30-12-2020, 10:20 AM
Chapitre 15.
Nathan se dévoile et nouvelles perspectives.
J’arrive le dernier à table. Tous les regards sont tournés vers moi. Je ne sais pas si c’est pour savoir comment je vais, après ce que j’ai vécu à l’hôpital hier, ou si c’est à la suite de ce qui s’est passé cette nuit avec Nathan. Je lance un grand bonjour avec le sourire. Je vais donner une bise à ma tante Françoise ainsi qu’à mes deux cousins. Je m’assieds et je reçois une tasse de café. Il y a du pain, du fromage, de la confiture, du choco à tartiner et du miel.
T. Fra : « Alors Phil, tu as bien dormi ?
Moi : Oui, merci ma tante.
T. Fra : Nathan m’a dit qu’il avait dormi avec toi cette nuit.
Moi : Oui, il voulait rester près de moi pour que je passe une bonne nuit.
Nat : Hier soir quand j’ai vu que Phil avait encore les larmes aux yeux, j’ai voulu rester auprès de lui.
T. Fra : Tu as bien fait.
Moi : Merci Nath, cela m’a fait plaisir. J’ai vraiment deux cousins qui sont super !
Dav : Tu sais Phil nous t’aimons, tu fais partie de la famille, même si tu es un peu différent.
T. Fra : David !
Moi : Non, ce n’est pas grave. Je sais que vous avez tous l’esprit très ouvert.
Dav : Je voulais juste dire que pour nous cela n’a aucune importance que tu amies Julien.
Moi : Merci David, merci à vous ! »
Nous avons terminé le petit-déjeuner. La table est débarrassée et la vaisselle est placée dans le lave-vaisselle. Ma tante me rappelle que je dois être pour onze heures à l’hôpital pour voir la psy. Il n’est que dix heures moins le quart, David me demande le venir dans sa chambre. Nous montons et nous nous asseyons sur son lit. Il me demande comment je vais. Puis il me regarde dans les yeux et me demande :
Dav : « Phil, j’ai vu que Nath avait enlevé son short de pyjama et qu’il était humide !
Moi : Tu sais, je pense qu’il est travaillé par ses hormones.
Dav : Je m’en doute, mais a-t-il voulu, comment te dire, te caresser et…
Moi : Pourquoi tu demandes ça ?
Dav : Car je pense que Nath est gay !
Moi : Je pense que…
A ce moment-là la porte de la chambre s’ouvre, c’est Nath qui entre. Il nous regarde et se doute bien que nous parlons de lui. Il s’avance et dit :
Nat : Vous parlez de moi ?
Dav : Oui, on ne va pas te le cacher.
Nat : Je suis désolé David, mais je ne sais plus où j’en suis !
Moi : C’est un peu ma faute Nath, j’aurai dû être plus ferme hier soir et te refuser de dormir avec moi.
Dav : Ce n’est de la faute à personne. Je ne vous juge pas, je ne te juge pas non plus Nath. Je peux te poser une question ?
Nat : Oui.
Dav : Nath, tu es homo ?
Nat : Oh David, je ne sais pas, mais je pense que oui.
Dav : Pour être honnête avec toi, je l’avais remarqué !
Nat : Je suis désolé. (Des larmes coulent sur ses joues.)
Dav : Arrête de pleurer. Viens dans mes bras, tu sais p’tit frère, je t’aime comme tu es ! »
David prend son frère dans ses bras pour le consoler. Je reste assis, je suis moi aussi très ému par ce que je vois. Je sais que ce n’est pas facile de dire qu’on est homo, mais l’entente entre les deux frères étant très bonne, cela s’est très bien passé. Puis je connais bien David, je sais qu’il est super ouvert d’esprit.
Nathan explique à son frère qu’il a déjà fait des masturbations mutuelles avec des copains de sa classe. Il ajoute qu’avec l’un d’eux ils s’étaient « offert » des fellations. Il se sent mieux, il ne pleure plus.
