01-10-2020, 11:50 AM
Nouvelle suite
Ce matin, Florentin est de retour, il est rentré de son village hier soir, tard. En arrivant en classe, le dernier car il y eu de la peine à se réveiller puis à se lever, il m'a fait un clin d'œil avant de s'asseoir à sa place, car nous ne sommes pas toujours l'un à côté de l'autre afin d'éviter des remarques inutiles de la part de certains de nos camarades. A midi, nous n'avons pas pu déjeuner ensemble car il devait se rendre à la direction pour expliquer les raisons de son absence et le soir il est parti rapidement me glissant juste que nous nous verrions tranquillement mercredi après-midi et qu'il me raconterait tout à ce moment.
J'attendais son retour avec impatience mais en même temps avec une anxiété qui ne fit qu'augmenter avec son attitude assez réservée et, me semble-t-il, un peu songeuse. En fait j'éprouvais une grosse déception car je m'étais réjouis de son retour et j'avais imaginé que nous passerions au moins la soirée ensemble, peut-être même la nuit car je me refusais à imaginer qu'il puisse envisager de me quitter : Florentin faisait désormais partie de ma vie, il était comme une moitié de moi-même, nous étions un en deux êtres, certes différents mais tellement semblables et proches l'un de l'autre. Si par malheur il devait m'annoncer une séparation ou, pire, une rupture, je ne sais vraiment pas comment je réagirais.
Je ne rentrais pas directement chez moi, j'errais comme une âme en peine, les larmes proches d'éclater et un moral dans les chaussettes, en un mot, j'étais désespéré, convaincu qu'il allait m'annoncer de mauvaises nouvelles, que j'allais me retrouver, une fois de plus, seul. Je n'avais personne à qui me confier car Auguste, comble de malchance, participait à un séminaire de quelques jours et mes parents, étaient très occupés professionnellement et je ne leur avais jamais parlé de mon inclination pour les garçons. Finalement je me retrouvais devant ma maison et en arrivant dans la cuisine je trouvais un mot de ma mère m'expliquant qu'ils avaient dû partir brusquement en voyage à l'étranger pour quelques jours et que ma jeune sœur était chez mes grands-parents pour que je sois tranquille. Ces nouvelles m'achevèrent, je sentais ma tristesse et l'absence de Florentin se transformait lentement en colère, je me sentais abandonné, ce qui était le cas pour l'instant, et que j'aurais beaucoup de peine à dormir. Je décidais de lui envoyer un message comme nous le faisions lorsqu'il dormait chez lui, message auquel, normalement, il répondait dans les secondes qui suivaient. Si ce soir il ne réagissait pas, je tirerais la conclusion qu'il ne voulait plus de moi et donc que j'étais libre de faire ce que je voulais. Le message est parti, j'ai attendu d'abord quelques minutes, puis j'ai encore attendu et après une petite heure, il était pas loin de dix heures et toujours sans réponse, je suis sorti me promener dans la nuit, sans but précis.
L'air vif me fit du bien et à force d'aller sans regarder le nom de rues, je me suis retrouvé devant un bar où la joie et la bon humeur semblaient régner, l'idée de boire une bière ou même quelque chose de plus fort me tentait. Avant d'entrer, je vis le nom du local et réalisais que c'était un endroit notoirement connu pour des rendez-vous gay. J'hésitais, je pensais à Florentin, je fis encore une tentative de le contacter, pas de réaction, j'entrais le cœur battant car je n'avais jamais été dans ce genre de local. Mais en même temps j'avais envie qu'il se passe quelque chose, cela faisait plusieurs jours que j'étais dans l'abstinence sexuelle la plus complète par fidélité pour celui qui était mon Florentin, je sentais que mon sexe prenait des initiatives. Je m'assis dans un endroit un peu sombre et tranquille et commandait un whisky. J'en étais au troisième lorsqu'un homme d'une bonne quarantaine d'années s'assit à côté de moi, il me regardait et j'en faisais autant, il avait plutôt bonne allure, il n'était pas repoussant et même assez attrayant. Il me fit un sourire auquel je répondis, il commanda deux whiskys, c'était le quatrième pour moi. Nous choquâmes nos verres mais ni lui ni moi ne prononçâmes une seule parole.
