23-12-2020, 09:59 AM
Une fois remis de mes émotions, le médecin me demande comment ça s’est passé. Je lui raconte tout. Il est étonné de savoir qu’au départ Julien ne m’avais pas reconnu. Puis il me félicite pour ma ténacité et mon empathie envers Julien. Je lui dis aussi que j’avais peur qu’il ne vienne à parler de ses parents. Le docteur pense qu’il possible que dans un jour ou deux, que Julien parle de ses parents. Il ajoute qu’il sera là et aussi un psychologue pour prendre le relais.
Nous quittons l’hôpital. Dans la voiture je parle un peu à papa. Je lui raconte ce que j’ai vécu avec Julien lorsqu’il a accepté que je lui tienne la main et ensuite que nos regards puissent se rencontrer. C’est une chose que je n’oublierai pas de sitôt. Elle restera gravée dans ma mémoire. Nous arrivons enfin à la maison, il se fait tard, il est déjà dix-huit heures quarante.
Nous nous installons au salon. Delphine apporte l’apéro. Maman s’est installée dans le divan à côté de Stéphanie. Elle est sur des charbons ardents et veut savoir comme va Julien. Papa me laisse expliquer le déroulement de cet après-midi. Le moment où enfin Julien me reconnaît et la suite. Puis ma peur d’entendre la question des parents. Stéphanie vient m’enlacer en me disant merci. Elle a les yeux humides. Puis dans les bras de Delphine, elle se met à pleurer. Je pense qu’il faut que cela ne traîne pas trop, car nos nerfs sont soumis à rude épreuve.
Après le souper, je plonge dans la piscine, j’ai besoin d’être un peu seul. Je nage et ensuite je barbote près des marches d’accès. Je repense à cet après-midi lorsque j’étais dans la chambre de Julien et que je me rendais compte qu’il ne me reconnaissait plus. Puis ensuite, puisant au plus profond de moi, j’ai enfin pu le faire revenir à lui ! J’ai des larmes qui coulent sur mes joues. Il faut que Julien reprenne le cours de sa vie, car cela va devenir insoutenable si à chaque fois il ne me reconnaît pas. Je n’ai même pas entendu les deux filles arriver, elles me lancent un peu d’eau. Brusquement Stéphanie arrête, elle voit que je ne suis pas bien, elle vient me prendre dans ses bras. Elle aussi commence à pleurer. Delphine se pose alors des questions tout comme moi, comme je l’ai fait avant qu’elles n’arrivent.
Après quelques minutes, je me calme. Delphine vient se placer entre nous et nous enlace. Pas besoin de parole, elles savent que je ne suis pas bien et que cette épreuve est difficile et perturbante. Finalement nous nageons un moment ensemble. Une fois séchés nous rentrons dans la maison. Je pense à prendre le téléphone et à sonner à Amandine, il faut que je lui parle. Je lui explique ce qui s’est passé aujourd’hui, je parle de mes inquiétudes et de mon ressenti. Elle me réconforte et m’encourage à poursuivre cette redécouverte de Julien pour qu’il puisse à son tour revenir dans le monde présent, malgré cet accident ravageur.
Je monte me coucher sans même prendre de douche, j’étais dans la piscine il y a un moment. Je sais que demain sera une journée très fatigante, c’est le jour des funérailles de Béatrice et de Pierre. Je m’endors directement.
Au matin, le petit-déjeuner est avalé nous nous préparons pour cette pénible journée. Stéphanie n’est pas bien, elle pleure déjà sachant que Julien ne sera pas auprès d’elle. Je viens lui faire un bisou sur la joue et je lui dis que je serai là tout comme si Julien était lui aussi présent, mais via ma personne. Elle me sourit et me fait un bisou sur le front. Nous sommes prêts, nous avons tout ce qu’il faut avec nous.
Nous sommes au funérarium, les deux cercueils sont alignés l’un à côté de l’autre. Il y a beaucoup de gerbes de fleurs. Nous pouvons voir celles que nous avons déposées au milieu des autres. Les deux corbillards sont avancés pour emporter les deux corps vers la cérémonie religieuse, comme les parents de Stéphanie et Julien le voulaient.
