21-12-2020, 10:06 AM
Le trajet de retour en voiture se déroule très calmement, sans une seule parole échangée. Arrivé à la maison, je monte dans ma chambre et je me couche sur le lit. Je suis fatigué, je me sens si las. Je ne fais que penser à Julien et honnêtement j’ai peur de l’avenir, ne sachant pas ce qu’il va nous réserver. Je fini par m’assoupir. C’est maman qui vient me réveiller pour le souper. A table tout est calme, les filles parlent ensemble à voix basse. Papa me regarde, je vois qu’il est inquiet, qu’il se pose des questions sur mon état. Nous mangeons sans appétit bien que le repas soit très bon, préparé par Stéphanie et Delphine.
Une fois la table débarrassée, nous nous retrouvons au salon, mes parents ayant une communication à nous faire. En fait, les obsèques de Béatrice et Pierre auront lieu ce mercredi à dix heures. Nous devons maintenant choisir les textes de l’office religieux. Bon, je vais faire une lecture, j’en ressens le besoin. Stéphanie me remercie car elle sait bien qu’elle ne sera pas à même de dire un mot. Puis papa me dit que je vais faire trois heures de conduite au matin et que pour quatorze heures nous serons à l’hôpital. J’ai un rendez-vous chez un psychologue. Je suis partagé entre deux sentiments, d’une part, je n’en ai pas trop envie, mais d’autre part, je pense que cela peut me faire du bien. Puis je sais que je vais revoir Julien, c’est ce qui m’importe le plus.
Je prends le téléphone et je contacte Amandine. J’ai besoin de lui parler. Enfin j’entends sa voix. Je commence à lui expliquer pour Julien, mais je ne sais pas mettre un mot derrière l’autre. Elle me dit qu’elle arrive.
Dix minutes plus tard, alors que je suis remonté dans ma chambre, la sonnette de la maison retentit. Maman va ouvrir, c’est Amandine avec Joseph. Je descends pour les saluer. Amandine me prend dans ses bras. D’un coup mes larmes envahissent mes joues. Je me laisse aller, je suis à bout. Maman demande à Joseph de nous laisser. Amandine monte avec moi dans ma chambre et assis sur mon lit nous discutons. Je lui explique ce qui se passe pour Julien, mes angoisses, mes peurs et tout. Elle me remonte le moral.
Pendant ce temps maman met Joseph au courant de la situation. Il comprend très bien que je me sente mal. Il va mettre Jacques au courant ainsi que Dimitri et Grégory, Grégory le copain de classe de Julien. Maman va contacter de son côté Mathieu et Lucas. Ils seront tous présents aux côtés de Stéphanie et de la famille. Maman signale que je vais rester une bonne partie des vacances auprès de Julien, pour qu’il se rétablisse surtout mentalement.
Amandine et moi descendons au salon pour rejoindre Joseph et les deux filles. Nous parlons ensemble de Julien et de la journée de mercredi. Puis je pense à Julien. Je propose à Joseph et Amandine d’attendre encore quelques jours pour que Julien se rappelle au moins l’époque des cours au bahut.
Amandine et Joseph sont restés toute la soirée avec les filles et moi. Nous avons pu parler d’autre chose. J’ai raconté mes cours de conduite en expliquant que les deux moniteurs étaient super sympas et qu’ils étaient en couple. Puis de fil en aiguilles, nous avons reparlé de Julien et de ses parents. Joseph a demandé à Stéphanie si elle était d’accord qu’il dise les intentions lors de la cérémonie de funérailles de Béatrice et Pierre, elle a immédiatement marqué son accord. Amandine s’est elle aussi proposée pour lire une des lectures. J’étais content de voir que tout s’arrangeait pour les obsèques des parents de Juju et de Stéph.
