CHAPITRE XXIV (Suite)
L’après-midi, après avoir restitué la voiture de location, j’ai laissé Alice se reposer et je suis parti à la découverte. Ici, sur les hauteurs, il y a tout au plus cinq ou six exploitations agricoles. Les murs sont en pierres volcaniques, assemblées je pense par du torchis mais je ne suis pas un spécialiste. En dehors des fermes, je n’ai vu qu’une seule maison d’habitation, elle aussi en pierres du pays au bout d’un chemin, sans clôture ni barrière, pas même une boite aux lettres. Les volets défraîchis étant clos, je me suis permis d’en faire le tour. Sur la façade avant, la vue est magnifique. Elle plonge directement dans la vallée. Je m’assieds quelques instants sur la terrasse pour admirer ce paysage idyllique. Il faut vraiment aimer le calme pour habiter ici. On entend rien, que le piaillement des oiseaux et la légère brise qui coure dans les feuillages. Probablement une résidence secondaire pensais-je dubitatif.
Je continue mes investigations touristiques et au détour d’un chemin, je tombe sur Roger et Chantal, penchés tous les deux sur une machine à priori récalcitrante attachée derrière le tracteur. Je m’avance vers eux et Youki vient me saluer en donnant de la voix.
- Des soucis ?
- Juste un réglage Pascal. Ça devrait aller.
Je décide de rentrer. En chemin, j’appelle Jean. Je suis de plus en plus inquiet. C’est le troisième message que je laisse et toujours pas de réponse. Je contacte Marie. Le résultat de son test et lui-aussi négatif. Marie me précise qu’elle a repris le travail depuis ce matin tout comme Gaétan. Je sens qu’elle veut me dire quelque chose mais elle semble embarrassée.
- Tout va bien Marie ?
- Oui, oui Pascal. Tout va bien. Je suis gênée par un personnel un peu lourd mais ça va, je gère.
- Un peu lourd ?
- Lourd dans le sens où il aimerait mieux me connaître. En revanche, il ne m’attire pas du tout.
- Ok, je te laisse gérer alors lui dis-je avec une bonne humeur évidente.
Gaétan, me confirme lui aussi que tout va bien de son côté.
A la ferme Alice s’occupe des lapins.
- C’est comme ça que tu te reposes ?
- J’ai passé deux heures sur la chaise longue abandonnée par mon fiancé et maintenant, je me venge sur les lapins.
- Ils ne t’ont rien fait les pauvres. J’adore les lapins, c’est trop mignon. Comment ça abandonnée ? Tu ne manques pas d’air toi !
- Parfaitement. Abandonnée sans bisou, sans câlin, comme une vielle chaussette.
- Ah ? c’est normal ma puce. Ce matin tu ne t’es pas lavée les pieds.
- Oh toi … tu vas voir de quel bois je me chauffe.
- Oh oui. Viens vite. Embrasse-moi petite ingénue médisante.
- Fais attention à mes seins.
- Et toi fais attention à tes fesses.
J’aime Alice. Dans sa féminité, elle est encore plus jolie. Mais au-delà des apparences, j’adore son caractère un peu joueur, sa façon d’être, sa fausse candeur et la pudeur incroyable de son regard. On termine ensemble le nettoyage des clapiers en riant de tout et de rien et c’est main dans la main que nous regagnons le petit salon de jardin dans la cour.
Alice est assise sur mes genoux et on se taquine mutuellement. Roger et Chantal se joignent à nous. On prend un verre de Gentiane en guise d’apéritif. Alice est toujours sur mes genoux et je la titille parfois juste pour la faire râler. Chantal commence à se dérider devant la simplicité évidente de notre bonheur. Elle sourit pour la première fois et le même sourire qu’Alice se dessine sur son visage. Elle est belle elle aussi malgré les deux ou trois générations qui nous séparent. Je me surprends à rêver à ma petite ingénue avec trente ans de plus, moi avec des cheveux blancs et elle avec quelques rides supplémentaires sur le visage, un ou deux enfants déjà en couple et peut-être même des petits enfants turbulents, un chien exubérant et des chats indolents. Une vrai famille quoi. Tout ce que je n’ai jamais eu. Grand-mère Alice et grand-père Pascal. Je souris à cette évocation. Je trouve que Grand-mère Alice, ça ne sonne pas trop mal à l'oreille mais Grand-père Pascal, ça coince. Il faudra probablement faire avec.
- Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu sourire comme ça lance Roger à son épouse.
Le sourire de Chantal disparaît immédiatement comme si elle était prise en flagrant délit. Elle se lève pour disparaître dans la cuisine. J’ai déjà vu ce scénario. Je sais que dans l’ombre de sa cuisine, elle pleure en silence. Alice me regarde. Elle sait que j’ai compris. Elle me quitte elle aussi pour rejoindre sa maman. Dans le ton de Roger, il n’y avait ni reproche, ni colère, juste le constat d’un changement positif. Et en un instant la tristesse de son regard s’est alliée à la résignation de son esprit.
- Tu reprendras bien un verre de Gentiane ? soupire t'il.
- Avec plaisir Roger.
- Alice, c’est Chantal en miniature. Pas toujours facile la vie de couple. Des vrais caractères de cochon. On se disait avec Chantal que vous formez un beau couple tous les deux. C’est vraiment agréable de vous voir ensemble dit-il sur le ton de la confidence.
Alice est revenue s’asseoir sur mes genoux. Chantal, l’air de rien, les yeux légèrement rougis, nous a ramené quelques grignotis et la bonne humeur a repris le dessus.