Un peu ivre, je l'oubliais jusqu'au moment où je sentis sa main sur le haut de ma cuisse, avec un effet immédiat sur mon chibre, je regardais son entre-jambes et vit qu'il avait baissé sa braguette, laissant voir un slip blanc d'une marque bien connue. Je n'étais plus vraiment en état de réaliser pleinement ce qui se passait, mais je sentis que ma propre braguette était ouverte, que les bords de mon pantalon étaient largement ouverts et qu'une main qui n'était pas la mienne s'agitait sur mon pénis, largement visible dans mon slip. Une main s'était aventurée sur mes fesses, mais carrément entre l'étoffe et ma peau, et qu'elle cherchait de manière évidente une certaine raie. Je n'étais plus vraiment assis sur le tabouret du bar de sorte que mon pantalon montrait une évidente tendance à tomber, laissant voir une importante portion de mon slip. C'est alors que je remarquais que deux autres personnes, des hommes bien sûr, s'étaient discrètement approchés. Pour la première fois, j'entendis mon homme dire
- Partons d'ici, mon hôtel est tout près, nous serons tranquilles. Rhabille-toi et viens après moi
C'est alors que je réalisais que j'étais sinon nu du moins dans une tenue très proche pour ce qui concernait la partie inférieure de ma personne. Je mis de l'ordre dans mes vêtements mais en même temps une petite voix se fit entendre
- Est-ce que tu penses que Florentin serait heureux de te voir ici ?
- Moi : il m'a oublié, je fais ce que je veux
- Es-tu sûr qu'il t'a oublié ?
Je sortis de l'établissement, l'homme m'attendait au coin de la rue, je le suivis mais avec de plus en plus mauvaise conscience : et si la petite voix avait raison, s'il m'aimait encore ? Et si je lui laissais une chance pour mercredi où il m'a dit qu'il fallait qu'on parle ?
Mon partenaire m'attendait devant la porte de son hôtel***, j'entrais dans le hall où un vieux gardien somnolait, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent mais je ne bougeais pas, je fis un pas en arrière
- Excuse-moi, je peux pas, j'aime Florentin et je suis sûr qu'il m'aime encore !
et je m'enfuis en courant, sans me retourner, aussi vite que je pouvais. En quelques minutes j'étais chez moi, seul dans cet appartement, je me jetais sur mon lit et éclatais en sanglots, j'étais mort de honte, j'allais accomplir l'inacceptable, l'impardonnable, j'allais tromper Florentin, le premier garçon que j'aimais et, je le sentais soudainement, le seul garçon que j'aimerais jamais.
Quand le surlendemain j'arrivais dans la cour de mon école, je remarquais un attroupement particulièrement joyeux et je m'approchais pour voir la cause de cette agitation, mon pouls accéléra brutalement, je venais de reconnaître Florentin, l'heure de vérité allait sonner, c'est mon avenir qui allait se jouer, je voulais savoir et en même temps j'avais peur. Lorsqu'il me vit, il me fit un petit signe de la main et reprit sa conversation avec nos amis, sans plus s'occuper de moi ; la vieille cloche sur le petit bâtiment administratif se fit entendre et nous nous rendîmes en classe où normalement nous étions assis côte à côte. Ce matin-là, il était au fond de la classe avec un des garçons que je soupçonnais d'être homophobe et avec qui il était entrain de bavarder. C'était trop, je posais mon sac sur la place vide et je sentis que je n'allais pas pouvoir plus longtemps contenir mes larmes aussi je quittais brutalement la classe en claquant la porte et je filais dans le local des toilettes. J'étais écroulé, je pleurais, je restais assis sur la cuvette même pendant la récréation où il me sembla entendre la voix de Florentin dire à je ne sais qui
- Désolé, mais je ne suis pas libre cet après-midi, mais volontiers une autre fois !
Je repris un peu d'espoir, au moins il allait avoir l'honnêteté de m'expliquer son attitude me mettre au courant de son séjour à D. et, surtout, parler de notre avenir.