Après le départ de mes amis, je monte dans ma chambre. Je vais ensuite me doucher avant de me coucher, nu, dans le lit. Je me dis qu’Amandine est vraiment une très gentille confidente ; elle a su me remonter le moral. Ensuite je pense à Julien. J’ai une nouvelle fois envie de pleurer, par un effort de mémoire, je me souviens des belles choses que nous avons faites ensemble.
Je ne sais pas pourquoi mais je commence à bander, c’est vrai que cela fait plusieurs jours que je ne me suis pas libéré de toute ma tension hormonale. Je me sens un peu mal dans ma peau, mais je ressens le besoin de me faire du bien. Je pose ma main sur son sexe bandé et je commence des mouvements lents le long de ma barre de chair. Je m’applique à me faire plaisir tout en pensant à mon amour de Juju. Au bout d’une bonne dizaine de minutes, j’accélère le mouvement pour me libérer et ainsi éjaculer sur mes abdominaux. Je m’essuie par la suite, avant de plonger dans les bras de Morphée.
Bip, bip, bip, il est sept heures vingt, le réveil sonne. Je tends le bras pour appuyer sur le bouton en vue d’arrêter cette sonnerie. Je n’aime pas trop être réveillé par cet appareil diabolique. Je me lève et je vais directement me doucher. Puis une fois habillé, je descends prendre mon petit-déjeuner. Seule maman est dans la cuisine, je l’embrasse en lui souriant. Papa est déjà parti au travail. Je bois un bol de café bien chaud et j’avale deux tartines à la confiture d’abricot. Je ne dis pas grand-chose, je pense à mon cours de conduite et ensuite cette entrevue avec le psychologue. Mais c’est surtout à Julien que je pense. Je voudrai tellement qu’il se remette au plus vite, qu’il redevienne comme avant. Mais j’ai un pressentiment, c’est une impression !
Après avoir donné un bisou à Maman je pars prendre mon bus, je ne sais pas si Marcel sera aux commandes. Enfin je vois le grand véhicule déboucher du virage à deux mètres de l’arrêt. Je vois que c’est Marcel qui est au volant. Je monte et je le salue. Il voit que Julien n’est pas là avec moi. Il me demande alors :
Mar : « Bonjour Phil, ton ami Julien n’est pas avec toi ?
Moi : Non, il …(Des larmes perlent au niveau du canal lacrymal) il est…, il est à l’hôpital.
Mar : Oh, c’est grave ?
Moi : Ses parents et lui ont eu un accident de voiture vendredi. Il a les deux jambes brisées, un bras cassé mais il ne se souvient pas de ce qui s’est passé.
Mar : Oh, cela ne doit pas être évident pour lui et ses parents.
Moi : Ses parents sont morts. (Mes larmes se déversent sur mes joues).
Mar : Quelle horreur. Je ne sais que te dire, sinon d’avoir beaucoup de courage. Oh que je suis peiné pour ton ami ! Prends place derrière moi.
Moi : Merci Marcel. »
Le bus reprend sa route. Plus un mot n’est échangé. Arrivé à mon arrêt, Marcel met le frein à main et vient me donner un bisou sur le front en me disant « Courage ». Je lui réponds « merci ».
Une fois à l’auto-école, c’est Didier qui m’accueille, il me signale que c’est lui qui va me faire conduire aujourd’hui, durant la première heure, car Xavier est déjà parti avec un autre élève dès huit heures. Didier demande des nouvelles de Julien. Je lui explique qu’il y a un tout petit progrès et que ce sera long. Nous sommes en route et il me fait passer par des rues que je ne connais pas. C’est aussi très sympa avec Didier, il fait attention à moi et me donne aussi des conseils.
Vers dix heures nous revenons au siège de l’auto-école. Xavier m’attend. Il prend place côté passager dans le véhicule. Il me donne un bisou sur la joue avec un grand sourire. Je sens qu’il ne veut pas m’embêter avec les questions qu’il se pose au sujet de Julien. Nous partons pour deux heures de conduite. Durant tout le trajet Xavier m’indique des astuces pour bien anticiper les manœuvres et le placement au niveau des carrefours. Dans les avenues sans circulation il me parle de choses et d’autres tout en me demandant d’être concentré. Xavier est vraiment super comme mono.
