28-01-2021, 09:59 AM
Un jour, soit après vingt-trois jours de coma, j’avais ouvert un œil. Maman était présente ainsi qu’une autre personne que j’avais peine à distinguer. Maman avait directement fait appel aux infirmières qui s’étaient empressées d’appeler le médecin de service.
Au fur et à mesure je retrouvais mes esprits.
Elle m’avait dit alors dit qu’un jeune était venu tous les jours pour me voir. Elle me disait qu’il était présent dans la chambre. Puis enfin j’avais pu voir de qui elle parlait. Je voyais encore un peu dans le coaltar, Roland, le Roland qui m’avait insulté le jour de la rentrée chez les scouts.
Je n’en revenais pas. Roland s’était approché de moi et m’avait susurré à l’oreille :
Rol : « Oh Phil, je suis désolé. Je m’en veux, tu ne peux pas savoir. Je t’expliquerai plus tard. Désolé mon ami, je suis tellement désolé. (Des larmes coulaient sur ses deux joues.)
Moi : Salut Roland. Je ne sais que te dire. Attends que j’aille mieux. Il faut que je retrouve mes esprits.
Rol : Prends le temps qu’il te faut. De toute façon je serai là demain et les autres jours !
Moi : Merci Roland. Je ne sais que te dire, il faut que je me retrouve. »
Roland me salua. Il me fit un baiser sur la joue et quitta la chambre.
Durant ma présence à l’hôpital, ma famille était venue me voir, ainsi que l’oncle Pierre, mon cousin Stéphane, et même Jean-Philippe. Ils s’étaient tous inquiétés de mon état.
Maman m’avait alors expliqué que beaucoup de personne étaient venues me rendre visite durant mon coma. Elle cita Jean-Luc, André et les parents d’Henri.
Le médecin avait demandé à la famille de ne pas rester trop longtemps et pas à plus deux en même temps pour que je me repose après le traumatisme subi.
Roland était venu le lendemain me rendre visite. Roland m’avait expliqué que Jean-Luc l’avait avisé de ma tentative de suicide et de mon coma. Roland m’expliquait alors ceci :
Rol : « Écoute Phil, en fait j’étais amoureux de toi et je n’avais jamais osé te le dire. J’étais jaloux lorsque j’ai appris ta relation très intime avec Henri. Je regrette ce que je t’ai dit, ne sachant pas à quel point tu avais souffert de la mort d’Henri.
Moi : Écoute Roland, merci pour ta franchise et pour toutes tes visites, mais pour le moment je préfère ne plus te voir. Excuse-moi, mais il faut que je fasse le point, je suis désolé, mais je ne peux pas te regarder, tu m’as fait tellement de mal, tu ne peux pas t’imaginer !
Rol : Oui Phil, je comprends. Si tu le veux, quand tu veux, tu peux faire appel à moi, je serai là ! »
Roland quittait ma chambre aux soins intensifs, il pleurait. Je n’avais pas le courage de le voir, il m’avait fait tant de peine, ses paroles m’avaient transpercé telle une épée qui m’aurait coupé en deux !
Le médecin prévoyait de me mettre en chambre car j’allais mieux. Je devais cependant faire de la rééducation car j’avais perdu en mobilité. Il était question de me retirer la sonde urinaire que j’avais depuis mon entrée aux soins intensifs.
Il était aussi question d’aller suivre une thérapie auprès d’un psychologue. L’après-midi même une psy d’une quarantaine d’année s’était présentée dans la chambre des soins intensifs. J’allais donc la revoir tous les jours.
Je n’ai pas du attendre longtemps, le jour suivant, on me transférait dans une chambre en pédiatrie, bien que j’avais 16 ans. Si non j’aurai été au milieu d’adultes. On m’avait dit qu’un autre jeune de mon âge partageait aussi la même chambre. J’étais un peu rassuré.
A peine installé, côté couloir, le lit du côté de la fenêtre étant occupé par l’autre jeune, on m’avait conduit dans la salle d’exercices pour ma rééducation en chaise roulante.
Arrivé dans la salle, j’ai vu qu’un jeune, âgé de plus ou moins de seize d’ans, faisait ses exercices avec un kiné. Il était svelte, un peu plus grand que moi, les cheveux blonds mis-longs, un beau petit nez, des pommettes saillantes et un peu rosées. Bref une frimousse et un corps d’adonis. Il était vêtu d’un short moulant bleu marine et d’un tee-shirt blanc. Je ne voyais que lui dans cette grande salle où une dizaine de personnes de tous âges travaillaient à leur rééducation.
