ai mes règles.
La réponse était venue toute spontanément. Elle était parfaitement exacte, ce qui m’offrait une bonne excuse, mais elle était également plutôt gênante.
- Oh… je comprends. Mais ça ne va pas gêner le rendez-vous de lundi ? Je peux le rappeler.
- Pas besoin, elles vont se terminer cette nuit.
Encore une fois ma satanée spontanéité. Il faut bien retenir ça : ne pas me confier de secret sinon je risque de le révéler sans même y faire attention. Outre la gêne de l’annonce, je venais aussi de lui dire que dès la nuit suivante j’allais être disponible, super…
Il me sourit.
- Je passe récupérer ton double de clef cet après-midi, et je pars en voyage d’affaire tout le week-end, je ne rentrerai que tard dans la nuit de dimanche à lundi. Dors dans ta chambre, autant être en forme pour la rentrée, ce serait mieux que je ne te réveille pas.
A nouveau ce ton protecteur, paternaliste. Cela était vraiment étrange remis dans le contexte. Un frisson me parcouru l’échine : c’était comme de me préparer à coucher avec un papa, un peu comme s’il était le mien. J’évacuai l’idée de mon esprit aussi vite que possible. Il se retira, referma la porte, et je ne le revis pas de la journée. Il avait laissé un mot dans la cuisine indiquant que je pouvais me servir dans le frigo, ce que je fis. En bon célibataire endurci, il avait une belle réserve de plats cuisinés à réchauffer. Au moins, cela allait me simplifier l’existence. Celui que je mangeai était plutôt de bonne qualité, mais je compris vite son besoin de compagnie : manger toute seule dans cette grande cuisine, dans cet appartement silencieux, c’était assez triste. Tout était beau, mais ça manquait de vie, très loin de mon trou de hobbit breton.
Il ne revint que le soir, vers l’heure du dîner. J’obtins le double des clefs, des clefs de sécurité associées à une carte magnétique d’accès dans le hall. Il allait falloir en prendre soin : faire une copie de ce genre de matériel grèverait gravement mon budget, donc je ne pourrai pas en réclamer d’autres.
Le dîner en lui-même fut très agréable. Il se fit livrer par un petit restaurant vietnamien du quartier. Ces saveurs m’étaient complètement inconnues, mais je mangeai avec appétit. Après une soirée assez courte, Damien devant se lever tôt le lendemain matin, nous nous souhaitâmes une bonne nuit. Il vint me faire la bise, mais au lieu de viser la joue, il déposa un baiser léger sur mes lèvres. Je sentis mes joues chauffer, et j’ai donc probablement piqué un beau fard. Je lui souhaitai à nouveau une bonne nuit, bafouillant mes mots, et allai dans ma chambre.
Il avait cette odeur d’homme, une odeur de musc un peu boisée qui me plaisait beaucoup. Ses lèvres étaient douces, sa moustache chatouillait un peu ; je devais bien m’avouer qu’être embrassée était très agréable.