11-01-2021, 10:52 AM
Une fois séché après cette bonne douche, je vais directement dans la chambre. Je me couche sur le lit, au-dessus des draps, nu. Je ne tarde pas à m’endormir, je suis tellement fatigué. Je n’entends ni David se placer à côté de moi, ni Nathan se préparer et se coucher sur le matelas pneumatique.
C’est vers trois heures que j’ouvre un œil. Je sens que je suis serré, j’ouvre les yeux et je devine que nous sommes trois sur le lit de David. Nathan est à côté de moi, soit au milieu du lit, David étant bien entendu de l’autre côté. Je me retourne et je me rendors.
Je sens qu’on me secoue un peu, c’est pour me réveiller. J’ouvre un œil et je vois que c’est Nathan. Je me retourne et c’est effectivement Nathan qui est là. David a déjà quitté le lit. Nathan me dit qu’il est déjà presque neuf heures. Je ne me suis pas rendu compte qu’il est si tard. Nathan m’explique que le matelas s’est dégonflé durant la nuit et voyant ça, c’est pour cela qu’il s’est couché entre David et moi pour terminer la nuit. Nathan est lui aussi est nu, son phallus est mi- bandé ; le mien, en revanche, est bien dressé. Je vois Nathan présenter sa main vers mon appendice tendu, je lui dis tout de suite d’arrêter, car je ne souhaite pas qu’il me masturbe. Je lui répète que j’aime Julien et c’est assez compliqué pour l’instant. Il s’excuse et me donne un bisou sur les lèvres sans tenter autre chose, c’est juste un simple baiser amical. Je me lève et je passe par la salle de bain avant de descendre pour le petit déjeuner. Je suis le dernier, les autres ont déjà fini de manger ou presque. On me demande si j’ai bien dormi, je réponds que oui en expliquant que je n’avais même pas entendu David et Nathan se coucher.
Maman quitte la table en signalant qu’elle a un rendez-vous pour l’organisation du rapatriement de Julien avec la société d’ambulance. Elle embrasse les filles, tante Françoise ainsi que les cousins. Lorsqu’elle vient m’embrasser, elle me regarde dans les yeux comme pour me donner du courage. Elle me glisse à l’oreille d’être fort et de me dire que le plus dur est derrière nous ! Je sens des larmes monter, je sens que je vais craquer, je voudrais tant que rien ne soit arrivé ! Maman me prend dans ses bras, elle m’embrasse sur le front en ajoutant : « soit fort Phil, soit très fort, tu n’es pas seul ! »
Je me ressaisi, j’avale un verre d’eau et je me calme. Tous les yeux sont tournés vers moi. C’est Delphine qui vient vers moi et m’enlace, elle sait que j’ai un moment de faiblesse, que je suis fatigué de tout ce qui est arrivé et que mes nerfs sont à fleur de peau. Elle m’encourage en me disant que si je dois pleurer, que je peux, que j’en ai parfaitement le droit. Il n’a pas fallu longtemps pour que des larmes inondent mes joues. C’est toute la tension qui s’échappe, c’est la soupape de sécurité qui agit et qui ensuite permet de retrouver un peu de sérénité. Stéphanie sait ce que c’est, elle l’a déjà vécu. Elle aussi vient près de moi pour me consoler et me soutenir.
Je me suis calmé, je reprends vite pied. Je me sens déjà mieux, comme quoi le fait de pleurer peut avoir des bienfaits insoupçonnés. Puis c’est Nathan qui raconte une courte blague, question de passer à autre chose, nous avons pu rire aux éclats. Il est incroyable mon cousin Nat, il est, lui aussi, très sensible. Je me fais alors la réflexion que je connais quelques gays et qu’ils ont tous une sensibilité particulière : Nathan fait partie du lot.
Nous débarrassons la table du petit-déjeuner, je donne un coup de main. Puis je vois ma tante Françoise s’affairer en cuisine, elle sort de la farine, des œufs, de la levure, du chocolat en plaque, du sucre, du beurre, etc. Je me demande bien ce qu’elle veut faire. Je lui pose alors la question :
Moi : « Tante Françoise, tu comptes faire un gâteau ou une autre pâtisserie ?