Le trajet se fait sans encombre, nous suivons en voiture. Une fois arrivés à l’église, nous voyons qu’un groupe de personnes attend. Je reconnais déjà Amandine et Joseph. Nous nous rangeons derrière les corbillards avant que les cercueils ne soient déchargés. Puis c’est l’entrée dans l’église. Je vois que Jacques et Dimitri sont présents, de même que Mathieu et Luca avec Maxime, ses parents et la maman de Math, puis je vois David et ma tante Françoise, Grégory le copain de classe de Julien qui est avec d’autres jeunes que je ne connais pas.
Lors de la cérémonie je donne une lecture ainsi que deux intentions. J’ai dit un mot avec la complicité de Delphine, concernant Béatrice et Pierre, car Stéphanie n’aurait jamais pu prononcer une syllabe.
A l’issue de la cérémonie, nous nous sommes rendus en cortège vers le cimetière d’Uccle. Le moment le plus pénible c’est lorsque les deux cercueils sont prêts à être mis dans le caveau. A la demande de maman, les fossoyeurs attendent que nous soyons partis pour descendre les deux boîtes mortuaires. Chaque personne présente a pu au préalable déposer une fleur sur chacune des bières.
A la sortie du cimetière, comme il est de coutume, la famille reçoit les condoléances. Stéphanie est en pleurs, elle est soutenue par maman et Delphine bien entendu. Nos amis me posent des questions quant à l’état de santé de Julien. Je demande qu’ils viennent à la salle avec la famille, pour partager un moment et prendre un en-cas. Ils acceptent tous.
Même les anciens copains de classe de Julien sont restés et nous ont accompagnés. Stéphanie les a rejoints un petit moment. Les autres personnes ont posé quelques questions concernant Julien et aussi au sujet de l’accident. D’autres se sont proposées à apporter leur aide et ainsi soutenir Stéphanie dans ces moments difficiles. Je parle avec des personnes que je ne connais pas, mais je suis étonné, elles savent que je suis le petit-ami de Julien. Aucune méchanceté, aucun reproche, d’ailleurs ils savent tous que Stéphanie est en couple avec Delphine.
Je suis un peu fatigué, maman vient près de moi et me demande comment ça va. Je lui dis que Julien me manque énormément surtout aujourd’hui pour les obsèques de ses parents. Maman me remonte le moral, elle me signale que je vais aller voir Julien et que c’est ma tante qui va m’y conduire avec David.
Il est déjà quinze heures et il est temps que je parte pour voir mon Juju d’amour. Tous mes amis sont encore présents, ils n’attendent que mon départ pour qu’ils puissent eux aussi rentrer chez eux. Je suis super heureux de voir qu’ils sont tous restés, quelle marque d’affection et de soutien en ces moments particuliers. Je monte dans la voiture de ma tante Françoise, je me suis mis à l’arrière en compagnie de David.
Au début du trajet nous n’échangeons que quelques mots en relation avec cette journée assez difficile. David me demande alors :
Dav : « Phil tu crois que je peux aller avec toi rendre visite à Julien !
Moi : Je ne sais pas trop si ce sera possible, il faudra l’accord du médecin.
Dav : Tu sais Phil j’apprécie Julien, c’est comme s’il était aussi mon cousin.
Moi : Merci David, cela me touche. Nous verrons ce que va dire le médecin.
Dav : J’espère que je pourrai le voir. »
Nous restons silencieux. David semble lui aussi affecté par ce que nous avons vécu aujourd’hui. Finalement je m’assoupis un moment. Quand j’ouvre les yeux, nous sommes presque arrivés à l’hôpital. Ma tante trouve une place pas trop éloignée de l’entrée. Nous montons alors à l’étage où se trouve la chambre de Julien. Je me présente au bureau des infirmières. Je demande des nouvelles de Julien. La surveillante mi dit :
Sruv : « Bonjour Phil, je vais appeler le médecin car il doit te parler avant que tu ne te rendes auprès de lui.
Moi : Il y a quelque chose qui s’est passé ?
Surv : Ce n’est pas à moi de te le dire, c’est au médecin.
Moi : Mais c’est grave ?
Surv : Non, je ne sais pas te le dire. Attend la visite du médecin. Tiens tu n’es pas accompagné de ton papa ?
Moi : Non c’est ma tante et mon cousin.
Surv : On verra si le médecin sera d’accord qu’ils voient Julien.
Moi : Je lui demanderai.