La porte de la chambre s’ouvre juste après avoir entendu frapper. C’est ma tante Françoise qui est là. Elle nous demande à Nathan et moi ce qui s’est passé pour que le drap de lit soit si sale. Il n’en faut pas plus pour que Nathan se remette à pleurer. Je ne sais pas où me mettre. Ma tante prend Nath dans ses bras et lui fait un énorme câlin. Nath répond qu’il a eu des pollutions nocturnes durant la nuit. Puis ma tante me regarde. Je suis rouge pivoine. Je ne sais que dire. Nathan regarde sa maman et lui dit :
Nat : « C’est ma faute.
Moi : Non Nath, c’est de la mienne, j’aurai dû te dire d’aller dans ta chambre.
Nat : Non Phil, je ne veux pas que tu culpabilises. Maman, c’est moi qui ai branlé Phil cette nuit. Je suis…, je suis gay !
T.Fra : Viens mon Nathou, je m’en doutais tu sais. Mais je t’aime comme tu es.
Nat : Oh merci maman. (De nouvelles larmes coulent sur ses joues.)
Dav : Je lui disais la même chose, que je l’aime tel qu’il est.
Moi : Je suis désolé Tante Françoise, mais j’étais si mal.
T. Fra : Je ne te reproche rien Phil. Mais n’allez pas trop loin.
Moi : Oh non, je ne sais déjà pas comment je vais le dire à Julien !
T. Fra : Je suis certaine que tu trouveras les mots et qu’il te comprendra.
Moi : Merci Tante Françoise.
Nat : Merci maman, merci frérot, merci Phil. »
Ma tante est allée changer le lit pour Stéphanie et Delphine qui vont rester loger. Je m’apprête pour aller à l’hôpital. Je décide d’y aller en bus. Je pense que je vais revoir ma sœur et Stéphanie directement sur place. Au moment de partir Nathan me souhaite bonne chance. Je lui fais un large sourire.
J’arrive à l’hôpital, je pénètre dans le hall d’entrée, en avance d’un bon quart d’heure. Je patiente sur un des bancs, en ayant un œil sur le sas d’entrée au cas où je verrais Stéphanie et ma sœur Delphine arriver. Je suis à peine assis depuis deux minutes que je vois les deux filles. Je me lève et je vais à leur rencontre. Je les embrasse et je leur explique ce qui s’est passé hier, dans le détail, soit mon rejet de la part de Julien et mon désespoir face à cette « rupture » que j’ai du mal à accepter.
Nous nous dirigeons vers le cabinet de consultation de la psychologue. Nous sommes reçus tous les trois. Elle explique à Stéphanie qu’elle va devoir être forte car elle ne connait pas la réaction de son frère Julien. Il est possible qu’il ne veuille pas la voir ou alors au contraire il trouvera en elle un réconfort, un point d’attache. Elle va devoir réagir comme son cœur lui dira de faire. Puis c’est à mon tour. La psy me demande comment je me sens. Je lui réponds que ce n’est pas facile et j’ai peur de perdre l’amour de Julien et qu’il ne veuille plus me voir. Je lui avoue que je ne sais pas si j’aurai encore assez de force pour me trouver devant un Julien qui me rejette. Je verrai déjà comment cela se passe entre Stéphanie et Julien, si cela se passe bien, je verrai si je pourrai le voir. La psy m’explique qu’il est possible qu’il change et qu’il revienne à de meilleurs sentiments envers moi. Cela fait partie du processus d’acceptation à la suite des décès de ses parents et le fait qu’il soit le seul encore vivant après l’accident. Il sait qu’il ne pourra pas vivre seul, qu’il aura besoin de soutien. Son soutien peut très bien être « son petit ami » comme le dit la psy, donc moi !
Nous quittons le bureau de la psy et nous nous dirigeons vers la chambre de Julien. Au fur et à mesure de notre progression au travers du dédale de couloirs, de portes et d’ascenseurs, nous parvenons devant le bureau des infirmières du service où Julien est hospitalisé. Le médecin de garde, celui qui était présent hier, est là lui aussi. Il sait que nous venons de voir la psy et que nous avons été briffés en vue de rencontrer Julien dans les meilleures conditions.
C’est donc Stéphanie qui va voir Julien. Selon les infirmières Julien a bien mangé, mais un peu et il semble assez calme. Il a toujours sa sonde urinaire et il porte toujours une blouse d’hôpital assez large. Il est toujours relié à un baxter qui distille les médicaments utiles. Stéphanie frappe à la porte et entre dans la chambre. Delphine, le médecin et moi nous sommes près de la porte et nous voyons ce qui se passe par la fenêtre du couloir.
