13-11-2020, 10:09 AM
Chapitre 12.
Proclamations, vacances, …
C’est vers sept heures trente que nous sommes réveillés par maman. Elle frappait depuis deux minutes à la porte avant que je ne l’entende. Je dis alors :
Moi : « Oui.
Mam : C’est moi Phil, il est temps. Tout en ouvrant la porte et en pénétrant dans notre chambre d’amour.
Moi : Merci maman, je crois que Julien doit recevoir ses résultats début d’après-midi. Tu crois que je dois le laisser encore dormir un peu.
Mam : Fais comme tu le sens Phil. Tu sais que la remise des résultats est prévue à dix heures trente ce matin !
Moi : Oui, j’ai hâte de recevoir les résultats et mon diplôme.
Mam : Je m’en doute mon grand. Allez lève-toi.
Moi : Merci maman, je t’aime !
Mam : Oh Phil, moi aussi tu sais ! »
Maman s’est approchée de moi et elle me donne un baiser sur le front alors que je l’enlace. Je suis si heureux d’avoir une maman comme elle, toujours disponible, aimante et prête à se sacrifier pour ses enfants. Puis j’ai mon amour de Julien. Que je l’aime aussi ce mec, mon mec à moi, mon amour, ma source de bonheur. Une fois l’étreinte relâchée, je regarde maman dans les yeux. Je suppose qu’elle se rend compte que je viens de songer à Julien et à la vie qui s’ouvre devant nous. Je le pense, car une maman ressent beaucoup de choses au premier regard.
Je me lève en laissant Julien endormi dans mon lit. Je prends ma douche, m’habille et descends pour prendre le déjeuner avec maman et les deux filles qui sont déjà levées. C’est Delphine qui vient me prendre dans ses bras, elle sait que je vais aller chercher mes résultats et mon diplôme et que c’est une étape importante pour moi. Depuis que Delphine sait que je suis gay, elle est beaucoup plus attentive envers moi. Elle veille à ce que je sois bien dans ma peau. Nous avons une certaine empathie l’un pour l’autre. Elle m’avait dit un jour : « Phil tu es gay, mais être gay est plus difficile pour toi que pour moi être lesbienne ». Je viens de me rappeler cette phrase. Les garçons gays sont plus facilement sujets à moqueries et à des attaques parfois virulentes que les filles lesbiennes. Il suffit de se rappeler l’attitude de papa lorsqu’il m’avait surpris dans la salle de bain un matin !
La nervosité prend le dessus, je vais devoir partir pour me rendre à l’école. Maman me dit alors qu’elle va m’y conduire et qu’elle reste avec moi pour la remise des résultats. Puis je vois Julien qui est prêt, il vient m’embrasser. Il prend place à table et mange une tartine en vitesse. Il me regarde dans les yeux. Voilà, je comprends, le franc tombe enfin, Julien vient avec moi et maman pour cette remise des prix. Je vois alors les deux filles rire, j’ai les larmes aux yeux, elles seront, elles aussi, près de moi. Il ne manque que Papa, mais il est au travail.
Nous partons enfin vers le bahut, pour la toute dernière fois. Maman est au volant, je suis assis devant à côté d’elle, les trois autres sont assis sur la banquette arrière. Moins de dix minutes après nous sommes sur le parking. Je vois Amandine et Joseph au loin, je leur fais signe de m’attendre. Je prends Julien par la main, main que je lâche après dix secondes, il faut faire attention. Nous rejoignons mes deux amis. Nous nous faisons tous la bise. Maman et les filles sont là elles aussi. Nous entrons ensemble dans la grande salle. Je vois Lucas avec sa maman. Je les salue de ma place. Puis, enfin, le directeur et les professeurs titulaires se placent sur la scène. Ils s’assoient derrière les tables agencées. Deux micros sont disponibles et placés sur leurs supports. Le silence s’est instauré de lui-même. Il n’y a que les classes de rhétorique présentes dans la salle avec les familles.
Le directeur prend la parole et prononce son discours. Je ne l’entends plus, je suis tellement stressé de savoir si j’ai bien réussi mes examens et mon examen de maturité. Je sais que s’il y avait eu un problème mes parents auraient été avisés au préalable, par téléphone.
