10-10-2020, 03:03 PM
Voici une nouvelle suite, prélude à de grands changements
Il parait qu'une ambulance est venue pour me transporter à l'hôpital où en arrivant j'avais déjà repris connaissance. Un rapide examen confirma que je n'avais rien mais le médecin chercha à connaître les raisons de mon malaise. Il était jeune, semblait ouvert, il m'inspirait confiance et je ressentais le besoin de me confier à quelqu'un
- Ben/ J'aime les garçons ou, plus tôt, j'aime un garçon et les circonstances veulent que nous devons décider de ne plus nous voir pendant douze mois. Par amour pour lui, j'étais décidé à faire ce qui nous était demandé mais lorsque j'ai compris que Florentin, c'est son prénom, avait déjà accepté alors qu'au fond de moi-même j'espérais qu'il passerait outre, j'ai réalisé ce que concrètement cela signifiait et je me suis trouvé mal
- Doc/ Oui, je comprends que tu souffres, que cette séparation va être très difficile mais en même temps je pense que c'est une vraie chance pour vous car tu sais, la vie pour deux garçons n'est pas facile, il faut beaucoup de force, beaucoup d'amour, d'un véritable amour ancré dans ton corps, dans ton esprit. Et la personne qui vous a infligé cette attente fait preuve, à mon avis, d'une très grande sagesse et elle doit avoir une grande largesse d'esprit ; alors si j'ai un conseil à te donner, acceptez et vos retrouvailles seront un moment magique, pour toute votre vie, comme moi et mon ami.
- Ben/ Alors si je comprends bien, tu es gay ? Tu as vécu cette découverte et cela a été difficile ?
- Doc/ Oui, très difficile, nous avons été non pas rejetés par nos familles et beaucoup de nos amis mais méprisés, ce qui est presque pire car quand tu es rejeté, tu pars, tu tires un trait et tu te consacres à ton avenir. Mais méprisé, tu es quotidiennement confronté à des sourires ambivalents, à des allusions voilées mais qui font mal, tous les jours tu sais que tu es juste toléré.
Bon, c'est l'heure que tu rentres chez toi mais si tu as besoin de parler sans retenue, voici mon numéro de portable, n'hésite pas à faire appel à nous. Moi c'est Julien
- Ben/ Et ton ami ?
- Doc/ Juju, il s'appelle également Julien alors cela nous distingue l'un de l'autre !
- Ben/ Merci Julien, cette discussion m'a fait beaucoup de bien
Rentré chez moi, il n'y avait toujours personne, j'ai contacté Florentin pour lui proposer de venir chez moi pour que nous prenions notre décision, même si je savais maintenant que nous n'avions plus vraiment le choix. Mais il déclina ma proposition en préférant le repas de midi, demain, comme nous l'avions décidé avant mon malaise.
A midi, nous quittions ensemble le collège et nous sommes allés dans un petit restaurant où nous savions que nous serions tranquilles.
- Flo/ Excuse-moi pour hier soir, mais cela m'a semblé un peu dangereux. Je pense que tu as compris qu'effectivement ma décision était arrêtée, que c'était la seule qui me permettait de continuer à me regarder et qui nous laissait la perspective de nous retrouver pour envisager un avenir commun
- Ben/ Je l'ai bien compris et je l'accepte mais que veux tu dire lorsque tu dis envisager un avenir commun ? Pour moi, il n'y a rien à envisager, il est évident que notre avenir est d'être ensemble, est-ce que tu sous-entends que tu remets en question tout ce qui nous lie, tous les projets que nous avions commencés à mettre en place. Est-ce que tu me rejettes tout simplement ? Si c'est ça, aie au moins le courage de me le dire en face et en me regardant dans les yeux.
Je sentais la colère qui montait en moi, dans quelques instants je ne pourrais plus me contrôler et je partirais en claquant la porte ; c'est alors que Florentin mis tous simplement sa main sur la mienne ce qui eut le don de me calmer immédiatement, Dieu que sa peau était douce. Les larmes aux yeux
- Flo/ Benjamin, je t'en supplie, calme-toi, je me suis mal exprimé, je t'aime, aujourd'hui comme demain ou dans une année mais nous devons, tous les deux, être réalistes : nous sommes jeunes, douze mois c'est très long et nul ne sait ce qui peut survenir entre-temps. Nous devons jouer le jeu qui nous est proposé ce que, oui, j'accepte pleinement sinon nous serions hypocrites et alors ce temps d'attente serait parfaitement inutile; moi, ce que je veux c'est que nous sortions plus forts de cette période, que peut-être, je souffre de ce que tu feras, que toi tu pleureras éventuellement de mes fréquentations mais grâce à cela, nous sortirons renforcés de l'amour qui nous lie, nous pourrons dire à ceux que nous aimons oui, notre amour est plus fort que tout, nous l'avons testé. Benjamin, c'est cela que je veux pour nous deux, c'est cela que tu dois accepter pour moi.
