CHAPITRE XXII (Suite)
Lorsque je me suis réveillé ce matin, mes premières pensées ont été pour Alice. A cette heure-ci, elle doit être en chemin pour le bloc opératoire. Peut-être même lui a t’on déjà administré le produit anesthésiant, auquel cas elle doit tenir compagnie à Morphée, la divinité du sommeil.
La réunion avec la direction du site n'a été qu'une simple formalité permettant de présenter Manon en qualité de responsable régional sur le projet et de communiquer sur la constitution de l’équipe locale. Une petite demi-heure tout au plus. On se retrouve ensuite dans le bureau de Jean pour mettre une dernière touche à la stratégie qu'il est prévue d'appliquée et de préparer les locaux qui serviront de bureaux pour Gaétan et Marie.
12h00 : Alice doit passer en salle de réveil. J’espère que tout aura bien été pour elle, sans complication et qu’ils ont pu lui implanter les prothèses qu’elle souhaitait. Je sais que dans le cas contraire, la déception sera immense et si elle se réveillait sans seins, la douche froide sera terrible pour son moral. Malgré les frayeurs que l’on a pu se faire, tout s’est bien passé jusque là. Il n’y a pas de raison que cela change. Je veux rester résolument optimiste.
Néanmoins, au déjeuner, je n’ai guère d’appétit. Je grignote un quignon de pain avec un peu de charcuterie mais le cœur n’y est pas.
- Tu n’as pas faim Pascal ?
- Non pas vraiment.
- Tu sembles préoccupé.
- Mon amie doit sortir du bloc opératoire. J’espère que son opération s’est bien passée.
- C’est grave ?
- Disons que c’est une opération compliquée. J’attends qu’elle me donne de ses nouvelles lorsqu’elle se réveillera.
- J’espère que ça va aller pour ton amie.
- Oui ! Moi aussi Manon. Tu as été formidable lors des entretiens. Tu m’as impressionné. Tu as géré d’une main de maître, tout en douceur.
- Merci Pascal. Je suis flattée.
- Je n’avais pas prévu de te confier aussi rapidement la responsabilité régionale et je me suis ravisé ce matin en réunion de direction. On n’a pas eu le temps d’en discuter ensemble mais je suppose que ça ne te pose pas de soucis particulier ?
- Non, rassure toi Pascal. C’est même plutôt un honneur pour moi que tu me confies cette responsabilité.
- Un café et on prend la route ?
- Plutôt un thé pour moi.
14h00 : Alice doit être en salle de réveil. Peut-être même est-elle déjà éveillée. Je suis persuadé que ses premières pensées ont été pour sa poitrine retrouvée ou perdue. J’imagine sa joie de sentir sous les pansements deux petites protubérances, signe qu’elle aurait récupéré sa féminité et que le mauvais rêve s'afficherait définitivement derrière elle. Elle doit être impatiente de remonter dans sa chambre pour m’appeler, pour partager son soulagement et surtout son bonheur. J’imagine aussi l'immensité de sa déception si sous les pansements rien ne venait à déborder. Je suis certain que dans ce cas, elle sera excessivement malheureuse, probablement inconsolable, perdue, presque désespérée, seule face à cette poitrine disgracieuse, sans relief qu'elle reniera inévitablement. Dans ce scénario catastrophe, il me faudra trouver les mots. Mais quels mots ? J'angoisse. J'angoisse comme un fou. J'ai peur. J'ai terriblement peur parce que je ne sais pas gérer et je ne sais même pas si j'en serais réellement capable.
Le café et le thé avalés, on prend l’autoroute. Il faut deux heures et demi bien tassées pour faire le trajet. Manon me parle de son petit ami, un jeune homme originaire du pays minier. Il travaille sur le chantier de construction navale d’Étaples. Il vient d’être embauché en tant qu’ingénieur. Ils ont trouvé un appartement sympathique dans une résidence proche de la mer, au Touquet-Paris-Plage, juste en face du square Jacques-Brel.
- Ah ! C’est juste derrière chez moi. Mon immeuble donne sur la pinède en front de mer.
- Le notre donne directement sur le square. Il n’est pas très grand mais pour deux, ça devrait suffire dans un premier temps. On aura les clés samedi et on emménagera dimanche. Je suis vraiment très contente d'avoir été embauchée. Avec un seul salaire, vu les prix pratiqués, on n’aurait pas pu.
Elle me parle aussi de sa passion pour la mer, le char à voile, entendre crisser les roues sur le sable, se faire porter par le vent, la vitesse, traverser les guets à toute allure, les embruns un peu comme en bateau.
- Tu sais qu’on dépasse les 100 kilomètres par heure lorsque le vent est favorable ?
- Cent kilomètres par heure au raz du sol, ça doit être impressionnant.
- J’aime la vitesse. Ça me grise l’esprit. J’adore ça, sur le sable, sur la route, sur l’eau. De façon générale, j’aime tout ce qui va vite.
- Sur l’eau, tu fais du bateau aussi ?
- Oh Oui. J’adore et j'ai aussi une moto, un Vmax. J'aime bien parce que comme je ne suis pas très grande, avec ce modèle j'ai les pieds qui touchent par terre et j'ai toute la puissance que je veux. Ah ! Je crois que j’ai entendu ton téléphone.
- Je vais m’arrêter à la prochaine aire d’autoroute.