Ouf, il a fini ! Voici la proclamation des résultats. Le directeur commence par les sixièmes économiques, ensuite les sixièmes latin-science. Chaque élève cité se présente devant la scène et reçoit son bulletin, une copie de son diplôme et éventuellement un prix dans la matière où il a excellé.
Je commence à avoir des sueurs froides. Julien est assis à côté de moi et Amandine de l’autre côté. Julien me tient la main, elle est moite, je suis certain que ce n’est pas agréable pour mon ami. Puis le directeur prend la parole :
Dir : « Voici les résultats pour la classe de sixième scientifique. Cette classe a très bien travaillé, c’est une de mes meilleures classes depuis des années. Certains élèves se sont surpassés et je sais qu’il y avait une très belle émulation positive entre eux. »
Des applaudissements se font entendre. Ma main est de plus en plus moite. J’ai les jambes qui flageolent, je sais que j’ai réussi, mais tout ce décorum, toute cette assemblée. J’en ai le trac. Enfin le directeur reprend sa présentation :
Dir : « Premier de classe, avec 79,65 pourcents au total : Philippe S. »
Une salve d’applaudissements retentit instantanément : c’est le meilleur résultat de toutes les classes de rhétorique de cette année. Il m’a fallu dix secondes pour réaliser. Julien m’aide pour me lever. Maman pleure ainsi que les filles. Je me rends sur la scène pour recevoir mon bulletin et la copie de mon diplôme des mains du directeur. Tous les élèves de ma classe sont debout, ils applaudissent. Puis c’est ma titulaire de classe qui vient m’apporter un paquet contenant des livres, des prix d’excellence en science (chimie), mathématique et philosophie. Je rejoins ma place sous les hourras de l’assemblée. J’ai le visage en feu, tout rouge, il me pique. Julien à les larmes aux yeux. Il ne savait pas que je suis un bon élève, même un très bon élève. C’est une surprise pour lui, une excellente surprise.
Le directeur poursuit sa proclamation en appelant le second de la classe :
Dir : Deuxième de classe, avec 79,13 pourcents au total : Amandine. »
Une nouvelle salve d’applaudissement éclate alors. Mon amie, ma confidente, elle aussi a très bien travaillé. A peine un demi-pourcent nous sépare. Des prix lui sont aussi remis en science (physique), en anglais et en mathématique. De retour à côté de moi, Amandine vient m’enlacer. Elle est ravie de ma première place. Nous étions rivaux au niveau des résultats, mais amis très, très, proches dans la vie.
La proclamation se poursuit avec les autres élèves de ma classe. Finalement il n’y a qu’un seul ajournement. Ce sont des examens de repêchage qui sont proposés. Tous les élèves dans la salle sont heureux d’avoir fini leurs humanités supérieures.
Juste avant de quitter notre place, je me suis tourné vers Julien. Les yeux dans les yeux, main dans la main, je pose me lèvres sur les siennes et je l’embrasse. Les élèves qui sont près de nous nous applaudissent. Ils sont mes amis et ils savent que je suis gay. Puis certains d’entre eux sont au courant de ce qui s’est passé lors de notre fête d’anniversaire. Je prends Julien par la main et nous sortons de la salle. Les élèves de ma classe, qui sont sortis avant nous, m’attendent. Ils nous encerclent, Julien et moi. Chacun d’eux vient vers nous avec le sourire et il nous félicite. Depuis les années que nous nous connaissons, ce sont devenus des amis. Une fois toutes marques d’amitiés exprimées, certains nous ont dit qu’ils resteraient en rapport avec moi et Julien. Maman et les filles sont un peu sur le côté. Elles attendent de pouvoir rentrer à la maison. Je n’ai pas vu que le directeur et ma prof de science avaient discuté avec maman et les filles. Je ne l’ai appris qu’en fin de journée.
Nous sommes rentrés à la maison, en ayant d’abord déposé Julien chez lui. Maman m’a dit qu’elle s’était arrangée avec Béatrice pour que je retrouve Julien avant sa remise de diplôme. Vu l’heure, nous mangeons un bout. Je suis si excité que je n’arrive pas à avaler ma tartine. Je suis comme paralysé à l’idée que Julien ne soit pas reçu. Je suppose que c’est comme dans mon bahut, en cas de report ou d’échec les parents sont avertis. J’ai donc grand espoir de retrouver mon Juju diplômé, tout comme moi.