Fra : Je vais faire de muffins au chocolat.
Moi : Rien que d’entendre ça, j’ai l’eau à la bouche.
Fra : Vous en aurez tous cet après-midi.
Moi : Mais nous serons à l’hôpital pour voir Julien.
Fra : C’est bien ce que je dis, c’est pour cet après-midi, en guise de gouter, lors de votre présence auprès de Julien.
Moi : Mais…je…que,…je ne sais…
Fra : Viens dans mes bras Phil, mon cher neveu, c’est pour vous, pour que ce moment soit le plus bénéfique possible pour vous tous mais surtout pour Julien et toi bien entendu !
Moi : Merci ma Tante, merci. »
Je dépose un gros bisou sur ses joues. Elle me répond par un bisou sur les miennes. Je ne me suis jamais rendu compte que nous avions dans notre famille des personnes si aimantes, si prévenantes et si ouvertes aux autres. Je suis à nouveau au bord des larmes devant tant de bonté, mais je me reprends. Mes cousins se rendent compte de ce moment particulier et me proposent d’aller faire un tour à vélo avant le dîner. Nous sommes partis pour rouler en direction des terrils, où il y a des pistes aménagées pour les BMX.
La matinée a été riche en émotions. Nous revenons Nathan, David et moi juste à temps pour le repas. Maman est aussi de retour. Elle explique que tout est arrangé pour le transfert de Julien, qu’il ne reste donc plus que trois jours d’hôpital pour lui, avant de venir à la maison. Je suis soulagé et je suis certain que Julien doit être aux anges.
Le repas terminé, je décide de me rendre à l’hôpital, comme ça je pourrai voir mon Julien avant l’heure de visite. Nathan et David me souhaitent de passer un bon après-midi. Je prends le bus et je suis devant la chambre de Julien vers treize heures trente, soit une demi-heure avant la venue « officielle » des visites. C’est Claude qui est de garde comme infirmier à l’étage. Il me salue et me dit que je peux aller chez mon chéri. Il est vraiment super ce Claude.
Je frappe à la porte de la chambre et j’entends Julien qui me répond « entez ». J’ouvre donc la porte et le referme derrière moi et je me jette sur son lit en faisant attention à ses plâtres. Nous nous embrassons avec fougue. Je sens bien que Julien n’attendait que ça. Puis nous discutons de son retour à la maison. Je sens que Julien se remue beaucoup, j’ai l’impression qu’il veut aller aux toilettes. Je lui demande :
Moi : « Dis Juju, tu remues beaucoup, tu veux que je t’apporte l’urinal ?
Jul : Oui, j’ai envie de pisser depuis une bonne demi-heure.
Moi : Il fallait le dire, je vais t’apporter l’urinal.
Jul : Excuse-moi, mais j’ai plutôt envie de faire la grosse commission !
Moi : Tu sais Juju, je suis là pour t’aider, je te l’ai promis, alors ne t’inquiète pas.
Je vais prendre la panne qui se trouve dans la salle d’eau de la chambre. Je la présente au niveau du postérieur de Julien après avoir enlevé le drap. Julien est nu, et je l’aide à se positionner pour faire ses besoins. Je vois que Julien est rouge pivoine, je sais qu’il est gêné d’être ainsi si faible devant moi. Je sens bien qu’il n’est pas bien. Je lui dis :
Moi : Tu sais Juju, ça ne me dérange pas le loin du monde, mais si tu préfères je peux sortir et faire appel à Claude.
Jul : Non Phil, ça va aller. C’est la première fois que je suis dans cette position devant toi et ce n’est pas facile.
Moi : Je m’en doute bien Juju. Allez courage.
Julien parvient à faire ses besoins. Il est soulagé. Je lui retire la panne non sans avoir essuyé son postérieur avec du papier hygiénique. Je dépose le tout dans la salle d’eau, versant au préalable le contenu de la panne dans la cuvette des toilettes. Je fais couler de l’eau pour rincer le tout. Je reviens ensuite près de Julien.