- Ben/ Tu as raison, je le sais, mais c'est si difficile, je ne sais pas si je tiendrais le coup, tu sais, j'ai peur pendant ces douze mois, de vivre comme un reclus, de me sortir en quelque sorte du monde et que lorsque tu me retrouveras tu ne me reconnaîtras plus et qu'alors tu ne veuilles plus de moi. Je veux penser à toi tous les jours, organiser ma vie en fonction de toi absent, j'ai peur de céder à la tentation, que tu ne sois plus au premier plan de mes pensées. Je te sens très fort dans cette épreuve alors que je me sens tellement vulnérable, je doute de moi alors que je ne doute pas de toi. Tu vois mes larmes, ce sont des larmes du désespoir de risquer de te perdre…
- Flo/ Benjamin, j'ai promis au Père B. non pas de t'oublier ce que je ne pourrais jamais mais de te mettre en quelque sorte entre parenthèses, afin de vivre une vie dite normale, même si je ne vois pas ce que la nôtre peut avoir d'anormale. Je te supplie d'essayer, il y va de notre avenir à tous les deux pour qu'il soit heureux et qu'il puisse durer. Mais j'ai peur pour toi après t'avoir écouté, oui, j'ai peur que tu commettes je ne sais quoi d'irréparable et ça, je ne pourrais jamais le supporter, tu m'entends, jamais. Ce serait un acte fatal, définitif qui anéantirait à jamais ce que nous avons commencé à construire ensemble et ce que, j'en ai la certitude, nous achèverons ensemble.
Alors, promet-moi que dans douze mois, tu seras là, présent
- Ben/ ….
- Flo/ Benjamin, je t'en supplie, promet-moi de m'attendre, sinon je renonce à cette attente, mais je sais qu'alors je serais malheureux et que notre avenir ne sera jamais ce qu'il aurait pu, ce qu'il aurait dû être, que cet avenir sera tout simplement compromis
- Ben/ Oui, je te le promets, fait moi confiance et maintenant laisse-moi seul, va-t'en s'il te plaît, va-t'en !
Le Père B. avait repris sa vie normale d'enseignant et de prêtre sans parler de l'administration de son établissement qui lui prenait trop de son temps ce qui le privait de ce qu'il estimait être sa principale tâche. Trois jours après le départ de Florentin, le Père B. se réveilla en sursaut, il eut soudain peur que ce qu'il imposait, moralement en tout cas, à ces deux adolescents soit trop difficile à tenir, qu'ils plongent dans le désespoir, qu'ils attentent à leur vie, préférant mourir ensemble plutôt que d'être séparés. Cette idée le fit frissonner, c'est alors que le téléphone sonna, c'était Florentin qui ressentait soudain, en pleine nuit, le besoin impérieux de lui faire part de leur décision et des craintes qu'il avait éprouvé pour Benjamin. Ils parlèrent longuement, avec cette confiance qui faisait leur force et le Père B. promit à Florentin de lui téléphoner très régulièrement pour prendre la température de ce qu'il vivait.
Pendant ces douze mois…
POV Benjamin
Benjamin savait très bien qu'il ne tiendrait jamais le coup de la séparation alors que les deux garçons se verraient quotidiennement au lycée aussi décida-t-il de changer de collège et même, si son père était d'accord, de partir pour une année à l'étranger, si possible en Espagne qui était le pays où sa mère avait passé une partie de son enfance. Son père se montra d'abord surpris mais ne sembla pas opposé à cette idée, mais il voulut connaître la motivation profonde de son fils pour un changement aussi brutal qu'inattendu.
- Je dois te dire quelque chose, papa, il y a quelques mois un nouvel élève est arrivé dans notre classe et j'ai été chargé de m'occuper de lui car c'était la première fois qu'il vivait dans une grande ville, il était orphelin et vivait donc seul. Il était très intelligent, venait d'un excellent institut de montagne et si je me suis effectivement beaucoup occupé de lui, il m'a de son côté énormément aidé et tu as certainement remarqué que mes notes se sont considérablement améliorées, c'est à lui que je le dois.