Julien regarde Stéphanie, il esquisse un petit sourire. Puis il fait une grimace, ses yeux se ferment et de suite des larmes coulent sur ses joues. Stéphanie s’approche de lui et veut le prendre dans ses bras. Julien ouvre ses bras et se laisse enlacer par sa sœur. Ils restent ainsi enlacés durant un bon moment. Les larmes ont coulé des deux côtés. Ils se parlent mais nous n’entendons rien. Julien semble toujours accepter la présence de sa sœur et il lui parle. Je suis certain qu’ils parlent de leurs parents, de l’accident et peut-être de moi, je n’en sais rien, Stéphanie me dira bien quoi par la suite.
Cela fait maintenant une demi-heure qu’ils sont ensemble. Ils discutent toujours. La psy qui est arrivée depuis un bon bout de temps. Elle trouve que c’est un très bon signe. Stéphanie s’écarte de Julien et revient vers la porte. Elle l’ouvre et demande à Delphine de venir avec elle. La psy me regarde, elle sait que j’attends de pouvoir revoir Julien et que je suis sur des charbons ardents. Je vois que Delphine vient faire un baiser sur la joue de Julien. Il a un petit sourire aux lèvres. Stéphanie tient Delphine par la taille. Elles sont à côté de Julien et ils parlent ensemble.
Le temps me semble long, trop long. La psy remarque que je ne tiens plus en place. Elle me propose d’aller prendre un bol d’air. L’infirmière part avec moi et nous allons sur la terrasse extérieure de l’étage. Elle parle avec moi, me demande si ça va mieux. Elle sait que je suis l’amoureux de Julien mais aucune remarque particulière n’est faite même concernant Delphine et Stéphanie. Il fait chaud, mais malgré cela il y a plus d’air dehors.
Nous revenons dans le couloir près de la porte de la chambre de Julien. Les filles sont toujours en train de parler avec Juju et il a l’air décontracté. Je pense qu’il a dû réfléchir toute la nuit à ce qui s’est passé depuis l’enterrement de son parrain et donc de l’accident et du décès de ses parents. J’espère qu’il ne m’a pas oublié et qu’il ne me tient pas rancune de ne pas lui avoir expliqué ce qui s’était passé.
Delphine quitte la chambre. Elle vient vers moi, elle me prend dans ses bras. Je sens qu’il y a quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Puis elle me dit dans le creux de l’oreille :
Del : « Phil, Julien t’en veux de ne pas lui avoir dit ce qui était arrivé, mais il comprend aussi que ce n’était pas évident à dire. Il te demande du temps pour reprendre votre relation. Tu peux le voir, maintenant, mais il ne veut pas trop parler de ce qu’il ressent.
Moi : Merci Delphine, au moins il sait que j’existe, ce n’est déjà pas mal.
Del : Je m’en doute. Allez, courage Phil, va voir ton chéri. »
J’entre dans la chambre, Stéphanie me laisse plus de place pour que je sois plus près de Julien. Je vois dans les yeux de Julien une lueur encore jamais perçue. Je plonge mon regard dans le sien. Je tente de faire passer tout l’amour que j’éprouve à son égard. Son regard s’éclaircit un peu. Je prends sa main gauche dans la mienne, il accepte que je la garde au chaud entre mes doigts et ma paume. Je ne dis rien, je n’ose pas déposer un bisou sur ses lèvres. Je le regarde, les hématomes de son visage commencent à s’estomper un peu. Stéphanie ne dit rien elle non plus. Elle nous regarde et je sais qu’elle nous soutien Julien et moi.
Nous sommes restés un bon quart d’heure comme ça, sans bouger. Notre regard plongé dans celui de l’autre. C’est l’infirmière qui nous a dérangés, elle devait venir faire les soins. Elle nous prie de sortir. Je lâche la main de Julien à contre-cœur, de son côté, je sens que lui aussi aurait voulu que nous restions encore un moment comme cela, sans parler. Au moment où je sors de la chambre et que je regarde en direction de Julien, je vois une larme sur chacune de ses joues. Je suis bouleversé, j’ai moi aussi envie de pleurer, mais je me retiens. Enfin Julien semble toujours m’aimer. Je sais qu’il va falloir du temps pour que nous soyons à nouveau heureux.