Je vois des larmes qui coulent sur ses joues. Je m’approche de lui et je dépose mes lèvres sur les siennes. Puis je pénètre son regard pour le rassurer. Il me dit :
Jul : Merci Phil, mais je me sens si honteux de t’avoir demandé de l’aide pour ce genre de chose.
Moi : Mais Juju, je l’ai fait de bon cœur, j’ai besoin de me sentir utile auprès de toi, je t’aime et je ne veux pas te laisser comme ça, je veux m’occuper de toi !
Jul : Je ne sais que dire Phil, je ne pensais pas que tu aurais été si ouvert à ce genre de soins à m’apporter.
Moi : Tu sais Juju, l’amour nous fait dépasser nos peurs et toutes les barrières physiques, il ne reste que de l’amour et rien que de l’amour dans les gestes que nous faisons pour que l’être aimé se sente mieux, pour que tu te sentes mieux et que tu saches que je t’aime par-dessus tout !
Jul : Viens dans mes bras ! »
Nous nous enlaçons, je me suis couché à côté de mon amoureux. J’ai envie de lui faire l’amour mais nous ne serons pas tranquilles car des visiteurs doivent venir. Je pense encore à ce que j’ai vécu avec Nathan, je me sens tellement coupable d’avoir trahi Julien. Il faut que je lui dise car je ne suis pas bien dans ma peau. Je vais attendre le meilleur moment. Nous restons ainsi collés l’un à l’autre lorsqu’on entend frapper à la porte !
Julien dit : « Entrez ».
Je vois alors les têtes de ma chère Amandine et de Joseph passer par le huis. Ils affichent un très large sourire. Je me lève et je vais à leur rencontre. J’ai déjà les yeux humides. Amandine le voit, elle me donne un gros bisou sur les joues en passant sa main dans mes cheveux. Joseph me fait la bise. Ils vont vers Julien. Julien est surpris, il pleure, je ne sais pas si c’est de joie ou de peine, peut-être un mélange de ces deux sentiments, pourtant aux antipodes ! Il reste sans voix.
Finalement Amandine lui explique qu’elle est chagrinée par rapport à l’accident et ses conséquences, mais qu’elle sera présente pour lui comme pour moi. Je vois que Julien est ému. Il dit merci, comme un automate. Joseph va chercher un paquet dans le couloir. Il l’apporte à Julien. Amandine lui explique que les présents sont pour lui de la part de ses amis, elle en fait la liste et elle ajoute encore que Grégory y a participé. Julien pleure à chaudes larmes, il ne s’y attendait pas. Puis Amandine lui dit :
Ama : « Voilà Julien, tu es l’ami de Phil et le nôtre aussi. Alors tu sais que tu pourras compter sur nous. Je vais ajouter, tu peux être fier d’avoir un ami comme Phil, car c’est grâce à lui que nous sommes tous là !
Jul : Heu, je…je ne sais…merci d’être là !
Moi : Je t’aime Julien ! (De nouvelles larmes inondent mes joues.)
Ama : Tu vois Julien, tu n’es pas seul.
Les autres entrent alors dans la chambre. On peut voir Jacques, Mathieu, Lucas, Maxime puis il y a encore deux autres personnes, je n’en reviens pas, il y a Grégory, l’ami de Juju et ensuite Didier le moniteur de l’auto-école ! Je suis scotché tout comme Julien. Mais ce n’est pas tout, Stéphanie et Delphine apportent les muffins au chocolat, tandis que David et Nathan entrent les bras chargés d’un gros bouquet de fleurs.
Julien ne sait où regarder, ses amis sont là pour lui, pour lui remonter le moral, il est couvert de cadeaux, d’affection et de bonnes paroles. Ses yeux laissent toujours des larmes s’écouler, il ne sait plus lutter, il se laisse bercer par ce flot de bonté et d’amour.