Béatrice a tout prévu, Pierre, le papa de Julien, venait me chercher avec Stéphanie et Delphine pour prendre Julien et Béatrice en charge à leur domicile. A peine garé devant l’entrée de la maison que je vois Julien et Béatrice se diriger vers la voiture. Quel étonnement pour Julien de me voir assis à l’arrière. Il ne s’attendait pas à me voir là. Julien m’embrasse et je vois ses yeux humides. Puis je lui dis :
Moi : « Oh Juju, tu ne crois pas que j’allais te laisser y aller seul quand même !
Jul : Merci Phil, c’est une surprise, mais alors là une bonne surprise.
Moi : Tu es venu pour moi, pour ma remise de diplôme, alors je ne pouvais pas faire moins pour toi, c’est pour cela que je suis ici, à tes côtés.
Jul : Merci, merci bande de cachotiers. (En s’adressant aux autres.)
Béa : Tu sais Julien, c’est parce qu’on t’aime mon grand, on veut être avec toi dans ce moment important.
Pie : Oui fils, ça compte beaucoup pour moi et la famille. Alors on y va, en route ! »
Nous nous sommes tous mis à rire. Julien a pris ma main dans la sienne, c’est lui qui avait la main moite maintenant. Nous ne parlons pas durant le trajet. Une fois que nous serons arrivés, je verrai ses copains de classe, ses profs. A ce moment une idée me traverse l’esprit et m’inquiète un tantinet. Dans ma classe, mes compagnons savaient que je suis gay, mais pour les copains de Julien, savent-ils qu’il est gay et avec moi ? Je me tourne alors vers Julien :
Moi : « Juju, désolé de te poser cette question, mais tes copains de classe, ils savent pour toi ?
Jul : Comment ça !
Moi : Oui Juju, savent-ils que tu es gay ?
Jul : Oui Phil, presque tous. N’aie pas peur. Ils sont très sympas tu sais.
Moi : Merci Juju, car je n’ai pas envie de te mettre mal à l’aise si je te prends la main ou même si je te fais un bisou.
Jul : Pas de soucis, mais attend que nous soyons uniquement ensemble avec ma classe, pas dans la salle, je pense que c’est mieux.
Moi : C’est ce que je voulais savoir. Merci mon amour. »
Je peux voir le regard de Pierre dans le rétroviseur. Il nous regarde Julien et moi. Il a tout entendu et il semble apprécier cette mise au point. Il se retourne vers Béatrice, elle semble sourire, il y a comme une certaine connivence entre eux. Les deux filles n’ont rien dit.
Arrivé à l’école de Julien nous entrons dans la salle de théâtre, c’est là que seront remis les diplômes. Julien s’installe avec ses compagnons de classe, il me place à sa droite. Les filles et les parents sont assis derrière nous. Il y a assez bien de bruit de conversation. Il a fallu attendre vingt bonnes minutes avant de voir arriver les premières personnes sur la scène.
Le silence s’est installé, comme par magie. Je sens comme une tension d’un coup. Pour moi, ça ne me fait rien, j’ai déjà mes résultats. C’est le directeur qui prend la parole. Il débite son allocution d’un ton calme. Puis enfin c’est le moment de la proclamation des résultats. C’est d’abord la classe de Julien.
Dir : « Premier, avec 75,20 pourcents, Grégory. (Applaudissements)
Dir : Seconde place, avec 73,89 pourcents, Sylvie. (Applaudissements)
Dir : Troisième place, avec 73,35 pourcents, Julien. (Applaudissements)
Julien s’est levé pour aller chercher son diplôme et les prix obtenus. Il est premier en français et en histoire. Les élèves des autres classes applaudissent aussi. Une fois à sa place, Julien n’écoute plus les autres résultats. Il sait qu’il a réussi et qu’il va pouvoir faire des études supérieures. Il est heureux, il y a des étoiles dans les yeux. Je n’ose pas l’embrasser, il faut que j’attende que nous soyons sortis du théâtre. Mais je suis moi aussi très heureux pour mon amour. Nous avons tous les deux très bien étudié et travaillé pour terminer nos études avec fruits et mentions.