Stéphanie me prend par le bras et nous allons nous installer sur un banc à l’entrée du couloir, un peu à l’abri. Elle me dit alors :
Sté : « Phil, voilà ce que Julien m’a dit à ton sujet.
Moi : Oui, vas-y, je t’écoute.
Sté : Il t’en veut parce que tu ne lui as pas dit que nos parents étaient morts. Mais d’un autre côté il se demande comment tu aurais pu le lui dire.
Moi : Tu sais Stéph, j’avais très peur de sa réaction. Puis au début il était comme dans les nuages, incapable de comprendre ce qui se passait et ce qui s’était passé.
Sté : Je le sais et je lui ai dit que tu avais été présent tous les jours auprès de lui.
Moi : Tu sais bien que je n’aurais pas pu faire autrement que de venir le voir.
Sté : Je le sais Phil et maintenant Julien le sait, il s’en rend compte.
Moi : Tu as vu, quand j’ai passé le seuil de la porte de la chambre, il pleurait !
Sté : Non, je ne l’ai pas remarqué.
Moi : Tu crois qu’il m’aime encore, dis-moi Stéph, Julien m’aime-t-il ?
Sté : Oh Phil, bien sûr que oui. Je pense que tu as pu le voir au travers de son regard.
Moi : Je voudrais tant qu’il ne se soit rien passé ce jour-là !
Sté : Moi aussi, je ne suis toujours pas remise et je pense qu’il me faudra beaucoup de temps. Heureusement que j’ai Delphine et ta famille pour m’encadrer.
Moi : Je le sais, mais Julien acceptera-t-il mon aide ? Il ne doit pas rester comme ça, prostré !
Sté : Je suis certaine qu’il va avoir besoin de toi tout comme moi j’ai besoin de ta sœur.
Moi : Merci Stéph, moi aussi j’ai besoin de lui. Je l’aime trop mon Juju.
Sté : Oh ça je le sais Phil que vous vous aimez. Allez, viens me faire un câlin ! »
Stéphanie m’ouvre ses bras et je viens m’y lover. Je ressens bien qu’elle aussi a besoin de soutien. Je suis certain qu’elle se pose un tas de questions quant à leur avenir, maintenant qu’ils sont orphelins. Delphine s’approche de nous et elle vient caresser les épaules de sa chérie. Nous attendons comme ça quelques minutes.
L’infirmière ayant terminé les soins, elle sort de la chambre et vient dire à Stéphanie que son frère la réclame. Julien et Stéphanie parlent ensemble. Ils semblent aborder beaucoup de sujets. Je me demande s’il ne s’agit pas des dispositions qu’ils vont devoir prendre. Il est certain qu’ils doivent trouver une solution pour la maison : sans revenus il leur sera difficile de l’entretenir. Puis y a-t-il une assurance vie qui pourra leur permettre de faire face à certains frais et peut-être de vivre ? Bon je suis convaincu que Stéphanie aura le soutien de Papa pour faire face à toutes les démarches. J’espère que Julien sera ramené vers Bruxelles le plus tôt possible.
Le médecin revient près de nous. Il voit que Stéphanie est toujours auprès de Julien. Il entre dans la chambre et il laisse encore cinq minutes à Stéph car Julien doit maintenant se reposer. Stéphanie sort ensuite de la chambre et elle me fait signe d’aller près de Julien. Je m’avance vers le lit d’hôpital, vers Julien. Il ouvre les bras et malgré son plâtre, il veut m’enlacer. Je me place de façon à m’insérer dans ses bras ouverts. Il me fait un câlin. Puis il me dit :
Jul : « Merci d’être là près de moi.
Moi : Mais c’est normal Julien.
Jul : Bon je crois qu’il est temps que tu partes. A demain Phil.
Moi : A demain Julien. »
Je dépose mes lèvres sur celles de Julien qui accepte ce chaste baiser. Je vois dans son regard une lueur que je reconnais, c’est cette lueur remplie d’amour que je perçois. Je lui fais un signe de la main, signe auquel il me répond par un large sourire. J’ai enfin retrouvé mon Juju, celui que j’aime.