Cet ange tombé du ciel avait tourné la tête vers moi et j’avais pu bien distinguer ses yeux, ils étaient d’un bleu profond, bleu comme l’océan. De son côté il me regardait intensément, lui aussi. Il loupait même son exercice.
Durant toute la séance nous nous regardions. J‘avais des fourmis dans le ventre. Mais quoi, je tombais amoureux de ce jeune sans même le connaître. Je devais fou, j’extrapolais, je rêvais déjà à une rencontre plus discrète, bref j’étais aussi inattentif aux exercices que je devais faire. Il fallait que je retrouve mon équilibre, que je puisse retrouver de la mobilité. Je tâchais de me concentrer.
Puis au fur et à mesure d’un exercice, je m’étais pissé dessus. Le kiné ayant vu cela interrompit la séance. Une fois en chambre j’avais pu prendre une douche. Le kiné avait demandé aux infirmières de me mettre une couche pour faire les exercices pour les prochaines séances. Moi de mon côté j’étais honteux de m’être fait dessus devant ce jeune beau comme une icône.
J’étais sorti de la salle d’eau de la chambre, nu, alors que mon voisin de chambre était revenu. C’était ce jeune éphèbe blond que j’avais vu dans la salle d’exercices qui partageait la chambre avec moi.
Il me regardait de haut en bas. N’étant pas très pudique, j’étais resté nu jusqu’au moment où l’infirmière était arrivée pour me donner de quoi m’habiller. Elle voulu placer le rideau de séparation et je lui avais dit que c’était inutile. Elle avait rétorqué, « Comme vous voulez. » Mon voisin de chambre n’avait rien dit et il s’était tourné vers la fenêtre.
Une fois habillé, je m’étais mis sur le lit. Je regardais mon voisin et je lui avais alors demandé :
Moi : « Bonjour, comment t’appelles-tu ?
Ben : Oui, bonjour, on s’est vu dans la salle d’exercices, je m’appelle Benoît, et toi.
Moi : Moi c’est Philippe, mais on m’appelle Phil. Je préfère d’ailleurs. Au fait désolé, mais tu vois je vais devoir remettre des couches pour faire les exercices à la salle.
Ben : Salut Phil, ne t’inquiète pas, tu n’es pas le seul, ça m’est arrivé aussi. Au fait tu as quel âge ?
Moi : Juste 16 ans. Et toi ?
Ben : Comme toi ; bientôt 16 ans aussi.
Moi : Tu es là pourquoi, sans être indiscret ?
Ben : J’ai été renversé par une voiture alors que j’étais à vélo. Cela s’est passé il y a trois mois, soit vers mi juillet. Et toi ?
Moi : Ah, et tu n’as pas trop eu de séquelles. Pour moi c’est assez, comment dire, c’est …je…ne..
Des larmes coulaient sur mes joues. Je ne savais plus parler.
Ben : Ce n’est pas grave Phil. Je suppose que c’est encore assez frais à ton esprit.
J’avais pu me contenir, j’avais arrêté de pleurer. Et dans un sursaut j’ai pu dire :
Moi : Benoît, je vais te le dire, c’est une tentative de suicide !
Ben : Oh là, je vois. Et tu vas un peu mieux ?
Moi : Oui, je suis sorti du coma avant-hier après 23 jours dans le noir.
Ben : Ben alors, tu as failli y rester. Je ne veux pas être indiscret, mais pourquoi, tu as mon âge.
Moi : Benoît, je ne vais pas tout te dire, mais j’ai perdu un ami très proche et je n’ai pas supporté sa perte.
Ben : Bon, je te laisserai tranquille avec ça. Puis-je te demander, je t’ai vu à poil tantôt et tu n’avais pas de trace de maillot, tu es naturiste ?
Moi : Oui, tu n’aimes pas.
Ben : Moi j’aime bien, mais mes parents sont assez retissant pour ça. Moi aussi j’ai l’habitude d’être nu dans les douches au sport, aux scouts etc.
Moi : Tu es scout, moi aussi. Tu es dans quelle unité ?
Ben : Je suis dans la 12ème et toi ?
Moi : Je suis, ou plutôt j’étais dans la 16ème.