L’après-midi, après avoir restitué la voiture de location, j’ai laissé Alice se reposer et je suis parti à la découverte. Ici, sur les hauteurs, il y a tout au plus cinq ou six exploitations agricoles. Les murs sont en pierres volcaniques, assemblées je pense par du torchis mais je ne suis pas un spécialiste. En dehors des fermes, je n’ai vu qu’une seule maison d’habitation, elle aussi en pierres du pays au bout d’un chemin, sans clôture ni barrière, pas même une boite aux lettres. Les volets défraîchis étant clos, je me suis permis d’en faire le tour. Sur la façade avant, la vue est magnifique. Elle plonge directement dans la vallée. Je m’assieds quelques instants sur la terrasse pour admirer ce paysage idyllique. Il faut vraiment aimer le calme pour habiter ici. On entend rien, que le piaillement des oiseaux et la légère brise qui coure dans les feuillages. Probablement une résidence secondaire pensais-je dubitatif.
Je continue mes investigations touristiques et au détour d’un chemin, je tombe sur Roger et Chantal, penchés tous les deux sur une machine à priori récalcitrante attachée derrière le tracteur. Je m’avance vers eux et Youki vient me saluer en donnant de la voix.
- Des soucis ?
- Juste un réglage Pascal. Ça devrait aller.
Je décide de rentrer. En chemin, j’appelle Jean. Je suis de plus en plus inquiet. C’est le troisième message que je laisse et toujours pas de réponse. Je contacte Marie. Le résultat de son test et lui-aussi négatif. Marie me précise qu’elle a repris le travail depuis ce matin tout comme Gaétan. Je sens qu’elle veut me dire quelque chose mais elle semble embarrassée.
- Tout va bien Marie ?
- Oui, oui Pascal. Tout va bien. Je suis gênée par un personnel un peu lourd mais ça va, je gère.
- Un peu lourd ?
- Lourd dans le sens où il aimerait mieux me connaître. En revanche, il ne m’attire pas du tout.
- Ok, je te laisse gérer alors lui dis-je avec une bonne humeur évidente.
Gaétan, me confirme lui aussi que tout va bien de son côté.
A la ferme Alice s’occupe des lapins.
- C’est comme ça que tu te reposes ?
- J’ai passé deux heures sur la chaise longue abandonnée par mon fiancé et maintenant, je me venge sur les lapins.
- Ils ne t’ont rien fait les pauvres. J’adore les lapins, c’est trop mignon. Comment ça abandonnée ? Tu ne manques pas d’air toi !
- Parfaitement. Abandonnée sans bisou, sans câlin, comme une vielle chaussette.
- Ah ? c’est normal ma puce. Ce matin tu ne t’es pas lavée les pieds.
- Oh toi … tu vas voir de quel bois je me chauffe.
- Oh oui. Viens vite. Embrasse-moi petite ingénue médisante.
- Fais attention à mes seins.
- Et toi fais attention à tes fesses.
J’aime Alice. Dans sa féminité, elle est encore plus jolie. Mais au-delà des apparences, j’adore son caractère un peu joueur, sa façon d’être, sa fausse candeur et la pudeur incroyable de son regard. On termine ensemble le nettoyage des clapiers en riant de tout et de rien et c’est main dans la main que nous regagnons le petit salon de jardin dans la cour.
Alice est assise sur mes genoux et on se taquine mutuellement. Roger et Chantal se joignent à nous. On prend un verre de Gentiane en guise d’apéritif. Alice est toujours sur mes genoux et je la titille parfois juste pour la faire râler. Chantal commence à se dérider devant la simplicité évidente de notre bonheur. Elle sourit pour la première fois et le même sourire qu’Alice se dessine sur son visage. Elle est belle elle aussi malgré les deux ou trois générations qui nous séparent. Je me surprends à rêver à ma petite ingénue avec trente ans de plus, moi avec des cheveux blancs et elle avec quelques rides supplémentaires sur le visage, un ou deux enfants déjà en couple et peut-être même des petits enfants turbulents, un chien exubérant et des chats indolents. Une vrai famille quoi. Tout ce que je n’ai jamais eu. Grand-mère Alice et grand-père Pascal. Je souris à cette évocation. Je trouve que Grand-mère Alice, ça ne sonne pas trop mal à l'oreille mais Grand-père Pascal, ça coince. Il faudra probablement faire avec.
- Ça fait longtemps que je ne t’ai pas vu sourire comme ça lance Roger à son épouse.
Le sourire de Chantal disparaît immédiatement comme si elle était prise en flagrant délit. Elle se lève pour disparaître dans la cuisine. J’ai déjà vu ce scénario. Je sais que dans l’ombre de sa cuisine, elle pleure en silence. Alice me regarde. Elle sait que j’ai compris. Elle me quitte elle aussi pour rejoindre sa maman. Dans le ton de Roger, il n’y avait ni reproche, ni colère, juste le constat d’un changement positif. Et en un instant la tristesse de son regard s’est alliée à la résignation de son esprit.
- Tu reprendras bien un verre de Gentiane ? soupire t'il.
- Avec plaisir Roger.
- Alice, c’est Chantal en miniature. Pas toujours facile la vie de couple. Des vrais caractères de cochon. On se disait avec Chantal que vous formez un beau couple tous les deux. C’est vraiment agréable de vous voir ensemble dit-il sur le ton de la confidence.
Alice est revenue s’asseoir sur mes genoux. Chantal, l’air de rien, les yeux légèrement rougis, nous a ramené quelques grignotis et la bonne humeur a repris le dessus.
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