Comme promis au médecin, les « visiteurs imprévus » resteront deux par deux pour parler avec Julien et le soutenir. Je reste bien entendu auprès de mon amour. C’est donc deux par deux que nos amis viennent tenir compagnie à Julien. Amandine et Joseph qui étaient arrivés en premier, nous quittent après un quart d’heures. C’est ensuite au tour de Mathieu et de Lucas. Ils ont la pêche et donnent de l’énergie à Julien. Ils parlent de leur vie et racontent des blagues. Puis c’est au tour de Maxime et de Jacques de venir passer un peu de temps avec nous. Je remercie Jacques pour sa présence, je sais qu’il a un bon cœur. Maxime va bien lui aussi. Il raconte ce qu’il a fait durant les deux premières semaines de ses vacances. Grégory et Didier se présentent à leur tour. Grégory est très ému. Il se rend compte de l’état dans lequel se trouve Julien, son copain de classe. Il pose un tas de questions concernant l’avenir. Quand il apprend que Julien va venir vivre à la maison, il est content pour lui et pour moi aussi. Ensuite Didier lui dit qu’il sera présent dès qu’il pourra à nouveau reprendre les cours de conduite.
Chacun y est allé de sa belle phrase ou d’une maxime pour remonter le moral de Julien. Tous promettent de passer à la maison pour lui rendre visite et je suis certain qu’ils viendront, je sais qu’ils ont du cœur !
Les amis ayant quitté l’hôpital, il reste la famille. David et Nathan entrent eux aussi. Nathan s’approche de Julien et lui explique ce qui s’est passé la veille au soir, soit qu’il a fait son coming-out devant sa famille. Julien est étonné mais aussi très heureux pour Nathan. Je suis un peu stressé, je me demande si Nathan ne va pas parler de ce qui s’est passé entre lui et moi. Je fais signe à Nathan de ne rien dire pour le moment. Je ne sais pas si Julien a aperçu mes mimiques pour avertir Nathan, je verrai bien par la suite. Je ne veux pas gâcher cet après-midi.
Mes deux cousins nous quittent et sont remplacés par Stéphanie et Delphine. Stéphanie va s’asseoir sur le lit à côté de son frère. Elle l’enlace et lui glisse à l’oreille qu’elle l’aime. Julien la remercie et lui répond la même chose, qu’il l’aime aussi. Delphine reste auprès de moi, elle me passe un bras par-dessus les épaules et elle laisse ses doigts se balader dans la tignasse. Nous savons tous les quatre que nous allons désormais vivre dans la même maison. Nous devrons nous accorder et trouver un modus vivendi, afin de préserver du mieux possible l’intimité de chaque couple, de chacun de nous.
Stéphanie confirme que le retour vers Bruxelles est bien prévu pour lundi matin. Julien nous sourit, il est impatient de se retrouver dans un autre environnement que cette chambre d’hôpital. Il reste quelques muffins et je les place dans une plus petite boîte sur la table de nuit. Avec les filles nous regardons les bandes dessinées qui ont été offertes à Julien. Il y a le choix, une BD de « Tintin », une de « Spirou et Fantasio », une autre de « Johan et Pirlouit », encore une de « Tintin », puis une des « Schtroumpfs » et enfin une de « Black et Mortimer ».
Il se fait tard, on peut entendre le bruit du charriot dans les couloirs, pour la distribution du repas du soir. Les deux filles embrassent Julien et lui disent qu’elles passeront le lendemain. Je reste encore un moment avec Julien. Nous reparlons des visites de l’après-midi. J’explique à Julien que j’avais téléphoné à Amandine pour lui demander de contacter nos amis. Elle s’est occupée de tout et j’avoue à Juju que la venue de Didier et de Grégory était vraiment une surprise. Julien me dit qu’il est très heureux de ces moments partagés. Il a encore des étoiles dans les yeux. Moi aussi je suis encore ému de voir que pour nos amis, l’amitié n’est pas quelque chose d’abstrait mais bien du concret, du vécu, du partage. Malgré les problèmes de la vie, le décès des parents de Julien, sa sœur et lui savent maintenant qu’ils pourront compter sur des vrais amis, sur une véritable amitié.