Nathan se dévoile et nouvelles perspectives.
J’arrive le dernier à table. Tous les regards sont tournés vers moi. Je ne sais pas si c’est pour savoir comment je vais, après ce que j’ai vécu à l’hôpital hier, ou si c’est à la suite de ce qui s’est passé cette nuit avec Nathan. Je lance un grand bonjour avec le sourire. Je vais donner une bise à ma tante Françoise ainsi qu’à mes deux cousins. Je m’assieds et je reçois une tasse de café. Il y a du pain, du fromage, de la confiture, du choco à tartiner et du miel.
T. Fra : « Alors Phil, tu as bien dormi ?
Moi : Oui, merci ma tante.
T. Fra : Nathan m’a dit qu’il avait dormi avec toi cette nuit.
Moi : Oui, il voulait rester près de moi pour que je passe une bonne nuit.
Nat : Hier soir quand j’ai vu que Phil avait encore les larmes aux yeux, j’ai voulu rester auprès de lui.
T. Fra : Tu as bien fait.
Moi : Merci Nath, cela m’a fait plaisir. J’ai vraiment deux cousins qui sont super !
Dav : Tu sais Phil nous t’aimons, tu fais partie de la famille, même si tu es un peu différent.
T. Fra : David !
Moi : Non, ce n’est pas grave. Je sais que vous avez tous l’esprit très ouvert.
Dav : Je voulais juste dire que pour nous cela n’a aucune importance que tu amies Julien.
Moi : Merci David, merci à vous ! »
Nous avons terminé le petit-déjeuner. La table est débarrassée et la vaisselle est placée dans le lave-vaisselle. Ma tante me rappelle que je dois être pour onze heures à l’hôpital pour voir la psy. Il n’est que dix heures moins le quart, David me demande le venir dans sa chambre. Nous montons et nous nous asseyons sur son lit. Il me demande comment je vais. Puis il me regarde dans les yeux et me demande :
Dav : « Phil, j’ai vu que Nath avait enlevé son short de pyjama et qu’il était humide !
Moi : Tu sais, je pense qu’il est travaillé par ses hormones.
Dav : Je m’en doute, mais a-t-il voulu, comment te dire, te caresser et…
Moi : Pourquoi tu demandes ça ?
Dav : Car je pense que Nath est gay !
Moi : Je pense que…
A ce moment-là la porte de la chambre s’ouvre, c’est Nath qui entre. Il nous regarde et se doute bien que nous parlons de lui. Il s’avance et dit :
Nat : Vous parlez de moi ?
Dav : Oui, on ne va pas te le cacher.
Nat : Je suis désolé David, mais je ne sais plus où j’en suis !
Moi : C’est un peu ma faute Nath, j’aurai dû être plus ferme hier soir et te refuser de dormir avec moi.
Dav : Ce n’est de la faute à personne. Je ne vous juge pas, je ne te juge pas non plus Nath. Je peux te poser une question ?
Nat : Oui.
Dav : Nath, tu es homo ?
Nat : Oh David, je ne sais pas, mais je pense que oui.
Dav : Pour être honnête avec toi, je l’avais remarqué !
Nat : Je suis désolé. (Des larmes coulent sur ses joues.)
Dav : Arrête de pleurer. Viens dans mes bras, tu sais p’tit frère, je t’aime comme tu es ! »
David prend son frère dans ses bras pour le consoler. Je reste assis, je suis moi aussi très ému par ce que je vois. Je sais que ce n’est pas facile de dire qu’on est homo, mais l’entente entre les deux frères étant très bonne, cela s’est très bien passé. Puis je connais bien David, je sais qu’il est super ouvert d’esprit.
Nathan explique à son frère qu’il a déjà fait des masturbations mutuelles avec des copains de sa classe. Il ajoute qu’avec l’un d’eux ils s’étaient « offert » des fellations. Il se sent mieux, il ne pleure plus.
La porte de la chambre s’ouvre juste après avoir entendu frapper. C’est ma tante Françoise qui est là. Elle nous demande à Nathan et moi ce qui s’est passé pour que le drap de lit soit si sale. Il n’en faut pas plus pour que Nathan se remette à pleurer. Je ne sais pas où me mettre. Ma tante prend Nath dans ses bras et lui fait un énorme câlin. Nath répond qu’il a eu des pollutions nocturnes durant la nuit. Puis ma tante me regarde. Je suis rouge pivoine. Je ne sais que dire. Nathan regarde sa maman et lui dit :
Nat : « C’est ma faute.
