CHAPITRE XX (Suite)
15h00. Un nouveau SMS tombe : « Résultats à 16h30. Morte de trouille. Je pense à toi. Je t’aime. ».
Je songe à ma puce toute seule dans la jungle médicale. Je suis la progression des aiguilles en toute impuissance, les yeux collés sur la trotteuse de la pendule. Entre deux regards, il n’y a que quelques secondes qui s’écoulent.
Mon amoureuse m’a fait promettre de ne pas l’appeler, de ne pas répondre à ses SMS. Si elle a besoin de me contacter, elle me le fera savoir.
J’en ai assez. Je quitte le bureau. De toute façon, je ne ferai rien de bon en cette fin après-midi. Je suis trop nerveux.
A la station, je passe devant une bijouterie. Et il me vient une idée. Je sais que je vais risquer l’esclandre. Mon amoureuse ne badine pas avec les futilités commerciales mais je décide de prendre le risque quand même. Ses doigts sont vierges, tout comme ses oreilles dont les lobes ont dû être percés à un moment donnés dans sa jeunesse et rebouchés naturellement depuis, faute de bijou. Je ne lui connais ni collier, ni piercing, ni tatouage. Rien de tout cela.
Je passe à l’appartement en coup de vent récupérer une bague que j’ai vu traîner dans le tiroir de sa table de nuit. Elle est tout ce qu’il y a de plus ordinaire mais, ce qui m’intéresse avant tout, c’est la référence du gabarit. Muni du précieux sésame, je file à la bijouterie. J’explique à la vendeuse ce que je veux. Elle cerne mon besoin en deux ou trois questions, argent ou or, zirconium, diamant ou autre pierre précieuse ? Pour ma chérie je veux ce qui se fait de mieux mais, force est de constater que mon banquier va tousser. J’opte raisonnablement pour une bague en or sertie de petits diamants positionnés uniquement sur le dessus du doigt. Sur toute la circonférence, c’est de la pure folie financière.
Je règle en trois fois, histoire de rendre la douloureuse plus facile à digérer et direction le centre équestre.
« Voie-Lactée » est paisible. Elle m’a entendu arriver et curieuse, elle passe la tête hors de son box. Je la caresse et surtout je la remercie d’avoir pris soin d’Alice, accessoirement d’avoir exceller hier.
- Salut Pascal. J’étais sûre que c’était toi. J’ai reconnu ta voiture.
- Bonjour Julie. Tu vas bien ?
- Un peu fatiguée hier en rentrant. On a fini ici au club house et ce matin au lever, c’était compliqué.
- Julie, Alice m’a démasquée. J’ai été obligé de lui avouer que je prenais des cours d’équitation avec toi.
- Franchement Pascal, tu n’es pas doué. Si je comprends bien, l’effet de surprise est tombé à l’eau et donc maintenant... ?
- Et donc, demain on prévoit d’aller faire un tour sur la plage. Tu pourras me préparer « Pépère ». Je te dirai pour qu’elle heure ?
- C’est bien parce que c’est toi.
- Un grand merci Julie. Tu es formidable. Là, je dois filer. J’ai un rendez-vous dans quelques minutes. Bisou, bonne soirée et à demain ?
- Ok Pascal. Bonne soirée à vous deux et à demain.
16h29. Ma chérie doit patienter dans la salle d’attente, la boule au ventre.
16h30 : Mademoiselle PARIS ? c’est à vous.
16h31 : J’imagine qu’elle s’est levée de sa chaise d’un pas téméraire et décidé. Elle est forte mon amoureuse. Elle s’est assise sur une chaise devant un bureau presque vide ou je suppose que deux médecins l’attendent : l’oncologue accompagné peut-être d'un psychiatre ou du chirurgien. Après les formules de politesse, de ses grands yeux innocents, crispée mais stoïque elle interroge du regard sans un mot, probablement avec un nœud énorme dans la gorge.
17h00 : Rien.
17h30 : Toujours pas de nouvelle. Je tourne en rond dans l’appartement. Plus le temps passe plus le scénario catastrophe se présente comme une évidence. Je n’ai de cesse de regarder mon smartphone, de vérifier qu’il fonctionne bien, que tout semble correct. Le son est monté à fond pour ne pas louper les messages. J’ai une envie de me soulager. Je vais aux toilettes. Je tremble. Je suis tellement stressé que j’en mets partout. Je râle. Je peste. J’ai les larmes aux yeux. J’imagine qu’elle n’ose pas m’envoyer le résultat. Maintenant elle sait. Alors pourquoi elle ne dit rien ? J’essuie machinalement la cuvette et les éclaboussures sur le sol.
17h45 : Un nouveau message. Je me précipite et dans ma maladresse, le téléphone m’échappe. Deux ou trois loopings et ouf, bien rattrapé. Manquerait plus que ça. J’ai maintenant tant de larmes dans les yeux que je n’arrive pas à lire. Tout est trouble. D’un revers de bras, je m’essuie le visage.