Nous revenons vers midi, je range le véhicule et je remets la clef de contact à Xavier. Je le remercie pour ces deux heures passées en sa compagnie. Nous entrons dans le hall d’accueil. Papa est déjà là. Xavier se présente et discute avec papa de mes progrès en matière de conduite. Puis avant de nous quitter, Xavier nous souhaite beaucoup de courage pour les obsèques du lendemain.
Comme la veille, nous prenons, papa et moi la direction de l’hôpital. Arrêt sandwichs pour avoir quelque chose dans l’estomac. Puis il va être l’heure de mon rendez-vous avec le psychologue. Je suis alors accueilli par une jeune dame, c’est elle qui va me suivre dans l’évolution de l’état de santé de Julien et de mon état d’esprit. Elle est sympa, au moins c’est déjà ça. Elle me laisse parler et me pose finalement assez peu de questions. Elle m’encourage à parler avec mes parents ou mes amis de ce que je ressens, il ne faut pas que je garde tout pour moi. Elle souhaite me revoir deux fois par semaine et s’il le faut une fois de plus, en fonction de mon ressenti.
Papa s’entretient avec elle pendant que je me rends dans la chambre de Julien. J’ouvre la porte après avoir frappé. J’entends « entrez ». C’est la voix de Julien, il est réveillé. Je m’approche de lui. Il me regarde, il ne dit rien. Je lui dis bonjour et je veux lui faire un baiser sur les lèvres. Julien à un mouvement de recul ! Mais que ce passe-t-il. Je dis :
Moi : Julien, c’est moi Phil, c’est moi ton ami.
Jul : Ah, oui, heu…
Moi : Julien, tu ne me reconnais pas.
Jul : Non, je ne me souviens pas !
Moi : Juju, non Juju, c’est moi Phil.
Jul : Et tu es mon ami ?
Moi : Oui, je suis ton petit-ami !
Jul : Ah. »
Je m’approche de lui et je lui prends la main. Ensuite je le regarde dans les yeux. Je tente de faire passer le maximum d’émotions pour qu’il se souvienne de moi. Son regard n’est plus le même, je n’ai plus de contact avec lui par le biais de nos regards. J’ai mes yeux qui se brouillent, je ne suis pas bien, je ne retrouve plus mon Julien, mon amour. J’ai devant moi Julien qui ne me reconnaît pas, il me prend pour un étranger. Des larmes coulent une nouvelle fois sur mes joues. Je ne vais pas pourvoir tenir longtemps comme ça.
Le médecin est derrière la vitre, il est rejoint par papa. Ils nous regardent et ils comprennent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je relâche la main de Julien à contre cœur. Nos regards s’effacent. Je suis mal, mais je repense à ce que m’a dit Amandine hier soir, je dois aller au-delà des apparences, je dois provoquer quand il le faut le destin, forcer les choses à aller mieux. Je demande à Julien de fermer ses yeux, de ne plus penser à rien.
Julien ferme les yeux, son rythme cardiaque est bon, sa respiration est calme, cela se voit sur le moniteur. Je prends une chaise et je me place à côté de Juju. Je prends alors ma main gauche et j’enserre sa main gauche avec la mienne. Je sens alors un peu de chaleur s’inviter dans ma main. Je ne bouge plus, je serre et desserre la main de Julien. Puis la chaleur se fait plus intense, j’ai chaud, ma main devient moite. Je ressens comme un flux allant d’une main à l’autre dans les deux sens, c’est comme lorsque je suis venu la première fois, voir Julien.
Je prends la parole et doucement je dis à Juju :
Moi : « Julien, c’est Phil qui est là. Je te serre la main, c’est comme l’autre fois.