Je reviens dans le couloir et j’explique à ma tante et à David ce que la surveillante m’a dit et l’attente du médecin, qui doit me parler avant de voir Julien. Nous sommes installés sur les sièges placés à l’extrémité du couloir, sorte de petite salle d’attente lorsque les soins donnés aux patients sont longs. Après cinq bonnes minutes je vois le médecin qui arrive. Il se dirige vers nous.
Doc : « Bonjour Phil, bonjour madame, bonjour jeune homme. Voilà Phil, Julien s’est rendu compte durant la nuit qu’il était bel et bien à l’hôpital, qu’il est arrivé en ambulance et qu’il était dans la voiture de ses parents. Il a demandé à les voir.
Moi : Et quelle a été sa réaction ?
Doc : Appel a été fait à un psychologue et au médecin de garde. Ils lui ont expliqué l’accident et les conséquences de celui-ci. Puis ils lui ont annoncé la mort de ses parents. Julien a fait une crise. Des sédatifs lui ont été administrés. Ce matin il a une nouvelle fois une crise de nerf en criant après ses parents !
Moi : Mais comment va-t-il ?
Doc : Il est toujours sous calmants et je ne sais pas quelle sera sa réaction quand il te verra.
Moi : Je suppose qu’il vaut mieux que j’y aille seul.
Doc : Je pense que c’est préférable. D’ailleurs la psychologue que tu as vue hier va arriver, tu ne seras pas tout seul pour gérer la réaction de Julien.
Moi : J’ai peur docteur, j’ai peur de sa réaction, que va-t-il me dire ? Va-t-il me faire des reproches ? Je ne sais plus quoi penser. J’ai peur de le perdre !
Fra : Non Phil, on sera avec toi pour t’aider à passer le cap. Attend d’abord de voir comment il sera en te voyant.
Doc : C’est bien cela qu’il faut faire madame. Il vous faudra beaucoup de patience.
Moi : Merci docteur.
Doc : Voilà, la psychologue arrive. Je vais rester dans le coin en cas de problème. Allez, courage Phil ! »
Ma tante Françoise et mon cousin David s’avancent vers la chambre en nous suivant la psy et moi. Arrivé à la porte, je frappe. Pas de réponse. Je jette un coup d’œil par la vitre à côté de la porte. Je vois Julien couché, les yeux ouverts. Je me décide et j’ouvre la porte. La psy reste en retrait. Je m’avance vers le lit de Julien en lui disant :
Moi : « Bonjour Julien, c’est Phil !
Jul : Hmmm
Moi : Oui Julien c’est ton ami Phil qui est là !
Jul : Bonjour, tu ne m’as rien dit, tu m’as laissé sans rien me dire sur la mort de mes parents, pourquoi ?
Moi : Je ne voulais pas t’effrayer, tu avais déjà du mal à me reconnaître !
Jul : Je ne sais que penser, même ma sœur n’est pas venue me voir !
Moi : Tu sais Julien elle a dû s’occuper des funérailles.
Jul : Oui, en me laissant dans l’ignorance la plus complète.
Moi : Tu sais Julien les funérailles ont eu lieu ce matin, alors elle s’occupe des personnes qui sont venues.
Jul : Oui, et moi ? Rien, nada !
Moi : Mais je suis là Julien, je suis venu tous les jours te voir et te parler.
Jul : Oh oui, le bon samaritain. Tu me fais bien rire.
Moi : Mais Julien, je le fais de bon cœur et puis je t’aime !
Jul : Allez laisse-moi. Je ne veux plus te voir !
Moi : Juju, mais pourquoi ?
Jul : Fous-moi le camp, dégage.
Psy : Julien, tu ne devrais pas te comporter de la sorte, Phil est là, pour toi.
Jul : Je ne veux plus le voir !
Psy : C’est comme tu veux, il va partir, mais je suis déçue de ta réaction. On se revoit tantôt de toute façon.
Jul : Je ne veux plus vous voir non plus. »
Julien tourne la tête vers la fenêtre sans plus un mot. La psy me fait signe de sortir de la chambre. Je suis hébété, je ne sais plus dire un mot. J’ai les larmes qui me montent aux yeux. Mais ce n’est pas possible, cela ne va se terminer comme ça entre Julien et moi, mais c’est un cauchemar, c’est absurde ! J’avance comme dans le brouillard, je suis désemparé. Un tas d’images me passent par la tête, je revois Julien avec sa sœur et ses parents, puis moi qui veux les rejoindre mais, ils s’éloignent de plus en plus. Puis c’est le trou noir !