C’est vers trois heures que j’ouvre un œil. Je sens que je suis serré, j’ouvre les yeux et je devine que nous sommes trois sur le lit de David. Nathan est à côté de moi, soit au milieu du lit, David étant bien entendu de l’autre côté. Je me retourne et je me rendors.
Je sens qu’on me secoue un peu, c’est pour me réveiller. J’ouvre un œil et je vois que c’est Nathan. Je me retourne et c’est effectivement Nathan qui est là. David a déjà quitté le lit. Nathan me dit qu’il est déjà presque neuf heures. Je ne me suis pas rendu compte qu’il est si tard. Nathan m’explique que le matelas s’est dégonflé durant la nuit et voyant ça, c’est pour cela qu’il s’est couché entre David et moi pour terminer la nuit. Nathan est lui aussi est nu, son phallus est mi- bandé ; le mien, en revanche, est bien dressé. Je vois Nathan présenter sa main vers mon appendice tendu, je lui dis tout de suite d’arrêter, car je ne souhaite pas qu’il me masturbe. Je lui répète que j’aime Julien et c’est assez compliqué pour l’instant. Il s’excuse et me donne un bisou sur les lèvres sans tenter autre chose, c’est juste un simple baiser amical. Je me lève et je passe par la salle de bain avant de descendre pour le petit déjeuner. Je suis le dernier, les autres ont déjà fini de manger ou presque. On me demande si j’ai bien dormi, je réponds que oui en expliquant que je n’avais même pas entendu David et Nathan se coucher.
Maman quitte la table en signalant qu’elle a un rendez-vous pour l’organisation du rapatriement de Julien avec la société d’ambulance. Elle embrasse les filles, tante Françoise ainsi que les cousins. Lorsqu’elle vient m’embrasser, elle me regarde dans les yeux comme pour me donner du courage. Elle me glisse à l’oreille d’être fort et de me dire que le plus dur est derrière nous ! Je sens des larmes monter, je sens que je vais craquer, je voudrais tant que rien ne soit arrivé ! Maman me prend dans ses bras, elle m’embrasse sur le front en ajoutant : « soit fort Phil, soit très fort, tu n’es pas seul ! »
Je me ressaisi, j’avale un verre d’eau et je me calme. Tous les yeux sont tournés vers moi. C’est Delphine qui vient vers moi et m’enlace, elle sait que j’ai un moment de faiblesse, que je suis fatigué de tout ce qui est arrivé et que mes nerfs sont à fleur de peau. Elle m’encourage en me disant que si je dois pleurer, que je peux, que j’en ai parfaitement le droit. Il n’a pas fallu longtemps pour que des larmes inondent mes joues. C’est toute la tension qui s’échappe, c’est la soupape de sécurité qui agit et qui ensuite permet de retrouver un peu de sérénité. Stéphanie sait ce que c’est, elle l’a déjà vécu. Elle aussi vient près de moi pour me consoler et me soutenir.
Je me suis calmé, je reprends vite pied. Je me sens déjà mieux, comme quoi le fait de pleurer peut avoir des bienfaits insoupçonnés. Puis c’est Nathan qui raconte une courte blague, question de passer à autre chose, nous avons pu rire aux éclats. Il est incroyable mon cousin Nat, il est, lui aussi, très sensible. Je me fais alors la réflexion que je connais quelques gays et qu’ils ont tous une sensibilité particulière : Nathan fait partie du lot.
Nous débarrassons la table du petit-déjeuner, je donne un coup de main. Puis je vois ma tante Françoise s’affairer en cuisine, elle sort de la farine, des œufs, de la levure, du chocolat en plaque, du sucre, du beurre, etc. Je me demande bien ce qu’elle veut faire. Je lui pose alors la question :
Moi : « Tante Françoise, tu comptes faire un gâteau ou une autre pâtisserie ?