Jul : Je ressens des ondes qui passent de ta main vers la mienne. Je m’en souviens.
Moi : Écoute doucement ce que je vais te dire.
Jul : Oui, je t’écoute.
Moi : Nous nous connaissons depuis longtemps, nous sommes amis et nous nous aimons. Nous suivons des cours de conduite en vue d’obtenir notre permis de conduire.
Jul : Oui, je vois deux jeunes qui nous accompagnent pour la conduite. Ils sont beaux. Moi c’est Didier mon mono et toi, je crois que c’est Xavier.
Moi : Oui Julien, c’est ça. Tu te souviens de moi maintenant.
Jul : Oui, mais c’est vague.
Moi : Tu vas ouvrir les yeux et tu vas poser ton regard dans le mien. Tu veux bien faire ça.
Jul : Oui, je pense pouvoir le faire.
Moi : Voilà Julien, ouvre les yeux maintenant.
Julien ouvre ses paupières et plonge son regard dans le mien. Puis dans les trente secondes, son regard s’illumine, le courant passe, Julien est « là », je peux lui parler avec les yeux maintenant. Nous restons à nous regarder un bon bout de temps. Puis Julien me demande :
Jul : Oh Phil, c’est bien toi. Approche, oui approche ton visage du mien. J’ai envie de t’embrasser !
Moi : Oui Juju, c’est bien moi. Je t’aime !
Je me penche et dépose mes lèvres sur les siennes, Julien prend la suite à son compte, il force la barrière des lèvres, des dents et me roule une pelle ; nos langues se sont jointes et s’en donnent à cœur joie. Je suis heureux d’être arrivé à ce que Julien se rappelle de moi et de notre amour. Je me recule et je dis à Julien :
Moi : Je t’aime Juju.
Jul : Moi aussi Phil, je suis désolé, mais je sens qu’il y a quelque chose qui s’est passé, mais je ne sais pas quoi. J’ai les deux jambes plâtrées ainsi qu’un bras. Tout est très flou, je ne me souviens pas comment je suis arrivé ici à l’hôpital. Tu peux m’aider à me souvenir !
Moi : Oui Julien, on va retrouver tes souvenirs. Tu me reconnais maintenant, alors nous allons faire ça ensemble.
Jul : Tu sais Phil, je vois dans le flou, deux filles, elles sont gentilles et toujours ensemble, il y en a une qui te ressemble, on dirait ta sœur.
Moi : Oui Julien, j’ai une sœur, Delphine.
Jul : Oui, Delphine, j’ai déjà entendu l’autre fille l’appeler comme ça. Mais elles sont, heu… elles s’aiment !
Moi : Oui Julien, elles sont ensemble, elles s’aiment, comme nous, comme nous nous aimons !
Jul : Je me disais bien, mais tu habites une maison avec une piscine où on se baigne à poil.
Moi : Oui, oui Julien, c’est ça.
Jul : Mais l’autre fille c’est ma sœur. C’est, heu…heu, Stéphanie !
Moi : Juste. Tu vois Julien, ta mémoire revient petit à petit.
J’ai peur que Julien me pose des questions sur ses parents. Je suis inquiet. Je tourne mon regard vers la paroi vitrée de la chambre. Le médecin est toujours là à observer. J’espère qu’il sera là quand Julien me posera la question.
Jul : Je suis fatigué Phil. Viens m’embrasser, je me souviens du bien que ça procure.
Moi : Bien sûr Julien, moi aussi je veux t’embrasser.
Nos lèvres se retrouvent et de suite nos langues entrent dans la danse. Nous restons à nous embrasser cinq bonnes minutes. Puis je sens que Julien est un peu las. Je lui fais un bisou sur le front et je lui dis :
Moi : Je vais te laisser, je reviens demain après-midi.