Nous quittons l’hôpital. Dans la voiture je parle un peu à papa. Je lui raconte ce que j’ai vécu avec Julien lorsqu’il a accepté que je lui tienne la main et ensuite que nos regards puissent se rencontrer. C’est une chose que je n’oublierai pas de sitôt. Elle restera gravée dans ma mémoire. Nous arrivons enfin à la maison, il se fait tard, il est déjà dix-huit heures quarante.
Nous nous installons au salon. Delphine apporte l’apéro. Maman s’est installée dans le divan à côté de Stéphanie. Elle est sur des charbons ardents et veut savoir comme va Julien. Papa me laisse expliquer le déroulement de cet après-midi. Le moment où enfin Julien me reconnaît et la suite. Puis ma peur d’entendre la question des parents. Stéphanie vient m’enlacer en me disant merci. Elle a les yeux humides. Puis dans les bras de Delphine, elle se met à pleurer. Je pense qu’il faut que cela ne traîne pas trop, car nos nerfs sont soumis à rude épreuve.
Après le souper, je plonge dans la piscine, j’ai besoin d’être un peu seul. Je nage et ensuite je barbote près des marches d’accès. Je repense à cet après-midi lorsque j’étais dans la chambre de Julien et que je me rendais compte qu’il ne me reconnaissait plus. Puis ensuite, puisant au plus profond de moi, j’ai enfin pu le faire revenir à lui ! J’ai des larmes qui coulent sur mes joues. Il faut que Julien reprenne le cours de sa vie, car cela va devenir insoutenable si à chaque fois il ne me reconnaît pas. Je n’ai même pas entendu les deux filles arriver, elles me lancent un peu d’eau. Brusquement Stéphanie arrête, elle voit que je ne suis pas bien, elle vient me prendre dans ses bras. Elle aussi commence à pleurer. Delphine se pose alors des questions tout comme moi, comme je l’ai fait avant qu’elles n’arrivent.
Après quelques minutes, je me calme. Delphine vient se placer entre nous et nous enlace. Pas besoin de parole, elles savent que je ne suis pas bien et que cette épreuve est difficile et perturbante. Finalement nous nageons un moment ensemble. Une fois séchés nous rentrons dans la maison. Je pense à prendre le téléphone et à sonner à Amandine, il faut que je lui parle. Je lui explique ce qui s’est passé aujourd’hui, je parle de mes inquiétudes et de mon ressenti. Elle me réconforte et m’encourage à poursuivre cette redécouverte de Julien pour qu’il puisse à son tour revenir dans le monde présent, malgré cet accident ravageur.
Je monte me coucher sans même prendre de douche, j’étais dans la piscine il y a un moment. Je sais que demain sera une journée très fatigante, c’est le jour des funérailles de Béatrice et de Pierre. Je m’endors directement.
Au matin, le petit-déjeuner est avalé nous nous préparons pour cette pénible journée. Stéphanie n’est pas bien, elle pleure déjà sachant que Julien ne sera pas auprès d’elle. Je viens lui faire un bisou sur la joue et je lui dis que je serai là tout comme si Julien était lui aussi présent, mais via ma personne. Elle me sourit et me fait un bisou sur le front. Nous sommes prêts, nous avons tout ce qu’il faut avec nous.
Nous sommes au funérarium, les deux cercueils sont alignés l’un à côté de l’autre. Il y a beaucoup de gerbes de fleurs. Nous pouvons voir celles que nous avons déposées au milieu des autres. Les deux corbillards sont avancés pour emporter les deux corps vers la cérémonie religieuse, comme les parents de Stéphanie et Julien le voulaient.
Le trajet se fait sans encombre, nous suivons en voiture. Une fois arrivés à l’église, nous voyons qu’un groupe de personnes attend. Je reconnais déjà Amandine et Joseph. Nous nous rangeons derrière les corbillards avant que les cercueils ne soient déchargés. Puis c’est l’entrée dans l’église. Je vois que Jacques et Dimitri sont présents, de même que Mathieu et Luca avec Maxime, ses parents et la maman de Math, puis je vois David et ma tante Françoise, Grégory le copain de classe de Julien qui est avec d’autres jeunes que je ne connais pas.