Son message commence par un smiley, un smiley qui sourit : « Ouf. C’est fini. Je viens de sortir. Appelle-moi. »
15h00. Un nouveau SMS tombe : « Résultats à 16h30. Morte de trouille. Je pense à toi. Je t’aime. ».
Je songe à ma puce toute seule dans la jungle médicale. Je suis la progression des aiguilles en toute impuissance, les yeux collés sur la trotteuse de la pendule. Entre deux regards, il n’y a que quelques secondes qui s’écoulent.
Mon amoureuse m’a fait promettre de ne pas l’appeler, de ne pas répondre à ses SMS. Si elle a besoin de me contacter, elle me le fera savoir.
J’en ai assez. Je quitte le bureau. De toute façon, je ne ferai rien de bon en cette fin après-midi. Je suis trop nerveux.
A la station, je passe devant une bijouterie. Et il me vient une idée. Je sais que je vais risquer l’esclandre. Mon amoureuse ne badine pas avec les futilités commerciales mais je décide de prendre le risque quand même. Ses doigts sont vierges, tout comme ses oreilles dont les lobes ont dû être percés à un moment donnés dans sa jeunesse et rebouchés naturellement depuis, faute de bijou. Je ne lui connais ni collier, ni piercing, ni tatouage. Rien de tout cela.
Je passe à l’appartement en coup de vent récupérer une bague que j’ai vu traîner dans le tiroir de sa table de nuit. Elle est tout ce qu’il y a de plus ordinaire mais, ce qui m’intéresse avant tout, c’est la référence du gabarit. Muni du précieux sésame, je file à la bijouterie. J’explique à la vendeuse ce que je veux. Elle cerne mon besoin en deux ou trois questions, argent ou or, zirconium, diamant ou autre pierre précieuse ? Pour ma chérie je veux ce qui se fait de mieux mais, force est de constater que mon banquier va tousser. J’opte raisonnablement pour une bague en or sertie de petits diamants positionnés uniquement sur le dessus du doigt. Sur toute la circonférence, c’est de la pure folie financière.
Je règle en trois fois, histoire de rendre la douloureuse plus facile à digérer et direction le centre équestre.
« Voie-Lactée » est paisible. Elle m’a entendu arriver et curieuse, elle passe la tête hors de son box. Je la caresse et surtout je la remercie d’avoir pris soin d’Alice, accessoirement d’avoir exceller hier.
- Salut Pascal. J’étais sûre que c’était toi. J’ai reconnu ta voiture.
- Bonjour Julie. Tu vas bien ?
- Un peu fatiguée hier en rentrant. On a fini ici au club house et ce matin au lever, c’était compliqué.
- Julie, Alice m’a démasquée. J’ai été obligé de lui avouer que je prenais des cours d’équitation avec toi.
- Franchement Pascal, tu n’es pas doué. Si je comprends bien, l’effet de surprise est tombé à l’eau et donc maintenant... ?
- Et donc, demain on prévoit d’aller faire un tour sur la plage. Tu pourras me préparer « Pépère ». Je te dirai pour qu’elle heure ?
- C’est bien parce que c’est toi.
- Un grand merci Julie. Tu es formidable. Là, je dois filer. J’ai un rendez-vous dans quelques minutes. Bisou, bonne soirée et à demain ?
- Ok Pascal. Bonne soirée à vous deux et à demain.
16h29. Ma chérie doit patienter dans la salle d’attente, la boule au ventre.
16h30 : Mademoiselle PARIS ? c’est à vous.
16h31 : J’imagine qu’elle s’est levée de sa chaise d’un pas téméraire et décidé. Elle est forte mon amoureuse. Elle s’est assise sur une chaise devant un bureau presque vide ou je suppose que deux médecins l’attendent : l’oncologue accompagné peut-être d'un psychiatre ou du chirurgien. Après les formules de politesse, de ses grands yeux innocents, crispée mais stoïque elle interroge du regard sans un mot, probablement avec un nœud énorme dans la gorge.
17h00 : Rien.
17h30 : Toujours pas de nouvelle. Je tourne en rond dans l’appartement. Plus le temps passe plus le scénario catastrophe se présente comme une évidence. Je n’ai de cesse de regarder mon smartphone, de vérifier qu’il fonctionne bien, que tout semble correct. Le son est monté à fond pour ne pas louper les messages. J’ai une envie de me soulager. Je vais aux toilettes. Je tremble. Je suis tellement stressé que j’en mets partout. Je râle. Je peste. J’ai les larmes aux yeux. J’imagine qu’elle n’ose pas m’envoyer le résultat. Maintenant elle sait. Alors pourquoi elle ne dit rien ? J’essuie machinalement la cuvette et les éclaboussures sur le sol.
17h45 : Un nouveau message. Je me précipite et dans ma maladresse, le téléphone m’échappe. Deux ou trois loopings et ouf, bien rattrapé. Manquerait plus que ça. J’ai maintenant tant de larmes dans les yeux que je n’arrive pas à lire. Tout est trouble. D’un revers de bras, je m’essuie le visage.
Son message commence par un smiley, un smiley qui sourit : « Ouf. C’est fini. Je viens de sortir. Appelle-moi. »
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