Jul : Merci Phil. A demain. »
Julien ferme les yeux. Je reste un moment puis je l’entends qui commence à ronfler. Il s’est donc endormi. Je lui redonne un bisou et je quitte la chambre. Une fois la porte refermée, je m’assieds sur le banc du couloir et je me laisse aller, je pleure. Papa me prend dans ses bras et me console.
Une fois la table débarrassée, nous nous retrouvons au salon, mes parents ayant une communication à nous faire. En fait, les obsèques de Béatrice et Pierre auront lieu ce mercredi à dix heures. Nous devons maintenant choisir les textes de l’office religieux. Bon, je vais faire une lecture, j’en ressens le besoin. Stéphanie me remercie car elle sait bien qu’elle ne sera pas à même de dire un mot. Puis papa me dit que je vais faire trois heures de conduite au matin et que pour quatorze heures nous serons à l’hôpital. J’ai un rendez-vous chez un psychologue. Je suis partagé entre deux sentiments, d’une part, je n’en ai pas trop envie, mais d’autre part, je pense que cela peut me faire du bien. Puis je sais que je vais revoir Julien, c’est ce qui m’importe le plus.
Je prends le téléphone et je contacte Amandine. J’ai besoin de lui parler. Enfin j’entends sa voix. Je commence à lui expliquer pour Julien, mais je ne sais pas mettre un mot derrière l’autre. Elle me dit qu’elle arrive.
Dix minutes plus tard, alors que je suis remonté dans ma chambre, la sonnette de la maison retentit. Maman va ouvrir, c’est Amandine avec Joseph. Je descends pour les saluer. Amandine me prend dans ses bras. D’un coup mes larmes envahissent mes joues. Je me laisse aller, je suis à bout. Maman demande à Joseph de nous laisser. Amandine monte avec moi dans ma chambre et assis sur mon lit nous discutons. Je lui explique ce qui se passe pour Julien, mes angoisses, mes peurs et tout. Elle me remonte le moral.
Pendant ce temps maman met Joseph au courant de la situation. Il comprend très bien que je me sente mal. Il va mettre Jacques au courant ainsi que Dimitri et Grégory, Grégory le copain de classe de Julien. Maman va contacter de son côté Mathieu et Lucas. Ils seront tous présents aux côtés de Stéphanie et de la famille. Maman signale que je vais rester une bonne partie des vacances auprès de Julien, pour qu’il se rétablisse surtout mentalement.
Amandine et moi descendons au salon pour rejoindre Joseph et les deux filles. Nous parlons ensemble de Julien et de la journée de mercredi. Puis je pense à Julien. Je propose à Joseph et Amandine d’attendre encore quelques jours pour que Julien se rappelle au moins l’époque des cours au bahut.
Amandine et Joseph sont restés toute la soirée avec les filles et moi. Nous avons pu parler d’autre chose. J’ai raconté mes cours de conduite en expliquant que les deux moniteurs étaient super sympas et qu’ils étaient en couple. Puis de fil en aiguilles, nous avons reparlé de Julien et de ses parents. Joseph a demandé à Stéphanie si elle était d’accord qu’il dise les intentions lors de la cérémonie de funérailles de Béatrice et Pierre, elle a immédiatement marqué son accord. Amandine s’est elle aussi proposée pour lire une des lectures. J’étais content de voir que tout s’arrangeait pour les obsèques des parents de Juju et de Stéph.
Après le départ de mes amis, je monte dans ma chambre. Je vais ensuite me doucher avant de me coucher, nu, dans le lit. Je me dis qu’Amandine est vraiment une très gentille confidente ; elle a su me remonter le moral. Ensuite je pense à Julien. J’ai une nouvelle fois envie de pleurer, par un effort de mémoire, je me souviens des belles choses que nous avons faites ensemble.