Lors de la cérémonie je donne une lecture ainsi que deux intentions. J’ai dit un mot avec la complicité de Delphine, concernant Béatrice et Pierre, car Stéphanie n’aurait jamais pu prononcer une syllabe.
A l’issue de la cérémonie, nous nous sommes rendus en cortège vers le cimetière d’Uccle. Le moment le plus pénible c’est lorsque les deux cercueils sont prêts à être mis dans le caveau. A la demande de maman, les fossoyeurs attendent que nous soyons partis pour descendre les deux boîtes mortuaires. Chaque personne présente a pu au préalable déposer une fleur sur chacune des bières.
A la sortie du cimetière, comme il est de coutume, la famille reçoit les condoléances. Stéphanie est en pleurs, elle est soutenue par maman et Delphine bien entendu. Nos amis me posent des questions quant à l’état de santé de Julien. Je demande qu’ils viennent à la salle avec la famille, pour partager un moment et prendre un en-cas. Ils acceptent tous.
Même les anciens copains de classe de Julien sont restés et nous ont accompagnés. Stéphanie les a rejoints un petit moment. Les autres personnes ont posé quelques questions concernant Julien et aussi au sujet de l’accident. D’autres se sont proposées à apporter leur aide et ainsi soutenir Stéphanie dans ces moments difficiles. Je parle avec des personnes que je ne connais pas, mais je suis étonné, elles savent que je suis le petit-ami de Julien. Aucune méchanceté, aucun reproche, d’ailleurs ils savent tous que Stéphanie est en couple avec Delphine.
Je suis un peu fatigué, maman vient près de moi et me demande comment ça va. Je lui dis que Julien me manque énormément surtout aujourd’hui pour les obsèques de ses parents. Maman me remonte le moral, elle me signale que je vais aller voir Julien et que c’est ma tante qui va m’y conduire avec David.
Il est déjà quinze heures et il est temps que je parte pour voir mon Juju d’amour. Tous mes amis sont encore présents, ils n’attendent que mon départ pour qu’ils puissent eux aussi rentrer chez eux. Je suis super heureux de voir qu’ils sont tous restés, quelle marque d’affection et de soutien en ces moments particuliers. Je monte dans la voiture de ma tante Françoise, je me suis mis à l’arrière en compagnie de David.
Au début du trajet nous n’échangeons que quelques mots en relation avec cette journée assez difficile. David me demande alors :
Dav : « Phil tu crois que je peux aller avec toi rendre visite à Julien !
Moi : Je ne sais pas trop si ce sera possible, il faudra l’accord du médecin.
Dav : Tu sais Phil j’apprécie Julien, c’est comme s’il était aussi mon cousin.
Moi : Merci David, cela me touche. Nous verrons ce que va dire le médecin.
Dav : J’espère que je pourrai le voir. »
Nous restons silencieux. David semble lui aussi affecté par ce que nous avons vécu aujourd’hui. Finalement je m’assoupis un moment. Quand j’ouvre les yeux, nous sommes presque arrivés à l’hôpital. Ma tante trouve une place pas trop éloignée de l’entrée. Nous montons alors à l’étage où se trouve la chambre de Julien. Je me présente au bureau des infirmières. Je demande des nouvelles de Julien. La surveillante mi dit :
Sruv : « Bonjour Phil, je vais appeler le médecin car il doit te parler avant que tu ne te rendes auprès de lui.
Moi : Il y a quelque chose qui s’est passé ?
Surv : Ce n’est pas à moi de te le dire, c’est au médecin.
Moi : Mais c’est grave ?
Surv : Non, je ne sais pas te le dire. Attend la visite du médecin. Tiens tu n’es pas accompagné de ton papa ?
Moi : Non c’est ma tante et mon cousin.
Surv : On verra si le médecin sera d’accord qu’ils voient Julien.
Moi : Je lui demanderai.
Je reviens dans le couloir et j’explique à ma tante et à David ce que la surveillante m’a dit et l’attente du médecin, qui doit me parler avant de voir Julien. Nous sommes installés sur les sièges placés à l’extrémité du couloir, sorte de petite salle d’attente lorsque les soins donnés aux patients sont longs. Après cinq bonnes minutes je vois le médecin qui arrive. Il se dirige vers nous.