Ben : Alors ça c’est cool, on n’est pas loin l’un de l’autre alors.
Moi : Oui, c’est vrai. Merci de me parler Benoît, ça me fait vachement plaisir. Je vais faire un somme, ne m’en veux pas, je suis fatigué par cette séance de kiné.
Ben : Pas de problème Phil, je sais ce que c’est j’étais comme toi après la première séance. »
J’avais été réveillé vers midi par les bruits des charriots qui contenaient le repas. J’avais pu enfin manger quelque chose de consistant car j’avais été aux toilettes. Benoît s’amusait de me voir ainsi dévorer mon repas. Je n’en pouvais plus, il fallait que je mange, j’avais tellement faim. Une fois le repas terminé nous avons encore parlé Benoît et moi de nos activités, de l’école et d’autres choses.
J’avais été conduit chez la psy. Cette dame était très sympa. Elle m’écoutait, m’apportait son soutien, bien sur elle ne me jugeait pas. Elle savait que j’étais homo et elle m’avait dit que pour elle cela n’avait aucune importance que j’étais un patient comme un autre, qu’elle ne faisait aucune différence. J’étais moi et elle me voyait comme une entité unique. La première séance s’était très bien passée.
Une fois de retour en chambre, l’après-midi passait très vite, nous ne voyions même pas le temps passer. Benoît m’avait expliqué qu’aux scouts ils avaient fait de la spéléo. C’était mon rêve de pouvoir ainsi entrer dans les entrailles de la terre.
Sur le moment je n’avais pas remarqué que maman était devant la porte ouverte de la chambre. Je ne savais pas depuis combien de temps elle était là. Elle avait le sourire. En la voyant j’ai eu moi aussi un large sourire aux lèvres. J’étais heureux de voir ma maman. Elle m’avait embrassé et puis était allée dire bonjour à Benoît. Maman me donnait des nouvelles de la famille. Elle me disait que, Anne et Jean allaient mieux, depuis que j’étais sorti du coma.
Puis c’est la maman de Benoît qui arrivait. Elle alla dire bonjour à mon voisin de chambre avant de nous saluer maman et moi.
Les mamans ont parlé un peu ensemble pendant que Benoît et moi nous poursuivions notre conversation.
Il m’expliquait le fonctionnement de sa troupe, j’étais émerveillé.
L’après-midi a très vite passé. Les deux mamans nous avaient quittés après nous avoir embrassés.
Bref voilà l’heure du repas du soir, bien qu’il ne soit que 17h45. C’est en fait l’habitude dans les hôpitaux.
Le repas a été expédié moins vite que celui de midi. J’avais fait attention de ne pas manger trop vite, c’est mauvais pour la digestion.
Nous avions ensuite continué à discuter Benoît et moi. C’était pour moi comme une bouée de sauvetage. Benoît était là et le seul fait de l’entendre me parler me rassurait. Je pensais encore à Henri bien entendu, mais je parvenais à penser à autre chose.
Vers les 20h00, l’infirmier s’était présenté à la porte de la chambre. Il avait salué Benoît et puis en se tournant vers moi, il m’avait fait un clin d’œil et m’avait alors dit :
Inf : « Bonsoir Phil. Je vois que ça va mieux mon gars. Si tu as le moindre problème, la moindre angoisses, tu n’hésites pas tu sonnes. Moi c’est Alexandre, soit Alex pour les gars comme vous.
Moi : Salut, merci Alex. Ça va un peu mieux et puis j’ai de la compagnie, et en plus je m’entends bien avec Benoît.
Inf : Je suis content pour toi, car tu nous as fait peur depuis ton arrivée.
Moi : Désolé, mais je suppose que tu sais ce que c’est d’avoir perdu un être très cher.
Inf : Oui Phil. Au fait vous allez bientôt prendre votre douche, c’est quand vous voulez. Benoît, tu sais que tu dois faire attention de ne pas glisser dans la douche, elle est grande assez pour deux.
Ben : Oui je sais Alex. Puis si j’ai besoin d’aide, Phil est là !
Moi : Ok, merci Alex. Tu as l’air super sympa.
Ben : Oui Alex est super. Tu verras tantôt Phil. Merci Alex.
Inf : Oh, ça va les mecs. Bon, Phil vers 21h30 je viendrai te mettre une couche pour que tu n’inonde pas le lit. Je compte sur toi Benoît pour ne pas te foutre de sa geu.., je voulais dire sa tronche !