Je ne sais pas pourquoi mais je commence à bander, c’est vrai que cela fait plusieurs jours que je ne me suis pas libéré de toute ma tension hormonale. Je me sens un peu mal dans ma peau, mais je ressens le besoin de me faire du bien. Je pose ma main sur son sexe bandé et je commence des mouvements lents le long de ma barre de chair. Je m’applique à me faire plaisir tout en pensant à mon amour de Juju. Au bout d’une bonne dizaine de minutes, j’accélère le mouvement pour me libérer et ainsi éjaculer sur mes abdominaux. Je m’essuie par la suite, avant de plonger dans les bras de Morphée.
Bip, bip, bip, il est sept heures vingt, le réveil sonne. Je tends le bras pour appuyer sur le bouton en vue d’arrêter cette sonnerie. Je n’aime pas trop être réveillé par cet appareil diabolique. Je me lève et je vais directement me doucher. Puis une fois habillé, je descends prendre mon petit-déjeuner. Seule maman est dans la cuisine, je l’embrasse en lui souriant. Papa est déjà parti au travail. Je bois un bol de café bien chaud et j’avale deux tartines à la confiture d’abricot. Je ne dis pas grand-chose, je pense à mon cours de conduite et ensuite cette entrevue avec le psychologue. Mais c’est surtout à Julien que je pense. Je voudrai tellement qu’il se remette au plus vite, qu’il redevienne comme avant. Mais j’ai un pressentiment, c’est une impression !
Après avoir donné un bisou à Maman je pars prendre mon bus, je ne sais pas si Marcel sera aux commandes. Enfin je vois le grand véhicule déboucher du virage à deux mètres de l’arrêt. Je vois que c’est Marcel qui est au volant. Je monte et je le salue. Il voit que Julien n’est pas là avec moi. Il me demande alors :
Mar : « Bonjour Phil, ton ami Julien n’est pas avec toi ?
Moi : Non, il …(Des larmes perlent au niveau du canal lacrymal) il est…, il est à l’hôpital.
Mar : Oh, c’est grave ?
Moi : Ses parents et lui ont eu un accident de voiture vendredi. Il a les deux jambes brisées, un bras cassé mais il ne se souvient pas de ce qui s’est passé.
Mar : Oh, cela ne doit pas être évident pour lui et ses parents.
Moi : Ses parents sont morts. (Mes larmes se déversent sur mes joues).
Mar : Quelle horreur. Je ne sais que te dire, sinon d’avoir beaucoup de courage. Oh que je suis peiné pour ton ami ! Prends place derrière moi.
Moi : Merci Marcel. »
Le bus reprend sa route. Plus un mot n’est échangé. Arrivé à mon arrêt, Marcel met le frein à main et vient me donner un bisou sur le front en me disant « Courage ». Je lui réponds « merci ».
Une fois à l’auto-école, c’est Didier qui m’accueille, il me signale que c’est lui qui va me faire conduire aujourd’hui, durant la première heure, car Xavier est déjà parti avec un autre élève dès huit heures. Didier demande des nouvelles de Julien. Je lui explique qu’il y a un tout petit progrès et que ce sera long. Nous sommes en route et il me fait passer par des rues que je ne connais pas. C’est aussi très sympa avec Didier, il fait attention à moi et me donne aussi des conseils.
Vers dix heures nous revenons au siège de l’auto-école. Xavier m’attend. Il prend place côté passager dans le véhicule. Il me donne un bisou sur la joue avec un grand sourire. Je sens qu’il ne veut pas m’embêter avec les questions qu’il se pose au sujet de Julien. Nous partons pour deux heures de conduite. Durant tout le trajet Xavier m’indique des astuces pour bien anticiper les manœuvres et le placement au niveau des carrefours. Dans les avenues sans circulation il me parle de choses et d’autres tout en me demandant d’être concentré. Xavier est vraiment super comme mono.