Enfin, nous sortons et le prof de Julien invite sa classe à le suivre dans un coin du réfectoire. Un verre de l’amitié est prévu. C’est le prof qui a pris cette initiative. C’est un jeune prof, il a moins de trente ans. Julien demande si je peux me joindre à lui pour ce verre. Le prof lui dit au creux de l’oreille :
Pro : « Julien, c’est ton ami.
Jul : Oui, c’est Phil.
Pro : Il peut venir et ta famille aussi. Au fait, Julien, il est beau ton ami. Félicitations !
Jul : Oh, heu…. Merci !
Pro : Mais pour moi cela n’a aucune importance Julien. Tu aimes un garçon, hé bien soyez heureux.
Julien revient vers nous et nous invite à se joindre au groupe. Le prof discute avec les parents de Julien et d’autres élèves. Un copain de Julien, Grégory, le premier de classe, vient vers nous. Il félicite Julien et en se tournant vers moi :
Gré : « Salut, tu es Phil, content de te connaitre.
Moi : Merci, moi de même. Félicitations.
Gré : Julien m’a dit que tu as reçu tes résultats ce matin, félicitations.
Moi : Merci, de même pour toi.
Gré : Je te confie Julien, rends le heureux et je pense que c’est bien parti.
Jul : Arrête Gérg, il va rougir et moi aussi.
Gré : Il faut qu’on se recontacte avant la fin des vacances.
Jul : Sans faute.
Julien me dit que c’est son meilleur ami de classe et qu’on peut lui faire confiance. Julien me prend la main et il me regarde dans les yeux. Il avance son visage vers le mien. Il dépose ses lèvres sur les miennes et m’embrasse. J’entends applaudir, je suis gêné. Puis Julien dit :
Jul : « Voilà, c’est Phil, c’est lui que j’aime ! »
On entend des bravos et des félicitations. Je suis étonné de voir des jeunes si ouverts. Nous finissons notre verre et Pierre nous demande de ne pas trop traîner pour rentrer à la maison. Lors de notre départ beaucoup d’élèves saluent Julien en lui souhaitant de bonnes vacances.
Proclamations, vacances, …
C’est vers sept heures trente que nous sommes réveillés par maman. Elle frappait depuis deux minutes à la porte avant que je ne l’entende. Je dis alors :
Moi : « Oui.
Mam : C’est moi Phil, il est temps. Tout en ouvrant la porte et en pénétrant dans notre chambre d’amour.
Moi : Merci maman, je crois que Julien doit recevoir ses résultats début d’après-midi. Tu crois que je dois le laisser encore dormir un peu.
Mam : Fais comme tu le sens Phil. Tu sais que la remise des résultats est prévue à dix heures trente ce matin !
Moi : Oui, j’ai hâte de recevoir les résultats et mon diplôme.
Mam : Je m’en doute mon grand. Allez lève-toi.
Moi : Merci maman, je t’aime !
Mam : Oh Phil, moi aussi tu sais ! »
Maman s’est approchée de moi et elle me donne un baiser sur le front alors que je l’enlace. Je suis si heureux d’avoir une maman comme elle, toujours disponible, aimante et prête à se sacrifier pour ses enfants. Puis j’ai mon amour de Julien. Que je l’aime aussi ce mec, mon mec à moi, mon amour, ma source de bonheur. Une fois l’étreinte relâchée, je regarde maman dans les yeux. Je suppose qu’elle se rend compte que je viens de songer à Julien et à la vie qui s’ouvre devant nous. Je le pense, car une maman ressent beaucoup de choses au premier regard.
Je me lève en laissant Julien endormi dans mon lit. Je prends ma douche, m’habille et descends pour prendre le déjeuner avec maman et les deux filles qui sont déjà levées. C’est Delphine qui vient me prendre dans ses bras, elle sait que je vais aller chercher mes résultats et mon diplôme et que c’est une étape importante pour moi. Depuis que Delphine sait que je suis gay, elle est beaucoup plus attentive envers moi. Elle veille à ce que je sois bien dans ma peau. Nous avons une certaine empathie l’un pour l’autre. Elle m’avait dit un jour : « Phil tu es gay, mais être gay est plus difficile pour toi que pour moi être lesbienne ». Je viens de me rappeler cette phrase. Les garçons gays sont plus facilement sujets à moqueries et à des attaques parfois virulentes que les filles lesbiennes. Il suffit de se rappeler l’attitude de papa lorsqu’il m’avait surpris dans la salle de bain un matin !