Vers 14h 30, je sonnais chez lui comme convenu, je m'efforçais de rester calme afin d'être en pleine possession de mes moyens. D'habitude, dès que la porte palière était fermée, nous partagions un baiser approfondi qui pouvait se prolonger au gré de notre envie du moment mais aujourd'hui il se contenta d'un baiser… sur ma joue. Sans dire un mot, nous nous sommes installés dans l'un de ses canapés, l'un à côté de l'autre, l'atmosphère était pesante, le silence était lourd de signification.
- Flo / Voilà Benjamin je vais te raconter les entretiens que j'ai eu avec le Père B. qui est non seulement mon confesseur mais surtout la personne qui a veillé sur moi depuis que j'ai fréquenté le Collège, il s'est occupé de mes études, il a veillé à ce que je reçoive une éducation conforme à l'esprit de l'institution, je dirais qu'il a été pour moi comme un père et donc je le respecte et je l'aime beaucoup. Je lui ai donc tout raconté de ma vie durant tous ces premiers mois et je ne pouvais pas lui cacher ce que nous avions vécu, toi et moi, …
- Ben/ Mais tu as aimé ce que nous avons fait ensemble, c'était des moments d'une folle intensité et…
- Flo/ Oui, je ne renie rien et c'est ce que j'ai du reste expliqué au Père B. mais, s'il te plait Benjamin, ce que j'ai à te dire est suffisamment dur pour moi, alors écoute-moi sans m'interrompre.
Durant toute mon intervention, le Père B. est resté impassible, n'a pas prononcé une parole, il avait une expression très sérieuse et il m'a semblé lire de la tristesse dans son regard ce qui m'a mis
très mal à l'aise, je commençais à penser que son acceptation de notre amour n'irait peut-être pas de soi et que son pardon ne serait pas si évident que je l'imaginais.
Lorsque je me suis tu, et j'avais parlé longuement, très longuement car je ne voulais rien lui cacher ni taire l'amour qui nous unissait, il y a eu un très long silence durant lequel il n'a pas cessé de me regarder avec une extrême attention dans laquelle je décelais à la fois une grande déception mais en même temps une très grande tendresse. Lorsqu'il prit la parole
- Père B/ Florentin, d'abord merci pour ta très grande franchise car je pense, et j'espère que tout ce que tu m'as raconté n'a pas dû être facile à relater. Tout cela est très sérieux, je dois penser seul
à tout cela, je dois prier et après-demain, je te dirai avec la même franchise que toi, ce que je pense de cette tragédie mais…
- Flo/ Mon Père, ce n'est pas…
- Père B/ Non, Florentin, tu te tais, je veux que toi également tu réfléchisses sur tout cela. Donc maintenant, j'exige pour toi, comme je vais le faire moi-même, une cure de solitude jusqu'à après-
demain : tu vas rester seul dans une ancienne cellule de moine avec une vue merveilleuse sur ces montagnes que tu as tant aimées et…
- Flo/ … mais je les aime toujours…
- Père B/ Tais-toi Florentin, tu n'as pas droit à la parole sinon avec toi-même, avec le plus profond de toi-même. Tu mangeras dans cette cellule, la porte ne sera évidemment pas fermée mais tu
n'en sortiras que pour te rendre aux offices si tu en sens le besoin. Tu dois te sentir totalement libre, et j'insiste sur ce point, de rentrer dans ta nouvelle ville, quand tu veux et tu n'as aucune
explication à me donner.
Si tu le souhaites, et j'espère que ce sera le cas, je viendrai dans deux jours te chercher et nous verrons ensemble ce qu'il convient de faire après que je t'aurai exposé ce que je pense. Mais
Florentin, ce n'est pas moi qui prendrai la décision, ce sera à toi de le faire, en ton âme et conscience et, crois-moi je t'aiderai de toute ma force pour te soutenir, quelque soit la voie que tu auras
librement choisie.
A bientôt, sois fort avec toi-même.
Et il partit en me disant qu'on m'apporterait mes repas dans ma cellule.