Fra : Je vais faire de muffins au chocolat.
Moi : Rien que d’entendre ça, j’ai l’eau à la bouche.
Fra : Vous en aurez tous cet après-midi.
Moi : Mais nous serons à l’hôpital pour voir Julien.
Fra : C’est bien ce que je dis, c’est pour cet après-midi, en guise de gouter, lors de votre présence auprès de Julien.
Moi : Mais…je…que,…je ne sais…
Fra : Viens dans mes bras Phil, mon cher neveu, c’est pour vous, pour que ce moment soit le plus bénéfique possible pour vous tous mais surtout pour Julien et toi bien entendu !
Moi : Merci ma Tante, merci. »
Je dépose un gros bisou sur ses joues. Elle me répond par un bisou sur les miennes. Je ne me suis jamais rendu compte que nous avions dans notre famille des personnes si aimantes, si prévenantes et si ouvertes aux autres. Je suis à nouveau au bord des larmes devant tant de bonté, mais je me reprends. Mes cousins se rendent compte de ce moment particulier et me proposent d’aller faire un tour à vélo avant le dîner. Nous sommes partis pour rouler en direction des terrils, où il y a des pistes aménagées pour les BMX.
La matinée a été riche en émotions. Nous revenons Nathan, David et moi juste à temps pour le repas. Maman est aussi de retour. Elle explique que tout est arrangé pour le transfert de Julien, qu’il ne reste donc plus que trois jours d’hôpital pour lui, avant de venir à la maison. Je suis soulagé et je suis certain que Julien doit être aux anges.
Le repas terminé, je décide de me rendre à l’hôpital, comme ça je pourrai voir mon Julien avant l’heure de visite. Nathan et David me souhaitent de passer un bon après-midi. Je prends le bus et je suis devant la chambre de Julien vers treize heures trente, soit une demi-heure avant la venue « officielle » des visites. C’est Claude qui est de garde comme infirmier à l’étage. Il me salue et me dit que je peux aller chez mon chéri. Il est vraiment super ce Claude.
Je frappe à la porte de la chambre et j’entends Julien qui me répond « entez ». J’ouvre donc la porte et le referme derrière moi et je me jette sur son lit en faisant attention à ses plâtres. Nous nous embrassons avec fougue. Je sens bien que Julien n’attendait que ça. Puis nous discutons de son retour à la maison. Je sens que Julien se remue beaucoup, j’ai l’impression qu’il veut aller aux toilettes. Je lui demande :
Moi : « Dis Juju, tu remues beaucoup, tu veux que je t’apporte l’urinal ?
Jul : Oui, j’ai envie de pisser depuis une bonne demi-heure.
Moi : Il fallait le dire, je vais t’apporter l’urinal.
Jul : Excuse-moi, mais j’ai plutôt envie de faire la grosse commission !
Moi : Tu sais Juju, je suis là pour t’aider, je te l’ai promis, alors ne t’inquiète pas.
Je vais prendre la panne qui se trouve dans la salle d’eau de la chambre. Je la présente au niveau du postérieur de Julien après avoir enlevé le drap. Julien est nu, et je l’aide à se positionner pour faire ses besoins. Je vois que Julien est rouge pivoine, je sais qu’il est gêné d’être ainsi si faible devant moi. Je sens bien qu’il n’est pas bien. Je lui dis :
Moi : Tu sais Juju, ça ne me dérange pas le loin du monde, mais si tu préfères je peux sortir et faire appel à Claude.
Jul : Non Phil, ça va aller. C’est la première fois que je suis dans cette position devant toi et ce n’est pas facile.
Moi : Je m’en doute bien Juju. Allez courage.
Julien parvient à faire ses besoins. Il est soulagé. Je lui retire la panne non sans avoir essuyé son postérieur avec du papier hygiénique. Je dépose le tout dans la salle d’eau, versant au préalable le contenu de la panne dans la cuvette des toilettes. Je fais couler de l’eau pour rincer le tout. Je reviens ensuite près de Julien.