- Père / Oui, je te félicite et j'aimerais bien faire la connaissance de ce garçon. Mais au fait, pourquoi n'es-tu pas en classe ?
- Ben / Papa, son père spirituel a insisté pour que nous fassions une pause de douze mois dans notre relation, ce que Florentin, oui, c'est son prénom, a facilement accepté car il est fortement influencé par toutes les années qu'il a passé dans ce collège catholique
- Père / Excuse-moi Benjamin, je ne comprends pas très bien de quoi il s'agit, de quelle relation il est question, explique-toi clairement, tu n'as rien à craindre
- Ben / C'est simple, j'aime Florentin, nous voulons faire notre vie ensemble si nous surmontons cette séparation, comme nous avions commencé à le faire. Papa, ton fils aime un garçon, il est gay, je n'y peux rien
- Père / Et alors, où est le problème ? Moi aussi, il fut un temps où j'ai aimé un garçon, je pensais également que c'était pour la vie, cela n'a pas été le cas mais malgré tout, pendant 3-4 années, nous avons vécu ensemble. Puis un beau jour j'ai rencontré ta mère, cela a été le coup de foudre, et nous avons alors changé notre relation, il est resté mon meilleur ami
- Ben / Je le connais cet ami ?
- Père / … [pas de réponse] Tu sais, j'ai de bonnes relations dans une université privée au pied des Pyrénées espagnoles, une très belle région qui devrait te plaire, et en plus l'enseignement y est assez réputé. Je pense que je devrais rapidement te donner satisfaction
Lorsque mon père s'occupe de quelque chose, cela ne traîne pas : le lendemain il m'informait que j'étais attendu dans trois jours mais que je devrais partager une chambre avec un autre étudiant. J'occupais le peu de temps qu'il me restait à préparer mes bagages, j'ai fait un saut au Collège pour informer mes camarades de mon départ mais que je serais de retour pour les examens finaux. J'avisais également Florentin en lui disant simplement que je partais vivre ma vie dans une institution en Espagne. Je le vis pâlir à cette annonce
- Flo / [la voix enrouée] Tu n'oublies pas notre rendez-vous car…
Mais je ne sus pas ce qu'il voulait ajouter car je m'étais déjà éloigné, je n'avais pas beaucoup de temps à disposition avant mon départ et, au fond, je n'étais pas vraiment mécontent de le voir souffrir après ce qu'il m'avait infligé.
Je dois dire que dès l'instant où j'avais pris la décision de m'éloigner, j'avais considérablement évolué, je me réjouissais de découvrir un autre environnement, d'autres personnes, de vivre ma vie comme disait le Père B. mais je savais également que dans un coin de mon cerveau, je conservais l'image de Florentin que j'avais aimé et que je souhaitais continuer à aimer. Mais le Père B. et Florentin avaient raison, nous étions trop jeunes pour prendre un engagement à vie, il nous fallait d'abord découvrir ce qu'était réellement cette vie. J'avais le pressentiment que Florentin était lui aussi mûr pour cette expérience, expérience qui n'était peut-être pas sans risques pour notre jeune amour.