Ce matin, Florentin est de retour, il est rentré de son village hier soir, tard. En arrivant en classe, le dernier car il y eu de la peine à se réveiller puis à se lever, il m'a fait un clin d'œil avant de s'asseoir à sa place, car nous ne sommes pas toujours l'un à côté de l'autre afin d'éviter des remarques inutiles de la part de certains de nos camarades. A midi, nous n'avons pas pu déjeuner ensemble car il devait se rendre à la direction pour expliquer les raisons de son absence et le soir il est parti rapidement me glissant juste que nous nous verrions tranquillement mercredi après-midi et qu'il me raconterait tout à ce moment.
J'attendais son retour avec impatience mais en même temps avec une anxiété qui ne fit qu'augmenter avec son attitude assez réservée et, me semble-t-il, un peu songeuse. En fait j'éprouvais une grosse déception car je m'étais réjouis de son retour et j'avais imaginé que nous passerions au moins la soirée ensemble, peut-être même la nuit car je me refusais à imaginer qu'il puisse envisager de me quitter : Florentin faisait désormais partie de ma vie, il était comme une moitié de moi-même, nous étions un en deux êtres, certes différents mais tellement semblables et proches l'un de l'autre. Si par malheur il devait m'annoncer une séparation ou, pire, une rupture, je ne sais vraiment pas comment je réagirais.
Je ne rentrais pas directement chez moi, j'errais comme une âme en peine, les larmes proches d'éclater et un moral dans les chaussettes, en un mot, j'étais désespéré, convaincu qu'il allait m'annoncer de mauvaises nouvelles, que j'allais me retrouver, une fois de plus, seul. Je n'avais personne à qui me confier car Auguste, comble de malchance, participait à un séminaire de quelques jours et mes parents, étaient très occupés professionnellement et je ne leur avais jamais parlé de mon inclination pour les garçons. Finalement je me retrouvais devant ma maison et en arrivant dans la cuisine je trouvais un mot de ma mère m'expliquant qu'ils avaient dû partir brusquement en voyage à l'étranger pour quelques jours et que ma jeune sœur était chez mes grands-parents pour que je sois tranquille. Ces nouvelles m'achevèrent, je sentais ma tristesse et l'absence de Florentin se transformait lentement en colère, je me sentais abandonné, ce qui était le cas pour l'instant, et que j'aurais beaucoup de peine à dormir. Je décidais de lui envoyer un message comme nous le faisions lorsqu'il dormait chez lui, message auquel, normalement, il répondait dans les secondes qui suivaient. Si ce soir il ne réagissait pas, je tirerais la conclusion qu'il ne voulait plus de moi et donc que j'étais libre de faire ce que je voulais. Le message est parti, j'ai attendu d'abord quelques minutes, puis j'ai encore attendu et après une petite heure, il était pas loin de dix heures et toujours sans réponse, je suis sorti me promener dans la nuit, sans but précis.
L'air vif me fit du bien et à force d'aller sans regarder le nom de rues, je me suis retrouvé devant un bar où la joie et la bon humeur semblaient régner, l'idée de boire une bière ou même quelque chose de plus fort me tentait. Avant d'entrer, je vis le nom du local et réalisais que c'était un endroit notoirement connu pour des rendez-vous gay. J'hésitais, je pensais à Florentin, je fis encore une tentative de le contacter, pas de réaction, j'entrais le cœur battant car je n'avais jamais été dans ce genre de local. Mais en même temps j'avais envie qu'il se passe quelque chose, cela faisait plusieurs jours que j'étais dans l'abstinence sexuelle la plus complète par fidélité pour celui qui était mon Florentin, je sentais que mon sexe prenait des initiatives. Je m'assis dans un endroit un peu sombre et tranquille et commandait un whisky. J'en étais au troisième lorsqu'un homme d'une bonne quarantaine d'années s'assit à côté de moi, il me regardait et j'en faisais autant, il avait plutôt bonne allure, il n'était pas repoussant et même assez attrayant. Il me fit un sourire auquel je répondis, il commanda deux whiskys, c'était le quatrième pour moi. Nous choquâmes nos verres mais ni lui ni moi ne prononçâmes une seule parole.