La nervosité prend le dessus, je vais devoir partir pour me rendre à l’école. Maman me dit alors qu’elle va m’y conduire et qu’elle reste avec moi pour la remise des résultats. Puis je vois Julien qui est prêt, il vient m’embrasser. Il prend place à table et mange une tartine en vitesse. Il me regarde dans les yeux. Voilà, je comprends, le franc tombe enfin, Julien vient avec moi et maman pour cette remise des prix. Je vois alors les deux filles rire, j’ai les larmes aux yeux, elles seront, elles aussi, près de moi. Il ne manque que Papa, mais il est au travail.
Nous partons enfin vers le bahut, pour la toute dernière fois. Maman est au volant, je suis assis devant à côté d’elle, les trois autres sont assis sur la banquette arrière. Moins de dix minutes après nous sommes sur le parking. Je vois Amandine et Joseph au loin, je leur fais signe de m’attendre. Je prends Julien par la main, main que je lâche après dix secondes, il faut faire attention. Nous rejoignons mes deux amis. Nous nous faisons tous la bise. Maman et les filles sont là elles aussi. Nous entrons ensemble dans la grande salle. Je vois Lucas avec sa maman. Je les salue de ma place. Puis, enfin, le directeur et les professeurs titulaires se placent sur la scène. Ils s’assoient derrière les tables agencées. Deux micros sont disponibles et placés sur leurs supports. Le silence s’est instauré de lui-même. Il n’y a que les classes de rhétorique présentes dans la salle avec les familles.
Le directeur prend la parole et prononce son discours. Je ne l’entends plus, je suis tellement stressé de savoir si j’ai bien réussi mes examens et mon examen de maturité. Je sais que s’il y avait eu un problème mes parents auraient été avisés au préalable, par téléphone.
Ouf, il a fini ! Voici la proclamation des résultats. Le directeur commence par les sixièmes économiques, ensuite les sixièmes latin-science. Chaque élève cité se présente devant la scène et reçoit son bulletin, une copie de son diplôme et éventuellement un prix dans la matière où il a excellé.
Je commence à avoir des sueurs froides. Julien est assis à côté de moi et Amandine de l’autre côté. Julien me tient la main, elle est moite, je suis certain que ce n’est pas agréable pour mon ami. Puis le directeur prend la parole :
Dir : « Voici les résultats pour la classe de sixième scientifique. Cette classe a très bien travaillé, c’est une de mes meilleures classes depuis des années. Certains élèves se sont surpassés et je sais qu’il y avait une très belle émulation positive entre eux. »
Des applaudissements se font entendre. Ma main est de plus en plus moite. J’ai les jambes qui flageolent, je sais que j’ai réussi, mais tout ce décorum, toute cette assemblée. J’en ai le trac. Enfin le directeur reprend sa présentation :
Dir : « Premier de classe, avec 79,65 pourcents au total : Philippe S. »
Une salve d’applaudissements retentit instantanément : c’est le meilleur résultat de toutes les classes de rhétorique de cette année. Il m’a fallu dix secondes pour réaliser. Julien m’aide pour me lever. Maman pleure ainsi que les filles. Je me rends sur la scène pour recevoir mon bulletin et la copie de mon diplôme des mains du directeur. Tous les élèves de ma classe sont debout, ils applaudissent. Puis c’est ma titulaire de classe qui vient m’apporter un paquet contenant des livres, des prix d’excellence en science (chimie), mathématique et philosophie. Je rejoins ma place sous les hourras de l’assemblée. J’ai le visage en feu, tout rouge, il me pique. Julien à les larmes aux yeux. Il ne savait pas que je suis un bon élève, même un très bon élève. C’est une surprise pour lui, une excellente surprise.