POV Florentin
Jamais je n'avais imaginé que mon Benjamin puisse prendre une décision aussi radicale, quitter le lycée et sa ville qu'il aimait, mais surtout me quitter, moi, et de cette manière froide et indifférente. Je ne le reconnaissais plus ou, tout simplement, est-ce que je ne le connaissais que superficiellement, il m'avait certes donné son corps mais non son "lui" véritable, nous avions partagé des sensations physiques très fortes mais rien de véritablement profond. Et moi qui m'était promis de veiller sur lui, de le protéger discrètement, d'être là s'il avait besoin de moi, tout s'effondrait, je ne lui étais plus nécessaire, mais l'avais-je jamais été ? J'en arrivais à me demander si Benjamin n'avait pas tout simplement profité de ma naïveté, si je n'avais pas finalement été qu'un objet entre ses mains qu'on pouvait rejeter à la première occasion
J'étais dans le désarroi le plus complet, moi qui vis-à-vis de lui faisait le malin en vantant les bienfaits de la séparation, je me retrouvais dans le doute le plus complet, non que je mette en question mon amour pour lui mais que lui ait tourné la page, non pour douze mois mais définitivement…
Il parait qu'une ambulance est venue pour me transporter à l'hôpital où en arrivant j'avais déjà repris connaissance. Un rapide examen confirma que je n'avais rien mais le médecin chercha à connaître les raisons de mon malaise. Il était jeune, semblait ouvert, il m'inspirait confiance et je ressentais le besoin de me confier à quelqu'un
- Ben/ J'aime les garçons ou, plus tôt, j'aime un garçon et les circonstances veulent que nous devons décider de ne plus nous voir pendant douze mois. Par amour pour lui, j'étais décidé à faire ce qui nous était demandé mais lorsque j'ai compris que Florentin, c'est son prénom, avait déjà accepté alors qu'au fond de moi-même j'espérais qu'il passerait outre, j'ai réalisé ce que concrètement cela signifiait et je me suis trouvé mal
- Doc/ Oui, je comprends que tu souffres, que cette séparation va être très difficile mais en même temps je pense que c'est une vraie chance pour vous car tu sais, la vie pour deux garçons n'est pas facile, il faut beaucoup de force, beaucoup d'amour, d'un véritable amour ancré dans ton corps, dans ton esprit. Et la personne qui vous a infligé cette attente fait preuve, à mon avis, d'une très grande sagesse et elle doit avoir une grande largesse d'esprit ; alors si j'ai un conseil à te donner, acceptez et vos retrouvailles seront un moment magique, pour toute votre vie, comme moi et mon ami.
- Ben/ Alors si je comprends bien, tu es gay ? Tu as vécu cette découverte et cela a été difficile ?
- Doc/ Oui, très difficile, nous avons été non pas rejetés par nos familles et beaucoup de nos amis mais méprisés, ce qui est presque pire car quand tu es rejeté, tu pars, tu tires un trait et tu te consacres à ton avenir. Mais méprisé, tu es quotidiennement confronté à des sourires ambivalents, à des allusions voilées mais qui font mal, tous les jours tu sais que tu es juste toléré.
Bon, c'est l'heure que tu rentres chez toi mais si tu as besoin de parler sans retenue, voici mon numéro de portable, n'hésite pas à faire appel à nous. Moi c'est Julien
- Ben/ Et ton ami ?
- Doc/ Juju, il s'appelle également Julien alors cela nous distingue l'un de l'autre !
- Ben/ Merci Julien, cette discussion m'a fait beaucoup de bien
Rentré chez moi, il n'y avait toujours personne, j'ai contacté Florentin pour lui proposer de venir chez moi pour que nous prenions notre décision, même si je savais maintenant que nous n'avions plus vraiment le choix. Mais il déclina ma proposition en préférant le repas de midi, demain, comme nous l'avions décidé avant mon malaise.
A midi, nous quittions ensemble le collège et nous sommes allés dans un petit restaurant où nous savions que nous serions tranquilles.
- Flo/ Excuse-moi pour hier soir, mais cela m'a semblé un peu dangereux. Je pense que tu as compris qu'effectivement ma décision était arrêtée, que c'était la seule qui me permettait de continuer à me regarder et qui nous laissait la perspective de nous retrouver pour envisager un avenir commun
- Ben/ Je l'ai bien compris et je l'accepte mais que veux tu dire lorsque tu dis envisager un avenir commun ? Pour moi, il n'y a rien à envisager, il est évident que notre avenir est d'être ensemble, est-ce que tu sous-entends que tu remets en question tout ce qui nous lie, tous les projets que nous avions commencés à mettre en place. Est-ce que tu me rejettes tout simplement ? Si c'est ça, aie au moins le courage de me le dire en face et en me regardant dans les yeux.
Je sentais la colère qui montait en moi, dans quelques instants je ne pourrais plus me contrôler et je partirais en claquant la porte ; c'est alors que Florentin mis tous simplement sa main sur la mienne ce qui eut le don de me calmer immédiatement, Dieu que sa peau était douce. Les larmes aux yeux
- Flo/ Benjamin, je t'en supplie, calme-toi, je me suis mal exprimé, je t'aime, aujourd'hui comme demain ou dans une année mais nous devons, tous les deux, être réalistes : nous sommes jeunes, douze mois c'est très long et nul ne sait ce qui peut survenir entre-temps. Nous devons jouer le jeu qui nous est proposé ce que, oui, j'accepte pleinement sinon nous serions hypocrites et alors ce temps d'attente serait parfaitement inutile; moi, ce que je veux c'est que nous sortions plus forts de cette période, que peut-être, je souffre de ce que tu feras, que toi tu pleureras éventuellement de mes fréquentations mais grâce à cela, nous sortirons renforcés de l'amour qui nous lie, nous pourrons dire à ceux que nous aimons oui, notre amour est plus fort que tout, nous l'avons testé. Benjamin, c'est cela que je veux pour nous deux, c'est cela que tu dois accepter pour moi.