Ben : Pas de soucis, Phil a déjà eu pas mal de merde que je ne vais surement pas en rajouter. »
Au fur et à mesure je retrouvais mes esprits.
Elle m’avait dit alors dit qu’un jeune était venu tous les jours pour me voir. Elle me disait qu’il était présent dans la chambre. Puis enfin j’avais pu voir de qui elle parlait. Je voyais encore un peu dans le coaltar, Roland, le Roland qui m’avait insulté le jour de la rentrée chez les scouts.
Je n’en revenais pas. Roland s’était approché de moi et m’avait susurré à l’oreille :
Rol : « Oh Phil, je suis désolé. Je m’en veux, tu ne peux pas savoir. Je t’expliquerai plus tard. Désolé mon ami, je suis tellement désolé. (Des larmes coulaient sur ses deux joues.)
Moi : Salut Roland. Je ne sais que te dire. Attends que j’aille mieux. Il faut que je retrouve mes esprits.
Rol : Prends le temps qu’il te faut. De toute façon je serai là demain et les autres jours !
Moi : Merci Roland. Je ne sais que te dire, il faut que je me retrouve. »
Roland me salua. Il me fit un baiser sur la joue et quitta la chambre.
Durant ma présence à l’hôpital, ma famille était venue me voir, ainsi que l’oncle Pierre, mon cousin Stéphane, et même Jean-Philippe. Ils s’étaient tous inquiétés de mon état.
Maman m’avait alors expliqué que beaucoup de personne étaient venues me rendre visite durant mon coma. Elle cita Jean-Luc, André et les parents d’Henri.
Le médecin avait demandé à la famille de ne pas rester trop longtemps et pas à plus deux en même temps pour que je me repose après le traumatisme subi.
Roland était venu le lendemain me rendre visite. Roland m’avait expliqué que Jean-Luc l’avait avisé de ma tentative de suicide et de mon coma. Roland m’expliquait alors ceci :
Rol : « Écoute Phil, en fait j’étais amoureux de toi et je n’avais jamais osé te le dire. J’étais jaloux lorsque j’ai appris ta relation très intime avec Henri. Je regrette ce que je t’ai dit, ne sachant pas à quel point tu avais souffert de la mort d’Henri.
Moi : Écoute Roland, merci pour ta franchise et pour toutes tes visites, mais pour le moment je préfère ne plus te voir. Excuse-moi, mais il faut que je fasse le point, je suis désolé, mais je ne peux pas te regarder, tu m’as fait tellement de mal, tu ne peux pas t’imaginer !
Rol : Oui Phil, je comprends. Si tu le veux, quand tu veux, tu peux faire appel à moi, je serai là ! »
Roland quittait ma chambre aux soins intensifs, il pleurait. Je n’avais pas le courage de le voir, il m’avait fait tant de peine, ses paroles m’avaient transpercé telle une épée qui m’aurait coupé en deux !
Le médecin prévoyait de me mettre en chambre car j’allais mieux. Je devais cependant faire de la rééducation car j’avais perdu en mobilité. Il était question de me retirer la sonde urinaire que j’avais depuis mon entrée aux soins intensifs.
Il était aussi question d’aller suivre une thérapie auprès d’un psychologue. L’après-midi même une psy d’une quarantaine d’année s’était présentée dans la chambre des soins intensifs. J’allais donc la revoir tous les jours.
Je n’ai pas du attendre longtemps, le jour suivant, on me transférait dans une chambre en pédiatrie, bien que j’avais 16 ans. Si non j’aurai été au milieu d’adultes. On m’avait dit qu’un autre jeune de mon âge partageait aussi la même chambre. J’étais un peu rassuré.
A peine installé, côté couloir, le lit du côté de la fenêtre étant occupé par l’autre jeune, on m’avait conduit dans la salle d’exercices pour ma rééducation en chaise roulante.
Arrivé dans la salle, j’ai vu qu’un jeune, âgé de plus ou moins de seize d’ans, faisait ses exercices avec un kiné. Il était svelte, un peu plus grand que moi, les cheveux blonds mis-longs, un beau petit nez, des pommettes saillantes et un peu rosées. Bref une frimousse et un corps d’adonis. Il était vêtu d’un short moulant bleu marine et d’un tee-shirt blanc. Je ne voyais que lui dans cette grande salle où une dizaine de personnes de tous âges travaillaient à leur rééducation.