Nous revenons vers midi, je range le véhicule et je remets la clef de contact à Xavier. Je le remercie pour ces deux heures passées en sa compagnie. Nous entrons dans le hall d’accueil. Papa est déjà là. Xavier se présente et discute avec papa de mes progrès en matière de conduite. Puis avant de nous quitter, Xavier nous souhaite beaucoup de courage pour les obsèques du lendemain.
Comme la veille, nous prenons, papa et moi la direction de l’hôpital. Arrêt sandwichs pour avoir quelque chose dans l’estomac. Puis il va être l’heure de mon rendez-vous avec le psychologue. Je suis alors accueilli par une jeune dame, c’est elle qui va me suivre dans l’évolution de l’état de santé de Julien et de mon état d’esprit. Elle est sympa, au moins c’est déjà ça. Elle me laisse parler et me pose finalement assez peu de questions. Elle m’encourage à parler avec mes parents ou mes amis de ce que je ressens, il ne faut pas que je garde tout pour moi. Elle souhaite me revoir deux fois par semaine et s’il le faut une fois de plus, en fonction de mon ressenti.
Papa s’entretient avec elle pendant que je me rends dans la chambre de Julien. J’ouvre la porte après avoir frappé. J’entends « entrez ». C’est la voix de Julien, il est réveillé. Je m’approche de lui. Il me regarde, il ne dit rien. Je lui dis bonjour et je veux lui faire un baiser sur les lèvres. Julien à un mouvement de recul ! Mais que ce passe-t-il. Je dis :
Moi : Julien, c’est moi Phil, c’est moi ton ami.
Jul : Ah, oui, heu…
Moi : Julien, tu ne me reconnais pas.
Jul : Non, je ne me souviens pas !
Moi : Juju, non Juju, c’est moi Phil.
Jul : Et tu es mon ami ?
Moi : Oui, je suis ton petit-ami !
Jul : Ah. »
Je m’approche de lui et je lui prends la main. Ensuite je le regarde dans les yeux. Je tente de faire passer le maximum d’émotions pour qu’il se souvienne de moi. Son regard n’est plus le même, je n’ai plus de contact avec lui par le biais de nos regards. J’ai mes yeux qui se brouillent, je ne suis pas bien, je ne retrouve plus mon Julien, mon amour. J’ai devant moi Julien qui ne me reconnaît pas, il me prend pour un étranger. Des larmes coulent une nouvelle fois sur mes joues. Je ne vais pas pourvoir tenir longtemps comme ça.
Le médecin est derrière la vitre, il est rejoint par papa. Ils nous regardent et ils comprennent qu’il y a quelque chose qui ne va pas. Je relâche la main de Julien à contre cœur. Nos regards s’effacent. Je suis mal, mais je repense à ce que m’a dit Amandine hier soir, je dois aller au-delà des apparences, je dois provoquer quand il le faut le destin, forcer les choses à aller mieux. Je demande à Julien de fermer ses yeux, de ne plus penser à rien.
Julien ferme les yeux, son rythme cardiaque est bon, sa respiration est calme, cela se voit sur le moniteur. Je prends une chaise et je me place à côté de Juju. Je prends alors ma main gauche et j’enserre sa main gauche avec la mienne. Je sens alors un peu de chaleur s’inviter dans ma main. Je ne bouge plus, je serre et desserre la main de Julien. Puis la chaleur se fait plus intense, j’ai chaud, ma main devient moite. Je ressens comme un flux allant d’une main à l’autre dans les deux sens, c’est comme lorsque je suis venu la première fois, voir Julien.
Je prends la parole et doucement je dis à Juju :
Moi : « Julien, c’est Phil qui est là. Je te serre la main, c’est comme l’autre fois.
Jul : Je ressens des ondes qui passent de ta main vers la mienne. Je m’en souviens.
Moi : Écoute doucement ce que je vais te dire.
Jul : Oui, je t’écoute.