Doc : « Bonjour Phil, bonjour madame, bonjour jeune homme. Voilà Phil, Julien s’est rendu compte durant la nuit qu’il était bel et bien à l’hôpital, qu’il est arrivé en ambulance et qu’il était dans la voiture de ses parents. Il a demandé à les voir.
Moi : Et quelle a été sa réaction ?
Doc : Appel a été fait à un psychologue et au médecin de garde. Ils lui ont expliqué l’accident et les conséquences de celui-ci. Puis ils lui ont annoncé la mort de ses parents. Julien a fait une crise. Des sédatifs lui ont été administrés. Ce matin il a une nouvelle fois une crise de nerf en criant après ses parents !
Moi : Mais comment va-t-il ?
Doc : Il est toujours sous calmants et je ne sais pas quelle sera sa réaction quand il te verra.
Moi : Je suppose qu’il vaut mieux que j’y aille seul.
Doc : Je pense que c’est préférable. D’ailleurs la psychologue que tu as vue hier va arriver, tu ne seras pas tout seul pour gérer la réaction de Julien.
Moi : J’ai peur docteur, j’ai peur de sa réaction, que va-t-il me dire ? Va-t-il me faire des reproches ? Je ne sais plus quoi penser. J’ai peur de le perdre !
Fra : Non Phil, on sera avec toi pour t’aider à passer le cap. Attend d’abord de voir comment il sera en te voyant.
Doc : C’est bien cela qu’il faut faire madame. Il vous faudra beaucoup de patience.
Moi : Merci docteur.
Doc : Voilà, la psychologue arrive. Je vais rester dans le coin en cas de problème. Allez, courage Phil ! »
Ma tante Françoise et mon cousin David s’avancent vers la chambre en nous suivant la psy et moi. Arrivé à la porte, je frappe. Pas de réponse. Je jette un coup d’œil par la vitre à côté de la porte. Je vois Julien couché, les yeux ouverts. Je me décide et j’ouvre la porte. La psy reste en retrait. Je m’avance vers le lit de Julien en lui disant :
Moi : « Bonjour Julien, c’est Phil !
Jul : Hmmm
Moi : Oui Julien c’est ton ami Phil qui est là !
Jul : Bonjour, tu ne m’as rien dit, tu m’as laissé sans rien me dire sur la mort de mes parents, pourquoi ?
Moi : Je ne voulais pas t’effrayer, tu avais déjà du mal à me reconnaître !
Jul : Je ne sais que penser, même ma sœur n’est pas venue me voir !
Moi : Tu sais Julien elle a dû s’occuper des funérailles.
Jul : Oui, en me laissant dans l’ignorance la plus complète.
Moi : Tu sais Julien les funérailles ont eu lieu ce matin, alors elle s’occupe des personnes qui sont venues.
Jul : Oui, et moi ? Rien, nada !
Moi : Mais je suis là Julien, je suis venu tous les jours te voir et te parler.
Jul : Oh oui, le bon samaritain. Tu me fais bien rire.
Moi : Mais Julien, je le fais de bon cœur et puis je t’aime !
Jul : Allez laisse-moi. Je ne veux plus te voir !
Moi : Juju, mais pourquoi ?
Jul : Fous-moi le camp, dégage.
Psy : Julien, tu ne devrais pas te comporter de la sorte, Phil est là, pour toi.
Jul : Je ne veux plus le voir !
Psy : C’est comme tu veux, il va partir, mais je suis déçue de ta réaction. On se revoit tantôt de toute façon.
Jul : Je ne veux plus vous voir non plus. »
Julien tourne la tête vers la fenêtre sans plus un mot. La psy me fait signe de sortir de la chambre. Je suis hébété, je ne sais plus dire un mot. J’ai les larmes qui me montent aux yeux. Mais ce n’est pas possible, cela ne va se terminer comme ça entre Julien et moi, mais c’est un cauchemar, c’est absurde ! J’avance comme dans le brouillard, je suis désemparé. Un tas d’images me passent par la tête, je revois Julien avec sa sœur et ses parents, puis moi qui veux les rejoindre mais, ils s’éloignent de plus en plus. Puis c’est le trou noir !