Moi : Non Nath, c’est de la mienne, j’aurai dû te dire d’aller dans ta chambre.
Nat : Non Phil, je ne veux pas que tu culpabilises. Maman, c’est moi qui ai branlé Phil cette nuit. Je suis…, je suis gay !
T.Fra : Viens mon Nathou, je m’en doutais tu sais. Mais je t’aime comme tu es.
Nat : Oh merci maman. (De nouvelles larmes coulent sur ses joues.)
Dav : Je lui disais la même chose, que je l’aime tel qu’il est.
Moi : Je suis désolé Tante Françoise, mais j’étais si mal.
T. Fra : Je ne te reproche rien Phil. Mais n’allez pas trop loin.
Moi : Oh non, je ne sais déjà pas comment je vais le dire à Julien !
T. Fra : Je suis certaine que tu trouveras les mots et qu’il te comprendra.
Moi : Merci Tante Françoise.
Nat : Merci maman, merci frérot, merci Phil. »
Ma tante est allée changer le lit pour Stéphanie et Delphine qui vont rester loger. Je m’apprête pour aller à l’hôpital. Je décide d’y aller en bus. Je pense que je vais revoir ma sœur et Stéphanie directement sur place. Au moment de partir Nathan me souhaite bonne chance. Je lui fais un large sourire.
J’arrive à l’hôpital, je pénètre dans le hall d’entrée, en avance d’un bon quart d’heure. Je patiente sur un des bancs, en ayant un œil sur le sas d’entrée au cas où je verrais Stéphanie et ma sœur Delphine arriver. Je suis à peine assis depuis deux minutes que je vois les deux filles. Je me lève et je vais à leur rencontre. Je les embrasse et je leur explique ce qui s’est passé hier, dans le détail, soit mon rejet de la part de Julien et mon désespoir face à cette « rupture » que j’ai du mal à accepter.
Nous nous dirigeons vers le cabinet de consultation de la psychologue. Nous sommes reçus tous les trois. Elle explique à Stéphanie qu’elle va devoir être forte car elle ne connait pas la réaction de son frère Julien. Il est possible qu’il ne veuille pas la voir ou alors au contraire il trouvera en elle un réconfort, un point d’attache. Elle va devoir réagir comme son cœur lui dira de faire. Puis c’est à mon tour. La psy me demande comment je me sens. Je lui réponds que ce n’est pas facile et j’ai peur de perdre l’amour de Julien et qu’il ne veuille plus me voir. Je lui avoue que je ne sais pas si j’aurai encore assez de force pour me trouver devant un Julien qui me rejette. Je verrai déjà comment cela se passe entre Stéphanie et Julien, si cela se passe bien, je verrai si je pourrai le voir. La psy m’explique qu’il est possible qu’il change et qu’il revienne à de meilleurs sentiments envers moi. Cela fait partie du processus d’acceptation à la suite des décès de ses parents et le fait qu’il soit le seul encore vivant après l’accident. Il sait qu’il ne pourra pas vivre seul, qu’il aura besoin de soutien. Son soutien peut très bien être « son petit ami » comme le dit la psy, donc moi !
Nous quittons le bureau de la psy et nous nous dirigeons vers la chambre de Julien. Au fur et à mesure de notre progression au travers du dédale de couloirs, de portes et d’ascenseurs, nous parvenons devant le bureau des infirmières du service où Julien est hospitalisé. Le médecin de garde, celui qui était présent hier, est là lui aussi. Il sait que nous venons de voir la psy et que nous avons été briffés en vue de rencontrer Julien dans les meilleures conditions.
C’est donc Stéphanie qui va voir Julien. Selon les infirmières Julien a bien mangé, mais un peu et il semble assez calme. Il a toujours sa sonde urinaire et il porte toujours une blouse d’hôpital assez large. Il est toujours relié à un baxter qui distille les médicaments utiles. Stéphanie frappe à la porte et entre dans la chambre. Delphine, le médecin et moi nous sommes près de la porte et nous voyons ce qui se passe par la fenêtre du couloir.