Lorsque je me suis réveillé ce matin, mes premières pensées ont été pour Alice. A cette heure-ci, elle doit être en chemin pour le bloc opératoire. Peut-être même lui a t’on déjà administré le produit anesthésiant, auquel cas elle doit tenir compagnie à Morphée, la divinité du sommeil.
La réunion avec la direction du site n'a été qu'une simple formalité permettant de présenter Manon en qualité de responsable régional sur le projet et de communiquer sur la constitution de l’équipe locale. Une petite demi-heure tout au plus. On se retrouve ensuite dans le bureau de Jean pour mettre une dernière touche à la stratégie qu'il est prévue d'appliquée et de préparer les locaux qui serviront de bureaux pour Gaétan et Marie.
12h00 : Alice doit passer en salle de réveil. J’espère que tout aura bien été pour elle, sans complication et qu’ils ont pu lui implanter les prothèses qu’elle souhaitait. Je sais que dans le cas contraire, la déception sera immense et si elle se réveillait sans seins, la douche froide sera terrible pour son moral. Malgré les frayeurs que l’on a pu se faire, tout s’est bien passé jusque là. Il n’y a pas de raison que cela change. Je veux rester résolument optimiste.
Néanmoins, au déjeuner, je n’ai guère d’appétit. Je grignote un quignon de pain avec un peu de charcuterie mais le cœur n’y est pas.
- Tu n’as pas faim Pascal ?
- Non pas vraiment.
- Tu sembles préoccupé.
- Mon amie doit sortir du bloc opératoire. J’espère que son opération s’est bien passée.
- C’est grave ?
- Disons que c’est une opération compliquée. J’attends qu’elle me donne de ses nouvelles lorsqu’elle se réveillera.
- J’espère que ça va aller pour ton amie.
- Oui ! Moi aussi Manon. Tu as été formidable lors des entretiens. Tu m’as impressionné. Tu as géré d’une main de maître, tout en douceur.
- Merci Pascal. Je suis flattée.
- Je n’avais pas prévu de te confier aussi rapidement la responsabilité régionale et je me suis ravisé ce matin en réunion de direction. On n’a pas eu le temps d’en discuter ensemble mais je suppose que ça ne te pose pas de soucis particulier ?
- Non, rassure toi Pascal. C’est même plutôt un honneur pour moi que tu me confies cette responsabilité.
- Un café et on prend la route ?
- Plutôt un thé pour moi.
14h00 : Alice doit être en salle de réveil. Peut-être même est-elle déjà éveillée. Je suis persuadé que ses premières pensées ont été pour sa poitrine retrouvée ou perdue. J’imagine sa joie de sentir sous les pansements deux petites protubérances, signe qu’elle aurait récupéré sa féminité et que le mauvais rêve s'afficherait définitivement derrière elle. Elle doit être impatiente de remonter dans sa chambre pour m’appeler, pour partager son soulagement et surtout son bonheur. J’imagine aussi l'immensité de sa déception si sous les pansements rien ne venait à déborder. Je suis certain que dans ce cas, elle sera excessivement malheureuse, probablement inconsolable, perdue, presque désespérée, seule face à cette poitrine disgracieuse, sans relief qu'elle reniera inévitablement. Dans ce scénario catastrophe, il me faudra trouver les mots. Mais quels mots ? J'angoisse. J'angoisse comme un fou. J'ai peur. J'ai terriblement peur parce que je ne sais pas gérer et je ne sais même pas si j'en serais réellement capable.
Le café et le thé avalés, on prend l’autoroute. Il faut deux heures et demi bien tassées pour faire le trajet. Manon me parle de son petit ami, un jeune homme originaire du pays minier. Il travaille sur le chantier de construction navale d’Étaples. Il vient d’être embauché en tant qu’ingénieur. Ils ont trouvé un appartement sympathique dans une résidence proche de la mer, au Touquet-Paris-Plage, juste en face du square Jacques-Brel.
- Ah ! C’est juste derrière chez moi. Mon immeuble donne sur la pinède en front de mer.
- Le notre donne directement sur le square. Il n’est pas très grand mais pour deux, ça devrait suffire dans un premier temps. On aura les clés samedi et on emménagera dimanche. Je suis vraiment très contente d'avoir été embauchée. Avec un seul salaire, vu les prix pratiqués, on n’aurait pas pu.
Elle me parle aussi de sa passion pour la mer, le char à voile, entendre crisser les roues sur le sable, se faire porter par le vent, la vitesse, traverser les guets à toute allure, les embruns un peu comme en bateau.
- Tu sais qu’on dépasse les 100 kilomètres par heure lorsque le vent est favorable ?
- Cent kilomètres par heure au raz du sol, ça doit être impressionnant.
- J’aime la vitesse. Ça me grise l’esprit. J’adore ça, sur le sable, sur la route, sur l’eau. De façon générale, j’aime tout ce qui va vite.
- Sur l’eau, tu fais du bateau aussi ?
- Oh Oui. J’adore et j'ai aussi une moto, un Vmax. J'aime bien parce que comme je ne suis pas très grande, avec ce modèle j'ai les pieds qui touchent par terre et j'ai toute la puissance que je veux. Ah ! Je crois que j’ai entendu ton téléphone.
- Je vais m’arrêter à la prochaine aire d’autoroute.
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