Je vois des larmes qui coulent sur ses joues. Je m’approche de lui et je dépose mes lèvres sur les siennes. Puis je pénètre son regard pour le rassurer. Il me dit :
Jul : Merci Phil, mais je me sens si honteux de t’avoir demandé de l’aide pour ce genre de chose.
Moi : Mais Juju, je l’ai fait de bon cœur, j’ai besoin de me sentir utile auprès de toi, je t’aime et je ne veux pas te laisser comme ça, je veux m’occuper de toi !
Jul : Je ne sais que dire Phil, je ne pensais pas que tu aurais été si ouvert à ce genre de soins à m’apporter.
Moi : Tu sais Juju, l’amour nous fait dépasser nos peurs et toutes les barrières physiques, il ne reste que de l’amour et rien que de l’amour dans les gestes que nous faisons pour que l’être aimé se sente mieux, pour que tu te sentes mieux et que tu saches que je t’aime par-dessus tout !
Jul : Viens dans mes bras ! »
Nous nous enlaçons, je me suis couché à côté de mon amoureux. J’ai envie de lui faire l’amour mais nous ne serons pas tranquilles car des visiteurs doivent venir. Je pense encore à ce que j’ai vécu avec Nathan, je me sens tellement coupable d’avoir trahi Julien. Il faut que je lui dise car je ne suis pas bien dans ma peau. Je vais attendre le meilleur moment. Nous restons ainsi collés l’un à l’autre lorsqu’on entend frapper à la porte !
Julien dit : « Entrez ».
Je vois alors les têtes de ma chère Amandine et de Joseph passer par le huis. Ils affichent un très large sourire. Je me lève et je vais à leur rencontre. J’ai déjà les yeux humides. Amandine le voit, elle me donne un gros bisou sur les joues en passant sa main dans mes cheveux. Joseph me fait la bise. Ils vont vers Julien. Julien est surpris, il pleure, je ne sais pas si c’est de joie ou de peine, peut-être un mélange de ces deux sentiments, pourtant aux antipodes ! Il reste sans voix.
Finalement Amandine lui explique qu’elle est chagrinée par rapport à l’accident et ses conséquences, mais qu’elle sera présente pour lui comme pour moi. Je vois que Julien est ému. Il dit merci, comme un automate. Joseph va chercher un paquet dans le couloir. Il l’apporte à Julien. Amandine lui explique que les présents sont pour lui de la part de ses amis, elle en fait la liste et elle ajoute encore que Grégory y a participé. Julien pleure à chaudes larmes, il ne s’y attendait pas. Puis Amandine lui dit :
Ama : « Voilà Julien, tu es l’ami de Phil et le nôtre aussi. Alors tu sais que tu pourras compter sur nous. Je vais ajouter, tu peux être fier d’avoir un ami comme Phil, car c’est grâce à lui que nous sommes tous là !
Jul : Heu, je…je ne sais…merci d’être là !
Moi : Je t’aime Julien ! (De nouvelles larmes inondent mes joues.)
Ama : Tu vois Julien, tu n’es pas seul.
Les autres entrent alors dans la chambre. On peut voir Jacques, Mathieu, Lucas, Maxime puis il y a encore deux autres personnes, je n’en reviens pas, il y a Grégory, l’ami de Juju et ensuite Didier le moniteur de l’auto-école ! Je suis scotché tout comme Julien. Mais ce n’est pas tout, Stéphanie et Delphine apportent les muffins au chocolat, tandis que David et Nathan entrent les bras chargés d’un gros bouquet de fleurs.
Julien ne sait où regarder, ses amis sont là pour lui, pour lui remonter le moral, il est couvert de cadeaux, d’affection et de bonnes paroles. Ses yeux laissent toujours des larmes s’écouler, il ne sait plus lutter, il se laisse bercer par ce flot de bonté et d’amour.