Le directeur poursuit sa proclamation en appelant le second de la classe :
Dir : Deuxième de classe, avec 79,13 pourcents au total : Amandine. »
Une nouvelle salve d’applaudissement éclate alors. Mon amie, ma confidente, elle aussi a très bien travaillé. A peine un demi-pourcent nous sépare. Des prix lui sont aussi remis en science (physique), en anglais et en mathématique. De retour à côté de moi, Amandine vient m’enlacer. Elle est ravie de ma première place. Nous étions rivaux au niveau des résultats, mais amis très, très, proches dans la vie.
La proclamation se poursuit avec les autres élèves de ma classe. Finalement il n’y a qu’un seul ajournement. Ce sont des examens de repêchage qui sont proposés. Tous les élèves dans la salle sont heureux d’avoir fini leurs humanités supérieures.
Juste avant de quitter notre place, je me suis tourné vers Julien. Les yeux dans les yeux, main dans la main, je pose me lèvres sur les siennes et je l’embrasse. Les élèves qui sont près de nous nous applaudissent. Ils sont mes amis et ils savent que je suis gay. Puis certains d’entre eux sont au courant de ce qui s’est passé lors de notre fête d’anniversaire. Je prends Julien par la main et nous sortons de la salle. Les élèves de ma classe, qui sont sortis avant nous, m’attendent. Ils nous encerclent, Julien et moi. Chacun d’eux vient vers nous avec le sourire et il nous félicite. Depuis les années que nous nous connaissons, ce sont devenus des amis. Une fois toutes marques d’amitiés exprimées, certains nous ont dit qu’ils resteraient en rapport avec moi et Julien. Maman et les filles sont un peu sur le côté. Elles attendent de pouvoir rentrer à la maison. Je n’ai pas vu que le directeur et ma prof de science avaient discuté avec maman et les filles. Je ne l’ai appris qu’en fin de journée.
Nous sommes rentrés à la maison, en ayant d’abord déposé Julien chez lui. Maman m’a dit qu’elle s’était arrangée avec Béatrice pour que je retrouve Julien avant sa remise de diplôme. Vu l’heure, nous mangeons un bout. Je suis si excité que je n’arrive pas à avaler ma tartine. Je suis comme paralysé à l’idée que Julien ne soit pas reçu. Je suppose que c’est comme dans mon bahut, en cas de report ou d’échec les parents sont avertis. J’ai donc grand espoir de retrouver mon Juju diplômé, tout comme moi.
Béatrice a tout prévu, Pierre, le papa de Julien, venait me chercher avec Stéphanie et Delphine pour prendre Julien et Béatrice en charge à leur domicile. A peine garé devant l’entrée de la maison que je vois Julien et Béatrice se diriger vers la voiture. Quel étonnement pour Julien de me voir assis à l’arrière. Il ne s’attendait pas à me voir là. Julien m’embrasse et je vois ses yeux humides. Puis je lui dis :
Moi : « Oh Juju, tu ne crois pas que j’allais te laisser y aller seul quand même !
Jul : Merci Phil, c’est une surprise, mais alors là une bonne surprise.
Moi : Tu es venu pour moi, pour ma remise de diplôme, alors je ne pouvais pas faire moins pour toi, c’est pour cela que je suis ici, à tes côtés.
Jul : Merci, merci bande de cachotiers. (En s’adressant aux autres.)
Béa : Tu sais Julien, c’est parce qu’on t’aime mon grand, on veut être avec toi dans ce moment important.
Pie : Oui fils, ça compte beaucoup pour moi et la famille. Alors on y va, en route ! »
Nous nous sommes tous mis à rire. Julien a pris ma main dans la sienne, c’est lui qui avait la main moite maintenant. Nous ne parlons pas durant le trajet. Une fois que nous serons arrivés, je verrai ses copains de classe, ses profs. A ce moment une idée me traverse l’esprit et m’inquiète un tantinet. Dans ma classe, mes compagnons savaient que je suis gay, mais pour les copains de Julien, savent-ils qu’il est gay et avec moi ? Je me tourne alors vers Julien :
Moi : « Juju, désolé de te poser cette question, mais tes copains de classe, ils savent pour toi ?
Jul : Comment ça !
Moi : Oui Juju, savent-ils que tu es gay ?
Jul : Oui Phil, presque tous. N’aie pas peur. Ils sont très sympas tu sais.
Moi : Merci Juju, car je n’ai pas envie de te mettre mal à l’aise si je te prends la main ou même si je te fais un bisou.