- Ben/ Tu as raison, je le sais, mais c'est si difficile, je ne sais pas si je tiendrais le coup, tu sais, j'ai peur pendant ces douze mois, de vivre comme un reclus, de me sortir en quelque sorte du monde et que lorsque tu me retrouveras tu ne me reconnaîtras plus et qu'alors tu ne veuilles plus de moi. Je veux penser à toi tous les jours, organiser ma vie en fonction de toi absent, j'ai peur de céder à la tentation, que tu ne sois plus au premier plan de mes pensées. Je te sens très fort dans cette épreuve alors que je me sens tellement vulnérable, je doute de moi alors que je ne doute pas de toi. Tu vois mes larmes, ce sont des larmes du désespoir de risquer de te perdre…
- Flo/ Benjamin, j'ai promis au Père B. non pas de t'oublier ce que je ne pourrais jamais mais de te mettre en quelque sorte entre parenthèses, afin de vivre une vie dite normale, même si je ne vois pas ce que la nôtre peut avoir d'anormale. Je te supplie d'essayer, il y va de notre avenir à tous les deux pour qu'il soit heureux et qu'il puisse durer. Mais j'ai peur pour toi après t'avoir écouté, oui, j'ai peur que tu commettes je ne sais quoi d'irréparable et ça, je ne pourrais jamais le supporter, tu m'entends, jamais. Ce serait un acte fatal, définitif qui anéantirait à jamais ce que nous avons commencé à construire ensemble et ce que, j'en ai la certitude, nous achèverons ensemble.
Alors, promet-moi que dans douze mois, tu seras là, présent
- Ben/ ….
- Flo/ Benjamin, je t'en supplie, promet-moi de m'attendre, sinon je renonce à cette attente, mais je sais qu'alors je serais malheureux et que notre avenir ne sera jamais ce qu'il aurait pu, ce qu'il aurait dû être, que cet avenir sera tout simplement compromis
- Ben/ Oui, je te le promets, fait moi confiance et maintenant laisse-moi seul, va-t'en s'il te plaît, va-t'en !
Le Père B. avait repris sa vie normale d'enseignant et de prêtre sans parler de l'administration de son établissement qui lui prenait trop de son temps ce qui le privait de ce qu'il estimait être sa principale tâche. Trois jours après le départ de Florentin, le Père B. se réveilla en sursaut, il eut soudain peur que ce qu'il imposait, moralement en tout cas, à ces deux adolescents soit trop difficile à tenir, qu'ils plongent dans le désespoir, qu'ils attentent à leur vie, préférant mourir ensemble plutôt que d'être séparés. Cette idée le fit frissonner, c'est alors que le téléphone sonna, c'était Florentin qui ressentait soudain, en pleine nuit, le besoin impérieux de lui faire part de leur décision et des craintes qu'il avait éprouvé pour Benjamin. Ils parlèrent longuement, avec cette confiance qui faisait leur force et le Père B. promit à Florentin de lui téléphoner très régulièrement pour prendre la température de ce qu'il vivait.
Pendant ces douze mois…
POV Benjamin
Benjamin savait très bien qu'il ne tiendrait jamais le coup de la séparation alors que les deux garçons se verraient quotidiennement au lycée aussi décida-t-il de changer de collège et même, si son père était d'accord, de partir pour une année à l'étranger, si possible en Espagne qui était le pays où sa mère avait passé une partie de son enfance. Son père se montra d'abord surpris mais ne sembla pas opposé à cette idée, mais il voulut connaître la motivation profonde de son fils pour un changement aussi brutal qu'inattendu.
- Je dois te dire quelque chose, papa, il y a quelques mois un nouvel élève est arrivé dans notre classe et j'ai été chargé de m'occuper de lui car c'était la première fois qu'il vivait dans une grande ville, il était orphelin et vivait donc seul. Il était très intelligent, venait d'un excellent institut de montagne et si je me suis effectivement beaucoup occupé de lui, il m'a de son côté énormément aidé et tu as certainement remarqué que mes notes se sont considérablement améliorées, c'est à lui que je le dois.