Comme promis au médecin, les « visiteurs imprévus » resteront deux par deux pour parler avec Julien et le soutenir. Je reste bien entendu auprès de mon amour. C’est donc deux par deux que nos amis viennent tenir compagnie à Julien. Amandine et Joseph qui étaient arrivés en premier, nous quittent après un quart d’heures. C’est ensuite au tour de Mathieu et de Lucas. Ils ont la pêche et donnent de l’énergie à Julien. Ils parlent de leur vie et racontent des blagues. Puis c’est au tour de Maxime et de Jacques de venir passer un peu de temps avec nous. Je remercie Jacques pour sa présence, je sais qu’il a un bon cœur. Maxime va bien lui aussi. Il raconte ce qu’il a fait durant les deux premières semaines de ses vacances. Grégory et Didier se présentent à leur tour. Grégory est très ému. Il se rend compte de l’état dans lequel se trouve Julien, son copain de classe. Il pose un tas de questions concernant l’avenir. Quand il apprend que Julien va venir vivre à la maison, il est content pour lui et pour moi aussi. Ensuite Didier lui dit qu’il sera présent dès qu’il pourra à nouveau reprendre les cours de conduite.
Chacun y est allé de sa belle phrase ou d’une maxime pour remonter le moral de Julien. Tous promettent de passer à la maison pour lui rendre visite et je suis certain qu’ils viendront, je sais qu’ils ont du cœur !
Les amis ayant quitté l’hôpital, il reste la famille. David et Nathan entrent eux aussi. Nathan s’approche de Julien et lui explique ce qui s’est passé la veille au soir, soit qu’il a fait son coming-out devant sa famille. Julien est étonné mais aussi très heureux pour Nathan. Je suis un peu stressé, je me demande si Nathan ne va pas parler de ce qui s’est passé entre lui et moi. Je fais signe à Nathan de ne rien dire pour le moment. Je ne sais pas si Julien a aperçu mes mimiques pour avertir Nathan, je verrai bien par la suite. Je ne veux pas gâcher cet après-midi.
Mes deux cousins nous quittent et sont remplacés par Stéphanie et Delphine. Stéphanie va s’asseoir sur le lit à côté de son frère. Elle l’enlace et lui glisse à l’oreille qu’elle l’aime. Julien la remercie et lui répond la même chose, qu’il l’aime aussi. Delphine reste auprès de moi, elle me passe un bras par-dessus les épaules et elle laisse ses doigts se balader dans la tignasse. Nous savons tous les quatre que nous allons désormais vivre dans la même maison. Nous devrons nous accorder et trouver un modus vivendi, afin de préserver du mieux possible l’intimité de chaque couple, de chacun de nous.
Stéphanie confirme que le retour vers Bruxelles est bien prévu pour lundi matin. Julien nous sourit, il est impatient de se retrouver dans un autre environnement que cette chambre d’hôpital. Il reste quelques muffins et je les place dans une plus petite boîte sur la table de nuit. Avec les filles nous regardons les bandes dessinées qui ont été offertes à Julien. Il y a le choix, une BD de « Tintin », une de « Spirou et Fantasio », une autre de « Johan et Pirlouit », encore une de « Tintin », puis une des « Schtroumpfs » et enfin une de « Black et Mortimer ».
Il se fait tard, on peut entendre le bruit du charriot dans les couloirs, pour la distribution du repas du soir. Les deux filles embrassent Julien et lui disent qu’elles passeront le lendemain. Je reste encore un moment avec Julien. Nous reparlons des visites de l’après-midi. J’explique à Julien que j’avais téléphoné à Amandine pour lui demander de contacter nos amis. Elle s’est occupée de tout et j’avoue à Juju que la venue de Didier et de Grégory était vraiment une surprise. Julien me dit qu’il est très heureux de ces moments partagés. Il a encore des étoiles dans les yeux. Moi aussi je suis encore ému de voir que pour nos amis, l’amitié n’est pas quelque chose d’abstrait mais bien du concret, du vécu, du partage. Malgré les problèmes de la vie, le décès des parents de Julien, sa sœur et lui savent maintenant qu’ils pourront compter sur des vrais amis, sur une véritable amitié.