Cet ange tombé du ciel avait tourné la tête vers moi et j’avais pu bien distinguer ses yeux, ils étaient d’un bleu profond, bleu comme l’océan. De son côté il me regardait intensément, lui aussi. Il loupait même son exercice.
Durant toute la séance nous nous regardions. J‘avais des fourmis dans le ventre. Mais quoi, je tombais amoureux de ce jeune sans même le connaître. Je devais fou, j’extrapolais, je rêvais déjà à une rencontre plus discrète, bref j’étais aussi inattentif aux exercices que je devais faire. Il fallait que je retrouve mon équilibre, que je puisse retrouver de la mobilité. Je tâchais de me concentrer.
Puis au fur et à mesure d’un exercice, je m’étais pissé dessus. Le kiné ayant vu cela interrompit la séance. Une fois en chambre j’avais pu prendre une douche. Le kiné avait demandé aux infirmières de me mettre une couche pour faire les exercices pour les prochaines séances. Moi de mon côté j’étais honteux de m’être fait dessus devant ce jeune beau comme une icône.
J’étais sorti de la salle d’eau de la chambre, nu, alors que mon voisin de chambre était revenu. C’était ce jeune éphèbe blond que j’avais vu dans la salle d’exercices qui partageait la chambre avec moi.
Il me regardait de haut en bas. N’étant pas très pudique, j’étais resté nu jusqu’au moment où l’infirmière était arrivée pour me donner de quoi m’habiller. Elle voulu placer le rideau de séparation et je lui avais dit que c’était inutile. Elle avait rétorqué, « Comme vous voulez. » Mon voisin de chambre n’avait rien dit et il s’était tourné vers la fenêtre.
Une fois habillé, je m’étais mis sur le lit. Je regardais mon voisin et je lui avais alors demandé :
Moi : « Bonjour, comment t’appelles-tu ?
Ben : Oui, bonjour, on s’est vu dans la salle d’exercices, je m’appelle Benoît, et toi.
Moi : Moi c’est Philippe, mais on m’appelle Phil. Je préfère d’ailleurs. Au fait désolé, mais tu vois je vais devoir remettre des couches pour faire les exercices à la salle.
Ben : Salut Phil, ne t’inquiète pas, tu n’es pas le seul, ça m’est arrivé aussi. Au fait tu as quel âge ?
Moi : Juste 16 ans. Et toi ?
Ben : Comme toi ; bientôt 16 ans aussi.
Moi : Tu es là pourquoi, sans être indiscret ?
Ben : J’ai été renversé par une voiture alors que j’étais à vélo. Cela s’est passé il y a trois mois, soit vers mi juillet. Et toi ?
Moi : Ah, et tu n’as pas trop eu de séquelles. Pour moi c’est assez, comment dire, c’est …je…ne..
Des larmes coulaient sur mes joues. Je ne savais plus parler.
Ben : Ce n’est pas grave Phil. Je suppose que c’est encore assez frais à ton esprit.
J’avais pu me contenir, j’avais arrêté de pleurer. Et dans un sursaut j’ai pu dire :
Moi : Benoît, je vais te le dire, c’est une tentative de suicide !
Ben : Oh là, je vois. Et tu vas un peu mieux ?
Moi : Oui, je suis sorti du coma avant-hier après 23 jours dans le noir.
Ben : Ben alors, tu as failli y rester. Je ne veux pas être indiscret, mais pourquoi, tu as mon âge.
Moi : Benoît, je ne vais pas tout te dire, mais j’ai perdu un ami très proche et je n’ai pas supporté sa perte.
Ben : Bon, je te laisserai tranquille avec ça. Puis-je te demander, je t’ai vu à poil tantôt et tu n’avais pas de trace de maillot, tu es naturiste ?
Moi : Oui, tu n’aimes pas.
Ben : Moi j’aime bien, mais mes parents sont assez retissant pour ça. Moi aussi j’ai l’habitude d’être nu dans les douches au sport, aux scouts etc.
Moi : Tu es scout, moi aussi. Tu es dans quelle unité ?
Ben : Je suis dans la 12ème et toi ?
Moi : Je suis, ou plutôt j’étais dans la 16ème.
Ben : Alors ça c’est cool, on n’est pas loin l’un de l’autre alors.