Un peu ivre, je l'oubliais jusqu'au moment où je sentis sa main sur le haut de ma cuisse, avec un effet immédiat sur mon chibre, je regardais son entre-jambes et vit qu'il avait baissé sa braguette, laissant voir un slip blanc d'une marque bien connue. Je n'étais plus vraiment en état de réaliser pleinement ce qui se passait, mais je sentis que ma propre braguette était ouverte, que les bords de mon pantalon étaient largement ouverts et qu'une main qui n'était pas la mienne s'agitait sur mon pénis, largement visible dans mon slip. Une main s'était aventurée sur mes fesses, mais carrément entre l'étoffe et ma peau, et qu'elle cherchait de manière évidente une certaine raie. Je n'étais plus vraiment assis sur le tabouret du bar de sorte que mon pantalon montrait une évidente tendance à tomber, laissant voir une importante portion de mon slip. C'est alors que je remarquais que deux autres personnes, des hommes bien sûr, s'étaient discrètement approchés. Pour la première fois, j'entendis mon homme dire
- Partons d'ici, mon hôtel est tout près, nous serons tranquilles. Rhabille-toi et viens après moi
C'est alors que je réalisais que j'étais sinon nu du moins dans une tenue très proche pour ce qui concernait la partie inférieure de ma personne. Je mis de l'ordre dans mes vêtements mais en même temps une petite voix se fit entendre
- Est-ce que tu penses que Florentin serait heureux de te voir ici ?
- Moi : il m'a oublié, je fais ce que je veux
- Es-tu sûr qu'il t'a oublié ?
Je sortis de l'établissement, l'homme m'attendait au coin de la rue, je le suivis mais avec de plus en plus mauvaise conscience : et si la petite voix avait raison, s'il m'aimait encore ? Et si je lui laissais une chance pour mercredi où il m'a dit qu'il fallait qu'on parle ?
Mon partenaire m'attendait devant la porte de son hôtel***, j'entrais dans le hall où un vieux gardien somnolait, les portes de l'ascenseur s'ouvrirent mais je ne bougeais pas, je fis un pas en arrière
- Excuse-moi, je peux pas, j'aime Florentin et je suis sûr qu'il m'aime encore !
et je m'enfuis en courant, sans me retourner, aussi vite que je pouvais. En quelques minutes j'étais chez moi, seul dans cet appartement, je me jetais sur mon lit et éclatais en sanglots, j'étais mort de honte, j'allais accomplir l'inacceptable, l'impardonnable, j'allais tromper Florentin, le premier garçon que j'aimais et, je le sentais soudainement, le seul garçon que j'aimerais jamais.
Quand le surlendemain j'arrivais dans la cour de mon école, je remarquais un attroupement particulièrement joyeux et je m'approchais pour voir la cause de cette agitation, mon pouls accéléra brutalement, je venais de reconnaître Florentin, l'heure de vérité allait sonner, c'est mon avenir qui allait se jouer, je voulais savoir et en même temps j'avais peur. Lorsqu'il me vit, il me fit un petit signe de la main et reprit sa conversation avec nos amis, sans plus s'occuper de moi ; la vieille cloche sur le petit bâtiment administratif se fit entendre et nous nous rendîmes en classe où normalement nous étions assis côte à côte. Ce matin-là, il était au fond de la classe avec un des garçons que je soupçonnais d'être homophobe et avec qui il était entrain de bavarder. C'était trop, je posais mon sac sur la place vide et je sentis que je n'allais pas pouvoir plus longtemps contenir mes larmes aussi je quittais brutalement la classe en claquant la porte et je filais dans le local des toilettes. J'étais écroulé, je pleurais, je restais assis sur la cuvette même pendant la récréation où il me sembla entendre la voix de Florentin dire à je ne sais qui
- Désolé, mais je ne suis pas libre cet après-midi, mais volontiers une autre fois !
Je repris un peu d'espoir, au moins il allait avoir l'honnêteté de m'expliquer son attitude me mettre au courant de son séjour à D. et, surtout, parler de notre avenir.