Moi : Nous nous connaissons depuis longtemps, nous sommes amis et nous nous aimons. Nous suivons des cours de conduite en vue d’obtenir notre permis de conduire.
Jul : Oui, je vois deux jeunes qui nous accompagnent pour la conduite. Ils sont beaux. Moi c’est Didier mon mono et toi, je crois que c’est Xavier.
Moi : Oui Julien, c’est ça. Tu te souviens de moi maintenant.
Jul : Oui, mais c’est vague.
Moi : Tu vas ouvrir les yeux et tu vas poser ton regard dans le mien. Tu veux bien faire ça.
Jul : Oui, je pense pouvoir le faire.
Moi : Voilà Julien, ouvre les yeux maintenant.
Julien ouvre ses paupières et plonge son regard dans le mien. Puis dans les trente secondes, son regard s’illumine, le courant passe, Julien est « là », je peux lui parler avec les yeux maintenant. Nous restons à nous regarder un bon bout de temps. Puis Julien me demande :
Jul : Oh Phil, c’est bien toi. Approche, oui approche ton visage du mien. J’ai envie de t’embrasser !
Moi : Oui Juju, c’est bien moi. Je t’aime !
Je me penche et dépose mes lèvres sur les siennes, Julien prend la suite à son compte, il force la barrière des lèvres, des dents et me roule une pelle ; nos langues se sont jointes et s’en donnent à cœur joie. Je suis heureux d’être arrivé à ce que Julien se rappelle de moi et de notre amour. Je me recule et je dis à Julien :
Moi : Je t’aime Juju.
Jul : Moi aussi Phil, je suis désolé, mais je sens qu’il y a quelque chose qui s’est passé, mais je ne sais pas quoi. J’ai les deux jambes plâtrées ainsi qu’un bras. Tout est très flou, je ne me souviens pas comment je suis arrivé ici à l’hôpital. Tu peux m’aider à me souvenir !
Moi : Oui Julien, on va retrouver tes souvenirs. Tu me reconnais maintenant, alors nous allons faire ça ensemble.
Jul : Tu sais Phil, je vois dans le flou, deux filles, elles sont gentilles et toujours ensemble, il y en a une qui te ressemble, on dirait ta sœur.
Moi : Oui Julien, j’ai une sœur, Delphine.
Jul : Oui, Delphine, j’ai déjà entendu l’autre fille l’appeler comme ça. Mais elles sont, heu… elles s’aiment !
Moi : Oui Julien, elles sont ensemble, elles s’aiment, comme nous, comme nous nous aimons !
Jul : Je me disais bien, mais tu habites une maison avec une piscine où on se baigne à poil.
Moi : Oui, oui Julien, c’est ça.
Jul : Mais l’autre fille c’est ma sœur. C’est, heu…heu, Stéphanie !
Moi : Juste. Tu vois Julien, ta mémoire revient petit à petit.
J’ai peur que Julien me pose des questions sur ses parents. Je suis inquiet. Je tourne mon regard vers la paroi vitrée de la chambre. Le médecin est toujours là à observer. J’espère qu’il sera là quand Julien me posera la question.
Jul : Je suis fatigué Phil. Viens m’embrasser, je me souviens du bien que ça procure.
Moi : Bien sûr Julien, moi aussi je veux t’embrasser.
Nos lèvres se retrouvent et de suite nos langues entrent dans la danse. Nous restons à nous embrasser cinq bonnes minutes. Puis je sens que Julien est un peu las. Je lui fais un bisou sur le front et je lui dis :
Moi : Je vais te laisser, je reviens demain après-midi.
Jul : Merci Phil. A demain. »
Julien ferme les yeux. Je reste un moment puis je l’entends qui commence à ronfler. Il s’est donc endormi. Je lui redonne un bisou et je quitte la chambre. Une fois la porte refermée, je m’assieds sur le banc du couloir et je me laisse aller, je pleure. Papa me prend dans ses bras et me console.