Julien regarde Stéphanie, il esquisse un petit sourire. Puis il fait une grimace, ses yeux se ferment et de suite des larmes coulent sur ses joues. Stéphanie s’approche de lui et veut le prendre dans ses bras. Julien ouvre ses bras et se laisse enlacer par sa sœur. Ils restent ainsi enlacés durant un bon moment. Les larmes ont coulé des deux côtés. Ils se parlent mais nous n’entendons rien. Julien semble toujours accepter la présence de sa sœur et il lui parle. Je suis certain qu’ils parlent de leurs parents, de l’accident et peut-être de moi, je n’en sais rien, Stéphanie me dira bien quoi par la suite.
Cela fait maintenant une demi-heure qu’ils sont ensemble. Ils discutent toujours. La psy qui est arrivée depuis un bon bout de temps. Elle trouve que c’est un très bon signe. Stéphanie s’écarte de Julien et revient vers la porte. Elle l’ouvre et demande à Delphine de venir avec elle. La psy me regarde, elle sait que j’attends de pouvoir revoir Julien et que je suis sur des charbons ardents. Je vois que Delphine vient faire un baiser sur la joue de Julien. Il a un petit sourire aux lèvres. Stéphanie tient Delphine par la taille. Elles sont à côté de Julien et ils parlent ensemble.
Le temps me semble long, trop long. La psy remarque que je ne tiens plus en place. Elle me propose d’aller prendre un bol d’air. L’infirmière part avec moi et nous allons sur la terrasse extérieure de l’étage. Elle parle avec moi, me demande si ça va mieux. Elle sait que je suis l’amoureux de Julien mais aucune remarque particulière n’est faite même concernant Delphine et Stéphanie. Il fait chaud, mais malgré cela il y a plus d’air dehors.
Nous revenons dans le couloir près de la porte de la chambre de Julien. Les filles sont toujours en train de parler avec Juju et il a l’air décontracté. Je pense qu’il a dû réfléchir toute la nuit à ce qui s’est passé depuis l’enterrement de son parrain et donc de l’accident et du décès de ses parents. J’espère qu’il ne m’a pas oublié et qu’il ne me tient pas rancune de ne pas lui avoir expliqué ce qui s’était passé.
Delphine quitte la chambre. Elle vient vers moi, elle me prend dans ses bras. Je sens qu’il y a quelque chose, mais je ne sais pas quoi. Puis elle me dit dans le creux de l’oreille :
Del : « Phil, Julien t’en veux de ne pas lui avoir dit ce qui était arrivé, mais il comprend aussi que ce n’était pas évident à dire. Il te demande du temps pour reprendre votre relation. Tu peux le voir, maintenant, mais il ne veut pas trop parler de ce qu’il ressent.
Moi : Merci Delphine, au moins il sait que j’existe, ce n’est déjà pas mal.
Del : Je m’en doute. Allez, courage Phil, va voir ton chéri. »
J’entre dans la chambre, Stéphanie me laisse plus de place pour que je sois plus près de Julien. Je vois dans les yeux de Julien une lueur encore jamais perçue. Je plonge mon regard dans le sien. Je tente de faire passer tout l’amour que j’éprouve à son égard. Son regard s’éclaircit un peu. Je prends sa main gauche dans la mienne, il accepte que je la garde au chaud entre mes doigts et ma paume. Je ne dis rien, je n’ose pas déposer un bisou sur ses lèvres. Je le regarde, les hématomes de son visage commencent à s’estomper un peu. Stéphanie ne dit rien elle non plus. Elle nous regarde et je sais qu’elle nous soutien Julien et moi.
Nous sommes restés un bon quart d’heure comme ça, sans bouger. Notre regard plongé dans celui de l’autre. C’est l’infirmière qui nous a dérangés, elle devait venir faire les soins. Elle nous prie de sortir. Je lâche la main de Julien à contre-cœur, de son côté, je sens que lui aussi aurait voulu que nous restions encore un moment comme cela, sans parler. Au moment où je sors de la chambre et que je regarde en direction de Julien, je vois une larme sur chacune de ses joues. Je suis bouleversé, j’ai moi aussi envie de pleurer, mais je me retiens. Enfin Julien semble toujours m’aimer. Je sais qu’il va falloir du temps pour que nous soyons à nouveau heureux.