Vers 14h 30, je sonnais chez lui comme convenu, je m'efforçais de rester calme afin d'être en pleine possession de mes moyens. D'habitude, dès que la porte palière était fermée, nous partagions un baiser approfondi qui pouvait se prolonger au gré de notre envie du moment mais aujourd'hui il se contenta d'un baiser… sur ma joue. Sans dire un mot, nous nous sommes installés dans l'un de ses canapés, l'un à côté de l'autre, l'atmosphère était pesante, le silence était lourd de signification.
- Flo / Voilà Benjamin je vais te raconter les entretiens que j'ai eu avec le Père B. qui est non seulement mon confesseur mais surtout la personne qui a veillé sur moi depuis que j'ai fréquenté le Collège, il s'est occupé de mes études, il a veillé à ce que je reçoive une éducation conforme à l'esprit de l'institution, je dirais qu'il a été pour moi comme un père et donc je le respecte et je l'aime beaucoup. Je lui ai donc tout raconté de ma vie durant tous ces premiers mois et je ne pouvais pas lui cacher ce que nous avions vécu, toi et moi, …
- Ben/ Mais tu as aimé ce que nous avons fait ensemble, c'était des moments d'une folle intensité et…
- Flo/ Oui, je ne renie rien et c'est ce que j'ai du reste expliqué au Père B. mais, s'il te plait Benjamin, ce que j'ai à te dire est suffisamment dur pour moi, alors écoute-moi sans m'interrompre.
Durant toute mon intervention, le Père B. est resté impassible, n'a pas prononcé une parole, il avait une expression très sérieuse et il m'a semblé lire de la tristesse dans son regard ce qui m'a mis
très mal à l'aise, je commençais à penser que son acceptation de notre amour n'irait peut-être pas de soi et que son pardon ne serait pas si évident que je l'imaginais.
Lorsque je me suis tu, et j'avais parlé longuement, très longuement car je ne voulais rien lui cacher ni taire l'amour qui nous unissait, il y a eu un très long silence durant lequel il n'a pas cessé de me regarder avec une extrême attention dans laquelle je décelais à la fois une grande déception mais en même temps une très grande tendresse. Lorsqu'il prit la parole
- Père B/ Florentin, d'abord merci pour ta très grande franchise car je pense, et j'espère que tout ce que tu m'as raconté n'a pas dû être facile à relater. Tout cela est très sérieux, je dois penser seul
à tout cela, je dois prier et après-demain, je te dirai avec la même franchise que toi, ce que je pense de cette tragédie mais…
- Flo/ Mon Père, ce n'est pas…
- Père B/ Non, Florentin, tu te tais, je veux que toi également tu réfléchisses sur tout cela. Donc maintenant, j'exige pour toi, comme je vais le faire moi-même, une cure de solitude jusqu'à après-
demain : tu vas rester seul dans une ancienne cellule de moine avec une vue merveilleuse sur ces montagnes que tu as tant aimées et…
- Flo/ … mais je les aime toujours…
- Père B/ Tais-toi Florentin, tu n'as pas droit à la parole sinon avec toi-même, avec le plus profond de toi-même. Tu mangeras dans cette cellule, la porte ne sera évidemment pas fermée mais tu
n'en sortiras que pour te rendre aux offices si tu en sens le besoin. Tu dois te sentir totalement libre, et j'insiste sur ce point, de rentrer dans ta nouvelle ville, quand tu veux et tu n'as aucune
explication à me donner.
Si tu le souhaites, et j'espère que ce sera le cas, je viendrai dans deux jours te chercher et nous verrons ensemble ce qu'il convient de faire après que je t'aurai exposé ce que je pense. Mais
Florentin, ce n'est pas moi qui prendrai la décision, ce sera à toi de le faire, en ton âme et conscience et, crois-moi je t'aiderai de toute ma force pour te soutenir, quelque soit la voie que tu auras
librement choisie.
A bientôt, sois fort avec toi-même.
Et il partit en me disant qu'on m'apporterait mes repas dans ma cellule.