Jul : Pas de soucis, mais attend que nous soyons uniquement ensemble avec ma classe, pas dans la salle, je pense que c’est mieux.
Moi : C’est ce que je voulais savoir. Merci mon amour. »
Je peux voir le regard de Pierre dans le rétroviseur. Il nous regarde Julien et moi. Il a tout entendu et il semble apprécier cette mise au point. Il se retourne vers Béatrice, elle semble sourire, il y a comme une certaine connivence entre eux. Les deux filles n’ont rien dit.
Arrivé à l’école de Julien nous entrons dans la salle de théâtre, c’est là que seront remis les diplômes. Julien s’installe avec ses compagnons de classe, il me place à sa droite. Les filles et les parents sont assis derrière nous. Il y a assez bien de bruit de conversation. Il a fallu attendre vingt bonnes minutes avant de voir arriver les premières personnes sur la scène.
Le silence s’est installé, comme par magie. Je sens comme une tension d’un coup. Pour moi, ça ne me fait rien, j’ai déjà mes résultats. C’est le directeur qui prend la parole. Il débite son allocution d’un ton calme. Puis enfin c’est le moment de la proclamation des résultats. C’est d’abord la classe de Julien.
Dir : « Premier, avec 75,20 pourcents, Grégory. (Applaudissements)
Dir : Seconde place, avec 73,89 pourcents, Sylvie. (Applaudissements)
Dir : Troisième place, avec 73,35 pourcents, Julien. (Applaudissements)
Julien s’est levé pour aller chercher son diplôme et les prix obtenus. Il est premier en français et en histoire. Les élèves des autres classes applaudissent aussi. Une fois à sa place, Julien n’écoute plus les autres résultats. Il sait qu’il a réussi et qu’il va pouvoir faire des études supérieures. Il est heureux, il y a des étoiles dans les yeux. Je n’ose pas l’embrasser, il faut que j’attende que nous soyons sortis du théâtre. Mais je suis moi aussi très heureux pour mon amour. Nous avons tous les deux très bien étudié et travaillé pour terminer nos études avec fruits et mentions.
Enfin, nous sortons et le prof de Julien invite sa classe à le suivre dans un coin du réfectoire. Un verre de l’amitié est prévu. C’est le prof qui a pris cette initiative. C’est un jeune prof, il a moins de trente ans. Julien demande si je peux me joindre à lui pour ce verre. Le prof lui dit au creux de l’oreille :
Pro : « Julien, c’est ton ami.
Jul : Oui, c’est Phil.
Pro : Il peut venir et ta famille aussi. Au fait, Julien, il est beau ton ami. Félicitations !
Jul : Oh, heu…. Merci !
Pro : Mais pour moi cela n’a aucune importance Julien. Tu aimes un garçon, hé bien soyez heureux.
Julien revient vers nous et nous invite à se joindre au groupe. Le prof discute avec les parents de Julien et d’autres élèves. Un copain de Julien, Grégory, le premier de classe, vient vers nous. Il félicite Julien et en se tournant vers moi :
Gré : « Salut, tu es Phil, content de te connaitre.
Moi : Merci, moi de même. Félicitations.
Gré : Julien m’a dit que tu as reçu tes résultats ce matin, félicitations.
Moi : Merci, de même pour toi.
Gré : Je te confie Julien, rends le heureux et je pense que c’est bien parti.
Jul : Arrête Gérg, il va rougir et moi aussi.
Gré : Il faut qu’on se recontacte avant la fin des vacances.
Jul : Sans faute.
Julien me dit que c’est son meilleur ami de classe et qu’on peut lui faire confiance. Julien me prend la main et il me regarde dans les yeux. Il avance son visage vers le mien. Il dépose ses lèvres sur les miennes et m’embrasse. J’entends applaudir, je suis gêné. Puis Julien dit :
Jul : « Voilà, c’est Phil, c’est lui que j’aime ! »
On entend des bravos et des félicitations. Je suis étonné de voir des jeunes si ouverts. Nous finissons notre verre et Pierre nous demande de ne pas trop traîner pour rentrer à la maison. Lors de notre départ beaucoup d’élèves saluent Julien en lui souhaitant de bonnes vacances.