Stéphanie me prend par le bras et nous allons nous installer sur un banc à l’entrée du couloir, un peu à l’abri. Elle me dit alors :
Sté : « Phil, voilà ce que Julien m’a dit à ton sujet.
Moi : Oui, vas-y, je t’écoute.
Sté : Il t’en veut parce que tu ne lui as pas dit que nos parents étaient morts. Mais d’un autre côté il se demande comment tu aurais pu le lui dire.
Moi : Tu sais Stéph, j’avais très peur de sa réaction. Puis au début il était comme dans les nuages, incapable de comprendre ce qui se passait et ce qui s’était passé.
Sté : Je le sais et je lui ai dit que tu avais été présent tous les jours auprès de lui.
Moi : Tu sais bien que je n’aurais pas pu faire autrement que de venir le voir.
Sté : Je le sais Phil et maintenant Julien le sait, il s’en rend compte.
Moi : Tu as vu, quand j’ai passé le seuil de la porte de la chambre, il pleurait !
Sté : Non, je ne l’ai pas remarqué.
Moi : Tu crois qu’il m’aime encore, dis-moi Stéph, Julien m’aime-t-il ?
Sté : Oh Phil, bien sûr que oui. Je pense que tu as pu le voir au travers de son regard.
Moi : Je voudrais tant qu’il ne se soit rien passé ce jour-là !
Sté : Moi aussi, je ne suis toujours pas remise et je pense qu’il me faudra beaucoup de temps. Heureusement que j’ai Delphine et ta famille pour m’encadrer.
Moi : Je le sais, mais Julien acceptera-t-il mon aide ? Il ne doit pas rester comme ça, prostré !
Sté : Je suis certaine qu’il va avoir besoin de toi tout comme moi j’ai besoin de ta sœur.
Moi : Merci Stéph, moi aussi j’ai besoin de lui. Je l’aime trop mon Juju.
Sté : Oh ça je le sais Phil que vous vous aimez. Allez, viens me faire un câlin ! »
Stéphanie m’ouvre ses bras et je viens m’y lover. Je ressens bien qu’elle aussi a besoin de soutien. Je suis certain qu’elle se pose un tas de questions quant à leur avenir, maintenant qu’ils sont orphelins. Delphine s’approche de nous et elle vient caresser les épaules de sa chérie. Nous attendons comme ça quelques minutes.
L’infirmière ayant terminé les soins, elle sort de la chambre et vient dire à Stéphanie que son frère la réclame. Julien et Stéphanie parlent ensemble. Ils semblent aborder beaucoup de sujets. Je me demande s’il ne s’agit pas des dispositions qu’ils vont devoir prendre. Il est certain qu’ils doivent trouver une solution pour la maison : sans revenus il leur sera difficile de l’entretenir. Puis y a-t-il une assurance vie qui pourra leur permettre de faire face à certains frais et peut-être de vivre ? Bon je suis convaincu que Stéphanie aura le soutien de Papa pour faire face à toutes les démarches. J’espère que Julien sera ramené vers Bruxelles le plus tôt possible.
Le médecin revient près de nous. Il voit que Stéphanie est toujours auprès de Julien. Il entre dans la chambre et il laisse encore cinq minutes à Stéph car Julien doit maintenant se reposer. Stéphanie sort ensuite de la chambre et elle me fait signe d’aller près de Julien. Je m’avance vers le lit d’hôpital, vers Julien. Il ouvre les bras et malgré son plâtre, il veut m’enlacer. Je me place de façon à m’insérer dans ses bras ouverts. Il me fait un câlin. Puis il me dit :
Jul : « Merci d’être là près de moi.
Moi : Mais c’est normal Julien.
Jul : Bon je crois qu’il est temps que tu partes. A demain Phil.
Moi : A demain Julien. »
Je dépose mes lèvres sur celles de Julien qui accepte ce chaste baiser. Je vois dans son regard une lueur que je reconnais, c’est cette lueur remplie d’amour que je perçois. Je lui fais un signe de la main, signe auquel il me répond par un large sourire. J’ai enfin retrouvé mon Juju, celui que j’aime.