Moi : Oui, c’est vrai. Merci de me parler Benoît, ça me fait vachement plaisir. Je vais faire un somme, ne m’en veux pas, je suis fatigué par cette séance de kiné.
Ben : Pas de problème Phil, je sais ce que c’est j’étais comme toi après la première séance. »
J’avais été réveillé vers midi par les bruits des charriots qui contenaient le repas. J’avais pu enfin manger quelque chose de consistant car j’avais été aux toilettes. Benoît s’amusait de me voir ainsi dévorer mon repas. Je n’en pouvais plus, il fallait que je mange, j’avais tellement faim. Une fois le repas terminé nous avons encore parlé Benoît et moi de nos activités, de l’école et d’autres choses.
J’avais été conduit chez la psy. Cette dame était très sympa. Elle m’écoutait, m’apportait son soutien, bien sur elle ne me jugeait pas. Elle savait que j’étais homo et elle m’avait dit que pour elle cela n’avait aucune importance que j’étais un patient comme un autre, qu’elle ne faisait aucune différence. J’étais moi et elle me voyait comme une entité unique. La première séance s’était très bien passée.
Une fois de retour en chambre, l’après-midi passait très vite, nous ne voyions même pas le temps passer. Benoît m’avait expliqué qu’aux scouts ils avaient fait de la spéléo. C’était mon rêve de pouvoir ainsi entrer dans les entrailles de la terre.
Sur le moment je n’avais pas remarqué que maman était devant la porte ouverte de la chambre. Je ne savais pas depuis combien de temps elle était là. Elle avait le sourire. En la voyant j’ai eu moi aussi un large sourire aux lèvres. J’étais heureux de voir ma maman. Elle m’avait embrassé et puis était allée dire bonjour à Benoît. Maman me donnait des nouvelles de la famille. Elle me disait que, Anne et Jean allaient mieux, depuis que j’étais sorti du coma.
Puis c’est la maman de Benoît qui arrivait. Elle alla dire bonjour à mon voisin de chambre avant de nous saluer maman et moi.
Les mamans ont parlé un peu ensemble pendant que Benoît et moi nous poursuivions notre conversation.
Il m’expliquait le fonctionnement de sa troupe, j’étais émerveillé.
L’après-midi a très vite passé. Les deux mamans nous avaient quittés après nous avoir embrassés.
Bref voilà l’heure du repas du soir, bien qu’il ne soit que 17h45. C’est en fait l’habitude dans les hôpitaux.
Le repas a été expédié moins vite que celui de midi. J’avais fait attention de ne pas manger trop vite, c’est mauvais pour la digestion.
Nous avions ensuite continué à discuter Benoît et moi. C’était pour moi comme une bouée de sauvetage. Benoît était là et le seul fait de l’entendre me parler me rassurait. Je pensais encore à Henri bien entendu, mais je parvenais à penser à autre chose.
Vers les 20h00, l’infirmier s’était présenté à la porte de la chambre. Il avait salué Benoît et puis en se tournant vers moi, il m’avait fait un clin d’œil et m’avait alors dit :
Inf : « Bonsoir Phil. Je vois que ça va mieux mon gars. Si tu as le moindre problème, la moindre angoisses, tu n’hésites pas tu sonnes. Moi c’est Alexandre, soit Alex pour les gars comme vous.
Moi : Salut, merci Alex. Ça va un peu mieux et puis j’ai de la compagnie, et en plus je m’entends bien avec Benoît.
Inf : Je suis content pour toi, car tu nous as fait peur depuis ton arrivée.
Moi : Désolé, mais je suppose que tu sais ce que c’est d’avoir perdu un être très cher.
Inf : Oui Phil. Au fait vous allez bientôt prendre votre douche, c’est quand vous voulez. Benoît, tu sais que tu dois faire attention de ne pas glisser dans la douche, elle est grande assez pour deux.
Ben : Oui je sais Alex. Puis si j’ai besoin d’aide, Phil est là !
Moi : Ok, merci Alex. Tu as l’air super sympa.
Ben : Oui Alex est super. Tu verras tantôt Phil. Merci Alex.
Inf : Oh, ça va les mecs. Bon, Phil vers 21h30 je viendrai te mettre une couche pour que tu n’inonde pas le lit. Je compte sur toi Benoît pour ne pas te foutre de sa geu.., je voulais dire sa tronche !
Ben : Pas de soucis, Phil a déjà eu pas mal de merde que je ne vais surement pas en rajouter. »