- Père / Oui, je te félicite et j'aimerais bien faire la connaissance de ce garçon. Mais au fait, pourquoi n'es-tu pas en classe ?
- Ben / Papa, son père spirituel a insisté pour que nous fassions une pause de douze mois dans notre relation, ce que Florentin, oui, c'est son prénom, a facilement accepté car il est fortement influencé par toutes les années qu'il a passé dans ce collège catholique
- Père / Excuse-moi Benjamin, je ne comprends pas très bien de quoi il s'agit, de quelle relation il est question, explique-toi clairement, tu n'as rien à craindre
- Ben / C'est simple, j'aime Florentin, nous voulons faire notre vie ensemble si nous surmontons cette séparation, comme nous avions commencé à le faire. Papa, ton fils aime un garçon, il est gay, je n'y peux rien
- Père / Et alors, où est le problème ? Moi aussi, il fut un temps où j'ai aimé un garçon, je pensais également que c'était pour la vie, cela n'a pas été le cas mais malgré tout, pendant 3-4 années, nous avons vécu ensemble. Puis un beau jour j'ai rencontré ta mère, cela a été le coup de foudre, et nous avons alors changé notre relation, il est resté mon meilleur ami
- Ben / Je le connais cet ami ?
- Père / … [pas de réponse] Tu sais, j'ai de bonnes relations dans une université privée au pied des Pyrénées espagnoles, une très belle région qui devrait te plaire, et en plus l'enseignement y est assez réputé. Je pense que je devrais rapidement te donner satisfaction
Lorsque mon père s'occupe de quelque chose, cela ne traîne pas : le lendemain il m'informait que j'étais attendu dans trois jours mais que je devrais partager une chambre avec un autre étudiant. J'occupais le peu de temps qu'il me restait à préparer mes bagages, j'ai fait un saut au Collège pour informer mes camarades de mon départ mais que je serais de retour pour les examens finaux. J'avisais également Florentin en lui disant simplement que je partais vivre ma vie dans une institution en Espagne. Je le vis pâlir à cette annonce
- Flo / [la voix enrouée] Tu n'oublies pas notre rendez-vous car…
Mais je ne sus pas ce qu'il voulait ajouter car je m'étais déjà éloigné, je n'avais pas beaucoup de temps à disposition avant mon départ et, au fond, je n'étais pas vraiment mécontent de le voir souffrir après ce qu'il m'avait infligé.
Je dois dire que dès l'instant où j'avais pris la décision de m'éloigner, j'avais considérablement évolué, je me réjouissais de découvrir un autre environnement, d'autres personnes, de vivre ma vie comme disait le Père B. mais je savais également que dans un coin de mon cerveau, je conservais l'image de Florentin que j'avais aimé et que je souhaitais continuer à aimer. Mais le Père B. et Florentin avaient raison, nous étions trop jeunes pour prendre un engagement à vie, il nous fallait d'abord découvrir ce qu'était réellement cette vie. J'avais le pressentiment que Florentin était lui aussi mûr pour cette expérience, expérience qui n'était peut-être pas sans risques pour notre jeune amour.
POV Florentin
Jamais je n'avais imaginé que mon Benjamin puisse prendre une décision aussi radicale, quitter le lycée et sa ville qu'il aimait, mais surtout me quitter, moi, et de cette manière froide et indifférente. Je ne le reconnaissais plus ou, tout simplement, est-ce que je ne le connaissais que superficiellement, il m'avait certes donné son corps mais non son "lui" véritable, nous avions partagé des sensations physiques très fortes mais rien de véritablement profond. Et moi qui m'était promis de veiller sur lui, de le protéger discrètement, d'être là s'il avait besoin de moi, tout s'effondrait, je ne lui étais plus nécessaire, mais l'avais-je jamais été ? J'en arrivais à me demander si Benjamin n'avait pas tout simplement profité de ma naïveté, si je n'avais pas finalement été qu'un objet entre ses mains qu'on pouvait rejeter à la première occasion
J'étais dans le désarroi le plus complet, moi qui vis-à-vis de lui faisait le malin en vantant les bienfaits de la séparation, je me retrouvais dans le doute le plus complet, non que je mette en question mon amour pour lui mais que lui ait tourné la page, non pour douze mois mais définitivement…